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  • 25/05/2023
Chroniqueur : Thomas Sotto


Thomas Sotto reçoit Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, dans Les 4 vérités. 

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Transcription
00:00 [Musique]
00:03 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Bruno Retailleau.
00:05 Bonjour, Thomas Soto.
00:06 Emmanuel Macron, nompré dans le journal de 7h30, sera à Roubaix tout à l'heure
00:09 pour rendre hommage aux trois policiers tués dans l'accident du week-end.
00:12 Hier, en Conseil des ministres, après une succession d'affaires tragiques,
00:15 le chef de l'État s'est inquiété d'une décivilisation de la société.
00:18 Est-ce que vous partagez cette inquiétude ?
00:20 Non seulement je la partage, mais c'est un mot que j'ai sans doute été l'un des premiers à utiliser.
00:24 Je l'utilise depuis plusieurs années.
00:26 Il y a des civilisations, lorsqu'il y a des phénomènes de barbarie, d'ensauvagement de la société,
00:30 lorsque l'école ne parvient plus à transmettre les savoirs,
00:34 lorsqu'il y a une entreprise de déconstruction en France, culturelle.
00:38 Et je pense que la décivilisation, c'est l'inverse de la civilisation.
00:42 La civilisation, c'est ce qui permet à une société de contenir des réflexes violents.
00:47 Mais la décivilisation, c'est aussi un concept qui vient de Renaud Camus,
00:50 qui a écrit un bouquin là-dessus, qui est l'homme du grand remplacement.
00:53 On est quand même dans la terminologie d'extrême droite là, non ?
00:55 Non, on est dans un processus qui est un processus qu'on observe, qui est devant nous.
01:00 L'ensauvagement de la société, cette hyper-violence, ça ne vous touche pas ?
01:04 Ça touche les Français, chaque Français.
01:06 Et je pense que c'est grâce aux trésors que nous a confiés la civilisation,
01:10 qu'on doit faire aujourd'hui fructifier et non pas les renier.
01:13 Il y a une haine de cette civilisation que certains veulent nourrir aujourd'hui dans l'Occident.
01:17 Qui veut nourrir ça ?
01:18 Les wokistes par exemple.
01:20 Bien sûr, quand on veut déconstruire.
01:22 Il y a cette œuvre de déconstruction qui a commencé à l'école avec Bourdieu, etc.
01:26 Et on voit que l'école ne transmet plus de savoir.
01:29 Pire même que l'école républicaine française avantage les enfants de familles
01:34 qui sont plutôt riches par rapport aux familles qui sont modestes.
01:37 Dans le cadre de ce drame de Roubaix, le conducteur conduisait sous l'emprise de l'alcool et de la drogue.
01:42 Avant-hier soir, à Trappes, une petite fille de 6 ans qui a été tuée par une automobiliste,
01:45 elle aussi contrôlée positive au stupéfiant.
01:48 On se souvient du drame dont Pierre Palmade a été l'auteur il y a quelques semaines.
01:51 Que faut-il faire pour endiguer ce problème ?
01:53 Il faut sévir encore ? Il faut changer les textes ?
01:56 On peut changer les textes, c'est vrai.
01:58 Mais je pense qu'il faut d'abord, et c'est l'urgence, traiter les causes.
02:00 Je pense que les causes de l'hyperviolence, et la violence justement au volant,
02:05 c'est une violence, comme avec un couteau, comme avec d'autres instruments.
02:08 La voiture peut être une arme par destination, si j'ose dire.
02:12 Je pense que les causes précisément, c'est un laxisme.
02:15 Un laxisme pénal par exemple.
02:16 Il y a un sentiment d'impunité.
02:18 Ce sentiment d'impunité, notamment chez les plus jeunes,
02:21 tous les grands pédopsychiatres le disent, développe chez eux un sentiment de toute puissance.
02:25 Et c'est ça qui est grave.
02:26 Donc le laxisme pénal, il faut le combattre.
02:28 Et puis aussi, tous ces repères, ces interdits, nous en parlions Thomas Southoy à l'instant,
02:32 qui sont en train de s'évaporer.
02:35 C'est une crise de l'éducation, de la transmission.
02:38 C'est aussi une crise de notre justice.
02:41 Je pense qu'il faut retrouver le sens de la sanction.
02:43 Il faut l'assumer, y compris avec nous.
