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00:0118h19 sur CNews et Europe 1, Punchline, Laurence Ferrari.
00:0618h41, on se retrouve dans Punchline sur CNews et sur Europe 1 avec notre invitée exceptionnelle ce soir, Stéphanie, la maman d'Elias.
00:12Stéphanie, on va évidemment parler de la justice dont vous pensez qu'elle est beaucoup plus tournée vers les délinquants que vers les victimes.
00:18Mais avant ça, j'ai une question de maman. Est-ce que vous avez pu dire au revoir à votre fils le jour de son agression ?
00:24Oui, on a pu... Le meilleur ami d'Elias qui était avec lui et qui a été aussi agressé a été formidable parce que non seulement il a essayé de soigner Elias tout de suite, il a appelé la police.
00:41Il a fait les gestes de premier secours.
00:42Exactement. Il a appelé la police et il m'a appelée à la place d'Elias qui m'appelle toujours à cet horaire-là.
00:49Et donc j'ai pu venir, j'ai pu être contre Elias et lui parler.
00:54Je ne sais pas si c'est une chance. En tout cas, c'est la possibilité d'embrasser son fils et de le rassurer.
01:02Et puis il y a eu toute la nuit ensuite à l'hôpital Necker où les chirurgiens et les réanimateurs ont essayé, malgré la gravité de la plaie aortique, de sauver Elias.
01:14Ils ont tout donné et le fait d'avoir eu cette place, que notre famille ait eu cette place toute cette nuit à côté de notre enfant.
01:23C'est un sentiment un peu bizarre parce que quand vous vous accouchez, vous êtes avec votre mari et vous accueillez votre enfant dans les bras.
01:34Et c'est le plus beau jour de votre vie, pour vos enfants.
01:37Et là, on a eu la possibilité d'accompagner notre enfant.
01:44Et cette sensation étrange, en fait, c'est d'accompagner son enfant et de le tenir dans ses bras lorsqu'il meurt.
01:53Alors, c'est très triste.
01:58Néanmoins, ça reste humain.
02:00C'est-à-dire qu'on avait notre enfant dans nos bras pour l'accompagner dans son passage dans la mort.
02:08Et pour nous, c'est ce que la médecine nous a permis.
02:13Et c'est toute la chaîne de prise en charge d'Elias et des secours et des policiers a permis qu'on puisse avoir toute sa famille cette nuit avec notre enfant.
02:25Vous dites qu'aujourd'hui, la justice, Stéphanie, elle est faite plus pour les délinquants que pour les victimes.
02:33C'est-à-dire que tout le système judiciaire, on a souvent des débats avec Béatrice Bougère sur ce thème-là, est tourné vers le délinquant.
02:39La prise en charge du délinquant.
02:40Il manque pour vous la prise en charge des familles de victimes ?
02:46Nous, très simplement, en fait, si je ne venais pas ce soir vous voir, personne ne verrait notre visage, le visage des victimes.
03:00Les délinquants sont en prison, en détention provisoire, mais ils suivent leurs études, ils ont des psychologues, ils font de la musculation.
03:10Enfin, plein de choses pour tenter de leur donner un peu de cadre et d'humanité.
03:16Ils ne sont pas incarcérés.
03:18Ici, ils sont incarcérés.
03:19Ils sont incarcérés, mais ils ont des mesures bénéficides, des mesures dans leur centre de détention.
03:27Ils sont en détention provisoire et dans le cadre de la détention provisoire, malgré tout, il y a des mesures éducatives qui continuent de s'appliquer,
03:35des éducateurs qui continuent de les suivre, de suivre autant le plan scolaire que le plan psychologique que le plan santé mentale et physique.
03:48Et pour vous, qu'est-ce qu'il y a côté victime, Stéphanie ? Quelle prise en charge ?
03:52Il n'y en a pas.
03:54C'est là où je paye la salle de musculation de mon fils aîné, je paye les séances de pédopsychiatrie de ma fille.
04:05Et c'est là où, en introduction, j'ai dit qu'on était une grande famille forte et unie.
04:10C'est-à-dire que la famille de la victime, notre famille, nous tenons grâce à nous-mêmes.
04:20Et parfois, on aimerait que peut-être que les juges des enfants, en ce qui concerne les mineurs délinquants, voient le visage des victimes.
04:32J'aimerais qu'on mette la photo d'ailleurs d'Elias à l'antenne Béatrice Brugère.
04:35Vous l'avez aussi souvent dit, tout est fait pour la prise en charge des délinquants.
