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  • 19/05/2025

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00:00Bonjour Bruno Rotaillot. Bonjour Sonia Mabrouk. Bienvenue à la grande interview sur CNews Europe 1.
00:05Vous êtes le ministre de l'Intérieur et désormais patron incontesté des Républicains avec une très très large victoire.
00:11Salut hier par votre formation et bien au-delà, les messages de félicitations sont venus de partout.
00:16Nombreux sont aussi les militants qui ont fêté le retour de la droite.
00:20Tout d'abord Bruno Rotaillot, est-ce que vous pouviez rêver d'un meilleur score et d'une meilleure configuration pour la suite ?
00:25Est-ce que vous avez été surpris vous-même ? Bien sûr j'ai été surpris.
00:28Bien sûr, j'avais des indices. Les indices c'était quoi ? Les indices c'était nos militants.
00:34Je voudrais vraiment les remercier tous d'ailleurs qu'ils aient voté pour moi, qu'ils aient voté pour Laurent.
00:38C'est pas grave, ils ont donné de la force à notre famille politique.
00:42Il y avait le remplissage justement des salles qui étaient combles, quelle que soit l'heure, parfois des heures improbables.
00:48Midi, une heure dans des campagnes ou des petites villes de mille habitants ou de moins avec une ferveur extraordinaire.
00:55Il y avait tous ces indices, il y avait aussi les élections partielles, législatives, municipales que nous gagnions
01:02ou alors dans lesquelles nous avions progressé très très fortement.
01:06Non franchement, 74% même dans les rêves les plus fous, je ne l'avais pas imaginé.
01:10Les militants hier et d'autres plus largement les sympathisants qui vous disent la droite est de retour.
01:15En tout cas c'est ce qu'ils espèrent vouloir détruire ce matin.
01:18Elle est de retour et je l'incarnerai.
01:19Mais vous savez, si je me suis présenté dans cette compétition interne, d'abord ça n'a pas été une évidence pour moi.
01:24J'avais des réticences au départ parce que je sais que quand il y a une compétition interne, on s'expose, on reçoit des coups, j'en ai reçu d'ailleurs.
01:33Mais j'avais quelques doutes.
01:36Très franchement, j'y suis allé parce que j'avais senti depuis que nous sommes rentrés au gouvernement
01:40qu'il y avait un vent d'espérance, d'espoir qui s'était levé.
01:43Et je ne voulais pas que ce vent d'espérance retombe.
01:47Je m'en sentais un peu comptable.
01:49C'est la raison pour laquelle je me suis engagé.
01:51Et là j'ai la certitude, je l'ai bien vu avec tous ces militants qui sont revenus,
01:55qui en réalité nous avaient fui parce que la droite n'avait pas tenu ses engagements,
02:00parce que la droite avait baissé la tête, courbé les chines finalement vis-à-vis de la gauche, etc.
02:05Une droite finalement qui s'excusait d'être de droite.
02:08Mais la certitude que j'ai eue quand j'ai vu revenir ces militants,
02:12c'est que demain on peut faire la même chose avec des électeurs.
02:15Des électeurs qu'on a déçus, qu'on peut faire revenir chez nous,
02:18mais à la condition d'une ligne qui soit une ligne assumée de droite.
02:22Moi je ne veux pas d'une droite à moitié de droite.
02:25Je ne veux pas d'une droite à mi-temps.
02:27Je veux une droite qui soit sereine, qui soit audacieuse, courageuse, mais qui soit elle-même.
02:32C'est ce que vous allez porter donc au sein et à la tête surtout des Républicains, Bruno Roteo.
02:37Et maintenant, si vous deviez définir le patron que vous êtes, que vous allez être,
02:41citez-moi deux caractéristiques qui pourraient justement définir ce nouveau rôle et ce nouveau statut.
02:47Pas l'unité qui m'est chère, parce que si on veut demain rassembler les Français,
02:51il faut quand même qu'on arrive à nous rassembler.
02:53Je pense que ce score va me permettre précisément le rassemblement.
02:57Et vraiment, il m'a aussi appelé Laurent Wauquiez hier pour qu'on puisse travailler ensemble.
03:03Et puis il y a plein de talent.
03:04Travailler ensemble, c'est des signes déjà que vous envoyez de rapprochement, de réconciliation.
03:08Non, parce qu'il n'y a pas eu de guerre des chefs, mais de rapprochement.
03:10De rapprochement, il faut...
03:12Écoutez, c'est une première étape.
03:14Très franchement, si demain on veut gagner l'élection présidentielle, on aura besoin de tout le monde.
03:18On a beaucoup, beaucoup de talent.
