- 10/06/2025
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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Avec mes camarades de la deuxième heure, bonsoir Vincent Roy, écrivain, chroniqueur, politique,
00:10bonsoir Ophélie Rock, qui fait sa première en tant que chroniqueuse dans Europe 1 Soir,
00:16vous êtes professeur de français et ça tombe malheureusement à pic avec cette information bien sûr de ce matin
00:24et j'accueille Anne Coffinier, bonsoir, fondatrice de la fondation Kéros,
00:28l'Institut de France, présidente de Créé, son école.
00:31On revient bien sûr sur les faits, cet élève de 14 ans qui est poignard d'une surveillante à Nogent en Haute-Marne.
00:40J'ai un bilan qui m'a été donné tout à l'heure et c'est Maël Hassani d'ailleurs qui l'a rappelé dans le journal de 20h.
00:48C'est un bilan du ministère de l'Éducation nationale.
00:516 000 contrôles effectués déjà, les fameux contrôles de sacs entre fin mars et fin mai,
00:57aux abords des établissements.
01:00186 couteaux ont été saisis, 186 couteaux et près de 600 conseils de discipline convoqués pour sanctionner les détenteurs d'armes.
01:08Moi, très honnêtement, Anne Coffinier, je m'adresse aussi à vous, Ophélie, puisque vous êtes professeure de français,
01:14je ne sais pas par où prendre le problème. Est-ce que vous avez une idée, Anne Coffinier ?
01:17Certainement pas en interdisant les couteaux, parce que par définition, vous pouvez apporter un couteau qui vient de votre cuisine.
01:26Donc bon, ce n'est pas forcément à vous de l'acheter. Donc là, c'est une fausse piste.
01:29En mettant des portiques, ça coûtera très très cher. La France n'a pas les moyens de se payer ça.
01:34Non, je pense que là, il y a un malaise très profond.
01:37Et si les jeunes s'arment massivement de couteaux et pas uniquement les racailles, comme on pourrait dire,
01:43c'est que ça leur paraît nécessaire à leur statut, peut-être.
01:48À leur statut ?
01:49À leur statut. À leur statut social, à leur statut social d'élèves.
01:52Ça leur paraît aussi nécessaire pour se protéger, ou du moins le minimum, pour faire face à peu près à une forme d'agression.
01:59Moi, je veux bien qu'à une époque, on ait un laguiole ou un kénif ou un couteau suisse, ou ce que vous voulez.
02:03Mais là, c'est quand même des lames de 20 ou 30 centimètres.
02:05Oui, je sais bien, mais en fait, c'est une surenchère.
02:08Quand en face, les agresseurs sont équipés...
02:10C'est celui qui a le plus gros, si j'ose dire.
02:13Quand en face, les agresseurs sont équipés, je pense que les autres se disent
02:16« Mais si, j'ai rien, je suis perdue. »
02:17Parce qu'il faut bien reconnaître que quand vous êtes agressé par quelqu'un qui a une lame, c'est quand même très compliqué.
02:22Oui, c'est même tellement compliqué que Mélanie est décédée.
02:25Elle avait 31 ans. Ophélie Roch ?
02:27Il y a toujours eu... Moi, j'enseigne depuis 7 ans, mais dès que j'ai commencé, ça, ça a toujours été un souci.
02:32C'est-à-dire qu'on a toujours eu...
02:33Mais ce n'est pas un souci, c'est un drame, c'est une horreur.
02:35Ah non, je ne parlais pas pour ce qui est arrivé à la pauvre...
02:37Non, non, non, mais c'est un souci.
02:40Ce n'est pas un souci qu'il y ait un couteau de 20 centimètres dans un sac d'un collège.
02:45C'est totalement inadmissible.
02:46Oui, c'est inadmissible.
02:47Mais dans quel monde on vit ? Pardonnez-moi, je n'y comprends rien.
02:51Comment est-ce qu'une enseignante aujourd'hui, pardonnez-moi, je ne veux pas non plus pour votre première en plus...
02:55Non, non, mais je ne me sens pas visée du tout, moi, mais en effet...
02:58Vous suspiez, mais enfin, écoutez, comment est-ce que vous pouvez dire que c'est un souci ?
03:02Ce n'est pas un souci, c'est bien plus que ça.
03:04Au départ, c'était un souci parce que c'était des...
