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  • 27/05/2025
Jean-Claude Douliéry, son compagnon et futur papa de l'enfant qu'elle attend, ne s'en inquiète pas. Manuel Ortiz, lui, se ronge les sangs. Il entretient une relation fusionnelle avec sa fille et ne peut pas croire qu'elle ait décidé de disparaître de son propre chef. Après une courte enquête et sans indice laissant penser à un crime, la police cesse ses investigations. De son côté, Manuel Ortiz ne laisse pas tomber les recherches, il crée une association et multiplie les manifestations pour retrouver sa fille. Durant six ans, ses efforts restent vains, mais, en novembre 2007, une autre affaire dans laquelle est impliqué Jean-Claude Douliéry va permettre de faire la lumière sur la disparition de Dominique.

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Musique douce
00:03...
00:15On ne touche pas à ma fille, que ce soit n'importe qui,
00:19personne ne touche à ma fille.
00:21Vous faites du mal à ma fille, vous me faites du mal à moi.
00:25Moi, j'étais prêt à faire ma justice.
00:30Je suis d'une origine où c'est d'un point de vue pour eux.
00:37C'est mon devoir.
00:41Cet homme s'appelle Manuel Ortiz.
00:43Pendant si longues années, inlassablement,
00:46il a recherché sa fille, elle s'appelait Dominique,
00:49elle avait 30 ans, elle était enceinte de son premier enfant.
00:53Un soir de mars 2001, elle a disparu, subitement.
00:57Pour Manuel Ortiz, c'est le début d'un long calvaire,
01:00d'une longue traque pour retrouver sa fille avec une certitude.
01:04Jamais, mais jamais, sa Domi, comme il aimait l'appeler,
01:07ne serait partie sans lui.
01:09Et il avait raison, cet homme,
01:11jamais Dominique n'aurait abandonné son père qu'elle aimait tant.
01:14Dominique était très douce, très souple en caractère,
01:19jamais un mot plus haut que l'autre, très attachante.
01:25Dominique, petite.
01:27Déjà, elle me suivait partout,
01:29parce que j'étais un peu plus vieille qu'elle,
01:32donc j'étais un peu son modèle.
01:35On était comme deux sœurs, plus que comme des cousines.
01:38Une petite soupinette modèle, elle était, voilà.
01:41Et adulte, elle était fort gentille aussi.
01:44Voilà, tout pour son papa, ses chevaux.
01:47Les chevaux, c'est très important, autant pour moi que pour Domi.
01:51Moi, de tout temps, j'ai eu des chevaux.
01:54Ma fille avait eu des chevaux très jeunes,
01:56elle a grandi dedans.
01:58La petite, elle avait 4 ans,
02:00on la voyait dans les pattes des chevaux.
02:02C'était une très bonne cavalière.
02:04Je me dis, bon, moi, je suis un bon cavalier.
02:07Mais ma fille était supérieure.
02:09Tout le monde la connaissait, même au village.
02:12Des fois, elle allait acheter son pain à cheval, quoi.
02:15C'était rigolo, quand même.
02:17Toujours, toujours à cheval.
02:19Alors, écoutez, relation père-fille exemplaire.
02:22L'osmose entre eux, c'était, voilà, son papa, sa fille chérie.
02:28Son papa était très important pour Domi.
02:31C'était l'homme de sa vie, je veux dire.
02:33Oui, ma fille et moi, c'est une histoire d'amour.
02:37Ma femme est partie, Domi avait à peine, à peine 3 ans.
02:42Elle est partie en oubliant l'enfant.
02:45Elle ne s'est pas oubliée de partir, mais elle a oublié l'enfant.
02:48Le soir, quand je suis rentré du boulot,
02:50il y avait l'appartement inoccupé, à part ma petite.
02:55J'ai levé Dominique tout seul.
02:57Sa fille, c'était tout pour lui, quoi.
03:00Il n'y avait pas d'autre priorité dans sa vie.
03:02C'était que sa fille qui comptait.
03:05Elle n'a manqué de rien, quoi.
03:07Tant qu'il y avait ces moyens de l'époque et tout, qu'il pouvait.
03:12C'était sa fille, puis c'est tout.
03:14On avait une complicité incroyable.
03:16Je me suis battu pour avoir la garde de ma fille.
03:21J'en arrivais à me demander si je n'ai pas eu tort.
03:25Manuel Ortiz et sa fille Dominique vivaient entourés de leurs chevaux
03:28dans leur ranche située à Halot, une petite commune à côté de Marseille.
03:32À 30 ans passés, Dominique n'avait jamais quitté son père,
03:36mais depuis quelques temps, elle avait un amoureux.
03:39Il s'appelait Jean-Claude Doulieri.
03:41Dominique m'a présenté Doulieri
03:45en me disant qu'apparemment, il lui convenait,
03:49qu'il parlait calmement.
03:53C'était un bonhomme qui paraissait tout à fait normal.
03:58Ça n'avait pas l'air d'une canaille ni rien,
04:00ça avait l'air de quelqu'un de normal.
04:02Dominique et Jean-Claude, fous amoureux.
04:05Jean-Claude, fou amoureux de Dominique.
04:08Je lui disais à Dominique de ne pas aller trop vite,
04:10parce que ça allait trop vite, mais ils étaient fous amoureux.
04:13Il a séduit, quoi. Il a mis le paquet.
04:16Mais après, oui, bien sûr qu'elle était amoureuse.
04:19Des fleurs, des câlins, pleines de tendresse,
04:22plein d'attention, plein de mots gentils.
04:25Toutes ces choses que nous, on n'a pas forcément, voyez-vous.
04:28Voilà. Ou elle a plu.
04:30Et bien lui, il était comme ça.
04:31Dans les autres époques, ça parlait de mariage,
04:34voilà, c'était tout à l'heure l'homme de sa vie.
04:38En plus, dans la réalité, ça avait été vraiment l'homme de sa vie.
04:42Il n'y en aura jamais d'autre après.
04:44Dominique Ortiz et Jean-Claude Doulieri
04:46sont en couple depuis quatre mois à peine.
04:48Lorsque Dominique va se retrouver enceinte,
04:51c'est un vrai bonheur pour le jeune couple.
04:53Sa grossesse, oui, dès le départ, c'était un vrai bonheur,
04:57parce que c'était le bon moment pour elle.
05:00Voilà, elle avait 30 ans, elle se sentait prête.
05:03Tout était pas mal.
05:05À 90 %, ça les démaie, d'avoir un gamin.
05:09Et elle n'a pas manqué la règle.
05:12Et lui, Jean-Claude Doulieri,
05:15hyper content aussi, mais vraiment.
05:19Et là, elle dit, mon père va être ravi.
05:24Dominique m'a annoncé que j'allais être grand-père.
05:27Et là, rien n'est de bonheur.
05:29Moi aussi.
05:31Ma petite famille, c'est bien, c'est très bien.
05:34C'était une très bonne nouvelle.
05:37Parce que des Ortiz, de notre famille,
05:40il y avait qu'elle et moi.
05:43Dominique était enceinte de trois mois
05:45et attendait avec impatience l'arrivée de son bébé.
05:48Mais c'est à ce moment de bonheur pour la jeune femme
05:51que sa vie va s'arrêter, précisément le 25 mars 2001.
05:54Ce jour-là, Dominique et son père
05:56avaient organisé une fête pour la jeune femme.
05:59Dominique et son père avaient organisé,
06:01dans leur ranch, un barbecue
06:03où leurs proches devaient venir.
06:05Mais, étrangement, le matin du jour de la fête,
06:08Dominique, qui n'avait pas dormi au ranch,
06:11n'arrivait pas.
06:13En fait, elle n'est jamais venue.
06:15On a commencé à se dire, il y a un problème.
06:18Parce que ma fille, c'est pas ça.
06:20Ma fille, si elle dit que je suis là, elle est là.
06:22Elle ne peut pas ne pas être là.
06:24D'une part, parce qu'il y a ses amis
06:26avec qui elle doit festoyer.
06:28Mais surtout, et d'autre part,
06:30parce qu'il y a les animaux dont il faut s'occuper.
06:33Le rituel familial, c'est s'occuper des bêtes tous les jours.
06:36Elle n'est pas là.
06:38Et Manu comprend qu'il y a un gros problème.
06:40On a commencé à téléphoner.
06:42Bon, ça commençait à tomber en messagerie.
06:44Jusqu'à ce que la messagerie était archipelaine.
06:46Pas moyen de la joindre au miel,
06:48ni de la joindre aux douilleries.
06:51On a commencé à faire un peu les fous, quoi.
06:55Moi, j'ai compris de suite.
06:57J'ai dit, là, c'est pas normal.
06:59Dès le départ, on a dit qu'il y avait un problème.
07:01On ne s'imaginait pas que le problème
07:03était si important que ça.
