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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:0419h20 dans Europe 1 Soir, et je suis pour cette première avec Jules Thores.
00:08Bonsoir.
00:08Bonsoir Pierre.
00:09Journaliste politique au journal du dimanche.
00:11Bonsoir à Sébastien Ligné.
00:12Bonsoir Pierre.
00:13Chef du service politique de Valeurs Actuelles.
00:16Bonsoir à vous Maître Leborgne.
00:17Bonsoir.
00:18Merci d'être avec nous.
00:19Alban Gervaise, médecin militaire, poignardé à mort devant sa fille de 20 mois.
00:24C'était en mai 2022.
00:26Il était venu chercher ses enfants à Marseille devant l'école.
00:29Ce médecin militaire de 41 ans, il a été poursuivi jusque dans un laurier, poignardé à une dizaine de reprises.
00:38Cet homme, Mohamed El, qui avant de se retrouver devant cette école où Alban Gervaise venait chercher ses enfants,
00:47une heure avant, il s'était rendu devant une autre école, Saint-Germain-les-Lilas, dans le 13e arrondissement de Marseille.
00:53Il a été aperçu sur le parking.
00:54Il s'était introduit également de façon soudaine dans la voiture d'une enseignante qui était parvenue à prendre la fuite.
01:00Et donc, ce meurtrier, qui est aujourd'hui à 25 ans, n'ira pas en prison.
01:08Il ne sera pas jugé par une cour d'assises.
01:11Il ira dans un hôpital sous contrainte pour une durée inconnue à ce jour.
01:17Pourquoi ? Parce que la chambre d'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence, selon les experts, il a été pris d'une bouffée délirante aiguë.
01:28Et donc, il a été, je retrouve mes fiches, il a été pris au moment des faits d'un trouble psychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes.
01:38La femme d'Alban Gervaise a témoigné, on l'a entendu encore ce matin chez Pascal Praud, comment est-ce qu'on peut expliquer aujourd'hui, en 2025, en France, la souffrance des familles,
01:51le faisceau de présomption, comme quoi cet homme-là s'est rendu dans une autre école, qui a donc visiblement une intention, et tout cela est balayé.
02:01Et ce qu'il y a de plus terrible, maître Leborgne, c'est quand Madame Gervaise dit, au moment où il y a cette décision du manque de discernement,
02:12ou de l'abolition du discernement, tout le reste de l'affaire est aboli.
02:17On ne parle plus du tout du meurtre, on ne parle plus de la sauvagerie avec laquelle cet homme, ce médecin militaire, a été tué.
02:27On ne parle de plus rien d'autre, mais juste du manque de discernement, et donc de la, je ne vais pas faire de raccourci rapide, mais de la folie de cet homme au moment des faits.
02:37Comment ça se fait, pardonnez-moi, maître Jean-Yves Leborgne ?
02:39Écoutez, à partir du moment où les experts psychiatres auxquels cet homme a été soumis considèrent que son discernement, au moment de la commission de l'acte homicide, était aboli, il n'y a plus de procès pénal.
02:57Ça s'arrête.
02:57Le code pénal considère qu'il y a, pour retenir une responsabilité, et en tout cas organiser un procès, plusieurs conditions.
03:08La première condition, bien entendu, c'est l'imputabilité de l'acte homicide à quelqu'un en particulier, le fait qu'il ait commis l'acte homicide.
03:18Et puis, il y a l'autre élément, ce qui est le cas, bien sûr.
03:22Et il y a l'autre élément, c'est-à-dire la responsabilité.
03:26Et la responsabilité suppose que la personne qui a accompli l'acte matériel soit pénalement, psychiatriquement responsable.
03:38Là, vous parliez de la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence.
03:43En réalité, en général, j'ai connu de rares affaires, parce que c'est quand même assez rare, mais identique.
03:50La cour d'appel soumet son jugement à celui des psychiatres.
03:56Il y a probablement dans ce dossier, je ne connais pas le dossier dans son détail, mais comme c'est toujours le cas,
04:02plusieurs expertises psychiatriques, et c'est un peu à la majorité de celles-ci que la cour décide s'il y a lieu à retenir une irresponsabilité ou pas.
