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  • 29/05/2023
Au programme :
- Présidentielle en Turquie : le président sortant Recep Tayyip Erdogan réélu pour cinq ans à la tête du pays
- Qatargate : l’eurodéputée grecque Eva Kaili va reprendre ses fonctions au Parlement
- Le face à face : Patrice Franceschi, écrivain, engagé auprès des Kurdes de Syrie depuis 10 ans.

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##BERCOFF_DANS_TOUS_SES_ETATS-2023-05-29##

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Transcription
00:00 La France n'est plus depuis très longtemps une monade atomisée, une petite planète
00:04 voguant dans la galaxie. Non, non, non. Tout ce qui se passe dans le monde a un impact pour nous, vous le savez très très très bien,
00:11 auditeurs résistants de Sud Radio, vous le savez. Et voilà, donc,
00:15 Taip, Recep Taip Erdogan vient d'être réélu.
00:19 Il était au pouvoir depuis déjà 21 ans, il vient de recueillir
00:24 62,1% des suffrages contre 47,9% d'adversaires qui lisent la reclue. Voilà,
00:30 donc les jeux sont faits.
00:33 Il est réélu pour 5 ans.
00:36 Qu'est ce qui va se passer par rapport à ce qui s'est déjà passé ? Bonjour Alexandre Delval.
00:42 - Bonjour. - Bonjour, vous êtes géopolitologue, vous avez écrit énormément de livres, tous d'ailleurs
00:49 passionnants, je le dis parce que je le pense, et
00:52 depuis le totalitarisme vert jusqu'à la mondialisation dangereuse,
00:56 qui est paru chez l'artilleur. Alors,
00:59 Recep Taip Erdogan
01:02 réélu pour 5 ans, et on voit déjà d'ailleurs les réactions. Alors, il y a deux types de réactions,
01:08 Alexandre Delval, d'abord ceux qui disent "oui mais ça va augmenter
01:12 le côté frériste musulman, le côté islamiste radical, et puis quid des immigrés, puis ceci et cela", et d'autres qui disent,
01:20 par rapport à la, je dirais, au monde multipolaire qui se dessine,
01:25 on voit que le premier à l'avoir félicité c'est Vladimir Poutine, on voit que se réjouissent plutôt ceux qui sont côté Bricks, côté
01:34 Russie ou encore Chine, et puis un peu moins ceux qui sont côté Etats-Unis
01:41 et peut-être Europe. Est-ce que c'est ça ou est-ce que c'est schématisé ? A votre avis,
01:46 qu'est ce qui peut changer ? Qu'est ce qui va creuser encore ?
01:50 Alexandre Delval.
01:52 Moi je pense que c'est, mais tout d'abord,
01:54 merci cher André, je pense que c'est très bien résumé,
01:57 Erdogan est tout de même un homme assez pragmatique, il n'est pas que islamiste, il a su depuis
02:03 qu'il y a un affrontement entre l'Occident moraliste libéral,
02:06 libertaire d'un côté, et le monde identitaire,
02:09 nationaliste, multipolaire de l'autre, il a su
02:13 se raccorder, se rattacher au wagon du nationalisme et du souverainisme et du
02:19 multipolarisme, pour être plus clair, il est passé de l'islamisme
02:23 intégriste qui pouvait mettre même la Russie contre lui, il est passé à un nationalisme ou à un islamisme
02:30 nationaliste, et donc
02:33 pragmatique, qui s'entend très bien avec la Russie, la Chine, alors que la Chine persécute les musulmans, donc il n'est plus
02:39 le musulman islamiste qu'il était avant, c'est un musulman islamiste qui a fait un vérage
02:45 pan-turquiste et ultra-nationaliste, pour pouvoir justement être bien vu par le monde multipolaire qui est fait de nationalisme.
02:52 Il est très intelligent, il n'est pas que un islamiste, ses grands alliés, que ce soit le troisième homme qui a fait voter pour lui,
03:01 l'homme des 5% Sinan Mogham, ou que ce soit son allié, le parti du MHP, son allié depuis 2017,
03:08 il est allié à des ultra-nationalistes, pan-turquistes et même racistes, à l'extrême droite la plus radicale turque,
03:15 à côté de laquelle, l'extrême droite européenne, c'est de la piste à Fauret, je peux vous assurer.
03:20 Le MHP, qui est l'allié d'Erdogan, ce sont des gens qui ont une vision raciale,
03:25 suprémaciste du peuple turc, ils veulent réunir six pays turcs dans un même ensemble un jour, ils sont extrêmement racistes contre
03:33 les Arméniens, les Kurdes, mais également les Syriens, d'où le tirage anti... - Mais Alexandre, ce sont une minorité, ils sont une minorité quand même,
03:41 ceux-là, non ? - Non, en fait, on peut dire qu'ils sont la seconde force ou la troisième force,
03:49 bien avant l'extrême gauche et même avant les Kurdes,
03:52 il y a une force qui est celle d'Erdogan, qui n'est plus assez forte aujourd'hui pour gagner depuis déjà dix ans,
03:57 et qui s'est alliée à une seconde force, une force ultra-nationaliste,
04:01 qui rassemble ses alliés au Parlement depuis des années, mais aussi d'autres nationalistes comme Ogan,
04:07 qui pourtant était contre la KP, mais a choisi entre un Alevi, un Alevi libéral pro-occidental
04:14 kémaliste lié aux minorités kurdes et Alevi et Erdogan,
04:19 Sinan Ogan, qui pourtant avait critiqué l'alliance de son ancien parti d'extrême droite... - A choisi Erdogan.
04:24 - A choisi Erdogan, parce que c'est le front identitaire nationaliste contre les minorités
04:29 assimilées au poison occidental.
04:32 - D'accord. Alors Alexandre Delval, qu'est-ce que ça va donner, je dirais, quand je dis "pour nous", qu'est-ce que ça va donner,
04:38 et qu'est-ce que ça va accentuer ou changer sur le plan géopolitique ?
04:42 Je dirais, sur deux plans
04:46 principalement, d'abord à l'aune de ce qui se passe
04:49 Russie-Ukraine, et qui a très largement et depuis longtemps débordé les frontières, à l'aune de l'Europe,
04:55 vous savez, toujours avec cette menace, en disant "écoutez, si vous ne faites pas ce qu'il faut faire,
05:00 et bien je lâche les immigrés,
05:02 mes immigrés", et à l'aune également de l'OTAN, puisque la Turquie fait partie de l'OTAN, et qu'il y a eu des bruits comme quoi la
05:09 Turquie peut-être
05:11 prendrait ses distances. Qu'en est-il à votre avis ?
05:13 - Oui, alors la tendance qui consiste à prendre ses distances vis-à-vis de l'OTAN
05:19 n'est pas que celle d'Erdogan, c'est celle de tous les patriotes et nationalistes turcs en général, et pas uniquement les identitaires
05:27 religieux islamistes, mais aussi les nationalistes. Pourquoi ? Mais là il faut le rappeler aux auditeurs, depuis la guerre de Bush en
05:33 2003 en Irak, la Turquie a vu le soutien à des Kurdes en Irak, ou plus tard,
05:38 pendant la révolution arabe, le soutien à des Turcs en Syrie, comme un
05:43 pacte existentiel. Et ça a provoqué en Turquie une sensation, un sentiment général,
05:49 à tort ou à raison, que l'OTAN avait totalement trahi son allié en soutenant des indépendantistes kurdes,
05:57 puisque pour les Turcs, quand on soutient des Kurdes en Syrie ou en Irak, c'est comme si on soutenait le PKK,
06:03 le mouvement terroriste séparatiste en Turquie. Et depuis cette fracture, qui est en fait liée à
06:09 l'interventionnisme des néo-conservateurs américains qui ont tout déstabilisé,
06:13 en voulant faire susciter un État kurde qu'ils ont essayé de faire vivre en Irak, et plus tard en soutenant le séparatisme kurde de Syrie,
06:20 la Turquie pense que l'OTAN est devenue un ennemi. Mais elle a compris que ce serait un trop gros cadeau
06:26 offert à l'Occident que de quitter d'elle-même l'OTAN. Elle préfère quitter l'OTAN pour y avoir un pouvoir de nuisance.
06:34 Vous savez, c'est le fameux "retenez-moi de Marseille".
06:36 – Oui, "retenez-moi sinon je fais un malheur", c'est ça.
06:39 – Et du coup, ça permet à Erdogan d'être à la fois avec la Russie, la Chine et les puissances qu'on appelle
06:46 "révisionnistes" au sens des relations internationales, qui veulent changer l'ordre international,
06:50 donc, comment multipolaristes, identitaires et anti-occidentaux, et en même temps, il a toujours un pied dans l'OTAN,
06:57 et même, qu'Israël, il s'est rapproché d'Israël récemment, ça veut dire qu'Erdogan est un fin joueur,
07:02 il n'est pas aussi russe qu'il en a l'air.
07:04 – C'est un jour d'échec, c'est un jour d'échec.
07:06 – C'est un jour d'avance, pas d'écoeure.
07:08 – Je comprends. Alors, vous voulez dire qu'au fond, c'est ce que vous avez dit au début, c'est très intéressant,
07:13 au fond, c'est un pragmatique, il joue effectivement pour la Turquie, évidemment au service de ce qu'il considère comme l'intérêt turc par essence,
07:22 est-ce que quand même les velléités, parce qu'on en a beaucoup parlé, Alexandre,
07:27 des velléités, non pas, encore une fois, de ressusciter l'Empire Ottoman, bien sûr, ça ne veut rien dire,
07:33 mais de faire de la Turquie une puissance encore plus grande que celle qu'elle n'est aujourd'hui,
07:38 est-ce que c'est ça le cœur du moteur Erdogan ?
07:42 – Ah oui, d'ailleurs, un de ses slogans, c'est "le XXIème siècle sera turc", tout est là,
07:49 mais là où il est doublement impérial, contrairement à Kemal Atatürk,
07:54 Atatürk était contre l'impérialisme ethnique du pan-turquisme, qui veut réunir tous les pays turcs,
08:01 et Atatürk était également contre l'impérialisme ottoman, qu'il avait aboli.
