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00:00Est-ce que vous prenez des vacances ? C'est la question que je voulais commencer par vous poser.
00:04Sébastien, vous partez ?
00:05Vendredi, les auditeurs d'Europe 1 ne m'entendront plus.
00:09Ça part un petit peu dans le sud-ouest, un petit peu dans le sud-est, peut-être un petit peu d'Italie, qui sait ?
00:14De la France ?
00:15Oui, plutôt de la France quand même.
00:16Attends ? Partagez-nous votre carte postale. Vous partez où ?
00:19À Tanger, qui est une ville extraordinaire, magnifique.
00:23En Suède, voilà.
00:24Qui est une ville sublime.
00:25Et on ne sait pas vraiment dans quel pays elle est, parce qu'il y a un côté espagnol, il y a une âme espagnole, une âme marocaine, une âme française, une âme anglaise, une âme un peu italienne à Tanger.
00:34C'est une ville vraiment sublime.
00:35Et après, je ne sais pas, c'est toute la discussion conjugale dans laquelle je suis en ce moment.
00:40Bon, en tout cas, d'avance...
00:41Vous n'allez pas aux Etats-Unis, Nathan.
00:42Non, je ne pense pas, ni en Russie.
00:44En tout cas, je vous souhaite d'avance des bonnes vacances à tous les deux, Nathan et Sébastien.
00:48Merci, ce sera la fin de l'été, encore un peu de temps.
00:50En tout cas, un qui est en vacances, c'est Emmanuel Macron.
00:52Il a commencé à prendre résidence dans le fort de Brégançon depuis vendredi.
00:57Il a fui Paris pour le fort de Brégançon, résidence d'été de nos chefs de l'État.
01:01Alors, lui, son Premier ministre, en revanche, va rester à Paris.
01:05Il a fort à faire, il faut dire, notre Premier ministre François Bayrou, avec son budget.
01:09Est-ce qu'on le comprend, à votre avis, qu'il reste à Paris, Sébastien Ligné ?
01:12Il vaut mieux pour lui.
01:15Déjà, les vacances d'Emmanuel Macron m'interrogent.
01:18Vous avez dit que c'était un président qui avait fui Paris.
01:20Moi, je pense qu'il ne fuit pas que Paris.
01:22Il fuit depuis maintenant quelques mois ses responsabilités.
01:25Il fuit son bilan aussi.
01:27Et c'est un homme qu'on entend finalement assez peu sur les questions nationales.
01:30On l'a très peu entendu sur le budget de François Bayrou.
01:32On l'a très peu entendu sur les questions sécuritaires.
01:34On l'a très peu entendu sur les questions migratoires, sur les questions sociétales.
01:38Même à l'international, finalement, sa voix porte un petit peu moins qu'en début d'année.
01:42Donc, oui, c'est un homme qui fuit beaucoup de choses.
01:44Quant à François Bayrou, je pense malheureusement que,
01:47même s'il travaille 12 heures par jour jusqu'au premier débat budgétaire en septembre,
01:52j'ai bien peur que son sort soit scellé.
01:54Mais oui, pour un homme qui reste moins de six mois ou à peine plus de six mois au pouvoir,
01:59j'ose espérer qu'il ne va pas prendre vacances non plus.
02:01En tout cas, je vous spoil un petit peu,
02:03puisque là, cette semaine, c'est le dernier Conseil des ministres qui aura lieu mercredi.
02:06Vous allez voir, les médias vont vous parler.
02:08Il va falloir remplir les journaux, comme on dit.
02:10Donc, vous allez voir où chacun de nos ministres vont partir en vacances.
02:14Alors, ce ne sera pas le Sud-Est ou le Sud-Ouest ou Tangier.
02:17En tout cas, ce sera la Bretagne, pour Sophie Prima, porte-parole du gouvernement.
02:20Ils partent en France, quand même.
02:21Gérald Darmanin, lui, va rester aussi à Paris.
02:23Il a décidé de rester travailler à son bureau.
02:26La Corse, pour Marc Ferracci, ministre de l'Industrie.
02:28Catherine Vautrin, également, ministre du Travail.
02:30Bruno Retailleau, la Vendée.
02:31Bref, je pourrais tous vous les citer, comme ça, effectivement, vous le disiez.
02:34Ça reste en France.