07:05À ce moment-là, par une sorte de sixième sens,
07:07tout de suite, Manuel Ortiz
07:09se rend compte de la gravité de la situation
07:11et se précipite à la gendarmerie.
07:13J'arrivais, je dis, voilà,
07:15je suis inquiet, ma fille a disparu.
07:17Bon, et de suite,
07:19ils se sont intéressés à moi, mais de suite.
07:21Ils m'ont dit, bon,
07:23s'appelle comment ?
07:26Quand j'allais là, j'ai dit,
07:28elle a 30 ans, 30 ans.
07:30J'ai refermé le machin,
07:32j'ai dit, elle peut faire ce qu'elle veut.
07:35Elle n'a pas informé de ce qu'elle fait.
07:37Elle ne serait pas partie sur le gros de tête,
07:39c'est pas vrai, c'était pas son genre.
07:42Elle n'aurait jamais laissé son papa sans nouvelles.
07:45On a un père
07:47qui est persuadé
07:49d'être dans une situation dramatique,
07:52qui va exposer son angoisse.
07:54Aux gendarmes.
07:56Il lui répond de procédure.
07:58Donc indifférence.
08:00Circuler, il n'y a rien à voir.
08:02C'est quelque part le cœur d'un père
08:04qui s'adresse à un code de procédure pénale.
08:08Il y a nécessairement une incompréhension.
08:10Et on perd un temps précieux.
08:12Moi, je ne demandais pas comment l'emmener
08:14pour une vieillie.
08:16Elle va bien ?
08:18C'est tout ce que je demandais.
08:20Les nerfs que ça m'a filé.
08:23Parce que là, je ne pleurais pas.
08:25J'avais une haine.
08:27Ne pouvant rien obtenir des gendarmes,
08:29Manuel Ortiz tente de joindre Jean-Claude Doulieri,
08:32car Dominique lui avait dit la veille au soir
08:35qu'elle ne rentrerait pas à la maison,
08:37qu'elle passerait la nuit avec Jean-Claude.
08:39Mais elle avait ajouté
08:41qu'elle rentrerait au ranch dès le matin
08:43pour préparer le fameux barbecue.
08:45Donc Jean-Claude devait bien savoir
08:47où se trouvait Dominique.
08:49Je ne suis pas arrivé à joindre Doulieri.
08:52Il a refilé totalement mes appels.
08:55Jusqu'à ce qu'il éteigne carrément son téléphone.
08:57A moi, il ne me répondait pas.
08:59Mais il n'y a qu'à moi qu'il me zappait.
09:01Il n'a pas de nouvelles.
09:03Donc j'ai dit, j'appelle Jean-Claude.
09:05Je lui dis, mais où tu étais hier soir ?
09:10Et il me dit, nous étions à l'hôtel.
09:16Il dit qu'il a passé la nuit avec Dominique
09:18et que le matin,
09:20à la fin de la matinée,
09:22il l'a déposée au Métro de la Rose.
09:24Parce qu'elle avait envie de faire des courses.
09:26Je dis, mais elle ne fait pas des courses en ville.
09:28Elle ne va jamais en ville.
09:30Elle déteste la ville Dominique.
09:32Et encore bien plus le métro.
09:35C'est un dimanche, au Métro de la Rose,
09:37il n'y a pas de magasin.
09:39Il y a d'autres petites boutiques
09:41dans le truc du métro.
09:43Mais le dimanche,
09:45elles font comme tout le monde, elles le ferment.
09:47Il dit clairement, et nous le comprenons ainsi,
09:49que c'est la dernière personne
09:51de l'entourage de Dominique Ortiz
09:53à l'avoir vue.
09:55Et c'est effectivement le dernier
09:57à avoir vu cette jeune femme.
09:59C'est pour ça que je me suis dit,
10:01il y a un problème, et lui, il est dans le problème.
10:03Manuel Ortiz veut absolument
10:05avoir des explications avec Jean-Claude Doulieri,
10:07mais le jeune homme semble fuir.
10:09Alors Manuel Ortiz
10:11va avoir une idée.
10:13J'ai monté plus ou moins une dracona.
10:15J'ai demandé
10:17à Liliane,
10:19comme ils étaient
10:21bien copains ensemble,
10:23j'ai demandé
10:25d'arriver à le faire revenir chez elle.
10:27À ce moment-là, j'appelle Jean-Claude
10:29et je lui dis de monter
10:31chez moi, mais je ne lui dis pas
10:33que Manu serait chez moi,
10:35puisqu'il refusait de parler à Manu.
10:37Donc Manu est arrivé,
10:39je l'ai fait monter à l'étage,
10:41et lui, quand il est arrivé,
10:43ne sachant pas
10:45qui est Manu dans la maison,
10:47je lui pose des questions.
10:49Jean-Claude ne me regarde jamais dans les yeux,
10:51il a toujours la tête baissée.
10:53Il regarde à droite, il regarde à gauche.
10:55Mais vous arrêtez, vous me prenez pour quoi ?
10:57Vous croyez quoi, que j'ai fait mal à Dominique ?
10:59Quand même, on va voir un petit.
11:01Il ment, il tourne,
11:03il n'est plus dans son état normal.
11:07J'étais dans la cage d'escalier,
11:09j'étais sur place.
11:11Liliane l'avait ratinée,
11:13en lui expliquant que moi,
11:15je faisais le fou,
11:17je cherchais ma fille de partout.
11:19Bon, lui, rien.
11:21Ma fille attend son enfant,
11:23on ne sait pas où elle est,
11:25on ne sait pas ce qui se passe,
11:27c'est rien.
11:29Et Douléri, il est bien tranquille,
11:31il fait sa petite vie,
11:33il ne veut pas entendre parler,
11:35il les appelle totalement.
11:37Moi, je suis très familier
11:39de voir la réaction de Douléri,
11:41à ce moment-là, Manu descend
11:43des escaliers,
11:45il arrive, il regarde Manu,
11:47il baisse la tête, pris de frayeur,
11:49il tremble, il tremble,
11:51il a très peur.
11:53Il est dingue.
11:55Moi, je suis son père,
11:57on va aller ensemble à la gendarmerie.
11:59Il a totalement refusé d'aller à la gendarmerie.
12:01Lui, il n'allait pas aux flics.
12:03Et j'ai simplement dit,
12:05tu vas y aller,
12:07ou allongé, ou debout,
12:09ça, il n'y a pas de problème.
12:11J'ai même fait plus que le menacer,
12:13j'ai commencé à agir,
12:15j'ai commencé à agir,
12:17je l'ai menacé avec une arme.
12:19Manu sort le pétard,
12:21lui met sur la tête et lui dit,
12:23maintenant, tu vas dire,
12:25qu'est-ce qui est arrivé à ma fille ?
12:27Là, il est pris de panique,
12:29mais vraiment, grosse panique.
12:31Il est parti, il a sauté la table,
12:33on aurait dit,
12:35bien qu'il avait 30 ans passé,
12:37il va se précipiter à la gendarmerie
12:39pour porter plainte contre Manuel Ortiz.
12:41Les gendarmes se rendent alors au ranch,
12:43mais là, ils s'aperçoivent que l'arme
12:45était en réalité en plastique.
12:47Aucune poursuite, donc,
12:49contre Manuel Ortiz.
12:51En revanche, cette fois-ci,
12:53les gendarmes se montrent plus attentifs
12:55aux craintes de ce père
12:57sur la disparition de sa fille
12:59et à leur tour, ils vont s'intéresser
13:01à Jean-Claude Doulieri.
13:03La gendarmerie commence à réagir
13:05et on commence à contrôler
13:07un certain nombre de choses.
13:09Et là, tout de suite, des anomalies apparaissent.
13:11Doulieri, il prétendait être amoureux,
13:13n'empêche qu'à la disparition de ma fille,
13:1515 jours après,
13:17il était emménagé avec une fille.
13:19Un gars qui n'a pas de coeur,
13:21il s'en fout,
13:23il s'en fout complètement,
13:25il s'en fout du désarroi de mon oncle,
13:27même pas tu la cherches avec nous,
13:29j'ai pas fait semblant.
13:31Le mec, il est même pas intelligent,
13:33il a fait semblant.
13:35C'est incroyable.
13:37Il ne s'en inquiète pas,
13:39mais ce qui est surprenant,
13:41c'est qu'il pourrait ne pas s'inquiéter
13:43de la disparition de son amour,
13:45d'une femme qu'il aime
13:47ou qu'il aimerait peut-être plus.
13:49Mais par contre, il est un père en devenir
13:51et ce père en devenir ne s'interroge pas
13:53de savoir où est son enfant.
13:55Il paraît paradoxal que Jean-Claude Doulieri
13:57ne se préoccupe pas plus
13:59de la disparition de sa compagne,
14:01d'ailleurs qu'il va essayer de la joindre
14:03sur son téléphone.
14:05Pas un seul appel à Dominique Ortis
14:07après l'heure à laquelle plus personne ne l'a vue.
