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  • 27/05/2025
KICÉKIKONÉ, le podcast par un média, pour les médias, sur les médias.… by Havas Edition.

Les secrets de la création publicitaire expliqués par Romain Roux.

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Transcription
00:00Avast Édition présente
00:02Qui c'est qui connaît ?
00:06Le podcast par un média
00:08pour les médias
00:09sur les médias
00:12Payavas
00:133000 pubs par jour et pourtant
00:1687% des marques pourraient disparaître
00:18sans qu'on s'en aperçoive. Alors
00:19à quoi sert encore la pub en 2025 ?
00:22Comment créer des campagnes qui marquent,
00:23qui touchent, qui font vendre, dans un monde où les gens
00:26préfèrent scroller que regarder ?
00:28Aujourd'hui, on plonge dans les coulisses
00:30de la création publicitaire avec Romain Roux.
00:32Ensemble, nous allons décoder
00:34les ressorts d'une bonne idée, l'art du brief,
00:36l'importance des émotions et même
00:38pourquoi l'imperfection peut être la meilleure arme
00:40d'une marque. Bienvenue dans ce nouvel
00:42épisode de Qui c'est qui connaît ? qui va
00:44challenger votre regard sur la pub.
00:46Bonjour Romain. Bonjour Valérie.
00:48Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation
00:50sur ce nouvel épisode de Qui c'est qui connaît ?
00:52Alors, en quelques mots, avant d'entrer
00:54dans le vif du sujet, est-ce que vous pourriez nous dire
00:55quel est votre rôle au sein d'Avas ?
00:58Et quel a été un peu votre parcours pour en arriver
01:00jusque-là ? Donc, pour titre officiel, c'est
01:02en anglais Head of Creative Planning
01:04parce que ça pète toujours un peu plus en anglais.
01:06Donc, je suis
01:07une sorte du patron du planning stratégique de l'agence
01:09et mon rôle, c'est de
01:11travailler sur les stratégies de communication des marques.
01:14Ça veut dire quoi ? Ça veut dire en gros
01:16trouver quels problèmes à résoudre
01:17et trouver ce qu'il faut raconter aux gens pour qu'ils s'intéressent
01:19aux marques, aux produits et qu'on essaye de leur vendre.
01:21Effectivement, c'est un beau programme tout ça ?
01:23Pas forcément toujours facile ?
01:25Alors, je le disais en introduction, on exposait
01:27à peu près aujourd'hui à 3000 messages
01:29pubs par jour et pourtant
01:3187% des marques ne manqueraient pas
01:33si elles disparaissaient. Comment est-ce qu'on en est arrivé là ?
01:35C'est pas forcément lié à la pub, d'ailleurs.
01:38C'est beaucoup plus large que ça, mais
01:39en vrai, la plupart des gens se moquent
01:42des marques. Il y a très peu de marques qui jouent
01:43un rôle fondamental dans la vie des gens.
01:45Si on y réfléchit, dans mon cas, il y a peut-être
01:47Apple, Google.
01:50Qu'est-ce qui joue un rôle fondamental également ?
01:52Certainement un très bon vigneron
01:53que j'apprécie. Voilà, c'est une marque de vin
01:55et c'est à peu près tout.
01:57Peut-être mes New Balance.
01:58Pour quelle raison ? Est-ce que ces marques-là, vous, marquent vous plus que d'autres ?
02:02Est-ce que parce qu'il y a un sentiment de
02:03projection plus facile sur des marques en fonction de
02:05ses propres centres d'intérêt et de ses passions ?
02:08En fait, ce que je crois, c'est que beaucoup de marques
02:09oublient qu'elles s'adressent à des gens.
02:12Et donc, oublient
02:13de prendre en compte ce qui est important
02:15pour eux. Oublie de prendre en compte
02:17qu'il faut leur parler d'une certaine manière
02:19pour les intéresser. Les gens s'intéressent
02:21beaucoup plus à leurs enfants,
02:24leur travail. Où est-ce qu'ils vont
02:25passer leurs vacances ? Pourquoi est-ce que leur ado de 15 ans
02:27ne leur adresse plus la parole ? Est-ce qu'ils vont
02:29boire encore de la thune à la fin du mois ?
02:31Pourquoi est-ce que leur sexualité a baissé
02:33depuis des temps d'années ?
02:35Les marques, finalement, c'est assez peu important dans leur vie.
02:37Alors, comment est-ce qu'une marque peut se reconnecter
02:40à ses préoccupations
02:42des gens, alors qu'à priori,
02:44vu les thématiques que vous nous énoncez, ça peut
02:45sembler un peu loin du rôle des marques ?
02:48Comment est-ce qu'on peut raccrocher
02:49ces préoccupations-là dans le quotidien
02:51des gens pour rentrer en connexion avec les marques ?
02:54La première chose,
02:55si on parle vraiment de publicité, précisément,
02:58je crois qu'il faut partir
02:59du constat que la publicité, c'est quelque chose
03:01qui fait chier les gens. Les gens s'en fichent des pubs ?
03:04Ouais. En fait, quand ils regardent
03:06une série à la télé, sur Netflix,
03:08quand ils sont en train de scroller sur Instagram
03:10ou regarder les vidéos sur YouTube,
03:11nous, ce qu'on vient faire, c'est venir interrompre
03:13quelque chose de plus intéressant. Parfois, quand ils scrollent,
03:16c'est pas forcément intéressant. Mais en tout cas,
03:17on va interrompre ce qu'ils sont en train de faire.
03:19Et donc, la moindre des choses, pour moi, c'est de
03:21prendre ça en considération, donc aller vers
03:24les gens, et pas se dire que les gens s'intéressent à nous
03:25et qu'ils vont venir vers nous, c'est aller vers eux
03:27et faire preuve de considération. Donc,
03:30puisque j'interromps quelque chose qu'ils font,
03:32qui est plutôt plus important que de s'intéresser à une marque,
03:34la moindre chose, c'est d'être poli,
03:36de les faire marrer, de leur apprendre quelque chose,
03:38de leur provoquer une émotion, en tout cas,
03:39d'aller vers eux, de leur donner quelque chose.
03:42Donc, ça veut dire que finalement, la création
03:44en elle-même, peut-être même plus que le média,
03:46est important ?
03:47Sinon, on ne fait pas ce métier.
03:49Mais ce n'est pas toujours facile, justement, de trouver la bonne
03:51création qui va faire mouche au bon moment.
03:54On sait qu'a priori, 80% des marketeurs pensent briefer correctement,
03:58mais seulement 10% des agences sont d'accord avec ce chiffre.
04:01Pourquoi est-ce qu'il y a ce décalage-là ?
