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  • 24/05/2025
Avec Sébastien Boussois, Chercheur spécialiste du Moyen-Orient et directeur de l’Institut Géopolitique Européen

On décrypte le monde, tous les samedi matin à 8h16.

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##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2025-05-24##

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Transcription
00:00Sud Radio, on décrypte le monde.
00:03Et on décrypte la reprise de l'offensive israélienne à Gaza qui vise tout le contrôle militaire de la bande de Gaza.
00:11On en parle avec notre invité qu'on est ravi de retrouver sur Sud Radio.
00:16Bonjour Sébastien Boussois.
00:18Bonjour.
00:19Bienvenue sur Sud Radio.
00:20Vous êtes l'auteur de ce livre « Donald Trump, retour vers le futur ».
00:25C'est publié chez Mareuil Éditions.
00:26Vous êtes aussi chercheur, spécialiste du Moyen-Orient, directeur de l'Institut Géopolitique Européen.
00:32Avant de parler des réactions internationales, de la pression politique manifestement de plus en plus forte,
00:39j'aimerais qu'on fasse le point sur ce qui se passe en ce moment concrètement sur le terrain à Gaza.
00:44D'abord d'un point de vue militaire.
00:46Est-ce que les opérations continuent à l'heure où on parle ?
00:49Écoutez, à ce stade-là, on est effectivement dans une détermination qui n'a pas failli depuis plusieurs jours de la part de l'armée israélienne
00:57sur la demande du Premier ministre Benjamin Netanyahou.
01:01Et ce qu'il se passe, évidemment, est bien au-delà d'une invasion,
01:05la volonté de finir par contrôler l'ensemble de la bande de Gaza jusqu'au sud
01:11et jusqu'aux endroits où la population avait été déplacée et retranchée depuis des mois.
01:18Évidemment, on s'achemine progressivement vers un contrôle total
01:22pour lequel le Hamas aura de plus en plus de mal à résister,
01:27vu sa situation et son état maintenant depuis plusieurs semaines.
01:31Donc l'armée israélienne avance, elle progresse, malgré les critiques, malgré les tensions,
01:37et notamment les contestations à l'intérieur même d'Israël.
01:40À l'intérieur même d'Israël aussi, parce qu'on en parle très peu en France,
01:44mais c'est vrai que cette guerre est controversée aussi en Israël.
01:47Avant ça, qu'est-ce qu'on entend par le contrôle total ?
01:51Moi, quand j'entends contrôle total, je me dis que c'est une invasion.
01:54Est-ce que c'est une occupation ? Est-ce que c'est une annexion ?
01:57Ça veut dire quoi, le contrôle total de la bande de Gaza ?
02:00Écoutez, ce sont des mots, évidemment, vous avez cité les mots que l'on retrouve régulièrement
02:04dans l'histoire de l'État d'Israël depuis sa création,
02:08que ça concerne une colonisation, une annexion ou une occupation.
02:12L'objectif pour Israël et pour l'armée israélienne est avant tout d'assurer
02:16ou de tenter enfin d'essayer d'assurer une sécurité optimale pour les Israéliens.
02:21Netanyahou, évidemment, joue un double jeu, puisqu'il essaye largement de faire oublier
02:25sa responsabilité dans le 7 octobre, puisqu'il n'y avait pas suffisamment d'armée
02:30de surveillance sur la frontière même sud-israélienne.
02:35Et donc l'objectif est qu'il n'y ait plus à un moment ou à un autre un risque potentiel
02:40venant de la part du Hamas sur Israël.
02:43Alors après, on pose les mots qu'on veut à ce stade-là.
02:46Il est vrai qu'après la guerre des six jours, Israël a commencé à occuper des territoires
02:51comme Gaza, comme le Golan.
02:52Et puis en 1980, et progressivement, on a basculé dans une annexion de facto.
