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00:00Je voudrais, puisque Jules l'a évoqué, écouter la maman d'Elia, Stéphanie.
00:05Elle était tout à l'heure dans Punchline avec Laurence Ferry.
00:07Elle souhaite que les choses avancent sur la délinquance des jeunes
00:10et elle critique les décisions du Conseil constitutionnel.
00:14Je pense que les choses vont avancer. Je ne peux pas être désespérée.
00:17Si je suis désespérée, j'arrête de vivre.
00:19Donc il faut que les choses avancent et je pense que les choses avanceront aussi par les Français.
00:24Dans la rue, les gens viennent me voir ?
00:29La délinquance des mineurs, c'est terrible.
00:33Oui, c'est des faits de société. Oui, on a peur pour nos enfants.
00:36L'opinion publique est en faveur du fait qu'il faut faire quelque chose.
00:41Il faut agir face à cette hyper-violence des mineurs.
00:44Et ce qui a été un peu, pour le coup, désespérant avec le rendu du Conseil constitutionnel,
00:49c'est qu'il y a un fossé entre les Français et les sages du Conseil constitutionnel.
00:54Voilà, tout est dit Jean-Yves Leborgne.
00:56Et c'est ce qu'on essaie de faire avec vous, pardonnez-moi.
00:59Vous êtes notre victime aujourd'hui.
01:02On a l'impression, l'opinion publique, les Français, on a l'impression que les juges,
01:08que les magistrats, que tout ce monde du droit, vous êtes enfermés dans des grimoires
01:12et que parce que c'est comme ça, ça sera toujours comme ça, ça sera toujours pérenne.
01:16On ne peut rien changer.
01:18En 476, l'Empire romain chute.
01:20Mais il y a eu d'autres régimes derrière.
01:22Il y a eu d'autres façons de faire.
01:23Pourquoi est-ce que dire, écoutez, c'est comme ça et on ne pourra jamais changer les choses ?
01:28Alors, je vais vous dire le fond de ma pensée.
01:30Il ne s'agit pas pour moi de brandir l'article 122.1 du Code pénal et vous dire, c'est comme ça, on ne peut pas faire autrement.
01:37Me réfugier dans mon Code, disiez-vous, cher Pierre de Villeneuve, tout à l'heure.
01:41Vous êtes un peu plus malin.
01:41Je considère qu'à titre personnel, si cet article n'existait pas, je militerais pour qu'il existe.
01:49Et le simple fait, peut-être à vos yeux, mais le simple fait qu'on ne puisse pas considérer comme responsable ce qui se fait, très rarement.
01:59Un individu, pour des raisons psychiatriques, ça me paraît être la moindre des choses.
02:04Vous voulez juger des fous ? D'accord, ce sera le Moyen-Âge.
02:07Imaginons une troisième voie où un homme irresponsable serait envoyé en psychiatrie,
02:16mais tout de même jugé, comme on peut être jugé par coutumas pour quelqu'un qui est présumé décédé ou disparu,
02:23et on jugerait par coutumas quelqu'un qui est responsable au long de la loi,
02:28mais on donnerait à la famille un procès.
02:30On dirait à cet homme-là, vous serez emmené en psychiatrie parce qu'on considère que votre place n'est pas en prison,
02:35ce qui peut parfois se justifier, mais en revanche, par rapport aux droits français, par rapport à la famille,
02:42on considère qu'il vous faut un procès et qu'on puisse exposer les faits, ce qu'on vous reproche,
02:47et ensuite, la peine c'est autre chose.
02:49Mais est-ce que vous comprenez que le procès, le fait qu'on puisse amener devant les gens les faits et la peine,
02:56ce soit deux choses différentes ?
02:57Vous êtes en train de dire, voilà un homme qui est irresponsable,
03:01que l'on va mettre un hôpital psychiatrique...
03:03Non, non, non, un homme qui n'est pas irresponsable,
03:06que certains experts ont déclaré irresponsables.
03:09Ce n'est pas la même chose, Jean-Yves Le Borne.
03:10Nous ne sommes pas en train de discuter de la responsabilité ou de l'irresponsabilité.
03:14Si nous, nous sommes quatre...
03:16Donc un expert dit il est responsable et on dit amène.
03:18Nous sommes quatre autour de cette table.
03:23Aucun n'est psychiatre.
03:24Et nous ne pouvons pas discuter d'une décision de psychiatre, d'autant plus que ce n'est pas un psychiatre.
03:29C'est une décision humaine.
03:30Je ne sais pas combien de psychiatres ont trois expertises.
03:34En général, quand il y a une irresponsabilité, il y a toujours une contre-expertise, voire une troisième expertise.
