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  • 22/05/2025
Jeudi 22 mai 2025, retrouvez Thomas Veit (Head of Fixed Income, Senior Portfolio Manager, Spirit Asset Management), Grégoire Ginoux (Gérant Actions US, Mansartis) et Mabrouk Chetouane (Head of Global Market Strategy, Solutions, International, Natixis IM) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:14Thomas Vette est à nos côtés, le responsable de la gestion obligataire de Spirit Asset Management.
00:18Bonsoir Thomas.
00:19Bonsoir Benoît.
00:20Grégoire Ginoux nous accompagne ce soir, gérant action américaine chez Mansartis.
00:23Bonsoir et bienvenue Grégoire.
00:24Bonsoir Benoît.
00:25Merci d'être là et merci à Mabrouk Chetouane d'être avec nous également.
00:28Bonsoir Mabrouk.
00:29Responsable de la stratégie marché globaux de Natixis, IM, Qu'est-ce qui drive les taux
00:35obligataires aujourd'hui ? Thomas, je me tourne vers vous évidemment et pourquoi est-ce qu'on
00:39se met à regarder des parties très longues de courbes qu'on n'a pas l'habitude de regarder
00:44aussi précisément, en tout cas quand on n'est pas gérant obligataire ? On a regardé
00:48le 20 ans hier, vous nous expliquerez peut-être pourquoi le 20 ans n'est pas un point de
00:51courbe forcément très pertinent mais on a regardé en début de semaine le 30 ans
00:55japonais, le 40 ans japonais.
00:58Effectivement, c'est les points de courbes longs qui remontent fortement, les courbes
01:02se pointifient.
01:03C'est un mouvement qui est enclenché depuis quand même quelques trimestres, le mouvement
01:07de pointification des courbes mais là il s'accentue, la réponse est assez claire,
01:13c'est le marché est focalisé sur le déficit et sur l'endettement aux Etats-Unis, un peu
01:17pareil au Japon, ce qui fait que les parties courtes de courbes qui sont driveées plus
01:22par l'inflation et par les banques centrales ne réagissent pas trop.
01:25Le 2 ans américain est toujours autour de 4%, par contre les parties longues, comme
01:29Pauline le disait en préambule, remontent fortement, le 10 ans en 4,60 qui se rapproche
01:34de la partie haute de la fourchette qu'on voit depuis un an et demi, deux ans maintenant,
01:39entre 3,60 et 5, donc on se rapproche de la partie haute, le 5 ans qui a retouché ses
01:42plus hauts, à 5,15 aujourd'hui, le 30 ans pardon, le 5 ans, je parlais de 5%, le 30
01:53ans à 5,15 qui a retouché ses plus hauts, donc le marché envoie un clair message à
01:59Trump et à l'administration de faire attention aux déficits qui sont à 7%, il ne faudrait
02:05pas que ça s'accentue trop, c'est un vrai sujet aujourd'hui pour le marché obligataire,
02:08les bonnes vigilantes sont de sortie et la partie longue de courbe remonte.
02:13Ce message envoyé par le marché, il est suffisamment puissant pour être de nature à infléchir
02:21la course du projet de loi budgétaire qui vient de franchir l'étape de la Chambre
02:25des représentants avant d'arriver au Sénat ou est-ce qu'il faudra des messages encore
02:30plus douloureux pour ramener le Congrès à une forme de rationalité ou un peu plus d'orthodoxie
02:38dans la gestion de la trajectoire du déficit et de la dette américaine ?
02:41Il est passé à la Chambre mais il faudra encore que ça passe au Sénat et forte chance
02:46qu'il y ait des grosses modifications qui soient faites ou du moins des modifications
02:49qui soient faites avant.
02:50Sur la question de la fonction de réaction du marché obligataire, si ça ne suffit pas,
02:56ça pourrait aller plus loin.
02:57On l'a vu sur les tarifs, le marché obligataire a quand même été un des gros facteurs qui
03:01a fait reculer Donald Trump, c'est les taux qui sont montés assez fort, ça a fait chahuter
03:05les marchés d'action aussi, Trump est revenu quand même en arrière, ce n'est pas fini,
03:09on va encore avoir des phases de négociations qui sont longues, on est juste sur une phase
03:11de pause.
03:12Ce qui est marrant c'est ça, c'est les séquences, on était sur la séquence tarifs,
03:18là on est de nouveau sur la séquence dette, déficit, dépenses.
03:22Le marché passe d'un sujet à l'autre et s'accroche obsessionnellement à un sujet
03:28pour un temps en tout cas.
03:29Et on le voit depuis trois ans, depuis la phase de remontée des taux sur fonds d'inflation
03:36galopantes, là c'était beaucoup plus simple.
03:39C'est ça aussi qui est compliqué aujourd'hui, c'est qu'il y a trois ans le marché avait
03:42à processer globalement une information, l'inflation.
03:44Aujourd'hui le marché qu'est-ce qu'il doit processer ? Il doit processer l'inflation
03:48qui est malgré tout toujours là aux Etats-Unis et qui pourrait revenir un petit peu, c'est
03:51en train de discuter avec les tarifs de Trump, la croissance aujourd'hui qui va être mise
03:57sous pression dans les prochains trimestres, on n'a encore rien vu de toute la politique
04:01tarifaire qui est en train de se mettre en place, dans les chiffres on n'a encore rien
04:03vu, sur l'emploi également, et en plus de ça, la partie budgétaire, déficit, endettement.
04:08Donc le marché doit processer ces trois facteurs qui influent sur la politique monétaire
04:12de Jérôme Powell et à chaque moment, à chaque instant, il y en a un qui prend le
04:17pas sur l'autre.
04:18En ce moment, celui qui prend le pas sur l'autre, c'est la question de déficit, d'endettement
04:22et les parties longues de coupe qui remontent très fortement.
04:24Est-ce que ça ne sera pas des points intéressants à acheter à un certain moment quand le rationnel
04:29ou la question dans la prochaine séquence, si c'est la question d'emploi ou de croissance
04:36qui revient sur le tapis, très certainement que si, en attendant, est-ce que, pour répondre
04:40à votre question, ça ne peut pas aller plus loin ?
04:41Oui, ça peut.
04:42Pourquoi on a parlé du Japon aussi en début de semaine, Thomas ?
04:46Alors le Japon, les taux longs remontent aussi très fortement, il y a eu une auction
04:49de 20 ans, une adjudication de 20 ans qui s'est aussi mal passée, comme aux Etats-Unis hier.