03:06Enfin, à l'époque, c'était des petites lames, entre guillemets, qui, vous savez, qui ne dépassaient pas...
03:11Oui, c'est ça, une lame de couteau suisse.
03:12Ce n'était même pas une lame de couteau suisse, c'était des mini-couteaux suisses.
03:15Oui, les mini, oui.
03:16Mais c'est vrai que là, on passe à une aggravation, mais j'ai envie de vous dire, ce n'est pas forcément...
03:20Alors, c'est vrai que les couteaux, c'est quelque chose qui, en effet, on ne comprend pas toujours
03:25pourquoi il y a cette espèce d'emballement où les enfants ont l'impression que, en effet,
03:30c'est un petit peu à celui qui aura la plus grosse lame, mais il y a aussi tous les autres objets.
03:34Et c'est ça, en fait, qui pose problème.
03:36Par exemple, vous savez très bien qu'une enfant qui a une laque pour cheveux au lycée,
03:40on se dit, bon, c'est grave d'avoir une laque pour cheveux.
03:43Moi, j'ai vu des enfants mettre le feu à des congénères, en secourant leur lame,
03:47mettre un briquet, et ça vous fait un lance-flamme.
03:49Ce que je veux dire, c'est que...
03:50Un briquet n'a rien à faire non plus.
03:52Non, mais le problème, c'est qu'on peut...
03:53Alors, je ne pense même pas qu'ils fument forcément, honnêtement.
03:56Je pense que...
03:57Ils vapotent ?
03:58Oui, ça va poter, je pense.
04:00Mais, vapoter, je pense.
04:01Je parle comme un ok-boomer, mais enfin, excusez-moi, honnêtement, j'ai du mal à vapoter,
04:06c'est pas très grave.
04:07Non, c'est pas...
04:08Alors ça, ça sera un autre débat, un autre jour, Vincent Roy, parce que moi, je vais
04:12vous dire, j'ai une théorie, mais si ça se trouve, elle sera, et je l'espère, je l'espère
04:17pour tous ceux qui vapotent, je pense, mais c'est peut-être parce que je suis un vieux
04:22journaliste qui a vécu beaucoup de choses, dans le sens, dans le journalisme, c'est-à-dire
04:28dans mon métier, j'ai vu beaucoup de choses passer, et notamment des rapports de scientifiques.
04:32Je ne sais pas voir, il y a une petite musique dans mon oreille qui me dit que dans quelques
04:37années, vous allez voir des rapports, des tartines de chercheurs dans ce magazine, comment
04:45s'appelle ce magazine scientifique des médecins, là, qui est très, très connu,
04:48c'est pas Science, c'est de l'Ancet, on va dire, voilà, en fait, le vapotage, ça
04:55provoque des cancers, ça provoque des trucs, vous allez voir, mais ce n'est pas le sujet
04:58aujourd'hui.
04:58Vincent Roy, je vous donne la parole sur ce qui s'est passé aujourd'hui.
05:01Non, je suis comme vous, je suis très étonné, et même étonné de ces témoignages,
05:05c'est-à-dire que moi, je n'imagine pas comment on peut effectivement se présenter
05:10au collège avec des larmes, j'imagine même pas qu'on puisse mettre avec une larme.
05:16Ils sont très inventifs, ils sont très inventifs, mais vous savez, j'ai aussi vu quelqu'un
05:19qui prenait son ciseau pour couper, à bourron, et qui le cassait sur sa jambe, mais ça
05:24vous fait de...
05:25Le souci, c'est comment on peut faire, c'est comment on peut faire...
05:28Qu'est-ce qui s'est passé depuis moi, quand j'allais à l'école, Pierre Devineau
05:33va dire que c'était au XIXe siècle, c'est sur l'esprit, mais qu'est-ce qui s'est passé,
05:41qu'est-ce qui s'est passé en 30 ans, en 40 ans, pour qu'on en soit...
05:46C'est très intéressant quand Anne dit que c'est le statut, c'est-à-dire que ça vous
05:52donne une stature.
05:53Vous êtes élève, mais vous n'avez pas envie de vous faire embêter par les autres,
05:57et donc après, j'ai fait un mauvais jeu de mots, mais c'est celui qui a le plus gros
06:01couteau qui gagne, entre guillemets.
06:03Il y a des chercheurs en sociologie qui ont étudié un petit peu la divergence de vue
06:08entre ce type de questions par des adultes et ce type de questions par des enfants.
