Dans son édito du 13/05/2025, Thomas Bonnet revient sur les deux mandats d'arrêts internationaux émis à l'encontre de l'écrivain franco-algérien Kamel Daoud.
00:00Eh bien déjà, Kamel Daoud gardait le silence jusque-là, comme pour ne pas ajouter de la tension entre Paris et Alger.
00:07Il brise donc ce silence ce matin dans les colonnes du Figaro.
00:10Il répond aux questions d'Alexandre Devecchio, parce que depuis quelques semaines, Kamel Daoud subit une série d'attaques,
00:17des attaques judiciaires, d'abord en Algérie, où deux mandats d'arrêt internationaux ont été émis contre lui.
00:23Alors, selon Kamel Daoud, je le cite, la fabrique du traître est essentielle pour la consolidation du régime.
00:31Il pointe aussi l'obsession du régime algérien pour la France, faisant de l'ex-pays colonisateur la cause de tous les maux pratiques
00:40pour éviter d'affronter les critiques et devoir répondre aux aspirations d'un peuple qui s'est soulevé il y a de cela quelques années.
00:47Kamel Daoud pointe aussi les attaques qu'il subit en France.
00:51Oui, et c'est là où ça devient encore plus intéressant qu'un brillant écrivain qui ose dénoncer la décennie noire en Algérie soit visé par le régime d'Alger.
00:59C'est malheureusement assez prévisible, mais qu'il subisse une cabale médiatique en France, ça en dit long.
01:04Kamel Daoud estime être puni car il représente, je cite, un mauvais arabe.
01:09En clair, son récit ne colle pas avec la rhétorique victimaire que la gauche impose aux descendants d'immigrés,
01:15de surcroît ceux d'origine algérienne.
01:17L'écrivain s'oppose frontalement à ce discours qui fait des ravages dans les quartiers, qui alimente le sentiment anti-français.
01:24Voilà ce qu'il dit, détester le pays où l'on vit au profit d'un pays où l'on n'a jamais vécu, c'est une logique de perte.
01:30Je veux dire à tous les descendants d'Algériens que la France nous rassemble, nous protège.
01:35On peut y dire ce qu'on pense, on peut même manifester.
01:38Je veux leur dire, allez voir ce que ça donne, une manifestation en Algérie.
01:42Et j'ajouterais, pour ma part, que la France insoumise en sait quelque chose, puisque Mathilde Panot avait elle-même été arrêtée pendant quelques heures.
01:49C'était en 2019.
01:51Elle avait rencontré des acteurs du mouvement populaire du Irak, les grandes manifestations en Algérie.
01:56Ça n'empêche pas malheureusement aujourd'hui LFI de réciter les éléments de langage du régime algérien à des fins, évidemment, de clientélisme électoral.
02:04Et pendant ce temps-là, les relations ne s'améliorent pas entre Paris et Alger.
02:07Non, le régime algérien a exigé hier l'expulsion de 15 fonctionnaires français en poste à Alger.
02:13Motif invoqué, des manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures diplomatiques.
02:19Bon, en clair, une formalité administrative qui est transformée, on l'a bien compris, en prétexte politique.
02:25Jean-Noël Barraud, le ministre français des Affaires étrangères, a promis d'y répondre, je cite,
02:29de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée la diplomatie française,
02:34contrainte à nouveau de réagir, mais qui n'arrive pas à amorcer le rapport de force préconisé,
02:39notamment par le ministre de l'Intérieur.
02:41Non seulement des agents français sont expulsés, mais dans le même temps,
02:44la coopération migratoire est complètement à l'arrêt.
02:47En mars dernier, le Figaro relayait des propos de l'entourage d'Emmanuel Macron,
02:51disant crainte que la diaspora algérienne ne casse la baraque.
02:55On ne peut que conseiller au président de la République de se replonger dans la lecture des œuvres de Kamel Daoud.
03:01Plus que jamais, il est temps de sortir de la logique de la rente mémorielle.