04:53Les 20 ans, surtout aux Etats-Unis, c'est des points de courbe qui sont assez peu regardés
04:57et assez peu investis par les gros institutions.
04:59Pas très liquide comme point de courbe.
05:00Pas très liquide comme point de courbe.
05:01Donc c'est normal qu'il y ait toujours un peu moins d'attrait, mais là, en l'occurrence,
05:04il y a eu réellement moins d'attrait que d'habitude, il n'y a déjà pas beaucoup d'attrait.
05:08Donc c'est quand même à prendre en compte.
05:10Au Japon, les taux sont remontés très fortement sur la partie longue, les taux courts, les
05:15taux à 2 ans sont en dessous de 1%, sont à 0,70%, on est à 1,5% sur le 10 ans, à
05:203,15% sur le 30 et à 3,60% sur le 40 ans, ça fait quand même une pente de 3% entre
05:27le 2 ans et le 40 ans, c'est la pente la plus pentue de l'univers obligataire, je ne connais
05:34pas les courbes, mais c'est la courbe la plus pentue du G7.
05:39Le Japon, la réponse est aussi simple, c'est aussi cette question, avec un pays qui a 250%
05:45d'endettement sur 15-20 ans de taux bas, pas de problème, quand les taux commencent
05:49à remonter, même s'il a été détenu principalement en interne, les questions se posent sur les
05:55parties longues.
05:56Donc on est reparti pour un bras de fer entre Trump et les bonnes vigilantes, comment vous
06:00les appelez, Mabrouk ? Il y a eu l'épisode Libération Day, choc tarifaire, qui a été
06:06réglé assez rapidement, si je puis dire, et donc là, rebelote avec la big beautiful
06:12bill.
06:13Si on fait un parallèle avec l'épisode tarifaire, on est passé d'un moment marqué par une
06:20forme d'idéologie assez forte, où la rationalité économique avait littéralement foutu le
06:27camp, à finalement plus de pragmatisme, là on négocie, on revient sur des niveaux de
06:33tarifs qui sont acceptables, c'est vraiment la stratégie, je teste les limites du système
06:37et je vois jusqu'où je peux aller.
06:39Là j'ai presque envie de dire que c'est pareil, parce que finalement, dans l'explication que
06:44présentait Pauline, c'est 3000 milliards sur 10 ans, ça fait à peu près, si on a
06:49une cote très mal taillée, 300 milliards par an, avec un déficit budgétaire de 2000
06:53milliards, là encore, à la louche, ça fait quand même un pourcentage de déficit supplémentaire
06:59par an absolument titanesque, c'est inabsorbable en l'état, donc vraiment, on est face à
07:04une impossibilité, une équation qui n'admet qu'une solution imaginaire, si je puis dire.
07:09Donc à un moment donné, il y a un véritable souci et je pense que Trump est dans la même
07:12logique, on regarde effectivement jusqu'où on peut aller et on est dans un moment idéologique
07:18et puis on reviendra sur plus de pragmatisme.
07:20Aujourd'hui finalement, la question qui est centrale, c'est que le déficit budgétaire
07:24américain, il a augmenté par rapport effectivement à 2024, son administration Biden était
07:29déjà à 6,5, là on passe à 7, bon, il y a une petite dérive effectivement qui est,
07:33on va dire, 6,5 c'est déjà fort, donc de 6,5 à 7 finalement ce n'est pas non plus
07:37un grand chemin, mais là encore, pourquoi aujourd'hui est-ce qu'on s'interroge véritablement
07:41sur cette problématique de déficit alors qu'on ne s'interrogeait pas finalement sur
07:44le 6,5 de Biden, c'est-à-dire que la croissance nominale aux États-Unis était supérieure
07:51au taux d'intérêt.
07:52On revient juste tout simplement à des fondamentaux assez basiques, vous avez en fait l'effet
07:56boule de neige qui risque effectivement de prendre le pas et on sait déjà que la charge
08:01de la dette, c'est-à-dire en gros le paiement des intérêts est déjà absolument colossal
08:04aux États-Unis, avec une croissance qui ralentit et avec finalement des taux d'intérêt
08:08qui ne font qu'augmenter, à un moment donné, ça va commencer véritablement à piquer.
08:11Et je suis d'accord, effectivement, la sanction du marché peut rapidement arriver, Trump
08:15est dans cette stratégie que je qualifie, la stratégie entre guillemets de l'adolescent,
08:19je teste la limite avec les parents, avec le système, et donc je vois jusqu'où je
08:22peux aller.
08:23Et à un moment donné, le marché va dire, là c'est plus possible, le free lunch n'existe
08:26pas, il va falloir payer effectivement pour qu'on puisse continuer à financer le souverain
08:31américain.
08:32Et 3 000 milliards, encore une fois, et je suis tout à fait d'accord avec vous, ça
08:36dépend de ce qu'on fait avec.
08:37Oui, oui, dans le déficit Biden, il y avait aussi l'Investment Reduction Act, l'ARA,
08:43qui sont des dépenses quand même d'investissement pour l'avenir.
08:45C'était un perfect, effectivement, personne ne se posait la question, il y avait de la
08:49croissance, il y avait de l'investissement des entreprises parce qu'on avait de l'incitation
08:51fiscale, on l'a dit à maintes reprises sur ce plateau.
08:53Là, effectivement, c'est globalement, bon ben on va couper effectivement les systèmes,
09:00les programmes de santé, bon effectivement pourquoi pas, mais là, ça risque de poser
09:04quelques petits problèmes, notamment sur certaines populations déjà exposées.
09:07En gros, dans ce budget, on a un budget, encore une fois, qui est marqué du saut de l'idéologie
09:12qui est très très fort.
09:13C'est un accroissement des inégalités encore entre les différentes couches de la population
09:17américaine.
09:18Le professeur d'économie Jason Furman disait, si la loi passe en l'état, c'est le plus
09:23grand transfert de richesse des jeunes vers les vieux, des pauvres vers les riches.
09:28C'est affiché.
09:29Les résultats, en tout cas, sont clairs, il n'y a pas de doute là-dessus, et comme
09:34si, j'ai presque envie de dire, on avait besoin de ça, les États-Unis avaient besoin
09:37de ça, en termes d'inégalités, on ne peut pas dire effectivement qu'ils brillent par
09:41leur capacité à réduire ou au moins à contenir ces inégalités, ce n'est pas du
09:43tout le cas.
