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00:00Europe 1 Soir, 19h-21h, Pierre de Villeneuve.
00:04Avec mes camarades de la première heure, bonsoir Nathan Devers.
00:06Bonsoir Pierre.
00:07Bonsoir Jules Torres.
00:08Bonsoir Pierre de Villeneuve.
00:08Bonsoir à vous Thierry Breton.
00:09Bonsoir.
00:10Premier invité d'Europe 1 Soir, merci d'être avec nous, ancien ministre, ex-commissaire européen au marché intérieur.
00:15Une partie de la classe politique salue le plan présenté par François Bayrou, une autre le critique.
00:21Dans quelle catégorie vous situez-vous ?
00:24Dans la catégorie de ceux qui ont déjà porté, présenté les budgets pour la nation,
00:30et qui savent que l'acte auquel s'est livré le premier ministre il y a deux jours, est un acte politique.
00:37C'est pas un budget, c'est un acte politique.
00:39C'est-à-dire ?
00:40Il a porté devant nos concitoyens, devant la représentation nationale, les représentations nationales,
00:47une proposition de budget pour faire face aux défis qui sont les nôtres.
00:51Et donc c'est un acte politique, c'est en aucun cas évidemment des décisions,
00:57mais ce qui est intéressant, c'est pour ça qu'il faut faire la distinction entre évidemment l'atterrissage
01:01et les messages qui sont véhiculés par un budget.
01:05Et dans la période où on le présente, évidemment on présente des messages.
01:10Alors quels sont ces messages ?
01:11Mais c'est de la politique, vous dites c'est un discours politique, c'est un discours de politique,
01:15j'allais dire politicienne, électorale, ou est-ce que de politique de la nation ?
01:20C'est un acte politique avec un grand P.
01:23C'est un acte politique tel que la politique doit être.
01:26Voilà les propositions qu'il fait, lui qui est là pour représenter l'exécutif, notre exécutif.
01:35Voilà les propositions qu'il porte pour pouvoir faire face à la situation que nous connaissons
01:42et qu'il a, je crois, assez bien décrite.
01:44Donc c'est ça ou sinon c'est la dégringolade ?
01:47Non mais la dégringolade, Pierre de Villeneuve, on y est déjà.
01:50Oui mais bon, il y a plusieurs stades, il a pris le...
01:53Mais on est pour moi, et vous le savez, puisqu'on se connaît depuis fort longtemps, vous le savez bien.
01:59On en parle souvent, vous et moi.
02:00Je ne cesse de le dire.
02:01On est déjà de l'autre côté, on est déjà plus qu'au pied du mur.
02:04Donc lui il a dit qu'on était au bord de la falaise.
02:07Mais bon, écoutez...
02:07Donc vous vous dites qu'on est déjà, on a passé la falaise.
02:10Il y a 20 ans, je le dis avec les jeunes qui nous entourent, que je regarde la chaîne pour les téléspectateurs.
02:15Il y a 20 ans, je ne sais pas où vous étiez, moi je sais que j'étais ministre des finances.
02:18Ce n'est pas du reste, je n'en tire aucune gloire.
02:22Si ce n'est que, si ce n'est que, j'avais demandé un rapport qui s'appelait le rapport Pébreau,
02:27parce que je souhaitais désendetter la France déjà.
02:30J'estimais, voyez-vous, qu'à 1200 milliards d'euros de dettes,
02:34nous étions déjà dans une situation très difficilement tenable.
02:38Et donc on avait mis sur pied une politique de désengagement, je n'en tire aucune gloire.
02:41C'est juste pour vous démontrer, pour vous dire que c'est faisable.
02:44Et en même temps, on avait fait une pédagogie gigantesque, grâce à Michel Pébreau.
02:48Avec une commission qui était transnationale, pour expliquer pourquoi il fallait le faire.
02:53Depuis, on a multiplié par 3 la dette, et on est maintenant vraiment dans une situation qui n'est plus durable.
02:59Donc, je crois du reste que...
03:02Ce qui serait intéressant dans le sondage, que vous venez de faire référence à votre présentation, Pierre Devinot...
03:0687% des Français pensent que le budget de François Bayrou va nuire à leur pouvoir d'achat.