04:39Pas grand-chose. Le droit des victimes est assez oublié, en réalité.
04:43J'adhère complètement et je trouve que ce n'est pas normal.
04:48D'ailleurs, on a porté plusieurs fois des réformes dans ce sens.
04:52On oublie souvent qu'en fait, les victimes des mineurs délinquants, ce sont d'autres mineurs.
04:58Ce sont des mineurs, ce sont d'autres enfants qui sont dans les écoles, dans la rue,
05:02et qui n'ont pas eu non plus nécessairement autant de chance que ce qu'on peut imaginer.
05:07Et c'est vrai que le focus est davantage sur le mineur délinquant.
05:12En tout cas, c'est la justice qui est organisée ainsi.
05:15Je crois qu'on a pris énormément de retard, énormément de retard sur la prise en charge des victimes.
05:19Et c'est quelque chose que l'on doit évidemment améliorer.
05:23Ce n'est pas nouveau.
05:24On l'a fait, vous savez, sur les attentats de terrorisme, des choses comme ça,
05:28parce que justement, on est venu en parler, parce que c'est arrivé dans le débat public.
05:33Et encore une fois, je vous remercie parce qu'il faut continuer à porter ceci.
05:38Il y a beaucoup de victimes qui se plaignent aussi de ne pas être informées, de ne pas être prises en charge.
05:44Je pense aussi aux violences faites aux femmes.
05:46Donc là, on est très faible.
05:47Il faut changer les choses.
05:48Et ce n'est pas normal.
05:49Et j'adhère complètement à ce qui vient d'Abti.
05:52Stéphanie, vous avez rencontré Bruno Retailleau, je crois, cette semaine.
05:55Vous avez eu le sentiment d'être entendue ?
05:56Oui.
05:58On est entendue.
06:00On est écoutée.
06:02Parce que des fois, on peut être écoutée et pas entendue.
06:05Là, il sait, Bruno Retailleau, que le meurtre d'Elias n'est pas un fait divers.
06:13Il sait qu'il y a une montée en puissance de l'hyperviolence des mineurs.
06:19Il sait que c'est des mineurs délinquants qui n'ont pas de cadre.
06:24L'autorité ne sert plus à rien.
06:27Et pire encore, il constate que c'est des mineurs délinquants qui n'ont pas d'empathie.
06:35Et donc, ça va être encore le travail.
06:38Évidemment qu'il ne va pas arrêter et poursuivre son travail.
06:43Mais c'est encore une donnée encore plus dure.
06:48C'est-à-dire que vous pouvez essayer d'avoir d'autorité sur un mineur délinquant.
06:53Et c'est des personnes qui n'ont pas d'empathie.
06:55C'est-à-dire pour lesquelles je l'ai dit.
06:58Et moi, je peux le dire.
06:59C'est-à-dire qu'ils décident de tuer Elias simplement parce qu'Elias ne baisse pas le regard.
07:10C'est-à-dire qu'au final, le téléphone n'est même pas un enjeu en soi.
07:19C'est vraiment...
07:20L'humain n'existe pas pour eux.
07:23Bien sûr, l'humain n'existe pas.
07:25Et le politique peut-il reprendre la main là-dessus, selon vous Stéphanie ?
07:29Est-ce qu'ils peuvent, les hommes, une garde des Sceaux, ministre de l'Intérieur, Premier ministre, restaurer l'autorité ?
07:35Alors non seulement ils le peuvent, mais ils le veulent.
07:37Ils sont déterminés.
07:38Bruno Rotaillot, Gérald Darmanin, c'est des hommes de terrain.
07:42C'est des hommes rigoureux.
07:44Des hommes déterminés.
07:46Et ils ne s'arrêteront pas.
07:49Ils vont continuer.
07:49Et nous, nous allons les soutenir.
07:53Nous, on peut œuvrer de notre côté en tant que victime et en tant que citoyen.
08:00On va certainement mettre en place un collectif citoyen parce que notre parole, elle est aussi importante.
08:07Et je pense que leurs actions, ils vont y arriver.
08:10De toute façon, quelque part, ils n'ont pas le choix.
08:13Il faut qu'ils réussissent.
08:16Alors, ça prendra du temps.
08:19J'espère pas trop de temps.
08:20Ça prendra.
08:21Il y aura probablement des petits chocs et des chocs politiques, mais des discussions, des controverses.
08:30Mais j'ai confiance en eux et j'ai confiance en la société.
08:35Les Français veulent que ça change.
08:37Donc, si les Français veulent que ça change et qu'on a des politiques qui veulent que ça avance...
