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00:00Bienvenue à l'heure d'épreuve ce matin sur Europe 1 jusqu'à 9h30 et sur CNEWS jusqu'à 10h30.
00:05Si on peut stopper une guerre entre deux états par un accord de paix, un armistice ou une reddition,
00:12on ne peut manifestement jamais arrêter une guerre civile.
00:16Et entre la France et l'Algérie, il s'agit bien d'une guerre civile.
00:20Une guerre civile larvée qui a commencé en 1954 et peut-être même avant.
00:26Une guerre civile que les accords déviants en 1962 ont mis entre parenthèses
00:31et qui perdurent à travers le temps sans jamais qu'une détente n'apparaisse.
00:35L'Algérie, c'était la France. Un département de France.
00:39Et 60 ans plus tard, l'Algérie et ses dirigeants nourrissent contre Paris une haine tenace
00:44que certains comparent à une rente victimaire qui leur permet de rejeter leurs difficultés séculaires
00:50sur cet ancien état colonial qu'ils abordent, la France.
00:54Cette France qui depuis des décennies bat sa coulpe, plaide la repentance,
00:58accepte la contrition sans que rien ne change.
01:01Aujourd'hui, de provocation en provocation, d'humiliation en humiliation,
01:05peut-être est-il venu le temps de changer de stratégie et d'opposer une fermeté nouvelle.
01:10Suspension des visas diplomatiques en provenance de l'Algérie,
01:14renégociation des accords de 1968 qui permettent aux Algériens de venir travailler en France facilement,
01:21interdiction pour M. Théboune et ses amis dans les hôpitaux français de se faire soigner,
01:27geler les avoirs des dirigeants algériens acquis et parfois mal acquis sur le sol de France.
01:33Il existe beaucoup de mesures, de rétorsions possibles.
01:36Jusqu'à ces dernières heures, Paris n'actionne aucun levier, en tout cas officiellement.
01:41Parfois, souvent, la faiblesse constitue un crime.
01:46Il est 9h01, Chana Lousteau.
01:499h, 9h30, l'heure des pros sur CNews et Europe 1.
02:00Bonjour Pascal, bonjour à tous.
02:01Mayotte maintenue en vigilance rouge jusqu'à ce soir.
02:05La tempête d'Ikeledi s'éloigne, mais l'archipel continue de faire face à de fortes pluies
02:10qui pourraient se poursuivre aujourd'hui.
02:12Le risque d'inondation est important et c'est dans ce contexte que l'Assemblée nationale entame aujourd'hui
02:17l'examen du projet de loi d'urgence pour Mayotte, texte qui devrait être adopté sans difficulté.
02:23François Bayrou reçoit ce matin les syndicats agricoles à Matignon.
02:27Le Premier ministre est actuellement avec les représentants de la FNSEA.
02:31Suivront les jeunes agriculteurs, la coordination rurale et la Confédération Paysanne.
02:36Les syndicats entendent l'interpeller sur les engagements pris par le gouvernement Attal,
02:40mis à l'arrêt depuis la dissolution.
02:43Ces consultations interviennent à la veille de la déclaration de politique générale de François Bayrou, prévue demain à 15h.
02:50Et puis le bilan s'alourdit.
02:52En Californie, au moins 24 personnes sont mortes dans les incendies qui continuent de détruire Los Angeles et ses alentours.
02:58100 000 personnes sont toujours sous le coup d'un ordre d'évacuation.
03:02Elles ne pourront pas rentrer chez elles avant jeudi.
03:04La situation est encore trop dangereuse et les conditions météo devraient encore se dégrader demain.
03:09Après une accalmie, les vents vont regagner de la puissance, compliquant une nouvelle fois le travail des pompiers.
03:14Voilà pour l'essentiel de l'information, c'est à vous Pascal.
03:17Merci Chana Lhosto.
03:19Elisabeth Lévy est avec nous, Georges Fenech, Vincent Herouet, Thomas Bonnet et Julien Dray.
03:24Bonjour Julien Dray, je vous ai demandé de venir ce matin.
03:26C'est dur.
03:27Oui, vous n'aimez pas vous lever tôt.
03:29Non, moi je n'aime pas me lever tôt.
03:30Je suis d'accord avec vous.
03:31Mais bon, l'avenir est à partir du jour qu'il se lève.