03:10Et je pense, j'espère, je souhaite que 100% des Français savent désormais, 100%, que notre modèle social,
03:19que le système qui a été fondé depuis le CNR, le Conseil National de la Résistance,
03:26qui a fondé, je dirais, notre État, qui a fondé notre système de fonctionnement ensemble,
03:31il est plus tenable.
03:32J'espère que 100% des Français l'ont compris.
03:34Parce que c'est bien de ça dont il s'agit.
03:36Il suffit de regarder les chiffres.
03:38Aujourd'hui, en 2025, on va encore créer 185 milliards de dettes.
03:45185 milliards de dettes supplémentaires.
03:47Tout simplement parce qu'on dépense plus que ce qu'on gagne.
03:50Qu'est-ce qu'on gagne, au fond, nous, la France ?
03:52Et qu'est-ce qu'on dépense ?
03:55Alors d'abord, qu'est-ce qu'on dépense ?
03:56On dépense 1700 milliards d'euros par an.
03:59C'est ça, la machine France, si vous me permettez cette expression triviale.
04:03Tout, tout, pour faire fonctionner la nation.
04:05Pour faire fonctionner la nation.
04:06Dans 200 milliards de dépenses sociales.
04:08Pratiquement 1000 milliards.
04:09Oui.
04:11350 milliards pour le fonctionnement de l'État.
04:13Quand on dit l'État, l'État, l'État, trop d'État, oui, il faut mieux d'État.
04:16C'est 350 milliards.
04:18Tous les fonctionnaires, les forces de police, les infirmiers, les hôpitaux, les écoles, les professeurs, c'est 350 milliards.
04:28Notre vivre ensemble, cet État, cet État qui fait tout pour nous, c'est 1000 milliards.
04:33C'est-à-dire la sécurité sociale et nos retraites.
04:36Et puis 250 milliards pour les collectivités locales.
04:38Ça veut donc dire que, pour notre vivre ensemble, cet État que nous vénons, que nous restons, on est tous très attachés à nos systèmes de sécurité sociale, c'est trois fois plus que le fonctionnement de l'État.
04:49Et alors, on va nous dire qu'on n'arrive pas à trouver 40 milliards d'économies dans 1700 milliards ?
04:56Alors, je vais vous dire une chose.
04:58Si c'est la réalité, alors la France est très mal partie.
05:01Et je crains que ce soit la réalité, quand je vois les discussions des uns et des autres.
05:06Mais à ce titre-là, M. Breton, le plan de François Bayrou ne règle aucun problème.
05:12Il ne fait pas vraiment d'économies.
05:16On est seulement à 21 milliards, en réalité, de vraies économies.
05:20Sinon, c'est des hausses d'impôts déguisées.
05:21Et on sait que les meilleurs économistes, les plus reconnus, vous disent qu'il faudrait un plan d'économie de 150 milliards si on voulait vraiment être dans la bonne voie.
05:2940 milliards, on n'est même pas un gros quart de l'effort.
05:32Mais monsieur, vous pensez que la méthode pour rééquilibrer, c'est une méthode avec une tronçonneuse à la Elon Musk ?
05:42Ou vous pensez qu'il faut plutôt qu'on propose un parcours ?
05:46D'abord, qu'on fasse de la pédagogie, comme on l'avait fait avec Michel Pembreau,
05:50pour que nos concitoyens juste comprennent que quand on va chez le pharmacien,
05:54et qu'on a sa carte vitale, vous voyez, je la sors,
05:57c'est pas une carte de crédit où on peut tirer sans fin.
06:00Que derrière, c'est nous qui payons.
06:04C'est derrière, c'est nous qui payons.
06:06Les Français, on leur a aussi permis de croire qu'il y avait un quoi qu'il en coûte,
06:10qu'il y avait de l'argent magique, et que finalement...
06:12Mais ça c'était avant, maintenant il faut faire face à cette...
06:15Mais si ça datait que depuis il y a deux ans, mais hélas !
06:18Oui, mais je veux dire, à un moment donné, on va faire de la pédagogie pendant combien d'années ?
06:21Et bien voilà, vous nous le dites.
06:25Et bien c'est pour ça qu'encore une fois, quand on regarde...
06:28Encore une fois, je ne suis pas là pour défendre quiconque,
06:29je suis là encore une fois pour dire ce que je sais,
06:32ce que je sais, à froid, de la situation dans laquelle nous sommes.
06:36Et je ne cesse de dire qu'elle est intenable.
