- 11/05/2023
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Françoise Degois, Sébastien Ménard et Laurent Zameczkowski, vice-président et porte-parole de la PEEP.
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NewsTranscription
00:00 Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:03 Et on va revenir sur ce professeur de lycée à Paris qui a brûlé hier matin 63 copies du bac pro d'anglais de ses élèves
00:10 pour dénoncer la réforme de l'éducation nationale.
00:14 Elle a été placée sous contrôle judiciaire ce mercredi, il sera jugé donc en octobre.
00:18 Un geste de protestation pour lequel il s'est expliqué. Écoutez.
00:21 L'approche normale, traditionnelle, ne fonctionne pas pour apprendre de manière générale.
00:26 Moi je pense qu'il faut une refonte générale du système dans laquelle on place l'intérêt pour l'apprentissage au centre des apprentissages.
00:32 C'est-à-dire que pour l'instant on est sur une approche où il y a un programme.
00:35 Il faut apprendre tel et tel contenu.
00:38 Donc ça vient un peu de nulle part, pour les élèves ça n'a pas de sens.
00:41 S'il n'y a pas de sens d'apprendre une notion, soit du coup on décroche,
00:45 soit on va se mettre dans une optique mécanique d'apprentissage et on va être dans un apprentissage superficiel.
00:50 Ça va peut-être nous permettre d'avoir 10 ou 11 au bac, mais on n'aura rien appris de fondamental.
00:55 Alors, ce qui est important, déjà la réaction, pas peine d'y aille.
00:59 Le ministre de l'Éducation nationale condamne fermement les agissements de l'enseignant.
01:04 Il sera jugé en octobre, il encoure 10 ans d'emprisonnement et 150 000 euros d'amende.
01:08 Précision, avant l'examen, le professeur avait divulgué le sujet à ses élèves.
01:13 Aucun d'entre eux ne sait parler anglais, a-t-il déclaré.
01:16 C'est donc que les cours qu'ils ont suivis pendant 7 ans ont servi à rien.
01:19 L'information a donc fuité et le sujet a été changé en dernière minute, poussant ses élèves à l'échec.
01:25 Sur les 63 copies qu'il a brûlées, il affirme la grande majorité est, selon lui, catastrophique.
01:31 Une façon de légitimer son acte, qu'en pensez-vous ?
01:34 - Dénoncer la réforme de l'enseignement en brûlant des copies,
01:37 est-ce que c'est compréhensible, courageux, condamnable ou intolérable ?
01:40 Pour l'instant, vous dites plutôt compréhensible et courageux.
01:43 Vous pouvez nous appeler 0826 300 300.
01:46 Une situation inédite, pratiquement inédite, justement sur ces copies.
01:51 Donc, il y a deux salles, deux ambiances, n'infilez pas.
01:53 J'ai parfois l'impression que des actes gravement provocateurs et transgressifs
02:02 sont pris au sérieux, systématiquement,
02:06 et qu'on ne se pose pas la question, je ne veux pas du tout être méprisant,
02:10 entendons-nous, j'espère, il ne nous entend pas,
02:15 qu'on ne se pose pas la question de l'équilibre mental
02:20 de la personne qui fait l'objet d'une actualité généralement critique.
02:25 Et je suis d'autant plus à l'aise pour l'évoquer au sujet de cette personne
02:30 que récemment j'ai lu quelque chose concernant des magistrats de Montauban
02:36 qui ont été en rapport avec la police,
02:38 mais vous ne pouvez pas imaginer, des propos orduriers par WhatsApp, je crois,
02:43 et je ferai exactement les mêmes réflexions.
02:47 Je suis directeur de l'école de la magistrature où garde des sceaux,
02:51 et évidemment je m'interroge immédiatement sur Jordan, une expertise psychiatrique,
02:56 j'aurais fait pareil avec lui, avant de prendre la moindre décision.
03:00 - François Aschdegois c'est une autodafée, ça rappelle des souvenirs bizarres déjà.
