00:00Mais d'abord, comme tous les vendredis, Catherine Ney est avec nous. Bonjour Catherine.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05Alors vous nous parlez ce matin Catherine de Dominique de Villepin, il vient d'écrire un livre, fondé un parti, on le voit partout dans les médias, les sondages l'ont remarqué aussi.
00:13Est-il en piste pour la présidentielle ? Alors si le futur n'est pas écrit, en tout cas, cet homme-là a déjà un passé politique.
00:19Ah oui, et comment ? Parce que Villepin, il a eu son grand moment. Le 14 février 2003, la tribune de l'ONU, ministre des affaires étrangères, il était l'interprète de la politique chiracienne,
00:29la France s'opposait à la guerre américaine en Irak. Et avec lui, un sang vif et neuf fouettait l'orgueil national, so gorgeous, écrivait la presse américaine.
00:39C'est que Villepin, c'était un physique, une allure, un pelage argenté, soyeux.
00:44Et pour nous les journalistes, c'est tout de même depuis longtemps un personnage un peu fou, qui se référait sans cesse à De Gaulle, parlait de la France comme d'une femme, d'une amante.
00:52Il faut la prendre par le bassin, disait-il. Et il affectionnait les blagues salaces, libidineuses, qui selon moi, signaient une misogynie profonde.
01:01En tout cas, qui sonnait bizarre dans la bouche de cet écrivain et poète.
01:04Alors, autre fait d'arme de Dominique de Villepin, la dissolution de 1997.
01:09Jacques Chirac est allé liser depuis deux ans, la droite est majoritaire, mais Alain Juppé est au plus bas dans les sondages.
01:14Ben oui, il aurait fallu le remplacer. Mais ça, Jacques Chirac ne voulait rien entendre.
01:18Alors Villepin, le secrétaire général, avait trouvé cette idée de génie.
01:22Il fallait donner la parole au peuple. Et celui-ci, dans sa grande sagesse, renverré une majorité, peut-être resserré, débarrassé des baladuriens,
01:30ses frondeurs, en tout cas ressourcés, autour de Juppé.
01:33Et exalté par ce coup fumant, la dissolution était pour lui sa campagne napoléonienne.
01:38Le plus extraordinaire, c'est qu'à l'Élysée, tout le monde croyait à cette farce.
01:41Donc Claude, la fille, mais pas Bernadette, la femme, ni Séguin, ni Monori, le président du Sénat.
01:47Les vieux de la vieille, moquait Villepin.
01:49La France a besoin d'un nouvel élan, avait plaidé sur un ton neutre Jacques Chirac à la télé, sans convaincre.
01:57La droite perdait 222 députés. Jospin s'installait à Matignon pour 5 ans.
02:02La gauche revenait dans l'hémicycle, un bon souvenir, et on comprend pourquoi elle aime tant Villepin.
02:08Effectivement, où vient la présidentielle de 2002 ? Jacques Chirac est réélu, exite Lionel Jospin, et Dominique de Villepin s'installe au Quai d'Orsay.
02:15Oui, mais l'homme fort du gouvernement s'appelle Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, qui d'emblée vise la succession, et le dit, attention, danger.
02:23Alors Villepin va monter un sale coup contre lui.
02:26L'affaire Claire Stream, une histoire bizarre de comptes à l'étranger dans une banque italienne.
02:31Son nom figure, avec beaucoup d'autres, sur des listings.
02:34Si les journalistes ont des couilles, il n'y survivra pas, tenez Villepin.
02:38Et le journal Le Point avait le premier à lancer l'affaire durant l'été.
02:41On n'y comprenait rien.
02:43Mais le juge Van Rietbeek, qui n'est pas un rigolo, était revenu bredouille d'Italie.
02:46Pas de listing avec Sarko, lequel avait aussitôt porté plainte contre Villepin,
02:51que le tribunal correctionnel avait bien sûr relaxé déjà la partialité des juges.
02:56Et on avait vu Plenel, grand ami de Villepin, pleurer de joie dans les couloirs du tribunal.
03:02Dominique de Villepin qui s'installait, grand rival de Sarkozy.
03:05Oui, c'est Michel Alliot qui devait succéder à Jean-Pierre Raffarin, qui le lui avait d'ailleurs dit.
03:11Mais fur et bon, Dominique Villepin était entrée dans le bureau de Jacques Chirac pour en ressortir Premier ministre.
03:16C'était physique, j'ai violé Chirac.
03:18C'était-il vanté devant un collaborateur, un Premier ministre qui n'avait que mépris pour la classe politique.
03:23Moi, me faire élire député, ça racornit, ça rapetisse, disait-il.
03:27Et toujours en parlant d'eux, il disait des connards, des cons.
03:30Mais on admirait cet homme, chaque mois, entouré de ses ministres, assis droit sur leur chaise,
03:35comme s'il y avait des coussins sur le fauteuil.
03:38Il pérorait, emphatiquait, exaltait devant la presse.
03:41C'était l'époque où Nicolas Sarkozy avait quelques soucis avec Cécilia, sa femme.
03:45Alors, lui, moqué, un type qui ne peut pas garder sa femme, ne peut pas garder la France.
03:51Alors, ça paraît, la période face de Dominique de Villepin, elle s'est arrêtée avec le CPE.
03:55Oui, ses contrats de travail flexibles pour les jeunes peu qualifiés,
03:59mais eux avaient compris précarité et ils étaient descendus plus d'un million dans la rue.
04:04Chirac avait obligé Villepin de retirer son projet.
04:07Fatigué de ses colères stratosphériques quotidiennes,
04:11il s'était alors résigné à soutenir Nicolas Sarkozy.
04:14Et voilà l'homme, donc, que vous avez connu.
04:15Oui, entre-temps, j'ai pas très bien suivi, il est devenu un homme riche,
04:19ovationné par l'extrême gauche, sa détestation d'Israël,
04:22ses critiques contre Bruno Retailleau sont proportionnelles d'ailleurs
04:25aux déclarations du ministre d'Intérieur contre les frères musulmans
04:28ou le régime algérien qui détient plus que jamais Boilem Sansal.
04:32On ressent comme un grand malaise.
04:34En tous les cas, parti humaniste, puisque c'est le nom de son futur parti.
04:39Eh bien, moi, je crois que s'il y a bien un adjectif qui colle pas du tout,
04:43mais pas du tout au personnage, c'est bien celui-là.
04:45Signature Europe 1, Catherine Ney.
04:48Merci beaucoup Catherine.
04:49Dans un instant, restez avec nous Eugénie Bastier
04:51et la revue de presse d'Olivier Delagarde.
04:53Pascal Praud nous passera une petite tête aussi dans le studio d'Europe 1, 8h40.