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  • 23/07/2025

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00:00Et on parlait d'un homme qui devrait faire les frais de ses petites dissensions au gouvernement, François Bayrou, qui a d'ailleurs présenté son budget en automne.
00:11Et François Bayrou qui est déjà sous pression d'un petit peu tout le monde en fait.
00:15Les syndicats manifestement lui opposent une fin de non recevoir à ses pistes, même le patronat qui semblait bien accueillir les mesures grince un peu des dents sur certains points.
00:25Il y a des mouvements qui se mettent en place, est-ce que clairement François Bayrou doit s'attendre à une rentrée extrêmement compliquée, Victor Hérault ?
00:33Oui tout à fait, mais d'ailleurs l'histoire se répète, c'est ce qu'avait vécu Michel Barnier.
00:36Alors c'est peut-être pire d'ailleurs, puisque c'est la deuxième fois que ça arrive deux années d'affilée, deux budgets d'affilée.
00:42Mais effectivement Michel Barnier s'est heurté à un budget impossible à passer, il a fini par tomber à cause de la censure du Rassemblement National,
00:48votée au préalable par la gauche mais validée par le Rassemblement National.
00:52Là, François Bayrou se heurte à la même chose.
00:54Moi je trouve que la difficulté en plus pour François Bayrou, c'est que l'une de ses mesures principales, c'est l'année blanche.
00:59Or pour Michel Barnier, l'année blanche c'était la menace si jamais le budget ne parvenait pas à être voté.
01:05Là, la carte de l'année blanche est déjà sur la table, c'est-à-dire que c'est le budget l'année blanche.
01:10Donc là c'est un petit peu compliqué de convaincre toutes les oppositions, d'autant plus qu'absolument toutes les oppositions,
01:13les trois tiers de l'Assemblée si on le dit grossièrement, ne veulent exactement, strictement l'inverse l'une de l'autre.
01:19Donc c'est impossible à passer, effectivement les syndicats et le patronat ne sont pas d'accord non plus.
01:24Il ne faut pas trop tomber sur François Bayrou, c'est la situation de la France qui empêche de passer de ce budget.
01:28Nathan Devers, en gros c'est vrai que quand on lit les réactions des uns et des autres, qu'on ne va pas détailler ici,
01:34mais en gros c'est des économies, oui, mais chez les autres, est-ce que clairement la France est réformable en l'État ?
01:42Non, la France n'est pas réformable en l'État, en fait on ne peut rien faire en l'État depuis les dernières élections législatives,
01:48il n'y a pas de majorité, aucune force politique ne peut mettre en œuvre son programme.
01:53A partir de là, la France est un pays où la politique est en suspens jusqu'aux prochaines élections législatives,
01:58je pense qu'il faut le dire dans ses termes.
02:00Et à cet égard, je ne dis pas ça pour défendre François Bayrou,
02:04mais je trouve quand même que quand il est arrivé au gouvernement,
02:07après le traumatisme entre guillemets Michel Barnier,
02:09en sachant qu'il était confronté à un Parlement qui était,
02:13ce n'est pas avec une épée de Damoclès, c'est avec des épées de Damoclès de tous les côtés,
02:16et en sachant qu'il allait se confronter à la question explosive du budget,
02:21et que ça allait être un budget particulier puisque la situation de la France est extrêmement critique,
02:25il n'est pas venu, si vous voulez, pour une partie de plaisir.
02:29Il se débrouille plutôt bien, c'est-à-dire comme un homme de la 4ème République,
02:32qui sous la 4ème et sous la 3ème, c'était des choses, des situations courantes.
02:37Et je crois quand même qu'il ne faudrait pas enterrer trop vite François Bayrou,
02:41pour plusieurs raisons.
02:42D'abord parce qu'il l'a montré depuis son arrivée à Matignon,
02:45cette capacité quand même d'arriver à ménager un peu tous les bouts,
02:49un peu tous les côtés, en évitant d'avoir une majorité de censure contre lui.
02:53Et deuxièmement, parce que je ne suis pas certain que le Rassemblement National aille jusqu'à voter la censure.
02:59Je suis d'accord.
02:59Parce qu'on ne sait pas ce qui va se passer s'il y a une censure.