03:03 - Moi j'ai du mal, si vous voulez, avec les choses qu'on brûle,
03:05 alors c'est presque un réflexe pavlovien pour moi,
03:08 c'est-à-dire que je n'ai même pas de réflexion, après je réfléchis,
03:12 mais il y a quelque chose d'extrêmement gênant à brûler du travail d'élève,
03:16 j'entends sa justification quand il dit "oui mais les copies étaient mauvaises",
03:21 c'est pas le sujet, on ne sait pas combien d'efforts sont dans ces copies,
03:25 on ne sait pas, c'est des vies d'élèves les copies,
03:27 c'est pas simplement des réceptacles à notes,
03:30 des peurs, des stress, des angoisses, des nuits blanches,
03:33 ou peut-être "lala j'ai rien foutu",
03:35 mais c'est le respect vraiment de chaque élève,
03:38 donc c'est totalement irrespectueux,
03:39 pour moi ça va à l'encontre absolument de l'éthique de professeur,
03:43 il y a d'autres moyens, je suis pour les manifestations même un peu musclé,
03:47 mais là on ne peut pas brûler du travail des élèves,
03:50 et puis en plus j'ajoute que je n'ai rien compris à son explication,
03:53 et le son que vous avez donné c'est complètement amphigourique,
03:57 ou alors je suis un peu teubé, c'est possible, je ne comprends rien.
04:01 - Est-ce qu'il fallait un acte fort, est-ce que c'est un acte fort à un moment donné,
04:05 pour que tout le monde en parle ?
04:06 - Non, c'est pas un acte fort, on est au-delà de la dinguerie,
04:11 on est dans une faute, voilà.
04:13 Pour moi c'est une faute professionnelle,
04:16 c'est une faute morale vis-à-vis de tout ce qu'explique Françoise,
04:20 parce que quelque part des jeunes gens s'investissent,
04:23 travaillent, moi j'ai un gamin qui a 15 ans, ça aurait pu être sa copie,
04:27 oui c'est pas facile, voilà,
04:29 oui le niveau de nos gamins de 15 ans aujourd'hui
04:31 est, quels que soient les efforts que toutes les familles de France peuvent faire,
04:35 bien inférieurs à notre propre niveau,
04:37 il y a 25, 30 ou 45 ans,
04:40 c'est une réalité, on peut le dire, on peut le dénoncer,
04:43 mais le boulot de ce professeur, c'est de continuer à se battre à militer,
04:47 pour faire en sorte que ses élèves soient chaque jour que Dieu fait un peu moins cons,
04:52 mais de pas brûler les copies.
04:53 - Je reviens sur une question,
04:55 est-ce que le fait qu'un professeur aujourd'hui baisse les bras,
04:58 face à des élèves qui devraient parler anglais,
05:01 qui devraient, voilà, c'est aussi la lassitude de tous les enseignants,
05:04 même, on peut, dépassons l'âge,
05:07 à un moment donné, on sent cet enseignant qui est au bout du rouleau,
05:12 on se dit "mais qu'est-ce qu'on va faire d'eux ?"
05:14 - Oui, mais, Cécile, votre réflexion, je la trouve pertinente,
05:18 mais j'ai souvent été frappé par le fait,
05:23 mais peut-être, est-ce le tort d'induire,
05:26 de mon propre caractère, quand j'étais magistrat,
05:29 j'ai entendu tous les jours des lassitudes s'exprimer,
05:34 au point d'oublier la grandeur du métier.
05:38 Et, bien sûr, peut-être a-t-il pensé que c'était tellement mauvais,
05:43 mais, vous voyez, je regrette qu'il n'ait pas mis autre chose en avant.
05:48 - Les vrais voies, pour apporter de l'eau à votre moulin,
05:50 déjà, sachez que 0826 300 300,
05:54 Laurence va réagir, elle est enseignante, justement.
05:56 Dans la consultation que nous faisons, vous dites
05:59 "c'est compréhensible à 34%, c'est courageux à 34%,
06:03 c'est condamnable à 12%, c'est intolérable à 20%".
06:06 On voit bien la tendance.
06:07 Direction Leraud, donc Saint-Martin-de-Londres,
06:09 Laurence, vous êtes avec nous, réagissez,
06:12 c'est votre métier dont il s'agit.
06:14 - Oui, je vais essayer de rester courtoise face à tout ce que j'ai entendu.
06:19 Moi, il y a un mot au-delà du déséquilibre mental,
06:22 j'aurais utilisé le mot "désespoir",
06:24 parce que pour moi, c'est du désespoir.
06:26 Je crois que vous ne mesurez pas,
06:28 sans doute parce qu'aucun de vous n'a d'enfant dans la filière pro,
06:31 moi j'en ai un dans une filière pro et j'en suis fière,
06:34 et sans doute aussi parce que vous ne connaissez pas ce métier
06:37 qui est d'être enseignant en filière pro,
06:40 est-ce que vous mesurez ce qu'ils viennent de prendre dans les dents,
06:43 ces enseignants-là ?