06:12Et donc les adultes, ils vont dire, mais quelle horreur, quelle barbarie, quel...
06:15Et les enfants, ils vont voir plutôt ça sous l'angle de l'honneur, du statut,
06:23du positionnement social, de la manière de s'établir dans un groupe.
06:27Donc celui qui n'a rien, celui qui arrive à les mains vides, déjà il ne fait pas le poids.
06:31Mais c'est une certaine connotation culturelle aussi, ce que vous dites.
06:36Non, je vais faire appel à mes souvenirs de diplomates, il y a des pays, je pense au Yémen par exemple.
06:41Au Yémen, les hommes portent ce qu'on appelle une jambia.
06:45C'est un grand couteau courbé, et il est de tradition, lorsqu'on est très énervé
06:49ou qu'on a un contentieux avec quelqu'un, de menacer de faire des grands coups au-dessus de la tête.
06:54Et les autres arrivent, vous attrapent le bras, vous désarment, etc.
06:58Sauf que quand vous allez dans les hôpitaux, il y a marqué ici, bien déposer sa jambia,
07:03parce que parfois il y en a qui viennent achever quand même la victime symbolique pour de vrai.
07:08Donc en tout cas, c'est clair qu'il y a des civilisations où le couteau est omniprésent.
07:14Et le couteau est un objet ritualisé pour expliquer qu'il y a un contentieux, etc.
07:18Donc je pense que ce qui est intéressant, juste dans les années, je veux dire, jusque dans les années 80,
07:25les lames étaient fréquentes.
07:26Sauf que c'était les loulos qui en avaient.
07:29Ce n'était pas les braves garçons, tandis que maintenant c'est nos enfants potentiellement.
07:33J'ai juste une question, vous parlez de statut, Anne, donc effectivement ça m'a frappé moi aussi.
07:40Est-ce que c'est, comment vous dire, trans, classe sociale ?
07:45Est-ce qu'on va retrouver dans les meilleures écoles privées de nos centres-villes...
07:49Mais regardez le profil de cet enfant de 14 ans, qui s'appelle Quentin, il a 14 ans, c'est un bon élève,
07:57et il était référent à...
07:59C'est un bon élève, il a quand même été exclu deux fois, il n'est pas si bon élève que ça.
08:03Oui, mais de manière courte.
08:05Oui, enfin vous avez écouté Pierre, vous avez été exclu vous déjà deux fois.
08:07Ça a tout à fait changé aussi, alors je ne sais pas si Ophélie a bon droit dans ce sens-là,
08:11mais moi je suis frappée de voir, peut-être que j'ai des enfants très très turbulents aussi,
08:14mais je suis frappée de voir comme ça pleut, les punitions, par rapport à mon écope, ça n'a rien à voir.
08:19Ah oui ? Ah non, ça dépend vraiment des établissements.
08:21Alors ça n'a rien à voir, c'est permanent, le carnet par-ci, le carnet par-là,
08:25deux heures de colle par-ci, deux heures de colle par-là.
08:27Moi je me souviens de toute ma scolarité, j'ai eu deux heures de colle, je ne sais même plus pourquoi.
08:31Alors moi j'étais beaucoup collée, mais pour bavardage.
08:34Mais par contre, je rejoins sur le couteau la question, je pense que,
08:37par exemple si on lit un sociologue comme Arnold Van Ghenep,
08:41c'est Arnold Van Ghenep, c'est un grand sociologue de la fin 19e,
08:46mais il avait une théorie qui était très intéressante,
08:48et je pense qu'il y a beaucoup de choses qu'on peut appliquer maintenant,
08:51c'est que la fin des rites de passage,
08:52c'est-à-dire le fait d'avoir une société qui pour beaucoup est complètement fracturée, disfloquée,
08:58du coup on a l'impression que tous ces jeunes vont se rabattre en fait sur la culture de leurs ancêtres,
09:03pour retrouver des signifiants, c'est-à-dire le couteau, ça symbolise en plus la virilité,
09:08les gamins sont un peu parfois déstructurés, donc ça les rassure,
09:11et je pense vraiment que c'est le narratif, c'est parce que l'État n'a plus de narratif à proposer,
09:16il ne fait plus de sens pour eux.
