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00:0013h, 14h, Europe 1 13h.
00:03Et c'est la suite du débat 2h moins le quart sur Europe 1 avec Maël Hassani et vos deux débatteurs,
00:07Sébastien Lignier, chef du service politique à Valeurs Actuelles, et Paul Melun, écrivain et essayiste.
00:12On va revenir sur une phrase qui est un peu passée inaperçue le 15 juillet dernier
00:16lors de l'annonce du plan de redressement des comptes publics par François Bayrou.
00:19Le Premier ministre appelait à éviter les lenteurs et les surcoûts dans les achats publics.
00:23Et c'est pas vraiment un détail messieurs, parce que le montant annuel de la commande publique
00:27aussi entre 83 et 400 milliards d'euros par an.
00:31Déjà, la fourchette est très large, on a du mal à savoir où va cet argent
00:34et quelle quantité d'argent on dépense vraiment.
00:3714% du PIB, on rappelle qu'on cherche 44 milliards pour l'année prochaine.
00:41On va donner des exemples précis dans un instant, mais déjà ce chiffre, Sébastien Lignier,
00:43ça sent absolument démesuré.
00:46Oui, mais pas tant que ça.
00:47400 milliards.
00:47Oui, de toute façon, toutes les économies sont bonnes à prendre, de toute manière.
00:50Donc, 14% du PIB, je ne vous cache pas que oui, là, ça commence à devenir inquiétant.
00:54Et oui, ça devient une source d'économie importante.
00:59Mais ce n'est pas tant étonnant que ça quand vous regardez un petit peu le détail
01:02et quand vous comprenez un petit peu comment ça fonctionne.
01:04C'est un délire en termes de GAPGIS et les commandes publiques.
01:08Par exemple, pour en prendre un exemple tout simple pour que les gens comprennent,
01:11c'est que les fournitures, par exemple, les fournitures de l'éducation nationale,
01:13les fournitures des ministères, on est obligé de faire des commandes publiques, c'est obligatoire.
01:16Et on se retrouve avec des scènes délirantes où, je ne sais pas, une lampe torche qui va coûter 10 euros
01:23si vous l'achetez au supermarché, en commande publique, elle va coûter 30 ou 40 ou 50 euros.
01:28Et c'est ça pour tout ?
01:30Il y a des intermédiaires qui prennent un peu d'argent en passage.
01:33Vous avez l'intermédiaire, vous avez un petit peu de copinage avec des réseaux très bien établis depuis des années.
01:37C'est l'occasion pour certaines entreprises de se faire un petit billet grâce à l'État.
01:41Il y a aussi une idéologie qui a vécu tout au long de la deuxième partie du XXe siècle, après l'après-guerre,
01:47de finalement l'État-providence, l'État de l'argent, l'argent magique, on y va.
01:51Les caisses sont pleines, on pensait que les caisses étaient pleines, en réalité elles commençaient déjà à se vider.
01:55Et donc on avait l'argent facile, mais jusqu'à très récemment, jusqu'aux années 2000,
01:59c'est-à-dire qu'on ne regardait pas vraiment, si vous voulez,
02:01bon, il faut acheter 150 fauteuils pour la prochaine école, la mairie de Paris,
02:05bon allez, on lâche le chèque, parce qu'on ne faisait pas attention,
02:08parce que les dépenses de l'État sont tellement faramineuses qu'on se dit,
02:11bon, c'est que 100, 200, 300 euros, c'est que 10, 20 000 euros,
02:15mais 10, 20 000 euros fois 40 000, oui, ça commence à chiffrer.
02:17Ce dont vous parlez Sébastien Ligné, c'est une sorte en fait de catalogue,
02:21une centrale d'achat qu'on appelle l'UGAP.
02:23Et il y a le maire de Pontoise dans le Figaro qui donne un exemple très concret.
02:27Un fauteuil de bureau, 262 euros sur l'UGAP, et dans le commerce, 80 euros en moyenne.
02:33C'est ça, c'est des exemples qu'on a tous en tête, moi j'en ai plein.
02:36Dans les collectivités territoriales, par exemple, je ne veux pas en stigmatiser une,
02:39mais j'ai plein d'exemples là-dessus, vous êtes un agent de la collectivité,
02:42vous voulez prendre un billet de train qui vous est payé par la région dans le cadre de votre travail,
02:45tout ça est normal, le billet de train, vous le réservez sur la SNCF,
02:48il va vous coûter, mettons, 60 euros,
02:49vous le réservez via la plateforme dédiée pour la collectivité,
02:53l'agence de voyage à la collectivité, c'est 120 balles.