06:44 On vient de leur annoncer par voix de presse,
06:47 comme toutes les annonces sur l'éducation sous Macron,
06:51 par voix de presse, sans concertation syndicale,
06:55 on vient de leur annoncer que de nombreuses filières allaient être fermées.
06:58 Toujours pareil, pilotage par part de marché et réduction des coûts,
07:02 tout ça avec un habillage, avec des éléments de langage très positifs,
07:06 exigence, excellence, retour à l'emploi,
07:09 mais quand même, je vais vous citer les propos de Papendiaï,
07:12 il a dit "les professeurs de lycée pro,
07:15 qui ne sont pas nécessairement compétents pour enseigner dans les filières
07:18 complètement différentes qui vont être créées,
07:21 peuvent se diriger vers le professorat des écoles,
07:24 c'est-à-dire dans l'école primaire,
07:26 il a dit "nous sommes tous des pions, échangeables,
07:29 quel que soit notre niveau, c'est immonde".
07:31 C'est à peu près aussi immonde que quand la DRH du rectorat de Montpellier
07:35 a déclaré à des profs qui demandaient il y a quelques années
07:38 si les reconversions ne leur convenaient pas,
07:40 changement de poste, qu'est-ce qu'ils devaient faire,
07:42 elle leur a répondu "je vais me permettre une réponse avec de l'humour,
07:46 pensez à l'euthanasie".
07:48 Donc c'est dans ces circonstances que nous qu'exercent les enseignants.
07:51 - Alors, Laurence, merci pour ce témoignage.
07:53 - Laurence, je suis absolument d'accord avec vous,
07:56 d'autant que la semaine dernière, moi j'ai dénoncé,
07:59 maquillé cette réforme qui est absolument indigne,
08:01 et le fait qu'on supprime comme ça au nom du marché,
08:04 on fait des élèves des utilitaristes et des profs aussi.
08:07 C'est pour ça que je pense que Cécile a raison sur le désespoir,
08:11 je suis d'accord avec vous, et pardon de ne pas l'avoir évoqué avant,
08:15 moi j'étais très choqué de ce combat-là,
08:18 mais je comprends aussi le désespoir des professeurs,
08:21 nous sommes d'une famille de professeurs,
08:23 et y compris les professeurs en lycée professionnel,
08:25 mais je pense qu'il y a quelques années, c'était pas aussi difficile que maintenant.
08:27 Ça c'est ce que je retiens.
08:29 Et le malaise de l'éducation nationale, il est réel,
08:32 nous le savons tous, cette réforme est indigne,
08:35 mais comme toujours, elle est utilitariste.
08:38 Donc ça on le sait tous, on a tous compris,
08:40 mes camarades autour de la table ne sont pas tout à fait d'accord,
08:43 il n'en reste pas moins vrai que ce geste-là est extraordinairement choquant,
08:47 mais je préfère qu'il brûle des copies plutôt qu'il s'immole,
08:50 comme ça on le sait tous.
08:52 Du coup un flic prend une arme de service et va se tirer une balle dans la tête
08:55 parce qu'il n'en peut plus.
08:57 Je préfère au fond qu'il brûle des copies plutôt qu'il se brûle lui-même.
09:00 D'ailleurs je me permets de préciser que les propos de la DRH du rectorat
09:03 avaient été tenus dans ce lycée de Béziers où une collègue s'est immolée,
09:07 et où il y avait eu 6 suicides en 11 ans.
09:09 Voilà comment nous sommes encadrés.
09:12 Merci c'est très fort ce que vous dites.
09:14 Merci Laurence, mais il y a d'autres manières aujourd'hui,
09:16 beaucoup plus virales, beaucoup plus modernes,
09:18 que pour illustrer le propos de ce professeur.
09:22 Vous voyez souvent sur votre fil Facebook, sur les réseaux sociaux,
09:26 on vous montre finalement le cahier d'un élève de 10 ans,
09:30 quand il passait le certificat d'études il y a 50 ans,
09:32 avec les copies de jeunes gens qui ont parfois un peu moins de 20 ans.
09:35 Oui, il y a un sacré décalage dans l'orthographe, dans la syntaxe, dans la réflexion, etc.