03:41Je me souviens d'un dossier où il y en avait sept des expertises.
03:45Donc il ne s'agit pas d'une fantaisie subjective.
03:48Est-ce qu'on a le droit de juger un fou ?
03:49Est-ce qu'on peut juger un fou ?
03:50Justement, je trouve que juger un fou n'a aucun sens.
03:54Vous dites qu'on le met en hôpital psychiatrique.
03:58Et pour donner une sorte de satisfaction consolatoire à la famille, on organise un procès en son absence.
04:05Mais c'est une tragique pitrerie.
04:10Jean-Yves Leborn est avec nous et il reste, puisqu'on a encore beaucoup de questions à y poser.
04:1619h43 sur Europe 1 le 4 juillet prochain, juste avant la pause estivale.
04:19Thomas Hill et toute l'équipe de Culture Média seront en tenue de gala pour récompenser les œuvres et les artistes qui ont marqué la saison.
04:26Télé, cinéma, musique, littérature, spectacle.
04:28Qui sont pour vous les numéros 1 de l'année ?
04:29Vous votez bien sûr sur europe1.fr.
04:32Pour contextualiser cette affaire Gervaise, je vous propose d'écouter Christelle Gervaise, la femme de la victime.
04:47Elle s'est exprimée devant nos confrères du Figaro, c'était hier.
04:51Comment expliquer à ses enfants que le meurtrier de son papa ne va pas en prison ?
04:58Quand je leur en ai parlé, ils m'ont dit que ce n'est pas juste, c'est très grave ce qu'il a fait, il faut qu'il ait une grosse punition.
05:04Je pense que la confiance en la justice est quand même altérée, pas uniquement à cause de notre affaire.
05:11On est tellement traumatisés par l'agression en elle-même que la mort d'Alban arrive presque ensuite.
05:17Ce qui est encore plus dur probablement, et pour mes enfants et pour moi, c'est ce qu'il a subi avant de mourir.
05:22On est aussi condamnés, finalement, à avoir peur tous les jours de voir que Mohamed, elle, âgée de tel âge,
05:29qui avait tué Alban Gervaise en 2022 d'une dizaine de coups de couteau devant l'école Sévigné, est passée à l'acte de nouveau.
05:35Voilà ce témoignage avec nos confrères du Figaro, Jules Thorez, vous l'y rebondiez.
05:40L'incompréhension, j'allais dire, elle est double, elle est triple, elle est même quadruple.
05:43Donc on a une personne qui a tué un médecin militaire qui n'est pas jugée, qui n'ira pas en prison.
05:49Évidemment, pour la famille, c'est quelque chose de considérable et de terrible.
05:53Mais il y a quelque chose, moi, qui me choque le plus, c'est que moi, j'aime bien savoir où partent mes impôts.
05:57J'aime bien savoir où partent l'argent des Français.
05:59Et sachez quand même qu'un détenu en unité hospitalière aménagée,
06:04un détenu en hôpital psychiatrique, coûte entre 8 et 10 fois plus qu'un détenu normal.
06:10Donc ça pose aussi une question économique.
06:13Est-ce que ce fou, qui pour moi est absolument responsable,
06:16qui doit passer quasiment sa vie en prison ?
06:19Est-ce que je dois payer, est-ce que le contribuable doit payer 300 000 euros par an,
06:23puisque c'est 300 000 euros par an, contrairement à un détenu,
06:27qui nous coûte 8 à 10 fois moins cher ?
06:29Je pense que c'est aussi une question fondamentale.
06:31Jean-Yves Lebanne, vous...
06:32Pour moi, les principes n'ont pas de prix,
06:35mais je relève de ce que vous venez de dire.
06:37D'une part, ce fou est responsable.
06:39Ça me paraît déjà être en soi une contradiction.
06:42Je parle à mon nom.
06:43Quant au coût dont vous parlez, il est faux.
06:46Un détenu normal, ordinaire, en prison, coûte environ,
06:51puisqu'il y a des différences selon les endroits, environ 120 euros par jour.
06:55Donc quand vous êtes à vos 300 000, on y est.
06:59Donc dire que l'hospitalisation coûte plus cher, d'abord, coûterait-elle plus cher ?
07:06Nous ne sommes pas sur des histoires boutiquières.
07:09Nous sommes sur des histoires de principes.
07:12C'est important, vous me disiez, quand je vous ai appelé tout à l'heure pour venir,
07:16vous me disiez, c'est un problème parce qu'on n'a pas d'argent pour la santé mentale en France.
