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00:00Sophie Taillet-Pollion, ce n'est pas la première fois que la gauche dépose autant l'amendement sur un texte auquel elle est opposée,
00:07mais cette fois, le bloc central aidé de la droite a trouvé un moyen de vous contrer. Est-ce que c'est justifié, cette motion ?
00:14Alors, c'est déjà la deuxième fois de lundi consécutif que la majorité s'oppose à son propre texte
00:23pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de débat et surtout pour faire en sorte que les choses soient réglées dans l'opacité d'une CMP,
00:31d'une réunion qui va permettre à 7 sénateurs, 7 députés d'essayer de se mettre d'accord.
00:37On sait déjà qu'ils vont se mettre d'accord. Et je rappelle, parce que ça a été quand même très médiatisé au moment notamment de la loi immigration ou des retraites,
00:45que personne n'a le droit de communiquer ce qui se passe dans le CMP. Donc c'est l'opacité la plus totale.
00:51Ils ont refusé le débat en transparence à l'Assemblée nationale. Ils ont voté contre leur propre texte pour privilégier l'opacité.
01:02Ça, c'est une instruction de la gauche avec des centaines d'amendements qui ont été déposés pour ralentir les débats et être hors délai.
01:10Il n'y a pas de délai ou hors délai pour la démocratie. Le seul droit des parlementaires…
01:15Sur des propositions de loi, il y a des délais.
01:16Le seul droit des parlementaires d'opposition, c'est l'amendement. C'est le seul que nous ayons réellement, à part les commissions d'enquête dont nous faisons beaucoup usage,
01:30mais qui ne peuvent pas intervenir sur des lois en cours. Donc qu'est-ce qu'on veut faire ? En fait, on muselle l'opposition tout simplement en faisant un vote contraire à ses propres convictions.
01:41Obstruction ou droit d'amendement ?
01:44Mais c'est la gauche, en fait, qui est prise à son propre jeu.
01:45C'est-à-dire qu'à force de faire de l'obstruction en multipliant le nombre d'amendements pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de débat et qu'il n'y ait pas de vote in fine,
01:54et bien effectivement, là, aujourd'hui, ils se sont fait, entre guillemets, avoir.
01:57Et la majorité, en tout cas le bloc central, a voté cette motion de rejet pour pouvoir accélérer le texte et que ça revienne en commission de mixte paritaire.
02:06Parce qu'en fait, quand on regarde le projet, c'est avant tout un projet social, un projet qui va permettre de désenclaver un territoire.
02:14C'est quand même important. Il faut, à mon avis, sortir aussi de cette vision parisianiste de nos territoires.
02:21Les territoires ruraux ont aussi le droit d'être désenclavés et d'avoir une activité économique qui leur permette de vivre.
02:25– On parlera du fond du débat sur la 69, mais quand même, Xavier Covelli, vous défendez cette nouvelle tactique du bloc central et de la droite
02:31qui est de rejeter, eh bien, leur propre texte pour refuser le débat.
02:35– Ce n'est pas une tactique, c'est un principe de réalité.
02:37Aujourd'hui, l'Assemblée nationale n'a pas de majorité.
02:40Donc, ça veut dire qu'aujourd'hui, on est obligé, la gauche utilise des outils réglementaires et des outils constitutionnels pour bloquer les débats.
02:49Le bloc central essaie de faire en sorte de s'adapter à cette nouvelle réalité et donc de faire avancer le débat
02:54parce que le Sénat, lui, travaille.
02:56Nous avons travaillé sur ce texte et nous avons maintenant besoin qu'il puisse avancer en commission.
03:00– Vous n'êtes pas d'accord, Sophie Taillet-Polier ?
03:02– Non, c'est pas comme ça qu'on fait avancer le débat.
03:03– Je ne suis pas d'accord.
03:04D'abord parce qu'à l'Assemblée nationale, il y a beaucoup de textes qui se succèdent sans réelle envergure importante.
03:11Donc, en fait, le calendrier parlementaire, il est occupé par une myriade de petits textes qui ne sont pas très urgents.
03:19Et le gouvernement choisit de, je dirais, de laisser faire tout ça comme ça.
03:26Et donc, évidemment, ça rend le calendrier incompréhensible, inaudible.
03:30– Volontairement, c'est une tactique.
03:31– Bon, donc il y aurait d'autres possibilités d'organiser le calendrier parlementaire.
03:36Mais en réalité, le gouvernement, je dirais, dénie à l'Assemblée nationale son droit d'être la chambre base,
03:43la plus importante, parce qu'élue au suffrage universel.
03:47Elle préfère s'appuyer sur des propositions de loi venant du Sénat,
03:51parce que finalement, dans son accord avec LR, il y a une forme, voilà, on se met d'accord.