08:05 Erdogan voulait rétablir l'Empire Ottoman, donc un empire basé sur la religion,
08:10 qui gagne beaucoup de terrain dans les pays arabes, en jouant pour l'économie, les alliances, etc.
08:16 Mais en se rapprochant avec les nationalistes pan-turcs,
08:19 pour nos auditeurs, les pan-turcs, c'est ceux qui veulent un projet de réunir six pays turcophones,
08:24 il a également fait un virage pan-turc, donc il est doublement impérialiste.
08:29 Rétablir la Turquie dans ses anciennes possessions arabes,
08:33 ça c'est le pan-islamisme ou le pan-turquisme, c'est le pan-ottomanisme ou le néo-ottomanisme.
08:38 - Mais attendez, pardon, Alexandre Delvaux...
08:40 - Et en même temps, continuer le travail des jeunes turcs,
08:43 vous savez, ceux qui avaient fait le génocide ottoman, le génocide arménien,
08:48 c'est-à-dire que la Turquie doit être le leader du monde turc.
08:51 - Mais est-ce que c'est au prix, il envisage éventuellement des conquêtes de territoires, donc des guerres ?
08:57 - Absolument. Alors là on peut le dire, on peut l'affirmer, c'est un débat permanent,
09:02 mais à sa décharge, c'est ça qui est inquiétant pour l'Europe,
09:05 il n'y a pas que le parti d'Erdogan ou ses alliés d'extrême droite,
09:09 mais même les kémélistes, qui avaient l'air d'être concernés par un gentil grand-père
09:13 qui a dit récemment qu'il allait retourner avec ses petits-enfants,
09:15 vous savez, le candidat Kirill Darolou,
09:18 et même le parti du gentil pro-occidental Kirill Darolou,
09:21 le parti Tata Turc, le parti CHP,
09:25 est pour la conquête d'îles grecques,
09:27 il est pour la conquête de Chypre,
09:29 et la conquête supplémentaire de territoires maritimes en Méditerranée,
09:33 ça veut dire que la Turquie est en conflit avec la Grèce et avec Chypre,
09:36 pour la Méditerranée, notamment le contrôle d'îles
09:39 et de réserves de gaz offshore en Méditerranée orientale,
09:42 la Turquie veut également un protectorat en Syrie,
09:47 qu'elle bombarde régulièrement,
09:48 ainsi qu'un protectorat en Irak,
09:52 qu'elle bombarde régulièrement aussi.
09:53 La Turquie aujourd'hui est un pays qui cherche à grignoter
09:57 des territoires terrestres ou maritimes de deux pays membres de l'Union européenne,
10:01 donc la Grèce et Chypre,
10:03 et de, au moins, deux pays arabes,
10:05 sans oublier le soutien à l'Azerbaïdjan,
10:08 qui veut terminer le CID, des Arméniens,
10:10 en l'équipe de la Grèce et de l'Arménie.
10:12 – Mais dites-moi Alexandre Delvoye,
10:13 les deux pays européens sont, comme par hasard,
10:17 aussi membres de l'OTAN, faut pas l'oublier aussi, c'est intéressant.
10:20 – Pas Chypre, parce que la Turquie a bloqué,
10:23 la Turquie a mis un veto sur l'entrée de Chypre dans l'OTAN,
10:26 mais là où vous avez raison,
10:27 c'est que quand on est membre de l'Union européenne,
10:29 c'est comme si on était membre de l'OTAN,
10:31 c'est l'organisation de défense de l'Union européenne,
10:34 et imaginez le casse-tête que représente la Turquie,
10:37 elle a 50 ogives nucléaires américaines sur la bâche d'une chirlique,
10:41 mais en même temps, elle est devenue un ennemi de facto
10:44 des intérêts des pays de l'OTAN,
10:45 et en plus elle veut rentrer dans une organisation,
10:48 l'Union européenne,
10:50 alors qu'elle envahit un des membres de l'Union européenne à 37%,
10:54 elle occupe 37% de Chypre, de manière illégale,
10:57 et en plus elle veut annexer des îles grecques,
10:59 on en parle tous les jours au Parlement turc,
11:02 y compris les partis kemalistes,
11:03 la Turquie rêve de rectifier les frontières maritimes
11:06 qu'elle trouve injustes,
11:07 - Oui, c'est ce que vous venez de dire,
11:09 - C'est important depuis 1923.
11:10 - Oui, c'est tout à fait passionnant,
11:13 parce qu'effectivement, Erdogan va continuer visiblement cette politique,
11:16 mais dites-moi, alors juste, Alexandre Delval,
11:19 quand même, on sait que l'inflation a une hyperinflation,
11:22 appauvrissement de la population,
11:24 taux d'inflation officiel était à plus de 40% sur un an,
11:27 après avoir dépassé, je le rappelle, 85% en automne,
11:30 je rappelle aussi que la livre turque a perdu plus de la moitié de sa valeur en deux ans,
11:35 et atteint cette semaine 20 livres turcs pour un dollar,
11:37 est-ce que tout ça n'a pas du tout joué alors, apparemment, ou très peu ?
11:42 - Alors pour une raison très simple,
11:45 Erdogan a apporté une multiplication par 8
11:48 de la prospérité et du niveau de vie des gens
11:52 depuis qu'il est au pouvoir.
11:53 Moi quand je vais en Turquie,
11:54 je parle avec des braves gens, des taxis, des démarquants, etc,
11:57 et ils me disent "quoi qu'on pense de lui, on a la reconnaissance du ventre".
12:01 Ceux qui ne sont pas des minorités, qui ne sont pas d'extrême gauche,
12:03 qui ne sont pas alévis ou kurdes,
12:05 globalement, le turc sunnite aime bien Erdogan,
12:08 sauf ceux qui sont ultra-occidentalisés,
12:10 que l'on trouve à Izmir, à Istanbul.
12:13 Et n'oublions pas que dans les années 2003-2005,
12:17 et même encore pire, en 2000-2001, pendant la crise,
12:21 on pouvait payer un café 150 000 livres turcs,
12:24 donc ils sont habitués, ils ont déjà eu une inflation bien plus importante,
12:30 qu'ils ont réussi à juguler,
12:32 et n'oublions pas que pendant ces élections,
12:33 Erdogan a été très malin,
12:35 on l'a vu distribuer des billets à des enfants.
12:37 Oui, on a vu ça sur les réseaux, oui, partout.
12:40 Il a promis l'augmentation des pensions,
12:42 l'augmentation du salaire minimum,
12:44 il a promis une politique de grands travaux
12:47 pour faire partout des énormes constructions,
12:49 ce qui a déjà réussi à la Turquie en termes de développement
12:52 et de niveau de vie,
12:54 même si un jour il y aura une bulle qui va éclater, peut-être,
12:56 mais pour l'instant, cette politique de grands travaux,
13:00 elle n'a pas encore démontré qu'elle était nuisible pour la Turquie,
13:05 et les Turcs y ont cru, et surtout,
13:07 il a promis une stabilité.
13:10 - Oui, alors juste, dernière question Alexandre Delval,
13:13 quid de la diaspora turque ?
13:15 On a vu un peu partout, à Berlin bien sûr, en Allemagne,
13:18 à Strasbourg et autres, des scènes de l'IS hier soir,
13:22 après l'annonce de la victoire d'Erdogan,
13:25 la diaspora turque continue à jouer un rôle extrêmement important,
13:28 et en tout cas qu'Erdogan encourage ?
13:31 - Alors, Erdogan, selon le grand analyste Fatih Al-Tayyib,
13:37 Erdogan a bénéficié de deux votes en quelque sorte extérieurs.
13:41 Extérieurs de l'intérieur, c'est les Syriens naturalisés turcs,
13:44 bien qu'il ait fait une campagne parfois assez anti-immigrés,
13:47 les Syriens naturalisés turcs ont voté pour lui.
13:50 Un peu plus d'un million de Syriens sur trois ont voté naturalisés turcs,
13:54 et au niveau extérieur, la diaspora allemande, suédoise, belge,
13:59 alsacienne, française, en gros les pays d'Europe de l'Ouest,
14:03 est à entre 60 et 85% suivant les pays en faveur d'Erdogan.
14:09 Mais vous avez raison, le parti d'Erdogan, l'AKP,
14:13 est une sorte de scission de la matrice de l'islamisme turc,
14:16 qui est l'équivalent des frères musulmans, qu'on appelle le Milli Gülüş.
14:19 Et le Milli Gülüş, qui était interdit pendant des années,
14:23 a été fondé par le père spirituel d'Erdogan en Allemagne.
14:27 C'est à partir de l'Allemagne, paradoxe incroyable de nos démocraties suicidaires,
14:31 c'est à partir du refuge de militants islamistes turcs,
14:36 interdits en Turquie jadis,
14:38 qu'à partir de l'Allemagne, et aussi de l'Alsace, de la Belgique,
14:41 la diaspora turque a créé le mouvement islamiste Milli Gülüş,
14:45 qui est devenu ensuite la matrice d'Erdogan,
14:48 du parti et des différents partis islamistes.
14:50 Et c'est comme les frères musulmans, qui chassés en Égypte,
14:53 dans les années 50, 60, 70, par Abdel Nasser,
14:58 trouvaient un refuge également en Allemagne et en Suisse.
15:01 Donc c'est absolument incroyable, l'islamisme turc,
15:05 qui a aujourd'hui fait une sorte de révolution d'Atatürk à l'envers,
15:09 parce que Erdogan veut devenir le nouvel Atatürk à l'envers,
15:12 c'est-à-dire qu'il va défaire tout ce qu'a fait Atatürk en termes de laïcité.
15:16 Et bien aujourd'hui, il doit en partir son succès
15:19 au fait que l'Europe a toujours appuyé l'islamisme turc.
15:23 C'est le grand talent de l'Europe de savoir choisir ses amis et ses ennemis,
15:29 comme chacun sait.