03:33Oui, on m'a dit ça longtemps.
03:35Bon, je vous ai demandé de venir pourquoi ?
03:37Parce que vous êtes né à Oran en 1955.
03:40Exact.
03:41Dans l'Algérie qui était française à l'époque.
03:43À l'époque d'ailleurs où François Mitterrand souhaitait qu'elle le restât.
03:46Et puis après il a changé d'avis sur ce sujet comme sur d'autres.
03:50J'ai parlé de guerre civile entre l'Algérie et la France.
03:55Est-ce que vous retenez ce terme ?
03:58Hyper dur.
04:00La guerre civile aujourd'hui c'est compliqué par rapport à ce qu'a été la guerre d'Algérie.
04:03Parce que la guerre d'Algérie, moi je l'ai vécue comme enfant.
04:06J'y ai même laissé deux dents dans un mur à Oran.
04:09On a été plastiqués à l'époque.
04:11J'ai vécu les lâchages, les meurtres, les attentats.
04:16Voilà, c'était le sang qui coulait.
04:19Là, on ne peut pas dire que c'est le sang qui coule.
04:21Là, c'est la politique qui...
04:23C'est pour ça que le terme guerre civile...
04:25La guerre civile larvée.
04:26Oui, c'est pour ça que j'ai bien vu que vous aviez mis le terme larvée pour dénumer les choses.
04:30Maintenant, c'est vrai qu'on n'a pas résolu le...
04:34Alors, est-ce que c'est nous qui portons la responsabilité de la France ?
04:37Certainement, peut-être.
04:38Mais les gouvernements algériens ont établi depuis 1962,
04:42et depuis le coup d'état de Boumédienne pour être encore plus précis,
04:45une rente de situation qui fait que c'est toujours la faute à la France.
04:48C'est toujours la faute à la colonisation.
04:50Et moi, je vais vous donner mon témoignage.
04:52Parce qu'après, on aura le débat.
04:54Je vais vous raconter.
04:55Quand je suis arrivé en France, je suis arrivé plus tard.
04:57Parce que mes parents pensaient qu'on pouvait rester en Algérie.
04:59Qu'on pouvait vivre ensemble, etc.
05:01J'arrivais en France en fin 65.
05:03Et je dis à ma maman, avec qui j'étais,
05:05je dis, mais t'as vu Paris, c'est sale, c'est pas propre.
05:08C'est triste.
05:09Et elle me dit, mais arrête.
05:11Et je dis, maman, regarde comment c'est.
05:12Parce que moi, Oran, c'était une ville d'une propreté exemplaire,
05:15avec les routes...
05:16Parce que la France avait énormément investi.
05:18Et notamment dans une ville comme Oran,
05:20c'est une ville très moderne, des ascenseurs, des choses comme ça.
05:22Donc il y avait un choc pour moi qui était un choc d'un pays moderne,
05:26dans lequel je venais, paradoxalement,
05:28par rapport à un pays qui me paraissait un peu vieux.
05:30Et après, quand je suis devenu député, j'avais une suppléante,
05:33dont le jeu consistait à m'envoyer une carte postale,
05:35parce qu'elle allait souvent en Algérie.
05:37Elle allait dans ma maison, elle me disait,
05:38c'est pas la peine que tu reviennes, l'ascenseur ne marche toujours pas.
05:41Non, mais c'est intéressant ce que vous dites,
05:43et c'est bien aussi de le dire.
05:44Alors, je voulais vous faire écouter ce matin à 6h15 sur Europe 1.
05:47Laurent Tessier a une idée absolument très intéressante.
05:51Il a écouté la télévision algérienne ce week-end.
05:56Alors, qui écoute la télévision algérienne ?
05:58Évidemment, les Algériens d'Algérie.
06:00Mais j'imagine qu'il y a beaucoup aussi de Français d'origine algérienne
06:03qui écoutent cette télévision.
06:04Et s'ils entendent matin, midi et soir ce que vous allez entendre là,
06:09forcément, pour ces Français d'origine algérienne,
06:13ça crée un ressentiment, une rancœur, que sais-je,
06:16qui s'exerce contre la France.
06:18Parce qu'évidemment, la mise en perspective est pour le moins partiale.
06:23Je vous propose d'écouter cette chronique de Laurent Tessier.