09:18Oui et non, parce que François Bayrou, qui a été interrogé au 20h de TF1 à l'instant,
09:24a promis d'interdire, non mais vous commentez ce que vous voulez,
09:27il promet d'interdire tout de suite la vente de certaines armes blanches aux mineurs.
09:33Voilà, je vous livre texto ce qu'a dit le Premier ministre,
09:36qu'on entendra d'ailleurs après la pause publicitaire de 20h30.
09:39Oui, ça c'est pour agir à l'heure.
09:41Non, mais vous vous moquez, donc si ça veut dire...
09:42Non, oui, oui, si, si, si, vous vous moquez, mais c'est résible.
09:45C'est résible ?
09:46Oui, c'est ridicule.
09:47C'est ridicule, oui.
09:48Ça n'a aucun sens.
09:48C'est ridicule ça, et on va interdire la cantine alors,
09:51on ne pourra pas couper son steak à la cantine,
09:53on va faire comment ? On va interdire les fourchettes ?
09:55Non, il a dit certaines armes blanches.
09:56Oui, d'accord, mais en fait, de toute manière...
09:57J'imagine que c'est les trucs zombies, là, c'est ça ?
09:59Mais ça n'a pas d'importance, parce que tout peut être armes par destination, quasiment.
10:03Tout peut se convertir...
10:05Ça s'appelle une armes par destination.
10:06Alors ne parlez pas en même temps, ça c'est interdit.
10:09Interdit.
10:09Voilà, je fais le prof, moi, dans mon émission,
10:12parce que pour les auditeurs d'Europe 1,
10:13vous n'êtes pas à la télévision, on ne peut pas lire sur vos lèvres,
10:15donc là, voilà, donc une après l'autre.
10:17Anne Cofinier.
10:18Donc, tout peut être armes par destination.
10:20Donc, si on commence à interdire des couteaux,
10:24on va interdire des couteurs, des ciseaux, des compas,
10:29et toutes sortes de choses qui peuvent être contondantes,
10:31on ne s'en sort plus.
10:33Donc, ce n'est pas le sujet.
10:34Le sujet, c'est pourquoi des jeunes passent à l'acte.
10:36Et pourquoi ils sont dans un état d'esprit tel
10:38que ça leur paraît important de passer à l'acte.
10:40Et je trouve qu'Ophélie a abordé le point essentiel,
10:43qui est qu'ils ont besoin de ça symboliquement.
10:46Il n'y a plus de sens, ils s'affirment à travers ça.
10:48Il y a la virilité.
10:49Il y a la virilité, mais il y a aussi le fait
10:51que l'école ne propose pas d'aventure.
10:54Rien qui fasse sens.
10:5520h26.
10:55On va marquer une pause.
10:56On se retrouve tous les trois, tous les quatre,
10:59avec Vincent Roy, avec Ophélie Roch et Anne Cofinier.
11:04Je vous signale également que Culture Média,
11:06c'est comme tous les jours,
11:07à partir de 9h30 demain matin jusqu'à 11h sur Europe 1.
11:12Et les invités sont Michel Drucker
11:14pour son émission Famille.
11:15Je vous aime diffuser ce vendredi en Prime sur France 3.
11:18Oratica et Clovis Corniak seront là également.
11:21Ils sont à l'affiche du film Vacances Forcées en salle ce mercredi.
11:25Restez bien avec nous dans Europe 1 Soir.
11:27Europe 1 Soir.
11:2819h, 21h, Pierre de Villeneuve.
11:31Avec Anne Cofinier, Ophélie Roch, Vincent Roy.
11:35Tiens, j'ai plus d'informations.
11:37Emmanuel Macron qui promet d'interdire les réseaux sociaux
11:39au moins de 15 ans en France
11:41si l'Union Européenne ne le fait pas.
11:43On va en reparler.
11:44Je voudrais qu'on écoute François Bayrou
11:45qui lui était sur TF1 il y a quelques instants.
11:47On va élargir la liste des armes.
11:50Pour l'instant, il n'y a que les poignards, pour simplifier,
11:53qui sont interdits.
11:54Sur le contrôle de l'âge,
11:56lorsque les armes seront des armes de cette nature,
11:59il faudra qu'un adulte signe la réception.
12:02Quand cela va-t-il entrer en vigueur ?
12:04Tout de suite.
12:04Les portiques de sécurité, y êtes-vous favorable ?