15:30 Merci Alexandre Delval, merci pour ces éclaircissements.
15:33 Alors, nous revenons, nous allons au Parlement européen, à Bruxelles.
15:37 L'eurodéputé grec Eva Kaili, ça ne vous dit rien,
15:40 Eva Kaili, eh bien on avait trouvé chez elle, il y a quelques mois,
15:44 des valises pleines, pas seulement chez elle, mais chez certains eurodéputés,
15:48 carrément dans leur appartement, des valises pleines de billets,
15:52 de dollars, d'euros, etc.
15:54 Quand je dis "pleines", des dizaines de milliers, des centaines de milliers d'euros.
15:57 Alors, elle avait été condamnée, elle avait été condamnée à porter un bracelet électronique, etc.
16:03 Et puis là, et là, selon son avocat,
16:07 eh bien, elle va être reconduite dans ses fonctionnaires,
16:11 elle va retrouver son poste au Parlement européen.
16:15 C'est vraiment très très très intéressant, ça y est, voilà.
16:19 Elle sera au Parlement européen, dit son avocat,
16:22 et puis il y a d'autres suspects qui ont été autorisés à retirer leur bracelet.
16:29 Qu'est-ce qui se passe ? Alors, on a demandé à Frédéric Baldan, que nous avions reçu,
16:34 avec Diane Prota, l'avocat de Diane Prota,
16:37 pour parler d'Ursula von der Leyen et de ses SMS à Albert Bourla, le PDG de Pfizer,
16:44 mais là, il ne s'agit pas de ça, Frédéric Baldan,
16:46 il s'agit de dire "mais dites-moi, il y a eu procès, il y a eu jugement,
16:50 comment il se fait que son avocat peut déjà annoncer qu'elle retrouvait son poste au Parlement européen ?"
16:57 - Alors, vous m'entendez très bien ? - Très bien, on vous entend très bien.
17:01 - Bonjour André Verhoeff. - Bonjour.
17:02 - Donc en réalité, ce qui se passe, c'est que, pour reprendre l'origine de cette affaire,
17:06 c'est que les services de renseignement belges opéraient une surveillance sur des individus en Belgique,
17:10 et en ayant constaté des possibles infractions,
17:14 ont transmis les informations au service judiciaire,
17:16 donc à un juge d'instruction qui s'appelle le juge Kress,
17:19 et lui a mené des devoirs d'enquête à charge et à décharge, dans le cadre d'une instruction judiciaire,
17:24 donc il n'est pas le juge du fond, il est le juge qui enquête,
17:26 et après on aura, dans la tenue d'un procès, un juge qui jugera au fond l'affaire.
17:30 Et donc en réalité, il a décidé, après avoir entendu toute une série de témoins,
17:35 après la découverte de l'argent en cash dans l'appartement de madame,
17:39 donc c'est extrêmement intéressant parce qu'elle nous explique que c'est son compagnon qui devrait se justifier
17:45 parce qu'elle n'a rien à voir avec l'argent trouvé à son domicile,
17:47 et d'ailleurs aujourd'hui la ligne de défense de son avocat va dire
17:50 "mais ces emprunts digitales ne sont pas sur les billets",
17:52 alors je ne sais pas si c'est une preuve que les billets ne sont pas chez elle.
17:56 C'est une preuve qu'elle ne les a pas dépensés, qu'elle ne les a pas comptés,
17:58 mais en dehors de ça, ce n'est pas plus à la chance.
18:01 - Mais c'est à qui aujourd'hui, Frédéric Maldon, qu'elle va retrouver son poste, ou pas ?
18:06 - Alors en réalité, ce qui se passe, c'est qu'il faut distinguer deux choses.
18:09 Il y a la présidence du Parlement européen, d'accord,
18:14 et il y a le fait qu'elle soit députée européenne,
18:16 et normalement il y a aussi le fait qu'elle soit intégrée dans un groupe politique.
18:18 Alors normalement, elle ne fait plus partie de son groupe politique,
18:20 elle n'est plus vice-présidente du Parlement européen,
18:24 mais par contre, elle va rester députée, elle va revenir,
18:28 ce qui est quand même, vous savez, la dernière fois, je suis venu vous voir,
18:30 en vous disant que l'affaire d'Ursula von der Leyen,
18:32 qui au demeurant, je ne sais pas comment vous expliquez ça,
18:35 parce que vous êtes plus expérienceux que moi,
18:37 mais qui n'a pas été relayée par l'AFP, par exemple,
18:39 pour les principes de l'Union des guerres français,
18:40 ce qui est quand même étonnant.
18:42 - On va continuer à en parler, on arrive au moment des informations.
18:45 Restez avec nous, et restez avec nous l'histoire de Sud Radio,
18:48 parce que c'est absolument passionnant de voir ce qui se passe,
18:51 on va parler aussi d'autres choses.
18:52 Restez avec nous, on va continuer à parler de cette affaire.
18:54 - Cannes, et oui, le festival de Cannes vient de s'achever,
18:59 vous savez que la palme d'or a été attribuée à une française,
19:03 et oui, pour Justine Trier, pour "Anatomie d'une chute".
19:07 Et bien en général, dans le discours, vous savez, c'est le monde entier qui est là,
19:10 le festival de Cannes, le plus important festival du monde,
19:13 la presse mondiale est là, les télévisions, les médias, etc.
19:16 Et d'habitude, on remercie tout le monde, son producteur, son père, sa mère,
19:21 son fiancé, sans lequel rien ne se serait passé, etc.
19:24 Et bien non, Justine Trier, elle n'a pas fait ça du tout, pas vraiment.
19:31 On va en parler tout de suite.
19:33 (musique)
19:39 - Mais auparavant, nous allons évidemment, et je ne l'ai pas oublié,
19:44 près de M. Baldan.
19:47 Bonjour, vous êtes toujours devant le Parlement européen ?
19:49 - Oui, oui, j'y suis toujours.
19:50 - D'accord. Alors, on ne va pas parler de Ursula von der Leyen et de Bourla, effectivement.
19:55 On reviendra là-dessus, parce qu'à mon avis, le feuilleton n'est pas terminé.
19:59 - C'est ça.
20:00 - Voilà.
20:01 - C'est vraiment déterminé.
20:02 - C'est le moins que l'on puisse dire.
20:04 Mais alors, dites-moi, comment ça se passe ?
20:06 C'est-à-dire que donc, je reviens à Evkaïli,
20:08 c'est-à-dire cette débutée, cette haut-débutée grecque,
20:11 donc, chez laquelle on a trouvé un certain nombre de deniers sonnants et trébuchants,
20:17 enfin, c'était des biais, pas seulement elle et d'autres.
20:19 Aujourd'hui, donc, elle est toujours députée grecque,
20:22 malgré qu'elle ait un bracelet électronique. C'est ça ?
20:25 - Non, non, donc, en réalité, elle peut revenir travailler au Parlement européen,
20:28 parce que le juge a levé l'incarcération à domicile sous la forme d'un bracelet électronique.
20:33 Et donc, en réalité, elle, elle considère qu'elle est libre de revenir travailler au Parlement européen,
20:37 ce qui, comme j'essayais d'expliquer dans mes interventions précédentes,
20:40 en réalité, on a un problème de crédibilité des institutions
20:43 qui découle de ce genre de situation, qui devient vraiment insoutenable.
20:46 Et là, vraiment, elle se grandirait.
20:48 Je sais pas, vous avez une plus longue expérience que moi,
20:50 mais il y a 30 ans, quand ce genre de situation arrivait, qu'est-ce qui se passait ?
20:54 Le politique démissionnait, il n'avait quand même pas l'outrepudence de dire
20:58 "Ok, je suis quand même dans une situation médiatique et judiciaire très embarrassante,
21:02 et je vais maintenir en fonction pour continuer à profiter de mon traitement".
21:06 C'est juste inadmissible.
21:08 Et alors maintenant, elle essaye de nous expliquer, en plus que la justice belge,
21:12 dont font aussi partie les services de renseignement belge civils, la Sécurité de l'État,
21:17 en réalité, ils auraient probablement violé ces droits de députés européens,
21:20 ce qui commence à devenir un peu violent.
21:22 C'est ce que dit son avocat, je crois.
21:25 Ce qui est juste grotesque.
21:27 Nous, en Belgique, en réalité, je pensais pas dire ça un jour dans ma vie,
21:29 mais pour une fois que notre service de renseignement fait un travail
21:32 qui est appréciable et professionnel et qu'ils ont un résultat,
21:35 on a un avocat qui nous explique qu'en fait, la justice fait n'importe quoi,
21:38 ce qui est juste inentendable de la part de son avocat.
21:41 Et en plus, elle n'explique toujours pas comment les billets sont retrouvés à son domicile,
21:45 si ce n'est charger son compagnon.
21:47 Alors, en réalité, dans le cadre d'une instruction judiciaire,
21:50 il faut toujours penser qu'il y a des infractions qui sont connues au départ,
21:54 et puis il y a des infractions qui vont découler des devoirs d'instruction,
21:57 donc de nouvelles infractions qui pourraient être découvertes.
21:59 Et donc, madame, par exemple, potentiellement,
22:02 quand elle nous explique que ce n'est pas elle qui doit s'exprimer sur l'argent,
22:04 que c'est son compagnon, vu qu'elle a quand même effectivement tenu des propos publics
22:08 qui défendait le droit de l'homme au Qatar,
22:09 ce qui était quand même… elle défendait le Qatar,
22:11 qui protégeait les droits de l'homme pendant la coupe de foot,
22:14 bon voilà, c'était quand même assez exceptionnel.
22:16 Mais donc, on peut aussi estimer,
22:18 ce n'est peut-être pas de la corruption, c'est peut-être de la prise illégale d'intérêt.
22:20 Ça veut dire que son compagnon a eu un avantage financier,
22:23 et elle a fait une prestation au Parlement européen en plein air pour défendre le Qatar.
22:27 – En tout cas, ce sont des hypothèses, on ne va pas évidemment dire que…
22:32 – La vérité judiciaire n'est pas faite.