02:45 Est-ce qu'il faut retirer, comme l'a dit Éric Ciotti, 12 points aux personnes qui sont contrôlées positives aux stupéfiants en conduisant ?
02:50 Écoutez, je ne l'ai pas entendu, mais en tout cas, on peut parfaitement sévir.
02:53 Oui, bien sûr.
02:54 Mais après, on ne le fait pas avec l'alcool aussi ?
02:56 Bien sûr.
02:57 L'alcool, tu le dois fois plus.
02:58 Mais vous savez, quand il y a des familles, et toutes nos familles ont été endeuillées un moment ou un autre,
03:02 peu importe que ce soit l'alcool ou que ce soit la drogue.
03:05 Mais je pense qu'il y a eu aussi une culture en France avec la drogue qu'on disait un peu récréative,
03:11 qui a pris d'ailleurs dans des milieux un peu BCBG, ou des milieux un peu showbiz.
03:16 Dans la jet set, dans les médias, dans la politique, il y a une sorte de complaisance parfois.
03:21 Mais bien sûr, bien sûr.
03:23 Vous savez, moi j'ai déploré parce que j'adorais Tina Turner.
03:26 Vous savez, son mari l'a maltraitée.
03:28 On savait que c'était un cocaïnomane.
03:31 Voilà, la violence et la drogue, la violence et la drogue, à Marseille et ailleurs.
03:35 On voit bien qu'il y a un lien.
03:37 Mais il faut sévir.
03:38 J'ai été, il y a quelques mois, encourager les policiers de la BAC à Nanty.
03:42 Ils disaient qu'ils avaient démantelé un réseau avec un dealer.
03:45 Le dealer, vous savez à quoi il avait été condamné ?
03:48 À une peine de TIG.
03:49 Travaux d'intérêt général.
03:50 Voilà, des travaux d'intérêt général.
03:52 Vous croyez que ça va les dissuader les dealers ?
03:54 Non, c'est ça le laxisme pénal.
03:55 Bruno Retaillou, après des mois de division, de cacophonie, de flou,
03:58 votre parti Les Républicains tente de se ressouder autour du thème de l'immigration.
04:01 Votre président Éric Ciotti parle de submersion migratoire.
04:04 La LR va déposer deux propositions de loi qui ont été présentées en début de semaine.
04:07 Vous souhaitez entre autres un référendum sur le sujet.
04:10 Votre projet, c'est du copier-coller de ce qu'on fait au Rassemblement national.
04:13 C'est ce que disait ici même Thomas Ménager en début de semaine.
04:15 Non, non.
04:16 Alors évidemment, le Rassemblement national est très mal à l'aise
04:19 parce que souvent il parle avec des slogans de façon très démagogique.
04:22 Nous, ce sont des textes et des mesures qu'on a beaucoup travaillé au Sénat.
04:26 C'est-à-dire qu'on pouvait lire pour beaucoup d'entraînes dans le programme de Marine Le Pen.
04:28 Des dizaines, non mais attendez, qu'on pouvait lire aussi dans des rapports du Sénat,
04:31 que nous avons voté.
04:32 Mais si Marine Le Pen nous dit qu'actuellement il est 8h moins de quart,
04:37 je ne vais pas lui dire qu'il est 22h30.
04:39 Vous voyez ce que je veux dire ?
04:40 Il y a un chaos migratoire.
04:41 Moi ce que je vous demande, c'est est-ce que la digue entre le RN et LR a sauté ?
04:44 Non mais observez, Thomas Soto, essayons d'observer parce que ce que vous essayez de faire avec moi là,
04:49 le monde médiatique le fait avec la droite pour nous tétaniser depuis des décennies.
04:53 Et on a quitté justement ces vérités que les Français attendent pour se protéger médiatiquement.
04:58 Et on a perdu nos électeurs.
05:00 Je vais vous donner un exemple très concret de ce que je dis.
05:02 Vous savez pas de vous protéger ou de vous attaquer, on essaie de comprendre quelle est la ligne de LR aujourd'hui.
05:06 Je vais vous dire, on parle beaucoup de Mayotte.
05:07 Depuis plusieurs mois c'est compliqué.
05:08 Vous parlez de Le Pen, vous parlez de l'immigration, je vous parle de Mayotte.
05:11 Deuxième tour, second tour de la présidentielle, Jean-Marie Le Pen, il y a 20 ans.