03:19J'en ai découvert d'ailleurs.
03:20Je pense à beaucoup de maires qui ont la quarantaine, la cinquantaine, parfois plus ou parfois moins.
03:25Mais c'est avec eux que je veux construire le parti.
03:28Donc d'abord, l'unité.
03:29Et puis il y a le projet.
03:30Vous savez que j'ai toujours considéré que la politique, c'était d'abord les idées.
03:35C'était un combat d'idées.
03:36C'est un combat culturel, c'est vrai.
03:39Les victoires idéologiques précèdent toujours les victoires politiques.
03:43J'y tiens beaucoup.
03:44Et ce que je veux, moi, c'est porter un projet spécifique.
03:47Je veux porter un projet qui permette de défendre la France des honnêtes gens.
03:52Des gens honnêtes.
03:53Parce que cette France-là, les hommes et les femmes politiques ne l'écoutent plus.
03:57Ils ont depuis longtemps découpé la France en rondelles de saucissons.
04:01Ils ne s'adressent pas à un seul peuple français, mais à des minorités, à des segments électoraux.
04:08Ça, c'est du marketing politique.
04:09Moi, je veux vraiment porter la préoccupation de ces gens qui sont finalement silencieux,
04:15qui travaillent, qui aiment les forts, qui croient en la France.
04:17Et avant de rassembler la France, vous l'avez dit, Bruno Rotaillot, il faut rassembler votre camp.
04:22Il faut aussi cautériser les plaies.
04:24Il y en a dans ce parti qui a connu des guerres des chefs homériques.
04:28On entend ce matin sur l'unité des signaux des appels, aussi de rapprochement.
04:32Vous allez devoir former votre équipe bientôt.
04:35Il n'y aura pas, si je vous entends bien, que des rotaillistes.
04:38Non, je veux ouvrir les choses.
04:41Je veux néanmoins une ligne claire.
04:42Il faut porter une ligne claire.
04:43La vôtre ?
04:44Je veux qu'il y ait la mienne, bien sûr.
04:45Votre voie, avec cette légitimité du score ?
04:47Absolument, mais on a besoin, justement, quand on gagne, on a aussi besoin de cette ligne.
04:53Et on a besoin de diriger.
04:55Donc, j'assumerai cette responsabilité.
04:57Mais je veux la rassumer, l'assumer en rassemblant.
05:00Vous savez, le rassemblement, ça ne se fait jamais dans l'eau tiède.
05:04Le rassemblement, ça se fait par le haut.
05:06Ça se fait par les idées.
05:08Ça se fait par les convictions.
05:10Et Guy avait une très belle phrase en disant tout ce qui élève unis.
05:13Eh bien, c'est ma ligne politique que j'entends assumer complètement.
05:18D'ailleurs, elle n'était pas si éloignée de celle de Laurent Wauquiez et de celle de tant d'autres.
05:23Mais on a tellement de talent dans notre famille politique.
05:25Laurent Wauquiez, David Lissnard, François-Xavier Bellamy.
05:28Donc, autant aujourd'hui de tant d'autres.
05:31Bien sûr.
05:31D'autres sensibilités aussi, d'une droite plus sociale.
05:33C'était un formidable directeur de campagne. Je veux lui rendre hommage.
05:37Donc, si j'ai bien compris, une ligne claire, la vôtre, mais différentes sensibilités pour ouvrir la porte et les fenêtres de ce parti aujourd'hui.
05:44Oui, parce que c'est une première étape.
05:46Il nous faut construire l'avenir et on ne pourra le construire que si on se rassemble et que si on définit ce projet.
05:52Je vous en ai parlé. C'est vraiment la défense, porter la voix de cette France des honnêtes gens.
05:59Alors, ce fut, Bruno Retailleau, le point principal qui a utilisé votre compétiteur, malheureux Laurent Wauquiez, pendant la campagne, à savoir votre participation au gouvernement.
06:07Vous avez d'ores et déjà affirmé que votre plébiscite, hier, montre que votre ligne a été validée.
06:12Vous restez donc ministre, malgré tout, avec un nouveau poids, une nouvelle légitimité qui va changer les choses à l'intérieur du gouvernement.
06:19Ça me donne de la force, bien sûr, parce que ça me légitime.
06:24Si vraiment nos militants, c'est-à-dire le cœur de notre électorat, ceux qui sont les plus convaincus,
06:31s'ils avaient voulu que je quitte le gouvernement, pensez-vous vraiment qu'ils auraient voté à 74% ?
06:37Je veux repréciser les conditions dans lesquelles nous sommes rentrés au gouvernement.
06:41Rentrer dans ce gouvernement, ça n'est pas se macroniser, ça n'est pas se dissoudre, ça n'est pas la confusion.