02:55Donc en fait, vous avez 40 euros qui partent, on ne sait où,
02:57mais par contre, vous, dans vos impôts, vous payez pour que l'État se fasse avoir.
03:01Donc, si vous voulez, il faudrait aligner,
03:03moi qui ne suis pas un libéral né,
03:04et qui suis plutôt un grand défenseur de l'État-providence,
03:07je crois que là-dessus, il faudrait aligner,
03:10pour le coup, le fonctionnement de la rationalité économique des entreprises
03:13et l'appliquer à l'État.
03:14Vous savez, quand vous travaillez dans une entreprise privée,
03:16vous savez, le directeur financier, il regarde,
03:19et si vous dites, tiens, j'ai besoin pour mon plateau d'appel
03:21de remplacer tous les téléphones ou tous les écrans d'ordinateur,
03:24il va dire, très bien, faites-moi trois devis,
03:25allez voir au moins cher,
03:26et n'importe qui réfléchit comme ça,
03:28même une entreprise florissante.
03:29Il n'y a que l'État qui dit,
03:30ah, très bien, achetez donc des écrans via le site web Tartampion
03:34ou le site web de Lugap,
03:35et puis, ce n'est pas grave si ça coûte très cher.
03:38C'est une folie, ce n'est plus possible.
03:40Et à côté de ça, on réfléchit,
03:42à chaque budget pour essayer de réduire notre déficit,
03:44à des espèces d'économies de bout de chandelle,
03:46où on va aller s'en prendre à notre système de soins,
03:48à la santé des Français,
03:50on va aller s'en prendre à la police,
03:51on va s'en prendre à des budgets comme ça,
03:53ou à la culture,
03:53des budgets qui sont autrement plus importants
03:55qu'une gabegie inutile,
03:56où à la fin, vous avez le même fauteuil de bureau,
03:58seulement vous avez perdu des dizaines
04:00ou des centaines d'euros dans la bataille.
04:01Donc, non, il y a vraiment une absence de raison
04:04et de rationalité économique,
04:06et ça, je crois que c'est un gros chantier.
04:08Si François Bayrou veut s'y attaquer,
04:10moi, je le soutiens.
04:11Sébastien Ligné, le Premier ministre,
04:13il est obligé d'aller chercher là-dedans,
04:14parce que derrière, il faut faire passer l'année blanche,
04:16derrière, il faut faire passer une augmentation
04:18de certains impôts.
04:19On ne peut pas, d'un côté, demander aux Français
04:21de mettre la main à la poche,
04:23de serrer encore une fois la ceinture,
04:24et derrière, on va payer des chaises de bureau à 260 euros.
04:26Oui, enfin, moi, je trouve que c'est quand même
04:28un petit peu une porte de sortie facile pour lui,
04:31parce que tout le monde est d'accord, si vous voulez,
04:33qu'il faut en finir avec cette gabegie.
04:35Il faut des résultats, parce que c'est bien de le dire,
04:36c'est bien de le dire à la télé, maintenant.
04:37Oui, ça, je suis bien d'accord.
04:38On va bien voir combien il économise au final.
04:40C'est parce qu'on a arrêté 5 commandes de chaises
04:43ou de lampes en plastique, si vous voulez,
04:45je ne suis pas sûr qu'on fasse vraiment des grandes économies.
04:46Ici, c'est un plan d'ampleur, bien sûr,
04:47mais encore une fois, ça implique de tout revoir
04:49du sol au plafond.
04:50Mais c'est aussi une manière un petit peu habile
04:52d'aller faire des économies sans s'attaquer
04:54à certains pôles de dépenses
04:56que le gouvernement refuse de regarder,
04:59notamment le pôle immigration,
05:01qui coûte aussi cher, si ce n'est plus,
05:03que les chaises de bureau et la commande publique.
05:05Mais donc là, c'est un totem, on n'y touche pas.
05:07Donc oui, c'est plus facile politiquement
05:08pour les macronistes de s'attaquer aux chaises de bureau
05:11plutôt qu'à l'immigration.
05:12Vous n'êtes jamais content.
05:13Non, mais admettez quand même que ça va dans le bon sens
05:16et que ça fait des années
05:18qu'avec cette histoire du gap et d'achat de l'État,
05:21on se fait avoir.
05:21Et là, c'est une bonne chose
05:22qu'on ait enfin un Premier ministre
05:23qui travaille là-dessus.
05:24Mais pour reprendre Maël Hassani,
05:26on verra concrètement les résultats à la fin.
05:28Je ne connais pas cet auteur,
05:30mais je le dirai avec grande attention.

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