04:15C'est ce que je disais, c'est l'expert ou les experts qui prennent le relais. Sébastien Ligny.
04:20Ce qui est intéressant, c'est de comprendre et savoir que deviennent ces hommes jugés et responsables.
04:26Parce que là, on parle d'un homme qui aurait pu être jugé devant les assises pour meurtre,
04:31donc pour une peine allant, je parle sur votre contrôle, mais minimum 20 ans de réclusion criminelle,
04:34peut-être même 30 en fonction des circonstances.
04:37Et donc cet homme-là qui risquait une vie en prison, ou du moins une partie,
04:41est aujourd'hui, la justice lâche totalement le contrôle de cet homme,
04:45et son destin est dormi entre les mains de la médecine.
04:49Et c'est très intéressant, parce que dans les faits, un homme jugé responsable,
04:54selon les médecins, peut très bien rester interné en psychiatrie toute sa vie, en théorie.
05:00Et le « en théorie » est très important, parce qu'en réalité, on le sait très bien,
05:02avec les manques de moyens alloués à la psychiatrie, aucun homme qui aurait pu être condamné pour meurtre
05:07reste en psychiatrie internée toute sa vie.
05:11Donc la question, c'est de savoir combien de temps un homme de ce type-là,
05:14avec des faits qu'on lui reproche,
05:17combien de temps cet homme-là peut rester interné en psychiatrie ?
05:21Est-ce que ça dépasse les 20 ans qu'il aurait pu prendre au pénal ?
05:24J'ai du mal à y croire.
05:26Mais vous avez tort de ne pas y croire.
05:29Alors, ce qui est exact, et comme le disait Pierre de Villeneau,
05:32c'est que la détermination du temps d'hospitalisation,
05:37c'est-à-dire la nécessité de le garder en hôpital psychiatrique
05:40parce qu'il est irresponsable, parce qu'il est dangereux,
05:44ce sont les médecins qui vont la déterminer.
05:47Ce n'est pas une cour qui va prononcer une peine,
05:50puisqu'on est en dehors de ce système de peine.
05:53Ce n'est pas comme des médecins militaires, ce ne sont pas des médecins de la justice.
05:55Ce sont juste des médecins.
05:57Les experts qui sont intervenus ont été désignés par la justice,
06:02mais ils ont une réelle liberté pour déterminer la responsabilité ou l'irresponsabilité.
06:09On se sent bien d'accord, c'est que cet homme-là
06:10ne sera jamais jugé responsable du meurtre d'Alban Gervais.
06:14Bien sûr que non, puisque l'élément intentionnel,
06:18c'est-à-dire la dimension psychologique de l'AF,
06:22est considéré par les experts comme ne lui étant pas imputable.
06:27Je comprends que l'opinion publique et surtout la famille
06:32considèrent qu'il y a quelque chose de difficilement supportable
06:37à ce qu'on a tué mon père, on a tué mon mari,
06:41et il n'y a pas de responsable.
06:43Pardonnez-moi, mais ça frôle la normalité.
06:46C'est d'ailleurs ce que pense Mme Gervais-en-Vant.
06:48On reparlait, on marque une pause.
06:4919h26, Jean-Yves Leborgne est là,
06:51Jules Thores aussi et Sébastien Ligny.
06:53On continue et on va essayer de savoir
06:54comment est-ce qu'on arrive à cette conclusion
06:57du manque de discernement.
06:58A tout de suite sur Europe 1.
07:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
07:04Avec Jean-Yves Leborgne, avec Sébastien Ligny et Jules Thores,
07:07on évoque le cas d'Alban Gervais, médecin militaire,
07:10poignard des morts devant sa fille de 20 mois.
07:12C'était en mai 2022, son meurtrier.
07:15Mohamed, elle, ne sera pas jugée.
07:18La femme d'Alban Gervais, Christelle Gervais,
07:22craint une récidive, craint de nouvelles vies brisées,
07:25car toute l'interrogation, c'est bien sûr sur la durée de détention
07:29qui pour l'instant est inconnue.
07:32Et quand je dis détention, c'est, comment on appelle ça Mme Leborgne ?
07:35C'est détention en hôpital psychiatrique ?