04:02Souvent, ce qui fait que les agences pensent que leurs clients
04:06ne les briefent pas bien, c'est qu'on n'est pas d'accord
04:09sur l'objectif de la com.
04:11Ou les objectifs, plutôt, qui sont mis en avant
04:13dans le brief du client, peuvent être inatteignables.
04:16Pour moi, le premier objectif d'un bon brief,
04:18parce que les gens pensent qu'un brief, c'est un bout de papier
04:20ou un mail qu'on envoie, pour moi, c'est d'abord une discussion
04:23et se mettre d'accord sur pourquoi on communique.
04:25Donc, ça veut dire qu'on a identifié un bon problème à résoudre ?
04:27Totalement.
04:28Si on n'a pas de problème à résoudre, il n'y a pas besoin de communiquer.
04:31Le bon problème, souvent, les clients le traduisent
04:33tel qu'ils le perçoivent eux, c'est-à-dire
04:35« mes ventes baissent » ou « mes clients vieillissent,
04:39il faut rajeunir, je perds des parts de marché ».
04:41Souvent, ils l'expriment d'un point de vue business,
04:44mais ça ne dépasse pas ce stade-là.
04:45Ils n'essayent pas de comprendre pourquoi leurs ventes baissent
04:48ou pourquoi leurs clients vieillissent
04:50ou pourquoi ils perdent des parts de marché, etc.
04:52Donc, ça veut dire que vous les incitez, vos clients,
04:55à faire ces analyses ou est-ce que vous,
04:57quand on vous sollicite, vous allez vous-même les faire
04:59sur la base de toutes les informations, bien sûr,
05:01que la marque ou l'annonceur va vous partager ?
05:03Pour moi, l'idéal, c'est qu'ils le fassent eux
05:04et surtout qu'on se mette d'accord.
05:06En fait, pour moi, un bon brief, c'est un brief qui est découpé
05:08en trois grandes parties.
05:09Il y a une première partie qui est une partie business.
05:11C'est quoi l'objectif ?
05:13Par exemple, je veux recruter X nouveaux clients
05:16avec tel produit.
05:18Donc, l'objectif marketing, ça va être...
05:21D'accord. Donc, on veut recruter X nouveaux clients.
05:22Comment est-ce qu'on va réussir à les intéresser ?
05:24Pourquoi est-ce qu'ils ne nous regardent pas ?
05:26Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, ils font ça ?
05:28Et pourquoi est-ce qu'ils ne font pas ça ?
05:30Et ensuite, on peut traduire ça en objectif de communication
05:32qui va être de dire bon-même.
05:33OK. Donc, pour atteindre ce objectif business,
05:34il y a tant de personnes à qui on doit s'adresser.
05:36Il faut qu'on arrive à en intéresser X %.
05:38Donc, le rôle de la communication, c'est de faire
05:40qu'ils changent d'opinion, qu'ils changent d'attitude,
05:43qu'ils changent de comportement.
05:44Et on voudrait qu'il y en ait tant qu'ils le fassent.
05:46On voudrait qu'il y en ait tant qu'ils le fassent.
05:48C'est super important parce que souvent, dans les briefs,
05:50les objectifs du client sont démesurés
05:52par rapport aux moyens qu'ils ont.
05:54Alors, je voudrais, par exemple,
05:56augmenter ma part de marché de 5 points,
05:59mais j'ai que 50 000 balles.
06:00On ne va pas y arriver, chéri.
06:02Vous leur dites ça comme ça ?
06:04Ça dépend de mes clients.
06:06Non, mais vous avez entièrement raison.
06:08C'est vrai que les marques, souvent,
06:09sont très contraintes par des enveloppes budgétaires.
06:12On sait néanmoins qu'il faut des moyens
06:14pour pouvoir émerger,
06:15qu'il faut créer de la répétition
06:16au-delà de la couverture.
06:18Donc, vous êtes capable de refuser un brief,
06:20par exemple, si jamais, d'emblée, vous dites
06:22« Ok, je comprends bien les objectifs,
06:23vous avez bien défini l'analyse.
06:26Néanmoins, avec cette enveloppe budgétaire-là,
06:28ça sera impossible qu'on vous apporte une solution. »
06:30Est-ce que vous déclinez ce brief-là ?
06:32Oui, ou sinon, on revoit les objectifs à la baisse.
06:34En fait, les items de marques ou les parts de marché,
06:37ce sont des critères, des KPIs
06:38qui évoluent très lentement.
06:40Et ce n'est pas avec une campagne
06:41qui va toucher quelques centaines de milliers
06:44ou parfois millions de personnes
06:45qu'on va changer le cours de la vie d'une marque
06:49comme ça du jour au lendemain.
06:50C'est des process très longs.
06:52Par exemple, moi, j'ai travaillé très longtemps
06:53pour une grande marque de distribution
06:55qui est Intermarché.
06:56On a énormément fait progresser
06:58leur part de marché au cours des mois,
06:59mais mois après mois, on gagnait 0,05 point
07:03ou 0,1 point.
07:05Et c'est peut-être au bout de trois ans
07:06qu'on a réussi à atteindre
07:07plus un ou plus un et demi
07:09de progression de parts de marché.
07:10Mais c'est très, très, très lent.
07:12Et parfois, les annonceurs sont pressés.
07:13Oui.
07:14Ils ne laissent pas la chance au produit.
07:15En l'occurrence, ça peut arriver
07:16qu'en n'ayant pas de résultats
07:18assez court terme,
07:20ils arrêtent.
07:21Alors que, comme vous disiez,
07:22il faut capitaliser sur ce qui est enclenché.
07:24Comment est-ce que vous pourriez, vous,
07:26inciter les marques et les annonceurs
07:27justement à mieux aligner ces besoins-là
07:29avec les enjeux créatifs ?
07:32Ce n'est pas forcément les enjeux créatifs,
07:33c'est juste faire une règle de trois,
07:34c'est faire des maths.
07:36Si j'augmentais ma part de marché de temps,
07:38c'est tant de personnes à recruter,
07:40tant de personnes à recruter,
07:41c'est tant de moyens pour les toucher.
07:42Il faut que je les touche au moins
07:43dix fois pendant trois ans
07:46pour les faire changer d'opinion.
07:47Voilà, c'est juste des règles de trois,
07:49en fait.
07:49C'est très simple.
07:50Donc, pour vous, la créa, c'est des maths ?
07:52Pour moi, le marketing, c'est des maths.
07:54C'est bien comme notion
07:54parce qu'on n'assimile pas toujours
07:56le marketing à des maths.
07:57Ce n'est pas toujours une science exacte.
07:58Est-ce que vous auriez justement
07:59un exemple de brief
08:00qui, dans votre parcours,
08:03vous a particulièrement marqué
08:04parce qu'il était vraiment très clair
08:06et qu'il répondait vraiment
08:08à ce qu'on appelle un bon brief ?
