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Les Vraies Voix avec Général Vincent Desportes, ancien directeur de l'École de guerre.
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NewsTranscription
00:00Les vraies voix sud radio.
00:02Félix, le gouvernement lance une nouvelle version plus militarisée de la journée de défense et de citoyenneté selon le monde.
00:08Oui, elle s'est longtemps appelée, vous savez, JAPD, journée d'appel de préparation à la défense.
00:12Cette journée créée après la suppression du service militaire à la fin des années 90,
00:17à destination des jeunes citoyens fraîchement majeurs.
00:20Le président Macron avait annoncé en janvier, lors de ses voeux aux armées,
00:23qu'il voulait donner une coloration plus militaire à cette désormais JDC,
00:27journée de défense et de citoyenneté.
00:30J'ai pris doute à l'oreille.
00:31Voilà, JDC, oui, si vous trouverez ça plus joli, tant mieux, cette journée de défense.
00:36Selon le monde, en tout cas, ce sera chose faite dès septembre,
00:39une journée qui sera plus ouvertement dédiée au recrutement,
00:41en présentant aux jeunes gens, et bien finalement, la journée type d'un soldat,
00:45levée de drapeau, marseillaise, mais aussi, nous dit le monde,
00:48tir sportif, laser, jeu de stratégie, repas autour d'une ration de combat,
00:54expérience des métiers militaires en réalité virtuelle,
00:56avec des scénarios fictifs de crise internationale.
00:59Par exemple, imaginez une attaque de la Russie, de l'Iran, de la Corée du Nord,
01:03ou d'un groupe djihadiste.
01:05Alors, pour en parler de cette évolution de la journée de défense et de citoyenneté,
01:08nous sommes en ligne avec le général Vincent Desportes,
01:11ancien directeur de l'école de guerre.
01:13Bonsoir, général Desportes.
01:16Bonsoir.
01:16Bonsoir.
01:17Bonsoir, mon général.
01:18Merci d'être avec nous.
01:19Mon étant la version écourtée de monsieur, c'est comme ça.
01:24Mais on ne dit pas « ma générale » à une femme générale.
01:26Non, non.
01:27Non, parce que ce n'est pas la version écourtée de madame.
01:28Non, non.
01:29Bonsoir, mon général.
01:30Donc, merci d'être avec nous dans les vrais, monsieur Sud-Avion.
01:34C'est une bonne idée, selon vous, d'orienter davantage cette journée vers les métiers militaires ?
01:40Écoutez, quel est le problème aujourd'hui ?
01:43Il est le problème de la défense de la France.
01:45La France n'a pas assez de soldats professionnels et elle ne peut pas en recruter davantage.
01:51Elle doit épaissir le format de ses armées.
01:55Elle n'a pas d'autre solution que d'aller rechercher des volontaires professionnels
02:00ou des volontaires pour les amener dans la réserve ou dans une forme de service national rénové.
02:07Et donc, il faut qu'elle, la France, et donc les armées doivent faire comprendre à la jeunesse
02:13ce qu'elle peut trouver dans un service militaire plus ou moins long.
02:17Au fond, il n'y a pas d'autre solution aujourd'hui que de, un, de réarmer la France,
02:25deux, d'aller trouver des nouvelles recrues à l'extérieur des armées, évidemment.
02:30Et donc, il faut, effectivement, apprendre ce que les jeunes pourront trouver
02:36et, en même temps, leur réapprendre l'esprit de défense,
02:41leur réapprendre que leur mode de vie est en danger,
02:43que la France est en danger, que la civilisation est en danger.
02:46Et tout ça, on ne peut pas le faire uniquement en montrant quelques diapositives de matériel militaire.
02:52Donc oui, bien sûr, il fallait remilitariser cette journée
02:55qui avait perdu beaucoup de sens, comme chacun le sait.
02:57C'est clairement la guerre en Ukraine aussi qui a mené à cette réflexion
03:01sur l'importance de sensibiliser les jeunes, comme ça, à la défense ?
03:06Il y a deux choses, si vous voulez.
03:07Il y a, d'une part, effectivement, il y a un danger aux frontières
03:11qui ne se matérialisera pas dans les quelques mois qui viennent, bien sûr,
03:16mais dans les années à venir, sûrement.
03:18C'est-à-dire que nous disposons d'un certain temps de sursis,
03:22de sursis stratégiques pour réarmer la France et pour réarmer l'Europe.
03:27Et puis, vous le savez qu'aujourd'hui, la désinhibition vis-à-vis de l'emploi de la violence
03:33croît de manière accélérée.
03:37C'est-à-dire que la guerre qui a longtemps été pensée comme immorale
03:41à partir de la fin de la Deuxième Guerre mondiale
03:43est redevenue un outil normal de réalisation des visées politiques.
03:49C'est-à-dire que la guerre que nous avions cru mortes,
03:51quand je dis nous, ce n'est pas moi,
03:53mais que les Européens avaient cru mortes,
03:56eh bien, petit à petit, elle est revenue entourer l'Europe.
03:59Et aujourd'hui, nous avons une guerre fratricide, évidemment,
04:04sur le territoire de l'Europe entre Européens.