09:38 Il aurait pu faire ça, il aurait pu quelque part faire un espèce de trade
09:42 sur les réseaux sociaux en disant "Regardez mes élèves d'aujourd'hui"
09:45 en anonymisant la copie.
09:46 Mais ça n'aurait pas eu le même impact Sébastien, vous savez très bien.
09:49 Non mais là, c'est bien finalement.
09:51 Après, reste à savoir, Philippe Bigère, sur ces actes qui ont vise.
09:55 Là, on a l'impression, contrairement à Robin Desbois
09:57 qui prenait aux pauvres pour donner aux riches,
09:59 là c'est les pauvres, c'est-à-dire les étudiants,
10:01 qui sont pénalisés même s'il dit que les copies n'étaient pas bonnes.
10:03 Je comprends très bien ce qu'a dit Laurence.
10:07 Ce qui me gêne, c'est qu'il me semble qu'aujourd'hui
10:11 ce genre d'actes se multiplient.
10:14 Il cherche à apparaître comme des modalités d'argumentation
10:21 d'opposition normale.
10:23 Et je suis vraiment un petit peu gêné
10:27 par la manière dont l'argument du désespoir
10:31 vient en permanence, souvent en tout cas,
10:34 expliquer des actes purement délirants.
10:37 Ça me met mal à l'aise.
10:39 Alors, mais moi je pense que vous êtes suffisamment subtil,
10:42 Philippe, pour ne pas tomber là-dedans.
10:44 Vous avez considéré que c'était un problème...
10:46 Nous ne savons pas ce qu'il y a dans la psyché de ce professeur.
10:49 Et moi je le redis, il vaut mieux qu'il brûle des copies
10:52 plutôt que de se brûler lui-même.
10:54 Je dis ça parce que je ne me souvenais plus que c'était à Montpellier.
10:56 Mais j'avais ce souvenir extrêmement douloureux
10:58 de cet professeur qui sait...
11:00 Et je repense moi à ces policiers, à ces fonctionnaires.
11:03 Il faut quand même se poser la question
11:05 du nombre de fonctionnaires.
11:07 Moi dans ma famille, il y a beaucoup d'enseignants.
11:09 Vous savez que c'est le métier où il y a la plus grande proportion
11:11 de dépressions nerveuses et de suicides avec les policiers.
11:15 Donc, posons-nous quand même la question
11:17 de savoir pourquoi on en arrive là.
11:19 Pourquoi un policier sort de son commissariat
11:21 et se bute chez lui ? Pourquoi un prof s'immole ?
11:23 Non mais ce qui est intéressant dans ce dossier,
11:27 si on peut l'appeler un dossier,
11:29 c'est de dire qu'il aurait pu faire comme plein de gens,
11:31 dire "Elles sont mauvaises, elles sont mauvaises, on s'en fout,
11:33 je suis fonctionnaire,
11:35 et ben il se débrouille avec l'éducation nationale."
11:37 C'est peut-être ça qu'il faut aller chercher derrière aussi,
11:39 de se dire à un moment donné,
11:41 ce sont des gens qui prennent quelque chose de pas bien,
11:46 à bras le corps, pour dire "il faut que ça s'arrête"
11:49 parce que les enfants qu'on va mettre sur la route,
11:52 la route elle est coupée déjà.
11:54 - Mais vous pourriez, Cécile, ajouter
11:56 une autre facette à votre raisonnement,
11:59 constaterez que cet homme n'avait peut-être pas
12:03 la personnalité assez forte et assez solide
12:06 pour affronter le beau et dur métier d'enseigner.
12:09 - Absolument, mais ça je ne sais pas.
12:11 - On ne sait pas parce qu'il y a beaucoup d'enseignants
12:13 qui commencent et ça se dégrade
12:15 parce que leurs conditions sont vraiment très difficiles.
12:17 Et ça, Laurence, elle peut en témoigner,
12:19 vous avez des gens, on commence à enseigner souvent par passion,
12:22 et puis on souffre. C'est vrai ou c'est faux ?
12:24 - Allez, vous restez avec nous, on fait une toute petite pause,
12:26 on revient dans un instant avec ce sujet,
12:28 un invité qui arrive dans notre studio,
12:30 et puis pas mal d'appels au Standard sur ce sujet.
12:32 C'est les Vraies Voix, on est ensemble jusqu'à 19h.
12:34 A tout de suite.
