Les 4 vérités - Annie Genevard

Télématin

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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Annie Genevard, ministre de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire.

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00:00En effet, bonjour Annie Gennevard, vous êtes la ministre de l'Agriculture à qui on a beaucoup de questions à poser ce matin.

00:05Et d'abord, bien sûr, cette situation de sécheresse, on en parlait encore dans le journal de 7h30.

00:10On a appris cette semaine que ce mois de juin avait été le plus chaud jamais enregistré en Europe occidentale et donc en France,

00:16avec donc ses conséquences, la sécheresse, les incendies, même dans le nord de la France.

00:20Comment le ministère de l'Agriculture se prépartit là en été chaud et sec pour les agriculteurs ?

00:25Il est évident que les agriculteurs, qui sont les premières sentinelles du changement climatique,

00:31soit qu'il y ait trop d'eau, soit qu'il n'y en ait pas assez, soit qu'il gèle ou qu'il fasse trop chaud,

00:36évidemment, ça a une incidence sur les cultures.

00:40Les moissons sont très en avance.

00:42Celles qui ont eu trop d'eau ont été mal implantées dans les semis à l'automne.

00:46Donc c'est très compliqué pour eux.

00:49Mais ce que je veux dire, c'est que là où il n'y a plus de culture, plus d'élevage,

00:52c'est la friche, c'est la broussaille et c'est un boulevard pour les incendies.

00:56Donc on a aussi besoin des agriculteurs pour lutter contre les effets de la sécheresse.

01:02Il y a déjà des restrictions d'eau dans plusieurs départements, par exemple dans la Drôme, dans le Rhône.

01:07La gestion de l'eau, est-ce qu'elle est devenue aujourd'hui le problème numéro un de l'agriculture ?

01:12C'est un des gros problèmes, effectivement, de l'agriculture.

01:16Sans eau, il n'y a pas de production agricole.

01:19Il n'y a pas de production alimentaire.

01:20Les agriculteurs ont besoin d'eau.

01:23Donc quand elle tombe en abondance, plutôt qu'une grande partie de cette eau parte à la mer,

01:28on peut la stocker, raisonnablement, dans les zones géographiques, en déficit hydrique.

01:34Vous y venez vous-même, vous me tendez une perche.

01:36On parle des méga-bassines parce qu'elles ont été, en quelque sorte,

01:39confortées par la désormais célèbre loi du plomb, dont on va reparler sur un autre aspect dans un instant.

01:44Mais pourquoi vous tenez à ces méga-bassines alors que les écologistes expliquent,

01:49mais ils ne sont pas les seuls, qu'elles pompent, notamment en hiver, une grande partie des nappes phréatiques ?

01:54Donc certains agriculteurs y sont également opposés.

01:56Pourquoi, selon vous, est-ce la solution ?

01:58Alors on ne peut pas résumer le stockage de l'eau aux méga-bassines.

02:01Il y a des petits stockages de l'eau, des stockages raisonnables.

02:04Et puis il y a toutes sortes d'autres dispositifs qui permettent d'améliorer l'utilisation, l'usage de l'eau.

02:12Il y a évidemment un mode raisonnable d'irrigation.

02:18Il y a la réutilisation des eaux usées.

02:20Il y a le dessalement de l'eau de main.

02:22Il y a des tas de réponses techniques autres que les méga-bassines.

02:26Alors quand on en vit en méga-bassines, pourquoi, selon vous, est-ce écologiquement recevable et acceptable ?

02:34Alors, le principe même du stockage de l'eau, c'est ce que dit la loi.

02:39L'eau est d'intérêt général majeur.

02:41Et puis vous savez, quand vous avez du stockage de l'eau, c'est utile pour lutter contre les incendies.

02:46Et très souvent, on demande aux agriculteurs de donner, par exemple, l'eau de leur citerne pour lutter contre les incendies.

02:53C'est ce qui s'est passé chez moi dans le Jura il y a deux ans.

02:56Ce sont les agriculteurs qui ont apporté l'eau pour lutter contre les feux de forêt.

