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  • 21/05/2025
Anne Fulda reçoit Florent Barraco pour son livre «La route du tube : l'histoire des plus grands succès de la chanson française» dans #HDLivres

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Transcription
00:00Bienvenue à l'heure des livres, Florent Barracot.
00:02Bonjour Anne Filda.
00:03On est ravis de vous recevoir.
00:05Alors vous êtes journaliste, journaliste à Paris Match.
00:07Vous avez déjà écrit un livre, un livre sur un monument de la chanson française,
00:11malgré votre jeune âge, qui est un livre sur Michel Sardou,
00:13qui s'appelait Michel Sardou, vérités et légendes.
00:15Et vous venez de publier La route du tube,
00:17l'histoire des plus grands succès de la chanson française.
00:20Un livre qui est paru aux éditions Perrin.
00:22Et un livre qui est passionnant parce qu'il raconte à travers 80 ans d'histoire musicale
00:28la genèse de 50 chansons françaises qui sont passées à la postérité.
00:34Et on voit finalement qu'à travers ce qui peut paraître un art léger,
00:39finalement c'est un petit bout de l'histoire de France que l'on saisit comme ça au passage.
00:43Alors déjà cette passion pour la chanson française, comment vous est-elle venue ?
00:47Vous qui êtes d'ailleurs, comme le prouve votre précédent livre sur Michel Sardou,
00:52un passionné de ce chanteur.
00:54Elle est venue un peu comme tous les jeunes qui aiment la musique,
00:58c'est-à-dire qu'on écoute la musique, les chansons sur la route des vacances en voiture,
01:04on l'écoute chez soi quand on est seul, on écoute tout le temps de la musique.
01:07Et moi, mes parents m'ont bercé au rythme de Michel Sardou, de Joe Dassin, de Claude François.
01:13Et j'aime et j'ai aimé ces artistes parce qu'en fait, ils cimentent l'unité nationale.
01:19C'est-à-dire que, quels que soient nos âges, on aime une chanson du passé
01:25parce qu'on l'a entendue avec nos parents, on l'a entendue à un mariage, on l'a entendue à l'école.
01:29Et moi, vraiment, ce souvenir, et c'est comme ça que je suis rentré chez Michel Sardou, chez Julien Clerc,
01:34c'est qu'on partait en vacances, on mettait l'autoradio, on cherchait une radio où il y avait de la musique
01:38et pendant 4, 5, 6 heures, on écoutait des chansons.
01:41Et moi, j'ai un souvenir avec Michel Sardou, avec Julien Clerc, avec Claude François,
01:46tous les gens que je cite dans le livre.
01:48On les retrouve, on retrouve évidemment Brassens, on retrouve Laurent Voulzy,
01:53on retrouve Jacques Brel, on en retrouve plein.
01:55Vous citez d'ailleurs, vous dites que ça fait partie de ce qu'est une nation,
02:00vous citez même Ernest Renan, à l'appui de votre démonstration,
02:04parce que donc, une nation, selon vous, ça se construit politiquement et culturellement,
02:08y compris avec des chansons.
02:10Alors, parmi les titres qui construisent la nation,
02:12vous commencez par un qui est presque devenu un hymne national,
02:15qui est « Douce France » de Charles Trenet.
02:17Alors, une chanson qui néanmoins a suscité quelques controverses,
02:20puisque d'abord, il l'a chantée pour la première fois en 1943, pendant l'occupation,
02:25et certains y ont vu une forme, pas d'apologie,
02:29mais enfin peut-être un petit peu de célébration d'une France qui n'est plus.
02:34Bien sûr, alors, cette chanson, en fait, elle a traversé toutes les polémiques.
02:37C'est-à-dire que quand elle est sortie, on a dit,
02:39elle pense la France d'avant, donc elle est anti-régime de Vichy.
02:42Puis une fois la guerre terminée, comme il l'avait chantée pendant la guerre,
02:48on a dit, il regrette finalement le temps de la France vichysoise.
02:52Alors qu'en fait, c'est vraiment un idéal,
02:54c'est une France rêvée, fantasmée, une France douce.
02:58Et c'est une chanson, oui, qui est presque un hymne national,
03:00parce qu'elle a traversé les époques,
03:02et c'est ce que j'essaye de montrer avec les 50 chansons,
03:05c'est qu'on est capable de s'approprier une chanson
03:07qui a été chantée dans les années 40,
03:10avec carte de séjour,
03:11et on lui fait dire aussi d'autres choses,
03:13on la revisite en disant,
03:15même ceux qui ne sont pas français de souche,
03:19selon cette expression,
03:20arrivent à s'approprier une chanson qui exalte les valeurs de la France.
03:24Alors ce qui est amusant, c'est que vous racontez les coulisses,
03:27la fabrication parfois d'un tube.
03:28Alors par exemple, Place des Grands Hommes de Bruel,
03:31il a écrit la musique comme ça,
03:34à l'arrache quoi.
03:35Tout à fait, alors,
03:35en fait il est invité d'une émission de Patrick Sabatier,
03:39et il décide d'écrire une chanson pour l'émission de Sabatier,
03:42et en fait son parolier écrit les paroles,
03:45et il lui dit,
03:45bon bah fais la musique, fais la musique, fais la musique,
03:47il traîne, il traîne, il traîne,
03:48et puis un jour,
03:49son parolier l'appelle,
03:50et lui dit, bon la musique t'en es où ?