08:10Est-ce que vous pourriez nous partager
08:10un exemple où vous avez eu plus souvent
08:13des moins bons briefs
08:14que des bons briefs ?
08:15J'ai quelques exemples
08:17de mauvais briefs.
08:19On ne citera pas les marques.
08:20Non, en fait, souvent,
08:22ce qui m'intéresse, moi,
08:23c'est la nature du problème à résoudre.
08:24Parfois, la communication
08:25ne peut pas répondre
08:27à tous les problèmes
08:27ou résoudre tous les problèmes.
08:29J'ai un exemple,
08:29mais c'est un exemple
08:30qui date un peu
08:31parce que c'est un exemple
08:32qui doit avoir une quinzaine d'années,
08:33mais c'est un exemple
08:33qui m'a beaucoup marqué.
08:34J'avais à l'époque pour clients
08:35l'équipe, le quotidien sportif
08:37et les ventes du quotidien baissées.
08:40Donc, il faut remettre ça
08:40dans le contexte.
08:41C'était en 2012.
08:42Donc, les ventes du quotidien baissaient
08:43et l'équipe nous contacte
08:45dans les telles agences
08:46en nous demandant
08:47de bosser sur une campagne d'affichage
08:49pour relancer les ventes du quotidien.
08:50Donc, on est en 2012.
08:52Les gens commencent
08:52à avoir des applications
08:53sur leur téléphone.
08:54Les gens consultent
08:55de plus en plus la presse
08:55sur Internet.
08:56Et donc, moi,
08:57j'ai le sentiment
08:58qu'une campagne de pub,
09:00ça va peut-être relancer
09:00les ventes d'un numéro.
09:01Donc, ça va peut-être
09:02avoir un effet à court terme
09:03et qu'à long terme,
09:04ça ne va pas être
09:04forcément très efficace.
09:06Et donc, je leur demande
09:07de me filer tous leurs chiffres.
09:08Ça m'intéressait
09:08d'avoir leurs chiffres d'audience,
09:09de savoir comment ils vendaient
09:10des quotidiens,
09:11de magazines, etc.,
09:12mais également l'audience
09:12de leur site Internet,
09:13l'audience de leur application.
09:15Et je me suis rendu compte
09:15d'un truc, c'est qu'effectivement,
09:17les ventes du quotidien baissaient.
09:19Donc, on était passé peut-être
09:19de 200 000 à 50 000 ventes
09:21en un an par jour.
09:22Mais surtout,
09:23que l'audience quotidienne
09:24de l'équipe,
09:25c'était à peu près
09:255 millions de personnes.
09:275 millions de personnes,
09:27ça veut dire qu'entre le site
09:28et l'appli et le quotidien,
09:30il y avait 5 millions de gens
09:31qui lisaient l'équipe
09:32tous les jours
09:33et la plupart le lisaient gratuitement.
09:35Donc, le principal problème
09:36de l'équipe,
09:36c'est qu'ils avaient créé
09:37leur propre concurrence gratuite
09:38sur d'autres médias,
09:39sur d'autres supports.
09:40Et ils n'en avaient pas conscience
09:41avant que vous n'analysiez
09:42tous ces chiffres ?
09:42Non, parce que pour eux,
09:43c'était presque un truc
09:44qu'il y avait la rédaction
09:46du digital, du web,
09:48la rédaction du papier.
09:49C'était deux rédactions différentes
09:50et il ne s'était pas dit
09:52que les gens pouvaient
09:53passer l'un à l'autre
09:53et lire les deux.
09:54Et donc, en fait,
09:55moi, j'avais reformulé
09:56leur problème en me disant
09:56que le problème,
09:57ce n'est pas tant
09:58de relancer de l'événement
09:59du quotidien.
09:59Le problème, c'est de redonner
10:00aux gens envie de payer
10:01pour l'équipe.
10:02Parce qu'il y avait
10:02une continence gratuite
10:03d'à côté pour qu'est-ce
10:04que le contenu
10:04a acheté le quotidien
10:05qui coûtait deux balles
10:06alors que c'était gratos
10:07sur le site.
10:09Et donc, la réponse
10:09n'a pas été de faire
10:10une campagne d'affichage.
10:10La réponse a été de dire
10:11qu'on va essayer
10:12de revaloriser le contenu,
10:13le fond des articles,
10:15ce que produit la rédaction.
10:16Et pour ça,
10:17on a importé à l'époque
10:18un truc qui existait
10:19aux États-Unis
10:19mais qui n'existait pas
10:20encore en France.
10:21En fait, on s'est dit
10:22qu'on va générer
10:22de la frustration.
10:24On va commencer à faire ce que
10:26vous voyez,
10:27quand on sait lire un article,
10:27on a les 15% de l'article
10:28et puis il faut payer
10:30pour pouvoir lire la fin.
10:31Ben voilà,
10:31on a été, je crois,
10:32les premiers en France
10:32à lancer ce truc-là.
10:34Et surtout,
10:34on a créé un job
10:35au sein de la rédaction
10:35qui était une personne
10:37qui devait décider
10:38est-ce que cet article,
10:39on va le mettre en gratuit
10:39ou est-ce qu'on va le mettre
10:40en payant ?
10:41Et donc, on a inventé
10:42l'équipe premium
10:42pour réhabituer les gens
10:43à payer et à se rendre compte
10:45que l'information
10:46que fournisseait l'équipe
10:46avait de la valeur.
10:47Alors, vous parliez justement
10:48de recréer de la valeur.
10:50On parlait des émotions
10:51aussi juste avant
10:52pour que les gens
10:53soient impactés,
10:55en tout cas,
10:55soient attirés par une marque.
10:56Il faut qu'on entre
10:57en résonance
10:58avec leurs propres émotions.
10:59Donc, c'est ce qu'on appelle
11:00peut-être la force
11:00du storytelling,
11:01du récit.
11:02Parce qu'on sait
11:03que 95% de nos décisions
11:04sont dictées
11:05par nos émotions.
11:06Ça, c'est notamment
11:06ce qu'avait réussi
11:07à mettre en avant
11:08Daniel Kahneman
11:09qui est ancien prix Nobel
11:10d'économie,
11:11il faut que c'était en 2002.
11:12Et on pense être
11:13des êtres rationnels
11:14mais en réalité,
11:1695% de nos décisions
11:17sont dictées par nos émotions
11:18et y compris
11:20du choix de la marque
11:21ou du produit
11:21que l'on va acheter.
11:22Ce qui n'aura pas
11:22la tâche facile aux marques
11:23parce que dans ce contexte-là,
11:25comment est-ce que la création
11:26peut s'adapter
11:27pour entrer justement
11:29et comprendre,
11:29identifier ses émotions
11:30et entrer en connexion
11:31avec ces émotions-là
11:32pour que la marque
11:33puisse émerger ?
