Samuel Fitoussi présente son livre «Pourquoi les intellectuels se trompent»

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«J'essaie d'expliquer les ressorts de l'aveuglement idéologique» : Samuel Fitoussi présente son livre «Pourquoi les intellectuels se trompent», sur CNEWS.

Transcript

00:00C'est un livre où je pars d'un constat, au XXe siècle, nos plus grands intellectuels se sont presque toujours trompés.

00:04Sartre, quand il s'est engagé en politique, son oeuvre est indéniablement majeure, son oeuvre littéraire et philosophique,

00:09mais lorsqu'il s'est engagé en politique, il a utilisé toute son intelligence pour rationaliser des absurdités,

00:14pour défendre Mao, pour défendre Staline, pour défendre le terrorisme palestinien au JO de Munich,

00:18pour défendre la révolution iranienne, etc. Le bilan moral de son engagement est catastrophique.

00:22Sartre, c'est un exemple parmi d'autres. Je donne beaucoup d'exemples dans mon livre,

00:26mais la thèse, mon livre n'est pas une liste d'exemples. Dans mon livre, j'essaie d'expliquer pourquoi on peut se tromper.

00:33J'essaie d'expliquer quels sont les ressorts de l'aveuglement idéologique.

00:37Pourquoi est-ce que, pour reprendre la formule de Peggy, pourquoi est-ce qu'il est possible de ne pas voir ce qu'on voit ?

00:41Pourquoi est-ce qu'il est possible de résister à l'évidence ? Comment fonctionne le cerveau idéologique ?

00:45Et pour donner un petit exemple, le grand intellectuel Arthur Kostler est allé dans les années 30,

00:51s'est rendu dans les années 30 en Ukraine. Il y est allé, persuadé que l'URSS avait trouvé la clé de l'utopie

01:00pour favoriser le bonheur humain. Et il a vu des gens affamés. Il a vu des mères porter leur bébé squelettique.

01:05Il a vu des paysans supplier les touristes de leur donner un bout de pain.

01:10Et pourtant, ses yeux lui ont interdit de voir ce qu'il voyait.

01:12Dans son journal de voyage, il a écrit

01:16« La cabine téléphonique dans mon village est super, ça laisse présager un avenir radieux. »

01:21Et son cerveau lui a interdit de voir ce qu'il voyait.

01:23Parce qu'il ne fallait pas critiquer le communisme.

01:24Et plus tard, dans ses mémoires, il écrit « J'avais des yeux pour voir et un cerveau entraîné pour déformer ce que mes yeux voyaient. »

01:31Donc ça décrit bien le mécanisme de l'université.

01:33« Voir ce que l'on voit et dire ce que l'on voit. »

01:35Mais c'est encore plus dur.

01:36C'est pour des raisons cognitives beaucoup plus compliquées que ce que l'on croit.

01:39La pause. Je vous montre dans mon livre.

01:40La pause.

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