12:07Je suis favorable à ce que,
12:09en tout cas dans les établissements
12:10dans lesquels il y a du désordre,
12:12on expérimente les portiques.
12:14L'inconvénient que ça ralentit l'entrée des élèves
12:17au moment de l'entrée dans l'établissement.
12:19Mais ça peut sauver des vies.
12:20En cas, ça va participer à quelque chose
12:22que nous avons le devoir de faire,
12:24répandre dans l'esprit de tous les élèves
12:26et de leurs parents
12:27l'idée que le couteau est interdit.
12:30Voilà.
12:31Alors, on en revient à ce que vous disiez tout à l'heure,
12:34Anne Coffinier,
12:34le couteau est interdit.
12:35En attendant, il va l'être.
12:38Et puis, il va y avoir des couteaux de contrebande,
12:40il va y avoir des couteaux en sérémique,
12:43il va y avoir des objets contendants.
12:45C'est un cas de place sur une chambre de bois.
12:47Oui.
12:47Comment voulez-vous...
12:49Non, mais attendez,
12:50il suffit de réfléchir à cinq minutes.
12:51Comment voulez-vous interdire les couteaux,
12:53interdire l'achat des couteaux ?
12:54Ça, j'entends.
12:56Mais ils ne vont pas à l'armurerie,
12:57ils s'achètent des couteaux.
12:59Les couteaux se refilent.
13:01Il y a les fameux couteaux de cuisine.
13:03On trouve des couteaux à peu près où l'on veut.
13:07Ça ne sert à rien.
13:08Les portiques, de la même manière.
13:09Moi, je crois qu'effectivement,
13:11M. Bayrou ne pouvait pas ne rien faire.
13:16Donc, il faut annoncer des choses.
13:17Il faut annoncer des choses intenables.
13:20J'ai constaté, en entendant Mme Borne cet après-midi,
13:24j'ai constaté son hibétude.
13:26Elle ne sait plus quoi faire.
13:28Elle ne savait plus quoi dire.
13:30Vous voulez qu'on les couche, Mme Borne ?
13:32Tous ces gens, sans faire de mauvais jeu de mots, Pierre.
13:34Il faut que les auditeurs aient une idée
13:38de ce que dit, comment dirais-je, Vincent Roy.
13:42Tous ces gens, sans faire de mauvais jeu de mots,
13:44me paraissent ce soir désarmés, pour le coup.
13:46En tout cas, voilà ce que disait Mme Borne,
13:49qui s'est rendue sur place pour réagir au meurtre
13:51de cette surveillante.
13:53Je voudrais redire que le gouvernement,
13:54que je suis très mobilisé pour prévenir de tels drames.
13:59vous savez qu'avec Bruno Retailleau,
14:02nous avons mis en place des fouilles
14:03pour éviter l'introduction d'armes blanches dans les établissements.
14:09Ce sont 6 000 fouilles qui ont été réalisées ces dernières semaines.
14:14Près de 300 armes qui ont été saisies.
14:16Et puis, j'ai également décidé de systématiser
14:19les conseils de discipline.
14:20Quand on a une arme qui est introduite dans un établissement,
14:24on a eu 600 conseils de discipline qui se sont tenus.
14:28Au-delà, c'est naturellement une réponse globale
14:31qu'il faut avoir.
14:32Et le Premier ministre aura l'occasion de s'exprimer
14:34dans les prochaines heures,
14:35notamment sur une meilleure régulation
14:38de la vente de ces armes blanches
14:40ou de ces armes par destination.
14:43Elle a quand même réussi à le spoiler, François Bayrou.
14:46Vous avez entendu, il y a même le chien qui n'est pas content.
14:48Oui, oui, qui aboie.
14:49Mais en fait, je crois que le vrai problème,
14:52et si on la sent peut-être assez démuni,
14:55c'est que finalement, on ne peut rien faire
14:56en parlant de l'école.
14:57Quelles mesures on peut faire pour l'école ?
14:58Ce n'est pas l'école, le problème, c'est la société.
15:00L'école n'est qu'une partie de la société.
15:02Donc dire, qu'est-ce qu'on peut faire
15:03pour empêcher la violence de déferler sur l'école ?
15:06En fait, j'ai envie de dire,
15:07ce n'est pas la vraie question.
15:08La question, c'est comment faire
15:09pour empêcher la violence de déferler sur la société ?