11:34En fait, j'ai l'impression
11:35que c'est au contraire
11:36assez facile.
11:37Une fois qu'on sait
11:38que ça marche par les émotions,
11:39c'est ça qu'on cherche
11:39à travailler.
11:40La conséquence de ça,
11:41c'est qu'on survalorise
11:43l'importance du message,
11:44de ce qu'on raconte
11:44alors qu'en réalité,
11:46le plus important,
11:47c'est l'émotion
11:47que l'on va procurer
11:48à la personne.
11:50Les gens vont se souvenir
11:51de l'émotion
11:52qu'ils ont ressentie
11:53en voyant une campagne,
11:54une affiche,
11:55une pub à la radio,
11:56peu importe.
11:57Est-ce que ça les a fait marrer ?
11:58Est-ce que ça les a fait sourire ?
11:59Est-ce que ça leur a tiré
11:59une larme ?
12:00Parfois, ça arrive.
12:01Et si cette émotion
12:03a été agréable ou positive,
12:04ils vont plutôt avoir
12:05une bonne opinion de la marque
12:06ou du produit
12:06qui leur a parlé.
12:07Finalement,
12:07le fond du message,
12:09c'est bizarre de dire ça,
12:10mais n'est pas si important
12:10que ça.
12:11Et d'ailleurs,
12:12les marques et les produits
12:12ne sont pas si différentes
12:14les unes des autres.
12:15Alors, ça arrive
12:15qu'une marque
12:16ait une innovation incroyable,
12:19quelque chose
12:20de vraiment nouveau
12:20à mettre sur le marché.
12:21Et dans ce cas-là,
12:21il faut le dire.
12:23Mais la plupart
12:24des innovations
12:25des marketeurs,
12:26désolé,
12:27mais elles ne sont pas
12:27très différentes.
12:28En tout cas,
12:28elles le sont,
12:29elles sont tellement à la marge
12:30qu'elles intéressent
12:310,2% du marché.
12:33Et donc,
12:34ce n'est pas avec ça
12:34qu'on va faire bondir les ventes.
12:36Donc, parfois,
12:37il vaut mieux se mettre en avant
12:39ou avoir la promesse centrale
12:40de la catégorie,
12:41mais juste la dire mieux
12:42que les autres
12:43ou la dire différemment
12:43que les autres.
12:44En fait,
12:44ce n'est pas forcément
12:45de dire quelque chose
12:46de différent,
12:46c'est de dire différemment
12:47des autres
12:48qui est important pour moi.
12:49Comment est-ce qu'on arrive
12:50à trouver la bonne émotion
12:51en fonction de la problématique
12:52de la marque,
12:53de son univers,
12:53de son territoire,
12:54de son ADN,
12:55de son positionnement ?
12:56Parce que toutes les émotions
12:57ne peuvent pas correspondre
12:58à un produit qu'on va proposer
12:59ou à une marque
13:00en fonction de son positionnement.
13:01Comment est-ce que vous arrivez
13:02à trouver cette bonne émotion-là,
13:04créativement ?
13:05Déjà,
13:05je ne suis pas d'accord
13:06sur le fait
13:07que n'importe quelle émotion
13:09ne puisse pas fonctionner.
13:12Il y a beaucoup de marques
13:12qui se refusent
13:13à faire de l'humour
13:15parce qu'elles se disent
13:16que le sujet
13:17dont elles souhaitent parler,
13:18ce sont des sujets sérieux.
13:19Mais je crois qu'au contraire,
13:21quand c'est sérieux,
13:21on peut y aller
13:22avec beaucoup d'humour.
13:23Ça permet de désamorcer
13:24pas mal de choses.
13:25Ça permet de désamorcer
13:26des freins.
13:26On peut parler de la mort
13:27avec humour.
13:28On peut parler
13:28des accidents avec humour.
13:30Il y a une grande campagne
13:31australienne
13:33il y a quelques années
13:33qui s'appelle
13:34Dumb Ways to Die
13:35qui mettait en avant
13:36les dangers
13:37de certains comportements
13:38dans les transports en commun.
13:39Ils l'ont fait
13:40en créant des petits personnages
13:41rigolos
13:41avec des chansons
13:42en disant aux gens
13:43c'est vraiment trop con
13:44de mourir comme ça.
13:45L'humour permet de faire passer
13:46les choses difficiles
13:46à dire plus facilement.
13:47Je pensais aussi
13:48à des marques
13:49du secteur du luxe
13:50qui,
13:51certaines sont assez audacieuses
13:53néanmoins,
13:53mais généralement
13:55dans le luxe,
13:55on veut que ce soit
13:56assez statutaire,
13:57on ne va pas forcément
13:57avoir recours à l'humour
13:59parce que ça ne correspondrait pas
14:00au code du luxe.
14:02Donc en fait,
14:02on est,
14:03même si c'est en train
14:04d'évoluer,
14:04mais c'est pour ça
14:05que je vous disais ça.
14:05Est-ce que vous pensez
14:06que même des marques
14:07du secteur-là
14:08se mettent elles-mêmes
14:09des freins
14:10en parfois refusant
14:11d'aller sur l'humour
14:12alors qu'elles pourraient
14:13totalement être légitimes
14:14sur ce créneau d'émotion-là ?
14:16Je pense qu'elles se mettent
14:16des freins,
14:17surtout je pense que
14:18l'humour n'empêche pas
14:19d'être statutaire,
14:20l'humour n'empêche pas
14:20de faire du beau,
14:21l'humour n'empêche pas
14:22d'être élégant.
14:23La force du storytelling,
14:24l'émotion qu'on va procurer,
14:26donc ça veut dire
14:26quand même que ça passe
14:27par une bonne connaissance
14:28de sa cible
14:29ou de ses cibles.
14:31Je crois que fondamentalement
14:32le boulot des publicitaires
14:33et de la création,
14:34c'est de créer
14:34des raccourcis émotionnels
14:35dans la tête des gens.
14:36On passe très peu de temps
14:37à choisir les marques
14:38ou les produits
14:38qu'on va acheter.
14:39Je crois qu'on passe
14:39en moyenne 12 secondes
14:41dans un rayon de supermarché
14:42pour choisir un produit.
14:43Ça veut dire que
14:44personne ne lit les étiquettes,
14:45personne ne lit la composition,
14:46même avec Yuka,
14:48et qu'au contraire,
14:50on choisit la marque
14:51avec laquelle on est
14:52à l'aise, entre guillemets.
14:53Ça veut dire que ça nous va
14:54et on ne va pas chercher
14:55à approfondir davantage.