06:39Et qu'il faut évidemment engager la France.
06:41D'abord c'est une compréhension que cet État qui fait tout, c'est plus possible.
06:45Mais alors, qu'est-ce qu'on fait ?
06:46Donc pas de tronçonneuse, pas de Milley, pas d'Elon Musk,
06:49un plan, un AP Vrault, qui était à l'époque, rappelons-le,
06:52pour les jeunes générations, le patron de la BNP Paris-Bara.
06:55Mais qui avait piloté une commission qui était transpartienne.
06:57Exactement.
06:57Mais je pense sincèrement que c'est faisable, mais qu'on ne pourra pas le faire.
07:01Il faut un plan à dix ans, vous voyez ?
07:02Parce que la situation telle qu'elle est, c'est un parcours.
07:04L'économie c'est des parcours, l'économie c'est pas des chocs comme ça.
07:07Donc je comprends votre question.
07:09Mais c'est pour ça que ce que j'aimerais, ce que je souhaiterais,
07:11on peut toujours rêver à la veille des départs en vacances,
07:13c'est peut-être aussi pour ça que ça a été fait maintenant.
07:14On rêve quand on est jeune.
07:16Mais pas que quand on est jeune.
07:18Laissez-nous rêver, je te laisse.
07:19C'est très important d'avoir encore une fois la capacité de proposer des chemins.
07:23Et d'abord donc de comprendre, de comprendre vraiment la situation dans laquelle nous sommes.
07:27Et je vous assure que moi, comme vous du reste, quand on parle,
07:30quand on dit à nos concitoyens,
07:32vous savez qu'on dépense trois fois plus de notre protection sociale
07:35que pour faire marcher l'ensemble de l'État.
07:36Mais beaucoup d'entre eux le découvrent.
07:40C'est peut-être parce qu'on ne l'aura pas assez expliqué.
07:42Je vais vous donner deux exemples qui sont intéressants.
07:45On vient de décider, qu'on le veuille ou non,
07:48qu'on allait augmenter nos dépenses militaires de défense.
07:513,5 milliards la première année, 3 milliards le 1.
07:53Mais c'est surtout la trajectoire, puisque je parle de trajectoire.
07:56L'économie c'est des trajectoires.
07:57Et donc cette trajectoire qui a été annoncée,
08:00c'est 3,5% du PIB en 2035.
08:05Puisque c'est l'engagement qui a été pris en tant que membre de l'OTAN.
08:09Il faut suivre.
08:102035, aujourd'hui on dépense 50 milliards.
08:15Et donc il suffit de faire les calculs et les projections,
08:17ça veut dire qu'en 2035 on sera à 100 milliards.
08:19C'est ce que j'appelle une dépense contrainte.
08:23Une dépense que je crois sur laquelle tout le monde est plus ou moins d'accord.
08:27Prenons une autre dépense contrainte,
08:29qui hélas celle-là aussi, elle est certaine.
08:32Les intérêts de la dette.
08:33Les intérêts de la dette aujourd'hui c'est 50 milliards.
08:36Et si vous faites la projection...
08:3767 a dit M. Lombard en fin d'année.
08:39Si vous faites les projections,
08:40ça sera à 100 milliards en 2035.
08:41C'est ça.
08:422035 exactement.
08:422035 même.
08:432035.
08:44Donc alors c'est parce qu'évidemment,
08:45il faut quand même prendre des prêts...
08:47Je suis conservateur.
08:48Donc vous voyez, je ne suis pas trop agressif.
08:50Ça veut dire que vous avez déjà,
08:52rien que sur ces deux postes,
08:53je rappelle pour nos téléspectateurs et nos auditeurs,
08:55350 milliards pour l'État.
08:58Vous avez déjà 200 milliards en trajectoire,
09:01qui sont certains à un horizon de 10 ans.
09:03Ça veut dire qu'en 10 ans,
09:05on n'aura plus que la moitié du budget
09:06pour payer les professeurs, les infirmières,
09:08les médecins, les juges, les policiers.
09:10Vous voyez donc bien que ce n'est pas possible.
09:12Parce que ça c'est certain ce que je viens de vous dire.
09:13Donc où il faut aller piocher ?
09:15Il faut aller piocher précisément dans cette poche
09:18de 1000 milliards.
09:19Alors il ne faut pas le faire.