15:12Et même là, on n'a pas...
15:12Je ne suis pas totalement d'accord avec vous.
15:14Parce que je trouve que, comment dirais-je,
15:17l'école est là,
15:18et les enfants, ils passent la majorité
15:21de leur vie à l'école.
15:23Ils s'assoient sur...
15:24Ils ne vont pas faire, pardonnez-moi, je termine,
15:27ils ne vont pas faire un acte,
15:28j'allais dire, significatif,
15:30même s'il est totalement horrifiant.
15:32Ailleurs, je prends un autre exemple.
15:35Quand il y a eu le mal-être
15:36de certains employés de France Télécom,
15:40ils se sont suicidés sur le site de France Télécom.
15:43Ou de certains professeurs.
15:43Qui se sont immolés.
15:44Qui se sont immolés également.
15:46Voilà, sur le site de l'école.
15:47Ça se passe toujours sur le site
15:49qui, entre guillemets, est en cause.
15:51Donc, est-ce qu'on n'a pas encore
15:52les tenants, les aboutissants,
15:55la confession de ce jeune Quentin à 14 ans ?
15:58Mais, il se peut qu'il y ait quand même
16:00quelque chose en rapport avec l'école.
16:02Anne Coffini.
16:02Oui, je pense aussi que...
16:05L'école, c'est un lieu, effectivement,
16:07où se joue la vie sociale de l'enfant,
16:09très largement,
16:10et bien sûr, prolongée par les réseaux sociaux.
16:12Et c'est aussi parce que
16:14l'école, peut-être, ne sévit pas.
16:17Autant je trouve absurde
16:18d'interdire l'achat de couteau,
16:20autant je trouve absurde
16:21de rester tellement démuni
16:22quand il y a des transgressions importantes.
16:24Au pire, il y a quelques heures de col
16:26ou une expulsion de 2-3 jours.
16:28Mais en réalité, il n'y a pas
16:29d'organisation qui permette
16:31d'avoir quelque chose
16:32de très, très répressif.
16:34C'est-à-dire,
16:35être carrément viré de l'école.
16:37Pourquoi ? Parce qu'il y a ce principe
16:38de scolariser absolument
16:39chaque enfant dans l'école publique.
16:41Et on n'accepte pas l'idée
16:42de créer des établissements spécifiques
16:44pour des enfants
16:45qui ne joueraient pas le jeu.
16:47Tant qu'on n'aura pas créé ça,
16:49on se retrouvera
16:50avec des établissements
16:51qui acceptent tout
16:52parce qu'ils ne savent pas
16:54comment sortir un enfant
16:55qui pose problème.
16:56Donc moi, je serais plutôt
16:57pour arrêter
16:57toutes ces idées
16:59qui vont coûter horriblement cher
17:00et qui ne vont servir à rien,
17:02mais être
17:02tolérance zéro.
17:03Donc, la règle, elle est claire,
17:05chers amis.
17:06Dès lors que vous faites
17:07des actes de violence entre vous
17:09et que vous introduisez des armes,
17:11vous êtes viré.
17:12Définitivement, l'établissement.
17:13Alors, certaines personnes,
17:16certains politiques
17:17pointent du doigt les parents.
17:19Et c'est un peu en écho
17:20de ce que vous disiez,
17:21Ophélie Roch,
17:21en disant,
17:22finalement,
17:23on ne peut pas non plus
17:24demander toujours à l'école
17:25de soutenir
17:26et aux ministres
17:27et aux profs
17:27et aux rectorats, etc.
17:29Il y a quand même les parents
17:30qui sont,
17:30comment dirais-je,
17:32responsables ou pas.
17:34Il y a une mère,
17:34en tout cas,
17:35qui, elle,
17:36dans un autre registre,
17:38a témoigné ce matin
17:39sur BFM TV.
17:40C'est la mère d'Elias,
17:42cet enfant qui a été
17:43donc battu à mort
17:44et poignardé.
17:46Écoutez-la,
17:47elle réagissait notamment
17:49à une conversation
17:50qu'elle a eue
17:50avec cette même
17:51Madame Borne,
17:53ministre de l'Éducation,
17:54qu'on a entendue
17:54il y a quelques instants.
17:55Elisabeth Borne
17:56nous a terriblement choqués
17:58le père d'Elias et moi.