14:57Et ça, c'est le pouvoir
14:58de la pub,
14:59c'est d'avoir écrit
14:59sur un raccourci émotionnel
15:00dans la tête des gens
15:00et de dire,
15:01ah, cette marque,
15:02ça me va bien de l'acheter.
15:03Parce qu'en réalité,
15:03je préfère penser à autre chose
15:04que des marques
15:05que je vais acheter.
15:06Alors, il y a certaines catégories
15:08pour les gens
15:08qui sont plus impliquantes.
15:10Quelqu'un qui est fan de vélo,
15:11il va s'intéresser aux marques de vélo,
15:12à la fabrication du cadre,
15:14etc.
15:14Il est passionné par ça,
15:15donc il va y passer du temps.
15:16Mais la plupart des autres catégories,
15:18il ne va pas s'y intéresser.
15:19Il n'y a pas de recette miracle.
15:21Mais il y a quand même
15:22des ingrédients
15:22qui sont récurrents.
15:24Dans les ingrédients
15:24qui sont récurrents,
15:25il y a...
15:27Alors, ça peut paraître
15:27un peu étonnant,
15:28ce que je veux dire,
15:29parce que finalement,
15:30assez peu de marques le font.
15:31Mais moi, il y a un ingrédient
15:32qui m'intéresse beaucoup.
15:33Je vais appeler ça l'imperfection.
15:35Le pouvoir de l'imperfection.
15:37Et je sais que ça un peu provoque
15:38parce que la plupart des marques,
15:41des clients, des annonceurs,
15:42essayent d'avoir des copies parfaites.
15:45Il y a trop de mots
15:45dans cette accroche, réduit-la.
15:47Le problème de la perfection,
15:49c'est que c'est lisse.
15:50Et si c'est lisse,
15:51ça n'accroche pas.
15:52Pourquoi est-ce qu'on appelle
15:53ça une accroche, par exemple ?
15:55Justement, une accroche,
15:55c'est pour que ça accroche.
15:57Et donc, c'est-à-dire
15:57qu'il faut que les gens
15:58prennent le temps de comprendre.
16:00Il faut qu'il y ait un décalage,
16:02un jeu de mots,
16:02un truc qui ne sonne pas normal
16:04ou qui fait qu'au contraire,
16:05on y passe du temps
16:06pour le décoder.
16:07Moi, je préfère une accroche longue,
16:08un peu plus dure à comprendre
16:10parce que je sais que
16:11ceux qui vont rester accrochés dessus
16:13vont s'en souvenir ensuite.
16:14Mais ça, ça ne doit pas être facile
16:15à faire accepter aux marques
16:16quand vous leur proposez
16:18ce type d'imperfection.
16:19Comment est-ce que vous faites
16:20pour convaincre les marques,
16:22notamment sur une accroche
16:23peut-être un peu longue
16:23ou avec des mots
16:24qu'ils n'auraient pas pensé utiliser ?
16:26Comment vous allez réussir
16:27à les convaincre
16:27que c'est aussi en faisant
16:29ce genre de démarches-là
16:30qu'ils vont être plus impactants,
16:31mieux émergés,
16:34consommateurs ?
16:35Parfois, il y a des études
16:36qui permettent de démontrer
16:38que c'est plus efficace.
16:39Ensuite, c'est la confiance
16:40ou c'est l'habitude
16:41ou c'est l'expérience.
16:42En fait, il y a plein d'exemples
16:43sur l'imperfection
16:44dont on pourrait parler.
16:45Dans la campagne de Nespresso,
16:46par exemple,
16:47on pourrait penser que
16:48la présence de Georges Clunet
16:49qui incarne quand même
16:50une certaine perfection masculine
16:52fait que cette copie,
16:53en plus,
16:54dans le traitement
16:54qui est quand même extrêmement léché,
16:56c'est quand même très parfait
16:58comme copie.
16:59Et pourtant,
17:00ce n'est pas si parfait que ça.
17:01En fait, ce qui marche,
17:02c'est le ressort,
17:04c'est un truc très français.
17:05On décapite un puissant
17:06dans cette campagne.
17:08Je ne sais pas si les gens
17:09le décodent comme ça.
17:10Non, mais le héros de cette campagne,
17:11ce n'est pas Georges Clunet.
17:11Le héros de cette campagne,
17:12c'est la capsule de café Nespresso
17:14ou la machine parfois.
17:15Donc, ça veut dire que
17:16pendant des années,
17:18il y avait des gens,
17:19souvent c'était des femmes d'ailleurs,
17:21qui rentraient dans les boutiques Nespresso
17:22et qui ne reconnaissaient pas
17:23Georges Clunet
17:24parce qu'elles étaient intéressées
17:24par la capsule et par le café
17:25et que le héros, c'était le café.
17:27C'est ça le ressort intéressant
17:28dans cette campagne,
17:29c'est de prendre une des personnes
17:30les plus connues,
17:31les plus glamours
17:32et les plus sexy au monde
17:32et d'en faire un lambda.
17:35Donc, c'est ce que vous appelez aussi
17:36le ressort de l'imperfection
17:37dont vous parliez
17:38parce que quand on utilise
17:38ce mot imperfection,
17:39on imagine quelque chose
17:40qui ne soit pas complètement
17:42finalisé, abouti.
17:43Ce n'est pas ça l'imperfection
17:44telle que vous en parlez.
17:46Ça peut l'être.
17:47Ça peut l'être dans la forme,
17:48par exemple.
17:49Prenons l'exemple des mannequins,
17:50des top modèles.
17:51Il y a souvent des personnes,
17:53la raison pour laquelle
17:53on se souvient d'elles,
17:54c'est pour leur imperfection.
17:55Leticia Casta,
17:56c'est une femme très belle.
18:00qui a de la vigne
18:01et on se souvient d'elle
18:02parce qu'elle est
18:03limite un monosourcil.
18:05Et donc,
18:05c'est ces imperfections
18:06dans leur visage
18:07qui ne les rendent pas moins belles
18:08mais qui les rendent plus saillantes
18:10et qui font qu'on se souvient d'elles.
18:11Et par exemple,
18:12dans les castings,
18:12ça c'est super important.
18:13Choisir des personnages
18:14qui ont des gueules,
18:16ça va permettre à la campagne
18:17ou au visuel
18:17d'émerger davantage en fait.
18:20L'imperfection aussi,
18:20elle a un autre pouvoir,
18:21c'est qu'elle permet
18:22aux gens de s'identifier.
18:24Donc, ça rend la marque
18:25d'une certaine manière
18:26plus authentique
18:27et plus accessible.
18:28Ah, mais si cette marque
18:30admet ses faiblesses,
18:32déjà, elle n'est pas idiote
18:33et en même temps,
18:34ça me rend moi-même
18:34plus accessible.