07:36Ce n'est pas une détention à proprement parler,
07:38c'est une hospitalisation d'un sujet considéré comme dangereux,
07:44et il l'a montré.
07:45Mais c'est un hôpital spécial ?
07:48Ce sont des hôpitaux spéciaux.
07:51On a eu d'ailleurs des drames il y a fort longtemps,
07:55mais je pense à un hôpital dans la région de Rennes qui avait brûlé.
07:59Mais comme il y avait évidemment des grilles aux fenêtres,
08:02les détenus, si j'ose dire, enfin les malades,
08:06avaient été asphyxiés et brûlés.
08:09Je me pose vraiment une question, puisqu'on voit depuis plusieurs mois
08:15les familles des victimes parler, et c'est le cas de la femme d'Alban Gervaise,
08:19c'est le cas, on en parlera je crois tout à l'heure, de la mère d'Elias,
08:23et à chaque fois, on nous trouve une excuse.
08:26Dans le cas de la mère d'Elias, on va nous dire que ce sont deux jeunes,
08:28donc il faut l'excuse de minorité.
08:30Dans le cas de M. Gervaise, on va nous dire que le monsieur est irresponsable pénalement.
08:36Toutes ces excuses, je pense, sont aujourd'hui incomprises par les Français,
08:40et je crois qu'au vu de l'état de notre violence,
08:44je pense que, je ne parle pas au nom des Français,
08:46mais je pense que les Français ne peuvent pas entendre aujourd'hui
08:48qu'on ne juge pas un fou.
08:50Je pense qu'un fou qui tue, un fou qui menace la société,
08:53et bien il doit être en prison, emprisonné,
08:56comme quelqu'un qui est tout à fait responsable et qui tue.
08:59Je pense que malheureusement, au vu du nombre d'homicides,
09:03du rajeunissement de notre violence,
09:04et de l'hyperviolence qui règle dans notre société,
09:07il faut des mesures claires,
09:08et ça passe par la suppression de toutes les digues,
09:12de toutes les morales humanistes,
09:13à commencer par celle de ne pas juger les fous.
09:16Donc vous voudriez, Jules Thorez,
09:17qu'on supprime cette notion d'abolition du discernement ?
09:21En tout cas, je n'y vois aucun problème.
09:23De même que l'excuse de minorité, par exemple.
09:25D'abord, on parle d'excuses.
09:27Qu'est-ce que c'est que ce terme d'excuse ?
09:30Le problème est un problème d'imputabilité,
09:34c'est-à-dire de responsabilité.
09:36Il ne s'agit pas d'excuser un meurtre,
09:39il s'agit de considérer que celui qui l'a matériellement commis
09:44n'est pas responsable de son acte.
09:47Et ça, ça me paraît être la dignité de la justice.
09:51En fait, si on se met à juger les irresponsables,
09:54comme vous semblez le suggérer,
09:56je pense que la justice...
09:58Vous comprenez que ce terme responsable
10:01est sujet à interprétation.
10:03C'est tout le problème.
10:05In fine, on reste sujet à l'interprétation,
10:07en l'occurrence là, d'experts psychiatriques.
10:09Parfois, on reste à l'interprétation de la justice.
10:11Vous comprenez que ça veut tout et rien dire,
10:13la responsabilité.
10:14Qu'est-ce que ça veut dire la responsabilité d'un homme ?
10:17Ne sous-estimons pas...
10:18Un homme qui s'est drogué, comme on l'a vu parfois,
10:20qui s'est drogué avant un acte qui a été jugé comme irresponsable,
10:24on peut très bien dire que la prise de drogue
10:26était de sa responsabilité.
10:27Mais vous savez très bien qu'il y a eu des modifications juridiques,
10:31et que cet aspect des choses a été écarté,
10:35même si ça correspond à certaines affaires.
10:37L'idée que l'on juge un irresponsable,
10:40pour ma part, me paraît complètement aberrante.
10:43Si l'on fait quelque chose qu'on n'a pas assumé,
10:46qu'on n'a pratiquement même pas eu conscience de faire,
10:50quelle est la responsabilité pénale ?
10:52La responsabilité pénale, elle est d'abord morale.