22:34 – Voilà, la vérité judiciaire, mais effectivement,
22:36 on peut se poser des questions à ce niveau-là,
22:39 et je crois que votre propos là sonne tout à fait légitime,
22:43 enfin, intelligé, juste, comment ça se fait qu'elle ne se mette pas en retrait,
22:46 en tout cas pendant le temps judiciaire,
22:48 puisque le procès, l'instruction n'a pas encore eu lieu complètement.
22:53 – Vous savez, pour la petite anecdote,
22:55 juste derrière le Parlement, il y a un parc d'autruches,
22:57 donc quelque part, si elle se déplace de quelques mètres,
22:59 elle peut trouver sa place par là, ce n'est pas un problème.
23:01 – Ah là là, vous devenez méchant Frédéric Baldan, vous devenez méchant.
23:06 – Je trouve que quelque part, vous savez, quand vous voyez des députés européens,
23:09 je prends un exemple pour changer de temps en temps,
23:11 Michel Rivasi par exemple, qui essaye quand même de faire un travail appréciable,
23:14 – Oui, elle le fait, elle est formidable.
23:16 – Je vais pas les citer tous à chaque fois,
23:18 mais donc en réalité, quand on voit le travail de ces députés-là,
23:20 et puis en réalité l'image qui est salie par une députée comme Eva Caoli,
23:24 ça devient gênant, c'est-à-dire qu'à la fin, on perd la crédibilité,
23:28 on a une impression de tous pourris,
23:30 alors qu'il y a une institution qui n'arrive pas à la mettre à l'écart.
23:32 – Vous avez raison, tous pourris, c'est absolument faux,
23:36 évidemment, mais en même temps, c'est vrai que ça n'arrange pas l'image du Parlement européen.
23:41 Merci Frédéric Baldan, il reviendra sur tout cela au fur et à mesure de...
23:46 j'espère que la justice, pour une fois qu'on va garder le mot justice, suivra son cours, on verra bien.
23:52 – Vous êtes bien dans le face-à-face d'André Bercoff avec Patrice Franceschi,
23:56 écrivain, auteur de "Ephémérides", engagé auprès des curs de Syrie depuis plus de 10 ans.
24:01 Bonjour Patrice Franceschi.
24:02 – Bonjour, on va parler de quoi alors ? Des livres ou des curs ?
24:05 – Non, non, on va parler des curs.
24:07 – Avec Alexandre Erdogan ? – Non, d'Erdogan, ça y est, on en a parlé d'Erdogan.
24:10 – Non mais c'est intéressant parce que dans le...
24:12 Moi j'aime bien, comme on vous présente dans ce livre, chez Plon et "Ephémérides",
24:17 très jolis poèmes, comme ça, des poèmes, c'est vraiment des...
24:20 presque des haïkus, qu'on dit aux Japonais.
24:22 – Oui, c'est pas inspiré de cela, j'aime la brièveté dans les choses,
24:26 en tout cas dans le domaine poétique, pour aller à l'essentiel.
24:29 C'est comme Maywell par rapport au roman.
24:31 – Mais vous êtes un touche-à-tout et c'est pas péjoratif.
24:33 – Non, je préfère au touche-à-tout qui peut être péjoratif,
24:38 plutôt le terme d'épuiser le champ du possible.
24:41 Épuiser le champ du possible, comme disait le grand poète grec Pindar,
24:44 il y a déjà 2500 ans, et ça peut être un but de vie.
24:48 – C'est vrai, non mais Patrice Franseschi, je rappelle que vous êtes romancier,
24:50 vous êtes aviateur, vous êtes marin, c'est vrai,
24:53 la bouddeuse, on en a beaucoup parlé, vous faites, vous avez fait le tour du monde,
24:57 vous avez écrit beaucoup de livres, et vous avez...
25:00 Et ce pourquoi je vous accueille aujourd'hui,
25:03 pas seulement pour votre livre "Ephémérides",
25:05 mais je voudrais qu'on parle d'une collection que vous avez créée,
25:07 et qui fête son dixième anniversaire.
25:09 – Exact.
25:10 – Et je dois dire que j'en parle pour ceux qui ne connaissent pas vraiment,
25:13 ce sont des livres de poche, on peut le dire,
25:16 précipitez-vous, précipitez-vous,
25:17 parce que je ne vais pas vous citer tous les livres qui sont parus,
25:20 il y en a eu 88 je crois.
25:21 – 88, 88.
25:22 – Voilà, ça s'appelle la collection "Points aventure",
25:26 et je vais vous dire par exemple,
25:28 qu'il y a Joseph Roth, le très grand écrivain,
25:32 croquis de voyage, Jean-Louis Etienne, l'explorateur,
25:35 vous avez ce livre que j'avais adoré, "De l'esprit d'aventure",
25:37 que vous avez écrit avec Gérard Chalian et Jean-Claude Gilbert, notre ami.
25:41 – Exact.
25:42 – Vous avez... Mais vraiment,
25:44 et "Le mémoire", celui du journal de guerre de Roland Garros,
25:47 on parle de Roland Garros, qui...
25:49 Voilà Jean...
25:51 Et puis tous vos propres livres évidemment,
25:55 du Congo, au Nile, etc.
25:58 Olivier Rollin, c'est formidable.
26:01 Le livre sur Laurence d'Arabie que j'avais lu,
26:04 Le Clésiaud, Jean-Marie Gustave Le Clésiaud,
26:06 Graham Greene, Olivier de Carceauxon, etc.
26:09 Alors, cette collection, elle est née comment et d'où, Patrice?
26:14 – Alors, déjà dans ce que vous avez dit, mon cher André,
26:17 on voit bien que j'essaie d'associer
26:20 à la dimension de "L'esprit d'aventure" une dimension littéraire.
26:23 Absolue.
26:24 C'est pour ça que ce côtoie...
26:25 – Ce sont des écrivains.
26:26 – Ce sont des écrivains.
26:27 C'est pour ça que ce côtoie aussi bien
26:29 Olivier de Carceauxon, Cédouard Glissant, Le Clésiaud,
26:33 Eric Orsena, Yann Kefelec, etc.
26:36 Ou de jeunes écrivains ou écrivaines comme Kattel Farya par exemple.
26:40 Ça c'est le premier point.
26:42 Ensuite, il y a dix ans,
26:43 je venais de sortir ce que j'avais appelé,
26:46 chez Artaud à l'époque,
26:47 j'avais appelé "des mémoires intermédiaires"
26:49 avant la dernière ligne droite.
26:51 Et il venait d'être racheté en poche chez Point.
26:55 Et le directeur de Point à l'époque...
26:57 – C'est bien ça, c'est le jour du seuil.
26:59 – Et le directeur de l'époque, Patrick Gambache, me dit
27:03 "écoute, ça serait bien, à partir de ce livre,
27:06 de faire une collection qui s'appelait Point Aventure,
27:10 que tu dirigerais, dans laquelle tu rassemblerais
27:12 en fait tes camarades ou ta famille,
27:14 parce qu'une bonne partie des auteurs dans cette collection
27:17 sont morts depuis longtemps et d'autres sont tout jeunes."
27:18 – Bien sûr.
27:19 – Et j'ai accepté ce défi et on a lancé quatre titres,
27:22 avec une très belle, à mes yeux, chartographique,
27:27 par Virginie Perolas, qui est la directrice artistique du seuil.
27:31 On l'appelait Point Aventure.
27:33 Très belle collection, très élégante, avec quatre titres,
27:35 qui étaient un de C.Pulveda, de Louis C.Pulveda,
27:37 qui était "Dernières nouvelles du Sud".
27:39 Il y avait le mien, il y avait "Boréal" de Paul-Émile Victor,
27:43 et un quatrième livre qui s'appelait "L'aventure, pourquoi faire ?"
27:46 qui rassemblait, c'était un idée dit, en semi-poche,
27:49 qui rassemblait des gens comme Laurent Joffrin, Bruno Corti,
27:53 Sylvain Tesson, Jean-Christophe Ruffin, etc.
27:56 Des amis avec qui, Jean-Claude Guilbault, et qui j'avais demandé,
27:59 "Dites-moi, L'aventure, pourquoi faire ?"
28:01 Et ça a démarré, on en est à 88, et on a décidé,
28:05 avec la nouvelle directrice, Cécile Boyer-Hinge,
28:07 de continuer en se renouvelant,
28:09 c'est de garder le fond de qualité littéraire
28:12 des dix ans qui vont venir.
28:15 Ça c'est dans ma vie d'éditeur,
28:17 tout en changeant toutes les couvertures.
28:19 Tout en changeant, toutes les couvertures sont plus colorées,
28:22 et ça permet de réimprimer, de rééditer tout le monde.
28:24 Et là, il y en a neuf qui sortent en même temps, dans les librairies,
28:27 six des 88, et trois nouveaux.
28:30 - Et alors justement, comment vous faites ?
28:33 C'est une question à éditeur, mais c'est intéressant.
28:36 Beaucoup de ces livres, je parle de ceux qui sont déjà morts,
28:38 ont été édités ailleurs,
28:40 pas que ça, Olivier Leclerc, ce sont des itinéraires.
28:42 Donc vous négociez avec les éditeurs ?
28:44 - C'est l'équipe de points qui s'en occupe.
28:46 Je prends l'exemple des "Secrets de la mer rouge",
28:50 d'Henri de Montfrey, de la quissance,
28:52 les "Secrets de la mer rouge", l'éditeur d'Henri de Montfrey,
28:56 depuis les années 30, c'est Grasset.
28:58 Donc là, j'ai demandé à Olivier Norat, le patron de Grasset,
29:01 qui est mon éditeur également,
29:03 est-ce que tu veux bien me prêter, donner,
29:07 pour un certain temps, que les livres circulent,
29:09 des droits en poche de Montfrey,
29:13 qui continuent à être édités dans les cahiers rouges de Grasset.