18:00Je la cite.
18:01On ne doit
18:01ni légiférer à chaud
18:03ni dans l'émotion.
18:04Ce serait bien
18:04d'éviter la surencère
18:06de mesures éculées
18:07qu'on trouve sur l'étagère
18:08à chaque actualité dramatique.
18:10On doit s'attacher
18:11à identifier les causes
18:12qui conduisent à ces faits
18:14à apporter avec sang-froid
18:15des réponses cohérentes,
18:17efficaces et réalistes.
18:18De qui se moque-t-on ?
18:19Elisabeth Borne
18:20est ministre
18:21de l'Éducation nationale.
18:22Elle est au gouvernement
18:23depuis 2017.
18:25Elle a été
18:25premier ministre.
18:26Elisabeth Borne
18:27veut réfléchir
18:28mais on n'a plus le temps
18:29de réfléchir.
18:30Les meurtres par arme blanche
18:32c'est une réalité.
18:33Notre fils
18:33il est mort
18:34on le sait
18:35mais il y a
18:36plein d'autres enfants
18:37il y a plein d'autres adolescents
18:39il faut agir
18:40il faut arrêter de réfléchir.
18:42Bon il faut arrêter de réfléchir
18:43il faut agir
18:43mais quand on agit
18:44vous nous dites
18:45chers amis
18:46Vincent
18:46Ophélie et Anne
18:48qu'il n'y a rien qui va
18:49donc qu'est-ce que vous répondez
18:51à la mère d'Elias ?
18:52Pas du tout
18:52il y a des choses à faire
18:53donc je vous permets de répéter
18:54cette idée toute simple
18:55c'est que
18:56autant je ne vois pas du tout
18:58comment on peut culpabiliser
18:59les parents dans le cas d'espèce
19:00c'est-à-dire
19:01qu'est-ce qu'ils peuvent faire
19:02les parents
19:02si l'enfant vient avec un couteau
19:03c'est que soit
19:04il est obsédé
19:05par un règlement de compte
19:06manifestement a échappé
19:09à tout le monde
19:09soit il se sent
19:10extraordinairement en danger
19:11je voudrais revenir sur le fait
19:12que cet enfant a été élu
19:14par ses pères
19:14pour être référent
19:16harcèlement
19:16donc tout ça montre
19:17qu'est-ce que c'est
19:18référent harcèlement
19:19pour ceux qui ne savent pas ?
19:20apparemment c'est un enfant
19:22qui est censé donner l'alerte
19:24s'il voit des mécanismes
19:25des situations de harcèlement
19:27tout ça montre que
19:28c'est quelqu'un qui est élu
19:30par ses pères
19:30c'est-à-dire par exemple
19:31imaginons quelqu'un de troisième
19:33tous les troisièmes
19:34de l'établissement
19:34vont voter pour certains élèves
19:36et donc en effet
19:37c'est censé être
19:38si vous voulez
19:38la personne de confiance
19:39faire la médiation
19:41entre l'adulte
19:42et les enfants en difficulté
19:43donc c'est vrai que c'est étonnant
19:45que ce soit ce garçon-là
19:46qui a pour rôle
19:47d'empêcher les violences
19:49si maintenant
19:49les référents harcèlement
19:51et c'est d'autant plus étonnant
19:53qu'en général
19:53les enfants n'ont pas spécialement
19:55envie toujours de faire ça
19:56donc c'est qu'il a dû se présenter
19:57c'est qu'il a dû être validé
19:59par la direction
19:59parce qu'on ne laisse pas
20:00normalement n'importe qui
20:01donc ça pose
20:02oui c'est
20:03ça prouve aussi que
20:03ces mécanismes-là
20:04très institutionnels
20:06où on crée un référent
20:07on crée un dispositif
20:08on crée
20:09souvent ils passent à côté
20:10des choses essentielles
20:12mais vous voyez
20:13on parle
20:14on essaye de trouver des solutions
20:15et là je regarde un peu
20:16mon regard
20:18se pose sur les écrans de télévision
20:20et les différentes chaînes
20:22je vois Thibaut de Montbréal
20:23qui dit
20:23il faut un choc d'autorité
20:24nous on l'aime bien
20:25Thibaut de Montbréal
20:26mais qu'est-ce que serait
20:28ce choc d'autorité
20:28et oui
20:29en quoi consiste
20:30un choc d'autorité
20:31Vincent Roy
