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  • 24/03/2023
Chroniqueur : Jeff Wittenberg 
 
Jeff Wittenberg reçoit ce vendredi 24 mars 2023 Stéphane Séjourné, secrétaire général de « Renaissance », dans Les 4 vérités.
 

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Transcription
00:00 Bonjour à tous, bonjour Stéphane, c'est journée.
00:04 Bonjour, c'est Xavier.
00:05 Merci d'être avec nous ce matin.
00:06 Il y a deux jours, Emmanuel Macron parlait à la télévision
00:10 dans le journal de 13h sur TF1 et France 2.
00:13 Il parlait pour faire baisser la tension,
00:15 pour tenter de convaincre les Français,
00:17 forcé de constater, on l'a vu dans le journal de 7h30,
00:20 qu'il n'y est pas parvenu.
00:21 Les manifestations ont été plus nombreuses
00:23 et les tensions augmentent.
00:25 Est-ce que c'est un constat que vous faites vous aussi ?
00:27 D'abord dire un indéfectible soutien à nos forces de l'ordre,
00:31 puisqu'il y a eu quand même 120 blessés
00:33 chez les forces de l'ordre hier,
00:34 avec évidemment des manifestations qui ont été violentes,
00:37 on l'a vu dans vos reportages.
00:39 Ou dire aussi que les forces de l'ordre sont là
00:42 pour faire respecter un droit constitutionnel,
00:44 qui est le droit de manifester.
00:46 Et il faut solliciter aussi que la manifestation
00:49 ait pu aller à Paris de bout en bout.
00:51 J'ai souvenir des manifestations où des responsables syndicaux
00:55 ont été évacués au milieu de la manifestation.
00:57 Ce n'est pas le cas, c'était le mot d'ordre
00:58 qui a été donné aux forces de l'ordre dans ce point de vue-là.
01:01 Il faut justement le reconnaître.
01:03 Elles dégénèrent, je reviens pardon à ma première question,
01:05 ces manifestations elles grossissent
01:07 et elles dégénèrent parfois,
01:09 dans certains cas, on voit par exemple la mairie de Bordeaux incendier,
01:12 mais c'est un exemple parmi les dizaines d'autres,
01:15 dans des violences.
01:16 Et ces violences, elles sont consécutives
01:18 à l'inflexibilité du gouvernement
01:20 et aux propos du président de la République.
01:22 Oui, c'est le jeu des oppositions de dire
01:23 que la responsabilité des violences
01:26 est du gouvernement,
01:27 mais quand on s'est comporté de la sorte dans l'hémicycle,
01:30 pendant des semaines et des semaines, Gilles Butinberg,
01:33 quand on a joué le blocage des institutions,
01:35 quand on a évité le vote dans nos parlements,
01:40 on est aussi un peu responsable de l'exemple qu'on donne
01:43 quand on est un élu de la République.
01:45 Et donc, évidemment, il y a les violences à condamner.
01:48 J'ai vu, y compris sur votre plateau sur France 2 hier,
01:52 deux députés de la NUPES
01:54 qui avaient du mal à condamner les violences.
01:57 Et ça, je pense qu'il faut qu'on puisse le condamner collectivement.
02:00 Il doit y avoir une unanimité de la classe politique.
02:02 Mais vous, alors, on va parler des responsables,
02:05 mais est-ce que vous diriez déjà sur le constat
02:07 que cette situation, c'est...
02:08 Alors, par exemple, votre collègue Gilles Lejean,
02:10 du Parti Renaissance, dit qu'on est dans une crise politique
02:12 et sociale d'une grande gravité.
02:14 Je cite ses propos.
02:15 Certains disent que c'est pire même
02:17 que la crise qu'on a connue au moment de la révolte,
02:21 en tout cas des gilets jaunes.
02:22 Est-ce que vous partagez déjà ce diagnostic ?
02:24 Moi, je pense qu'on est dans un moment, effectivement,
02:28 où on va devoir apporter des solutions politiques,
02:32 y compris dans une situation politique
02:34 qui est inédite sous la Ve,
02:36 où l'Assemblée nationale est en majorité relative.
02:39 Le président de la République a fait quelques propositions
02:41 et a notamment demandé à la Première ministre
02:44 de travailler à la fois sur la forme et sur le fond,
02:46 à la fois sur l'agenda parlementaire et sur la méthode.
02:49 On y reviendra peut-être.
02:51 Avec l'objectif de donner des réponses
02:53 et puis de réarmer également et de réengager avec les syndicats
02:56 pour réengager aussi avec la population.
02:58 On a vu dans ces manifestations qu'il y avait des colères aussi
03:01 en dehors de la question de l'âge et de la retraite.
03:04 Il faut pouvoir y répondre sur le travailler mieux,
03:06 sur le travailler juste.
03:08 Et puis, il y aura des sujets sur l'écologie,
03:10 des sujets de méthodologie aussi.
