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00:00Paris.
00:30Magistrat, parce qu'il y a beaucoup de questions évidemment après la mort d'Elias qui concernent la justice, notamment la justice des mineurs.
00:35Mais d'abord c'est vers vous, naturellement que je me tourne Stéphanie, nous sommes 5 mois après la mort d'Elias, dans des circonstances qui ont été relatées, parfois mal relatées par la presse.
00:45On va en parler parce que ça vous touche énormément, ainsi que votre famille et vos enfants.
00:49Vous avez deux aînés qui ont 24 et 21 ans, mais on est 5 mois après la mort d'Elias, je le disais, il rentrait de son entraînement de football tranquillement avec son meilleur ami,
00:58quand deux récidivistes de 16 et 17 ans lui demandent son téléphone, il le tend tout de suite, il l'ordonne, il reçoit un coup de machette, il décède des suites de ses blessures.
01:07On est 5 mois après, ma première question c'est comment est-ce que vous allez, comment votre famille va ?
01:13On ne va pas bien, néanmoins on est une grande famille, une famille très forte et unie.
01:21Donc on a repris rapidement le travail, les enfants vont à l'école, les plus grands continuent à étudier.
01:30Et en fait on fait semblant, on fait semblant de sourire, parce qu'on est triste et parce qu'on a toujours Elias dans notre tête.
01:41Mais on doit tenir, on se soutient les uns les autres et on s'adapte à cette vie sans Elias et pour Elias.
01:53Et vous-même vous avez repris le travail, vous êtes médecin ?
01:55Je suis médecin, j'ai repris le travail à mi-temps, parce que soigner des patients ça demande beaucoup d'énergie et de concentration.
02:03Et j'ai besoin de temps aussi pour m'occuper d'Elias et de mes grands-enfants et simplement pour repenser.
02:13Quand vous dites pour m'occuper d'Elias, c'est parce que vous estimez qu'on ne respecte pas la mémoire d'Elias aujourd'hui ?
02:19Oui, en fait je suis très surprise par des propos que j'entends dans les médias qui modifient l'adolescent qu'était Elias
02:37et l'adolescent de 14 ans qu'il restera pour toute la vie.
02:41Il y a une manipulation de l'information et du meurtre d'Elias.
02:46La semaine dernière, Patrick Cohen, dans son édito politique sur France Inter,
02:55en parlant de la décision du Conseil constitutionnel, je vais lire ses mots, a dit
03:00« Après la mort tragique du jeune Elias, tué à coup de machette pour avoir refusé de donner son portable. »
03:08En fait, ce que fait Patrick Cohen, c'est qu'il prend partie et qu'il manipule l'information et le meurtre d'Elias
03:17en décidant lui-même, alors qu'on ne connaît pas encore la vérité, qu'Elias a refusé de donner son téléphone.
03:26Il réalise un biais cognitif, c'est-à-dire qu'il sous-entend que si Elias avait donné son téléphone,
03:33il ne serait pas mort. Ce que fait Patrick Cohen, c'est quelque chose qu'on connaît bien.
03:40Une femme violée, si elle n'avait pas porté une mini-jupe, elle n'aurait pas été violée.
03:46Donc pour nous, les parents d'Elias, cinq mois après la mort de notre enfant,
03:52entendre Patrick Cohen, qui est censé être un journaliste rigoureux,
03:56on voit là qu'il ne l'est pas, qu'il est médiocre.
03:59Tenir de tels propos, pour nous c'est indécent.
04:03C'est indécent parce que notre fils Elias, c'est un jeune homme courageux.
04:10Il faut imaginer qu'il se retrouve avec son meilleur ami face à deux adolescents.
04:16Il ne sait pas qu'ils sont armés.
04:18Personne n'imagine qu'il porte une machette et une hachette.
04:21Caché.
04:22Caché.
04:23Donc en fait, il ne la voit pas.
04:24Moi, je ne sais pas, nous ne savons pas si Elias a refusé ou non de donner son téléphone.
04:30Moi, je suis la mère d'Elias.
04:31Et ce dont je suis certaine, c'est qu'Elias, il est resté droit, il est resté digne.
04:37Il a fait ce que disent les enfants, il a fait le gars.
04:41Et en fait, faire le gars et rester droit, ça c'est un acte de résistance.
04:46Et c'est pour cet acte de résistance qu'Elias a été poignardé à mort.
04:50Donc, manipuler l'information, travestir l'information, c'est manquer de respect à Elias.
04:59Et quand les médias font ça et continuent de faire ça, cinq mois après la mort de notre enfant...