02:35Ça reste en France, toujours.
02:36On a l'impression que c'est ancré, maintenant, cette idée de se dire
02:39toujours être là, au moins, à deux heures de Paris,
02:41pour pouvoir revenir aux affaires si besoin.
02:44Sachant que, maintenant, c'est tout ce qu'on peut diriger à distance.
02:46Oui, bien sûr.
02:47Mais il y a une question derrière les vacances des ministres et des politiques.
02:52La question est de savoir dans quelle mesure la fonction politique
02:55s'est complètement vidée de son rapport à la temporalité.
03:00Quand on regarde la manière dont fonctionnait l'agenda du général de Gaulle,
03:04de Pompidou,
03:05Giscard, c'est un peu différent, mais même de Mitterrand,
03:09on voit que c'était des gens qui avaient énormément de temps
03:12pour lire, pour méditer, pour être seul,
03:15pour marcher, pour se promener, etc.
03:17Il y avait, moi aussi, l'obligation de répondre aux médias sociaux.
03:21Bien sûr. Il n'y avait pas de transparence.
03:23Il n'y avait pas de médias sociaux.
03:24On s'impose notre propre obligation à répondre.
03:26Et oui, et puis pour des raisons technologiques aussi.
03:28Mais ça, c'est un problème qui concerne les politiques, mais tout le monde.
03:31Je veux dire, nous sommes en permanence sollicités par des machines
03:34à travers lesquelles le travail s'invite dans nos vies,
03:37en nous disant urgence, urgence, les mails urgents, les textos urgents.
03:40On est en surchauffe permanente.
03:42Je ne crois pas que le général de Gaulle n'ait pas été un bon président.
03:46Et pour autant, il n'avait pas du tout ce genre d'agenda.
03:48Et il pouvait prendre, entre guillemets, des vacances.
03:51Oui, mais l'accès à l'information venait beaucoup moins vite aussi.
03:53Donc, on avait peut-être plus le temps de prendre le temps.
03:55Et je crois que ce qui se joue derrière aussi,
03:57c'est que dans cette hyperactivité de la fonction politique,
04:00on a perdu quelque chose qui était pourtant ancré dans l'histoire de France.
04:03Les politiques, jusqu'au général de Gaulle, jusqu'à Mitterrand,
04:07c'était des intellectuels.
04:08Général de Gaulle, il ne commence pas sa carrière en tant que politique.
04:12Lamartine, c'est pareil.
04:13Victor Hugo, évidemment, c'est pareil.
04:15Napoléon III, c'est pareil.
04:16Il commence sa vie en tant qu'intellectuel.
04:17Mitterrand, c'est un écrivain manqué.
04:19Pompidou, c'est un intellectuel initialement.
04:21Évidemment, quand vous attendez un homme politique
04:24qui soit tout le temps en train de répondre derrière son smartphone,
04:27à des mails, à des textos,
04:28qu'il soit en permanence en train de faire de la communication
04:31et qu'il ne prenne jamais de temps de vacances,
04:33même dans sa vie normale de l'année,
04:36ça ne peut pas être quelqu'un
04:39qui va ancrer son action dans une pensée.
04:41Et donc, je crois qu'il y a une véritable perte
04:43à ces hommes politiques
04:45qui fonctionnent comme des citrons pressés,
04:48comme des gens extraordinairement hyperactifs
04:50et comme des gens en surchauffe,
04:51pour ne pas dire en burn-out.
04:53L'utopiste, on y revient encore une fois.
04:54Sébastien Ligné, vous conseillez aussi la déconnexion numérique.
04:56Non, mais parce qu'en fait, j'entends,
04:58mais je ne pense pas qu'il faille comparer les époques.
05:01Et puis, je ne pense pas que l'époque soit la réflexion.
05:03Je pense qu'au contraire,
05:04l'époque est à l'action, l'action permanente.
05:06Et je pense que, justement,
05:08nos politiques actuelles souffrent d'un manque d'action.
05:11Je ne sais pas si on réfléchit beaucoup,
05:13vous avez raison,
05:14mais je pense qu'on parle beaucoup,
05:16beaucoup plus qu'avant,
05:17et on agit peu.
