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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Toujours avec Raphaël Steinville et avec Jean-Michel Salvatore, je continue sur notre sujet de la dette.
00:09La dette de la France atteint 114% du PIB au premier trimestre, 3345 milliards d'euros.
00:17Écoutez ce que propose ce matin sur TF1, tenez-vous bien, le président du Sénat, Gérard Larcher, pour réduire la dette de la France.
00:26Le gel budgétaire est sur la table.
00:29La réalité, il faut que ceux qui nous écoutent mesurent bien dans quelle situation financière nous sommes.
00:34Nous sommes avec 3300 milliards de dettes.
00:37Nous devons rejoindre une trajectoire progressivement de retour à l'équilibre.
00:41Donc il faut dépenser moins et peut-être travailler un peu plus.
00:44Oui, mais 35 heures, c'est ce qu'on appelle un acquis social.
00:48Les Français n'ont sans doute pas envie de revenir là-dessus.
00:50Poser la question grecque aux Portugais, aux Espagnols, quand on est dans une situation où on ne peut plus faire face
00:55aux agences de notation et aux prêteurs financiers extérieurs, alors il y aura d'autres rêves de l'Europe.
01:00Je pense que l'acte budgétaire doit être un acte en vérité et en courage.
01:06Qu'est-ce que vous pensez de cette déclaration du président du Sénat ?
01:09Eh bien, il a raison.
01:10Jean-Michel Salvatore.
01:11Évidemment qu'il a raison.
01:12Quand vous regardez un petit peu les chiffres, vous vous rendez compte que les Américains travaillent 10% d'heure en plus que nous,
01:18et les Coréens, 30%.
01:20Donc, évidemment qu'on ne travaille pas assez et comme on ne travaille pas assez, on ne produit pas assez pour financer notre système social
01:30et c'est ce qui explique les déficits, la dette, etc.
01:34Donc, évidemment qu'il faut travailler plus.
01:38Travailler plus, ça veut dire quoi ?
01:39Ça veut dire partir plus tard en retraite et c'est tout le problème qu'on a aujourd'hui
01:44avec ce conclave et cette difficulté à accepter cette réforme de la retraite à 64 ans.
01:50Mais il faut aussi travailler davantage pendant la vie active
01:55et c'est là où c'est vrai que les 35 heures sont devenues un handicap considérable.
02:00Ce qui est assez étonnant, Raphaël Steinville, c'est la relance, comme on dit dans notre jargon,
02:05la question que pose au milieu de l'interview Bruce Toussaint qui lui dit
02:09« mais enfin attendez, c'est quand même un acquis social ».
02:11C'est dommage parce qu'il y a des situations où effectivement,
02:16alors on n'est pas en économie de guerre où il faut transformer les usines Peugeot et Renault
02:20en usines d'armement, j'espère qu'on n'y viendra pas,
02:24mais il y a des situations dans la vie où malheureusement il faut renoncer à certaines choses
02:28qui marchaient quand il y en avait de la croissance, quand le pays allait bien.
02:32Vous avez raison Pierre et c'est peut-être même l'un des points qui fait le plus mal à la droite.
02:38C'est-à-dire que lorsqu'elle est au pouvoir, elle renonce à faire un certain nombre de réformes
02:43qui seraient nécessaires et lorsqu'elle est dans l'opposition,
02:47elle est sabre au clair, expliquant qu'il faut revenir à des mesures
02:55qui sont socialement, en tout cas pour beaucoup, inacceptables.
03:02C'est là où c'est problématique pour Gérard Larcher et la droite.
03:06C'est-à-dire qu'on sent bien que ce qu'il propose, le durcissement
03:10qu'il propose sur un certain nombre de mesures sociales,
03:16c'est possible mais il faut aller jusqu'au bout.
03:18C'est-à-dire que lorsqu'ils sont dans l'opposition et qu'ils n'ont pas le pouvoir d'aller jusqu'au bout,
03:23on peut comprendre que ça s'inscrive dans un champ métapolitique.
03:29Mais lorsqu'ils ont la possibilité de pousser le curseur plus loin,
03:37qu'ils y aillent, le fait est qu'ils ne l'ont jamais fait.
03:40C'est à chaque fois ce qu'on leur reproche d'ailleurs, Jean-Michel Selvastien.
03:42Je suis assez d'accord avec Raphaël.
03:43C'est vrai que quand on regarde les discours des politiques aujourd'hui de droite,
03:47il n'y en a aucun qui assume, alors il y a Larcher,
03:51mais la plupart des hommes politiques de droite jusqu'à présent
03:55avaient toujours refusé de revenir sur les 35 heures.
03:58Parce que finalement, un acquis social qui n'est pas financé, ça s'appelle une dette.
04:03Donc si vous voulez, ça n'a aucun sens de continuer comme ça,
04:06alors qu'on sait très bien que les 35 heures nous ont fait beaucoup de mal
04:09et ont participé quand même énormément à la désindustrialisation de la France.
04:14Mais c'est vrai que la droite a toujours eu du mal avec ça.
04:16Sarkozy par exemple, le premier, n'osait pas dire qu'il fallait revenir sur les 35 heures.
04:22Et moi, j'ai écouté encore hier Edouard Philippe.
04:26Edouard Philippe, lui non plus, ne dit pas clairement qu'il faut revenir sur les 35 heures.
04:31Il vous explique que oui, sans doute, il faudra travailler plus.
04:35Mais quand il s'agit de mettre des noms sur les réformes qu'il faut faire,
04:38là, il n'y a plus personne.
04:40Et pour une raison en fait qui est assez simple et assez explicable,
04:44c'est qu'on voit qu'il y a des vaches sacrées dans la vie politique française
04:47et qu'il est très très difficile de s'y attaquer.
04:50Regardez par exemple le problème de la retraite à 64 ans.
04:54C'est quand même incroyable que ce sujet soit sur la table depuis 2017,
04:59tout simplement en 2025.
05:00Ça fait donc 8 ans qu'on est sur cette réforme.
05:02On n'arrive pas à accepter qu'il va falloir travailler jusqu'à 64 ans.
05:07Alors que quand vous regardez tous les autres pays européens,
05:09ils sont tous passés à la retraite à 64 ans, à 65 ans,
05:14certains à 66, à 67 et même à 70 ans.
05:17Donc il y a une incapacité française à accepter de revenir sur des acquis sociaux
05:23qui ne sont plus des acquis sociaux si on n'est pas capable de les financer.

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