14:09C'est quand même curieux.
14:11Les gendarmes sont perplexes
14:13et ils poursuivent alors discrètement
14:15leurs recherches.
14:17Les enquêteurs vont reprendre
14:19le film à l'envers.
14:21Ils vont s'attaquer
14:23à la chronologie décrite
14:25par Doulieri
14:27et les instants qui ont précédé
14:29la disparition.
14:31Ils vont commencer par aller à l'hôtel.
14:33Lui affirme qu'il est allé à l'hôtel avec ma fille.
14:35Mais le veilleur de nuit
14:37affirme
14:39que ma fille est arrivée toute seule.
14:41Que lui
14:43a apparu en milieu de nuit
14:45en se disant
14:47que ma fille ne voulait pas ouvrir.
14:49Doulieri va voir le veilleur de nuit
14:51en indiquant qu'il n'arrive pas à rentrer dans la chambre
14:53et qu'il faudrait lui ouvrir.
14:55Le veilleur de nuit monte, ouvre la chambre
14:57et voit une femme sur place.
14:59Il est évident que
15:01quelques temps plus tard, quand on demande
15:03si Doulieri était avec quelqu'un, le veilleur de nuit dit
15:05oui, j'ai vu
15:07une femme.
15:09Il n'est jamais rentré dans la chambre, le veilleur de nuit.
15:11Il a ouvert la chambre, il y avait une fille
15:13qui était soi-disant ma fille
15:15sur le lit en train de regarder la télévision.
15:17Le veilleur de nuit
15:19il a vu que ça ne gueulait pas ni que dalle
15:21il est parti, il est retourné à son poste.
15:23C'était carrément impossible
15:25qu'il ait passé la nuit avec ma fille.
15:27Puisque
15:29entre son téléphone
15:31et le téléphone de ma fille,
15:33il y a eu même une tentative d'appel.
15:35Il est trop car
15:37il venait de ma fille vers Doulieri.
15:39Et voilà,
15:41s'ils sont à côté l'un de l'autre,
15:43je ne vois pas pourquoi ils jouent avec leur téléphone.
15:45Et là, je pourrais dire
15:47que les enquêteurs vont être excités
15:49par cet élément
15:51qui va susciter
15:53de nouvelles investigations
15:55qui vont elles aussi, bien entendu, s'avérer concluantes.
15:57En effet, les enquêteurs vont découvrir
15:59que Jean-Claude Doulieri a un autre
16:01alibi qui pose question. Souvenez-vous,
16:03il prétendait avoir déposé
16:05Dominique à la station de métro
16:07Larose le dimanche matin.
16:09Elle voulait, disait-il, faire quelques courses
16:11avant de se rendre au ranch.
16:13Et si Doulieri ne l'avait pas accompagnée
16:15à ce repas en famille,
16:17c'est qu'il était parti fêter l'anniversaire de son frère
16:19chez leur mère, Georgette.
16:21Mais là encore, il y a un problème.
16:23Un problème que les gendarmes
16:25vont très vite découvrir
16:27lorsqu'ils vont perquisitionner le domicile
16:29de Jean-Claude Doulieri.
16:31Lors de la perquisition, les enquêteurs
16:33vont saisir plusieurs
16:35bobines
16:37d'appareils photos.
16:39Et là, les enquêteurs qui regardent,
16:41qui développent
16:43et grainent, et puis tombent
16:45sur une première pellicule
16:47et se disent, bon ça, ils nous en ont parlé,
16:49c'était l'anniversaire.
16:51Et puis, dans la dernière pellicule
16:53qui est récupérée, qui est développée,
16:55on retombe
16:57sur le même anniversaire.
16:59Les enquêteurs vont analyser la scène
17:01prise par l'objectif
17:03et se rendre compte qu'il s'agit peut-être
17:05d'une sorte de pièce de théâtre
17:07et de
17:09reconstitution grossière
17:11d'une fête de famille.
17:13Sur la première pellicule,
17:15Jean-Claude Doulieri,
17:17il a une chemise blanche
17:19et les manches retroussées.
17:21Le gâteau, il est carré.
17:23Et sur l'autre pellicule,
17:25Jean-Claude Doulieri,
17:27alors qu'il était rasé de près sur la première,
17:29il a une barbe de
17:3124 heures.
17:33Il a
17:35un tee-shirt noir en manches courtes.
17:37Et là, il a un air très fatigué.
17:39Et le gâteau n'est pas le même.
17:41De toute évidence,
17:43Georgette, la mère de Jean-Claude,
17:45avait aidé son fils
17:47à se constituer un faux alibi
17:49car c'est chez elle que se déroulait
17:51le faux anniversaire.
17:53En creusant un peu plus dans la vie de la famille Doulieri,
17:55les enquêteurs vont apprendre
17:57que Jean-Claude Doulieri avait doué
17:59une relation totale,
18:01fusionnelle avec sa mère.
18:03Au point que Georgette détestait
18:05toutes les copines qu'avait eues de son fils
18:07et surtout la dernière, Dominique Ortiz.
18:09Elle ne pouvait pas supporter ma cousine.
18:11Elle la détestait.
18:13Et Georgette,
18:15vu la relation
18:17qu'elle avait avec son fils,
18:19ne supportait pas
18:21qu'il ait une copine.
18:23Et encore plus une copine qui se retrouve enceinte.
18:25Vous ne vous rendez pas compte.
18:27Un bâtard.
18:29Un bâtard dans la famille.
18:31Georgette qui a fait vivre
18:33des cauchemars à toutes les compagnes
18:35de son fils
18:37n'avait affaire qu'à des compagnes.
18:39Là, elle a affaire à la future
18:41possible mère
18:43qui va engendrer de son propre fils
18:45une progéniture.
18:47Elle ne peut pas accepter
18:49que Jean-Claude puisse vivre sa vie d'homme.
18:51Elle va même aller jusqu'à lui dire
18:53tu dois choisir entre elle ou moi.
18:55Elle va tout tenter
18:57pour écarter ce qu'elle considère être sa rivale.
18:59Elle l'avait quand même menacée de mort.
19:01Elle l'avait menacée de mort.
19:03Des coups de fil
19:05où il y avait des menaces de mort
19:07et où j'ai entendu,
19:09j'ai entendu entendre
19:11les messages de Georgette.
19:13Tu vas te tuer.
19:15Tu restes encore avec mon fils.
19:17Je viens, je t'étripe.
19:19Je te tue de toute façon.
19:21Elle était venue frapper Dominique aussi.
19:23Elle va tenter d'étrangler Dominique
19:25qui va se confier à un ami
19:27sur ses craintes, sur ses doutes
19:29et surtout sur ses certitudes
19:31quant à la violence de sa belle-mère.
19:33Elle m'a dit,
19:35elle a même essayé de m'étrangler
19:37J'ai dit, si tu veux,
19:39demain je monte, je viens te chercher
19:41et on va à la gendarmerie.
19:43Tu dépenses.
19:45Non, je ne veux pas faire ça.
19:47J'ai atteint, il y a des menaces de mort.
19:49Il faut qu'il y ait une trace.
19:51Tu dépenses une main courante.
19:53Malheureusement, elle n'a jamais fait.
19:55Elle m'a dit, je ne veux pas que mon père
19:57ne dit pas à mon père ce que je viens de te dire.
19:59Je lui ai dit, ça va.
20:01Je lui ai dit, ça va, je n'y irai pas.
20:03Dominique ne voulait pas
20:05que je sois au courant
20:07parce que moi, je voudrais réagir.
20:09On ne touche pas à ma fille.
20:11Que ce soit n'importe qui,
20:13personne ne touche à ma fille.
20:15Vous faites du mal à ma fille,
20:17vous me faites du mal à moi.
20:19Pour les gendarmes,
20:21cette menace de mort,
20:23avant la disparition de Dominique Ortiz,
20:25était à prendre au sérieux.
20:27Du coup, ils interpellent et placent en garde à vue
20:29Jean-Claude Doulieri et sa mère Georgette.
20:31Doulieri va expliquer
20:33les choses à un moment donné
20:35où il sait qu'il est acculé contre le mur
20:37et qu'il ne peut plus bouger.
20:39Il va dire, j'ai fait cette photo
20:41pour me justifier vis-à-vis du papa
20:43qui se montait très insistant
20:45pour lui prouver
20:47que je ne pouvais pas être l'origine
20:49de la disparition de sa fille
20:51dans la mesure où j'étais à une fête familiale.
20:53Doulieri expliquera juste
20:55qu'il a peur de Manu
20:57qui est un homme furieux, un homme violent,
20:59un homme dangereux.
21:01Le 28 février 2002,
21:03le juge d'instruction décide de mettre en examen
21:05Jean-Claude et Georgette Doulieri
21:07pour enlèvement et séquestration.
21:09La mère et le fils sont incarcérés
21:11mais ne lâchent toujours rien.