10:55Regardez bien, on va partir du cas général que vous évoquez,
10:58au cas particulier, et je reviens sur cette affaire.
11:00Une heure avant d'agresser Alban Gervaise,
11:04Alban Gervaise, il s'appelle Alban Gervaise,
11:06il est médecin militaire.
11:08Ce meurtrier va devant une autre école
11:10qui s'appelle Saint-Jérôme-les-Lilas.
11:13Dans un quartier de Marseille,
11:14le 13ème arrondissement de Marseille.
11:16Il essaye et il n'y arrive pas.
11:18Et après, il se rend devant cette autre école,
11:22qui est le groupe scolaire catholique,
11:24catholique, Sévigné, à Marseille.
11:27Madame Gervaise, dans les différentes prises de parole qu'elle a dites,
11:30elle ne peut pas ne pas exclure dans cette affaire.
11:34Et encore une fois, au moment de cette abolition du discernement,
11:36tout le reste s'arrête.
11:37Et donc, ce qu'elle dit, elle, c'est,
11:40et ça s'arrête aussi,
11:42c'est qu'il y a une présomption,
11:43un faisceau de présomption vers du racisme anti-blanc.
11:46Il y a eu un homme
11:48qui a voulu tuer un blanc.
11:52Et d'ailleurs, au moment où il,
11:53comment dirais-je,
11:55où il, comment dirais-je,
11:57poignarde M. Gervaise,
11:59il dit,
11:59laissez-moi le finir au nom de Dieu,
12:01je vais le finir,
12:02c'est le diable,
12:03je lui ai mis 30 coups de couteau.
12:05Voilà ce que dit Mohamed El.
12:07Et tout ça, on efface.
12:09Non, non, on n'efface pas du tout.
12:12De la même façon qu'il y a peut-être,
12:14j'y viens dans un instant,
12:16quelque chose qui évoque le racisme dans ce meurtre-là,
12:19il y en a eu aussi,
12:21il y a eu des meurtres de musulmans dans une mosquée.
12:23Bien sûr, bien sûr.
12:25Également par quelqu'un qui a été déclaré irresponsable,
12:28à ma connaissance.
12:29De telle sorte que
12:30la folie est une façon d'aborder le monde.
12:35Et le monde est fait d'un certain nombre de circonstances,
12:39comme par exemple le vent de racisme,
12:41qui peut exister.
12:43La folie excuse,
12:43vous ne voulez pas du terme de l'excuse ?
12:45Non, non, la folie excuse.
12:46La folie déresponsabilise.
12:49La folie déresponsabilise.
12:50Mais c'est la même chose.
12:51Non, ce n'est pas la même chose.
12:53Peut-être en droit,
12:54mais dans la vraie vie, oui.
12:55Sortez de votre code pénal.
12:56Mais non, mais si vous voulez absolument
13:00que les gens soient responsables,
13:02vous posez ce que vous êtes en train de faire,
13:04les uns et les autres,
13:05qu'il n'y a rien qui puisse déresponsabiliser un homme,
13:09auquel cas, on y va,
13:10on juge les fous, les irresponsables,
13:12et on n'en parle plus.
13:13Mais la justice française considère
13:16que l'un des éléments fondamentaux
13:19qui fait une culpabilité,
13:21c'est la responsabilité,
13:24c'est-à-dire le fait de s'être rendu compte,
13:26c'est ce qu'on appelle l'élément intentionnel,
13:28de s'être rendu compte de ce que l'on faisait.
13:31Alors, le contexte racialisé de cette situation
13:35n'est pas exclu.
13:37Mais il peut y avoir des gestes
13:38qui sont connotés de racisme
13:41tout en étant irresponsables.
13:42Dans chaque histoire, dans chaque dossier,
13:44vous le savez mieux que tout le monde,
13:45il y a un début, une fin,
13:46il y a des personnages au milieu,
13:48et là, pardonnez-moi,
13:49mais rien que sur ces deux paragraphes,
13:50le fait qu'ils soient allés devant deux écoles catholiques,
13:53il y a quand même un faisceau de présomption,
13:54comme on dit dans votre...
13:55C'est parti !

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