09:44Donc, en fait, aujourd'hui, j'ai presque envie de dire qu'on est véritablement sur
09:47un changement de paradigme tout à fait spectaculaire en matière budgétaire, et encore une fois
09:52juste retenir cette petite règle toute simple, croissance nominale de l'activité versus
09:56taux d'intérêt, à quel moment effectivement, et vous regardez, c'est très simple, au
10:00UK, aux Grandes-Bretagnes et aux États-Unis, on a exactement la même configuration.
10:04Les taux britanniques sont également sous pression, je suis un peu plus mesuré sur
10:08l'aspect japonais parce qu'effectivement la dette à 230, 250, 280%, presque, c'est
10:14quelque chose que l'on connaît depuis très longtemps, ça pose aujourd'hui un petit
10:16problème avec le relèvement des taux, mais la dette est détenue à hauteur de 85% par
10:22effectivement les résidents.
10:23C'est un peu moins pénible, c'est eux qui vont payer la facture, à la limite le système
10:27financier international ne s'en portera pas trop mal.
10:29En revanche aux États-Unis c'est un peu plus grave, notamment lié au fait à la taille
10:33de la dette tout simplement, et on a beaucoup de non-résidents qui détiennent cette dette
10:38par ailleurs.
10:39Question pour vous Grégoire, votre univers ce sont les actions, les actions américaines,
10:45c'est la même question que pour les gérants obligataires, qu'est-ce qui a drivé le retour
10:49des indices actions américains ?
10:51Alors là, sur presque les sommets historiques qu'on avait atteints sur le S&P 500 au cours
10:57du mois de février, on doit être à un peu plus de 3% peut-être des sommets quand on
11:01regarde un indice comme le S&P 500 aujourd'hui, il y a eu ce choc du mois d'avril, et puis
11:07un contre-choc quand même très fort qui a propulsé les indices actions, quelle est
11:13la justification de ce mouvement ? Et puis je veux bien qu'on explique aussi le lien,
11:17la corrélation entre ce qui se passe sur les marchés obligataires et la vision des
11:21marchés actions.
11:22Oui bien sûr, il y a à peu près trois grands facteurs, la prise en compte par les marchés
11:30que Trump était bien dans une posture transactionnelle et pragmatique, là où il y avait eu forcément
11:38un choc au moins émotionnel, et des tarifs douaniers qui reviennent vers ce qui était
11:48anticipé au moment de l'élection de Donald Trump, c'est-à-dire quelque chose comme 10-15%.
11:53Donc plus élevé que ce qu'on avait avant évidemment, mais dans la campagne de Trump,
11:58le marché avait compris qu'il y aurait des tarifs.
12:00Dans le Trump trade de fin d'année, les marchés s'attendaient à ce qu'il y ait des tarifs
12:03douaniers et les estimaient probablement autour de ce qu'on a aujourd'hui.
12:07Donc finalement, on a un retour à l'équilibre.
12:09Il y a un autre aspect, c'est que finalement, il y a eu des craintes de récession très
12:17fortes.
12:18On a eu des indicateurs, des soft data qui nous montraient que potentiellement on avait
12:22une dégradation très rapide du sentiment des consommateurs, des entreprises qui étaient
12:28inquiètes.
12:29Finalement, les hard data nous donnent plutôt aujourd'hui la confirmation qu'on n'est pas
12:36en récession.
12:37Les gens ont continué de consommer et le PIB est arrivé à un niveau de léger déclin
12:45mais plutôt lié à des problématiques d'échange, de montée des importations sans doute en
12:55prévision, en anticipation.
12:56Et la demande sous-jacente dans le chiffre de PIB, elle reste bonne, la demande privée
13:01reste bonne.
13:02Et derrière, les résultats d'entreprises qui nous disent que finalement, le consommateur
13:08est au rendez-vous.
13:09Les résultats sont supérieurs aux attentes.
13:12C'est des moyennes, on est à plus de 13% de croissance des bénéfices au premier trimestre,
13:17même si on n'a pas encore les effets de ces tarifs douaniers.
13:21Et surtout, le sentiment qui est envoyé par les entreprises, c'est qu'on a certes probablement
13:27un ralentissement, mais on reste sur des perspectives de croissance bénéficiaires.
13:32Et puis, il y avait un autre facteur qui avait précipité la baisse des marchés, notamment
13:40sur la partie tech, software, IA qui n'est pas directement concernée par les tarifs.
13:47C'était un petit peu l'effet deep-seek et la crainte qu'on ait un coup d'arrêt sur
13:55les dépenses d'investissement dans le cycle d'innovation technologique.
13:59Et ça, on a eu la confirmation finalement que ce cycle était toujours intact, au moins
14:04jusqu'à présent.
14:05Et qu'il était mené toujours en grande partie par les Etats-Unis ?
14:10En grande partie par les Etats-Unis, oui, tout à fait.
14:13Et on a eu, par exemple, je crois, dans les publications de résultats, on avait aussi
14:18des inquiétudes sur quid des coûts budgétaires, du doge, sur les dépenses d'investissement
14:26technologique.
14:27Et finalement, il y a des entreprises qui sont impactées.
14:31Globalement, je dirais, la grande dynamique d'innovation technologique, même au sein
14:37de l'administration, elle est intacte.
14:38On a encore ces perspectives de croissance et ce cycle qui se poursuit.
14:42C'est quelque chose d'assez acyclique, finalement, dans ces dépenses d'innovation, ces dépenses
14:49technologiques, et même indépendamment, j'allais dire, de la couleur politique du
14:53locataire de la Maison-Blanche.
14:54C'est complètement, je dirais, bipartisan.
14:57Et ça a été un vrai mesure, parce qu'en fait, finalement, qu'est-ce qui fait la croissance
15:05des bénéfices aux Etats-Unis ?
15:06Ça reste encore essentiellement les grandes valeurs technologiques, les valeurs Internet.
15:10Je comprends.
15:11Et quand on regarde, je ne sais pas, les résultats de Google, les dépenses publicitaires
15:15sont à rendez-vous.
15:16Donc voilà, le marché a craint qu'il y ait eu un arrêt brutal, un choc, et ce choc
15:24n'a pas eu lieu, puisque l'intervention, le pragmatisme de Trump est arrivé relativement
15:28vite.
15:29Et puis, il y avait certainement aussi, je dirais, derrière la posture Madman, la volonté
15:36quand même de signer rapidement des accords, puisqu'il y a de tels niveaux d'interdépendance
15:40entre la Chine et les Etats-Unis, que s'il n'y avait pas eu, finalement, ces négociations,
15:45on aurait posonqué...