21:13Cela fait bientôt un an,
21:15une année entière
21:17que Dominique a disparu
21:19et ne donne plus aucun signe de vie.
21:21On ne savait pas où elle était,
21:23on ne savait pas ce qu'il s'était passé exactement,
21:25mais on s'est rendu compte
21:27qu'elle n'était plus là.
21:29On ne savait pas ce qu'il s'était passé exactement
21:31mais on savait qu'il était certain
21:33pour nous que c'était son copain
21:35qui avait fait un truc
21:37ou qui l'avait tué.
21:39On en était sûr.
21:41Vous savez, c'est pénible
21:43de savoir qu'il est arrivé quelque chose,
21:45de savoir qu'elle est morte
21:47mais de ne pas savoir où elle est.
21:49C'est quelque chose d'insurmontable.
21:51Quand il pleut,
21:53les premières pluies,
21:55c'était atroce parce que j'étais dehors
21:57et j'étais quelque part sous un tas de feuilles
21:59horribles.
22:01L'horreur, l'horreur.
22:03Malgré tous les faits
22:05qui se rapprochent vers un drame,
22:07il y a quand même un espoir.
22:09Tant que ce n'est pas sûr,
22:11vous vous raccrochez vers le bon,
22:13pas vers le mauvais.
22:15Vous ne voyez pas le pire,
22:17vous voyez une possibilité,
22:19il y a ça, il y a ça.
22:21J'ai questionné tout le monde,
22:23même des gens qui ne connaissaient même pas.
22:25Je n'avais rien à foutre moi.
22:27Je voulais des réponses.
22:29Et depuis, je veux des réponses.
22:31Manque de propos, des réponses,
22:33je n'en ai pas beaucoup.
22:35J'ai fait des affiches,
22:37j'ai fait des promesses de récompense.
22:39J'ai cherché de partout.
22:41C'est là qu'on découvre véritablement
22:43pour un cercle plus vaste
22:45qui est Manu.
22:47Manu, c'est un homme
22:49pas très grand, mais c'est un homme immense
22:51qui a un cœur
22:53qui va au-delà de ce qu'on peut imaginer
22:55et qui cherche une fille
22:57et qui l'aime par-dessus tout.
22:59Donc, il cherche
23:01son petit bébé.
23:03Une fois, j'étais là, dans Marseille,
23:05au niveau de l'horizon,
23:07j'ai vu une tête un peu rouquine,
23:09j'ai tiré la fin à la main.
23:11C'était pas elle.
23:13C'était pas elle.
23:21Oui, je l'ai cherchée.
23:23J'ai fait que ça.
23:27Jean-Claude Doulieri et sa mère
23:29sont incarcérés depuis quatre mois
23:31lorsque le juge va décider de les libérer
23:33car, sans preuves concrètes,
23:35il est impossible de les garder en prison.
23:37On n'a pas de corps,
23:39on n'a pas de traces,
23:41qui laissent supposer
23:43qu'il se soit vraiment passé quelque chose.
23:45Il va être difficile aux juges d'instruction
23:47de les garder en détention
23:49sur ce grand doute.
23:51Pour moi, ça représente
23:53une douleur, une colère folle.
23:55Nous, on se dit, ça s'arrête là,
23:57qu'est-ce qui se passe ?
23:59C'est pas possible.
24:01On peut pas laisser sortir des gens comme ça,
24:03c'est des assassins.
24:05Mais on a l'intime conviction
24:07d'un juge
24:09qui sait
24:11qu'un jour,
24:13Doulieri va recommencer
24:15et qu'il se fera attraper.
24:17On attend.
24:19On attend qu'il fasse une erreur.
24:21Moi, j'étais prêt à faire
24:23en moi la justice.
24:25Je suis d'une origine
24:27où c'est d'âme pour d'âme,
24:29rique pour rique.
24:31Le chef d'enquête,
24:33parce qu'il était parfaitement au courant,
24:35il réalisait parfaitement
24:37le danger que je pouvais représenter.
24:39Il m'a bien expliqué gentiment et tout.
24:41Et si tu te trompes,
24:45que tu t'occupes d'un innocent,
24:49qui c'est qui va être le plus coupable ?
24:53J'ai dit oui, oui.
24:55Et il m'a béni.
24:57S'il n'est plus là, qui c'est qui va nous donner la solution ?
24:59Ça m'a calmé.
25:03Ça m'a fait patienter.
25:05En fait, ce qui a facilité la libération
25:07de Jean-Claude Doulieri,
25:09c'est qu'il avait une promesse d'embauche.
25:11Il sort de prison avec un document
25:15qui est une promesse d'embauche.
25:19En fait, il a contacté René Faure,
25:23qui est l'un des fils
25:25d'une famille d'entrepreneurs du bâtiment
25:27très honorablement connu
25:29sur Château-Gombert.
25:31La famille Faure, c'est des bâtisseurs.
25:33Ces bâtisseurs, c'est le père
25:35qui travaille avec ses trois enfants.
25:37Lorsque Jean-Claude Doulieri
25:39est sorti de prison après 4 ou 5 mois,
25:41je crois qu'il l'avait fait,
25:43je l'ai repris en activité
25:45puisqu'il était déjà
25:47au sein de l'entreprise.
25:49M. Doulieri était ponctuel au travail
25:51et sérieux pour sa travaillée.
25:53Même s'il fallait travailler
25:55une samedie, il ne m'a jamais refusé.
25:57Comment voulez-vous
25:59lui faire un repoche ?
26:01Il a repris sa place.
26:03Pour nous, c'était un collègue à l'enfance.
26:05Il a toujours été sérieux.
26:07Il était ponctuel.
26:09Mes frères lui faisaient confiance.
26:11Mon papa lui faisait confiance.
26:13J'ai dit, écoutez, reprenez-le
26:15si vous êtes sûrs.
26:17C'est vrai qu'on lui aurait donné
26:19un bon jeu sans confession.
26:21Quelque part, là, on ouvre la porte
26:23de la bergerie aux loups.
26:25Jean-Claude Doulieri, dès qu'il va
26:27être remis en liberté,
26:29il va reprendre une vie normale
26:31comme il l'avait
26:33avant son incarcération.
26:35Je pourrais dire la vie continue.
26:37Evidemment que nous,
26:39on n'apprécie pas trop
26:41cette aide
26:43qui lui tombe
26:45un peu du ciel
26:47parce que la famille Fort,
26:49on les connaît depuis longtemps.
26:51Voilà, on les connaît.
26:53C'est incroyable.
26:55Des gens que je connais
26:57depuis qu'ils sont enfants,
26:59on les fournit un emploi.
27:01On les fournit un domicile.
27:03On les fournit en somme
27:05une identité
27:07parce que c'est ce qu'ils leur fournit.
27:09Je n'ai pas compris la trahison
27:11parce que pour moi, c'était une trahison.
27:13Jean-Claude Doulieri, quand je l'ai repris
27:15pour travailler, il disait que dans cette affaire,
27:17il n'y était pour rien.
27:19Moi, je n'ai rien à voir.
27:21C'est pas moi qui l'ai tué.
27:23Nous, on n'est pas professionnels.
27:25On a bien voulu le croire.
27:27Il dit qu'il est innocent,
27:29qu'il n'a rien à voir avec cette affaire,
27:31que Dominique a disparu.
27:33Il n'est pas au courant de rien.
27:35Je le connaissais depuis l'âge de 10 ans.
27:37Pour moi, il était innocent.
27:39Ça, c'était clair.
27:41Lui, il était totalement innocent
27:43et moi, non.
27:45Il m'avait vu vivre.
27:47Il me connaissait.
27:49Moi, non.
27:51Le méchant de l'histoire, c'était moi
27:53qui gênait tout le monde,
27:55qui faisait du scandale.
27:57Je faisais du scandale.
27:59Que je veuille savoir
28:01ce qui est arrivé à ma fille.
28:03Pour eux, c'est un scandale.
28:05Petit à petit,
28:07Jean-Claude Doulieri va trouver,
28:09apparemment, dans la famille Fort,
28:11une vraie cohésion familiale,
28:13une chaleur humaine qu'il ne connaissait pas
28:15dans sa propre famille.
28:17Il va se recréer un univers familial
28:19qu'il a cette fois-ci choisi.
28:21Et il va s'épanouir
28:23au sein de la famille de Robert Fort.
28:25Cette famille le trouve, je crois,
28:27à cette époque fascinant
28:29et l'intègre comme l'un de leurs.
28:31Il est invité à Noël,
28:33il est invité au mariage,
28:35il est invité aux anniversaires, il est invité de partout.
28:37C'était le fils de la famille.
28:39C'est mes enfants qui l'invitaient
28:41puisque c'était leur ami à eux.
28:43C'est ça qui était au mariage, au baptême,
28:45un truc comme ça.
28:47C'était une famille.
28:49En plus, il ne trompe pas bien son monde.
28:51Vous le voyez comme ça, on dirait un ange.
