Dans son édito du 23/07/2025, Thomas Bonnet revient sur les récentes déclarations du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, quant à l'avenir de la macronie.
00:00Oui Anthony, chaque jour qui passe renforce cette impression de fin de règne et Bruno Retailleau est l'artificier en chef qui est en train de faire exploser le socle commun.
00:10Alors le socle commun, c'est cette formule qu'on a trouvée pour qualifier l'association entre la droite et le centre, même s'ils n'ont finalement pas grand-chose en commun.
00:19Pour bien montrer qu'il n'est pas comptable du bilan du macronisme, Bruno Retailleau utilise chaque interview pour jeter une pierre dans le jardin du président de la République
00:26sur les énergies renouvelables, sur l'aide médicale d'État, sur l'Algérie et maintenant plus largement sur l'idée même du « en même temps ».
00:34On avait déjà eu le droit au macronisme finissant, dit que cite Sophie Prima, porte-parole du gouvernement et porte-flingue de Bruno Retailleau.
00:42On a désormais cette phrase du ministre de l'Intérieur « Je ne crois pas au « en même temps » car il alimente l'impuissance ».
00:48Le chef de l'État appréciera. Je rappelle aussi que demain, les deux hommes doivent s'entretenir à l'Élysée.
00:53L'ambiance promet d'être pas vraiment au rendez-vous.
00:58Comme lors de chaque sortie de Bruno Retailleau, une partie de la macronisme est en ordre de bataille pour lui répondre.
01:04Oui, c'était opération branle-bas de combat hier dans les rangs centristes.
01:07C'était à celui qui prendrait la posture la plus ostensiblement outrée d'Elisabeth Borne à Agnès Pannier-Runacher,
01:13en passant par le compte officiel du parti Renaissance.
01:17Chacun y est allé de son petit commentaire pour pointer l'irresponsabilité de Bruno Retailleau.
01:22Mais au fond, ce qui est intéressant, ce sont les arguments opposés au propos du ministre de l'Intérieur.
01:27Certains se raccrochent à un bilan sur la question du chômage, notamment,
01:31comme si cela pouvait dissimuler l'effondrement économique du pays.
01:35D'autres nous refont le coup du rempart face aux extrêmes,
01:38comme si c'était finalement la seule raison d'être du macronisme.
01:42Il y a aussi une forme d'hypocrisie à voir aujourd'hui certains élus monter au créneau pour défendre Emmanuel Macron.
01:47Quand on se souvient que lors des législatives de 2024,
01:50ils avaient quasiment tous retiré le visage du chef de l'État de leur tract politique.
01:55Et puis quand vous regardez aujourd'hui les candidats potentiels du bloc central,
01:59c'est à celui qui se montrera le plus en rupture avec les huit ans écoulés.
02:03Tout le monde a bien compris que le macronisme vivait ces dernières heures.
02:07Mais le dire, c'est interdit, surtout quand on n'est pas soi-même macroniste.
02:10La question Thomas, c'est ce qui va rester finalement du macronisme, l'héritage d'Emmanuel Macron ?
02:16Alors d'abord, il va rester un sacré trou dans la caisse,
02:18plus de 1000 milliards d'euros de dettes et un sacré fardeau pour celui ou celle qui prendra la suite.
02:23Le Mozart de la finance a désormais le FMI qui risque de frapper à la porte.
02:28Concernant les sujets régaliens, on a l'impression qu'ils n'ont jamais vraiment trouvé une place importante
02:32dans l'esprit d'Emmanuel Macron, le réel relégué au rayon des faits divers.
02:36Alors que depuis 2016, le nombre de victimes a nettement augmenté, l'immigration progresse
02:41et la justice semble toujours plus permissive.
02:44En même temps, quand on nomme Éric Dupond-Moretti ou Nicole Belloubet place Vendôme,
02:48on n'en voit pas vraiment un signal de fermeté.
02:50Sur le volet diplomatique, je me remets à l'analyse de Vincent Hervouet
02:54qui atteste régulièrement sur cette antenne du bilan calamiteux des initiatives présidentielles en la matière.
03:00Il n'y a guère que l'européisme qui semble avoir échappé aux variations idéologiques
03:05du chef de l'État parce que c'est ça qui restera associé à Emmanuel Macron,
03:10le en même temps qui est devenu ni l'un ni l'autre, pas franchement de droite, pas franchement de gauche.
03:15On a l'impression d'un courant de pensée coincé dans un concept fumeux
03:18où les macronistes doivent épouser les fluctuations politiques du chef de l'État.
03:23Élu sur la promesse du dépassement, fruit d'un dégagisme soft
03:27et de la mise en scène d'un rempart contre le chaos,
03:29Emmanuel Macron va emporter avec lui dix ans de parenthèses politiques.
03:33Alors oui, le macronisme vit ces dernières heures,
03:36le tout dans une impopularité record et avec des divisions intérieures
03:41qui risquent de nous offrir deux ans d'un spectacle crépusculaire.