05:06Ça vous blesse à chaque fois ?
05:07Ça nous blesse terriblement parce qu'on manipule la vérité et on manipule l'opinion publique.
05:15Lorsque l'AFP...
05:17L'agence France Presse.
05:18L'agence France Presse, quand on leur envoie notre communiqué de presse et qu'ils modifient ce qu'on a pris le temps d'écrire avec Johanna,
05:25c'est-à-dire qu'on a précisé qu'Elias avait été tué par une machette et une hachette,
05:30l'agence France Presse, c'est des journalistes qui sont censés être intègres, rigoureux.
05:37Ils modifient d'eux-mêmes l'information en disant couteau à la place de machette et hachette.
05:44Et en ça, ils manipulent en fait les Français parce qu'ils changent la vérité en se disant
05:52« Non, le couteau, c'est vraiment trop sauvage, on ne va pas faire ça. »
05:56Donc, toutes ces petites choses-là ajoutent à notre tristesse, du désarroi,
06:06et surtout, ça ne respecte pas l'adolescent et le courageux jeune homme qu'était Elias.
06:13Maître Ostrovska, vous êtes évidemment l'avocate de Stéphanie.
06:19Vous avez eu des rectificatifs, vous avez demandé des rectificatifs aux médias qui ont été cités par Stéphanie ?
06:26C'est une question qui nous est souvent posées.
06:32Et on a eu mieux que ça, on nous a répondu explicitement que tant qu'il n'avait pas été dit de leur source à elle officielle
06:42qu'il ne s'agissait pas d'une machette et d'une hachette, ils restaient sur le couteau.
06:48Quand je leur explique que j'interviens dans le dossier...
06:53Vous nous aviez montré les photos de la machette, mais la photo de la hachette a été diffusée aussi.
07:02Et c'est vrai que quand on entend ces médias, finalement on les cible assez vite,
07:07qui ont comme slogan, nous on révèle l'information juste.
07:14On n'est pas là juste pour faire de l'information, mais pour que vous ayez l'information juste.
07:18On n'est pas là pour faire de l'opinion.
07:22L'information n'est pas une opinion, mais l'information est l'information.
07:26Donc on transmet une information telle qu'elle, et on n'apprécie pas cette information.
07:31Alors j'ai envie de dire, qui se moque de la charité ?
07:35Quand on vient expliquer qu'il faut réduire la taille de la lame,
07:41on réduit finalement la responsabilité des auteurs.
07:43Quand on transforme une arme qui était une machette et qu'on la transforme en couteau,
07:49on transforme totalement la réalité, mais on amoindrit aussi la responsabilité des auteurs,
07:55et on cache à l'opinion publique la réalité des faits.
07:57Stéphanie, est-ce que vous avez eu un contact avec le journaliste que vous avez nommé,
08:02Patrick Cohen, qui est un journaliste rigoureux ?
08:06Est-ce que vous avez compris pourquoi il avait prononcé ces mots ?
08:09Est-ce qu'il vous l'a dit lui-même ?
08:11J'ai appelé un de ses collaborateurs, qui travaille avec lui,
08:16et j'ai demandé à ce que Patrick Cohen présente des excuses,
08:20m'appelle, m'explique d'ailleurs pourquoi il pensait qu'Elias avait refusé de donner son téléphone.
08:26Et j'ai demandé à ce qu'il m'appelle et qu'il présente des excuses à l'ensemble de ma famille,
08:34parce que ses propos sont indécents pour nous.
08:38Et jusqu'à ce jour, je n'ai pas eu d'appel de Patrick Cohen alors qu'il a mon téléphone portable.
08:43Peut-être qu'il le fera.
08:45Ce qui vous fait aussi bondir, Stéphanie,
08:47on parlera de la justice ensuite avec vous, la justice des mineurs,
08:49notamment Béatrice Brugère, c'est qu'on parle de faits divers.
08:51Ce ne sont plus des faits divers.
08:53Ce qui s'est passé pour Elias se passe presque tous les jours aujourd'hui dans notre pays.
08:58Ce sont des faits de société, Stéphanie ?
09:01Alors, pour nous, c'est évident que c'est des faits de société.
09:07Quand on rencontre les hommes politiques, Bruno Rotaillot, Gérald Darmanin,
09:14on en reparlera peut-être tout à l'heure,
09:15il y a une évidence sur le fait que c'est des faits de société.
09:18Néanmoins, ce qui est intéressant, c'est que pour certains médias,
09:23c'est des faits divers.
