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Mardi 17 juin 2025, retrouvez Alexandre Giquello (Président, Groupe Drouot) dans ART & MARCHÉ, une émission présentée par Sibylle Aoudjhane.

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Transcription
00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Arrêt Marché, votre émission hebdomadaire consacrée au marché de l'art.
00:13Et pour cette émission, j'ai le plaisir de recevoir Alexandre Gikillot, qui est commissaire priseur et président du groupe Drouot.
00:19Nous dressons un bilan du premier semestre de l'année du regard de l'hôtel des ventes, qui rassemble des dizaines et des dizaines de commissaires priseurs.
00:30Et je suis ravie d'accueillir en plateau Alexandre Gikillot, qui est commissaire priseur et président du groupe Drouot.
00:39Nous allons revenir sur le bilan du premier semestre 2025 au sein de l'hôtel des ventes Drouot.
00:47Bonjour, merci beaucoup de être avec nous.
00:48Merci à vous.
00:50On évoque souvent les difficultés de marché des enchères, mais plutôt à l'échelle internationale, avec des résultats en deçà des attentes.
01:00Qu'en est-il du premier semestre à Drouot ? Comment se sont passées les ventes aux enchères ces derniers mois ?
01:07Très bien. Le bilan est très positif.
01:11Nous sommes en très légère progression pour le produit vendu à l'hôtel des ventes, mais en très grosse progression, de l'ordre de 30%, pour le produit vendu sur la plateforme numérique.
01:21D'accord.
01:22Donc, interdiction de se plaindre.
01:24Donc, c'est plutôt en vente en ligne que là où tout se joue.
01:30Disons qu'on est dans une phase de conquête, non pas de part de marché, mais de nouvelle clientèle.
01:37On a vu une évolution incroyable de notre façon de travailler entre avant le Covid et jusqu'aujourd'hui.
01:48Pendant le Covid, évidemment.
01:49Oui, le Covid qui a vraiment rebattu les cartes au niveau...
01:51Révolutionné. Révolutionné avec des progressions de 200% par an.
01:55Enfin, c'était quelque chose de fou.
01:57Et on a dû complètement revoir notre façon de travailler, mais on est encore dans une période où tous les ans, on progresse, on progresse, on progresse.
02:06Aujourd'hui, une plateforme comme celle développée par Draw, Draw Live, Draw Digital, c'est quand même 850 maisons de vente inscrites.
02:15C'est près d'un million d'objets référencés.
02:16Les chiffres sont ahurissants et on n'est encore qu'au début.
02:24Parce que comment ça se passe ?
02:24À chaque fois, il y a certaines ventes qui sont seulement online ou à chaque fois, il y a un pendant au sein des salles de Draw?
02:33Il y a deux grandes...
02:34Il y a la vente en live, c'est-à-dire que la vente est une vente réelle dans une salle des ventes avec un commissaire-priseur, un public, etc.
02:44Mais elle est également retransmise en live et les internautes dans le monde entier peuvent en chérir directement et en live.
02:50Et ça, c'est le plus gros de l'activité, de très loin.
02:53Et vous avez également les ventes online-only, en bon français, qui sont des ventes qui sont, elles, avec des temps, etc.
03:00Il n'y a pas de vente, il n'y a pas de commissaire-priseur, il n'y a pas de marteau.
03:04Et tout est géré par cette machine formidable qu'on appelle ordinateur.
03:08Est-ce que vous savez d'où proviennent les collectionneurs ? Vous avez dit que c'était vraiment le live qui tirait les ventes.
03:14Est-ce que vous savez si c'est vraiment, enfin, principalement des acheteurs français ou peut-être dans d'autres pays en majorité ?
03:21Non, là où on est étonné, surpris et agréablement, c'est l'ouverture sur l'étranger, principalement.
03:29Les acheteurs français sont très nombreux, majoritaires.
03:33Les francophones sont encore majoritaires.
03:35Mais ils ont simplement un peu modifié leurs habitudes.
03:39Effectivement, ils ne viennent plus forcément voir les objets en salle, ce qui est un tort.
03:44En revanche, on va aller, on va avoir des clients en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Alaska.
03:51Enfin bon, voilà, ça c'était, je vous parle de cas précis.
03:54Donc quand vous êtes commissaire-préseur comme moi, la tribune et que vous avez en face de vous une centaine de personnes et derrière l'écran de contrôle 1000 personnes et que vous voyez les enchères, Japon, Alaska, etc. Nouvelle-Zélande, c'est génial.
04:09J'imagine que ça, ça doit énormément modifier votre organisation de logistique au sein de l'Hôtel de Rauveau.
