00:008. Mais d'abord, l'édito international d'Europe 1. Bonjour Vincent Hervouet.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05Vincent, vous nous parlez ce matin de l'accord dit 1 pour 1, qui est sur le point d'être conclu par la France et le Royaume-Uni.
00:11Oui, c'est un papier de saison, vous rêvez d'être les pieds dans l'eau, regardez passer les bateaux.
00:15Eh bien, les migrants sur la côte d'Opale font pareil, ils attendent le taxi-boat, le canot des passeurs qui va leur faire traverser la Manche.
00:23Ça se passe sous le nez des gardes-côtes qui n'osent pas intervenir, de peur de faire chavirer le dingui.
00:30Il y a eu une quinzaine de noyades depuis le début de l'année.
00:33Partant calme, et c'est le cas en ce moment, ils sont des milliers à attendre l'embarquement.
00:38Ils étaient 37 000 à tenter la traversée l'an dernier, c'était 20% de plus qu'en 2023.
00:44Ils sont 40% de plus depuis le début de l'année.
00:47Et cela rend fou les Britanniques, Vincent.
00:49Et pour cause, ils ont claqué la porte de l'Union Européenne pour retrouver le contrôle de leurs frontières.
00:53Ils ont payé le prix fort, mais ils n'ont pas arrêté la marée eux-mêmes, c'est même le contraire.
00:59La flottie des petits bateaux qui amènent sur leur côte les demandeurs d'asile exaspère l'opinion.
01:04Elle l'imagine facile à décourager.
01:06Alors que pour ceux qui ont traversé la Méditerranée et le Moyen-Orient, franchir la Manche, c'est du gâteau, c'est une sorte de cheesecake finale.
01:13Le Royaume-Uni est une île, mais ce n'est pas l'Australie.
01:16L'opinion enrage donc contre l'incurie des Français qu'elle paye comme garde-frontière.
01:21500 millions d'euros en trois ans quand même.
01:25La droite anglaise nous soupçonne d'exporter les étrangers qui nous encombrent.
01:29Quelle naïveté !
01:30L'été dernier, il a suffi d'un fait divers à sous-sportes.
01:33L'émeute anti-migrants a enflammé tout le royaume.
01:36Kerstarmé venait d'arriver au pouvoir.
01:38Au bout de dix jours, il était carbonisé.
01:40Il espère retrouver un peu de crédit avec cet accord franco-britain.
01:43Ce n'est pas le premier accord du genre.
01:46Qu'a-t-il de nouveau celui-là ?
01:47En 2002, ça fait pratiquement un quart de siècle.
01:49Nicolas Sarkozy était ministre de l'Intérieur et négociait la fermeture de Sun Gate.
01:52Il y a dix ans, Bernard Cazeneuve a conclu un nouvel accord,
01:56huit jours avant qu'Angela Merkel ouvre les bras à la misère du monde,
02:00torpillant toute chance d'endiguer le chaos migratoire.
02:03Avec le 1 plus 1, pour la première fois depuis le Brexit,
02:06la France accepte de reprendre un migrant arrivé de l'autre côté,
02:11mais refoulé par les Britanniques.
02:13Alors qu'est-ce qu'on en fera ?
02:14Il sera installé dans de lointaines provinces,
02:17loin de la mer du Nord en tout cas.
02:18En échange, les Britanniques accepteraient de délivrer un visa
02:22à un autre migrant qui remplirait les conditions requises.
02:26Les Bancladéchis, les Érythréens, les Irakiens de la Côte d'Opale
02:29prennent tous à avoir un oncle ou un cousin du côté de Manchester
02:33et ils misent donc sur le regroupement familial.
02:35L'accord 1 pour 1, c'est un ennemi pour un refoulé.
02:39Britanniques et Français traiteront ensemble les demandes d'asile
02:42avec recours à la biométrie pour identifier les candidats.
02:45Mais quel est l'intérêt de cet accord pour la France ?
02:47C'est la question.
02:48Emmanuel Macron sera en visite d'État à Londres la semaine prochaine.
02:52Il ne viendra donc pas les mains vides.
02:54Le gouvernement travailliste élu il y a juste un an a son cadeau d'anniversaire.
02:58L'accord 1 pour 1, c'est un dedans et un dehors.
03:02Ça ressemble à un jeu à somme nulle, à moins que ce soit la solution la plus nulle
03:07pour tarir l'afflux des demandeurs d'asile.
03:10Pour info, un tiers seulement des migrants accueillis à bras ouverts par Angela Merkel dix ans après,
03:16un tiers seulement travaillent et subviennent leurs besoins.