06:46Rentrer au gouvernement, c'était simplement parce que nous voulions éviter à la France le pire,
06:52c'est-à-dire faire blocage à la gauche, mélanchoniser, quand on est de droite, on fait barrage à la gauche,
06:58et c'est éviter le chaos.
07:00Il n'y a pas de majorité au Parlement.
07:02Moi, j'aime la France, et ce que je veux, c'est être utile.
07:05Nos électeurs, nos militants, veulent aussi que la droite se retrousse les manches, mettre la main dans le cambouis.
07:11Donc ça a été tranché hier, cela, pour vous ?
07:13Je pense que c'était tranché, c'était tranché, comment dirais-je, non pas pour l'éternité,
07:17mais encore une fois, encore une fois, si nous sommes au gouvernement,
07:21ça n'est pas pour abdiquer, pour renoncer à notre personnalité, ça n'est pas pour se confondre, pas du tout.
07:26J'entends, mais ce que depuis hier, ça a changé, et pour préciser ma question,
07:30Bruno Retailleux, est-ce que ça veut dire que vous serez davantage renforcer vous-même
07:33pour exiger certaines décisions, comme par exemple le référendum que vous avez toujours demandé sur l'immigration,
07:38comme par exemple le fait de ne pas augmenter les impôts dans le budget.
07:42Est-ce que sur cela, vous serez d'une fermeté, eh bien, avec une légitimité hier renforcée ?
07:48Bien sûr, je vous l'avais dit d'ailleurs à ce micro, je pense que le fait de se présenter,
07:52désormais d'être élu avec ces résultats, avec ce score, ça va renforcer le poids du ministre de l'Intérieur,
07:58et inversement d'ailleurs, ça renforce aussi d'une certaine façon la légitimité du président de LR,
08:03parce que les gens veulent nous voir dans l'action.
08:06Je pense que nos sympathisants, nos militants et les Français qui partagent nos convictions
08:10veulent d'une droite qui soit utile, ils veulent une droite dans l'action,
08:15mais une droite qui ne renonce pas à son identité.
08:18C'est important, c'est-à-dire qu'au sein du gouvernement, depuis hier, vous allez dire qu'il faut que ça aille plus vite, sinon ?
08:23Bien sûr, bien sûr, avec les limites, puisque nous n'avons toujours pas de majorité au Parlement.
08:29J'aurais rêvé, Sonia Mavranc, mais vraiment rêvé, d'appartenir à un gouvernement avec une majorité solide,
08:35pour faire encore plus.
08:36Mais je fais aujourd'hui, avec ce que j'ai, en posant des actes,
08:41j'ai fait deux circulaires qui sont vraiment absolument fondamentales
08:44pour durcir les conditions de la régularisation des étrangers en situation de clandestinité,
08:50ou, par exemple, la naturalisation.
08:52Je l'assume, je l'assume vraiment, la loi narcotrafic,
08:56que j'ai très largement modelée quand j'étais au Sénat,
08:59qui est désormais votée, parce que c'est un combat absolument majeur de toute la nation.
09:04On a combattu le terrorisme, il faut continuer à le combattre.
09:07Aujourd'hui, la grande cause nationale, c'est le narcotrafic.
09:09On va en parler. Mais vous assumez donc une place singulière aujourd'hui, Bruno Rotaillot.
09:14Vous êtes l'homme fort du gouvernement et le patron d'une formation
09:16qui veut l'alternance avec le macronisme. Est-ce que c'est bien résumé ?
09:20Bien sûr, je pense que je l'ai écrit, je l'ai dit.
09:23Et vous n'y voyez pas de contradiction ?
09:23Je n'y vois pas de contradiction, dans la mesure où, encore une fois,
09:26si nous sommes au gouvernement, si je suis toujours au gouvernement,
09:29c'est pour éviter à la France le pire,
09:31c'est-à-dire la gauche mélanchonisée ou le chaos.
09:35Ça ne veut absolument rien dire. Je reste gaulliste. Je ne suis pas macroniste.
09:38Je sais que j'ai ému des députés de l'aile gauche du bloc central.
09:45Mais c'est la vérité. Je n'ai pas changé.
09:47Donc vous leur dites ce matin, quoi qu'il arrive, je ne suis pas macroniste,
09:50ce sera comme ça et en plus je suis l'homme fort de ce gouvernement.
09:52Mais je suis gaulliste et je ne renonce à aucune de mes valeurs
09:56ni aucune de mes convictions.
09:58Précisément, la difficulté de ce gouvernement,
10:01c'est de ne pas avoir de majorité à l'Assemblée nationale.