09:21Il ne faut pas le faire en disant
09:22je vais prendre 200 milliards tout de suite.
09:24Il faut engager un chemin et s'y tenir.
09:27Et c'est vrai que...
09:28Et c'est ce que propose François Bayrou, selon vous ?
09:30Mais attendez, c'est pour ça que je vous dis,
09:31c'est un message politique.
09:32Et quand il dit,
09:33quand il dit,
09:34il prend, c'est intéressant,
09:35parce qu'il peut prendre un certain nombre d'éléments
09:37qui sont évidemment sujets à discussion,
09:39voire à controverse.
09:40Et je pense qu'il l'a fait exprès,
09:41c'est un politicien...
09:43Madré, aguerri.
09:44Aguerri, on va dire plutôt,
09:45je vous laisse madré.
09:47Monsieur de Villembeau et moi,
09:48on dit plutôt aguerri,
09:49parce que...
09:50Voilà, c'est comme ça.
09:52Mais ça veut dire la même chose.
09:53On veut dire la même chose.
09:55Et on veut dire la même chose,
09:56effectivement...
09:56Évidemment,
09:57et quand il va dire,
09:59quand il va dire évidemment
09:59qu'il faut redonner deux jours fériés,
10:03reprendre deux jours fériés,
10:05il sait bien que ça va faire polémique.
10:07Et ça fait polémique.
10:08Mais derrière,
10:08quel est le message qu'il envoie ?
10:09Il faut qu'il envoie un message simple.
10:11Je crois qu'il a été compris, celui-là.
10:13Il faut aussi qu'on travaille davantage.
10:15L'ensemble du reste de la masse de travail,
10:17que ce soit la rentrée,
10:18l'entrée dans le secteur,
10:19dans le monde du travail,
10:20que ce soit la sortie,
10:21un peu plus,
10:21un peu plus,
10:22dans la semaine,
10:23dans le mois,
10:24il est évident qu'à partir du moment
10:25où le travail supporte
10:29la protection sociale,
10:32ça veut dire que plus on travaille,
10:33plus on peut le faire.
10:34Vous voyez,
10:34il y a plein de petits messages comme ça.
10:35Il y a trop de fonctionnaires.
10:36Donc à partir de 2027,
10:38un fonctionnaire sur trois
10:39qui n'est pas...
10:40C'est Pinot.
10:40Un message simple.
10:41C'est pas Pinot.
10:42Attendez, pardon.
10:42Je vais vous poser la question.
10:43Attendez, il vient de dire.
10:44Non, c'est intéressant.
10:44C'est Pinot.
10:45Vous allez lui répondre après la pause
10:46parce que moi aussi,
10:47j'ai un message simple.
10:47C'est la pause.
10:49Europe 1 soir.
10:5019h, 21h,
10:51Pierre de Villeneau.
10:53Toujours avec Nathan Devers,
10:55Jules Torres,
10:55et l'ancien ministre de l'économie,
10:57ancien commissaire européen,
10:58Thierry Breton,
10:59avant de reprendre nos discussions
11:00sur le budget
11:02et sur cet acte politique
11:03tel que vous le dites,
11:05Thierry Breton,
11:06à propos de François Bayrou,
11:09la libération de Georges Ibrahim Abdallah.
11:11Un commentaire là-dessus ?
11:12Vous qui avez, à l'époque,
11:15étiez à la tête d'une grande entreprise
11:17quand il avait été mis en prison ?
11:19Oui.
11:20J'ai compris que cette libération
11:22était assortie du fait
11:24qu'il devait quitter le territoire national
11:26où il avait, précisément, sévi.
11:29Donc, je crois que c'est une bonne chose.
11:33Nathan Devers,
11:34vous vouliez interroger Thierry Breton.
11:35Oui, j'avais une question
11:36en vous écoutant
11:37parce que je vous écoute avec beaucoup d'intérêt
11:39faire ce portrait,
11:40cette fresque,
11:41à la fois alarmiste,
11:42mais lucide
11:43de la situation vraiment critique
11:45de l'économie française.
11:47Vous avez répété à plusieurs reprises
11:48le mot de pédagogie.
11:50Étymologiquement,
11:51pédagogie, c'est l'éducation des enfants.
11:53Ça suppose qu'il y ait,
11:54dans l'opinion publique,
11:55quelque chose qui ne soit pas
11:57à vous écouter
11:58dans la lucidité
12:01qu'un adulte pourrait avoir,
12:02entre guillemets,
12:03face au réel.