18:35Ça ne la met pas
18:35à trop grande distance de moi.
18:38Et ça veut dire aussi
18:39qu'elle comprend
18:39que ma propre vie
18:40n'est pas parfaite
18:41et je peux m'identifier
18:41aux histoires qu'elle me raconte.
18:43L'audace,
18:43est-ce que vous trouvez aussi
18:44que c'est un des ingrédients
18:46importants pour une marque
18:47à être utilisée en com ?
18:48Je pense que le pire
18:49pour une marque,
18:50c'est l'indifférence.
18:52Souvent, les marques
18:53parlent, voilà,
18:54voilà mon positionnement.
18:56Moi, je trouve que
18:57plutôt que d'avoir un positionnement,
18:58ce qui est intéressant,
18:58c'est de prendre position.
19:00Et prendre position,
19:01ça veut dire qu'il y a des gens
19:01qui vont nous aimer
19:02pour la position que l'on prend,
19:04des gens qui ne vont pas nous aimer.
19:05Mais ceux qui vont nous aimer
19:07vont avoir un lien fort avec nous.
19:09Ceux qui ne vont pas nous aimer
19:10vont avoir un lien fort avec nous aussi.
19:11Mais c'est peut-être
19:12celui de dégoût, de haine.
19:13Mais l'indifférence,
19:14c'est le pire.
19:15Oui, c'est vrai que c'est le pire.
19:16Et l'audace permet
19:17de ne pas laisser indifférent.
19:19Donc, d'avoir des convictions,
19:20des partis pris.
19:21Oser.
19:22Est-ce qu'on ose encore
19:27qui montre que la création
19:28peut augmenter les effets
19:29d'une campagne
19:30ou démultiplier les effets
19:31d'une campagne par 12 ?
19:32C'est énorme.
19:32Ça veut dire que
19:33si on traduit ça en chiffres,
19:35parce que souvent,
19:36les marketeurs
19:36aiment bien entendre des chiffres,
19:38pour 100 investis,
19:40je peux avoir l'effet de 1200
19:41quand j'ai une bonne campagne.
19:43Ça vaut le coup
19:43de passer du temps.
19:44Ça vaut le coup d'essayer
19:45de passer du temps
19:45à ne pas laisser les gens indifférents.
19:47Alors, ce dont on va te parler,
19:48il y a une étude
19:48qui est sortie l'année dernière
19:49qui s'appelle
19:49The Cost of Dull.
19:50Il faut absolument lire cette étude.
19:52Tous les communicants
19:57de comprendre
19:57combien ça leur coûte
19:58de faire des campagnes molles
20:00et que personne ne regarde
20:03ni ne retient.
20:04Je crois que souvent,
20:04on a tendance à trop segmenter
20:05et que plutôt de se dire
20:08je veux toucher tel profil
20:09ou tel profil,
20:09c'est plus intéressant
20:10de se dire
20:10je veux cibler tel état d'esprit.
20:13Donc, sortir des critères
20:14classiques, sociaux, démos
20:16et aller plus sur des critères
20:18de comportement,
20:20de manusètes.
20:20Oui, de comportement
20:21ou d'attitude.
20:22Je vais revenir après
20:22sur le ciblage média.
20:23Mais je vais d'abord raconter
20:24une petite histoire.
20:25C'est un cas
20:26que je trouve fabuleux.
20:27C'est la marque Pedigree.
20:29Donc, nourriture pour chien
20:30en Nouvelle-Zélande.
20:31Le problème de Pedigree
20:32à l'époque,
20:33c'est qu'ils avaient
20:33de mémoire en gros
20:3570 ou 75%
20:36de parts de marché.
20:37Donc, aller conquérir
20:39les 25% de gens
20:41qui ne les achetaient pas,
20:43c'était extrêmement compliqué
20:44d'aller gagner
20:44des parts de marché supplémentaires.
20:45En gros, ils étaient
20:46vraiment le leader
20:46absolu du marché.
20:48Et finalement,
20:49ils se sont dit
20:49la seule manière
20:50de faire augmenter nos ventes,
20:51c'est d'augmenter le marché.
20:53Donc, faire en sorte
20:53qu'il y a plus de gens
20:54qu'il y a des chiens.
20:54Donc, comment est-ce
20:57qu'on fait en sorte
20:58qu'il y ait plus de gens
20:59qui aient des chiens ?
21:00On peut avoir des chiens
21:01quand on est jeune,
21:01on peut avoir des chiens
21:02quand on est vieux,
21:02on peut avoir des chiens
21:03quand on est des hommes,
21:04quand on est des femmes,
21:05quand on est blanc,
21:05quand on est noir,
21:06tout le monde a des chiens.
21:07Donc, c'est comment
21:08est-ce qu'on cible
21:08le propriétaire de chiens ?
21:11Ils se sont rendus compte
21:12d'un truc qui est super intéressant,
21:13ils se sont dit
21:13est-ce qu'il y a des moments
21:14dans la vie des gens
21:15où on a plus tendance
21:15à prendre un chien
21:16qu'à un autre moment ?
21:18Et en faisant des études,
21:18ils se sont rendus compte
21:19que souvent,
21:21quand les enfants
21:22quittent le foyer,
21:23ça crée comme un vide
21:24dans la maison
21:25et que les parents
21:26ont tendance
21:27à remplacer ce vide
21:28en prenant un animal
21:29de compagnie
21:29comme un chien.
21:31Et donc,
21:32là, ils n'ont pas ciblé
21:32des gens
21:34d'un point de vue sociaux
21:34ou des mots,
21:35catégoriser l'aspect, etc.
21:36Ils ont ciblé
21:37un état d'esprit
21:38par rapport à un moment
21:39dans la vie.
21:40Comment est-ce qu'on va combler
21:41ce vide ?
21:41Ils ont créé
21:42ce qui s'appelle
21:42le Child Replacement Programme,
21:44donc le programme
21:44de remplacement des enfants.
21:45Ils ont fait toute
21:48une panne autour de ça
21:49et voilà,
21:49prenez un chien
21:50à ce moment-là
21:51et vous verrez,
21:52ça va combler le vide
21:52et la campagne a cartonné
21:54et puis le nombre
21:55d'adoptions de chiens
21:56a augmenté
21:57de manière phénoménale
21:58et donc,
21:58ils ont augmenté
21:59leur vente.
21:59Et donc,
22:00ils n'ont pas ciblé des gens,
22:00ils ont ciblé un moment
22:01dans la vie des gens,
22:02c'est ça que je trouve intéressant.