03:12 Il faudra probablement avoir un élément
03:15 sur la réforme institutionnelle parce que,
03:17 évidemment, par rapport aux propos de mon collègue Gilles Le Gendre,
03:20 je pense qu'on ne peut pas aujourd'hui
03:22 faire l'option d'une réforme institutionnelle.
03:25 Vous voyez dans les manifestations, par exemple,
03:27 des mannequins à l'effigie d'Emmanuel Macron
03:29 qui sont détruits ou brûlés.
03:31 Il y a une violence très forte
03:33 qui s'exerce à l'encontre de la personne du président.
03:36 Est-ce que vous en êtes conscient ?
03:37 Est-ce que, pardon, j'y reviens,
03:39 mais la façon dont il s'exprime aujourd'hui,
03:42 je reprends l'expression de Philippe Martinez
03:44 que je ne prends pas en mon compte,
03:45 mais qui a en tout cas été prononcée,
03:48 mais non seulement de l'huile,
03:50 mais même un bidon d'essence sur le feu.
03:51 C'est ce que dit Philippe Martinez
03:53 et beaucoup d'autres responsables.
03:54 Je crois que c'est totalement excessif.
03:55 Et puis, le président de la République n'est pas dans le déni.
03:59 Il l'a dit d'ailleurs dans son intervention
04:01 au JT de 13 heures cette semaine.
04:04 Il reconnaît que cette réforme est impopulaire.
04:08 Il sait aussi qu'elle est nécessaire.
04:10 Et la majorité entière a une responsabilité,
04:12 c'est faire passer cette réforme.
04:13 Vous savez, on est devant un mur
04:16 de responsabilité, notamment sur ce qui va arriver
04:20 en termes de financement public,
04:22 avec le grantage à financer, les retraites,
04:25 y compris à équilibrer.
04:27 Et c'est aussi de la responsabilité du gouvernement
04:29 de faire des propositions au Parlement.
04:31 Vous savez, on a eu un accord politique
04:33 avec les Républicains.
04:34 Il n'a pas été tenu à l'Assemblée nationale.
04:37 On en est là aussi à cause de notre incapacité
04:41 à avoir une coalition, à avoir...
04:43 Ce n'est pas la culture française d'avoir des coalitions.
04:45 Donc il faudra qu'on travaille là-dessus.
04:47 Et ce sera aussi la nouvelle méthode du gouvernement.
04:49 Monsieur Séjourné, vous venez de dire
04:50 "faire passer cette réforme".
04:51 J'ai envie de vous demander, faire passer cette réforme,
04:53 quoi qu'il en coûte, il y aura une nouvelle journée
04:56 d'action le 28 mars, organisée par les syndicats.
04:58 D'ici là, rien ne va bouger.
05:00 Laurent Berger vous implore, numéro de la CFDT,
05:04 de faire pause.
05:05 C'est un scénario qui est exclu ?
05:07 Le président l'a dit, il y a encore l'étape
05:09 du Conseil constitutionnel avant la validation
05:12 et la promulgation.
05:13 Il faudra attendre, effectivement, mais ça nous pousse,
05:16 ces manifestations, à accélérer ce qu'a demandé
05:19 le président de la République à la première ministre,
05:22 travailler à un nouvel agenda et remettre à plat
05:24 l'ensemble de l'agenda parlementaire
05:26 et la méthode aussi de travail.
05:28 Encore une fois, cette réforme, elle est nécessaire.
05:31 Elle ne nous fait pas plaisir, on préférerait ne pas la faire.
05:34 Elle est nécessaire et elle doit, en tout cas,
05:36 aller à son terme.
05:37 Aucun scénario de retrait, de pause,
05:40 je reprends l'expression de Laurent Berger,
05:42 de la réforme n'est sur la table.
05:43 À ce stade, je peux me répéter, mais...
05:46 Oui, mais c'est important pour les téléspectateurs
05:48 de comprendre que vous ne reculerez pas.
05:49 Le Conseil constitutionnel doit regarder cette réforme.
05:54 Il va y avoir une décision.
05:55 Puis, probablement, la première ministre fera
05:58 des propositions de méthodologie et de nouveaux calendriers
06:01 parlementaires.
06:02 Il faut que les syndicats puissent être réengagés
06:05 dans la discussion.
06:05 Moi, j'y tiens beaucoup.
06:07 Je pense qu'ils ont été irréprochables sur la séquence.
06:09 Malgré nos différences politiques et nos différences d'approche,
06:13 ils ont réussi à encadrer les manifestations jusqu'à là.
06:15 Il y a des violences, il faudra les condamner.
06:17 Mais en tout cas, il faut aller jusqu'au bout du processus.
06:20 Vous dites que les syndicats ont été irréprochables.
06:22 Emmanuel Macron, pourtant, leur a reproché
06:25 de ne pas avoir cherché le compromis.
06:27 Je le cite, il dit par exemple qu'il n'y a jamais eu
06:31 de volonté de compromis de la part de la CFDT,
06:33 qu'on aurait pu proposer 63 ans et demi.
06:36 Je cite le président.
06:37 Est-ce que ça veut dire qu'il n'y a plus aujourd'hui
06:39 de tabou sur cette question du départ, de l'âge de départ ?