20:32en quoi consiste
20:33un choc d'autorité
20:34on se pose la question
20:36on est en train
20:37non mais c'est vrai
20:38je suis désolé
20:38je vais faire
20:39évidemment pas tous les ailes
20:41qui vous dit
20:43qu'il ne sera pas viré
20:44alors
20:44en fait
20:45j'espère que quand même
20:46il va être viré
20:47après avoir tué quelqu'un
20:48non mais voilà
20:49non c'est pas ça l'idée
20:50l'idée c'est
20:51pardon Ophélie
20:52l'idée c'est tout simplement
20:53de dire
20:53on ne peut pas
20:55tout interdire préventivement
20:56j'ai entendu des gens dire
20:58sécurité absolue
21:00mais qu'est-ce que ça veut dire
21:01un état sécuritaire
21:01c'est un état où il n'y a plus de liberté
21:03on ne veut pas vivre
21:03dans un camp de concentration
21:04c'est pas possible
21:05donc on est obligé
21:06de faire confiance
21:07la vie sociale repose
21:08sur la confiance
21:09par contre
21:10la confiance
21:11la liberté
21:12c'est un corollaire
21:13c'est la responsabilité
21:14et la sanction
21:14or en France
21:15dans le système scolaire
21:17il n'y a plus de sanctions
21:18véritables
21:18en fait ça rejoint
21:19l'idée de la réponse pénale
21:21qui est faible dans ce pays
21:22pour tous les autres
21:22cas de figure
21:23Vincent Rame
21:24oui c'est la même chose
21:25c'est à dire que
21:25quand même
21:26j'étais assez d'accord
21:27avec Ophélie
21:27lorsqu'elle disait
21:28que l'école
21:29était tout de même
21:31enfin
21:31reflétait
21:32ce qu'était la société
21:34que si la société
21:35était très violente
21:36et bien
21:36l'école
21:37était elle aussi
21:38très violente
21:39j'ai peur
21:39que de ce point de vue
21:40elle ait raison
21:41et donc que le problème
21:42soit un problème
21:44très important
21:45un problème très enraciné
21:46très enquisté
21:47et qu'il faut traiter
21:49la société
21:50si l'on veut
21:51traiter l'école
21:52et j'ai peur
21:54qu'on en soit là
21:54et que par conséquent
21:55par conséquent
21:56que toute la pharmacopée
21:57qu'on est en train
21:59de vous décrire
22:00ne soit une pharmacopée
22:01vaine
22:02puisqu'on ne touche pas
22:03aux racines
22:04du mal
22:05le verre
22:05est dans le fruit
22:06comment traiter
22:08non pas le fruit
22:09mais empêcher
22:10que le verre
22:10n'y a rien
22:11en fait
22:12je pense
22:12que ce que vous avez dit
22:14était très juste
22:15tout à l'heure
22:15le gros souci
22:17c'est que tant que l'État
22:18n'accepte pas
22:19qu'il y a des enfants
22:19qui ne sont pas
22:20compatibles
22:21avec un système classique
22:22et que
22:22en effet
22:23moi ça m'est déjà arrivé
22:24d'être dans un établissement
22:25où on disait
22:25bon ben cet enfant là
22:26est violent
22:27quand j'étais dans le public
22:28mais qu'est-ce qu'on fait
22:29parce que si jamais
22:30c'est un sixième
22:31ok
22:32on l'exclu
22:33il va rebasculer
22:34dans la machine
22:35donc il va realler
22:36dans un autre établissement
22:37et nous on en reprend un
22:38sauf que vous ne savez jamais
22:39si celui que vous allez
22:40récupérer
22:41n'est pas pire
22:42que celui que vous excluez
22:43en fait
22:44c'est tant qu'on marche
22:45sur la tête
22:46en disant
22:46oui mais non
22:47il faut scolariser tout le monde
22:48l'école doit donner sa chance
22:51bis répétita
22:52bis répétita
22:53bis répétita
22:53en fait
22:54on tue tout le monde
22:55moi j'ai eu des classes
22:56comme ça
22:56où quand un enfant
22:57n'était pas là
22:58mais tout le monde respirait
22:59les élèves aussi
23:00est-ce qu'on n'arrive pas
23:01au bout de l'idée révolutionnaire
23:03d'égalité
23:03ouais
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