03:02Et ils n'ont pas forcément intérêt d'ailleurs.
03:03Bien sûr, imaginons qu'il y ait une dissolution qui suive parce qu'il y a un chaos politique absolu,
03:07Marine Le Pen n'est plus éligible.
03:09Donc à partir de là, elle perd son siège institutionnel,
03:11puisqu'elle n'a plus la tête du parti Rassemblement National,
03:14donc elle n'a plus de rôle politique.
03:16Et je crois qu'ils trouveront, en tout cas il est très probable,
03:20que le RN finisse par trouver, si vous voulez, un argument auprès de leurs électeurs,
03:24en disant finalement on a réussi à négocier cette petite chose avec Bayrou,
03:27le budget n'est pas bon, on n'est pas d'accord,
03:29mais on ne va pas pour autant voter la censure.
03:31A mon avis, c'est ce qui risque quand même de s'arriver.
03:33Ça a l'air moins bien parti à gauche.
03:35Je vous propose d'écouter Pierre Jouvet, secrétaire général du Parti Socialiste.
03:38Il était un invité de Sud Radio ce matin.
03:40Pour lui, le Premier ministre est en décalage avec les Français.
03:43Si c'était un étudiant, on dirait à François Bayrou que sa copie est hors-sol,
03:48qu'il est hors-sujet et qu'elle mérite un 0 sur 20.
03:51Rien n'est à garder dans ce budget. Rien.
03:53Quand on construit un budget et quand on se veut être à la hauteur,
03:56on doit penser les recettes et les dépenses,
03:59et pas simplement expliquer aux Français qui travaillent
04:01qu'on va les ponctionner et qu'on va faire un budget de purge.
04:05Ce budget est un budget de purge qui va casser la croissance.
04:10C'est sûr que quand on écoute Pierre Jouvet,
04:12on se dit que ça va être très compliqué,
04:15que la France est un pays qui est difficilement gouvernable et réformable, surtout.
04:20Ce serait donner, dire ça est assez vrai,
04:22mais ce serait donner au Parti Socialiste une importance bien plus grande que n'est la sienne.
04:26En réalité, si le Parti Socialiste et le Parti Communiste
04:28et le Parti des Écologistes et la France Insoumise votent la censure,
04:32elles ne passent toujours pas.
04:33Encore une fois, il manque les voix du Rassemblement National
04:35et de l'UDR à la marche, le parti d'Éric Ciotti.
04:38Mais moi, je rejoins Nathan sur cette question du Rassemblement National.
04:41Je rajouterais même un qui va dans votre sens.
04:44Si le Rassemblement National aspire à prendre le pouvoir en 2027,
04:48aspire à être mis, on va prendre une analogie,
04:50à être mis à la barre du navire France.
04:52Là, le navire France est en train de prendre l'eau par la cale.
04:54Il a plutôt intérêt, lorsqu'il va hériter de ce bateau-là plus tard,
04:57que le prédécesseur, son prédécesseur, François Bayrou aujourd'hui,
05:00essaye de réparer la cale et de fixer le trou qu'il y a dans la cale
05:02avant que le bateau ne fasse naufrage au moment où le RN arrivera au pouvoir.
05:06Donc, ils ont tout intérêt à ce qu'il y ait au moins un budget qui arrive en 2027.
05:10Sachant qu'il y en aura deux, celui de 2026, celui de 2027.
05:12Ils ont tout intérêt à ce que quelque chose se passe
05:14et rectifie un petit peu la barre d'ici là.
05:16Alors, ça, c'est ce qui va se passer au Parlement.
05:19C'est peut-être et sans doute ce qu'il y a de plus important.
05:21Mais enfin, il y a aussi la rue.
05:22Je ne sais pas si vous avez eu vent de tous ces grognes qui montent ici ou là.
05:27Il y a une mobilisation du 10 septembre.
05:31Ça s'appelle, c'est un mouvement un petit peu anonyme de citoyens.
05:34Ça monte sur les réseaux sociaux.
05:36Il y a le mouvement des gueux qui se fait entendre à nouveau par la voix d'Alexandre Jardin.
05:41Il y a le fameux Nicolas.
05:44C'est Nicolas qui paye.