04:08Donc, si on ne veut pas que cette guerre atteigne la France,
04:11il faut que la France soit suffisamment forte
04:13pour intimider, pour dissuader un potentiel agresseur.
04:18Donc, nous n'avons pas d'autre choix que de réarmer la France
04:21et donc de trouver de nouveaux soldats.
04:23Général Vincent Desportes, on a nos deux vraies voix avec nous,
04:27avec leur point de vue qui peut-être peut être intéressant,
04:29enfin sûrement d'ailleurs, mais pour vous aussi,
04:31c'est pour ça que je me disais peut-être.
04:33Jean Dorido, psychologue, cette jeunesse,
04:35elle peut, vous la sentez, vous la côtoyez en tant que psychologue,
04:40être réceptive de ce genre de problématiques ?
04:43C'est une vraie question, c'est sûrement la question essentielle
04:46de ce que je connais de la jeunesse,
04:48tant dans mon cabinet que dans les cours,
04:50que je donne dans certaines grandes écoles.
04:53J'ai le sentiment, sans vouloir se casser le moral,
04:55qu'il y a quand même du boulot.
04:57Je crois que, ça a été très bien dit par M. le Général,
05:01c'est un fait que nous avons un privilège inouï,
05:03nous sommes, si vous voulez,
05:05quelles que soient les différences d'âge,
05:06nous sommes aujourd'hui, bien souvent en France,
05:08deux générations successives
05:10à ne jamais avoir connu de guerre proche,
05:14très très proche de chez nous,
05:15voire sur notre sol jadis.
05:17Toutes les générations connaissaient sa guerre.
05:19Toutes les familles françaises avaient perdu
05:21un fils, un frère, un cousin,
05:23dans une guerre.
05:25Et ça faisait partie, si vous voulez,
05:26c'est cette idée selon laquelle
05:28la paix n'est pas l'état normal de l'humanité,
05:31c'est la guerre, l'état,
05:32parce que nous sommes des mammifères sociaux organisés,
05:34et c'est malheureux, c'est comme ça,
05:36Homo sapiens fait la guerre à l'Homo sapiens,
05:39des guerres de territoire,
05:40des guerres pour les ressources,
05:41pour avoir justement de quoi manger.
05:44Et donc là, on a deux générations successives
05:47sans guerre, ce qui est extraordinaire.
05:49L'Europe, on en parlait tout à l'heure,
05:50elle a été construite précisément
05:52dans ce désir farouche
05:54de ne plus jamais connaître
05:55de guerre civile européenne.
05:58Dans le fond, la guerre 14, la guerre 40,
06:00on se battait entre Européens.
06:01Nous avons quand même globalement,
06:03nos ancêtres ont réussi,
06:05et en même temps, le général l'a dit,
06:07c'est vrai que ce n'est pas facile dans cette situation
06:09de rappeler, sans faire de catastrophisme,
06:12à notre jeunesse,
06:13que c'est un privilège inouï de vivre en paix,
06:16et civis passem parabellum,
06:18si tu veux la paix,
06:19prépare la guerre, effectivement.
06:20Et en plus, j'ai des lettres, j'ai tout donné.
06:23Il y a Sounzou aussi qui disait
06:24l'art de la guerre, c'est de ne pas la faire.
06:26Je dis ça, je ne dis rien.
06:28Pour le coup, il savait quand même
06:30quand il le fallait, sortir des armes.
06:32Samuel Bouton, est-ce que vous pensez sincèrement
06:34que ça va élever des vocations,
06:35cette histoire de JDC ?
06:37Je n'en ai strictement aucune idée.
06:39Parce que c'est une opération de communication, là,
06:41que je ne pense pas.
06:42Alors, oui et non, c'est-à-dire que d'un côté,
06:43effectivement, on avait senti que la question militaire
06:45était, à un moment donné,
06:47une priorité pour le président.
06:49Et moi, je vais reprendre ce qu'était
06:50la journée d'appel jusqu'à aujourd'hui,
06:51puisque je l'ai vécu il y a quelques années, certes,
06:53mais je l'ai vécu.
06:55C'est une journée où vous arrivez,
06:56vous faites quelques tests d'orthographe,
06:57une dictée, on vous donne un steak frites
06:59et vous allez courir quelques longueurs dans la cour
07:01pour voir si vous arrivez à tenir la cadence.
07:03Effectivement, qu'on mette fin à une journée de ce type,
07:05ça ne me dérange absolument pas.
07:07Tout ce que vous avez évoqué, mon général,
07:08ça me parle, ça me plaît.
07:10Et j'ai même tendance à penser
07:11que ça pourrait être trop court.
07:12Est-ce que ce n'est pas des modèles à décliner
07:15sur deux, trois jours
07:15pour vraiment se donner une idée
07:17et pour comprendre ce que ça peut faire ?
07:19Et puis après, moi, j'irai même plus loin que ça.
07:21C'est-à-dire, je me servirais de l'armée
07:22comme d'un centre de redressement
07:24pour certains types de condamnés
07:25pour leur apprendre ce que c'est que l'ordre
07:28et la droiture.