29:15 Et bien entendu, vu le niveau littéraire, intellectuel et spirituel,
29:21 je dirais, d'Olivier Norat, de Cécile Boyer-Ringe,
29:24 tout ça se fait avec facilité.
29:26 - Dans l'amitié, oui, j'imagine.
29:28 - Et avec ce désir, pour moi en tout cas, de transmission.
29:31 C'est-à-dire que je mets là-dedans les livres,
29:33 ou bien que j'ai lu, comme par exemple la biographie de Florent Armitage,
29:35 de Laurence d'Arabie, pour continuer à en citer,
29:38 ou les "Polemes de Victor" et tout cela,
29:40 des livres que j'avais déjà lus,
29:42 que j'ai envie que les... quand j'ai autant de ma jeunesse,
29:44 et que j'ai envie que les jeunes lisent,
29:46 parce que franchement, ça en vaut la peine dans le monde tel qu'il est,
29:49 et puis des tout nouveaux.
29:51 J'étais tout à l'heure, la jeune écrivaine Catelle Faria,
29:53 qui a fait un inédit qui s'appelle "Les aventurières du ciel",
29:56 superbe bouquin qui raconte les pionnières de l'aviation dans les années 30,
30:00 figure de femme, vous l'avez reçu, absolument géniale,
30:02 ou "Femmes d'aventure", un des tout derniers inédits,
30:05 où il y a d'autres que Catelle Faria,
30:07 qui raconte son expérience dans les bataillons féminins kurdes,
30:11 et puis Catherine Monnery, la championne du monde de voltige,
30:13 d'un début... Enfin, voilà.
30:15 Donc c'est les anciens, les modernes,
30:17 tous seuls faisant humanité.
30:19 - Alors Patrice Fransiski,
30:21 justement, vous ne connaissez pas l'aventure de votre bureau ou de votre fauteuil,
30:27 vous avez pratiqué dans des domaines très divers,
30:31 que ce soit dans la paix, dans la guerre, dans l'exploration, etc.
30:35 Au fond, aujourd'hui, si on avait à donner non pas une définition,
30:39 mais une démarche, c'est quoi la démarche de l'aventure ?
30:41 - Aujourd'hui, il y a une forme d'aventure qui est terminée,
30:45 qui est achevée.
30:47 - C'est-à-dire ? - Celle de l'exploration d'antan.
30:49 Là, c'est terminé, on est passé à autre chose.
30:51 La découverte personnelle continue à pouvoir exister, grâce à Dieu.
30:56 Mais le monde se rétrécit.
30:58 Il y a un véritable rétrécissement du monde pour plein de raisons.
31:01 Donc finalement, à mes yeux, les nouvelles orientations de l'aventure
31:05 sont pour moi celles de l'engagement,
31:08 et qui ne nécessitent pas forcément un paysage exotique.
31:12 - Je comprends. - Mais pourquoi pas ?
31:14 En tout cas, ça peut être lointain.
31:16 - Mais l'engagement intérieur ? - Non, mais pour les autres.
31:20 Pour les gens qui se passent.
31:22 Moi, par exemple, depuis 10 ans, auprès des Kurdes de Syrie,
31:25 c'est un engagement dont on peut dire qu'il est aussi une grande aventure humaine,
31:28 tout en étant une aventure politique et militaire.
31:30 Donc c'est un tout au bénéfice de gens qui le méritent,
31:33 et dont on peut être inquiet sur l'avenir,
31:35 compte tenu de ce qui vient de se passer avec les élections en Turquie.
31:38 Mais cette forme d'engagement représente, je pense, pour la jeunesse de demain,
31:42 l'engagement humanitaire pour la défense de la planète.
31:46 Il y a beaucoup d'engagements possibles,
31:49 qui sont des formes d'aventures absolument extraordinaires,
31:52 dans lesquelles la jeunesse peut avoir beaucoup d'espoir.
31:54 Celle de l'exploration des terra incognita,
31:56 où on sait pas, il y a des taches blanches sur la carte, ça c'est terminé.
31:59 Mais quelque chose leur en place.
32:01 - Alors une question avant de faire une pause.
32:05 Est-ce que l'aventure implique quand même,
32:07 parce qu'il y a quand même des léminateurs communs,
32:09 de sortir de sa zone de confort et d'avoir le goût du risque ?
32:13 - Alors, puisque vous parlez du goût du risque,
32:15 c'est le titre du prochain livre, qui sera publié le 20, si on profite.
32:19 Le goût du risque, qui sera publié chez Grasset.
32:21 - Il s'est vendre, il s'est vendre, Patrice.
32:23 - Non, non, non, c'est vous qui en parlez, pas le goût du risque,
32:24 parce que je vais revenir après à votre question.
32:25 Le goût du risque, c'est le prochain livre chez Grasset,
32:28 que j'ai écrit avec deux autres camarades,
32:30 qui sont Loïc Finas et Andrea Marco Longo.
32:32 Vous savez, la grande héléniste,
32:34 qui avait fait ce succès mondial avec "La langue géniale",
32:36 "Les 9 raisons d'aimer le grec".
32:38 Simplement parce que, vous verrez,
32:41 le goût du risque, c'est une charge
32:44 contre le précautionnisme de l'époque.
32:46 Et donc, redonner le goût du risque aux jeunes,
32:49 par ce livre, au 20 septembre,
32:52 mais par la collection dont on vient de parler,
32:54 par les voies d'engagement,
32:56 dont nous venons de parler également,
32:59 c'est finalement, probablement,
33:02 la partie lumineuse de la vie qui nous attend,
33:04 et non pas sa partie sombre.
33:06 On va en parler juste après cette petite pause.
33:09 Le goût du risque, très important,
33:11 sorti de sa zone de confort, je ne saurais trop vous approuver.
33:14 - Restez bien avec nous,
33:16 vous pouvez participer à l'émission 0826-300-300,
33:19 on attend vos appels, à tout de suite sur Sud Radio.
33:21 - Et nous accueillons avec plaisir Patrice Franceschi,
33:25 qui vient de publier un très joli livre de poèmes,
33:29 éphéméride, chez Plon,
33:31 on en parlera,
33:33 et puis dont on fête la collection Point Aventure,
33:36 10 ans de Point Aventure,
33:38 et franchement, quand on regarde le catalogue,
33:40 c'est quand même pas mal,
33:42 quand on voit qu'il y a,
33:44 et notamment un titre m'a attiré mon attention,
33:46 je ne l'ai pas lu, mais justement, qu'est-ce que c'est ?
33:48 Je regardais "Aller voir ailleurs",
33:50 dans les pas d'un voyage aveugle de Jean-Pierre Brouillaud.
33:52 - Alors Jean-Pierre Brouillaud,
33:54 parce qu'on parlait du risque tout à l'heure,
33:56 et du goût du risque, Jean-Pierre Brouillaud,
33:58 il est aveugle,
34:00 et il avait le rêve de voyager.
34:02 Il se disait qu'il ne pouvait pas voyager,
34:04 il a pris le risque de voyager,
34:06 et il voyage comme vous et moi, mais aveugle.
34:08 Il a tiré un certain nombre de livres,
34:10 dont celui-ci qui était le premier, "Aller voir ailleurs",
34:12 qui est une expérience tout à fait extraordinaire,
34:14 de comment finalement,
34:16 on peut réaliser ses rêves,
34:18 même si le destin est contre vous.
34:20 Donc c'est forcer et braver le destin,
34:22 qui le fait, qui le continue à faire, c'est un type formidable,
34:24 qui écrit aussi de la poésie et tout,
34:26 et donc son premier livre était dans la collection,
34:28 à la Point Aventure, voilà.
34:30 Non mais c'est formidable,
34:32 quand on voit vous parler du mateau grosso,
34:34 vous parler de l'Everest, et c'est vrai qu'aujourd'hui,
34:36 qui continue cela ? Vous,
34:38 Sylvain Tesson, bien sûr,
34:40 qui lui aussi va un peu partout,
34:42 et puis beaucoup d'autres. - Et qui est dans beaucoup des livres collectifs
34:44 de la collection. - Et est-ce que,
34:46 quand vous, justement,
34:48 est-ce que cet esprit d'aventure,
34:50 est-ce qu'il ne reste pas, est-ce que ce n'est pas,
34:52 comment dirais-je, comment faire
34:54 que ce ne soit pas vous,
34:56 et que ce ne soit pas les derniers des Mohicans,
34:58 et qu'est-ce qu'il y a, est-ce qu'on rencontre
35:00 des jeunes qui ont cet esprit d'aventure ?
35:02 - Alors, si vous parlez des derniers des Mohicans,
35:04 cette collection
35:06 fait tout pour qu'on ne soit pas les derniers
35:08 des Mohicans, justement, elle fait tout pour transmettre.
35:10 Sur ces 88 titres,
35:12 il y a eu des centaines et des centaines de milliers
35:14 d'exemplaires. C'est pas cher,
35:16 un livre de poche. - Oui. - C'est 8 euros.
35:18 Donc c'est vraiment à destination, notamment des jeunes.
35:20 Et je pense que
35:22 l'esprit d'aventure qui souffle dans tous les personnages,
35:24 dans tous les écrivains de cette collection,
35:26 de Graham Rim à Joseph Roth
35:28 en passant par Le Clésiot et tant d'autres,
35:30 a permis,
35:32 justement, de continuer
35:34 à souffler sur les braises
35:36 du goût du risque,
35:38 du goût de la découverte, du goût de l'engagement,
35:40 du désir de faire de sa vie sa propriété.
35:42 Et je pense que
35:44 mon éditeur et moi,
35:46 et tous ceux qui travaillent autour
35:48 de cette collection, avons participé
35:50 du maintien de ce qu'il peut y avoir
35:52 de mieux pour vaincre
35:54 l'absurde des choses et du monde,
35:56 ce qui est l'esprit d'aventure. - Non mais au moment aussi,
35:58 Patrice Franseschi, en parlant un peu du fond,
36:00 on en parlera évidemment des éliteurs,
36:02 au moment où quand même, beaucoup de choses dans la société,
36:04 les discours dominants,
36:06 vous appellent à surtout rappeler,
36:08 enfin, je ne veux pas vous écouer à la gestion Covid,
36:10 restez chez vous, confinez-vous. La précaution,
36:12 c'est le management par la peur.