28:53Il était bienveillant,
28:55je vous dis, pour Noël
28:57ou au premier de l'année,
28:59il venait nous présenter ses voeux
29:01et porter un cadeau à ma femme
29:03ou même à moi.
29:05Toute la famille avait convience
29:07à Jean-Claude, il n'y avait pas de soucis.
29:09Pendant que Jean-Claude Doulieri
29:11se reconstruisait ainsi
29:13une petite vie bien tranquille,
29:15Manuel Ortiz, lui,
29:17sa douleur sonderait complètement.
29:19Les moments les plus douloureux, il n'y en a pas.
29:21Chaque fois que vous êtes réveillé,
29:23c'est douloureux.
29:25J'étais dépressif
29:27à fin de camp.
29:29J'étais dépressif à fin de camp.
29:31J'étais vraiment mal.
29:33J'ai picolé.
29:35Ça, il n'y a pas de problème.
29:37Je me suis mis minable, souvent.
29:39Mon oncle,
29:41il vit une descente aux enfers.
29:43Il ne dort plus du tout.
29:45C'est l'enfer.
29:47L'enfer sur terre.
29:49Jusqu'à se dire, je vais me flinguer.
29:51Je pensais qu'il aurait été seul
29:53et qu'il ne serait pas avec nous.
29:55Il y avait des copains qui passaient.
29:57Pour lui remonter le moral,
29:59il a failli perdre la tronche.
30:01Après, il n'y a qu'une solution.
30:03Vous prenez ce qu'il faut
30:05pour être
30:07comme un zombie,
30:09mais au moins,
30:11ça vous stabilise.
30:13Rapidement, je me suis retrouvé
30:15en train de prendre des trucs,
30:17de voir le médecin
30:19pour les fadards.
30:21Manu était en grosse souffrance.
30:23C'est très dur
30:25de voir souffrir quelqu'un qu'on adore.
30:27Finalement, je me suis stabilisé.
30:29J'ai remonté la pente.
30:31Il y a la douleur,
30:33mais je suis arrivé parce que je me suis dit
30:35que si je ne suis plus là,
30:37qui va s'en occuper de tout ça ?
30:39Qui va demander des réponses ?
30:41Doulieri, lui, en revanche,
30:43ne s'inquiétait toujours pas
30:45de savoir ce qu'était devenu
30:47sa compagne, Dominique,
30:49et surtout, son enfant.
30:51Sa seule préoccupation à présent
30:53semblait être la famille Fort.
30:55Doulieri, dans cette famille,
30:57comme dans sa vie,
30:59va se comporter comme un prédateur.
31:01C'est-à-dire que le prédateur,
31:03il choisit toujours
31:05l'animal le plus faible,
31:07celui qui demandera le moins d'efforts.
31:09Dans la fratrie,
31:11le plus faible, c'est Jean-Pierre Fort.
31:13Jean-Pierre, c'est vrai qu'il était très gentil,
31:15très serviable,
31:17mais il se laissait manipuler.
31:19Moi, je trouve
31:21qu'il était trop brugnace.
31:23La dernière personne
31:25qui avait parlé, c'est celle qui avait raison.
31:27Il était brugnace.
31:29N'importe quoi, quand on lui demandait,
31:31il était là. Que ce soit pour des travaux,
31:33que ce soit pour vous mener quelque part,
31:35il était toujours là, il était toujours dispo.
31:37C'est moi, le mec.
31:39Marier à une femme
31:41qu'on considère
31:43comme la princesse de la famille,
31:45qui est un peu excentrique,
31:47qui est considérée
31:49comme jolie, séduisante,
31:51qui a le verbe haut.
31:53Pour moi, Béatrice, c'était pas une...
31:55entre parenthèses,
31:57c'était pas une sainte.
31:59C'était une bonne vivante,
32:01elle aimait s'amuser ici et là,
32:03elle aimait se montrer.
32:05Mais ensuite, elle n'était pas méchante.
32:07Béatrice, ici,
32:09on la recevait comme notre fille.
32:11Notre fille, quand même,
32:13elle avait 28 ans de mariage.
32:15Béatrice a épousé le seul homme
32:17qu'elle ait connu. Elle l'a connu
32:19très très jeune, à 15 ou 16 ans,
32:21et ils ont Angélique, leur fille unique,
32:23dont ils sont très proches. C'est un couple
32:25qui vit en vase clos, qui ne sort pas.
32:27Les seules activités communes,
32:29c'est d'aller au supermarché faire les courses.
32:31Ils n'ont pas d'amis, ils n'ont pas de vie
32:33intérieure, à part les quelques fêtes familiales,
32:35dans le cadre desquelles, d'ailleurs,
32:37ils rencontrent Rondoulieri.
32:39Lui est célibataire,
32:41et il va quasiment vivre avec
32:43Jean-Pierre Faure et Béatrice Frustieri.
32:45Il est tout le temps chez eux.
32:47Le matin, le soir, ils dorment chez eux,
32:49alors qu'ils ont un appartement qui fait
32:5110 mètres carrés.
32:53C'est totalement ubuesque.
32:55Et là,
32:57un travail de destruction
32:59intérieure,
33:01un travail de nécrose va se mettre en place.
33:03Et plus que ça,
33:05on est dans de la scarification,
33:07littéralement, scarification familiale
33:09du couple. C'est-à-dire que
33:11Doulieri va
33:13disséquer le lien,
33:15le peu de lien qui reste entre cet homme et cette femme.
33:17Et il va
33:19prendre sous sa coupe Jean-Pierre Faure,
33:21qui a commencé
33:23à prendre une mauvaise habitude avec de l'alcool.
33:25Il va lui porter de l'alcool,
33:27lui porter de l'alcool
33:29et il l'envole toujours plus.
33:31Et lorsqu'il va être témoin d'échanges verbaux
33:33assez houleux entre l'homme
33:35et la femme,
33:37il va aller voir son ami en lui disant
33:39« Mais enfin, tu es un homme, qu'est-ce que tu peux supporter ?
33:41Mets-lui deux tartes quand elle te parle comme ça.
33:43Tu ne peux pas accepter ça.
33:45C'est une cavaleuse.
33:47Et puis, je te sers à boire. »
33:49Et puis après, il va voir la femme
33:51en lui disant « Mais c'est un pochard.
33:53Mais qu'est-ce que tu fais ?
33:55Chérie de princesse, tu mérites beaucoup mieux. »
33:57Voilà.
33:59C'est ça, ce quotidien pervers
34:01qui va se mettre en place.
34:03On n'était pas au courant que Jean-Claude
34:05montait souvent chez lui.
34:07On n'était pas du tout au courant.
34:09On ne pouvait pas savoir ce qu'il s'est passé
34:11puisqu'il habitait Sanary.
34:13C'est vrai, Jean-Pierre Faure
34:15et sa femme Béatrice, ils vivaient dans un petit lotissement
34:17situé à Sanary.
34:19La famille Faure, elle,
34:21vivait à Château-Gombert, un quartier de Marseille.
34:23C'est donc en toute discrétion
34:25que Doulieri se rapprochait
34:27de plus en plus de Jean-Pierre
34:29et surtout de Béatrice Faure.
34:31Bien entendu,
34:33il va tellement se rapprocher
34:35qu'il va surtout se rapprocher de Béatrice.
34:37Et ils vont rapidement
34:39devenir amants.
34:41Au contact de Doulieri, elle se ravive.
34:43C'est un brasier
34:45qui reprend.
34:47Elle recommence
34:49le maquillage, elle recommence
34:51les couleurs vives, elle commence à rire un peu,
34:53puis rire plus, rire
34:55à gorge déployée, boire,
34:57vouloir s'habiller autrement.
34:59Lorsque la relation
35:01sentimentale va démarrer avec Doulieri,
35:03c'est une adolescente.
35:05Des témoins le diront. Je pense même que sa fille
35:07le dit à un moment donné. Elle se conduit comme une adolescente amoureuse.
35:09Parce qu'en fait, elle revit
35:11quelque chose qu'elle n'a quasiment pas connue,
35:13qu'elle n'a quasiment pas vécue.
35:15Quelque part, elle a son
35:17piquant de femme, son piquant de vie.
35:19Elle a sa canaille
35:21de lui proposer autre chose.
35:23Il lui offre
35:25ce goût de l'aventure, peut-être
35:27l'excitation, l'adrénaline
35:31quand on franchit les interdits progressifs.
35:33Et tous les deux,
35:35du coup, c'est vraiment
35:37la dynamique du couple diabolique
35:39qui est constituée. Jean-Pierre Faure
35:41ignorait bien entendu que son amie
35:43était devenue l'amant de sa femme,
35:45et c'est dans cette ambiguïté que le trio
35:47va cohabiter ainsi pendant plusieurs mois.