05:18Moi, je pense que c'est très bien,
05:20un président qui passe deux heures le matin
05:21à lire des livres,
05:22peut-être que Emmanuel Macron le fait,
05:23mais un président qui agit deux heures par jour,
05:27je préférerais ça, honnêtement.
05:28Je pense que la réflexion est intéressante...
05:31Vous ne lui accordez même pas deux heures par jour ?
05:32Non, mais la réflexion est intéressante
05:33en temps de paix.
05:34Je pense qu'en temps de guerre,
05:36comme on le vit,
05:36ou de conflits plus ou moins ouverts,
05:38je pense que le temps est à l'action.
05:39Et moi, ça me rassure
05:40qu'un président,
05:41qu'un ministre de l'Intérieur,
05:43en période estivale,
05:45où on sait qu'il y a toujours un risque
05:46d'émeute urbaine,
05:48d'incivilité, d'insécurité,
05:51ça me rassure qu'un ministre de l'Intérieur
05:52ne soit pas très loin,
05:52ça me rassure qu'un ministre de la Justice,
05:54oui, ne soit pas en train de lire Malraux,
05:56mais qu'il soit en train de préparer
05:58son prochain projet de loi.
05:59L'action, on attend un petit peu.
06:00Ma réflexion, on la laissera
06:01quand tous les conflits seront terminés.
06:04Je sais que vous le souhaitez aussi.
06:05Oui, mais je citais quelqu'un
06:07comme le général de Gaulle,
06:08ce n'était pas quelqu'un
06:09qui manquait d'action.
06:10Et pour autant,
06:11il n'aurait jamais approuvé
06:12ce genre de mode de vie.
06:13Mais deuxième réflexion,
06:14mais qui va un peu de pair
06:15sur la question des vacances
06:17des politiques.
06:18Ce qui m'agace un peu dans ce sujet,
06:20c'est qu'on peut critiquer des politiques,
06:22on peut aussi critiquer l'opinion publique,
06:23c'est-à-dire nous critiquer nous-mêmes.
06:25En fait, quoi que fassent les politiques,
06:26on va leur faire des reproches.
06:27Quand ils vont prendre un temps de vacances
06:30et qu'on va avoir les photos d'eux à la plage,
06:32je ne vais même pas citer les vacances
06:34de Nicolas Sarkozy
06:35après son élection en 2007,
06:36mais alors là,
06:37les gens vont dire
06:38« Ouh là là, scandaleux !
06:40Le président profite
06:41pendant que les Français trient,
06:43c'est une honte, etc. »
06:45Et puis quand ils font des vacances modestes,
06:47comme François Hollande
06:47après son élection en 2012,
06:49qui s'était montré à la plage
06:50un peu comme tout le monde, etc.
06:51à une plage publique,
06:52on dit « Ouh là là, mais attendez !
06:54Le président se profane !
06:56Il va à la plage !
06:57En polo, comme tout le monde !
06:59Comme monsieur et madame Dupont !
07:01Le président, c'est une honte !
07:02Il n'a aucun sens !
07:03Les deux corps du roi,
07:04il est en train de blasphémer tout ça ! »
07:05Si vous voulez,
07:06il y a un côté un peu fatigant aussi.
07:08Mais ça va de pair
07:09avec la surcommunication permanente
07:10de la fonction présidentielle,
07:12c'est que c'est le genre de sujet
07:13où quoi que fassent les politiques,
07:14on va dire « C'est pas bien ! »
07:16Et je pense qu'il y a des sujets
07:17plus structurants.
07:20Je ne dis pas que...
07:20Enfin, le débat qu'on a,
07:21il est passionnant,
07:22mais il y a des sujets
07:23qui devraient être plus structurants
07:24pour l'opinion publique.
07:25Et je pense que quelqu'un
07:26comme le général de Gaulle,
07:27quelqu'un comme Pompidou,
07:28quelqu'un comme Mitterrand
07:29était moins victime.
07:32En tout cas,
07:32surtout le général de Gaulle,
07:33surtout, il méprisait
07:34ce genre de polémique,
07:35ça ne l'intéressait pas.
07:36La passion de Nathan Nevers
07:37pour le général de Gaulle,
07:38c'est à écouter.
07:39Mais nous t'as secrète !
07:40En tout cas, par rapport à...
07:41On en apprend,
07:42on en apprend tous les soirs.
07:42On en apprend tous les soirs.

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