09:24Donc, en fait, il y a aussi...
09:26Nous, on a découvert, tristement,
09:30qu'il y avait des lignes éditoriales en fonction des médias
09:36et qu'un fait divers, ce n'était pas grave.
09:44Or là, c'est un fait de société, c'est une réalité,
09:46c'est la société qui va mal avec une hyper-violence des délinquants,
09:51enfin, des mineurs délinquants.
09:53Et en fait, en faire un fait divers, c'est se voiler la face
09:56et c'est surtout mentir aux Français.
09:58À chaque fois qu'il y a ce type de drame,
10:01un adolescent qui poignarde,
10:03une surveillante dans une classe, une autre élève,
10:06est-ce que ça réactive le traumatisme de votre famille et le vôtre, Stéphanie ?
10:10Non, ça ne le réactive pas.
10:14En fait, ce qui réactive notre peine, c'est que ça n'avance pas.
10:23On a l'impression qu'en cinq mois,
10:25pour certains, la temporalité de cinq mois, c'est très court
10:28pour faire avancer les actions politiques.
10:32Pour nous, c'est long et en fait, ce qui nous fait de la peine,
10:37c'est le fait qu'on prenne le temps de réfléchir.
10:42Là, il y avait une loi qui pouvait faire avancer les choses
10:46et finalement, c'est...
10:48Le Conseil constitutionnel.
10:50Évidemment qu'on a de la tristesse pour les victimes, évidemment.
10:53Mais ce qui est le plus déstabilisant,
10:57c'est un peu l'inertie de certains partis politiques
11:01et de certains médias
11:03en disant que c'est des faits divers, ça passera.
11:07En fait, ça ne passera pas.
11:08Ça ne va pas s'arrêter.
11:10La loi, lui, à Très-Brogère,
11:13à laquelle fait la vision Stéphanie,
11:14c'est cette fameuse loi sur la justice des mineurs
11:16portée par Gabriel Attal,
11:17dont l'essentiel des mesures a été retoquée
11:20par le Conseil constitutionnel,
11:21les plus contraignantes, en réalité.
11:24Oui.
11:24Alors, d'abord, merci.
11:26Je voulais vous remercier pour cette invitation
11:29qui est un format assez singulier
11:32et que je trouve formidablement courageux
11:36de la part de la maman, justement, d'Elias,
11:40de prendre cette parole.
11:41Parce qu'on oublie souvent que nous, magistrats et la justice,
11:45on n'est pas simplement là pour appliquer du droit,
11:47on est là pour rendre justice.
11:49Et rendre justice, ce sont des vraies personnes derrière,
11:53des vraies histoires.
11:53Ce n'est pas que des statistiques,
11:55ce n'est pas que des chiffres.
11:56Et j'ai été très sensible à la première partie
11:58de ce que vous avez dit, madame,
12:00sur la désinformation.
12:02Pourquoi ?
12:02Parce que rendre justice,
12:04ce n'est pas qu'appliquer des règles,
12:05c'est rechercher la vérité.
12:07Et vous avez raison,
12:08et je vous encourage à continuer
12:09à rester extrêmement rigoureuse,
12:13parce que c'est aussi une bataille sémantique.
12:15Et la vérité, c'est un bien précieux
12:17sur lequel nous, magistrats,
12:19nous avons la mission
12:20de pouvoir mener jusqu'à bout cette vérité.
12:24C'est le cadre, d'ailleurs,
12:25de l'instruction qui sera menée.
12:28Deuxièmement, sur cette loi,
12:29pourquoi cette loi ?
12:29Vous avez tout à fait dit,
12:31et c'est un débat qui revient souvent sur vos plateaux,
12:34faits de société,
12:35on met en avant comme ça
12:37des faits divers.
12:39Est-ce qu'on est sur des faits de société,
12:40sur des faits divers ?
12:41Moi, j'ai entendu,
12:42je crois d'ailleurs que c'est sur CNews,
12:45une ancienne garde des Sceaux
12:46qui disait
12:47mais en fait,
12:48la violence des mineurs n'a pas augmenté,
12:50elle a juste changé de nature.
12:52Vous n'êtes pas d'accord avec ça,
12:53Béatine Roger ?
12:53Non, elle a changé de nature,
12:55elle est de plus en plus violente,
12:57c'est avéré,
12:58mais elle a augmenté aussi,
12:59et il faut le dire,
13:00et elle a augmenté.