12:04Alors, vous avez rappelé
12:04qu'il y a 20 ans,
12:05vous alertiez déjà
12:06sur les dangers de l'endettement.
12:08François Bayrou le faisait aussi
12:10il y a 20 ans.
12:11Qu'est-ce qui, selon vous, explique
12:12qu'on ait attendu
12:13d'être au pied du mur
12:15ou au bord de la falaise
12:16pour poser vraiment,
12:18dans des termes lucides,
12:19la question dramatique
12:21de l'endettement,
12:22de l'explosion du déficit
12:23et donc de la fragilité
12:25de l'économie française ?
12:26Pourquoi on n'a pas parlé avant ?
12:27Et pourquoi ça n'a pas été écouté avant
12:29par l'opinion publique ?
12:29Je crois qu'on va dire
12:30qu'on en a parlé avant
12:31parce que tous les termes,
12:32encore une fois, du débat
12:33figurent in extenso
12:35dans le rapport Pembro
12:36et dans la communication
12:37qui en a été faite à l'époque
12:38et qui a été reprise,
12:39vous avez raison ensuite,
12:40en 2007,
12:41par François Bérou
12:43qui s'est appuyé du reste
12:44sur ses travaux
12:44pour en faire précisément
12:46un des éléments
12:46de son action politique.
12:48Hélas,
12:49je le dis hélas
12:49mais sans tirer
12:50d'autres jugements
12:51que ce que je vais dire,
12:52Nicolas Sarkozy
12:53ne partageait pas
12:54cette nécessité
12:55et entre 2007
12:56et 2012,
12:59la France
12:59a connu la période
13:00où c'est le plus endetté
13:01de son histoire.
13:02Il y a eu une crise financière
13:03sur le tour de 2008.
13:04Il y a eu une crise partout
13:04et pour vous donner des chiffres,
13:06Pierre de Villeneau,
13:07quand je quitte Bercy,
13:08l'endettement de la France
13:08c'était à 62%,
13:09celui de l'Allemagne à 67%.
13:11Oui, bien entendu.
13:1262% pour la France,
13:1267%.
13:14La crise allait
13:15des deux côtés du Rhin.
13:16Nous, on remontait
13:17à 85%.
13:18L'Allemagne à 72%.
13:20C'était la même crise.
13:21Donc,
13:21entre les 5 années
13:23du quinquennat Sarkozy,
13:26ça a été 25 points de Bible.
13:28Là ou d'autres,
13:28on fait 10%.
13:29Et c'est à ce moment-là
13:30qu'on dit...
13:30Et des pays comme l'Espagne
13:31ou la Grèce
13:31ont connu une situation
13:32encore plus compliquée.
13:33Oui, mais ils s'en sont sortis
13:35parce que nous,
13:35on a continué.
13:36Alors, pour répondre
13:36à la question...
13:37En fait,
13:37ce que dit Nathan
13:38est important et intéressant.
13:40C'est-à-dire qu'il y a eu
13:40cette période-là,
13:422007 et 2012,
13:44mais il y a eu cette période...
13:45Je pense que Nathan
13:46faisait référence
13:47à la période du quinquennat,
13:49du double quinquennat
13:49de M. Macron.
13:50Alors, d'abord,
13:51on va parler
13:53encore une fois des chiffres
13:54parce qu'ils élus
13:55seraient assez bien
13:55et ensuite,
13:56on va venir peut-être au fond,
13:57c'est mon analyse,
13:58du propos
14:00pour répondre
14:01à votre question.
14:02J'ai calculé
14:03l'endottement
14:04par année
14:06de chacun des présidents
14:07de la Ve République
14:07en commençant
14:08par Giscard
14:09et celui qui a fait
14:11le plus,
14:11c'est Sarkozy,
14:125 points de PIB
14:13par an
14:13pendant son quinquennat.
14:15Ensuite,
14:15c'est Hollande,
14:172,4 points de PIB
14:17par an
14:18pendant les 14 ans
14:19de son double septennat.
14:20Ensuite,
14:21c'est Macron
14:22et...
14:23Pardon,
14:24j'ai dit Hollande,
14:25je voulais dire Mitterrand.
14:27Excusez-moi.
14:27Ensuite,
14:28ça a été Macron
14:29et Hollande.