03:01Donc il faut arrêter de stigmatiser.

03:02Mais ça ne pompe pas l'eau des nappes phréatiques, encore une fois, j'y reviens.

03:07Qui sont déjà au plus bas dans certaines régions.

03:09Non, les pompages profonds ne sont pas autorisés et il n'est pas question de cela.

03:14En revanche, moi, je suis allée voir des régions qui étaient sous l'eau, qui étaient complètement inondées.

03:20Mais ne croyez-vous pas qu'un peu de cette eau aurait pu être retenue, stockée pour les jours et où elle manque cruellement ?

03:29On ne peut pas cultiver sans eau.

03:31On ne peut pas.

03:32Tous les pays européens irriguent beaucoup plus que nous ne le faisons.

03:37Nous sommes très précautionneux sur le stockage de l'eau.

03:40Trop.

03:41Il faut trouver la juste mesure.

03:45Ce qui a suscité la plus grande controverse dans cette loi du plomb dont on reparle, du nom du sénateur notamment qu'il a porté,

03:54c'est la réintroduction, vous le savez, à titre dérogatoire de l'acétamipride.

03:58C'est un pesticide de la famille des néonicotinoïdes qui était interdit en France depuis 2020,

04:03que vous avez réintroduit à titre dérogatoire.

04:05Pourquoi, même si on a ne serait-ce qu'un doute sur le côté néfaste de cette molécule,

04:12il n'y a pas un principe de précaution qui s'applique ?

04:16Pourquoi l'avez-vous réintroduit ?

04:17Alors, les parlementaires ont approuvé cette réintroduction

04:22sous des conditions extrêmement strictes, très encadrées, les plus strictes de toute l'Europe.

04:30Ce produit, il n'a été interdit par aucune autorité scientifique.

04:34Et pourquoi la France l'a fait ?

04:35Ni au niveau européen, ni par des autorités scientifiques françaises.

04:40Ce sont des parlementaires qui ont globalement interdit tous les néonicotinoïdes.

04:46La France est extrêmement vigilante sur toutes les substances qui sont mutagènes, cancérigènes, reprotoxiques.

04:53Toutes les substances qui ont été classées, selon les indications que je viens de dire,

04:58ont été interdites en France.

04:59Évidemment qu'il faut être très précautionneux pour la santé humaine, c'est l'évidence.

05:04Et je pense que les parlementaires, qui ont massivement approuvé ce texte...

05:09Massivement, mais avec une forte opposition.

05:11Et pas que des parlementaires.

05:12On va voir une séquence qui s'est déroulée à l'Assemblée nationale mardi,

05:16lors de l'adaption de cette loi.

05:17On a vu une femme qui est atteinte d'un cancer, Mme Fleur Bretot,

05:20dire, vous êtes, je la cite, les alliés du cancer,

05:24parce que cette substance, elle peut être l'une des causes de l'explosion de certains cancers

05:30que l'on voit notamment chez les jeunes adultes.

05:32Est-ce que vous pouvez dire, Mme la ministre, que c'est faux ?

05:35Alors, d'abord, de la compassion pour cette femme qui est malade,

05:38mais qui s'est fait manipuler par un groupe politique qui a voulu faire un coup d'éclat.

05:42Moi, je veux dire qu'aucun responsable digne de ce nom ne permettrait en l'état

05:50la réintroduction de cette substance s'il pensait qu'il peut causer des maladies aussi graves que celles.

05:59Mais vous êtes sûr qu'il n'y a aucun lien, vous ?

06:01Écoutez, s'il y avait le moindre lien de cause à effet,

06:05ne croyez-vous pas que tous les pays européens auraient décidé d'interdire cette substance ?

06:11Ne le croyez-vous pas ?

06:12On a connu d'autres, par exemple, le clandéconne aux Antilles.

06:17Il y a eu des exemples précédents, Mme la ministre.

06:18Croyez-vous que 26 pays empoisonneraient délibérément leur population

06:23en maintenant l'autorisation de cette substance ?