03:57Et on préfère les CMP où il n'y a pas de transparence et où les débats sont opaques.
04:02– Pardonnez-moi, mais c'est assez drôle, Madame la députée.
04:04– Non, non, pardon, je voulais terminer.
04:05– Oui, mais vous parlez beaucoup.
04:06– Donc, en réalité, ce qui se passe, c'est qu'on est prêts aux plus grandes acrobaties
04:11à voter contre ses propres textes pour éviter le débat.
04:14– Alors, la réponse rapide de Xavier Covelin, puis après, on passe au débat sur le feu.
04:17– Vous vous plaignez que le Bloc central dénie le droit de l'opposition
04:22et de chaque parlementaire de pouvoir déposer des amendements,
04:25c'est ce que vous avez dit lors de votre premier propos,
04:26mais là, vous dénoncez le fait qu'il y ait une multiplication d'initiatives parlementaires,
04:30de textes parlementaires issus à la fois de l'Assemblée nationale et des sénateurs
04:35sur, justement, du temps parlementaire.
04:37Donc, au bout d'un moment, il faut savoir ce que vous voulez,
04:39c'est soit il y a des initiatives parlementaires et elles sont louables
04:42et chaque parlementaire peut porter un certain nombre de propositions
04:45et dans ces cas-là, il faut jouer aussi avec les outils que la Constitution
04:48et que nos règlements peuvent répondre.
04:50– Rapidement, après, on va parler du fond de la société.
04:51– Dans ces cas-là, il faut museler comme vous l'avez proposé,
04:54c'est-à-dire que vous estimez que les propositions de loi
04:58sont des petites propositions de loi
05:00et que ça ne sert à rien de les étudier.
05:02Eh bien, si, en fait, je peux vous dire que les habitants du Tarn,
05:05à 70%, ils attendent ce texte et ils attendent d'avoir une autoroute
05:09pour désenclaver leur territoire.
05:10– Ce texte pouvait être inscrit sur la semaine du gouvernement ?
05:14– Alors justement, parlons de mis autant d'amendements pour bloquer le texte.
05:18– Il y a un dévoiement du travail parlementaire en ce moment.
05:22Donc évidemment, les parlementaires font leur travail,
05:24font des propositions de loi, travaillent des dispositifs,
05:27mais en réalité, le gouvernement se cache derrière cela,
05:32parfois pour aller au-delà de ce que veulent les parlementaires
05:35et pour placer leur vision, parfois contraire à ce que veulent les parlementaires.
05:40Par exemple, la PPL sur l'audiovisuel public, on est typiquement là-dedans.
05:43– En s'appuyant sur le Parlement ?
05:45– On dévoie la proposition du sénateur Laffont,
05:48Madame Dati la reprend, et ça lui permet, en fait,
05:51par cette astuce parlementaire, de passer par-dessus la réelle volonté du Parlementaire.
05:56– Alors il y a beaucoup de stratégies en ce moment au Parlement.
05:56– Voilà, mais c'est extrêmement complexe, c'est technique,
05:58mais je crois qu'il y a un dévoiement actuel qui est assez grave.
06:02– Il faudrait qu'on parle du fond, il faudrait qu'on parle de ce débat
06:04qu'il y a sur l'autoroute à 69.
06:05– La gauche se plaint que nous ayons voté une proposition de rejet qu'ils ont déposée.
06:11– Je pense que là, les Français ont bien compris.
06:14– Alors, parlons du fond et du débat qu'il y a au sein de la société,
06:18donc au sein de l'Assemblée nationale, sur cette autoroute à 69 entre Castres et Toulouse.
06:22Xavier Acovelli, il y a quand même un coût environnemental de ce projet
06:25avec plus de 400 hectares de terres agricoles qui vont être détruites,
06:30des centaines d'arbres, des arbres bicentenaires même.
06:32Est-ce qu'il fallait un tel sacrifice environnemental
06:35pour finalement gagner 15 minutes de plus sur le trajet routier entre Castres et Toulouse ?
06:39– Ce n'est pas seulement 15 minutes de plus, c'est désenclaver tout un territoire,
06:41c'est la création de plus de 1 000 emplois
06:43et on compense effectivement par la plantation de plus de 5 000 arbres.
06:49Nous avons plus de 180 hectares aussi qui vont être protégés.
06:53C'est aussi réduire la pollution, c'est-à-dire que ça va être
06:56la première autoroute d'Occitanie en flux libre, c'est-à-dire sans péage,
07:00donc justement pour éviter les augmentations de polluants au moment du freinage
07:07quand on arrive à un péage.