02:57Ce qui est clair, c'est que les Israéliens ne tiennent pas à occuper en tant que tel
03:00à nouveau Gaza.
03:02Ils veulent juste en fait avoir la paix.
03:04Ils veulent juste que Gaza ne soit plus ce repère de terroristes et d'islamistes.
03:10Mais dans le même temps, le désespoir terrible de ce que vit la population palestinienne,
03:14suite à toutes ces opérations sans fin depuis octobre 2023, n'est pas véritablement
03:20la meilleure option.
03:21Donc on est dans une option militaire.
03:23C'est-à-dire une forme à terme de contrôle militaire du territoire.
03:28Mais jusqu'à maintenant, et en tout cas de ce que j'ai compris et de ce qu'on
03:31essaie aussi de comprendre de la politique, entre guillemets, ou de la stratégie qui
03:35paraît très floue de Netanyahou sur l'avenir de Gaza, c'est de sécuriser le territoire.
03:40Après, tout a été invoqué.
03:41Je veux dire, le voyage de Donald Trump en Arabie Saoudite, il a filtré que Donald
03:46Trump avait proposé le contrôle de Gaza par l'Arabie Saoudite en échange
03:51d'une normalisation d'Israël.
03:52À un moment, on a parlé d'une forme de coalition internationale.
03:56Ce qui est sûr, c'est que les Israéliens, la société israélienne, ne tient pas à réoccuper
04:00tel que Israël l'a fait Gaza entre 1967 et 2005.
04:03Et dans le même temps, le gouvernement israélien utilise l'argument qui est clair et qui est
04:09une réalité.
04:10Oui, mais tant qu'Israël occupait Gaza, il n'y avait pas de problème.
04:13Et depuis 2005, et en particulier depuis 2007, c'est le drame pour la population
04:18palestinienne prise entre le marteau et l'enclume et pour les Israéliens.
04:22Mais est-ce qu'on peut faire confiance au gouvernement de droite radicale constitué
04:28autour de Benyamin Netanyahou ? Est-ce qu'on peut leur faire confiance pour ne pas utiliser
04:33cette occupation militaire pour relancer la colonisation de la bande de Gaza ?
04:38Quelle place sera celle de la population civile à Gaza une fois que les opérations
04:42militaires seront terminées ?
04:44Je pense que non.
04:45Il est difficile de faire confiance à ce gouvernement qui tient Netanyahou comme
04:49une marionnette.
04:50Et je vais vous dire, Donald Trump en a aussi, passez-moi l'expression, mais ras-le-bol
04:54de Netanyahou.
04:55Tous ceux qui lui résistent et qui ne reviennent pas vers une forme de modération,
04:59ce qui peut paraître assez paradoxal souvent par rapport à Donald Trump, mais lui, il
05:03veut en finir, encore une fois, de ce conflit.
05:05Il veut en finir pour les Israéliens, il veut en finir aussi pour les Palestiniens.
05:09Faire confiance à Beth Sales, Motrich et Itamar Benvir, les deux ministres ultra-droitistes
05:13du gouvernement israélien, c'est compliqué, y compris même, évidemment, de la part
05:16de la société israélienne.
05:18Mais pendant qu'on est concentré sur Gaza, c'est un blanc-seing qui est délivré
05:23à ces courants ultra-nationalistes, religieux-sionistes, côté Cisjordanie, où l'occupation n'a eu
05:29de cesse de se poursuivre, dans cette logique du grand terrain de Cisraël, et dans la logique
05:34surtout du fait que pour eux, la Cisjordanie n'existe pas et n'existera jamais, et éternellement
05:39la Judée Samarie.
05:40Et Gaza doit être une forme de tampon de sécurité.
05:42Après, je ne sais pas honnêtement si des collants seront prêts à aller là-bas, au
05:48nom d'un point de vue idéologique.
05:51S'ils s'y sont incités, ils iront.
05:53Mais pour ça, il faut évidemment que le territoire, pardonnez-moi l'expression, pour
05:57eux, soit nettoyé.