36:14 Vous allez mourir. Attention, faites pas ci,
36:16 faites pas ci, faites pas ça.
36:18 C'est la chanson du tronc, mais au-delà.
36:20 C'est-à-dire qu'au fond, il y a une...
36:22 et ça n'a rien à faire avec la gauche ou la droite,
36:24 il y a un esprit général, une doxa dominante,
36:26 qui appelle à surtout ne pas sortir de ses zones de confort.
36:28 Et au contraire,
36:30 faites ce qu'on vous dit, restez bien groupés,
36:32 restez dans les normes
36:34 et bougez pas.
36:36 - Tout le monde voit bien que l'époque est au repli
36:38 sur soi, dans tous les domaines.
36:40 Et dans le domaine de la précaution,
36:42 peut-être plus que dans d'autres,
36:44 et la littérature d'aventure vécue,
36:46 notamment qui est dans cette collection,
36:48 c'est exactement l'inverse.
36:50 C'est peut-être le remède
36:52 exaltant à la situation
36:54 d'aujourd'hui et qui permet pour la jeunesse
36:56 de se dire que
36:58 "punaise, c'est pas terminé tout ça,
37:00 il y a encore des trucs formidables à vivre,
37:02 des engagements incroyables dans lesquels on peut
37:04 vraiment s'exprimer,
37:06 se développer, aboutir, etc."
37:08 Donc la collection a cette fonction.
37:10 Vous savez, moi je la fais pas pour...
37:12 Je la fais pas pour autre chose.
37:14 Je la fais pour que mes enfants, comme les enfants de mes amis
37:16 et les jeunes d'aujourd'hui, puissent se dire
37:18 "Il y a une énergie incroyable chez ces gens-là,
37:20 qui sont exactement comme nous." - Hommes et femmes ?
37:22 - Hommes et femmes ! Bien entendu,
37:24 il y a des femmes extraordinaires, dont il va être l'heure de
37:26 Titaina et de bien d'autres, ou de Catellefaria
37:28 à nouveau. Voilà, c'est-à-dire que
37:30 finalement on regarde l'horizon
37:32 et on peut légitimement trouver qu'il est sombre,
37:34 pour plein de raisons, et pas seulement pour
37:36 le dérèglement climatique, regardez les guerres, etc.
37:38 Et puis se dire en même temps,
37:40 il y a des clartés dans cette
37:42 ombre,
37:44 dans ce côté ombrageux.
37:46 Il y a des clartés, et l'esprit d'aventure
37:48 et la littérature qui lui est associée est une clarté pour tout ça.
37:50 Donc sur des livres, je pense que quand
37:52 on a terminé de les lire, comme le grand Don Fernando,
37:54 le seigneur de l'Amazon,
37:56 dans les années 30, c'est des trucs extraordinaires, mais quand on
37:58 referme ses livres,
38:00 même moi qui les ai déjà lus,
38:02 quand je les referme, il y a une joie, une légèreté,
38:04 qui dit qu'encore tout est possible.
38:06 - Mais Patrice Fonseschi, je parle pour...
38:08 Il y a heureusement des dizaines
38:10 de milliers d'hommes et de femmes qui ont
38:12 fait leur chemin, qui ont tracé leur chemin
38:14 à leur manière.
38:16 Est-ce que, à votre avis, sans tomber
38:18 dans la philosophie ni la biologie primaire,
38:20 la génétique... - On peut tomber dans la philosophie, de temps en temps.
38:22 - On peut d'ailleurs, ce n'est pas mal.
38:24 - C'est un bien. - Ça nous fait du bien, quelquefois.
38:26 Non, ce que je veux dire, est-ce que c'est
38:28 une vocation ?
38:30 Est-ce qu'au fond, il y a des gens,
38:32 parce qu'il faut le dire, il n'y a pas de jugement de valeur,
38:34 qui sont faits pour l'aventure,
38:36 et d'autres, en tout cas, qui ne le sont peut-être pas,
38:38 qui ne le savent pas, ou qui n'osent pas.
38:40 Qu'est-ce qu'il fait ?
38:42 Dès le début, c'est dès l'enfance,
38:44 dans les auteurs que vous avez publiés.
38:46 Est-ce que ça se passe très tôt ou pas ?
38:48 - C'est très variable. Prenez le cas d'Henri de Montfrey,
38:50 il commence à 35 ans. Il écrit son premier livre,
38:52 grâce à Joseph Kessel, 55 ans,
38:54 à peu près. Et d'autres commencent
38:56 à 18 ans, comme moi,
38:58 par exemple.
39:00 En fait, si
39:02 on veut bien accepter,
39:04 comme je le fais,
39:06 que le mot "aventure" et le mot "liberté"
39:08 sont synonymes,
39:10 et que ce sera comme ça dans les dictionnaires, je serai très content,
39:12 alors oui,
39:14 l'aventure concerne tout le monde,
39:16 par notre désir de vivre libre.
39:18 Et par conséquent, on peut l'exprimer
39:20 de toutes les manières, cette liberté. Elle peut être très active.
39:22 Allez, allons,
39:24 comme c'était encore possible il y a encore 30 ou 40 ans,
39:26 explorer une dernière région inconnue de la planète.
39:28 - Ou allons au coin de la rue.
39:30 - Allons au coin de la rue, parce qu'il y a des choses à y faire.
39:32 - Le coin de la rue de l'aventure.
39:34 - Alors, il ne faut pas dire... Il n'y a pas d'aventure que s'il y a prise de risque.
39:36 Sinon, il y a découvertes,
39:38 mais au coin de la rue,
39:40 si on prend des risques, il peut y en avoir.
39:42 Donc, c'est une façon d'exprimer
39:44 sa façon de vivre libre,
39:46 à travers cette idée de l'esprit d'aventure
39:48 qui est la dimension spirituelle de l'aventure pratique.
39:50 C'est pour ça que j'avais écrit avec
39:52 Chalian et Gilbert à une époque, ce livre
39:54 qui s'appelait "De l'esprit d'aventure", qui est dans la collection,
39:56 et qui était une tentative de théorisation de ce qu'était l'esprit
39:58 de l'aventure, et non pas seulement
40:00 l'aventure dans son...
40:02 Comment dirais-je ? Dans sa vision
40:04 immédiate et physique.
40:06 Toute aventure,
40:08 de ce point de vue-là,
40:10 pratique, doit tenter
40:12 d'être une sorte de chef-d'oeuvre.
40:14 Et si on peut ensuite la léguer par l'écriture,
40:16 donc entrer en littérature, transformer l'expérience
40:18 en conscience, alors là le bonheur est total.
40:20 Ça concerne pas forcément tout le monde.
40:22 - On peut avoir des aventures sans vouloir les écrire.
40:24 - Absolument, voilà.
40:26 Je parlais d'un cas très précis, celui des gens
40:28 de cette collection. J'en connais des tas d'autres d'abord
40:30 qui vivent de belles aventures
40:32 sans forcément les écrire. Je les ai connus pendant
40:34 20 ans dans le domaine de l'action humanitaire
40:36 par exemple. Et puis des gens
40:38 qui font des parenthèses d'aventures.
40:40 Soudain ils se disent "Tiens, je fais
40:42 une année sabbatique", ils partent en vélo, ils font des choses comme ça,
40:44 ils vivent des choses formelles, puis après ils retournent au métier qu'ils ont
40:46 choisi et qu'ils les accomplissaient.
40:48 Il y a tous les quatre figures.
40:50 La collection, elle veut dire en même temps
40:52 qu'il y a tous ces possibles. Il y a des gens très jeunes
40:54 qui écrivent dedans, il y a des gens beaucoup plus âgés,
40:56 il y a des hommes,
40:58 il y a des femmes, il y a des gens d'avant qui sont déjà morts,
41:00 des gens d'aujourd'hui qui ont vécu leurs aventures
41:02 il y a un an ou deux.
41:04 - Et c'est cet ensemble de choses qui peut-être fait
41:06 de cette collection au final,
41:08 et les couvertures aujourd'hui très colorées,
41:10 j'espère le montreront,
41:12 quelque chose qui fait le contraire
41:14 peut-être des livres de développement personnel
41:16 tout en ayant le même résultat, si vous voyez ce que je veux dire.
41:18 - C'est un autre coaching, mais peut-être
41:20 nettoyant plus intéressant.
41:22 À mon avis, je le pense aussi.
41:24 Alors je crois Lucien que nous avons...
41:26 - Nous avons des auditeurs qui nous appellent au
41:28 0826 300 300 et vous continuez
41:30 de nous appeler pour avoir la parole sur Sud Radio.
41:32 On accueille Bernard de Mimisan.
41:34 Bonjour Bernard.
41:36 - Bonjour Bernard.
41:38 - Oui, bonjour à vous, merci pour vos émissions
41:40 merveilleuses au quotidien.
41:42 J'ai quelques idées à donner
41:44 à monsieur Franceschi parce que j'ai un ami
41:46 qu'on vient de perdre, hélas,
41:48 qui avait créé une association qui s'appelait "Les Nîros Volants"
41:50 qui était quelqu'un qui était
41:52 un malvoyant, Patrice Radiguet,
41:54 et qui a quand même formé 45 personnes
41:56 pour copiloter des avions.
41:58 - Excellent.
42:00 - Il a même mis au point un appareil qui s'appelle
42:02 le Sound Flyer qui permet uniquement
42:04 au bruit qu'il fait de savoir si on monte
42:06 ou si on descend.
42:08 Alors ce genre de choses, voilà, bon, ça c'est pas très compliqué.
42:10 - Alors je suis pas au courant
42:12 mais c'est une...
42:14 J'apprends ça avec beaucoup de bonheur
42:16 et de joie et ça intéresserait particulièrement
42:18 mon camarade Jean-Pierre Brouillaud dont on parlait
42:20 tout à l'heure qui est aveugle et qui a écrit un livre
42:22 dans la collection.