05:46Est-ce que, justement, on pourrait s'attendre à une rentrée socialement difficile dans la rue,
05:52selon vous, Nathan Devers ?
05:54Cette colère populaire pourrait-elle faire plier, justement, le gouvernement Bayrou ?
05:59C'est très difficile de prévoir l'irruption d'une jacquerie ou d'un mouvement de contestation.
06:06Il y a une colère qui monte.
06:07Bien sûr, mais dans l'histoire de France, toutes les grandes contestations sont nées d'une petite étincelle
06:12qui en elle-même était contingente, qui en elle-même n'était pas très importante au moment des Gilets jaunes.
06:17Et d'ailleurs, l'analogie, je crois, elle est là.
06:19À l'époque, le macronisme avait vraiment sa majorité.
06:24Il avançait vraiment à plein régime.
06:26Et Édouard Philippe, quand il a vu une colère monter sur la question de la taxe carburant,
06:31il a dit que tout ça est un détail.
06:33On ne va pas changer notre cap d'un seul millimètre à cause de cette colère.
06:38Et pourtant, elle a pris.
06:39Donc, il faudrait qu'il y ait cette étincelle.
06:41On ne peut pas savoir si elle va avoir lieu.
06:42Mais ce qu'on peut remarquer, c'est qu'il y a aujourd'hui un véritable mouvement de colère.
06:48De colère, je le dis au pluriel, disparate, différente.
06:51Parce que par exemple, les gueux et Nicolas qui payent,
06:54ce sont deux motifs d'insatisfaction et d'indignation qui n'ont rien à voir.
06:58Et deux projets politiques derrière qui sont absolument opposés.
07:02Mais cette colère, elle existe.
07:05Et en fait, elle n'a pas pu vraiment s'exprimer clairement dans les urnes.
07:08Enfin, ou plutôt, elle s'est exprimée.
07:09Mais elle s'est exprimée d'une manière qui a créé une impasse.
07:12Parce que la vérité aujourd'hui, c'est que la société française est clivée en trois blocs
07:17qui ne regardent pas du tout dans la même direction,
07:19qui n'ont pas du tout envie de construire le pays ensemble
07:23et qui ont envie de l'emmener dans trois avenirs qui n'ont rien à voir
07:26et qui sont confrontés à des craintes qui ne sont pas du tout les mêmes craintes.
07:31Et donc, à partir de là, cueillir des colères, c'est une chose.
07:33Est-ce qu'elles vont réussir à s'agréger en un seul mouvement ?
07:36Ce qui était un peu la force du mouvement des Gilets jaunes.
07:39C'est ça, à mon avis, la question.
07:40Victor Hérault.
07:41Il faut se souvenir, effectivement,
07:42les Gilets jaunes avaient mis un coup d'arrêt à la politique d'Emmanuel Macron.
07:46C'est d'ailleurs aujourd'hui son grand traumatisme,
07:47puisque ça advient en 2018, donc un an après son élection.
07:50Ça met un coup d'arrêt à sa politique.
07:52Mais la récupération politique des Gilets jaunes
07:54a mis un coup d'arrêt au mouvement des Gilets jaunes aussi.
07:56Et c'est aussi cela le problème.
07:58Je parle là ici plutôt du mouvement des Nicolas Kippet,
08:01puisque je l'ai très bien suivi, que je le connais très bien.
08:02C'est un mouvement qui tient à rester, comment dire, spontané et citoyen.
08:06C'est-à-dire que toute récupération politique,
08:09par exemple par un politique qui ne remettrait pas en cause le système des retraites
08:12et le montant des retraites de la génération des boomers,
08:14serait nul et non avenu,
08:16puisque ce serait un dévoiement complet du message des Nicolas Kippet.
08:18J'ajoute également que le principe même,
08:21comment dire, l'éthos du mouvement des Nicolas Kippet,
08:23c'est que ce sont les actifs travailleurs.
08:24Et par définition, ce sont des gens qui se retrouvent rarement dans la rue,
08:27puisque ce sont des gens qui travaillent pour essayer de subsister,
08:30de payer leurs impôts et d'avoir encore quelque chose à la fin du mois.
08:32Donc c'est des gens qui, en général, ne vont pas aller fouler le pavé pour aller manifester.

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