08:42Et vous avez le sentiment que certains politiques choisissent leurs victimes.
08:46Oui.
08:47Il y a entre guillemets les bonnes et les moins bonnes victimes.
08:49Alors, pour moi, une victime est une victime.
08:53Bien sûr.
08:54Pour nous aussi.
08:54Une victime, c'est des parents qui perdent leur enfant, une famille qui est brisée.
09:00Toutes les victimes se valent.
09:03Par contre, ce qu'on a découvert depuis le meurtre d'Elias, avec effroi, c'est que les politiques choisissent leur mort.
09:13Et on a pu constater que certaines personnalités politiques n'avaient pas versé de larmes pour le meurtre d'Elias.
09:25Et ça, ça nous a blessés aussi.
09:27Est-ce que vous en voulez à la justice, qui n'a peut-être pas su protéger votre fils de ces deux délinquants,
09:33qui avaient ordre de ne pas se voir, qui avaient des antécédents pour l'un d'entre eux ?
09:38Est-ce que vous avez le sentiment que cette justice assume ses responsabilités, Stéphanie ?
09:43Vous êtes la maman d'Elias.
09:44Pour l'instant, je ne peux pas me prononcer.
09:48Le dossier ?
09:49Parce que Gérald Darmanin a demandé une commission d'inspection.
09:53On attendra les résultats.
09:55Il a évoqué des dysfonctionnements.
09:57Il évoque des dysfonctionnements.
09:59Si ces dysfonctionnements sont établis, ça sera pour nous très douloureux, évidemment.
10:07Parce qu'en fait, dans le fond, nous, on croit à la justice.
10:13Et on pensait que la justice était juste.
10:18Et si on s'aperçoit, s'il y a cette conclusion qui dit qu'il y a eu beaucoup de dysfonctionnements,
10:25ça rajoutera de la peine à notre douleur.
10:30Maître Ostropska, quelles sont les prochaines étapes judiciaires dans le dossier de la mort d'Elias ?
10:37Alors, il y a la procédure d'instruction qui est la principale procédure, j'ai envie de dire,
10:45qui suit son cours.
10:47Il y a encore des auditions qui doivent se tenir.
10:50Il y a des expertises qui sont attendues.
10:52Il y a probablement une reconstitution qui sera faite.
10:56On est vraiment dans la recherche de la vérité, ce dont on parlait au début,
11:00de comprendre vraiment tout ce qui s'est passé.
11:04Et puis viendra le temps ensuite du procès.
11:06Mais ça, ce sera ultérieurement.
11:08Malheureusement, le temps est très long.
11:12Là-dessus, on verra.
11:14L'échéance à plus court terme, effectivement,
11:16c'est cette échéance de connaître les fonctionnements ou dysfonctionnements de la justice
11:22et du suivi judiciaire et éducatif de ces deux mineurs,
11:27puisqu'effectivement, ils avaient une interdiction de se rencontrer,
11:31interdiction pour laquelle tout le monde...
11:33Enfin, ils sont passés outre.
11:35Les parents sont passés outre, les éducateurs, le juge des enfants.
11:39Et on cherche à comprendre, effectivement, ce qui s'est passé
11:42et comment ça a pu se produire.
11:43Et là, vous estimez que s'il y a des dysfonctionnements,
11:47il y a une responsabilité de la justice
11:48et qu'il faut que certains magistrats rendent compte.
11:50Stéphanie, je vous passerai la parole ensuite, Béatrice.
11:54Nous, ce qu'on va demander à la justice,
12:00on a bien compris le concept de l'indépendance de la magistrature,
12:05on a bien compris.
12:07Néanmoins, pour nous, la justice doit rendre des comptes aux victimes,
12:11aux Français.
12:13Et c'est pour ça que tout à l'heure, j'ai parlé du collectif citoyen.
12:18Pour nous, alors nous sommes médecins et chirurgiens,
12:21et nous voulons que la justice soit plus transparente,
12:26comme nous l'avons fait en médecine.
12:27En médecine, années 80-90,
12:30les patients, c'était un organe et un numéro de chambre.
12:33Les usagers se sont emparés du sujet,
12:39les choses ont évolué,
12:40et aujourd'hui, il y a des médiations, des discussions avec les patients.
12:45Et nous, on va vouloir faire la même chose avec la justice.
12:49En ce qui concerne les mineurs délinquants,
12:51pour nous, ce n'est pas possible que les juges ne voient que les mineurs délinquants.
12:57En fait, derrière les mineurs délinquants,
13:00on en a parlé tout à l'heure, il y a le visage des victimes.