05:58Oui, enfin, c'est le terme aussi, et je comprends que vous demandiez est-ce qu'on pardonne l'expression,
06:03parce qu'effectivement, on parle de millions de civils sur place.
06:07Du coup, la pression est de plus en plus forte sur Israël.
06:09Et on a un cap sémantique qui est franchi.
06:12Ça fait longtemps que la France Insoumise et un certain nombre d'organisations à la
06:15gauche de la gauche ou d'organisations religieuses dénoncent ce qu'elles appellent un génocide
06:19à Gaza.
06:20Cette fois-ci, on a Catherine Deneuve et un certain nombre d'actrices de premier plan
06:24françaises qui signent une tribune, 900 signataires qui signent une lettre condamnant,
06:29je cite, un silence entourant un génocide perpétré à Gaza.
06:34Enfin, comment, d'abord, ces termes sont accueillis par la société israélienne, et ensuite,
06:39pardon, mais quelle que soit l'horreur de cette guerre, on ne peut pas parler de génocide
06:42concrètement sur place.
06:43On n'a pas besoin d'avoir, d'employer le mot génocide pour dénoncer un certain
06:47nombre de morts de civils par dizaines de milliers.
06:51Évidemment, le mot est extrêmement sensible.
06:54Il y a eu, entre guillemets, peu de génocide au XXe siècle, mais des exterminations de
07:00masse, voilà, majeures.
07:02Tout ça est, d'un point de vue légal, bien défini et bien précis.
07:08Que ça concerne la Shoah, que ça concerne le génocide au Rwanda, en Arménie, exactement
07:17en 1915, ou le massacre de Srebrenica, en Bosnia-Herzégovine, voilà, ces choses-là
07:22sont clairement indéfinies.
07:24Mais aujourd'hui, on a un certain nombre de faisceaux, d'organisations des Nations
07:28Unies qui sont considérées comme un ennemi, quelque part, d'Israël, parce que la sécurité
07:32d'Israël, aujourd'hui, selon le gouvernement israélien, n'est pas compatible avec ce
07:37droit international en tant que tel.
07:39Donc, on joue évidemment dans un flou artistique, s'il n'était pas dramatique.
07:44Alors bon, Catherine Deneuve, honnêtement, n'est pas juriste, pas plus que tous les autres
07:47qui ont signé.
07:48Mais ce qui est intéressant, c'est qu'il y a effectivement une sensibilisation croissante
07:53de la population européenne en général, instrumentalisée souvent, vous l'avez dit, par des courants
07:59gauchistes qui font le lit, quelque part, des arguments du Hamas.
08:04Ça, c'est un véritable problème.
08:05Maintenant, je ne pense pas que la stratégie de Benjamin Netanyahou de tirer dans le tas
08:09tel qu'il le fait depuis un certain nombre de mois soit évidemment la solution qui va
08:14amener à la paix.
08:15Parce que la raison, elle est très simple, c'est que tous ces gens qui auront été,
08:19qui auront vu leur famille massacrée à Gaza seront des terroristes en puissance dans
08:22quelques années, si ce n'est le cas.
08:24Donc, tout ça va se retourner contre Israël, évidemment.
08:26Et malheureusement, on sera amené en reparle.
08:2853 000 morts, on sera amené.
08:30Aujourd'hui, 53 000 morts, disiez-vous.
08:34Sébastien Boussois, on vous a perdu, je crois.
08:36Bon, ça arrive.
08:37Merci en tout cas pour cet éclairage.
08:39Je rappelle que vous êtes chercheur spécialiste du Moyen-Orient et auteur de ce livre,
08:43Donald Trump, retour vers le futur.
08:46C'est publié chez Mareuil Édition, navré pour cette coupure un peu brutale.
08:49Ça peut arriver.
08:50On vous retrouvera avec plaisir une prochaine fois.

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