04:16Comment est-ce que vous avez cessé ça ?
04:17On a dû et on est toujours en perfection, en permanence.
04:23Déjà, la première chose, c'est que ça ralentit énormément les ventes.
04:26Le rythme des ventes en France était un rythme très, très élevé.
04:30Et on a dû s'adapter puisque les internautes sont beaucoup plus lents.
04:34Il y a toujours un petit décalage, etc.
04:35Et puis surtout, on a dû adapter des systèmes vidéo, audio qui sont performants, qui doivent être, on ne doit pas avoir de coupure, on ne doit pas avoir, ça marche très bien.
04:48Et puis bon, l'avantage du système de draw, c'est qu'il est développé par nous, par nos propres, en interne, financé en interne et développé en interne.
04:55Ce qui fait qu'on peut remédier à chaque problématique très rapidement.
04:59On n'a pas à faire appel à un sous-traitant.
05:00Et donc, oui, ça a changé complètement notre façon de faire, mais pour le bien.
05:08En 2023, Draw a ouvert son capital à hauteur de 30%, donc à Vesper Investissement.
05:13Est-ce que ça a permis cette accélération sur le digital ? C'était le chantier principal ?
05:19Non, c'était à mon sens une très bonne décision, puisqu'on avait un problème important de pyramide des âges, avec un nombre très important de confrères qui n'étaient plus en activité, mais toujours actionnaires de draw.
05:29Et je me refusais à m'endetter pour payer le départ de ces actionnaires.
05:38Et donc, on a trouvé cette solution que je trouve formidable, puisqu'en plus, ce sont des partenaires qui nous apportent un œil nouveau, un œil beaucoup plus dans la gestion entrepreneuriale d'une entreprise.
05:50Alors que Draw, dans cette tradition très longue, puisque c'est quand même 1850, on avait une gestion plus proche de celle du bon père de famille.
06:00Donc ça, c'est passionnant, mais en revanche, il faut dire que ça n'a rien à voir.
06:04C'est vraiment lié à un développement que notre directeur général de Draw a eu la bonne idée, voire le génie, de mettre en place dès 2006, à travers la Gazette Draw, qui a commencé à réfléchir à une structure numérique.
06:21Et on s'est rendu compte aujourd'hui que la Gazette Draw a un public très, très, très attaché au papier et se développe assez peu le numérique, alors que de l'autre côté, le live, lui, se développe énormément et le numérique se développe beaucoup.
06:36Et c'est intéressant de voir ce parallèle entre le papier qui résiste beaucoup, alors qu'il est en crise mondialisée, comme vous le savez.
06:44Mais la Gazette, elle marche très bien.
06:45Et donc, on a eu cette idée géniale et aujourd'hui, on récolte ce qu'on a sommé il y a des années avec cet accélérateur du Covid.
06:56Mais ce n'est pas lié à l'arrivée du familial office.
07:03Mais du coup, depuis deux ans, qu'est-ce qu'il y a eu comme chantier ?
07:06Vous parliez d'une gestion à bon père de famille.
07:09Aujourd'hui, est-ce qu'il y a une gestion nouvelle ?
07:11Comment ça se dirige ?
07:14Non, si vous voulez, le travail du conseil d'administration aujourd'hui, c'est de proposer, de façon ouverte, ce qui n'était pas le cas auparavant,
07:25les meilleurs services possibles aux maisons de vente du monde entier.
07:28Voilà, ça c'est le travail.
07:29Et en pointillé, de refaire de Drouot la place physique, parce que je pense qu'il est très important de continuer à avoir une place physique, au-delà du numérique et de ses développements qui sont incroyables,
07:41un carrefour international incontournable du marché de l'art.
07:44Donc, comme vous le savez, les marchés se sont quand même déplacés après-guerre furieusement aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, parce qu'il n'y a pas bon aux Etats-Unis, pour toutes les raisons que tout le monde connaît.
07:55Et aujourd'hui, je pense que Paris a vraiment une carte à jouer fondamentale, post-Brexit, avec des Etats-Unis qui se referment un peu sur eux-mêmes.
08:07Là, il y a une carte à jouer avec l'Europe, Paris, position centrale, extrêmement bien desservie, musée, hôtel, restaurant, vous avez tout.
08:16Et je pense que Drouot, à sa mesure, modeste, a son petit rôle à jouer dans ce rayonnement international de la place de Paris.
08:27Donc, nous, notre travail, c'est ça.
08:30Et ça passe par quoi ?
08:32Ça passe par des réflexions qui sont industrielles, ou du moins entrepreneuriales, et non plus comme les commissaires-priseurs,
08:39qui avaient un monopole, qui considéraient les acheteurs comme des usagers et non pas comme des clients.
