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La chronique du Dr Milhau du 20/05/2025
CNEWS
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20/05/2025
Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #LaMatinale
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TV
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00:00
8h44, le docteur Brigitte Mignot avec nous. Bonjour Brigitte.
00:03
Bonjour.
00:04
Vous nous parlez ce matin d'une première mondiale qui s'est déroulée aux Etats-Unis,
00:08
une greffe de vessie.
00:10
En quoi c'est si compliqué de greffer une vessie ?
00:13
C'est un peu la question qu'on peut se poser.
00:16
Oui.
00:16
On greffe un cœur, on greffe un poumon, on pourrait se dire pourquoi la vessie ?
00:21
Ce n'est pas qu'un simple sac à pipi la vessie.
00:24
C'est beaucoup plus compliqué que ça.
00:26
Alors déjà, pour comprendre pourquoi c'est compliqué,
00:28
on va rappeler comment fonctionne l'arbre urinaire.
00:32
Vous savez que vos reins fonctionnent 24 heures sur 24.
00:35
Il faut éliminer les déchets, etc.
00:37
Donc on va voir l'arbre urinaire.
00:39
Nous avons deux reins.
00:41
Voilà en haut le rein.
00:42
Ensuite, il y a un conduit qui va apporter l'urine qui est évacuée en permanence.
00:49
Je le répète, ça travaille non-stop.
00:50
Qui va la porter à la vessie.
00:52
Vous voyez, il y en a un de chaque côté.
00:53
On appelle ça désurtère.
00:55
Ça arrive à la vessie et ensuite, il y a une commande cérébrale qui dit que la vessie est pleine
01:01
et ça va être évacué par un autre canal qu'on appelle l'urètre.
01:07
Et chez les hommes, il y a, ne l'oublions pas, la prostate.
01:10
Quand je dis que c'est très sophistiqué, rappelez-vous Romain,
01:14
que chez les jeunes enfants, l'apprentissage de la propreté survient après l'acquisition du langage.
01:21
Donc ce n'est pas rien comme système.
01:23
Il faut arriver à ce que le message arrive au cerveau.
01:26
Ça y est, la vessie est pleine.
01:28
Il y a un petit muscle qui s'appelle un sphincter qui va arriver après à dire, hop, je m'ouvre et j'élimine l'urine.
01:34
Donc vous voyez, ce n'est pas si simple que ça.
01:35
Alors, pourquoi c'est si compliqué ?
01:39
Eh bien, pour plusieurs raisons.
01:40
Déjà, la position, c'est au fond de la cavité abdominale.
01:45
Parce que pour faire une greffe, qu'est-ce qu'il faut ?
01:47
Il faut enlever la vessie du donneur décédé et après, aller la greffer sur le receveur.
01:57
Pour arriver à enlever la vessie du donneur décédé,
02:02
il va falloir aller profondément dans la cavité abdominale.
02:06
C'est très vascularisé.
02:08
Et il y a la prostate, la prostate qui fait partie de la procuration, de la sexualité, etc.
02:13
Donc voilà pourquoi on n'arrivait pas pour l'instant à aller greffer des vessies chez un receveur.
02:21
Que faisait-on ? Puisqu'on n'y arrivait pas.
02:24
Spécifiquement chez un homme ou homme-femme ?
02:26
Ah non, chez les femmes, pareil.
02:27
Sauf que chez les femmes, il n'y a pas le problème de la prostate.
02:29
Oui, voilà, c'est pour ça que je vous pose la question.
02:30
Mais vous avez raison.
02:31
Je rappelle quand même qu'il y a 15 000 à 20 000 cancers de la vessie chaque année
02:36
et 4 hommes pour une femme.
02:38
Oui, d'accord.
02:38
Donc le vrai sujet, c'est pour les enfants.
02:40
Ce n'est pas le vrai sujet, mais les femmes aussi.
02:42
Alors que faisait-on ?
02:43
Puisqu'on n'arrivait pas à aller enlever une vessie chez un donneur,
02:49
on faisait des choses, on prenait soit les deux tuyaux que je vous ai montrés
02:52
et on les a bouchés à la peau.
02:54
C'est-à-dire que vous aviez un petit tuyau qui sort à côté d'une nombril pour faire pipi.
02:58
Soit on prenait un morceau de l'intestin et on essayait de la boucher à la peau
03:04
et de faire ce qu'on appelle une stomie, c'est-à-dire une poche.
03:06
On va passer sur les images.
03:08
Donc soit vous vous retrouviez avec une poche, soit on faisait ce qu'on appelle une néo-vessie.
03:12
Là, c'est pareil.
03:13
On vous opère.
03:14
On prend un morceau de l'intestin grêle, on en fabrique un petit sac et on le met à la place de la vessie.
03:23
Mais vous vous rendez compte des complications ?
03:25
Il y a des risques d'incontinence, il y a des risques d'infection.
03:27
Quoi qu'il arrive, comme il n'y a pas le sphincter avec la commande,
03:30
il faut même la nuit se lever pour aller faire pipi,
03:32
même si vous n'avez pas de poche, si vous avez une néo-vessie, il faut quand même.
03:36
Enfin, beaucoup de complications.
03:37
Ça peut atteindre les reins aussi, plus les problèmes dont on vient de parler chez les hommes
03:42
d'érection, de sexualité, de reproduction, etc.
03:46
Donc c'était très compliqué.
03:48
Donc il fallait trouver une solution, mais on n'y arrivait pas.
03:51
Et là, ces chercheurs, vous parliez de ce qu'ils ont fait.
03:55
En fait, ils travaillent depuis cinq ans à essayer, notamment avec des robots ultra-perfectionnés,
04:00
d'aller extraire la vessie chez des donneurs décédés.
04:03
Et là, j'allais dire qu'ils ont trouvé le patient idéal, c'est pas très sympa
04:08
ce que je dis, mais un jeune homme de 41 ans, papa d'enfant, qui avait eu un cancer
04:14
de la vessie et un cancer des reins, qui était dialysé depuis sept ans.
04:18
C'est-à-dire que comme ces reins ne fonctionnaient pas, on les avait enlevés, il avait une dialyse.
04:22
Il avait été opéré de son cancer de la vessie, on lui avait enlevé la vessie.
04:25
Et donc là, ils ont tenté de le greffer et ils ont réussi.
04:31
Et ce patient va bien.
04:34
On lui a greffé à la fois un rein, puisque lui n'avait pas de rein, à la fois un rein
04:38
et à la fois la vessie.
04:40
Et donc, il n'est plus dialysé du tout.
04:42
Il va bien.
04:44
C'est récent.
04:46
Donc, il va falloir attendre d'autres cas, bien sûr.
04:51
Mais vous imaginez quand même à quel point ça va changer, si on arrive à répéter cette greffe,
04:58
là, c'est une première, à quel point ça va changer la vie quand on sait le nombre de patients
05:03
qui vivent avec des vessies opérées, avec toutes les techniques dont on vient de parler.
05:10
Là, ça va leur changer totalement la vie.
05:12
Donc oui, vous avez raison de dire félicitations, une première incroyable.
05:16
Je ne m'engage pas trop en disant ça.
05:21
Non, mais c'est important de le dire.
05:22
Ah mais oui, c'est formidable.
05:23
Quand il y a des choses comme ça, vous vous rendez compte, on est en 2025,
05:26
c'est la première fois qu'on arrive à greffer une vessie.
05:30
Sous-titrage Société Radio-Canada
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