35:49Jusqu'au 15 mars 2005,
35:51précisément ce jour-là,
35:53Angélique, la fille de Jean-Pierre
35:55et de Béatrice Faure, vient rendre visite
35:57à ses parents, mais arrivée là-bas,
35:59elle est très étonnée, son père n'est pas là.
36:01Et c'est pas la seule chose qui va
36:03intriguer Angélique.
36:05Elle constate que la voiture
36:07de son père est là.
36:09Elle constate que
36:11les lunettes de son père sont là.
36:15Son père ne part jamais
36:17sans sa voiture,
36:19il ne peut pas faire deux mètres
36:21pour aller acheter le pain ou les cigarettes,
36:23il prend la voiture. Son père ne voit pas,
36:25il ne peut pas partir sans lunettes.
36:27Angélique va également remarquer
36:29que la maison a été nettoyée,
36:31que le transat dans lequel son père
36:33passait beaucoup de temps, parce qu'il était
36:35essentiellement le plus clair de son temps à la maison
36:37à se reposer, n'est plus là.
36:39Il y a quelque chose
36:41qui n'est pas comme d'habitude.
36:43Donc elle questionne sa mère, et sa mère est très évasive.
36:45Béatrice dit qu'il avait envie
36:47de changer d'air,
36:49qu'il ne se plaisait plus avec elle,
36:51et qu'il avait
36:53décidé de partir. Mais très vite, Angélique
36:55va sentir qu'il y a quelque chose de pas normal.
36:57Son père ne partait jamais,
36:59son père n'a pas de raison de partir,
37:01très casanier, il ne fait rien sans sa femme.
37:03Et là, il n'est plus là.
37:05Béatrice Fort, elle est un peu acculée
37:07par sa fille, qui la presse de questions,
37:09qui a compris que quelque chose s'était passé,
37:11et elle n'arrive pas à maintenir
37:13une ligne cohérente pour assurer Angélique.
37:15Elle dit à sa fille enceinte,
37:17ce qui s'est passé, c'est horrible,
37:19mais je ne peux pas te le dire, parce que si je te le dis,
37:21tu avortes sur place.
37:23Elle lui dira, à un moment donné,
37:25dans une discussion,
37:27que son père a été lourd à porter.
37:29C'est très clair, c'est très parlant.
37:31Il était lourd comme un âne,
37:33ça a été horrible, il y avait du sang partout.
37:35Mais aucune phrase
37:37n'est jamais finie. Et sa mère lui dit
37:39que ça a été dur à nettoyer, donc évidemment,
37:41là encore,
37:43les choses s'éclaircissent pour elle, mais de manière
37:45funeste, parce qu'elle a un pressentiment
37:47très sombre que quelque chose
37:49de grave est arrivé à son père.
37:51Très inquiète, Angélique décide immédiatement
37:53d'alerter sa famille.
37:55Un soir, ma nièce me téléphone,
37:57et elle me dit,
37:59Tati, il faudrait que
38:01tu réunisses la famille.
38:03Tout étonné,
38:05je lui dis, oui, mais dis-moi pourquoi.
38:07Et elle me dit, écoute, c'est grave,
38:09c'est le sujet de Jean-Pierre,
38:11de mon papa. De suite, j'ai pensé
38:13à un accident. Elle me dit, non, je peux pas
38:15t'en parler au téléphone, réunis la famille,
38:17et tu me rappelles
38:19pour me dire quand je peux passer, et toi, une soir.
38:21C'est ma fille qui m'a téléphoné,
38:23elle m'a dit,
38:27papa, il y a Angélique qui veut nous voir.
38:29Et moi,
38:31j'ai téléphoné à mes enfants
38:33qu'on se réunissait
38:35chez ma fille
38:37ce soir,
38:39c'était 6h30, 7h.
38:41Elle s'est réunie, donc il est venu Angélique.
38:43Elle nous dit, vous verrez plus
38:45Jean-Pierre.
38:47Là, j'ai cru que la maison me tombait
38:49sur la tête.
38:51Je lui dis,
38:53on lui demande, mais pourquoi tu dis ça?
38:55Elle dit, je suis sûre
38:57qu'ils l'ont assassiné.
38:59Elle nous dit, c'est Douléri
39:01qui a assassiné
39:03son père. Elle est sûre.
39:05J'ai fait de suite
39:07un rapprochement avec
39:09Dominique Cortis. De suite,
39:11j'ai compris.
39:13Si Jean-Pierre,
39:15on me parle de Douléri,
39:17sûr qu'il y a quelque chose
39:19avec Douléri.
39:21Ça a été le déclic. On s'est dit,
39:23oui, il a fait. Il a fait
39:25pareil pour Dominique.
39:27De suite, c'est là que j'ai dit,
39:29il faut descendre à la gendarmerie
39:31de Plombière,
39:33parce qu'il s'était occupé
39:35de l'affaire de
39:37M. Cortis.
39:39Je crois que les enquêteurs percutent, si vous me passez l'expression,
39:41tout de suite. Pour eux, il n'y a pas de hasard.
39:43On a de nouveau
39:45une disparition inquiétante
39:47et on a de nouveau
39:49Jean-Claude Douléri.
39:51On va se dire que ça fait quand même beaucoup de monde
39:53qu'il disparaisse
39:55dès que Jean-Claude Douléri apparaît.
39:57Elle nous a bernés.
39:59Elle nous a bernés.
40:01Je m'aperçois
40:03que j'ai été pris pour un couillon,
40:05pas puce.
40:07Qu'est-ce que vous voulez dire ?
40:09Il nous a carrément
40:11manipulés. C'est un manipulateur,
40:13des moments. J'ai dit à
40:15ma femme d'appeler Cortis,
40:17parce que nous, l'histoire de Dominique Cortis,
40:19en 2000, on pensait que Jean-Claude était
40:21innocent. Et j'ai dit, appelle-le
40:23et tout, tu lui expliques, on s'excuse.
40:25Je me mets à sa place.
40:27Il a remué
40:29les terres. Nous, on n'a rien fait.
40:31Il a dû se sentir abandonné.
40:33Moi, je le comprends. C'est pour ça
40:35qu'en premier, je voulais m'excuser.
40:37J'ai accepté les excuses.
40:39Je suis obligé, je suis quand même
40:41obligé d'être allié
40:43à eux. À ce moment-là,
40:45on a exactement le même drame.
40:47Moi, j'ai ma fille.
40:49Eux, ils ont leur fils.
40:51Ils ont leur fils.
40:53C'est sans doute encore plus épouvantant
40:55puisque dans leur drame, à eux,
40:57il y a la belle-fille. Nous, on voulait monter
40:59à Saint-Marie
41:01pour avoir des explications de ma belle-soeur
41:03sur ce qui s'était passé ici et là.
41:05Et c'est la gendarmerie qui a dit, non, ne faites rien,
41:07on va les mettre sur écoute.
41:09On va les surveiller.
41:11Et c'est par là
41:13qu'est commencée l'enquête.
41:15Les gendarmes vont donc placer
41:17Jean-Claude Doulieri et Béatrice Faure
41:19sur écoute.
41:21Leurs conversations sont stupéfiantes.
41:23Allô, mon chéri,
41:25c'est toi ?
41:27Et on entend une voix beaucoup plus caverneuse.
41:29Oui, c'est moi. Ça y est,
41:31je t'ai pris rendez-vous, mon chéri, mon petit oiseau.
41:33Je t'ai pris rendez-vous chez le médecin.
41:35Ah, bon.
41:37Tu sais, c'est pour ton dos.
41:39Il m'a demandé ce que tu avais.
41:41Je lui ai dit que tu avais porté quelque chose de très lourd
41:43il y a trois semaines. Et là, elle éclate de rire.
41:45Là,
41:49ça va déjà faire froid dans le dos
41:51aux enquêteurs.
41:53Et évidemment, ça correspond exactement
41:55à la disparition de Jean-Pierre Faure.
41:57Donc là, évidemment, quand les enquêteurs
41:59entendent ça,
42:01ça laisse peu de place aux doutes.
42:03D'autant que très vite, les enquêteurs vont découvrir
42:05un nouvel élément inquiétant.
42:07Il s'agit d'une voiture retrouvée
42:09entièrement brûlée à proximité
42:11de Sanary.
42:13Et grâce à ce qu'il reste de la plaque d'immatriculation,
42:15ils vont retrouver le propriétaire
42:17du véhicule.
42:19Ils vont voir cet individu en disant,
42:21pourquoi vous ne l'avez pas déclaré
42:23comme volé, incendié ?
42:25Et je dis,
42:27pourquoi le ferais-je ? Je l'ai vendu.
42:29Donc, les enquêteurs disent,
42:31ah bon, vous l'avez vendu à qui ?
42:33Je l'ai vendu à monsieur,
42:35monsieur Jean-Pierre Faure.
42:39Et quand on va présenter les photos de Jean-Pierre Faure au vendeur,
42:41le vendeur va dire, ah non,
42:43c'est pas Jean-Pierre Faure, ça. Ce monsieur, je ne l'ai jamais vu.