14:30Et Hollande,
14:31pardon,
14:31Macron et Hollande,
14:32oui, tous les deux,
14:32avec exactement le même chiffre,
14:33un 6 par an.
14:34Et ensuite,
14:35Giscard et Chirac
14:37qui ont fait 1 point par an.
14:38Donc,
14:38si je dis ça,
14:39ça veut dire qu'effectivement,
14:40tout le monde a des degrés divers
14:41qui a participé.
14:42Mais,
14:43en ayant essayé de remonter,
14:44parce qu'en intérêt de la dette,
14:45quand on analyse la dette,
14:46c'est un peu comme quand on fait
14:47de la géologie,
14:48on voit les strates
14:48et on voit ce qui s'est passé.
14:50On peut mettre des noms derrière,
14:51on peut mettre aussi des faits,
14:52souvent.
14:54En 1981,
14:56la dette de la France
14:57est de 20% par rapport au PIB.
14:59Lorsque Mitterrand va quitter
15:00ses fonctions,
15:0214 ans plus tard,
15:03la dette de la France
15:04est de 54 points de PIB.
15:05Il a augmenté donc de 34 points de PIB.
15:08Au fond,
15:08qu'est-ce qui s'est passé
15:08à ce moment-là ?
15:09Vous vous souvenez ?
15:10Mitterrand va nous dire,
15:12il veut,
15:13la gauche va arriver au pouvoir,
15:15très bien,
15:15et la gauche veut donc
15:17mettre sur pied
15:18des réformes sociales.
15:19Il fallait son 36.
15:21Il fallait ses congés payés.
15:23Et qu'est-ce qu'on va inventer
15:24pour les congés payés ?
15:26Alors que Mitterrand ne s'attendait pas
15:27à prendre le pouvoir.
15:28Il l'a pris,
15:29on se souvient comment.
15:30Il va inventer
15:31la réduction du temps de travail.
15:32Et quelque part,
15:33il va dire,
15:33ben voilà,
15:34moi,
15:35mon septennat,
15:35ça va être,
15:36je suis le ministre,
15:37le président socialiste
15:39qui va apporter
15:40la réduction du temps de travail
15:42comme une conquête sociale,
15:43vécue comme une conquête sociale
15:45à mes concitoyens.
15:46Et c'est à ce moment-là
15:47qu'on commence à baisser
15:47l'âge de la retraite
15:50de 65 à 60 ans,
15:51qu'on commence à parler
15:52de réduction du temps de travail,
15:54qu'on va aller jusqu'aux 35 heures.
15:55Et vous vous souvenez,
15:56à l'époque,
15:56il y avait même
15:57un ministre du temps libre.
15:58que Coluche appelait
16:02le ministre du temps perdu
16:03à un fric fou.
16:04Et ce ministre,
16:05on avait tellement de temps libre
16:06qu'il fallait donc
16:07que maintenant,
16:07l'État même nous l'organise.
16:09Mais surtout,
16:10on a fait croire
16:10à ce moment-là,
16:11on a dit,
16:11ben tiens,
16:12il y a une troisième voie.
16:13Il y a une singularité française.
16:15On n'est pas complètement
16:17communiste ou socialiste.
16:18On n'est pas complètement
16:19libéraux ou capitaliste.
16:20On a une troisième voie.
16:22C'est celle du
16:22travailler moins
16:23pour gagner au moins
16:25autant, voire plus.
16:26Et on a fait croire aux Français
16:28que c'était vraiment
16:30cette spécificité française,
16:32cette troisième voie.
16:33Sauf que comment on a financé ça ?
16:34Parce que, évidemment,
16:35la productivité,
16:35la compétitivité
16:36n'ont pas permis de financer
16:37par l'endettement.
16:38Et c'est à ce moment-là
16:39qu'on va inventer
16:40l'endettement
16:41pour financer
16:42un acquis social.
16:44Faisant croire
16:45aux Français
16:47qu'on avait trouvé
16:49finalement une singularité
16:50qui n'était qu'une singularité
16:51politique,
16:52alors que c'était en fait
16:53un usage
16:56dévoyé
16:57de la dette
16:57pour financer
16:58du fonctionnement courant.
17:01Et personne,
17:02personne n'a eu le courage
17:03de faire
17:04l'argenamento
17:05des années Mitterrand.