12:36 - Et chers amis, nous revenions sur cette information
12:38 de ce professeur de lycée, de bac pro d'anglais,
12:42 qui a, soyons clairs, brûlé les 63 copies
12:46 des copies de bac de ses élèves.
12:50 Un geste de protestation, un geste de désespoir,
12:54 un geste inutile, un geste crétin,
12:58 il y en a pour tous les goûts sur notre compte Twitter,
13:01 et vous pouvez continuer de nous appeler et de commenter
13:04 0800 26 300 300.
13:06 Et nous recevons Laurent Koski...
13:09 - Zamech Koski !
13:11 - Allez-y ! On a un beau témoignage déjà de Laurent.
13:15 - Je ne veux pas écorcher son nom, ça me fait peur.
13:17 - Alors, Laurent Zamech Koski, vice-président et porte-parole de la PEP,
13:20 la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement et du public.
13:23 - Bonsoir, merci d'être avec nous.
13:25 - Merci Laurent, vous nous avez écoutés en venant,
13:28 nous retrouvant dans le studio, des circonstances atténuantes
13:31 avancées par le monde enseignant, vous côté parents ?
13:36 - Alors déjà, la première chose, je pense aux élèves
13:39 qui ont vu leur copie brûlée.
13:41 Ils vont devoir repasser l'épreuve,
13:43 donc déjà c'est quand même très dur pour eux.
13:45 Donc je pense que la première chose, c'est de ne pas oublier ça.
13:47 La deuxième chose, je ne sais pas si ce monsieur est déséquilibré
13:53 ou si c'est un acte politique,
13:55 j'ai cru comprendre qu'il avait commencé dans le lycée pro en janvier,
13:58 c'est un contrat actuel, je ne suis même pas sûr qu'on puisse parler d'un enseignant.
14:01 - C'est un contrat actuel, oui.
14:03 - Mais le vrai problème, c'est l'accès à l'école.
14:07 Qui on met devant nos enfants ?
14:09 Aujourd'hui, vous vous rendez compte qu'un déséquilibré
14:12 peut être comme ça, rentrer à l'école et faire ce qu'il veut.
14:15 Mais ça met en danger la sécurité des enfants, des élèves, mais aussi des collègues.
14:20 - Alors on ne sait pas s'il est déséquilibré pour l'instant,
14:23 on ne sait pas grand-chose,
14:25 mais on s'avance un petit peu fort sur ces problèmes de santé que vous pourriez décliner.
14:30 0826 300 300, Sandrine voulait réagir.
14:35 - Oui bonjour, alors moi je suis professionnelle,
14:40 je suis agricultrice et je donne des cours de zootechnie dans un lycée agricole
14:44 en tant que vacataire.
14:46 Et moi je constate que, par rapport à mes collègues,
14:49 parce que j'aime beaucoup discuter avec mes collègues,
14:51 qui sont dans l'enseignement français, prof de français, d'anglais, tout ça,
14:55 biologie surtout parce que j'aime bien,
14:57 et ils me disent que bon, à partir du moment qu'il faut apprendre,
15:00 c'est compliqué pour eux.
15:02 Ils sont trop dans le professionnel, ils voient trop la technique,
15:05 mais la technique, ils ne veulent pas savoir, ça fonctionne comme ça.
15:08 Alors pour moi, avec mes élèves, ça se passe bien avec ma matière,
15:12 mais en plus parce que je suis chef d'exploitation,
15:14 j'ai une ferme, j'ai une exploitation,
15:17 et ces professeurs pour moi c'est un acte désespéré.
15:21 Je confirme ce que disait justement l'autre auditrice,
15:24 parce qu'à un moment donné, si vous voulez les programmes,
15:27 on est obligé, on a une notation, on a un référentiel,
15:30 il faut s'adapter au référentiel, on n'a pas beaucoup d'heures des fois,
15:33 enfin moi il manque d'heures parce que je parle beaucoup,
15:35 et puis en plus, à un moment donné, il faut un maximum,
15:38 qu'ils apprennent un maximum de choses,
15:39 parce qu'ils se retrouvent au bout du bac pro, dans la vie active.
15:42 Il faut le préciser.
15:44 Ils ont tous les 8 ans, 20 ans, et ils se retrouvent dans la vie active,
15:47 mais ils n'ont pas la maturité.
15:49 Je suis désolée, mais ils n'ont plus cette maturité comme nous on l'a eu à l'époque.