05:15 Il fait à Mayotte 11,8%.
05:18 20 ans plus tard, sa fille, elle fait 50%.
05:21 Et entre-temps, il y a eu le chaos migratoire.
05:23 Le chaos migratoire, c'est un encouragement justement à la démagogie.
05:27 Et moi ce que je veux, je ne veux pas laisser ces thèmes-là au démagogue.
05:31 C'est notre travail à droite de répondre au peuple français.
05:34 Qu'est-ce que nous demande le peuple français ?
05:36 Le sondage paru hier dans le Figaro Odoxa, il est très clair.
05:40 Et il plébiscite, les Français plébiscitent, au trois-quarts, autour de 74% nos mesures.
05:45 Sauf que vous voulez notamment une modification de la constitution, notamment pour permettre ce référendum.
05:49 Le ministre du Travail Olivier Dussopt vous a répondu.
05:51 Il a dit que c'est inenvisageable parce que c'est le contraire de la construction européenne.
05:55 Inenvisageable, ça veut dire que des mesures ne seraient pas seulement discutables, qu'elles ne seraient pas amendables.
06:01 C'est inenvisageable. Il y a donc des tabous en France. Il faut briser ces tabous, tout simplement.
06:05 Ou il y a un choix à faire. On reste dans l'Europe ou on sort des textes de l'Europe.
06:08 Non, mais pas du tout. Nous, ce que l'on veut, ce n'est pas sortir de l'Europe.
06:11 On veut que l'Europe ne sorte pas des traités. Et je vais vous en donner quelques exemples.
06:16 Vous connaissez la règle. Le droit européen est au-dessus des droits nationaux.
06:21 Non, ça dépend. Le Conseil constitutionnel en France a dit, attention, la primauté du droit européen doit avoir une butée, une limite.
06:30 Par exemple, l'identité constitutionnelle de la France. La question de la laïcité.
06:34 Bruxelles a une conception qui est beaucoup plus anglo-saxonne. Mais qu'est-ce qui se joue derrière ça ?
06:39 C'est une question de souveraineté juridique, une question de démocratie.
06:42 Vous savez, aujourd'hui, les Français le sentent très bien.
06:45 Le pouvoir de contrôler l'immigration n'appartient plus aux élus du peuple, justement, à ses représentants députés, aux sénateurs.
06:52 Il appartient souvent aux cours suprêmes qui produisent leurs droits eux-mêmes.
06:57 Quand, par exemple, un juge européen, pour une autre affaire, sur la directive travail, avait dit il faut que ça s'applique,
07:03 le juge européen avait dit il faut que ça s'applique aux forces armées.
07:06 Mais là, il sort du traité européen. Pourquoi ? Parce que le traité européen, article 4, alinéa 2,
07:11 dit que la question des forces armées, en tout cas de la sécurité nationale, ce n'est pas de la compétence de l'Europe, c'est de la compétence des États.
07:18 Vous restez pro-européen, il n'y a pas de question de Frexit ? Ce n'est pas une hypothèse ?
07:21 Au contraire, je vais vous dire, notre projet, justement, tout notre projet,
07:24 repose sur le fait qu'on puisse ramener la France dans la moyenne de ce que font en matière d'immigration les pays européens.
07:31 Le problème, quelqu'un qui faut lire a fait un petit dérangement, c'est Didier Leschi.
07:37 C'est le patron de l'Office français de l'immigration, l'intégration.
07:40 Et il montre qu'il y a des pompes aspirantes et qu'on est les mieux disant en France, sur tous les pays européens.
07:44 Sauf que, Bruno Retailleau, il y a eu 21 lois sur l'immigration en 32 ans.
07:49 Des lois de droite, des lois de gauche, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Macron, tout le monde a fait ça ou ces lois.
07:55 À chaque fois, on a entendu à peu près les mêmes arguments. Et à chaque fois, ça n'a pas changé grand chose au problème.
07:59 C'est bien pour ça que nous, on propose de changer le cadre.
08:03 On propose justement une sorte de révolution juridique en changeant des aspects de notre constitution
08:08 pour que la volonté du peuple s'impose justement sur des jurisprudences.
08:13 Moi, je pense que qui doit exactement ? C'est fondamental. C'est une question de démocratie.