10:03Mais sa richesse, c'est qu'il rassemble des hommes et des femmes
10:06qui ont pris leur responsabilité précisément parce qu'ils aiment la France.
10:10On ne pense pas tous la même chose, soit.
10:13Mais moi, sur mon couloir, j'entends faire en sorte que l'ordre revienne.
10:17C'est difficile, encore une fois.
10:19Je veux être utile et tant que je serai utile, je ferai mon devoir.
10:22Donc, ces députés du bloc central de gauche, comme vous dites,
10:25vous font une pression.
10:27Vous êtes aujourd'hui l'homme fort du gouvernement.
10:28Est-ce qu'à un moment, vous avez dit tout à l'heure
10:30que ce n'est pas pour l'éternité d'être au gouvernement,
10:32il faudra descendre du train avant qu'il ne rentre dans le mur ?
10:36Je ne suis pas dans une optique politicienne.
10:38J'essaie de servir mon pays.
10:39J'essaie de servir mon pays.
10:40Cette question est uniquement politicienne pour vous, M. Rotaillot, vraiment ?
10:43Aujourd'hui, je ne la m'apprend pas parce que ça voudrait dire
10:45qu'il y a une tactique politicienne
10:47pour essayer de prévoir, de scénographier,
10:50de mettre en scène le moment du départ.
10:52Moi, je dis que tant que mes convictions ne sont pas blessées,
10:56tant que les intérêts fondamentaux de la nation,
10:58mon devoir, c'est de faire tout ce que je peux faire
11:01pour faire avancer les choses.
11:02Parce que la France ne va pas bien.
11:04Vous avez bien vu qu'on a un ensauvagement qui est incroyable.
11:08On ne peut pas attendre deux ans.
11:09On ne peut pas attendre 2027, ne rien faire
11:11et mettre la France dans le chaos.
11:13Parce que si demain, il n'y a pas de gouvernement
11:15ou qu'il y a un gouvernement qui soit totalement étriqué,
11:19alors je pense qu'on régresserait.
11:21Ça, je ne le veux pas.
11:22Pour autant, encore une fois, que mes convictions soient respectées
11:25et que l'idée que je me fais des intérêts de la France le soit aussi.
11:30On l'entend. Pour autant que vos convictions soient respectées.
11:32Est-ce que ces convictions, vous les partagez, Bruno Roteuil,
11:35avec d'autres personnalités hors les murs de la droite ?
11:37Si je puis dire, on a entendu votre compétiteur leur invoquer dans cette campagne,
11:41évoquer certaines personnalités, sans faire pour autant l'alliance des partis de droite,
11:45mais une alliance des droites avec certaines personnalités.
11:48Est-ce que vous êtes dans cette optique, aujourd'hui ?
11:51Je vais le répéter.
11:53Encore une fois, la politique, c'est une ligne claire.
11:56C'est ce que j'essaie de faire, d'ailleurs, au gouvernement.
11:58J'essaie, par des prises de position très, très claires, très tranchées,
12:02de gagner le combat d'idées.
12:04Et j'observe qu'aujourd'hui, sur l'immigration, sur le narcotrafic,
12:07sur tant d'autres choses, les lignes bougent.
12:09On prépare le terrain pour demain.
12:11Bien.
12:12Maintenant, là encore, je ne m'adresse pas aux appareils.
12:15Je n'y crois plus.
12:15Je n'y crois pas.
12:16Vous parlez de personnalité, pas d'appareil.
12:17Absolument.
12:18Eh bien, nous allons bâtir un projet.
12:20Ce projet, ce ne sera pas de l'eau tiède.
12:22Ce projet, ce ne sera pas de la rustine.
12:24Ce projet, ce sera une rupture.
12:27Libre à ceux qui s'y reconnaissent de le rejoindre.
12:31Moi, je n'ai jamais ostratisé personne.
12:33Personne.
12:34Simplement, ce que je veux, c'est porter cette ligne-là.
12:37Et c'est cette ligne qui déterminera la frontière.
12:40Pourquoi répétez-vous si souvent, M. Rotaillot,
12:42que ce ne sera pas une droite d'eau tiède ?
12:44C'est pour répondre à tous ceux qui vous disent dans les paroles.
12:47Et puis, une fois que la droite est au pouvoir, elle ne fait plus rien, elle n'agit plus ?
12:50J'ai cité une phrase qui est incroyable de Maurice Druyon.
12:53Vous savez, Maurice Druyon, académicien, ministre de la Culture et neveu de Georges Kestel.
12:57Il avait fait, Maurice Druyon, les paroles du chant des partisans.
13:01Et il avait eu cette phrase incroyable.