06:27Évidemment qu'il faut être très vigilant et que l'impératif, c'est la santé humaine, naturellement.

06:33Tout autre sujet, Mme la ministre.

06:34Vous, nous sommes en période de grand départ en vacances

06:36et vous allez lancer, parce que ça se passe chaque année malheureusement,

06:39une campagne contre les abandons d'animaux.

06:42Parce qu'il y en aurait des dizaines de milliers chaque année.

06:46Qu'est-ce que vous allez faire exactement ?

06:48C'est une sensibilisation ? Il y aura des sanctions ?

06:50Je lance aujourd'hui la campagne Stop Abandon.

06:53Savez-vous que 200 000 animaux sont abandonnés chaque année au moment des congés ?

06:58Un animal, c'est une responsabilité.

07:01Ce n'est pas un jouet, ce n'est pas un caprice,

07:03ce n'est pas quelque chose qu'on prend puis qu'on jette parce qu'il embarrasse.

07:07Donc c'est puni par la loi.

07:09C'est un délit qui est puni d'une amende et très sévèrement.

07:16Et donc il faut bien mesurer la responsabilité que l'on a lorsque l'on prend un animal chez soi.

07:24Alors effectivement, nous renforçons la réglementation.

07:27Tout ce qui est lié à l'activité autour des animaux va faire l'objet d'une réglementation renforcée,

07:33de sanctions renforcées.

07:35Et puis on va contrôler aussi tout ce qui se passe sur Internet en matière de vente d'animals

07:39pour évidemment mettre fin à des comportements qui sont préjudiciables aux animaux

07:46dont je rappelle qu'il est un être vivant doué de sensibilité.

07:50C'est ce que dit la loi.

07:51Cette campagne Stop Abandon, on va la voir à partir d'aujourd'hui sur les réseaux ?

07:55Aujourd'hui, exactement.

07:58Une dernière question qui concerne la politique

08:00et qui malheureusement est d'ordre dramatique

08:03puisque cette semaine, on a appris la disparition d'un de vos amis,

08:07Olivier Marlex, qui dirigeait le groupe parlementaire dont vous êtes issu,

08:12le groupe Les Républicains.

08:14Les circonstances sont dramatiques puisque M. Marlex s'est suicidé.

08:18Comment vous avez vécu cette disparition tragique

08:21et comment vous l'expliquez, si on peut expliquer un tel geste ?

08:23Vous savez, quand un homme ou une femme décide de se supprimer,

08:27c'est un grand mystère, insondable.

08:30Pour lequel, bien souvent, il n'y a pas de réponse.

08:34Donc, le silence et le respect s'imposent.

08:37C'est évidemment un grand chagrin pour nous tous.

08:40Mais ça dit quelque chose du climat politique que nous vivons aujourd'hui ?

08:44Ça dit quelque chose de la rudesse de la vie politique.

08:47Elle exige beaucoup des hommes et des femmes qui la servent.

08:52Mais on ne peut pas véritablement donner d'explications aux gestes d'Olivier.

09:03Ce que je peux dire, c'est que nous sommes très affectés par cette disparition.

09:08Olivier était un homme qui tenait une place importante dans notre famille poétique.

09:13C'est qu'un homme droit, un homme intègre, très dévoué à l'intérêt général,

09:21très soucieux de l'avenir de la France.

09:24Il était habité par l'idée de la France comme toute sa famille.

09:28Il vient d'une grande famille gaulliste qui a servi notre pays.

09:31Et c'est à la fois un immense chagrin et beaucoup d'interrogations qui demeurent.

09:39Mais ce qui restera vivant, c'est le souvenir qu'il laisse dans nos cœurs et dans notre mémoire.

09:45Merci, Amie Genevard.

09:46C'est hommage à Olivier Marlex.

09:48C'est la suite de Télématins.

09:49Je rappelle que vous êtes donc la ministre de l'Agriculture

09:50dans cette période de sécheresse qui touche notamment les agriculteurs.

09:54Merci, Amie Genevard.

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