17:06Il faut le dire,
17:06il y a peut-être eu des choses bien,
17:07mais il y a eu vraiment ceci.
17:09On a pris ça ensuite
17:10comme un acquis
17:11et remettre,
17:13rediscuter cet acquis.
17:14C'est pour ça que je dis
17:14pédagogie,
17:15appelez-le comme vous voulez,
17:16discussion.
17:17Il faut vraiment
17:18expliquer que,
17:19voilà,
17:20c'est peut-être notre histoire.
17:21On a peut-être été laxiste,
17:23on l'a laissé aller,
17:24mais maintenant,
17:24il faut revenir là-dessus
17:26et redire que ça,
17:27c'est plus possible
17:28parce que financer
17:29notre bien-être,
17:31quel qu'il soit,
17:31du reste,
17:32quand on parle de bien-être,
17:33les Français estiment
17:33qu'en plus,
17:34c'est pas du bien-être,
17:35c'est pas du bien-être.
17:35C'est une démarche.
17:36Ça veut dire qu'on revient quoi ?
17:38On change la retraite,
17:39on met de la capitalisation,
17:41on revient à une durée du travail
17:44qui n'est plus de 35 heures
17:45par semaine,
17:46il y a tout un éventail.
17:47Et bien,
17:48vous reprenez finalement
17:49par votre intervention à l'instant
17:51exactement ce que je disais.
17:52Du rapport Pébrot.
17:53Non, non,
17:53pas que le rapport Pébrot.
17:54Quand vous regardez
17:55les petites briques,
17:57les petits clignotants
17:58qu'a indiqué le Premier ministre
18:00dans sa présentation,
18:02chacun veut dire
18:04quelque chose
18:05et dit qu'il faut ouvrir
18:06un chantier
18:07dans ce domaine-là
18:08parce qu'on ne le pourra pas.
18:09Même si la partition est ouverte.
18:10Même si je suis d'accord avec vous.
18:11Éric Lombard aujourd'hui
18:11a dit que tout était possible,
18:13que la négociation...
18:14Vous imaginez ce que ça va être ?
18:15C'est comme quand vous faites
18:16un dîner à 12,
18:17personne n'est d'accord
18:18sur la date,
18:19ni sur le plan,
18:19ni sur le...
18:20C'est ce qu'on dit systématiquement
18:21quand on est en démocratie
18:22et quand on présente un budget
18:24puisque bien entendu,
18:25c'est l'exécutif
18:26qui présente la copie
18:27mais celle-ci est votée
18:28par les co-législateurs.
18:34Il y a aussi des démocraties
18:35où on est plutôt des autocraties.
18:37Quand Donald Trump
18:38va présenter son
18:39One BBB,
18:40son One Big Beautiful Bill,
18:42il va dire
18:43« Take it or leave it ».
18:44Bon, voilà.
18:44Prenez-le ou on l'a.
18:46Est-ce que c'est pas ce qu'il faut
18:46aujourd'hui
18:47dans nos démocraties occidentales ?
18:49Parce que,
18:50y compris les républicains,
18:52dans la chambre,
18:52l'ont pas mal amendé.
18:53Donc, il faut évidemment
18:55que les chambres
18:55jouent leur rôle
18:57dans notre démocratie,
18:58même aux Etats-Unis.
18:59Thierry Breton,
19:00vous le savez aussi bien que moi,
19:01dans les grandes banques françaises,
19:03on commence
19:04à avoir une petite musique
19:06comme quoi la tutelle
19:06de la France par le FMI
19:08est toute proche.
19:08Non, ça,
19:09je n'y crois pas du tout
19:09parce que...
19:10Je le tiens
19:11d'une très grande banque
19:13ce jour.
19:13Bon, moi,
19:14je n'y crois pas du tout
19:16pour une raison
19:16qui est une raison...
19:19Vous savez,
19:19comment les agences
19:21de notation nous notent ?
19:23Les agences de notation
19:24nous notent
19:24en essayant de voir
19:25si,
19:27dans quelques circonstances
19:28qu'on se trouve,
19:29on pourra payer
19:30les intérêts de la dette,
19:30c'est-à-dire rembourser
19:31les créanciers.
19:33Alors nous,
19:33on a donc une dette
19:34de 3 300 milliards,
19:36la maturité de la dette
19:36de la France
19:37c'est environ 7-8 ans,
19:38ça veut dire que maintenant,
19:40il faut qu'on remette
19:41sur le marché
19:42un septième
19:43ou un huitième du stock.