42:45C'est pas lui.
42:47Et bien sûr, lorsqu'on m'a présenté
42:49sur un tapissage d'Ulieri,
42:51le monsieur va dire, mais il est là, Jean-Pierre Faure ?
42:53Et là,
42:55c'est pas vraiment
42:57génial pour Jean-Claude
42:59Ulieri parce qu'on ne voit pas
43:01pourquoi il aurait pris l'identité de Jean-Pierre Faure
43:03pour acheter un véhicule
43:05qui plus est, quelques jours avant
43:07que celui-ci ne disparaisse.
43:09On va trouver dans cette voiture
43:11qui a été entièrement brûlée
43:13un petit morceau d'étoffe.
43:15Il sent que ce soit une serviette éponge.
43:17Sur cette serviette éponge, il y a quelques traces de sang.
43:19Le sang sera confirmé comme étant le sang
43:21de la victime, du mari,
43:23du cocu, de Jean-Pierre Faure.
43:25On a compris
43:27qu'on ne pouvait pas le voir, on ne le verrait plus.
43:29On a tout de suite compris que c'était fini.
43:31On avait toujours l'espérance que ce
43:33ne soit pas vrai, mais
43:35à un bout d'un certain moment,
43:37après, avec l'ADN,
43:39on vous dit, c'est le sang de votre fils.
43:41A moins d'être débile,
43:43vous comprenez qu'il est mort.
43:45Pour mes parents,
43:47ça a été dur.
43:49Ils étaient âgés.
43:51Ma maman était malade.
43:53Ça l'a rendu encore plus malade,
43:55plus fatiguée.
43:57Elle avait qu'une obsession,
43:59retrouver son fils, l'enterrer.
44:01C'est de l'angoisse.
44:03C'est surtout mes parents.
44:05Ma maman était malade.
44:07Elles se disaient, qu'est-ce qu'ils en ont fait ?
44:09Après, vous posez plein de...
44:11Vous ne pouvez pas savoir
44:13ce qu'il est arrivé.
44:15J'en ai fait des cauchemars.
44:17Je voyais mon frère sortir des mains,
44:19de la terre.
44:21Même une fois, j'ai entendu lui taper
44:23à la porte, pour vous dire.
44:25Alors que je savais qu'il n'était plus là.
44:29Le 6 avril 2005,
44:31trois semaines après la disparition
44:33de Jean-Pierre Faure,
44:35Jean-Claude Doulieri et Béatrice
44:37sont interpellées et placées en garde à vue.
44:39Bien sûr, Jean-Claude Doulieri,
44:41qui est quelque peu habité au garde à vue,
44:43jure qu'il n'a rien à voir dans cette disparition.
44:45Je ne suis pour rien
44:47dans la mort de Jean-Pierre Faure.
44:49C'est un complot,
44:51mais un jour,
44:53la vérité jaillira.
44:55Béatrice Frustieri, dans un premier temps,
44:57va bien entendu
44:59se solidariser totalement
45:01avec les déclarations de Jean-Claude.
45:03Puis, petit à petit,
45:05elle va se rendre compte
45:07que son système de défense
45:09est un petit peu douloureux.
45:11Ou tout du moins, il peut le devenir.
45:13Parce que
45:15c'est d'assassinat dont on est en train
45:17de lui parler.
45:19Lorsqu'on va lui soumettre
45:21les éléments matériels,
45:23techniques, qui ont été relevés
45:25par les enquêteurs, là,
45:27elle va changer de position.
45:29Elle commence à troquer son avenir.
45:31Elle commence à monnayer
45:33ce qu'elle pense pouvoir gagner,
45:35c'est-à-dire sa liberté.
45:37Vous savez pas de quoi il est capable.
45:39Vous savez pas ce qu'il a fait.
45:41Je peux pas vous parler.
45:43Je suis contrainte.
45:45J'ai été contrainte.
45:47Son système de défense
45:49va être
45:51finalement très habile
45:53parce qu'elle va mettre en place
45:55le scénario
45:57de ce que je peux appeler
45:59un doute accusatoire.
46:01C'est un peu, je sais, mais je ne sais rien.
46:03Euh...
46:05Je peux pas vous en dire plus,
46:07mais vous comprenez ce que je suis
46:09en train de dire.
46:11Il semble clair en fin d'instruction
46:13qu'elle a quand même peur.
46:15Il y a des choses qu'elle ne veut pas dire,
46:17mais qu'elle sait peut-être, mais qu'elle ne veut pas dire.
46:19Jean-Claude Doulieri et Béatrice Faure sont donc
46:21finalement mis en examen pour assassinat
46:23et évidemment écroués.
46:25Cependant, après 14 mois de détention
46:27préventive, la chambre de l'instruction
46:29décide de libérer Béatrice Faure
46:31dans l'attente de leur jugement,
46:33c'est-à-dire un procès très attendu
46:35qui va s'ouvrir à Draguignan
46:37le 14 novembre 2007.
46:39Manuel Ortiz s'était également déplacé
46:41pour soutenir la famille Faure.
46:43On a une Béatrice Frustieri
46:45qui est dans son numéro
46:47de prédilection.
46:49Elle est la veuve pleurée
46:51parce qu'elle veut être reconnue
46:53comme Madame Faure.
46:55Elle ne se présente plus comme Doulieri,
46:57elle s'en est dissociée très vite.
46:59Elle est Madame Veuve Faure.
47:01Elle pleure,
47:03elle pleure beaucoup et
47:05elle va faire son coup de théâtre.
47:07Elle a quelque chose
47:09à révéler.
47:11Le président va lui dire, Madame Frustieri,
47:13je crois que vous avez quelque chose
47:15à nous dire, vous avez des révélations à nous faire
47:17avant que le procès ne s'ouvre officiellement,
47:19je vous écoute.
47:21Et elle va venir à la barre et dire
47:23oui, je n'ai pas dit toute la vérité,
47:25je sais où est mon mari,
47:27je sais où est son cadrave
47:29et je pense que si on le trouve,
47:31on trouvera aussi le cadavre de Dominique Ortis.
47:33Cette révélation spectaculaire
47:37orchestrée par Béatrice Frustieri
47:39va surprendre
47:41tout le monde.
47:43Sur le coup,
47:45même si ça m'a filé
47:47un espoir,
47:49parce que c'est vrai,
47:51j'ai dit enfin, on va savoir,
47:53je doutais,
47:55moi j'y crois,
47:57moi j'y crois parce que
47:59pourquoi elle aurait menté ça ?
48:01Moi j'ai dit,
48:03en espérant,
48:05parce que quand elle a révélé
48:07où étaient les cordes,
48:09il s'est passé carrément du temps,
48:11en espérant qu'on retrouve quelque chose.
48:13Immédiatement après ces aveux effroyables,
48:15le président de la Cour d'assises
48:17fait rarissime,
48:19suspend l'audience et demande
48:21un supplément d'information.
48:23Béatrice est donc interrogée
48:25dans les bureaux d'un juge d'instruction,
48:27aussitôt désignée,
48:29elle va raconter ce qui est arrivé
48:31à son mari 33 mois plus tôt.
48:33Ce soir-là,
48:35elle était tranquillement chez sa mère,
48:37qui était également sa voisine,
48:39lorsque soudain elle aurait entendu
48:41une bagarre éclatée chez elle.
48:43Elle va entendre des bruits de lutte,
48:45elle précisera que pour ne pas que sa mère
48:47s'inquiète parce que sa maman est âgée,
48:49elle montra le son de la télé
48:51Il y avait beaucoup de bruit,
48:53cette bagarre, des cris, des chocs sourds.
48:55Et lorsqu'elle va rentrer chez elle,
48:57elle va trouver son mari
48:59mort
49:01dans une tâche de sang
49:03et à côté de lui,
49:05Jean-Claude Doulieri,
49:07un couteau à la main.
49:09Là, elle va expliquer
49:11que bien entendu,
49:13il est hors de question
49:15d'appeler les secours
49:17et encore moins la gendarmerie,
49:19alors, écoutez,
49:23on va se débarrasser du corps.
49:27Et là, elle va aider
49:29Jean-Claude Doulieri
49:31à traîner le corps,
49:33le transporter dans le véhicule,
49:35aller sur les crêtes de Cassis.
49:37Ils ont jeté au passage
49:39à l'allée Larmes,
49:41très près du domicile,
49:43dans la baie de Sanary-Bandol,
49:45au-dessus de la plage.
49:47C'est là qu'on voit
49:49que Jean-Claude Doulieri
49:51prend le risque de prendre l'autoroute.
49:53Il met pas les phares
49:55pour justement être le plus discret possible.
49:57Et Doulieri va lui dire
49:59là où on va, on le retrouvera pas.
50:01Béatrice explique que
50:03Jean-Claude Doulieri
50:05va la conduire à Cassis
50:07sur les falaises du Cap Canail.