22:03Si je reviens sur le ciblage
22:04d'un point de vue média,
22:05le fait qu'on ait des outils digitaux
22:07qui permettent de super cibler
22:08fait que les gens se sont dit
22:09ah, c'est super,
22:10on va pouvoir optimiser au max
22:11et donc optimiser
22:12nos investissements publicitaires
22:13en ne touchant que les gens
22:14qui nous intéressent
22:15et pas les autres.
22:16Moi, je pense que c'est une connerie
22:17parce que souvent,
22:20ne serait-ce que d'un point
22:21de vue économique,
22:21les médias plus ciblés
22:22sont plus chers.
22:23Autant toucher plus de monde
22:25et payer moins cher
22:26aux contacts.
22:28Deuxièmement,
22:29si on se dit
22:29que les gens ne sont pas
22:30si différents les uns des autres
22:31ou que les motivations
22:32pour acheter telle marque
22:33ou tel produit
22:33ou tel catégorie de produit
22:34ne sont pas si différentes
22:34d'une personne à l'autre,
22:36autant ratisser large.
22:37Et il y a un troisième point
22:38qui est souvent oublié
22:40ou méconnu,
22:40c'est que souvent,
22:42les marques que l'on achète
22:42ont quand même
22:43un rôle un peu identitaire.
22:46Si j'achète des Nike
22:47ou des New Balance,
22:47ça raconterait une chose pour moi.
22:49Donc, comme l'image
22:50que je renvoie,
22:51je vais la renvoyer
22:51à des gens
22:52qui ne sont pas consommateurs,
22:53c'est important
22:54que ces gens-là
22:55qui ne sont pas consommateurs
22:55aient quand même
22:56une opinion sur cette marque.
22:57Oui, mais comment on fait
22:58pour la créer,
22:58cette opinion sur cette marque
23:00alors qu'ils ne sont pas consommateurs ?
23:01En les ciblant,
23:02en les exposant à nos messages.
23:03Ok, on va les cibler
23:04d'un point de vue média
23:05mais d'un point de vue créatif.
23:06Comment est-ce qu'on peut être sûr
23:07que ces non-clients,
23:10créativement,
23:10vont être sensibilisés
23:12à ce qu'on leur envoie
23:12comme créa,
23:13comme message
23:14à ce moment-là ?
23:15C'est là aussi
23:16tout le pouvoir
23:16d'analyse en amont
23:17et tout ce travail
23:18de la création.
23:20Il y a un cas
23:20que je trouve fabuleux,
23:21une campagne de Nike
23:22en 2017, je crois.
23:25C'est une campagne
23:26qui a beaucoup fait parler.
23:28C'est quand Nike,
23:29je crois que c'était
23:29pour les 30 ans
23:29de Just Do It,
23:30a fait appel
23:31au quarterback
23:32Colin Copernick
23:33pour faire une campagne.
23:35En fait,
23:35si on met dans le contexte,
23:36Colin Copernick,
23:37c'était le quarterback
23:37des 49ers,
23:38donc l'équipe de San Francisco,
23:39une foutueuse.
23:40Et pendant les hymnes,
23:42au début d'un match,
23:43a décidé de mettre
23:43le genou à terre
23:44en protestation
23:44des violences policières
23:46envers les Afro-Américains
23:47notamment.
23:48Ça, ça a fait
23:49des polémiques,
23:51un débat national.
23:52Il y avait les pours
23:52et les contres,
23:53on parlait de prendre position
23:54tout à l'heure.
23:55Donald Trump
23:55était présidentiel
23:56à son premier mandat,
23:57il a menacé
23:58de boycotter.
24:00Donc, ça a polarisé
24:01les États-Unis.
24:02Le fait que Nike
24:03décide de faire
24:04une campagne
24:04en prenant
24:05comme un géré
24:06Colin Copernick,
24:07qui n'était même
24:07plus joueur à l'époque,
24:09il n'y avait plus de boulot,
24:10il ne jouait plus
24:10pour les 49ers,
24:11il n'en fallait gérer
24:11toute sa campagne.
24:13Forcément,
24:13ça a polarisé
24:14les Américains.
24:15Donc, il y a des gens
24:16qui ont brûlé des Nike,
24:17il y a des gens
24:17qui ont boycotté,
24:19mais ça a tellement
24:19renforcé le lien
24:20avec les autres,
24:21parce que c'était
24:21vraiment politique
24:22comme message,
24:23que finalement,
24:23les ventes de Nike
24:24ont explosé,
24:24le cours de bourse
24:25de Nike a explosé
24:25également.
24:25Donc, porter des Nike,
24:28ça voulait dire
24:28je suis contre toi,
24:30connard de républicain
24:31Trumpiste.
24:31En gros,
24:32ça voulait dire ça.
24:33Donc, c'est aussi comme ça
24:33qu'on capte des non-clients.
24:35C'est comme ça
24:35qu'on arrive à faire en sorte
24:36que les non-clients
24:37aient une image de nous.
24:38Oui, des prises de position
24:39de la marque,
24:40des valeurs de la marque.
24:41Et alors, justement,
24:42par rapport à tous ces moyens
24:43aujourd'hui dont on dispose,
24:44on en parlait tout à l'heure,
24:46à l'heure des campagnes
24:46un peu ultra-optimisées,
24:47vous disiez que le digital
24:48permet effectivement
24:49de traquer,
24:50de cibler.
24:51On voit les IA génératives
24:52qui pointent le bout
24:53de leur nez.
24:54Quel est le rôle de l'humain
24:55aujourd'hui dans la créativité ?
24:57C'est toujours le même,
24:58c'est de faire un truc
24:58plus intéressant que les autres.
25:00Mais comment vous gérez l'IA ?
25:02Si tout le monde a accès à l'IA,
25:04moi, j'ai essayé
25:04de demander à une IA
25:06à ChatGPT
25:07ou même à Claude
25:08de me sortir des films,
25:09des accroches,
25:10des campagnes et tout.
25:11Alors, il y a des gens
25:12qui promptent mieux que les autres,
25:13mais à la fin,
25:15c'est un nouveau niveau créatif
25:17qui est lissé.
25:19Donc ensuite,
25:19c'est comment réussir
25:20à faire mieux.
25:20Si tout le monde y a accès,
25:21à la fin,
25:22c'est une création qui va sortir.
25:23Donc, c'est quand j'arrive
25:24à sortir quelque chose
25:24de différent des autres,
25:25c'est toujours pareil.
25:26Oui, c'est assez clair.
25:27Moi, je suis totalement
25:27d'accord avec vous,
25:29mais vous, vous utilisez l'IA
25:30plus comme un sparring partner
25:32que comme un...
25:33Vous ne le considérez
25:33absolument pas
25:34comme un concurrent.
25:35Beaucoup de personnes
25:36par rapport aux innovations
25:37ont peur
25:37ou se les approprie.