15:46D'ailleurs, pour les autres, il n'y aura peut-être même pas de négociations.
15:48On peut envoyer une lettre, si, quand même, ça va lutter un peu, non ?
15:50Si, il y a la question du dollar qui est au milieu, en fait, et c'est super important.
15:53Ah ben oui, oui, j'essaie de financer un peu.
15:55Non, mais oui, c'est saoudou, quand même, avec les petits pays, ils essayent vraiment
15:58de dire, bon, ben, vous allez un peu réapprécier votre devise, y compris sur des pays, on va
16:02dire, très secondaires.
16:03Donc, on voit bien que le gros du dossier n'est pas encore abordé.
16:06Mais vous dites, Grégoire, c'est intéressant, votre point.
16:08Ce que je comprends derrière l'analyse du marché action américain, c'est que tout
16:14l'exceptionalisme américain n'est pas mort avec Donald Trump, quand même.
16:18Non, non, non, pas du tout.
16:21Et le marché action le prend bien en compte.
16:23Le marché action le prend en compte et, en fait, on a un super cycle, actuellement, d'innovation
16:29qui est en train de se faire et on voit, indépendamment de ça, qu'il y a des phénomènes de cyclicité
16:35aussi, tout ce qui était normalisation des inventaires, qui jouaient négativement sur
16:43pas mal de secteurs, qui sont en train de se retourner et, finalement, voilà, des cycles
16:48d'innovation.
16:49Même des entreprises américaines exposées au marché chinois voient une amélioration
16:56des perspectives.
16:57Vous dites, l'IA est immune face aux tarifs, tout dépend.
17:02Je crois qu'il y a, quand même, encore des enquêtes sur la partie technologique et les
17:06semi-conducteurs.
17:07On attend des résultats d'enquête, section 232, sur les semi-conducteurs avec des tarifs
17:14potentiellement spécifiques.
17:16Il y a, quand même, des limitations d'exportation, il y a, quand même, un contrôle de cette
17:20industrie qui semble être une industrie un peu moins mondialisée, peut-être, aujourd'hui
17:27ou demain, en tout cas.
17:28Le choix de fond, en effet, c'est qu'on est dans une démondialisation et on est dans
17:32une véritable guerre commerciale, une drôle de guerre, puisqu'il y a toujours ces niveaux
17:36d'interdépendance qui sont très forts, donc on se parle, mais il est clair que la Chine
17:43a envie d'étendre son cercle d'influence ailleurs, elle a envie d'exporter davantage
17:49ses excédents de production et les États-Unis ont envie de bloquer la Chine dans sa capacité
17:54à les rattraper.
17:55Et donc, c'est un petit peu ce qui a remis de la nervosité très récemment, c'est-à-dire
17:59qu'on a mis des exemptions sur les semi-conducteurs, on a négocié et puis ça revient sur le
18:07tapis très rapidement.
18:09Donc, c'est certain que ça remet de la nervosité.
18:11Mais l'impact, je dirais, le plus global, parce que c'est vrai que finalement, les
18:16taux ont, dans un premier temps, baissé sur cette idée qu'on allait en récession, que
18:21la Fed allait potentiellement intervenir et qu'il y allait y avoir même presque un phénomène
18:25déflationniste.
18:26Pendant deux jours.
18:27Par là-demain, pendant deux jours.
18:28Et puis, il y a quand même cette perception aujourd'hui que finalement, bon, peut-être
18:34l'économie tient, donc on aura un peu plus d'inflation un peu plus longtemps.
18:37Finalement, la Fed ne va peut-être pas baisser ses taux tout de suite.
18:40Et quand même, je dirais, le phénomène qui est plus structurel, c'est que dans un monde
18:47démondialisé, si je puis dire, c'est structurellement un peu plus inflationniste puisqu'on n'a
18:54pas ce moteur déflationniste qu'on a eu au cours des 30 dernières années.
18:57Et les phénomènes de relocalisation, d'ajustement de supply chain vont créer, je dirais, les
19:05conditions d'une inflation structurellement un peu plus élevée.
19:07Et ça veut dire aussi que finalement, les agents économiques et notamment les acteurs
19:16privés américains, qui sont de plus en plus des déteneurs de dettes américaines, existent
19:20des rendements qui ne sont pas forcément les mêmes que les institutionnels.
19:23Pendant la période de taux zéro.
19:25Oui, les équilibres ont un peu changé.
19:26Ça peut expliquer aussi un petit peu la remontée des taux indépendamment des phénomènes
19:31purement du risque budgétaire.
19:33Thomas, vos commentaires, puisque ça nous amène à dire un mot de la Fed.
19:36Qu'est-ce qui fera sortir la Fed du bois et de sa pose ?
19:39Exactement, ce que je voulais dire, on a parlé en propre partie des parties longues.
19:42Là, le sujet-là, ça ramène sur les parties courtes, les parties banque centrale.
19:46La question de l'inflation liée aux tarifs, c'est une vraie question et c'est une question
19:52difficile à répondre.
19:53Je ne sais pas s'il y aura des désirs, mais la grande question, à mon sens, c'est pour
20:01faire passer, c'est vrai que sur le papier, c'est inflationniste, mais pour faire passer
20:04ça aux consommateurs et aux indices d'inflation, il faudra que les consommateurs aient toujours
20:09les moyens de subir ces hausses de prix.
20:12En 2021-2022, ce n'était pas très compliqué.
20:15On sortait de l'époque Covid, les gens avaient envie de consommer et avaient de l'argent.
20:20Des chèques, des taux d'épargne, de l'argent plein les comptes.
20:24En plus de ça, comme ça ne suffisait pas, ils ont consommé à crédit comme jamais.
20:28Là, on est en train de commencer à voir le revers de la médaille.
20:32Les défauts sur la carte de crédit commencent à remonter très fortement.
20:34On a 12% quand même, même pas de défauts, de retard de paiement.
20:37On a 12% de retard de paiement sur les cartes de crédit avec des encours qui sont au plus
20:42haut historique.
20:43Ça, c'est un point à surveiller.
20:44Aujourd'hui, le consommateur est dans une situation où son épargne, il n'y a plus
20:50grand-chose.
20:51Il y a 4% d'épargne aux US sur des niveaux assez bas historiques.
20:53L'effet richesse des deux dernières années, il a consommé dessus.
20:57Maintenant, les marchés d'action vont être malgré tout un peu plus volatiles que ce
21:00qu'ils ont.