08:46Moi, j'ai connu à cette époque où les clients n'étaient pas des clients.
08:51D'accord.
08:51Et aujourd'hui, non, on doit satisfaire aux demandes des clients, qui sont à la fois les acheteurs,
08:58mais également les maisons de vente qui vont louer nos services.
09:01Et donc, c'est compliqué, puisque vous avez, pour prendre l'exemple de Drou Digital,
09:06vous avez 850 maisons de vente, elles n'ont pas du tout les mêmes objectifs, les mêmes besoins.
09:10Donc, il faut trouver des terrains communs, des arrangements.
09:14C'est passionnant.
09:17En tout cas, peut-être que ça porte ses fruits.
09:18Il y a eu quand même des très belles ventes dernièrement,
09:21des plusieurs ventes au-delà de près de 500 000.
09:27Vous, vous avez fait une très belle vente d'un sabre de Napoléon.
09:31Oui, absolument.
09:32Parce qu'il y a un regard d'intérêt.
09:33On était très au-delà de 500 000.
09:34Là, on était à plus de 4 millions.
09:36Voilà.
09:36Vous avez remarqué aussi ces dernières mois d'un regard d'intérêt ou un intérêt particulier
09:43pour un mouvement, une tendance, quelque chose qui est assez fort ?
09:46Non.
09:49Le marché de l'art est très, très dépendant du contexte économique, international, géopolitique,
09:55principalement pour l'art contemporain.
09:56À Douraud, on fait très peu d'art contemporain.
10:03C'est un marché qui est tenu par les grandes multinationales de l'Assemblée.
10:08Le marché classique, ce qu'on appelle le fine art, encore une fois, désolé pour le terme, l'anglicisme,
10:13mais c'est comme ça, est lui beaucoup moins sensible,
10:15avec des collectionneurs qui sont beaucoup plus résistants aux turbulences.
10:19Et ce qu'on remarque, en revanche, et c'est le cas notamment pour le sable de Napoléon,
10:23on remarque, en revanche, une clientèle de super upper class,
10:31avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de moyens, de plus en plus présente sur le marché,
10:35qui a de plus en plus d'argent, et donc qui vont payer de plus en plus cher les objets très importants.
10:38Et les grands chefs-d'oeuvre ne l'ont jamais fait aussi cher.
10:40En revanche, on ne fait malheureusement pas que des ventes de grands chefs-d'oeuvre,
10:43donc il faut faire avec tout le reste.
10:47Et ça, c'est la magie de Rho, vous pouvez trouver des objets à 100 euros et à 10 millions d'euros.
10:51Mais les acheteurs, c'est un constat économique, macro-économique et micro-économique qu'on fait régulièrement.
11:02C'est 20% de vos acheteurs qui font 80% de votre bénéfice net à la fin de l'année.
11:07Donc, effectivement, le rôle du commissaire-priseur est d'être généraliste,
11:11de traiter également tout type de marché,
11:14mais de vous concentrer quand même sur les pièces importantes qui, elles, vont vous faire des résultats intéressants.
11:20Est-ce que vous avez remarqué des valeurs montantes ?
11:25Oui, il y a le design des années 60.
11:28Alors, vous savez, on a eu la grande période de l'art déco.
11:31Après, on est passé aux années 40, 50.
11:33Et aujourd'hui, on est jusqu'aux années 80, 90, où là, il y a des grandes...
11:38Il y a des choses, bon, les Lalanes, des choses comme ça.
11:41Il y a des artistes qui, aujourd'hui, émergent.
11:44Mais est-ce qu'il faut acheter ce qui est le plus à la mode ? Je ne sais pas.
11:50Moi, si j'étais un acheteur, je m'intéresserais aux objets du Moyen-Âge.
11:55Je m'intéresserais au Japon, à des secteurs comme ça, qui, aujourd'hui, ne sont pas du tout valorisés.
12:00Aujourd'hui, vous pouvez acheter un chef-d'œuvre du sculpteur du Moyen-Âge pour 100 000 euros.
12:05Et pour 100 000 euros, vous achetez en art moderne et contemporain quelque chose de très bien, mais ce n'est pas un chef-d'œuvre.
12:10Donc, voilà, oui, il y a des secteurs qui ont le vent en poupe, mais je pense que c'est intéressant de s'intéresser à ce que personne ne regarde.
12:22Oui. Mais on terminera là-dessus. Merci beaucoup, Alexandre Giquelot.
12:25Je rappelle que vous êtes commissaire-priseur et président du groupe Drouot.
12:28Et merci à vous toutes et tous de nous avoir suivis. C'était Arrêt Marché.

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