03:52Et Bruel dit, c'est bon elle est faite,
03:54il dit, ça tombe bien parce que je suis en bas de chez toi,
03:56donc tu vas me la montrer.
03:57Et donc là, Bruel panique,
03:59et finalement il va improviser la musique de Place des Grands Hommes devant lui,
04:03et il va vite le faire partir de son appartement
04:05pour se souvenir et enregistrer vraiment la musique.
04:09C'est une histoire incroyable.
04:10Alors vous revenez aussi sur des chansons
04:12qui sont carrément ce que vous appelez des monuments,
04:14comme par exemple la chanson de Brel,
04:16« Ne me quitte pas »,
04:17et ce qui est intéressant c'est que vous dites à l'époque,
04:20en entendant les paroles,
04:22Edith Piaf dit,
04:23un homme ne devrait pas chanter des trucs comme ça,
04:25il était déconstruit avant l'heure ?
04:27Voilà, c'était un adepte de Sandré de Rousseau,
04:29il était déconstruit puisqu'il se met à genoux devant une femme
04:32en lui disant « Ne me quitte pas »,
04:33et pour Edith Piaf, un homme ce n'est pas ça,
04:35un homme ça n'a pleure pas, ça ne pleure pas.
04:38Or aujourd'hui, cette chanson est célébrée
04:41parce que c'est un homme qui fait tout pour garder sa femme
04:44et qui montre ses failles.
04:45Dans les années 50-60,
04:47un homme ça ne montre pas ses failles.
04:48Oui, sa femme qui est en l'occurrence sa maîtresse.
04:50Qui est sa maîtresse, oui.
04:51Qui le quitte parce que justement il ne quitte pas sa femme.
04:55Alors bon, vous finissez évidemment
04:57par celui qui reste votre favori par-dessus tout,
05:02c'est-à-dire Michel Sardou et sa fameuse chanson
05:03des lacs du Connemara.
05:05En fait, je finis comme se terminent tous les mariages
05:08et toutes les fêtes étudiantes des écoles de commerce,
05:11c'est avec les lacs du Connemara
05:12qui indiquent qu'une fête est terminée.
05:14Et cette chanson, elle illustre finalement
05:16ce que j'essaie de ramener dans le livre.
05:18C'est-à-dire que ces chansons,
05:19elles cimentent à la fois un mariage en province,
05:22donc avec des gens qui font la fête jusqu'à 4h du matin
05:26et des étudiants en école de commerce
05:29très intégrés à la mondialisation
05:31et qui vont terminer avec Michel Sardou.
05:33Et en fait, la chanson, elle nous réunit tous
05:36autour d'un rythme, d'un refrain.
05:39Et Sardou, on a beaucoup, beaucoup joué.
05:41C'est une chanson dans laquelle
05:43il ne croyait absolument pas
05:44parce qu'il pensait qu'il allait emmerder tout le monde
05:45avec un mariage irlandais pendant 7 minutes.
05:48Et finalement, elle est dans tous ses tours de chant
05:49et c'est un monument et elle devait terminer le livre.
05:52Et alors, c'est une chanson qui a été créée en 1981
05:55qui sera vendue à 1 million d'exemplaires
05:57alors qu'effectivement, il n'y croyait pas.
05:59On le voit marmonner en disant
06:01« ça ne marchera pas ».
06:02Et ce qui est intéressant, c'est qu'aujourd'hui encore,
06:05et on terminera là-dessus,
06:06c'est une chanson qui peut créer la polémique
06:08puisqu'on a vu Juliette Armanet
06:09qui a eu des mots très durs à son propos.
06:11Et vous avez remarqué qu'il y a eu une opposition
06:15à ce qu'elle a dit
06:16et même les anti-Sardou ont défendu Sardou
06:18parce que c'est devenu un monument.
06:20Cette chanson est devenue un monument.
06:21Sardou, il est attaquable sur d'autres chansons
06:23mais pas sur les lacs du Konamara.
06:24C'est un morceau du patrimoine français.
06:26Tout à fait.
06:26Et elle s'est excusée en disant
06:27qu'elle avait peut-être été un peu trop loin.
06:29Oui, puisqu'elle avait été fort effectivement.
06:32Elle avait reproché à cette chanson
06:33un côté « scout sectaire »,
06:35« Jugez la musique immonde,
06:36cette chanson me dégoûte,
06:37c'est de droite, rien ne va ».
06:38Alors que ce n'est pas une chanson de droite,
06:41qui nous réunit tous.
06:43Alors en tout cas, vraiment,
06:44je vous conseille vivement de lire ce livre.
06:47Ça s'appelle « La route du tube »,
06:49c'est donc paru chez Perrin.
06:50Merci Florent Barco.
06:51C'est vrai que c'est passionnant.
06:53Et c'est vrai qu'on voyage dans l'histoire de France
06:56à travers des chansons que l'on connaît tous.
06:58Oui, tout à fait.
06:59Merci beaucoup.

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