21:01On ne va pas faire encore deux années à 25% sur le S&P, j'espère pour vous, mais
21:06moi, je n'y crois pas en tout cas.
21:07Donc, il y a cet effet richesse qui ne sera plus là.
21:10Est-ce que le consommateur va pouvoir encaisser encore des hausses de prix ? C'est compliqué.
21:14Est-ce que ça ne se rapassera pas par une réduction un peu des marges des entreprises
21:18?
21:19Walmart et Trump sont déjà un peu en guerre là-dessus et ça sera un point important
21:25pour la FED.
21:26Quelle part sera prise par les entreprises ? Quelles parts seront dans les chiffres
21:31d'inflation ?
21:32Un autre point là-dessus, ce que regarde la FED, c'est le PCI, l'indicateur d'inflation.
21:37Le PCI, c'est 70% de services, 30% d'autres choses, donc 20% de biens, 7% de mémoire,
21:44quelque chose comme ça.
21:45La partie qui est plus impactée, si elle est impactée par les tarifs, c'est la partie
21:50bien, la partie goods.
21:51Ça représente 20% de l'indice.
21:54La partie services, ce n'est pas certain ou ce n'est pas direct que les tarifs aient
21:59des accords d'impact.
22:00Ce n'est pas dit qu'il y a un effet inflationniste si délirant que ça.
22:02L'effet inflationniste pourrait ne pas être si délirant que ça, à mon sens, de par les
22:08éléments qu'on a évoqués.
22:09Par contre, l'effet sur l'emploi et sur la croissance, ça, on n'a pas encore vu du tout.
22:15Donc la FED a une marge de manœuvre pour encore baisser les taux jusqu'à 3,5%.
22:20Ça sera, à mon sens, assez facile dès que ça va décélérer sur l'emploi, potentiellement
22:23Q2 ou cet été, mais derrière, on verra.
22:26Donc ça fait quoi ? 50, 75 points de base de taux assez possibles ?
22:31Je ne dis pas cette année.
22:32D'accord.
22:33A partir du moment où la FED ira, elle aura de la marge pour y aller.
22:41Et on l'a vu.
22:42En septembre dernier, un tout petit remonté du marché du taux de chômage, elle fait
22:46un jumbo cut.
22:47Donc elle est prête aussi à agir.
22:48La séquence, ça on le saura, mais votre analyse de comment est-ce que les tarifs vont
22:55se matérialiser ? Est-ce que c'est d'abord sur la partie activité, marché du travail ?
23:00Est-ce que c'est d'abord un choc de prix ?
23:03La chronologie de l'impact des tarifs ?
23:06Pour le moment, on est, je pense que vous l'avez parfaitement résumé, que dans le
23:09sentiment.
23:10Oui.
23:11C'est que du sentiment.
23:12C'est que du sentiment macro.
23:13En fait, on s'est amusé à faire, on a bien utilisé des modèles, et on s'est rendu compte
23:18que globalement, ce qui expliquait le décrochage des marchés à action, c'était uniquement
23:24le sentiment macroéconomique, le risque de récession qui ne s'est pas du tout matérialisé
23:30et qui ne va pas se matérialiser en réalité, même quand on est à 20% de tarifs en réalité.
23:34Et ça, c'était un point extrêmement important.
23:35Vous prenez les tableaux entrée-sortie, c'est-à-dire qu'en gros, la composition de l'économie
23:39américaine, trois quarts des produits, des biens qui sont consommés aux Etats-Unis
23:42sont produits aux Etats-Unis.
23:43Donc à un moment donné, il faut un peu démystifier cette affaire en disant, et c'est pareil
23:47pour l'inflation, donc l'inflation, globalement, oui, qui va payer la note ?
23:5125% sur l'aluminium, c'est quelques cents de plus sur une canette de coca ou sur un
23:56pack de canettes de coca, sachant que l'aluminium, ça rentre effectivement peut-être un peu
24:00partout, mais à hauteur, avec des poids extrêmement réduits.
24:03Donc encore une fois, il faut se montrer un peu raisonnable et dire, ok, en réalité,
24:08c'est combien tout ceci ? On s'est amusé à faire quelques chiffrages et on s'est
24:11dit, ok, dans le pire des pires des scénarios, globalement, l'inflation américaine pourrait
24:15commencer à tutoyer les 4%, d'accord ? Et le problème, en fait, qu'on a, c'est
24:19qu'elle est la nature de ce choc ? C'est un choc d'offres, en fait.
24:22Et un choc d'offres avec une inflation qui est un poil plus persistante qu'elle ne l'était
24:25avant le Covid, parce qu'il y a quand même quelques effets secondaires ou quelques séquelles,
24:29si je puis dire, de cette crise.
24:30Eh bien, à un moment donné, la FED, de se dire, qu'est-ce que je peux faire, en fait,
24:33pour faire ça ? Rien.
24:34Strictement rien.
24:35Je ne peux pas endiguer un choc d'offres.
24:37On le sait pertinemment, c'est dans les théories, c'est dans tous les bouquins d'économie.
24:40Et donc, on se dit, il est urgent, si je puis dire, je déteste cette phrase, mais là encore,
24:45il est urgent de ne pas agir, puisque finalement, si on agit, on va envoyer un signal qui ne
24:49va pas être bon.
24:50C'est une position de politique monétaire.
24:51Bien sûr.
24:52Wait pour le moment.
24:54Qu'est-ce qui fera que la FED sorte de sa pose à un moment ?
24:57C'est tout à fait clair.
24:58C'est l'emploi.
24:59D'accord.
25:00Donc, la FED considère, et avec ce que je viens de dire, en gros, si c'est un choc d'offres,
25:02on ne peut rien faire, on ne va rien faire.
25:04Et si en plus, on voit bien que l'inflation est passée au second plan, ce qui fait tenir
25:08cette économie américaine, c'est l'emploi.
25:11Si l'emploi tient, globalement, on peut encore absorber un bout de tarif.
25:14On peut encore, effectivement, voir l'économie américaine progresser.
25:17Et la consommation, et vous le disiez tout à l'heure, la demande interne américaine,
25:22ne faiblit pas.
25:23Quand on purge, effectivement, de la composante externe, on a, et on remet un peu de stock,
25:27c'est une manière un peu tarabiscotée de regarder, effectivement, la demande interne,
25:30on est à 4,5% de croissance.
25:32Donc, qui parle de récession à ce niveau-là ?