15:52 Moi j'ai 50 ans, on sortait de bac pro,
15:54 c'est arrivé qu'ils sortaient, à l'époque c'était le BEP,
15:57 et après tu as introduit une classe de première.
16:00 Là, au lieu de référentiel, la plupart ils sont en CAP,
16:03 ce que me disaient mes collègues,
16:04 et de CAP, il faudrait qu'ils partent directement en première.
16:07 La plupart qui sont en CAP, il faudrait qu'ils fassent une seconde.
16:09 Ah mais non, mais il ne faut pas qu'ils fassent une seconde,
16:11 il faut que directement ils aillent en première.
16:13 Mais ils n'ont pas le niveau.
16:15 Alors ce n'est ni marrant pour les collègues,
16:17 ce n'est ni marrant pour eux,
16:18 et puis à la fin, moi je vois, j'ai eu pas assez d'examens,
16:21 je ne sais pas si des fois il y aura à faire en tant que professionnel,
16:24 et en fait après ça se suit,
16:26 parce que ces jeunes après, ils veulent s'installer,
16:29 et puis d'un seul coup ils se disent "ouais super, on a un projet",
16:32 et les formateurs se rendent compte que ça tombe par on.
16:36 - Sandrine, dans le Tarn-et-Garonne,
16:38 alors témoignage effectivement enrichissant Sandrine,
16:40 j'entends ce que vous dites,
16:42 acte désespéré, je retourne vers Laurence Ameshkovski,
16:46 donc désespéré, ça veut dire qu'il y a des gens désespérés
16:50 qu'on met en face de nos élèves, c'est le même problème pour vous ?
16:53 - Ah bah tout à fait, et surtout vous vous rendez bien compte
16:55 qu'aujourd'hui, là on parle beaucoup de l'enseignant
16:58 et du mal-être des enseignants, et ce que je comprends tout à fait,
17:01 mais en attendant, aujourd'hui,
17:03 c'est les élèves qui se retrouvent pris dans une situation qui est terrible,
17:07 c'est leurs copies qui ont été volées,
17:09 quelle que soit la cause ou la raison,
17:13 faire ça aux élèves,
17:16 quelque part détruire la personne même que vous devez aider,
17:23 c'est complètement délirant.
17:25 C'est pour ça que je me suis permis de parler d'un acte...
17:27 - C'est la portée de l'acte justement, qui pose question.
17:30 - Ce qui pose question, pardon de vous couper,
17:33 c'est l'encadrement, parce que si on estime que cette personne
17:36 n'est pas assez forte pour tenir une classe,
17:39 il y a aussi un problème d'encadrement.
17:41 Donc après il y a effet boule de neige, Philippe Bilger.
17:45 - Oui mais vous avez raison, là où je rejoins Laurent,
17:48 si vous le permettez, c'est le fait que l'acte de base,
17:54 c'est le fait d'avoir brûlé François Gladier également tout à l'heure.
17:58 Et ensuite, on peut évidemment, l'encadrement,
18:03 Cécile, il a déjà du mal à exercer l'autorité dont il doit user,
18:09 alors vous imaginez si on lui demande d'aller dans les tréfonds psychologiques
18:14 pour identifier des fragilités qui peuvent être...
18:19 - Non, c'est l'encadrement de cet enseignant que je réfère en disant
18:22 "Est-ce qu'on met les bonnes personnes aux beaux endroits ?"
18:25 C'est ça le truc.
18:26 - Absolument, manifestement, ou alors les moments de déséquilibre
18:30 de cet enseignant n'étaient pas perceptibles.
18:34 - On est quand même dans une surenchère, alors rappelons que ces étudiants
18:37 ont peut-être eu peur parce qu'à certains moments il y avait des grèves
18:40 et qu'ils n'étaient pas sûrs d'aller passer leurs examens.
18:42 Donc tous ces actes qui sont louables avec de vraies motivations,
18:45 on l'a rappelé, à chaque fois les mêmes sont pénalisés.
18:48 - C'est toujours les enfants qui se retrouvent dans une situation qui est quand même terrible.
18:52 Le truc c'est qu'il faut quand même pas oublier une chose,
18:55 c'est que quelle que soit la valeur de la cause que vous défendez,
18:59 il y a des choses qu'on ne peut pas faire.
19:01 Et quand on rentre et qu'on traverse une certaine ligne, ça s'appelle du terrorisme.