19:44Mais même si vous n'y croyez pas,
19:45qu'est-ce que ça implique
19:46une tutelle du FMI
19:47pour les gens
19:47qui ne savent pas
19:48de quoi il s'agit ?
19:48Je vais juste aller au bout
19:49parce que c'est très important
19:50et donc,
19:51qu'est-ce que regardent
19:52ceux qui nous prêtent ?
19:53C'est la capacité
19:54à rembourser
19:55et il y a une chose
19:56qu'on sait bien faire en France,
19:57alors c'est une chose
19:57qu'on est vraiment là,
19:58on est même les champions du monde,
20:00c'est lever l'impôt.
20:01Alors ça,
20:02on est les champions du monde,
20:03il reste le numéro 1,
20:04c'est nous qui le vaut
20:04le plus d'impôts
20:05parce qu'on est très très bon
20:05et en tant qu'ancien patron de Bercy,
20:07je peux vous dire
20:07que les équipes
20:08sont très très bonnes.
20:09Donc les agences savent
20:11que s'il y a vraiment
20:12un problème,
20:13eh bien on lèvera l'impôt,
20:13la TVA pourra passer
20:14de 20 à 21,
20:15puis à 22,
20:15on a tout eu cette capacité
20:16et j'ajoute également
20:17que qu'est-ce que regardent
20:18aussi les agences de notation
20:19Pierre Domino
20:20et aussi le FMI ?
20:21Je dis sans vouloir
20:22faire peur à quiconque
20:23mais ils regardent aussi,
20:24je vous explique
20:25comment ils fonctionnent,
20:26l'épargne,
20:26parce que cette épargne
20:27c'est une réserve,
20:28on en a 6 000 milliards nous
20:29et donc ils regardent ça
20:30en disant,
20:31voilà,
20:32et ça revient à ce que je disais
20:33juste précédemment,
20:34il y a des poches,
20:36il y a des poches,
20:36il ne se fait pas peur du tout,
20:37il y a des poches,
20:38il y a des poches,
20:39c'est ce qu'on regarde
20:39encore une fois,
20:40les agences
20:41et c'est la raison pour laquelle
20:42on n'en est pas là,
20:45si jamais le FMI
20:46évidemment arrivait
20:47comme il a pu le faire
20:48dans des pays,
20:48y compris des pays européens
20:49y compris du reste
20:50en Grande-Bretagne,
20:50on s'en souvient sous Wilson,
20:52donc c'était pas très loin
20:53de chez nous,
20:54il arrive et il dit,
20:55voilà,
20:56il faut faire ce qu'il a fait
20:57par exemple en Espagne
20:58ou en Grèce,
20:59ça veut dire,
20:59il faut moins de fonctionnaires,
21:00il fait quasiment,
21:01il fait quasiment,
21:02là pour le coup,
21:03c'est la tronçonneuse,
21:03c'est ce que j'allais dire,
21:04voilà,
21:05il fait quasiment,
21:05et il faut évidemment
21:06pas en arriver là,
21:07on n'en est pas là,
21:08mais c'est bien pour ça
21:09qu'il faut que collectivement,
21:10eh bien,
21:11on prenne maintenant
21:11cet exercice,
21:12parce que vous savez,
21:13on est dans une situation
21:14qui est extraordinairement incertaine,
21:15politique,
21:16c'est pas à vous
21:16que je vais le dire,
21:17vous en parlez tous les jours
21:19à votre micro,
21:20personne ne sait
21:21si le gouvernement
21:22sera encore là
21:22dans six mois,
21:24dans deux mois,
21:25dans deux semaines,
21:26et donc,
21:26comment engager à la fois
21:27les réformes qui vont bien
21:29et répondre à cette incertitude
21:31politique,
21:31eh bien,
21:32au moins,
21:32utilisons ce temps
21:33pour essayer de créer
21:34un consensus
21:35sur l'état des lieux
21:36entre nous,
21:37Français,
21:38qui sommes attachés
21:40encore une fois
21:40à cet héritage
21:41du Conseil National
21:42de la Résistance,
21:44mais dont on sait
21:44qu'il n'est plus finançable
21:46aujourd'hui
21:46par nos propres moyens.
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