13:01Je me réfère d'ailleurs à un article récent
13:03qui a été fait par un juge de Nanterre,
13:06qui est un juge des mineurs,
13:07et qui cite avec Maurice Berger,
13:09qui est un spécialiste,
13:10on en reparlera peut-être,
13:12des chiffres qui sont assez intéressants.
13:14Les mineurs qui sont poursuivis
13:16pour des faits graves,
13:18c'est-à-dire tentatives d'assassinat,
13:20meurtres, violences aggravées,
13:23ont doublé en six ans.
13:26Ils avancent les chiffres
13:27de plus de 1 217 mineurs
13:31qui sont poursuivis en 2017,
13:33et aujourd'hui, on en a 2 095.
13:35Et pourquoi je dis ça ?
13:36Parce que 1,
13:37c'est un fait de société
13:38qui est extrêmement grave,
13:39et c'est dans ce cadre-là
13:41que la loi est arrivée.
13:43C'est-à-dire que ce n'est pas
13:44une loi de circonstance,
13:45comme souvent,
13:46on aime le dire,
13:48tiens, il y a un fait divers,
13:49on fait une loi.
13:50Non.
13:51Il y a un fait,
13:52vraiment,
13:53c'est un fait de société
13:54sur lequel toute la société
13:56s'interroge,
13:57et d'ailleurs,
13:57elle s'interroge tellement
14:00qu'elle est plutôt favorable
14:02à ce qu'on change la loi.
14:03et c'est tous les jours
14:06des affaires qui démontrent
14:07qu'on est sur une tendance lourde.
14:09Donc, cette loi qui avait été proposée
14:11par Gabrielle Attal,
14:12elle n'était pas parfaite
14:14et elle n'était pas révolutionnaire.
14:16Elle voulait simplement résoudre
14:17la problématique
14:19de cette ultra-violence
14:21de mineurs réitérants.
14:24Sur la récidive,
14:25l'excuse de minorité,
14:26un certain nombre de points très précis.
14:27sur lequel on n'arrive pas
14:28justement à avoir
14:29des réponses adaptées.
14:31Et le Conseil constitutionnel
14:32s'est prononcé,
14:34peut-être qu'on reviendra là-dessus,
14:35puisqu'en fait,
14:36il a censuré quasiment
14:38toutes les mesures
14:39les plus contraignantes.
14:40C'est ce qui vous désespère aussi,
14:42Stéphanie ?
14:43Je ne veux pas être désespérée
14:44parce que je me dis
14:48qu'il y a des hommes politiques
14:49et des femmes politiques.
14:52Marie-Claire Carrerget
14:53que j'ai rencontrée
14:54cet après-midi,
14:56Bruno Rotaillot,
14:57Gérald Darmanin,
14:58je l'ai dit qu'on a rencontré
14:59des magistrats.
15:01Je pense que les choses
15:02vont avancer.
15:04Je ne peux pas être désespérée.
15:05Si je suis désespérée,
15:07j'arrête de vivre.
15:09Donc, il faut que les choses avancent
15:11et je pense que les choses
15:12avanceront aussi
15:14par les Français,
15:17tout simplement,
15:18par les citoyens.
15:19Parce que depuis que je suis intervenue
15:21chez votre concert
15:22à Pauline de Malherbe,
15:25en fait, tout le monde
15:25vient me voir.
15:26Dans la rue,
15:27les gens viennent me voir ?
15:28Les gens viennent me voir
15:29en me disant
15:31on est d'accord avec vous,
15:33la délinquance des mineurs,
15:35c'est terrible,
15:36oui, c'est des faits de société,
15:37oui, on a peur pour nos enfants,
15:40n'importe qui,
15:42c'est-à-dire qu'il n'y a pas de classe
15:43en plus socioprofessionnelle.
15:44c'est que les gens viennent me voir
15:46et donc l'opinion publique
15:47est en faveur
15:49du fait
15:53qu'il faut faire quelque chose,
15:56il faut agir rapidement
15:57face à cette hyper-violence
15:59des mineurs.
16:01Et ce qui a été un peu
16:02pour le coup désespérant
16:04avec le rendu
16:05du Conseil constitutionnel,
16:07c'est qu'il y a un fossé
16:09entre les Français
16:10et les sages
16:12du Conseil constitutionnel.
16:14On va faire une petite pause,
16:15vous restez avec nous Stéphanie,
16:17on reparlera évidemment
16:18du combat que vous menez
16:19en mémoire d'Elias
16:20pour sauver d'autres vies
16:22et pour tenter de mobiliser
16:24l'opinion publique.
16:25A tout de suite dans Punchline.

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