00:00Oui, je pense que comme moi, vous avez appris avec cette information qu'avant 2023, nous payons donc des chèques vacances aux fonctionnaires à la retraite.
00:08Alors je suis allé voir, il faut préciser qu'il s'agit seulement des foyers les plus modestes, on ne parle pas là de millions d'euros de dépenses, mais la symbolique, elle est forte.
00:16On est dans un moment d'extrême tension budgétaire, on a quand même la ministre des Comptes publics qui alerte sur les éventuelles mises sous tutelle de notre économie.
00:23On a dépassé les 3300 milliards de dettes, on cherche désespérément à faire des économies, on va vers même des réductions de dépenses en matière de santé.
00:30Et pourtant, on continue de financer tout un tas de dispositifs qui, mis bout à bout, pèsent sur les finances de l'État.
00:37Alors, à travers cet exemple, c'est la question du consentement à l'impôt qui se pose.
00:41Oui, c'est une question qui est pleinement dans l'actualité en ce moment, notamment avec une tendance qui sévit sur les réseaux sociaux intitulée « C'est Nicolas qui paie ».
00:50Alors Nicolas, c'est un personnage fictif qui est l'incarnation imagée du contribuable moyen français qui paye des impôts pour financer tout un tas de choses dont il ne verra jamais la couleur.
01:01Ça peut être des dispositifs désuets et déconnectés de la réalité budgétaire du moment.
01:06Ça peut être les réparations des dégradations commises lors des violences urbaines.
01:10Ça peut être le train de vie de l'administration de l'État.
01:13Et puis, il y a tout ce qui est « gratuit » et je mets de gros guillemets, mais qui évidemment ne l'est pas parce que c'est financé par l'État, donc par vous et moi, défini par le nom de Nicolas.
01:22Les politiques auraient tort de ne pas prendre cette tendance au sérieux.
01:26Il ne s'agit pas d'un poujadisme 2.0, mais plutôt des prémices d'une colère sourde dans les classes moyennes à qui on demande sans cesse des efforts pour un service public qui est en totale décrépitude.
01:36Dans le pays des révoltes fiscales, de la dîme royale aux gilets jaunes en passant par les bonnets rouges, il ne faudrait pas sous-estimer le caractère inflammable de ces questions-là.
01:44Et cette affaire des chèques-vacances montre aussi l'impuissance du politique.
01:48Oui, c'est absolument terrible. L'État n'est même pas capable de supprimer un dispositif aussi basique que celui des chèques-vacances pour quelques fonctionnaires à la retraite.
01:57Le Conseil d'État a le dernier mot et a annulé une circulaire de 2023 au motif que la consultation avec les syndicats n'avait pas précédé la décision.
02:06A ce motif, toutes les décisions politiques pourront bientôt être détricotées.
02:10On constate en fait chaque jour la perte de pouvoir du politique au détriment de toutes les institutions.
02:15Aujourd'hui, le Conseil d'État, hier le Conseil constitutionnel, les administrations ont pris le pas sur les politiques dans tout un tas de domaines.
02:22En fait, on est dans l'air des petits hommes gris pour reprendre la célèbre formule chère à Pascal Praud.
02:27On en vient à se demander si une large réforme de l'État est encore possible ou si chaque coup de rabot provoquera à chaque fois l'hostilité de ces instances
02:33où, disons-le, la gauche règne en maître depuis des décennies.
02:37Alors peut-être que quand on sera sous tutelle du FMI, on arrêtera de financer les vacances des fonctionnaires à la retraite.