06:44 C'est le président qui parle de 63 ans et demi.
06:46 Pourrait-on imaginer une proposition finalement
06:48 qui ne serait plus 64, mais 63 ans et demi ou 63 ans ?
06:51 Je crois qu'il y avait de manière unanime chez les syndicats
06:55 la volonté de ne pas bouger de l'âge de départ.
06:59 Et chez nous, nous avions choisi,
07:00 plutôt que d'augmenter les impôts ou de baisser les pensions,
07:05 de faire un bouger sur l'âge.
07:07 Il n'y a pas eu de consensus syndical.
07:08 Le président de la République nous a redit
07:11 qu'il n'y avait pas de consensus syndical
07:12 et il n'y avait pas de volonté, en tout cas,
07:14 de faire de contre-propositions et de rentrer dans la négociation.
07:17 Maintenant, il y a eu beaucoup de bouger sur ce texte.
07:20 Ce n'est pas vrai que ce texte est le même à l'entrée et à la sortie.
07:23 Les 64 ans, ça ne passe pas.
07:25 Il y a eu une négociation sur les carrières longues,
07:28 sur la pénibilité.
07:29 Il y a des avancées et une grande partie de cette réforme
07:33 va être utilisée en termes de contenu et d'argent public
07:37 pour justement réduire les inégalités.
07:39 Monsieur Séjourné, vous voyez bien que ces propositions
07:41 sur la pénibilité, sur les carrières longues,
07:44 elles ne passent pas.
07:45 Ce qui est entendu, c'est deux ans de plus.
07:48 Donc, je vous repose la question.
07:49 Est-ce que vous pourriez bouger là-dessus ?
07:51 Est-ce que, comme la laissé entendre le président,
07:54 vous pourriez finalement proposer l'âge légal à 63 ans et demi ou 63 ans ?
07:58 C'est une question simple.
08:00 Je pense qu'il n'y aura pas de bouger sur ce que je vous ai dit,
08:02 c'est-à-dire l'augmentation des impôts ou la baisse des pensions.
08:06 Donc, la variable d'ajustement reste l'âge et les cotisations
08:11 et le nombre de trimestres.
08:12 Et là-dessus, la majorité a fait un choix en responsabilité.
08:15 Alors maintenant, il va falloir réengager les choses sur d'autres sujets.
08:19 On a beaucoup d'autres sujets sur lesquels on va pouvoir réengager avec les syndicats.
08:24 Mais sur celui-là, je pense qu'il y a un choix et je pense qu'il est juste.
08:27 Et s'il y a encore plus de monde, s'il y a encore plus de violence,
08:30 s'il y a encore plus de ce climat un petit peu d'insurrection,
08:33 on ne bouge pas non plus.
08:34 L'ordre républicain ne peut pas être négociable.
08:37 Et donc, il peut y avoir des discussions avec les syndicats,
08:41 mais elles doivent être dans un état d'esprit apaisé.
08:44 Et tant qu'il y a des violences dans la rue,
08:46 évidemment que le gouvernement, en tout cas, ne peut pas y répondre.
08:50 Ne peut pas y répondre et encore moins reculer, si on vous comprend bien ce matin.
08:54 Là-dessus, je vais laisser le gouvernement.
08:56 Je ne suis pas membre du gouvernement.
08:58 Mais qu'est-ce que vous le conseillez ?
08:58 Vous êtes le numéro un du parti qui soutient le gouvernement.
09:02 Donc, vous avez quand même un avis ?
09:03 Je vous le dis en toute sincérité,
09:06 je pense qu'il faut laisser ce texte au processus du Conseil constitutionnel,
09:10 voir cette analyse.
09:11 C'est la fin du processus législatif qui a été opéré.
09:15 Et aujourd'hui, on aura probablement à reparler de sujets qui sont très importants,
09:19 le travail, l'écologie et institutionnel.
09:21 Avec quelle majorité ? C'est la dernière question.
09:24 Vous avez dit qu'il fallait élargir cette majorité.
09:27 Éric Ciotti vous a dit pour la droite que vous n'avez pas vocation à servir de roue de secours pour le pouvoir.
09:32 Pour l'instant, on ne la voit pas cette majorité.
09:34 Il faudra travailler probablement les textes en amont,
09:36 peut-être les co-construire mieux en amont,
09:39 faire des textes plus courts.
09:41 Le président a donné quelques pistes.
09:42 On est en train de réfléchir, y compris à pouvoir élargir cette majorité le plus possible.
09:46 Moi, je crois au dépassement politique dans cette majorité.
09:49 Ça a été notre ADN depuis le début.
09:51 Je crois qu'il faut rester là-dedans et pouvoir répondre aussi avec des sujets de société,
09:56 on l'a vu, sur les services publics.
09:58 Ça va être toute l'activité du gouvernement dans ces prochaines semaines.
10:03 Je crois que ces manifestations nous poussent à accélérer les choses.
10:06 Merci Stéphane, c'est journée.

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