07:22Je vous disais ça, effectivement, parce que le grand problème,
07:26qu'il est difficile devant votre réaction d'évoquer ce soir,
07:30mais qu'il faut bien dire, c'est qu'en réalité,
07:32les prisons sont pleines de malades psychiatriques
07:37qu'on n'a pas voulu déclarer irresponsables.
07:40Pourquoi ? Parce qu'on n'a pas les structures,
07:42parce qu'on n'a pas les psychiatres.
07:43Je croyais qu'il n'y en avait pas beaucoup.
07:44Mais attendez, il y en a très peu qui sont déclarés irresponsables,
07:49mais il y en a beaucoup qui sont peut-être,
07:51alors moi je ne suis pas psychiatre, je ne veux pas me prononcer,
07:54mais j'en ai connu un certain nombre qui, au minimum, étaient borderline,
07:57pour autant qu'ils n'aient pas été carrément irresponsables.
08:00Mais on ne pouvait pas, on ne savait pas quoi en faire, ni où les mettre.
08:04Il y a un problème psychiatrique dans notre société.
08:08Et vous n'allez pas me dire que vous-même,
08:09vous n'avez pas eu dans un dossier, dans votre longue carrière, Jean-Yves Leborgne,
08:13où vous avez eu ce genre de cas,
08:16où vous avez eu une famille qui ne comprenait pas
08:18pourquoi est-ce que le meurtrier allait dans un hôpital psychiatrique
08:22au lieu de finir en prison ?
08:23Il est tout à fait normal, quand un proche est assassiné de cette façon-là,
08:29que vous ayez une volonté de vengeance.
08:32La dimension vengeresse...
08:33Non, non, non, mais ce n'est pas une histoire de vengeance.
08:34Elle existe, mais c'est normal.
08:36Vous avez entendu, madame Jervais ?
08:37Mais je l'ai entendu, je la comprends.
08:38C'est une question de réparation de volonté de vengeance.
08:40Ah, mais il y a nécessaire...
08:41Mais ce n'est pas de vengeance.
08:42Mais si, mais si, il y a au moins...
08:44Mais pas du tout, c'est juste une dame qui ne comprend pas le système judiciaire français.
08:47Elle ne le comprend pas, mais ce n'est pas seulement de l'incompréhension.
08:51Il est normal, cet esprit de vengeance n'est pas quelque chose que je condamne.
08:55Mais elle ne se venge pas, elle est catholique,
08:57pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
09:00C'est une religion où on pardonne.
09:02Ce n'est pas véritablement ce qu'on fait ce soir.
09:04Vous voulez absolument juger tout le monde,
09:06y compris ceux qui n'ont pas d'inconse criminel.
09:07Si vous dites qu'elle veut se venger, elle ne veut pas du tout se venger.
09:10Elle veut juste comprendre comment marche ce système judiciaire.
09:13Qu'est-ce que vous dites, vous ?
09:13Non, je dis Sébastien Linné, c'est jamais revendiquer du catholicisme.
09:16Vous n'avez jamais douté face à un cas similaire ?
09:20Parce que le problème, c'est que la psychiatrie,
09:22il y a une espèce de certitude derrière, une expertise psychiatrique.
09:26C'est-à-dire qu'on a l'impression que c'est une science exacte.
09:28La psychiatrie a dit qu'il était responsable, donc il est responsable.
09:32Est-ce qu'on a pris encore un doute ?
09:34Est-ce que le doute dans ce pays peut bénéficier ?
09:37Pour une fois, à la victime.
09:38Parce que le doute ne bénéficie jamais à la victime.
09:40Mais il n'y a pas de doute quand sur trois expertises,
09:44ou quatre, ou cinq, ou dix,
09:45vous avez tous les psychiatres qui disent
09:48que ce n'est pas un avis subjectif flottant dans l'air
09:52et qui pourrait être complètement différent si on prenait quelqu'un d'autre.
09:55Ce sont des additions d'expertise.
09:57Et comme je vous le disais tout à l'heure,
09:59il n'y a jamais d'expertise excluant la responsabilité pénale
10:04qui ne soit immédiatement l'objet d'une contre-expertise,
10:08voire d'une troisième, d'une quatrième,
10:10je vous disais tout à l'heure que j'en ai connu sept.
10:12Et comme nous sommes, mon cher Jean-Yves, dans un état de droit,
10:13on a le droit de ne pas être d'accord avec ce système,
10:17même s'il existe, même s'il est gravé dans le marbre.
10:20Mais mon cher Pierre, si je n'étais pas d'accord
10:22pour que toutes les discussions s'instaurent,
10:25je ne viendrai pas vous entendre les uns et les autres ici.
10:27En effet !
10:29C'est un bon point que vous marquez, mon cher Jean-Yves Leborg.
10:32Merci à vous.

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