25:39Donc, vous,
25:39vous êtes plutôt côté...
25:42On utilise les IA,
25:43mais on connaît leurs limites
25:44et l'humain ne peut que faire mieux,
25:45surtout d'un point de vue créatif.
25:47Pour moi, c'est un outil en plus.
25:48Il y a toujours
25:49des nouveaux outils
25:49qui apparaissent.
25:50Je ne sais pas
25:51si les peintres ont eu peur
25:52de la photographie
25:52quand elle est apparue
25:53ou si les gens
25:55qui faisaient de la radio
25:56ont eu peur de la télé
25:56ou si les gens
25:57qui faisaient des maquettes
25:58à la main
25:58ont eu peur de Photoshop.
26:00Mais c'est juste
26:01un outil en plus
26:02à notre disposition pour moi.
26:03Pour conclure, Romain,
26:05sur le mot de la fin,
26:06si on devait convaincre
26:08des annonceurs
26:09qui ne sont pas encore
26:10clients de Havas,
26:11qu'est-ce que vous aimeriez
26:12leur donner comme conseil
26:13pour justement mieux émerger,
26:16faire des campagnes
26:16qui créativement
26:17sont plus impactantes
26:19que les autres
26:19par rapport à tout le ressort
26:20que vous évoquiez ?
26:21On a parlé d'émotions,
26:22de l'humour.
26:23On aurait pu aussi parler
26:24de la musique.
26:25Quel serait ce conseil
26:27pour réussir
26:28à faire un bon brief
26:29et ensuite à déployer
26:30une belle campagne
26:31de communication ?
26:33J'ai envie de parler
26:33d'un sujet particulier,
26:35c'est l'ego.
26:37Je crois qu'il y a
26:37beaucoup de bonnes idées
26:38qui sont foutues à la poubelle
26:40à cause de l'ego
26:41des responsables marketing
26:42ou de la communication.
26:44Quand je prends un job,
26:46je deviens la nouvelle patronne
26:47de la communication
26:48d'une marque,
26:49souvent l'ego pousse
26:50à remettre en question
26:51tout ce qui a été fait auparavant.
26:53Parce que c'est plus facile
26:55de se faire remarquer
26:55en faisant quelque chose
26:56de différent
26:56qu'en prolongeant
26:58le travail du prédécesseur.
27:00Si le travail du prédécesseur
27:01était de mauvaise qualité
27:03et que les campagnes
27:03ne marchaient pas,
27:04c'est normal de les changer.
27:05Mais si ça marche,
27:07il n'y a aucune raison
27:07de le faire.
27:08Et donc je pense que c'est
27:09faire preuve de courage
27:10et d'intelligence
27:11de poursuivre le travail
27:12qui a été mené avant soi,
27:14même si on a moins parlé de nous.
27:16C'est très rare
27:17qu'une marque demande
27:18à une agence
27:18d'avoir une idée
27:19qui ne dure pas longtemps.
27:21Quand on a une bonne idée,
27:22je crois qu'il faut la garder,
27:23il faut la protéger,
27:25il faut la nourrir,
27:27il faut la préserver.
27:27Les idées,
27:29c'est dur à trouver,
27:30c'est long à émerger,
27:32il faut des moyens,
27:33il faut de la répétition.
27:34Donc s'il y en a une bonne,
27:36quittiez,
27:36préservez-la
27:37et entretenez-la
27:37et continuez-la.
27:39Et ne mettez pas
27:40la poubelle
27:40pour votre propre égo.
27:42Et donc c'est un peu,
27:43quand vous évoquez tout ça,
27:44moi j'ai une campagne
27:46de communication
27:47qui me vient en tête
27:47qui est celle d'Evian
27:48avec l'idée des bébés,
27:51Liv Young.
27:52Et ça, pour vous,
27:54c'est justement
27:54une bonne campagne
27:55qui a su être pérenne
27:56et être déroulée,
27:58évoluée,
27:58parce que c'est vrai
27:59qu'on en a eu
27:59plusieurs films publicitaires.
28:01Est-ce que ça,
28:01c'est un bon exemple
28:02par rapport
28:02à ce que vous venez
28:02d'évoquer ?
28:03Oui,
28:04Liv Young,
28:05c'était le concept
28:06de la marque Evian.
28:07Il y a eu plein d'exécutions
28:08sur cette idée-là.
28:09Il y a eu les bébés
28:10qui nageaient,
28:11les bébés qui faisaient
28:11du roller,
28:12ceux qui avaient des souhaits
28:13c'est trop grand pour eux.
28:14Il y en a eu plein.
28:15La musique était très prégnante
28:16aussi dans ces films-là ?
28:18La musique,
28:18c'est souvent la moitié
28:20de l'émotion procurée.
28:21Donc effectivement,
28:21c'est important d'investir dessus.
28:22On ne met pas assez de pognon
28:23sur la musique, je crois.
28:24Ça arrive en fin de parcours,
28:26à la fin de la proie d'un
28:27qu'est-ce qu'en mettre
28:28comme bande-son là-dessus ?
28:29Alors qu'on sait
28:30que la moitié du boulot
28:30est souvent faite
28:31avec la musique.
28:32Les gens se font presque
28:33plus de musique
28:34que des images.
28:35Ça craint des liens
28:35émotionnels très forts.
28:37On a déjà parlé
28:38de l'émotion tout à l'heure.
28:40Penser à mettre
28:40de l'argent sur la musique
28:41et investir sur des titres
28:42qui touchent les gens
28:43et pas des musicomètres
28:45nuls
28:46qui seront oubliés
28:50droits, oui.
28:51Et donc, pour vous,
28:52l'avenir de la publicité
28:53est encore un avenir
28:54plutôt radieux ?
28:55Je pense que oui,
28:56parce que je pense
28:56qu'on n'a jamais eu
28:57autant besoin
28:58d'émerger,
28:59de se différencier.
29:00Il y a un nombre
29:01de marques,
29:01un nombre de produits,
29:02un nombre de médias,
29:03de médiums,
29:04de manières de s'adresser
29:05aux gens,
29:06démultipliées
29:07pour s'en sortir.
29:09La création est encore
29:11plus importante qu'auparavant.
29:12Sinon, personne
29:13ne nous remarque.
29:14Donc oui, oui,
29:14je crois qu'elle a encore
29:15un bel avenir.
29:16On va terminer
29:17sur cette belle note positive
29:18pour la création
29:19et merci beaucoup Romain
29:21d'avoir partagé avec nous
29:22tout ce panorama
29:23sur la publicité
29:24et la communication.
29:25Merci Valérie.
29:28C'était
29:29Qui c'est qui connaît ?
29:30Le podcast
29:31par un média
29:32pour les médias
29:34sur les médias.
29:37Payabaz.

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