07:29Et puis après, sur la question, effectivement,
07:30de cette jeunesse,
07:31elle ne m'a pas l'air particulièrement guerrière
07:33dans sa majorité.
07:34Et je ne pense pas que ça fasse nette
07:36des vocations à moyen long terme.
07:37Alors, le général vous répond, du coup,
07:39Samuel Bauton.
07:40Allez-y, cher Vincent Desportes.
07:41Tout ce qui a été dit, là, est parfaitement juste.
07:45Moi, j'aime bien une phrase des honneurs
07:48qui dit que la liberté et la démocratie
07:51ne sont pas une donnée.
07:53Il faut que chaque génération, à son tour,
07:56soit capable de se lever pour aller les défendre.
07:59Et je crois que nous sommes effectivement
08:01à un moment de basculement du monde
08:03qui a du mal à être perçu par la jeunesse,
08:05protégée en France
08:07et qui se croit à l'abri du monde réel.
08:09Or, nous ne sommes pas à l'abri du monde réel.
08:11Le monde réel revient à dire que le monde européen,
08:14qui est absolument remarquable, évidemment,
08:16eh bien, il n'a pas séduit le monde entier.
08:18Parce que, comme ça a été dit,
08:19l'homme est quand même un loup pour l'homme.
08:21Ça n'a pas complètement tort.
08:22Et que donc, si on ne veut pas être mordu et attaqué,
08:25il faut faire peur.
08:27Et donc, oui, ça va être difficile.
08:29Parce que la jeunesse, elle n'a pas envie.
08:31Parce que c'est plus facile de ne pas donner de son temps,
08:35de ne pas faire d'efforts pour défendre ce qu'on tient.
08:38Mais là, je crois qu'on n'a pas le choix.
08:41Oui, c'est une même communication.
08:42Et j'espère vivement que cela va fonctionner.
08:45Parce que moi, j'aime bien la France
08:46et j'aime bien le veille de vie que nous avons.
08:48Mais maintenant, il faut le défendre.
08:49Avec l'enjeu de trouver des militaires de métier,
08:51mais aussi des réservistes, potentiellement ?
08:54Oui, bien sûr.
08:56On a besoin des deux.
08:58On a besoin des deux.
08:59On ne pourra pas recruter trop de soldats professionnels
09:04qui vont passer 4 ou 5 ans chez nous.
09:07Donc, on aura besoin de réservistes.
09:09Et probablement, mais le président Macron a dit
09:11qu'il en parlerait à l'automne,
09:13d'un service national renouvelé
09:15qui amènera des gens qu'on incitera à venir
09:17par différents moyens,
09:20à venir passer un an ou un an et demi sous les drapeaux
09:23pour arriver à gonfler les rangs des armées professionnelles.
09:27Donc, en fait, il faut bien recruter 3 choses.
09:29Des soldats professionnels, des réservistes
09:31et des gens qui viendront faire
09:33un service national rénové
09:35et grossir pendant quelques mois,
09:39renouveler, évidemment,
09:41les rangs des soldats marins et aviateurs
09:43qui nous descendent.
09:44Jean Dorido, vous vouliez pour conclure ?
09:46En quelques mots sur ce point précisément.
09:47Je fais partie de ces générations de Français.
09:49J'ai eu la chance de servir mon pays
09:50avec un béret et des rangers.
09:52À l'époque, ça se faisait.
09:53J'ai même été décoré de la médaille de la défense nationale
09:56à l'époque.
09:56Et sur la réserve,
09:58c'est vrai que c'est essentiel de la réserve.
10:00Et pour autant, aujourd'hui,
10:01c'est extrêmement chronophage
10:03de faire partie de l'armée de réserve.
10:06Et les aménagements,
10:07ne serait-ce que quand on est un professionnel,
10:09qu'on a besoin d'être au job tous les jours,
10:11de gagner sa vie,
10:12j'ai le sentiment qu'il y a vraiment
10:13de beaux progrès à faire
10:15pour permettre au plus grand nombre
10:16de donner de son temps,
10:17comme le dit le général,
10:18pour quand même, le cas échéant,
10:19être prêt à défendre
10:21ce que nous avons de plus cher.
10:23Merci, Général Vincent Desportes.
10:25Je rappelle que vous êtes ancien directeur
10:26de l'école de guerre.
10:27Merci d'être intervenu
10:28au micro de Sud Radio aujourd'hui.
10:29Merci, Félix Mathieu.
10:31Très bon sujet, Félix.
10:32Allez, votre voix,
10:34vous le savez,
10:34on l'entend,
10:35on l'écoute sur Sud Radio.
10:37Dans un instant,
10:37ça va être le tour de table
10:38des vraies voix.
10:39N'hésitez pas surtout
10:40à nous appeler
10:41au 0826 300 300
10:43si vous avez un truc à dire.
10:45Allez, à tout de suite.
10:46Sud Radio.
10:47Sud Radio.
10:47Parlons vrai.
10:48Parlons vrai.
10:49Sud Radio.
10:50Parlons vrai.
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