19:04 - Non, écoutez, je suis désolé, c'est vraiment sympathique, ça va trop loin.
19:09 - François, de quoi ?
19:11 - C'est vous qui allez trop loin, vous ne pouvez pas accuser un professeur de terrorisme,
19:13 ça ce n'est pas possible.
19:15 - Est-ce que vous auriez porté plainte en tant que père de famille ?
19:19 - Complètement, bien sûr.
19:20 - Mais le rectorat va corriger ça de toute façon.
19:22 - J'espère bien.
19:23 - Évidemment qu'il va corriger ça.
19:25 Moi j'ai un peu de mal à voir que vous rejoignez Philippe Biéger là-dessus
19:28 avec cette idée de "c'est un déséquilibré", etc.
19:31 Posons-nous les bonnes questions.
19:33 - Les enseignants ne font pas ça.
19:35 - Ecoutez, moi je n'en sais rien.
19:37 - Je n'ai jamais vu ça.
19:39 - Je dis que son match, François, v'lait.
19:41 - Vous avez des enseignants qui s'y mollent.
19:43 Donc qu'est-ce qui vaut mieux, brûler des copies ou s'y moller soi-même ?
19:46 - Après il y a la réponse au quin des deux aussi, il ne faut pas prioriser.
19:50 - Je suis d'accord avec vous, ne le faites pas tous en même temps.
19:53 - Un enseignant ne fait pas de mal à ses élèves.
19:55 - On est d'accord avec... ça dépend, un enseignant pédophile fait du mal à ses élèves.
19:58 Donc arrêtez, ça c'est dégénéralisé.
20:00 Mais vous dites "terroriste", c'est quand même extrêmement violent.
20:03 - Oui, ça on ne peut pas dire ça.
20:05 - Vous ne pouvez pas aller dans ce registre-là, vous êtes aussi violent que brûler des copies.
20:08 - Est-ce que votre syndicat va déposer plainte contre ceux...
20:11 parce que vous n'êtes pas donc parent des différents élèves concernés,
20:15 mais vous êtes vice-président d'un syndicat, pas neutre,
20:18 qui est l'un des premiers ou deuxièmes de la Fédération des parents d'élèves et d'enseignement public,
20:21 en France, est-ce que la PEP, puisque c'est la PEP,
20:24 est-ce que va déposer une plainte contre ce monsieur ?
20:27 - Alors avant tout déjà, c'est aux parents des 63 élèves de voir ce qu'ils veulent faire.
20:32 Nous on n'est pas là pour leur dire ce qu'ils doivent faire.
20:34 Ils vont prendre leurs responsabilités.
20:37 - Vous pouvez le faire au nom de l'éthique, de la morale en tant que syndicat.
20:41 - Si on est représenté dans l'établissement, on le fait.
20:44 Sinon on ne va pas prendre des responsabilités à la place d'autres parents.
20:48 Il y a un moment où il faut chacun avoir sa place.
20:50 - Il risque très grand le professeur.
20:52 - Nous l'avons rappelé, 150 000 euros d'amende.
20:55 - Ceci dit, la peine est à la hauteur du geste.
21:01 - 10 ans de prison pour brûler des copies, il ne faut pas.
21:04 - Mais tu sais très bien qu'il ne les prendra pas.
21:06 - Mais vous disons, il faut des copies de bac.
21:08 - Il n'aura pas de grand-chose.
21:09 - Il aura quoi, monsieur le procureur ?
21:11 - Il aura du sursis et il aura une peine de mort.
21:14 - Ecoute la voix de la sagesse.
21:15 - Excuse-moi, 10 ans de prison pour brûler des copies de bac,
21:18 toi tu trouves que c'est quand même une idée ?
21:20 - Mais c'est considérable, on est au sommet théorique de la peine.
21:26 - On est au sommet théorique, je suis d'accord avec toi.
21:28 - Mais il n'aura pas, il n'aura pas, s'il a un procès.
21:31 - Il aura un rappel à la loi ?
21:32 - Non, plus que ça.
21:34 - Merci à vous tous, notamment vous,
21:37 Laurence Zamechkowski, vice-président et porte-parole de la PEP,
21:40 qui est passée nous voir, merci,
21:42 et continuez de représenter les parents.
21:44 Merci aussi à vous qui êtes intervenus.
21:47 Sandrine, au 0826 300 300,
21:51 et puis notre Laurence également.
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