42:24 Mais vous démontrez avec ça que
42:26 à la fois dans la forme de l'engagement
42:28 et la forme de l'aventure, et pour faire
42:30 de sa vie quelque chose, même en restant
42:32 en France, là où se trouve
42:34 ces gens-là, c'est tout à fait possible
42:36 et tout à fait possible.
42:38 - Voilà, il y a des gens comme ça, il y a comme Jacqueline Claire
42:40 aussi, qui avec son avion
42:42 "Pou du ciel", le Carédas
42:44 a rejoint les lignes de l'aéropostale.
42:46 C'est l'avion qui avait été fabriqué par son père
42:48 mais son plus bel exploit,
42:50 c'est quand même d'avoir fait changer la législation
42:52 pour permettre aux paraplégiques
42:54 de pouvoir piloter. - Voilà, excellent.
42:56 - Elle n'est pas dans le livre sur les aviatrices ?
43:00 - Non, je pense qu'elle est
43:02 parce que le livre de Catelle Faria, "Les aventurières du ciel"
43:04 il s'est concentré
43:06 il fallait faire des choix pour elle
43:08 sur sept aviatrices, six aviatrices
43:10 de l'époque éruite de l'aviation, les années 30.
43:12 - D'accord. - Oui, bien sûr.
43:14 - Mais il y en a plein d'autres à faire.
43:16 - Oui, oui, oui, c'est pas les... - Bernard, vous avez
43:18 encore d'autres exemples ?
43:20 - Oui, mais là comme ça,
43:22 j'ai appelé comme ça vite fait, mais voilà.
43:24 - Mais c'est très bien. - Vous avez très bien fait.
43:26 - Si il y en a d'autres, il n'y a pas de problème. - D'accord.
43:28 - Merci à tous. - Merci beaucoup.
43:30 En fait, quand on parlait,
43:32 effectivement vous avez parlé,
43:34 il y a des jeunes, des vieux,
43:36 mais ce qui est très intéressant aussi,
43:38 Patrice Franceschi, c'est qu'au fond,
43:40 est-ce qu'il y a un côté quand même
43:42 rebelle ? Il n'y a pas que ça.
43:44 Vous voyez, c'est pas...
43:46 On peut être rebelle en écrivant
43:48 des livres révolutionnaires ou autres.
43:50 Si on entend le mot rebelle, par principe,
43:52 non. Tous les gens qui vivent
43:54 des véritables aventures ne sont pas des rebelles
43:56 avec son mot péjoratif qui fait "je fais le contraire
43:58 de ce que j'entends". - Non, non, bien sûr.
44:00 - Mais il y a une rébellion très claire
44:02 et très nette contre l'état du monde.
44:04 Il est clair que vouloir être propriétaire
44:06 de sa vie, vivre ses rêves et en faire
44:08 vivre ses aventures pour que
44:10 ses rêves deviennent des réalités, tout ça
44:12 nécessite forcément...
44:14 Je ne sais pas si le terme de rébellion est exact, mais en tout cas
44:16 c'est à peu près ça, contre
44:18 finalement
44:20 ce qui nous entoure. Quand moi j'étais gamin,
44:22 j'avais 12 ou 13 ans, on me demandait ce que j'allais faire
44:24 plus tard, et je disais "ben moi,
44:26 l'aventure et l'écriture, je vois rien d'autre".
44:28 Non, mais ça n'existe pas. Il a fallu quand même que je fasse
44:30 une mineure, ce qu'on appelle une fugue,
44:32 jusqu'au fin fond de l'Amérique du Sud,
44:34 jusqu'à ma majorité, pour vivre ce que je voulais.
44:36 Ça pour le coup, c'était la pire des rébellions.
44:38 La lettre sur la table, c'est une réalité
44:40 absolue. Et puis on s'en va et on fait de sa vie
44:42 ce que l'on voulait et ça coûte cher.
44:44 On en paye le prix. Donc il y a une rébellion
44:46 contre le monde qui vous entoure.
44:48 - Qui encore une fois,
44:50 dont la vocation, on voit très bien,
44:52 on ne va pas citer les noms, mais on voit très bien
44:54 avec les grands recettes mondiaux, on veut
44:56 normaliser.
44:58 Toute une partie des gens
45:00 veulent réformaliser, le formatage.
45:02 - Le formatage de la mondialisation,
45:04 que ce soit, il suffit de voyager,
45:06 de regarder pour le voir,
45:08 que ce soit dans l'architecture,
45:10 que ce soit dans le cinéma,
45:12 que ce soit dans les séries, etc.
45:14 Cette uniformisation,
45:16 c'est un état des lieux.
45:18 C'est comme ça que ça se passe et c'est comme ça que ça se passera
45:20 de plus en plus. Pour aller
45:22 vivre ce dont on parle,
45:24 ou les gens qui ont écrit des livres de cette collection
45:26 au point aventure, évidemment qu'ils auraient dû être
45:28 en rébellion contre cette
45:30 uniformisation, ce formatage.
45:32 Ce sont des gens qui pensent par eux-mêmes.
45:34 Parce qu'ils vivent
45:36 en liberté, ils pensent tout seuls.
45:38 Ils sont l'anti-formatage
45:40 de l'attitude. Et l'une des qualités
45:42 de l'esprit d'aventure a toujours été le non-conformisme.
45:44 Non pas celui de la façon dont je m'habille,
45:46 par exemple, mais celui de l'attitude
45:48 finalement face à la vie, face au monde,
45:50 etc. Ils sont des gens qui
45:52 répondent, dans cette collection comme ailleurs,
45:54 aux trois grandes questions pour moi, à la fois
45:56 philosophiques, aventureuses, littéraires et spirituelles,
45:58 qui sont le monde, comment ça marche,
46:00 les autres, c'est qui exactement,
46:02 et la vie, qu'est-ce que c'est au juste ?
46:04 Si on répond à ces trois questions à travers...
46:06 - Un vaste programme.
46:08 - ... que chacun peut s'approprier,
46:10 et franchement, on sort de la vie
46:12 meilleure qu'on y est entré. - Alors Patrice Fransiski,
46:14 prenons des exemples. Qui ont été,
46:16 je dirais pas vos modèles,
46:18 mais des gens dont l'existence,
46:20 on peut, tout à fait, on a tous des...
46:22 Voilà, qui vous ont le plus impressionné,
46:24 amené, incité à ?
46:26 - Alors, j'ai pas peur de parler de modèles,
46:28 parce que quand j'avais,
46:30 mettons, 15 ans, que je voulais écrire
46:32 toutes sortes, tous les livres possibles et imaginables,
46:34 vivre toutes les aventures possibles et imaginables,
46:36 il y avait des modèles. Enfin,
46:38 il y avait des gens que j'admirais, des écrivains que j'admirais,
46:40 - Qui, par exemple ? - Je vais y venir,
46:42 et que je voulais imiter.
46:44 Et dans les traces desquelles je me suis placé.
46:46 C'est ce que chacun doit faire. Et puis après, il s'évade
46:48 le chemin des modèles pour faire son
46:50 propre modèle. Moi, il y avait qui ?
46:52 C'était très simple. En fait, ce que maintenant on pourrait
46:54 appeler des écrivains aventuriers, mais de haute
46:56 stature, Joseph Conrad,
46:58 Hemingway, Kessel,
47:00 André Malraux,
47:02 Romain Garry, Saint-Exupéry,
47:04 Arthur Kessler,
47:06 et ainsi de suite.
47:08 Ça fait une flopée de poids lourd.
47:10 - C'est vrai. - Mais j'aimais tout
47:12 autant... - Tout ce qui s'engage aussi bien dans l'aventure
47:14 que dans la guerre, que dans les causes.
47:16 - Je n'oublie pas George Orwell et compagnie,
47:18 parce que je n'ai pas toute la liste
47:20 dans la tête. Mais ces personnages étaient des gens
47:22 à qui j'avais envie de ressembler.
47:24 Et c'est très bien de vouloir ressembler à des gens quand on a 15 ans.
47:26 - Puis cela, c'est pas mal de vouloir ressembler.
47:28 - Mais oui, même si on n'y arrivera pas.
47:30 En tout cas, ils nous tireront vers le haut, puis après on fera son
47:32 propre chemin. Mais il faut avoir des modèles.
47:34 Il n'y a pas de honte à avoir des modèles.
47:36 Ceux qui ne l'en veulent pas sont peut-être des gens qui ont peur
47:38 d'eux-mêmes. J'en sais rien. Mais oui,
47:40 ayant des modèles, tentons de les imiter et faisons notre
47:42 propre route ensuite. Tous ces gens-là
47:44 étaient des gens qui avaient,
47:46 je m'en suis aperçu après,
47:48 une grande partie de leur vie engagée dans quelque chose
47:50 qui valait plus grand qu'eux.
47:52 Ils avaient tous été la guerre
47:54 d'Espagne, la seconde guerre mondiale, etc.
47:56 Et puis la grande aventure.
47:58 Il n'empêche que j'aimais aussi, mais dans un autre registre,
48:00 aussi bien Balzac,
48:02 Flaubert que Victor Hugo. Des géants du
48:04 19e, et tant d'autres. Racine et Corneille,
48:06 c'est des... Mais ça
48:08 n'empêchait pas qu'à côté de cette
48:10 pure littérature, il y ait cette catégorie
48:12 d'écrivains, que je dirais
48:14 aujourd'hui écrivains-aventuriers, parce que c'est pas péjoratif,
48:16 qui étaient des modèles,
48:18 en fait qui étaient des modèles, non pas forcément par la
48:20 littérature, mais par l'exemple de vie qu'ils donnaient.
48:22 Et ça, c'était exaltant.
48:24 - Et ça le reste.
48:26 - Restez bien avec nous, on se retrouve tout de suite
48:28 dans Bercov, dans Tous ces états, avec
48:30 Patrice Francheschi. Vous continuez de nous appeler
48:32 au 0826 300 300.