25:34Même avec un PIB qui est, entre guillemets, en contraction.
25:36Personne.
25:37Donc, encore une fois, il n'y a que le marché du travail qui fera bouger la FED.
25:41Si on commence, alors, le coup du jumbo-cut, effectivement, avec la micro-variation du
25:46taux de chômage, c'était plus pour dire, là, on a une politique monétaire résolument
25:50restrictive, il va falloir faire détendre un tout petit peu.
25:53C'était une baisse de taux de garantie, quoi, une assurance, un peu assurancielle.
25:56Là, on est vraiment très haut au niveau des taux d'intérêt, c'est plus compatible
26:00avec, finalement, le train de croissance américain, on ajuste.
26:03Donc, ils ont utilisé ce prétexte, effectivement, du taux de chômage.
26:06Mais là, encore une fois, le taux de chômage, il est en dessous de son niveau structurel,
26:10il n'y a rigoureusement aucune crainte de ce côté-là.
26:13Si jamais ça déraille, là, la FED délivre.
26:15Et par contre, ce qui va être extrêmement important, c'est la vitesse à laquelle la
26:18FED va délivrer.
26:19Si on est sur trois baisses de taux, par exemple, à l'horizon du premier semestre
26:24de l'année 2026, bon, la FED prend son temps, il n'y a pas périmètre à demeure.
26:28Si, par contre, on a trois baisses de taux successives qui interviennent, par exemple,
26:32dès la fin du Q3…
26:33Et donc, qu'est-ce qui différencie l'un ou l'autre des scénarios ?
26:35C'est la vitesse, effectivement…
26:36De dégradation du marché du travail ?
26:37Exactement.
26:38C'est toujours la même chose.
26:39Et dans la fonction de réaction, cette dimension-là a pris, effectivement, une ampleur, à mon
26:43sens, aujourd'hui, extrêmement importante.
26:44Donc, la FED ne sera pas si en retard que ça, vous dites ?
26:47Alors, j'adore ce débat, en fait.
26:49La FED n'est pas en retard, etc.
26:50Elle est là où elle veut, quoi.
26:51Mais oui, mais qui se met en face d'une banque centrale ?
26:54Donc, cette question est à mon sens.
26:56Elle est en retard ?
26:57Non, elle n'est pas en retard.
26:58C'est elle qui donne le tempo, quoi.
26:59C'est elle le maître du game, donc non.
27:02Oui, à l'issue de cette saison de publication de résultats, alors je crois qu'il y a encore
27:06les grands retailers, mais on en a déjà eu pas mal.
27:08Grégoire, qu'est-ce que vous retenez, et notamment sur la capacité des grandes entreprises
27:14américaines à jouer encore de leur pouvoir de fixation des prix, ou pas ?
27:18Et qui va absorber, effectivement, la charge des tarifs ?
27:23Visiblement, les études post-2018-2019, Première Guerre Commerciale, disent que quand même
27:28une bonne partie des tarifs avaient été absorbés par le consommateur américain.
27:31Je parle sous le contrôle de Mabrouk.
27:33Est-ce que là, la répartition peut être différente entre les entreprises qui exportent,
27:38les entreprises qui importent, et le consommateur final ?
27:42Un petit peu de tout ça, je dirais.
27:45En fait, quand on est sur des biens de consommation qui s'adressent à une clientèle aisée,
27:53il n'y a pas tellement de sujets.
27:55Ça reste quand même 40% de la consommation aux Etats-Unis qui est portée par la classe
28:02aisée qui, elle, ne voit pas d'érosion de son pouvoir d'achat.
28:06Quand on est sur des biens importés à bas prix, c'est vrai que c'est plus compliqué.
28:14Vous mentionnez les risques de défaut sur les cartes de crédit.
28:19C'est vrai que la capacité à absorber les hausses de prix sera plus faible.
28:23Et Walmart le dit clairement.
28:26Après, ce qui est intéressant, c'est qu'absorber un choc de 30, 40, 145%,
28:34c'est quasiment impossible.
28:36Quand on est sur des niveaux comme on les connaît actuellement,
28:39il y a plusieurs possibilités qu'évoquent les entreprises à mi-mot.
28:45C'est soit en effet faire passer un petit peu de hausses de prix,
28:48quand on est sur ce que j'évoquais,
28:51rogner un petit peu sur les marges,
28:54et aller chercher derrière des renégociations avec les fournisseurs.
28:58Et puis, il y a faire des ajustements.
29:02C'est-à-dire éventuellement faire des contournements, tricher.
29:06C'est pour ça qu'il y a un taux minimum de 10% pour éviter ce genre de phénomène,
29:10parce que sinon ça ne marche pas.
29:12Et c'est ça qui est intéressant, c'est que d'une certaine manière,
29:15c'est plus un sentiment qu'une réalité,
29:17parce que pour l'instant on ne peut pas le vérifier,
29:19les entreprises ne l'évoquent pas vraiment.
29:21Il y a beaucoup d'excédents de capacité de production actuellement en Asie.
29:27Et donc il crée presque une pression déflationniste,
29:31on le voit même en Europe.
29:34Et donc les importateurs américains ont une certaine marge de manœuvre
29:37pour aller négocier, pour aller faire payer la note aux partenaires commerciaux.
29:41Au reste du monde, à ceux qui ont besoin d'exporter.
29:44Vous voulez avoir accès aux consommateurs américains,
29:49vous devez faire un export.
29:51C'est typiquement le discours d'un Trump.
29:55Et après il y a plusieurs autres aspects.
29:58Il y a éventuellement des réductions de coûts.
30:01Ça veut dire davantage d'investissement, d'automatisation.
30:05Ça c'est permanent quand même.
30:07C'est permanent mais il y a un cycle justement d'innovation qui s'accélère.
30:10Et puis après il y aura certainement un peu de licenciement.
30:14Alors on n'a pas aujourd'hui de chiffres.
30:18La proportion de tout ça.
30:20Les chiffres d'emploi aujourd'hui sont bons.
30:22Je rejoins complètement ce qui était dit.
30:24Sur l'emploi il n'y a aucun signe de ralentissement.
30:26Il y a un signe de normalisation.
30:29C'est-à-dire que les salaires n'augmentent plus vraiment.
30:31Les agents économiques évitent de changer d'emploi
30:35parce qu'ils ne font plus de gap salarial.
30:37Mais quand on regarde par exemple les emplois temporaires,
30:40on a eu un ajustement et on n'a pas du tout d'un niveau caractéristique
30:45d'une entrée en récession.