13:03Il avait dit, en France, il existe deux parties de gauche dont l'un, par convention, s'appelle la droite.
13:08Qu'est-ce qu'il avait voulu dire ?
13:10Il moquait la droite.
13:11Une droite qui, souvent, a baissé le regard devant une sorte de domination idéologique, intellectuelle de la gauche.
13:19Ce temps-là, il est terminé.
13:20Terminé ?
13:21Oui, parce que je vais vous dire.
13:22Parce que nous avons, nous, une doctrine propre.
13:25Et je pense que, et j'en suis sûr, aujourd'hui, la France ne penche pas à gauche.
13:30La France penche à droite.
13:32Nous sommes la droite.
13:33Et j'entends que nous soyons toute la droite et une droite fière de ce qu'elle est.
13:37Est-ce qu'elle peut pencher au centre ?
13:38Pourquoi vous fait-on souvent ?
13:39Alors, le reproche, c'est peut-être pas un reproche, en tous les cas.
13:42Non pas d'un ticket, mais d'un duo avec Édouard Philippe.
13:44Est-ce que vous dites ce matin, très clairement, moi c'est moi, lui c'est lui.
13:48Il n'y aura pas de duo, il n'y aura pas d'accord, même en vue des municipales.
13:52Vous vous rendez compte que j'ai brigué cette présidence pour le parti.
13:56Parce que j'y crois.
13:57Parce qu'encore une fois, ça correspond à ce que ressentent les Français.
14:00Les Français ne vous fait le reproche d'un défaut d'insincérité.
14:03Les Français veulent une école méritocratique.
14:05Ils veulent l'ordre républicain.
14:06Ils veulent que le travail paye plus que l'assistanat.
14:08Ils veulent qu'il y ait aussi, dans l'existence humaine,
14:11dans nos paysages intérieurs, des repères, des valeurs.
14:15Parce que vous savez, l'argent ne peut pas tout acheter.
14:17Et les gens, notamment ceux qui n'ont pas de patrimoine,
14:20ils tiennent d'autant plus à ces valeurs immatérielles.
14:23Je n'ai pas fait tout ça pour ça,
14:25pour qu'ensuite j'abdique et qu'on se range sous telle ou telle couleur.
14:30Il y aurait une abdication que de ne pas porter vos couleurs.
14:34C'est pas ce que je veux dire, Edouard Philippe.
14:36Encore une fois, j'ai du respect, de l'estime.
14:38Simplement, il conçoit son espace politique de la gauche à la droite.
14:42Moi, je crois que, en même temps, ça conduit à l'immobilisme.
14:46Je le vois bien.
14:47Parce que la gauche veut plus d'impôts.
14:49Nous, on en veut moins.
14:50La gauche veut plus de dépenses publiques.
14:51Elle veut moins d'ordre public.
14:53On en veut plus.
14:54Ça ne marche pas.
14:55On ne peut pas mélanger, à un moment donné, l'huile et l'eau.
14:58Ça ne se mélange pas.
15:00En revanche, on peut rassembler.
15:01On peut rassembler les Français, les gens de bonne volonté.
15:04Cette France des jeunes et des gens, je le crois vraiment, mais par le haut.
15:09En attendant, dans l'actualité, Bruno Rotaille, vous êtes patron incontesté des ELR,
15:14mais évidemment, l'actualité suit son cours.
15:16Vous avez dit du bien de la proposition choc du garde des Sceaux, Gérald Darmin,
15:20qui a annoncé hier la construction d'une prison de très haute sécurité en Guyane,
15:24dans laquelle seraient enfermés les narcotrafiquants les plus dangereux,
15:28les individus radicalisés, islamistes.
15:30Cette proposition, monsieur le ministre, a suscité beaucoup de réactions indignées,
15:34certaines en tous les cas, qui pointent le retour du bagne.
15:38Que répondez-vous à cela ?
15:39Je dis que les Français ont de la chance d'avoir un couple,
15:45même dans les conditions difficiles, les limites que l'on a,
15:47pas de majorité au Parlement, un couple régalien,
15:50donc ministre de la Justice, ministre de l'Intérieur, qui sont sur la même ligne.
15:54Ça, c'est fondamental.
15:55Il y a longtemps que ça n'était pas arrivé.
15:57Je veux simplement dire à ces gens qui croient qu'il ne faut pas enfermer,
16:01loin de la France, dans des quartiers de haute sécurité,
16:04des gens qui recrutent des gamins de 14 à 15 ans,
16:08qui les font se tuer, s'entretuer.
16:11Les tuers à gage aujourd'hui, c'est cela.
16:13Pour quelques milliers d'euros, pour quelques dizaines de milliers d'euros.