48:34 A tout de suite sur Sud Radio.
48:36 Vous êtes bien sur Sud Radio, dans le face-à-face
48:38 d'André Bercov avec Patrice Francheschi.
48:40 Et vous avez la parole au 0826
48:42 300 300. On accueille tout de suite
48:44 Philippe de Nice. Bonjour Philippe.
48:46 - Bonjour Philippe. - Bonjour.
48:48 Bonjour André. Écoutez, j'ai l'impression
48:50 que la petite différence
48:52 entre vous et moi, c'est que je suis neuf ans de moins,
48:54 je pense, mais sans doute, on va pas parler de nos âges.
48:56 Et que c'est la passion
48:58 qui aide à vivre.
49:00 Vous allez m'excuser, pour aujourd'hui, j'ai pris un petit peu
49:02 un coup de vent votre
49:04 entrevue.
49:06 Et ce qui m'a vraiment
49:08 marqué, c'est que
49:10 c'est l'uniformisation de notre
49:12 société. Et il suffit
49:14 pour que tout un chacun, que chacun
49:16 se mette sur YouTube et regarde
49:18 l'explication du film de
49:20 notre regretté Jacques Tati
49:22 "Playtime".
49:24 Qui montre
49:26 qu'à travers ses vitrines, les gens sont
49:28 déjà espionnés, il n'y a plus de
49:30 vie privée. Bon, on va pas
49:32 épiloguer.
49:34 Mais tout est vraiment...
49:36 Il y a une telle
49:38 moquerie du comportement
49:40 humain. - Vous trouvez-vous que l'aventure a été
49:42 très rétrécie, justement, par cette uniformisation ?
49:44 - Oui, c'est ça. Ah oui, tout à fait.
49:46 - Alors considérons
49:48 par rapport à ce que vous venez de dire, parce qu'on entre dans un autre
49:50 sujet, "Société
49:52 de sourire en généralisé", sujet dont j'ai
49:54 beaucoup parlé dans d'autres livres, que
49:56 disons qu'à ce moment-là, l'esprit
49:58 d'aventure, et les livres
50:00 qui en parlent, comme dans cette collection "Points d'aventure",
50:02 finalement c'est le remède, malgré
50:04 tout, au moins spirituel, au constat
50:06 que vous faites.
50:08 - Oui, c'est ça. - C'est-à-dire qu'en fait,
50:10 c'est vrai, c'est-à-dire qu'en fait,
50:12 il faut s'échapper. C'est toujours pareil, la zone
50:14 de confort, et c'est très difficile,
50:16 quelques fois, de quitter sa zone de confort.
50:18 - Oui,
50:20 exactement, exactement.
50:22 Moi je m'échappe à ma façon,
50:24 quoi, oui. - Oui,
50:26 chacun s'échappe, non mais chacun, c'est la méditation
50:28 aussi, c'est d'autres choses, chacun
50:30 son aventure, intérieure ou extérieure.
50:32 Mais, je crois que
50:34 ce que disait Patrice Franseschi, et c'est vrai, je crois
50:36 qu'il y a le goût du risque. Si on ne
50:38 frôle pas, vous disiez, c'est Michel
50:40 Léris qui disait, vous savez, "Dans la vie,
50:42 il faut toujours vivre à l'ombre
50:44 de la corne de taureau sur votre hanche."
50:46 Et je crois que c'est très joli, c'est Michel
50:48 Léris qui disait ça. Alors c'était,
50:50 il disait, "N'oublie pas, voilà, il y a ça,
50:52 il faut faire attention, il faut être vigilant,
50:54 mais en même temps, braver les choses."
50:56 Patrice. - Oui, le goût du risque,
50:58 c'est aussi cette idée de tenter
51:00 de voir un peu ce que vaut sa chance,
51:02 de frôler un peu les limites,
51:04 d'aller voir jusqu'où on peut,
51:06 etc.
51:08 Et qui permet, quand on va assez
51:10 loin, parce qu'on a le goût du risque, et pas seulement
51:12 la capacité au risque,
51:14 eh bien parfois, en tout cas,
51:16 c'est une énergie,
51:18 c'est un souffle vital, c'est parfois ce qui manque
51:20 à notre société, qu'on retrouve dans cette idée
51:22 du goût du risque et non pas du principe de précaution.
51:24 Aujourd'hui, il y a deux forces antinomiques,
51:26 comme deux boxeurs sur un ring qui se battent, c'est le principe
51:28 de précaution et le goût du risque. On ne sait pas
51:30 qui va gagner, mais pour l'instant, il y en a un qui domine
51:32 un petit peu. - Oui, un peu, oui, c'est pour le
51:34 parti. - Mais l'autre, il résiste quand même
51:36 pas mal. - Ça stimule, effectivement.
51:38 Ben, je ne sais pas.
51:40 Pour pouvoir raconter ma brève vie,
51:42 je suis, bon, je fais
51:44 de la musique classique, je joue du piano,
51:46 mais surtout, j'ai fait beaucoup d'albinisme.
51:48 Et, bon, à l'époque, vous savez, on disait
51:50 de Walter Bonatti, à l'époque, que
51:52 lorsqu'il a fait le piller sud-ouest du Dru,
51:54 c'est parce qu'il se sentait coquillé par
51:56 sa femme, c'est ce que racontent les guitares
51:58 de Chamonix. - Ça peut être une raison.
52:00 - On ne peut pas en dire le goût du risque.
52:02 - Je ne vais pas rentrer là-dedans, mais en tout cas,
52:04 à lui, vous ne pouvez pas dire la chéprise.
52:06 - Voilà, c'est ce qu'elle veut dire.
52:08 - Mais,
52:10 je voudrais... Merci, Philippe.
52:12 - C'est un prix, c'est un prix. - Merci, Patrice.
52:14 - Continuez ainsi. Au revoir.
52:16 - Merci.
52:18 Alors, dites-moi, quand même, à un moment donné,
52:20 qu'est-ce qui fait ? Les aventuriers décrochent.
52:22 Pourquoi ? Parce que, physiquement,
52:24 ça ne tient plus ? - Alors, je ne sais pas s'ils décrochent.
52:26 - Est-ce qu'ils décrochent ou pas ?
52:28 - Oui, je ne sais pas trop. Je pense, par exemple,
52:30 le mot "retraite" n'a pas de sens,
52:32 a priori, pour ce qu'on pourrait
52:34 appeler un aventurier ou un écrivain aventurier,
52:36 etc., comme pour un écrivain.
52:38 Les écrivains
52:40 écrivent toujours. - Je crois que jamais.
52:42 - A priori, jusqu'à leur dernier souffle. Les aventuriers, pareil.
52:44 Les écrivains aventuriers, encore plus.
52:46 La partie physique
52:48 de l'aventure, évidemment, qu'à un moment donné,
52:50 elle peut plus ou moins se rétrécir.
52:52 Je prends l'exemple de Gérard Chalian,
52:54 avec qui, donc, j'ai écrit, avec notre ami
52:56 Jean-Claude Gilbert, ce livre "De l'esprit d'aventure".
52:58 Gérard Chalian, on va avoir 89 ans, il est toujours sur le terrain.
53:00 - Il va toujours.
53:02 - Il est même souvent venu
53:04 à la plage du Lécune et tout ça. - Rappelez qui est
53:06 Gérard Chalian ? - Gérard Chalian, c'est à la fois
53:08 un de nos écrivains politiques les plus féconds,
53:10 un grand poète,
53:12 et un des plus grands spécialistes mondialement
53:14 reconnus des guerres irrégulières.
53:16 - Tout à fait. - Et ses mémoires
53:18 qui s'appellent "Savoir de la peau"
53:20 sont vraiment formidables. Et d'ailleurs,
53:22 il y a le premier tome qui s'appelle "La poigne du couteau"
53:24 dans la collection "Points d'aventure". Bien. Et c'est un ami.
53:26 Il a 89 ans, il sait très bien qu'à un moment donné,
53:28 il ne pourra plus aller au fin fond du
53:30 Cœur distant, fatalement. Mais
53:32 89 ans, il a bien déjà
53:34 repoussé très très loin.
53:36 Ce qui veut bien dire que, au fond,
53:38 ça nous appartient de décider
53:40 à quel moment on s'arrête ou on réduit
53:42 à condition
53:44 évidemment, d'abord qu'on ait un peu de chance
53:46 et ensuite qu'on se soit à peu près
53:48 entretenu pour qu'au niveau de la santé, ça suive aussi.
53:50 Mais sinon, ça restera intellectuel
53:52 et spirituel. Ça, c'est toujours possible.
53:54 - Je pense que ce sera évidemment votre cas,
53:56 Patrice Francisci. Et vous savez quoi ?
53:58 On souhaite, et vous avez vu, on souhaite
54:00 à tous les auditeurs, les hommes, les femmes,
54:02 qui nous écoutent, qui sont là,
54:04 vraiment, on vous souhaite de l'aventure,
54:06 on vous souhaite
54:08 le goût du risque et on vous souhaite
54:10 surtout de réaliser votre vie, c'est ça ?
54:12 - Oui, parce que... - Chacun à sa manière.
54:14 - L'aventure, bien sûr, mais l'aventure ou l'esprit d'aventure,
54:16 la dimension spirituelle de l'aventure, c'est finalement
54:18 le sel de la vie aussi. Voilà, mangeons
54:20 épicés, poivrés et salés.
54:22 - Pas trop de sel, mais il en faut. - Ah, il en faut.
54:24 - Parce que si c'est trop salé, c'est embêtant. - Il faut le mettre à sa dose,
54:26 à soi. Voilà. Mais il en faut.
54:28 Voilà ce que je veux dire, pas de vie fade.
54:30 - L'important, c'est la dose. Merci Patrice Francheschi.
54:32 - Merci André.
54:34 - Merci beaucoup, chers auditeurs, d'être toujours
54:36 aussi nombreux à nous écouter. Merci à Patrice Francheschi.

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1:44:50
À suivre