50:09Elle explique que Doulieri
50:11sort de la voiture,
50:13il ouvre le coffre,
50:15Doulieri le traîne,
50:17il le traîne sur 30 mètres.
50:19Ils vont porter le corps jusqu'en haut,
50:21elle va aider Doulieri à porter,
50:23à un moment donné,
50:25elle n'en peut plus,
50:27elle tombe à genoux,
50:29elle dira même qu'elle a peur
50:31à ce moment-là qu'ils la jettent aussi.
50:33Et elle explique,
50:35ils jettent le corps,
50:37et j'entends craquer plusieurs fois.
50:39Elle dit, il est là,
50:41je sais qu'il va me tuer.
50:43Elle a toute la peur
50:45comme moyen de défense.
50:47Ma belle-sœur,
50:49elle était très manipulatrice,
50:51donc je suis sûre,
50:53pour moi c'est une évidence,
50:55lui a fait l'acte,
50:57mais c'est elle qui l'a manipulée.
50:59Elle est autant coupable que lui,
51:01si ce n'est plus, parce qu'elle c'est sa femme.
51:03S'ils s'entendaient plus,
51:05plutôt que de tuer et divorcer,
51:07rester amis,
51:09elle a profité de l'occasion
51:11et l'autre s'est meurtrier,
51:13mais elle lui a mis le couteau dans les mains.
51:15Elle a poussé à tuer.
51:17Pour moi c'est de monstre, écœuré.
51:19Écœuré.
51:21Ma belle-sœur et un collègue à la base.
51:23Qu'est-ce que vous voulez être
51:25à Paris-Curie ?
51:27C'est donc sur les falaises
51:29du Cap Canaille que se trouverait
51:31le corps de Jean-Pierre Faure,
51:33et peut-être même celui de Dominique Ortiz.
51:35Le juge d'instruction ordonne
51:37dès le lendemain des recherches
51:39sur ces falaises.
51:41J'aurais voulu aller sur place
51:43voir, mais c'était impossible.
51:45C'était impossible.
51:47J'attends.
51:49J'attends, j'attends.
51:51Pendant que ça s'effectue,
51:53j'attends.
51:55J'avais le téléphone à portée,
51:57j'avais le fixe à porter,
51:59j'avais le portable sous la main.
52:01Voilà, j'attends.
52:03On imagine le convoi des véhicules de gendarmerie
52:05sillonnant les falaises
52:07sous un vent terrible,
52:09qui plus est.
52:11Et puis à un moment donné, Béatrice va dire
52:13« ça y est, j'en suis sûre, c'est là ».
52:15Et c'est à partir de là
52:17que les gendarmes
52:19vont descendre en varappe
52:21jusqu'au bas d'une falaise.
52:23On retrouve deux boîtes crâniennes,
52:25on retrouve des tibias,
52:27colifèmures,
52:29colonnes vertébrales,
52:31bassins.
52:33Les ossements correspondant
52:35de deux corps humains,
52:37mais également des effets personnels
52:39correspondant
52:41point par point à ceux
52:43qui avaient été portés par
52:45Jean-Pierre Faure d'une part.
52:47Et surtout, on va retrouver
52:49la bague de Dominique Ortis.
52:53Manuel Ortis avait offert à sa fille
52:55une bague en or
52:57faite pour elle.
52:59C'était une bague en forme de goutte d'eau.
53:01Et la bague, c'est la première chose qu'on identifie.
53:03Il a tué ma fille,
53:05il a tué l'enfant qu'elle portait,
53:07son propre enfant à lui.
53:09Mais j'étais loin de m'imaginer
53:11qu'il avait jeté le cadavre de Faure
53:13là où il avait jeté le cadavre de ma fille.
53:15Parce qu'il a jeté
53:17au millimètre auprès,
53:19à quatre ans de différence.
53:21Les deux dépouilles étaient tellement mélangées
53:23qu'il a fallu faire des expertises
53:25ADN et tout ça
53:27pour rendre compte que ça c'est là, ça c'est là.
53:29On a été bien contents
53:31pour avoir
53:33le squelette
53:35de Domi
53:37et le squelette de mon fils.
53:39On a été contents.
53:41Au moins on pouvait faire notre deuil en l'en tirant.
53:43On pourra l'en tirer.
53:45Parce que là, pour moi, il irait.
53:47Voilà. Je suis catholique
53:49donc il reposait pas en paix.
53:51Ils l'ont jeté
53:53comme si c'était une poubelle.
53:55Ils l'ont jeté comme si c'était une poubelle.
53:57Le mec, il a jeté
53:59sa femme.
54:01C'est presque sa femme.
54:03Il parlait de mariage.
54:05Elle est enceinte.
54:07Comment on peut assassiner
54:09quelqu'un qui porte la vie
54:11et en plus
54:13c'est ton enfant.
54:15J'arrive même pas à imaginer.
54:17Mais ça devait être horrible.
54:19Elle a dû avoir tellement peur, la pauvre.
54:23Ma fille a passé
54:25six années
54:27comme ça, en train de se faire bouffer
54:29par les gabions, par les corbeaux
54:31et par toutes les blessures possibles.
54:33Pendant ce temps, lui,
54:35il vivait bien tranquille
54:37et tout.
54:39Il avait complètement zappé ma fille.
54:43Mais moi je l'ai pas zappé.
54:45Je l'ai pas zappé.
54:47Je serai toujours derrière lui.
54:49Toujours.
54:51C'est mon devoir.
54:53Le procès de Jean-Claude Doulieri
54:55et de Béatrice Faure,
54:57qui avait été interrompu, a repris
54:59le 15 septembre 2008.
55:01Ils étaient donc jugés
55:03pour l'assassinat de Jean-Pierre Faure.
55:05Jean-Claude Doulieri
55:07criera bien sûr au complot.
55:09Béatrice, elle, jouera toujours la veuve éplorée.
55:11Jean-Claude Doulieri
55:13sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
55:15Béatrice, à 20 ans
55:17de réclusion criminelle.
55:1916 mois plus tard, le 3 février
55:212010,
55:23Doulieri, lui seul, comparaissait
55:25devant la cour d'assises d'Aix-en-Provence
55:27pour cette fois l'assassinat de Dominique Ortiz.
55:29L'étude des ossements
55:31et des vêtements
55:33de la jeune femme, ce qu'il en restait,
55:35avait révélé que, comme Jean-Pierre Faure,
55:37elle avait été tuée à coups de couteau.
55:39Jean-Claude Doulieri
55:41sera condamné cette fois à 20 ans
55:43de réclusion criminelle, mais les peines,
55:45vous le savez, n'étant pas cumulables en France,
55:47la perpétuité, c'est-à-dire la condamnation
55:49la plus haute, sera retenue contre lui.
55:51Mais rien,
55:53jamais, n'apaisera les cicatrices
55:55de la famille Faure
55:57et de Manuel Ortiz.
55:59Moi, mon frère, il reviendra plus.
56:01Ma mère est partie le 8 juillet
56:03et est décédée
56:05en se demandant s'ils allaient ressortir.
56:07Moi, je pense que
56:09nous, ça a perpétué la disparition
56:11de mon pauvre frère.
56:13Quand on prend une peine,
56:15en France, on devrait
56:17faire sa peine jusqu'au bout.
56:19On prend 20 ans, on fait 20 ans.
56:21On prend 25 ans, on fait 25 ans.
56:23On prend perpétuité, on fait perpétuité.
56:25Mon papa, tant qu'il sera vivant,
56:27il ne lâchera pas l'affaire. Non.
56:29Il veut que la justice soit faite.
56:31On ne dit pas qu'elle fasse plus
56:33ou qu'il fasse plus,
56:35mais qu'il fasse leur peine.
56:37Mon fils, il ne ressuscitera pas.
56:39La petite Ortiz ne ressuscitera pas.
56:41Mon oncle a mené
56:43un combat de titans.
56:45Ce petit bonhomme-là,
56:47qui démonte ciel et terre,
56:49tout seul quand même,
56:51face à son désespoir.
56:53C'est justement un devoir envers ma fille.
56:55Quoi que je puisse faire,
56:57je ne mérite mieux que ça.
56:59Un super papa
57:01qui a perdu son trésor.
57:03Vous imaginez un peu.
57:07Le décès de ma fille
57:09entraîne
57:11un décès chez moi aussi.
57:13Mon désir
57:15de vie,
57:17il est mort.
57:19On ne prend pas assez
57:21en considération
57:23que ma fille est un sainte,
57:25que ma fille représentait
57:27ma descendance et qu'un enfant
57:29qu'il portait représentait
57:31ma petite descendance.
57:33En tuant ma fille,
57:35il a tué ma famille.
57:37Le drame, je ne peux pas m'en remettre.
57:39Tant d'amour,
57:41comment enlever ?
58:09J'avais sacrifié.
58:11Trois vies à payer,
58:13le prix doit en être lourd,
58:15très lourd.

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