16:15Je me souviens d'un jeune, un adolescent de 15 ans à Marseille.
16:18Il a fait l'objet d'un règlement de compte, 50 coups de couteau,
16:21il était toujours vivant.
16:22Ils l'ont achevé, achevé en le brûlant vif.
16:26Et ces gens-là, je les ai vus, moi, les insoumis d'ailleurs,
16:28entre nous, à l'Assemblée nationale,
16:31qui ont lutté pour que la loi narcotrafic soit neutralisée.
16:35Vous vous imaginez, vous vous rendez compte ?
16:36Non, Gérald a raison.
16:38Je lui redis mon entier soutien.
16:40Eh bien, les narcotrafiquants doivent être traités comme tels,
16:44sans aucune commissération.
16:46On se demande où s'arrêterait cette fabrique des barbares,
16:49Bruno Rotaillot, sur le plan de l'insécurité.
16:51Il y a eu, en quelques jours, des tirs à l'arme de guerre.
16:54À mes yeux, il y a eu une vidéo hallucinante,
16:55une sorte de ghetto tour tourné par un youtubeur allemand dans un quartier nîmois.
16:59Ce samedi, il y a eu une rixe ultra-violente entre deux bandes rivales.
17:04C'est toujours le même reproche, en tous les cas.
17:06On vous demande des actes.
17:07Est-ce que vous dites, là encore,
17:09il me faut du temps pour montrer mes résultats, prouver les choses ?
17:12Ce que je veux dire, je fais bouger les lignes.
17:15Vous avez utilisé un terme que j'ai forgé,
17:17la fabrique des barbares.
17:18J'ai indiqué qu'il y avait une société laxiste
17:23qui a déconstruit méthodiquement, méticuleusement,
17:26tous les repères, les cadres communs que sont l'autorité,
17:30le respect de l'autre, les hiérarchies.
17:32Cette société, précisément 68 Arnes,
17:34qui a puisé ses valeurs dans les années 68 Arnes,
17:37a engendré, a accouché de cette fabrique des barbares.
17:41Il faudra donc du temps pour que la famille,
17:44la restauration de l'autorité en famille, l'école,
17:46il faudra du temps.
17:47Et moi, on ne peut pas, en quelques mois,
17:49me demander d'effacer des décennies de laxisme.
17:52En revanche, moi, je pense que ça, c'est le long terme.
17:54Mais ça, ça sera le projet de 2027
17:56que nous porterons d'une société nouvelle,
17:59d'une société où on remet à l'endroit,
18:02ou en tout cas, on remet à l'endroit
18:03des valeurs qui sont vraiment fondamentales
18:06si on veut demain vivre dans une société apaisée.
18:09Mais déjà, il y a l'ordre public,
18:11c'est ce que je fais chaque jour.
18:12L'ordre public, l'immigration par des circulaires.
18:15Même si, M. le ministre,
18:16lors de son émission il y a quelques jours,
18:18Emmanuel Macron, le président,
18:20ne voyait pas de problème au nombre
18:22d'arrivées sur le sol français.
18:24Je le redis, un demi-million d'immigrés
18:26tous les ans en France,
18:28alors que nos capacités d'accueil
18:30sont totalement saturées,
18:31ça n'est pas raisonnable.
18:32L'immigration, dans ces conditions,
18:34je le redis, n'est pas une chance.
18:36Dans ces conditions, vous avez fait ?
18:38Il y a une double réponse.
18:39Ah non, oui, je dis dans ces conditions
18:41parce que je n'ai jamais cru à l'immigration zéro.
18:44Il n'y a que la Corée du Nord, peut-être,
18:45et encore, il faut être raisonnable.
18:47En revanche, il faut faire non seulement
18:49la guerre à l'immigration illégale,
18:52mais il faut aussi faire baisser l'immigration légale.
18:54Simplement, un, l'ordre républicain,
18:57mais aussi une nouvelle politique pénale.
18:59C'est fondamental,
19:01notamment vis-à-vis des jeunes.
19:02À vous entendre, ce n'est pas une politique,
19:03c'est une révolution qu'il faudrait.
19:04C'est une révolution pénale,
19:05puisqu'aujourd'hui, on enferme des jeunes
19:07dans des parcours de délinquance.
19:09En clair, en France, on refuse la sanction.
19:11On refuse la prison.
19:13Et donc, ils volent un oeuf, etc.
19:14Ils continuent.
19:15Et quand la sanction avec la prison tombe,
19:18c'est trop tard.
19:18C'est trop tard pour ces gamins-là,
19:20et c'est trop tard pour leurs victimes.