30:47Ça veut dire que si on a un marché de l'emploi qui se détend,
30:51ça donne plus de latitude à la Fed éventuellement pour agir.
30:55Et ça casse cette boucle prix-salaire.
30:59Donc finalement avec ces pressions déflationnistes,
31:03je ne sais pas exactement si ça va se passer comme ça.
31:05Mais en tout cas le message qui est envoyé par les entreprises aujourd'hui
31:09c'est que c'est gérable et il n'y a pas de révision.
31:11Alors il y a des messages qui sont relativement prudents sur certains secteurs.
31:14Il n'y a pas de révision à la baisse.
31:16On note un ralentissement.
31:18C'est finalement le soft-landing peut-être dont on a besoin pour ajuster ?
31:23Oui, ça fait deux ans.
31:25Quand on parlait de l'éclosion américaine,
31:27deux ans au minimum de croissance bien supérieure au potentiel aux Etats-Unis.
31:31Ça fait longtemps qu'on n'a pas été au potentiel, voire en dessous du potentiel.
31:352023-2024 ?
31:37Oui, c'est ça.
31:38C'était spectaculaire.
31:40Ça veut dire que le marché action américain n'est pas si malsain que ça, Grégoire ?
31:48Quand on est positionné sur un terme qualité,
31:56c'est-à-dire qu'il faut qu'il y ait des niveaux de marge qui permettent d'encaisser,
32:00qu'il y ait un certain pricing power qui soit avéré.
32:03Il y a certains segments sur les biens qui peuvent être un peu malmenés.
32:07Tout ce qui est cycle immobilier, rénovation.
32:11Omnipo en parlait.
32:13Wallmart, ça se paye 38 fois les earnings ?
32:17C'est ce genre de grandeur.
32:19Il y a des dynamiques de gains de productivité qui sont monstrueuses aussi.
32:23Il y a des dynamiques de croissance de e-commerce.
32:26Mais c'est vrai que pour des retailers, Target c'est un peu exceptionnel,
32:32il y a quand même une certaine prudence.
32:36Globalement, les messages envoyés sont relativement surprenants dans le bon sens du terme.
32:44Finalement, les attentes bénéficiaires avaient été revues à la baisse en avril.
32:50Elles sont remontées.
32:53Sauf quand il y a l'énergie, parce qu'il y a des dynamiques qui alimentent le cycle déflationnique.
33:02Ça fait partie des objectifs de Trump.
33:04Faire payer la note aux partenaires commerciaux.
33:10Mettre en place les mécanismes pour inciter en partie à des relocalisations.
33:16Et créer les conditions d'une énergie abondante.
33:20Faire payer la note, c'est un pari très risqué.
33:26Il y a bien une chose que la Chine a apprise lors de la première guerre commerciale.
33:32C'est que les Américains ne sont plus fiables.
33:35C'est un constat qu'aujourd'hui les Chinois l'ont fait.
33:38Je pense que les Européens aussi l'ont fait.
33:40Le reste du monde l'a fait par ailleurs.
33:42On se dit qu'ils ne sont pas fiables.
33:44Qu'est-ce qu'on fait ? On diversifie.
33:46Au sein de l'Europe, c'est un vrai débat.
33:50Quelle est la position qu'on doit adopter à l'échelle de l'Europe et au niveau de certains pays vis-à-vis de la Chine ?
33:59Avec ce qui se passe en toile de fond vis-à-vis des Etats-Unis.
34:02On voit bien qu'il y a déjà des dissensions.
34:04La France a une position plutôt ferme.
34:05L'Espagne beaucoup plus ouverte.
34:06Même la Commission européenne dit qu'on devrait faire un pas vers la Chine.
34:10Et à un moment donné, on va se dire qu'il y a de la réalité économique et de la réalité empirique.
34:14La Chine, de toute façon, n'a pas attendu que l'Europe commence à envisager une tierce relation.
34:20En gros, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de 120 pays dans le monde.
34:25A un moment donné, j'ai presque envie de dire que si les Américains menacent aujourd'hui la Chine.
34:31Vous voulez avoir accès à notre marché, il va falloir payer.
34:33C'est vous qui allez payer en fait.
34:35Et honnêtement, la première séquence de cet épisode commercial, à mon sens, Trump a perdu vis-à-vis de la Chine.
34:45Donc, il n'a pas eu ce qu'il voulait.
34:47Xi Jinping n'a pas bronché.
34:49Il a dit clairement, ok, on va négocier.
34:51Mais de manière sérieuse.
34:53Sans rien lâcher.
34:55Beaucoup de step back.
34:57Mais de chaque côté.
34:59La Chine a dit, ok, très bien, il y a des efforts qui sont consentis.
35:01Nous aussi on consentit des efforts.
35:03C'est comme ça quand même une négociation.
35:05Donc, on n'est pas dans le mode, j'arrive avec mon chapeau de cow-boy et mon fusil à pompe.
35:07Non, ça ne marche pas comme ça.
35:09Donc, il y a eu une véritable négociation.
35:11Et on ne peut pas dire que Trump, effectivement, soit sorti gagnant de la négociation avec la Chine.
35:15Donc, je suis beaucoup plus partagé sur la capacité finalement de négociation des États-Unis.
35:21Notamment vis-à-vis des grands pays.
35:23Le dernier morceau qui reste à traiter, bien évidemment, c'est l'Europe.
35:25On n'a pas encore parlé de ça.
35:27Enfin, il n'y a pas encore eu de négociation.
35:29On va voir comment les choses, effectivement, évoluent.
35:31On a bien vu que déjà la Commission européenne était déjà prête, finalement, à agir.
35:35Ce ne sont que des mots.
35:37On va voir l'exécution.
35:39Comment ça se passe ? Qu'est-ce qu'ils vont faire ? Qu'est-ce qu'ils vont proposer ?
35:41Je suis un peu plus, effectivement, sur...
35:45La menace américaine est un peu plus fantomatique, à mon sens, qu'elle ne...
35:49C'est plutôt un market positif, ça.
35:51Mais bien sûr. Enfin, moi, je dis qu'encore une fois, si tout est drivé par le sentiment,
35:53et si on est encore une fois sur la stratégie, effectivement, du pire,
35:57puisqu'on a, à mon sens, le 2 avril, on a vu vraiment le pire scénario sur la planète.
36:01Ben, en fait, le 10% de tarif, quand il a été annoncé avec la pause,
36:07finalement, ça a été salué par le marché.