13:03Et nous, ce qu'on voudrait, c'est que,
13:06avant le meurtre d'Elias,
13:08les deux mineurs délinquants
13:11ont agressé, insulté, volé, humilié une vingtaine de victimes avant,
13:21une vingtaine de mineurs.
13:23Ces jeunes-là, ils sont traumatisés.
13:27On ne les voit pas, on ne voit pas leur visage.
13:31On voit le visage d'Elias,
13:32mais nous, ce qu'on voudrait,
13:34c'est que les juges des enfants
13:35voient le visage de toutes les victimes,
13:39qu'elles n'oublient,
13:41que ces juges n'oublient jamais le visage d'Elias,
13:45mais que le visage des victimes
13:47soit à la même hauteur,
13:49voire devant le visage des mineurs délinquants.
13:53Et pour ça,
13:55ça, ça va être notre devoir, je pense,
13:57de faire évoluer
13:59le regard des juges sur les victimes, en fait,
14:05très simplement.
14:06Téatrice Baugère, votre réponse, rapidement,
14:09une respectant, malheureusement.
14:10Oui.
14:10Ce que je voudrais juste simplement vous indiquer, madame,
14:13c'est que vous n'êtes pas toute seule,
14:15que cette décision,
14:16elle n'a pas fait consensus du Conseil constitutionnel,
14:19puisqu'elle voulait justement essayer de réparer
14:21ce qu'on vient de décrire,
14:23c'est-à-dire des mineurs qui sont multiréitérants,
14:26sans empathie,
14:27et qui sont laissés un peu dans la nature,
14:29et qui peuvent justement réitérer.
14:30Il faut que vous sachiez qu'il y a des juristes,
14:35qu'il y a des sénateurs,
14:36qu'il y a des magistrats,
14:38qu'il y a notre syndicat,
14:39et qu'on continuera à porter cette réforme,
14:42parce qu'on la pense utile,
14:43on la pense juste,
14:45et surtout qu'on a à cœur de préserver d'autres mineurs,
14:48et je sais que c'est aussi ce que vous avez comme objectif
14:52dans votre démarche,
14:53qui est une démarche extrêmement courageuse,
14:55et que je salue,
14:56et que, vous voyez,
14:59juste ça, la césure,
15:01la césure sur laquelle...
15:02Césure entre le délit et la sanction.
15:04Sur laquelle nous, syndicats,
15:05on avait été consultés,
15:06on avait dit que ça n'existait pas avant,
15:08c'est récent.
15:09On disait,
15:10il y a des mineurs,
15:11il ne faut pas les laisser comme ça,
15:13sans rien,
15:14sans contrôle,
15:14ou en tout cas des contrôles tellement,
15:16j'allais dire, solides,
15:18qu'ils ne servent à rien,
15:20ce n'est pas quelque chose de bien.
15:21Et le Conseil constitutionnel a dit,
15:22mais ce sera ça la règle maintenant.
15:25Donc nous continuerons,
15:26à essayer de faire changer la loi.
15:29Vous avez espoir, Stéphanie,
15:30qu'avec des magistrats comme Béatrice,
15:32les choses puissent bouger dans notre pays,
15:34ce sera le dernier mot.
15:36Oui, j'ai espoir,
15:37sinon je ne serai pas là,
15:41je ne rencontrerai pas les politiques,
15:43et il faut qu'on ait de l'espoir,
15:45sinon on ne tiendra pas.
15:49On ne va pas ressusciter Elias,
15:50mais comme je l'ai déjà dit,
15:52on va réussir à protéger les vivants,
15:54et c'est notre objectif.
15:56Merci beaucoup Stéphanie,
15:57pour ce témoignage bouleversant,
15:59et merci Maître Ostrowska,
16:00merci Béatrice Brugère,
16:01et je pense pouvoir vous dire,
16:02au nom de nos téléspectateurs et auditeurs,
16:04à quel point nous sommes à vos côtés,
16:06dans le combat,
16:06pour la mémoire d'Elias,
16:08et pour protéger l'autre victime.
16:09Merci à vous,
16:10d'être venus ce soir,
16:12dans Punchline,
16:12sur CNews,
16:13et sur Europe 1.
16:13Dans un instant,
16:14Pierre de Villeneuve,
16:15pour Europe 1 soir,
16:15et Christine Kelly,
16:16pour Face à l'Info.
16:17Bonne soirée à vous,
16:17sur nos deux internes.
16:18Sous-titrage Société Radio-Canada
16:19Sous-titrage Société Radio-Canada
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