19:21On peut mener une révolution
19:23avec une partie, je dis bien des magistrats.
19:26C'est un tiers, le syndicat de la magistrature,
19:28qui est en totale opposition
19:29avec ce que vous dites ?
19:30Non, mais c'est clair.
19:31Malheureusement, ils font de la politique
19:32qu'ils ne devraient pas faire.
19:34De ce côté-là, je me suis exprimé.
19:36Il y a un statut des magistrats.
19:38Il y a une loi organique de 1958,
19:40l'article 10,
19:41qui interdit la délibération politique.
19:43Ça, c'est inacceptable.
19:45Mais heureusement,
19:46la grande majorité des magistrats
19:47sont impartiaux.
19:50Ce que je veux simplement dire
19:51sur la révolution pénale,
19:53c'est qu'il faut réhabiliter la sanction.
19:55Et il faut faire ce que les Pays-Bas ont fait,
19:57des courtes peines,
19:58aux premiers gros écarts.
20:00Et c'est comme ça qu'on aura
20:01une justice des mineurs, notamment,
20:03qui sera efficace.
20:05Il faut donc abroger,
20:06écoutez-moi bien,
20:07la loi de Mme Belloubet de 2019.
20:10Abrogation totale, oui.
20:11Abrogation, notamment,
20:12parce qu'elle refuse,
20:14elle interdit les courtes peines.
20:17Voilà.
20:17Il faut donc qu'on ait des peines
20:19qui soient prononcées
20:20et qui soient exécutées.
20:22La première butée,
20:24comme vous dites.
20:24Une question sur le fameux rapport choc
20:26dont vous avez beaucoup parlé,
20:28M. le ministre de l'Intérieur,
20:29sur l'entrisme des frères musulmans.
20:31Il sera présenté en conseil des ministres.
20:34Non, en conseil de défense.
20:35Conseil de défense.
20:36Donc là, dans quelques jours ?
20:37Absolument.
20:39Disponible au grand public bientôt ?
20:40Bien sûr.
20:41Je souhaite qu'il soit déclassifié.
20:44Pour que...
20:45Oui, parce que les frères musulmans,
20:46cet entrisme-là,
20:47se dissimule.
20:48La première arme
20:49contre la dissimulation,
20:51c'est la transparence,
20:52bien évidemment.
20:53Mais une transparence
20:54qui ne permet pas malgré tout
20:55une interdiction
20:56en France des frères musulmans.
20:57Vous avez abandonné cette idée
20:59du fait qu'on ne peut pas aujourd'hui
21:00identifier ces organisations ?
21:02Ce n'est pas ça du tout.
21:03Ce n'est pas ça du tout.
21:03C'est qu'ils se dissimulent.
21:05Donc, il y a une petite structure centrale.
21:07Mais ce n'est pas là
21:08que leurs actions
21:09qui peuvent être réprimées se passent.
21:11C'est, par exemple,
21:12dans leurs écoles.
21:13Le lycée Everoës,
21:14l'école Al-Kindi.
21:16J'étais dans le Gard
21:17il y a quelques jours.
21:18Le préfet et les services
21:19ont fermé
21:20pas moins de 15 écoles coraniques.
21:22Vous vous rendez compte ?
21:23L'entrisme dans le sport.
21:24Il faut donc les combattre
21:26précisément par les oeuvres.
21:27Les oeuvres d'entrisme
21:28qu'ils font.
21:29Et là, on a des outils.
21:30Je comprends la nuance.
21:31Mais donc,
21:31pas d'interdiction en tant que telle
21:33des frères musulmans en France ?
21:34Si je pouvais le faire,
21:35je la prononcerais.
21:36Mais vous pensez bien
21:37que les actions illégales
21:39ne se déroulent pas
21:40dans cette structure.
21:41Mais dans les satellites,
21:43dans les associations
21:43alentours.
21:45C'est comme ça
21:45qu'on peut lutter.
21:46Parce que si demain,
21:47je voulais, moi,
21:48dissoudre les frères musulmans,
21:49eh bien, croyez-moi,
21:50la justice me reprendrait.
21:52Et ils gagneraient,
21:53ils auraient une victoire.
21:54Je ne veux pas la leur donner.
21:56Ce que je veux,
21:56en revanche,
21:57c'est être implacable
21:58dès lors qu'on constate
22:00sur le terrain,
22:01que ce soit dans
22:01des associations sportives,
22:03à l'école ou ailleurs,
22:04un certain nombre
22:05de menées subversives.
22:06Alors,
22:06il faut être,
22:07là encore,
22:07intransigeant.
22:08Monsieur le ministre,
22:09tout au long de cet entretien,
22:10nous avons passé,
22:11on aurait presque à la fin,
22:12différents sujets.