07:08Donc tout ça, ce sont des éléments qui ont été pris en compte.
07:10Mais je pense qu'il ne faut pas opposer développement économique,
07:14désenclavement de nos territoires ruraux et écologiques.
07:16Je pense que tout va ensemble et qu'aujourd'hui,
07:18si nous voulons aussi repeupler les zones rurales,
07:21il faut aussi faire en sorte de désenclaver nos territoires.
07:23– Sophie Taille-Pollion, sur le fond, ce projet d'autoroute entre Castres et Toulouse,
07:27c'est aussi une nécessité économique pour desservir une zone,
07:31le bassin de vie de Castres-Mazamé, qui n'a ni TGV ni aéroports ?
07:35– Alors, c'est un territoire extrêmement important,
07:41comme tous les territoires de notre pays,
07:43et il a le droit d'avoir des infrastructures, à être desservi,
07:47à pouvoir se développer.
07:49Mais est-ce bien une autoroute qui permettra de faire cela ?
07:53Nous, nous pensons que non.
07:55Pourquoi ? Une autoroute, c'est vraiment le XXe siècle.
07:59Et d'autres solutions moins coûteuses,
08:03surtout sur le plan environnemental, étaient possibles,
08:06notamment rénover la route nationale et la voie ferroviaire.
08:11Aujourd'hui, nous avons une difficulté…
08:13– C'est vétuste actuellement.
08:14– Absolument.
08:15Mais pourquoi c'est vétuste ?
08:17Et pourquoi les gens de ces territoires souffrent
08:18de ces infrastructures laissées à l'abandon ?
08:21Parce que ça fait 30 ans qu'on essaye, qu'ils essayent,
08:26et notamment le lobby de l'industrie locale,
08:30d'avoir cette autoroute contre toute raison.
08:34Donc, c'est un projet anachronique, déraisonnable,
08:37qui va coûter très cher.
08:39Quand M. Iacovili dit que c'est un projet social,
08:42c'est quand même 17 euros pour prendre cette autoroute.
08:44Donc, ça va coûter 230 euros par mois aux gens
08:47pour faire cet aller-retour, sans compter les frais de la voiture.
08:51Donc, ça n'est pas un projet social.
08:53Je crois que c'est un entêtement caractérisé
08:55de gens qui ne veulent pas reconnaître que ces projets-là,
08:58c'était les projets d'avant,
08:59et que maintenant, il faut travailler autrement.
09:02J'ajoute que les villes moyennes,
09:05quand elles sont reliées comme ça,
09:06avec des infrastructures aussi puissantes, aussi rapides,
09:10qui ne ménagent pas du tout le trajet entre les deux,
09:14ça se fait au détriment des villes moyennes.
09:16C'est-à-dire, finalement, ça capte les dynamiques
09:18encore plus vers la ville-centre.
09:20Donc, pour moi, c'est en plus une erreur d'aménagement du territoire.
09:23Oui, c'est un risque fort.
09:24C'est un projet du passé, cette autoroute, Xavier ?
09:26Non, ce n'est pas un projet du passé.
09:27D'ailleurs, on le voit,
09:28quand 70% des habitants du Tarn sont favorables
09:31à la création de cette autoroute,
09:32quand plus de 550 entreprises,
09:35dont le premier employeur du Tarn,
09:38demandent cette autoroute,
09:39c'est qu'il y a aussi un enjeu social,
09:41et je maintiens un enjeu social,
09:43parce que l'enjeu social,
09:44c'est aussi le maintien de tous ces emplois
09:46et de cette vie économique dans ces territoires ruraux.
09:49Honnêtement, moi, je veux bien
09:50qu'on oppose systématiquement l'écologie
09:52avec le développement économique.
09:53C'est vous qui le faites, par contre ?
09:54Le jour où il n'y aura plus d'emplois,
09:56effectivement, il n'y aura plus personne dans ces territoires
09:58et on pourra en faire des parcs naturels,
09:59effectivement, et vous serez certainement content.
10:00Sophie Tavé-Paulian, peut-être un mot pour élargir une réponse rapide.
10:05Je n'ai pas du tout dit qu'il fallait transformer Castres en parc naturel.
10:08Et aujourd'hui, l'entreprise Pierre-Fabre,
10:11elle va plutôt bien,
10:14et aujourd'hui, on peut développer d'autres modes de transport,
10:17et moi, je fais le pari que si cette autoroute est mise en service,
10:20ça va plutôt aller au détriment du développement de la ville de Castres
10:23au profit de la ville de Toulouse,
10:25et ça, c'est une vision de l'aménagement du territoire
10:28qui est extrêmement néfaste pour les territoires ruraux.