08:18 Qui doit aujourd'hui, en France, décider qui peut rentrer sur le territoire ou qui on doit expulser ?
08:24 C'est pour moi d'abord le peuple français. Et donc, je crois en ce référendum.
08:28 Parce qu'un référendum, d'abord, c'est le peuple qui choisit, qui décide. Et ensuite, il s'impose aussi au cours suprême et notamment au Conseil constitutionnel.
08:35 Donc, vous avez totalement raison. Si on se contente, ce que veut faire Emmanuel Macron, de changer ici ou là quelques bonnes choses par des lois ordinaires, classiques, on ne change rien.
08:45 Il faut là reprendre le contrôle et le contrôler, le donner au peuple français.
08:50 Si votre texte n'est pas repris quasiment en l'état, vous ne voterez pas le projet de loi immigration du gouvernement à l'Assemblée et au Sénat ?
08:56 Franchement, je ne le connais pas. Je ne le connais pas parce qu'on a eu, c'est gaguesque, on a eu un texte qui a été programmé, déprogrammé, reprogrammé, saucissonné, refusionné.
09:05 Je ne sais pas où ils en sont. En réalité, ce qu'on a voulu faire aussi avec Olivier Marlex et Éric Ciotti, vous savez qu'on avait été accusés par la première ministre qui avait dit
09:14 écoutez, si on repousse ce texte, c'est parce qu'il y a une division entre le Sénat et l'Assemblée nationale à LR.
09:19 On a voulu dire que non, la division, elle n'est pas chez nous, elle est chez eux. On ne peut pas vouloir ce que proposait le dernier texte du gouvernement,
09:26 à la fois régulariser plus et vouloir expulser plus. En même temps, ça ne marche pas.
09:31 Ça ne marche pas. Bruno Taillou, est-ce qu'on peut réclamer plus d'ordre, plus de fermeté, plus de justice comme vous le faites depuis le début de cette interview
09:36 et s'en prendre au juge quand une décision ne vous convient pas ?
09:39 Je pense que les juges ne sont pas au-dessus des lois et je pense qu'on garde notre liberté.
09:44 Vous avez entendu les mots de Nicolas Sarkozy après sa condamnation, c'est à lui que je mets l'allusion. Ça vous inspire quoi ?
09:49 Mais ça m'inspire plusieurs choses. Je pense qu'il y a un acharnement. Vous savez, j'ai des différends avec Nicolas Sarkozy.
09:55 Vous ne les avez jamais cachés.
09:56 Je ne les ai jamais cachés. Mais très franchement, je trouve qu'il y a eu une enquête qui a mobilisé énormément de moyens, qui était secrète,
10:04 où on a écouté des avocats. Et il y a une juge qui l'a jugée, qui avait fait une tribune libre contre lui il y a quelques années.
10:12 Je pense qu'elle aurait pu se dépayser. Il y a ce soupçon. Je pense qu'il faut que la justice, en France, et heureusement,
10:18 beaucoup de magistrats ne sont pas politisés, mais il y a une partie de la justice, malheureusement, je le dis,
10:22 notamment avec le syndicat de magistrature. On l'a vu aussi à Mayotte. On l'a vu dans quelques décisions avec le mur des cons.
10:28 Pardonnez-moi. Mais je pense que le rôle du politique, c'est de dire, bien sûr qu'il faut respecter notre justice.
10:33 On a de la chance d'avoir une justice en France, mais elle doit être au-dessus de tout soupçon.
10:37 Il reste 10 secondes. Vous étiez un grand fan de Tina Turner. Simply the best. Avez-vous tweeté notamment "C'est qui le best à droite ?"
10:43 Non, écoutez, Tina Turner, oui, j'étais très attachée. Et hier soir, une étoile, une star a rejoint le ciel, Thomas Soto.
10:53 C'est qui le best à droite ?
10:54 Écoutez, cette question va venir après les Européennes. Je pense qu'il faut que la droite d'abord se reconstruise,
10:59 qu'elle se reconstruise à partir des propositions qu'on fera aux Français, à partir d'un nouveau logiciel.
11:04 Il faut quitter les vieilles habitudes. Il faut nous renouveler. Et ça, c'est un travail de fond que j'appelle.
11:10 Si on met la charvée avant les bœufs, si on parle d'incarnation avant la reconstruction, ça ne va pas le faire.
11:15 Merci. Bonne journée.

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