22:13Vous avez parlé
22:13de la France,
22:14des honnêtes gens,
22:15de la société nouvelle,
22:17de l'insécurité,
22:18de la délinquance,
22:18de l'immigration.
22:19Il y a également
22:20de nombreux défis.
22:21Comment imaginer
22:22que vous ne pensez pas
22:23à 2027 ?
22:24Ah oui,
22:25c'est difficile à imaginer.
22:26Je vous l'avoue.
22:27C'est difficile à imaginer.
22:28Mais c'est de vous
22:28jette en une réponse.
22:30Donc,
22:31c'est difficile à imaginer,
22:32c'est une réponse.
22:33Le projet,
22:33ce sera de faire gagner
22:34la France dans l'Eurovision.
22:37C'est ça ?
22:38C'est une marque
22:39assez haute,
22:40apparemment.
22:41Ce que je veux simplement dire,
22:42c'est que,
22:43je disais colline après colline,
22:44je serai le premier artisan
22:45de notre victoire,
22:46j'espère bien,
22:47en 2027.
22:48Mais il y a un gros travail.
22:49Je ne peux pas vous dire
22:49que la politique,
22:51c'est d'abord
22:51le combat des idées
22:52sans me consacrer totalement
22:53à ce combat d'idées
22:54et à reformuler
22:55un projet
22:56pour la France.
22:57C'est-à-dire que les ennuis
22:58commencent,
22:59si je m'entends bien.
22:59Oui, c'est plus dur
23:00qu'ils commencent.
23:00Et puis,
23:01il y a les municipales.
23:02Donc,
23:03voilà,
23:03quand je dis colline après colline,
23:05les municipales,
23:05c'est fondamental.
23:06Je veux que demain,
23:07on puisse faire se lever
23:08partout en France,
23:09dans tous les territoires français,
23:10parce que la France est belle
23:11avec ce caléidoscope
23:13de paysages,
23:14de visages aussi.
23:15Et je pense qu'il faut
23:16y travailler dès maintenant.
23:17La France est belle.
23:18Est-elle encore grande ?
23:20Elle est grande, la France.
23:21Écoutez,
23:21ça, c'est un peu
23:22ou c'est un diagnostic ?
23:24Vous savez,
23:25dans mes meetings,
23:26souvent,
23:26enfin, à la fin,
23:27pas toujours,
23:27mais je disais,
23:28je répondais à la fameuse question
23:30qu'est-ce qu'être français ?
23:32Et je disais,
23:32être français,
23:34c'est une affection.
23:35Aimer profondément la France.
23:36C'est mon cas.
23:37C'est mon cas.
23:38C'est aussi une ambition.
23:39On ne veut pas la France en petit,
23:40on veut la France en grand.
23:41On est les pays
23:42des grands scientifiques,
23:43des philosophes,
23:44des écrivains.
23:45On a le pays
23:46qui a reçu le plus
23:47de prix Nobel
23:48de la littérature
23:49de tous les pays d'Europe.
23:50Et c'est aussi une compassion.
23:51C'est aussi une compassion.
23:53Nous sommes le pays
23:54à la fois
23:54de Saint-Vincent de Paul
23:56et des Restos du Coeur.
23:57On a des racines judéo-chrétiennes
23:59et des racines
24:00de la République sociale.
24:01Ces racines se sont entremêlées
24:02pour composer,
24:03pour tisser
24:04une trame
24:04de la générosité française.
24:06Et être français,
24:07pour moi,
24:07c'est aussi comprendre
24:08qu'aucune souffrance française
24:10ne doit nous être étrangère.
24:12Pas question
24:13d'être,
24:14comment dirais-je,
24:14complaisant
24:15avec ceux qui abusent,
24:16qui vivent au crochet
24:17de la société,
24:18mais ceux qui sont dans le besoin,
24:19les travailleurs pauvres,
24:20etc.,
24:21le projet que nous allons construire
24:22leur tendra une main secourable
24:24pour peu qu'ils veulent
24:25aussi s'efforcer
24:26d'en sortir.
24:27C'est ça aussi
24:28le projet
24:28qui guidera...
24:29pour la dernière colline
24:30avant 2027.
24:32Oui, bien sûr,
24:33le projet d'aujourd'hui
24:33sera celui
24:34que nous porterons
24:35bien sûr
24:35pour 2027.
24:36Merci Bruno Retailleau,
24:37merci de nous avoir accordé
24:38cet entretien,
24:39évidemment,
24:39patron des DLR
24:40et ministre de l'Intérieur.
24:42Bonne journée à vous.
24:42Merci.

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