Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • aujourd’hui
Limoges, Béziers, Nîmes… Ces villes sont marquées par des violences urbaines de plus en plus fréquentes. Ce week-end elles ont été particulièrement intenses et généralement liées au trafic de stupéfiants. Pour Pierre-Marie Sève, directeur de l’institut pour la Justice, «les violences estivales sont devenues habituelles».

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Eh bien la raison est simple, c'est que ces violences estivales au cœur de l'été sont devenues habituelles.
00:05Et la France entière, la société entière s'est habituée.
00:08Donc c'est assez logique, depuis les années 80 ça arrive ça.
00:11Donc si vous me permettez, je vais vous faire un bref rappel historique des violences urbaines.
00:16Alors le premier épisode de violences estivales date de 1979, c'était à Vaud-en-Velin, donc dans la banlieue de Lyon.
00:23Et cet été-là, tout avait commencé, il y avait un élément déclencheur,
00:27c'était un jeune de 17 ans qui avait été surpris par les policiers en train de voler une voiture.
00:31Les policiers, évidemment, ils le prennent en flagrant délit, ils le poursuivent,
00:34et le jeune se réfugie dans la cité, et il rentre à l'intérieur de la cité,
00:38il se réfugie dans un appartement, qui n'était même pas le sien d'ailleurs.
00:41Et là, il a une idée complètement insensée, il prend un tesson de bouteille et il s'ouvre le bras,
00:45en pensant que ça allait empêcher les policiers de l'interpeller.
00:49A l'époque, les policiers vivaient encore dans un pays normal,
00:51et donc ils l'interpellent quand même, ils lui mettent les menottes,
00:54et ils le sortent de l'immeuble.
00:56Sauf que là, grande confusion, tous les habitants de Vaud-en-Velin se disent
00:59« Ah mais ce sont les policiers qui l'ont blessé, et donc c'est pour ça qu'ils pissent le sang,
01:05et donc là, les policiers sont pris pour cible, très violemment.
01:08Des pompiers arrivent dans la foulée parce qu'il y a eu des incendies,
01:11et donc le bilan, c'est cinq policiers blessés et une voiture brûlée.
01:16Deux ans plus tard, l'épisode se répète.
01:18A l'époque, ce n'était pas encore chaque année,
01:19mais donc l'épisode suivant, c'est deux ans plus tard, mais dans des cités voisines.
01:21Donc on commence à comprendre aussi que ce n'est pas un phénomène qui est ponctuel,
01:24dû à une histoire à Vaud-en-Velin,
01:26mais non, ça arrive dans d'autres cités,
01:28dans des épisodes qui n'ont pas de lien avec le premier,
01:30c'est-à-dire en 1981, à Vénitieux, le quartier des Minguettes,
01:33qui était très connu,
01:34il s'est enflammé,
01:36et là, c'est sans éléments déclencheurs précis.
01:38Donc c'est toujours le même scénario,
01:40on vole une voiture,
01:40on fait des rodéos avec,
01:42on l'incendie,
01:44on appelle les pompiers,
01:45et on a des affrontements avec la police.
01:47Et donc c'est à partir de ces banlieues lyonnaises,
01:49c'était vraiment,
01:49ça circulait dans les banlieues lyonnaises à l'époque,
01:52c'est à partir de ces banlieues lyonnaises,
01:53notamment,
01:53que sera lanchée la fameuse marche des beurres,
01:55qui fera sensation en 1983,
01:57donc encore deux ans plus tard.
01:59Alors, les récurrents s'installent,
02:01et rapidement,
02:01on s'habitue à voir des émeutes urbaines dans les cités lyonnaises.
02:04En 1990,
02:05on a l'intifada des banlieues,
02:06qui encore une fois touche en particulier Vaud-en-Velin,
02:08où un jeune d'origine espagnole meurt en moto,
02:12et on accuse la police de l'avoir percuté.
02:15Des centaines de voitures sont brûlées,
02:16donc là c'est quand même à un autre niveau,
02:18et on pille l'intermarché du coin,
02:19le supermarché,
02:20je ne sais pas quelle marque c'était.
02:22Mais jusque-là,
02:22les émeutes des cités étaient circonstrites
02:24à des banlieues lyonnaises,
02:25il n'y avait encore à l'époque rien à Limoges,
02:27Compiègne et Charleville-Mézières.
02:29Mais les années 90 marquent un tournant
02:31dans l'évolution des émeutes urbaines.
02:33Les violences s'étendent,
02:34alors on a Paris évidemment,
02:35puis on a Pau, Montauban,
02:37Laval,
02:38et désormais à partir des années 90,
02:40c'est tous les ans, tous les étés.
02:42Donc tout le monde connaît la suite,
02:43on a les émeutes de 2005
02:44qui ont vraiment touché la France entière,
02:46on a les émeutes de 2023
02:47qui ont eu énormément de dégâts,
02:49qui ont touché la France entière,
02:50mais avec une seule différence,
02:52c'est que les quartiers,
02:53ça a touché les villes
02:53qui n'étaient pas encore trop tenues
02:54par les trafiquants de drogue.
02:56Dans les quartiers ou dans les villes
02:57où les trafiquants de drogue
02:58tenaient le terrain,
02:59il n'y a pas eu tant d'émeutes que ça.
03:00Alors qu'il y en a eu cette fois
03:01dans les centres-villes,
03:02la Paris notamment, rue de Rennes,
03:04mais malheureusement,
03:05la société française s'y habitue progressivement.
03:07Et donc je vais vous donner un seul exemple
03:08qui montre qu'on s'est habitué
03:09à des violences tous les étés,
03:10il y a des choses complètement dingues
03:11qu'on oublie.
03:12Le 14 juillet 2020,
03:14les pompiers dans l'Essonne
03:16sont appelés pour un feu de poubelle.
03:18Ils vont sur place,
03:19ils éteignent le feu de poubelle,
03:20ils essuient des tirs d'armes à feu.
03:22Ils étaient les seuls, sans police.
03:24Et il y a un pompier
03:25qui a été blessé par balle à la jambe.
03:27On a tiré sur des pompiers
03:28l'arme à feu,
03:29et qui se souvient de cette affaire ?
03:30On a parlé dans France bleue, vaguement.
03:33C'est tout.
03:34Donc c'est effectivement une habitude estivale
03:36à laquelle tout le monde s'est habitué.

Recommandations