36:09Même si derrière, effectivement, il y a eu encore de la volatilité.
36:1110%, c'est le plafond.
36:13Donc, il y a toutes les chances qu'on soit en dessous.
36:15Donc, c'est positif marché.
36:17Bon, on verra. Le pire est passé, le point bas est derrière nous, quoi.
36:21Je n'ai pas dit ça.
36:25Ben, parlons un peu d'investissement.
36:27Oui, sur le crédit, comment ça a tenu ?
36:29Ça s'est bien resserré, là aussi ?
36:31Comme le mouvement des actifs risqués, des actions, Thomas ?
36:35Ça a suivi le marché d'action.
36:37Gros élargissement des spreads suite au 2 avril.
36:39On a été retouchés 500, un peu plus de 500 points de base sur le high yield,
36:43des deux côtés de l'Atlantique.
36:45On est quasiment au niveau d'avant le 2 avril.
36:47On est à 350 points de base en Europe, à peu près.
36:51Un petit peu au-dessus aux US.
36:53A 40-50 points de base près, on est revenu sur les niveaux bas,
36:57qui étaient déjà des niveaux bas, attention.
36:59C'était déjà sur des niveaux extrêmement bas historiques.
37:01Et d'ailleurs, ces écarts, 300 points de base pour le high yield,
37:05c'est plus 300 points de base comme ça pouvait l'être il y a 5-10 ans.
37:09C'est bas, je suis d'accord.
37:11Mais est-ce que c'est un nouveau régime ?
37:13Alors, c'est grâce au raisonnement de rendement et plus de spread.
37:21C'est vrai qu'aujourd'hui, avec les taux qui sont structurellement plus hauts,
37:25les taux sans risque, 300 points de base en plus,
37:27ça fait un rendement qui est intéressant
37:29pour un particulier ou même un investisseur qui charge du 4-5%.
37:33Mais en termes de valorisation, c'est la même chose.
37:36Ça reste 300 points de base au-dessus du taux sans risque,
37:39donc la valorisation de...
37:41Ça reste pas cher.
37:43Ça reste cher.
37:45Très cher.
37:47Et donc, sur ces niveaux-là, on fait attention.
37:50Et encore une fois, cet épisode, je ne sais pas si vous avez réussi sur la partie action,
37:53mais en tout cas, nous, on a été extrêmement prudents.
37:55L'épisode de passer de 300 à 500 points de base,
37:58il était quasiment ininvestissable.
38:00Ça s'est fait en quelques jours.
38:02Le mouvement inverse s'est fait en quelques jours aussi.
38:05On ne peut pas traiter, prendre de position, on ne peut rien faire.
38:08On ne peut pas prendre de position sur des mouvements volatiles comme ça.
38:11Et on est revenu statu quo.
38:13Donc, finalement, la stratégie de début d'année qui était,
38:15on fait attention sur le risque crédit,
38:17on est au même point.
38:19On est au même point.
38:21Bon, sur la logique d'investissement, action américaine,
38:24comment on navigue dans ce marché américain aujourd'hui, Grégoire ?
38:31On navigue prudemment,
38:33c'est-à-dire que je pense qu'il y aura des retours de la volatilité
38:36puisqu'on va avoir de nouveaux épisodes de négociations commerciales,
38:40de guerres commerciales.
38:42Mais globalement, je pense qu'en fait,
38:47les mouvements qui sont en train de se mettre en place
38:50sont assez intéressants.
38:52Et dans une logique d'investissement,
38:54quand on se positionne sur des points de passage obligés,
38:57c'est-à-dire des réorganisations des chaînes d'approvisionnement,
39:03de certaines relocalisations,
39:05parce qu'il y a un aspect, à mon avis,
39:08qui n'est pas forcément pris en compte d'un point de vue macroéconomique
39:11et dans les prévisions d'équilibre budgétaire,
39:15c'est que les Etats-Unis sont une terre d'innovation
39:20qui ont énormément délocalisé tout le manufacturing,
39:25ça a été la grande mode du Fabless,
39:27grâce, je dirais, au coût du travail.
39:30Il nous reste 30 secondes.
39:33Et les entreprises n'auront d'autre choix
39:36que de relocaliser une partie de la production,
39:39parce qu'elles ne peuvent pas dissocier,
39:41je dirais, l'empreinte physique de la production et de la R&D.
39:45L'innovation et la R&D a besoin quand même aussi, à un moment,
39:47de cette empreinte physique.
39:49Et donc c'est un cycle qui est en train de se mettre en place
39:51et c'est un cycle qui va, je dirais, permettre de bénéficier.
39:54Et ça, c'est un thème sur le marché américain qu'on peut accompagner.
39:56C'est un thème, et il y a un thème de l'innovation par le software
39:58qui est extrêmement puissant actuellement
40:03et source de gains de productivité.
40:05Je pense que ça, c'est...
40:07Ça reste valable.
40:08Ça reste en place.
40:09C'est intact.
40:10Il faut juste regarder les courbes, 3 secondes.
40:12C'est-à-dire qu'en gros, on se prend des bouillons,
40:15si je puis dire, sur le marché américain.
40:17Mais ça ne remet pas en cause les cycles d'innovation
40:19qui sont structurels.
40:21Ils ont de l'avance.
40:23Donc ils vont la garder, quelque part.
40:25Et in fine, finalement, ça va...
40:27On va voir, effectivement,
40:28tous les androïdes de la tech dont on disait,
40:29effectivement, c'est beaucoup trop cher,
40:30c'est n'importe quoi, etc.
40:31On voit que ça revient.
40:33Et ça ne va pas disparaître.
40:35Donc les actifs américains,
40:37de toutes les façons, sont là pour durer.
40:39Marché américain.
40:40Et puis voilà.
40:41Faisons ça.
40:42Est-ce qu'on a enterré le marché américain,
40:43comme si c'était fini,
40:45qu'on est obligé de ressusciter le marché américain ?
40:46Non, non, mais en gros...
40:48Tout le monde disait, oui, c'est une cata, etc.
40:50La crise de confiance, en gros.
40:52Non, mais c'était un thème évoqué,
40:54et à juste titre, par ailleurs.
40:55Mais à mon sens, c'est allé un peu trop loin.
40:57Merci beaucoup, messieurs,
40:58d'avoir été les invités de Planète Marché.
40:59Mabrouk Chetouan, Natix ICM, Grégoire Ginoux,
41:01Mansartis, Thomas Vette,
41:02Spirit Asset Management.

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