06:25Il était 6h15 ce matin et on en a repris deux minutes.
06:30Comment les médias algériens parlent de la France en ce moment ?
06:32Il y a par exemple la chaîne de télévision Canal Algérie.
06:35Le journal de samedi soir à 19h, la présentatrice lit le communiqué
06:39du ministère des Affaires étrangères.
06:41L'extrême droite française, revancharde et haineuse,
06:43mène actuellement une campagne de désinformation contre l'Algérie.
06:47La présentatrice ne lit pas un paragraphe, non.
06:50Elle lit tout le communiqué de deux pages.
06:52La séquence dure à la télévision 2 minutes et 44 secondes.
06:56Dans la foulée, voilà ce qui est proposé dans le journal.
06:59Parlons à présent de l'une des pages les plus sombres et douloureuses du pays.
07:03On y trouve les crimes commis par la France coloniale en Algérie.
07:07À l'écran s'affichent ces mots.
07:09La colonisation française, un crime contre l'humanité.
07:12Cette musique que vous entendez, anxiogène.
07:14Des photos de cadavres.
07:15Ces mots qui défilent.
07:16Massacre, crime, sauvagerie, génocide, barbarie, famine, destruction massive.
07:21Un sujet qui dure 5 minutes à la télévision algérienne et diffusé aussi hier soir.
07:25Une émission aussi sur cette chaîne d'information en continue
07:27avec des invités en plateau Hebdo Show Algérie.
07:30Quelques sous-titres ce week-end.
07:31Surenchère et escalade, la France attise les feux de la haine.
07:34Stigmatisation, désinformation, racisme et diabolisation.
07:37L'extrême droite et les médias français s'acharnent contre l'Algérie.
07:41La France est inscrite dans un registre de complotisme et de conspirationnisme,
07:46notamment où elle voit le mal partout.
07:49Qui serait à l'article de la mort et qui serait condamné ou emprisonné.
07:52Non, M. Censal est ce qu'on appelle un procédure classique
07:55et sous contrôle judiciaire en vue d'un procès.
07:57Et on a de l'excès incroyable pour dire que c'est presque un martyr d'un régime.
08:01Des images sans le son de notre camarade Sonia Mabrouk sur le plateau de CNews
08:06avec Xavier Driancourt, l'ancien ambassadeur de France en Algérie.
08:09Des images de Pascal Praud sur Europe 1 avec Plantu,
08:11de Dimitri Pavlenko, de Vincent Tremolet de Villers.
08:14Des influenceurs défendus sur les plateaux télé
08:16comme les propos de cette présentatrice puis d'un influenceur sur une autre chaîne.
08:20Nous avons contacté ce soir ce qu'on appelle des influenceurs franco-algériens
08:25sur les réseaux sociaux et ils sont une sorte d'ambassadeurs numériques.
08:29Nous Algériens, nous suivons notre gouvernement
08:32et nous suivons notre président dans ses prises d'opposition.
08:35La France est allumilée par l'Algérie. Vous avez la réponse.
08:39Alors ce qui est intéressant, c'est que nous, dans le même temps,
08:41depuis des années, on est sur un registre de repentance
08:45qui a expliqué que tout ce que nous avons fait en Algérie, c'était mal.
08:48Et de l'autre côté, en Algérie, ils expliquent que tout ce qu'a fait la France, c'était mal.
08:53Pour le moment, j'ai dit que Vincent Hervouet, officiellement,
08:57la France ne menace pas l'Algérie. Officiellement, il ne se passe rien.
09:04C'est-à-dire que, par exemple, on pourrait arrêter les visas consulaires.
09:08Il y a un véritable concours lépine dans la classe politique
09:11sur les mesures de rétorsion les plus virulentes contre le régime algérien.
09:16Et d'ailleurs, il y a un éventail qui est très très large, effectivement.
09:21Il n'y a pas beaucoup de mesures économiques,
09:24mais il y a beaucoup de mesures diplomatiques, beaucoup de mesures politiques.
09:27Il y a un petit problème quand même.
09:29C'est qu'avec l'Algérie, on a quand même la nécessité d'une coopération,
09:33au moins sur le plan sécuritaire.
09:35On ne va pas se brouiller avec un pays de plus
09:38qui est sur la ligne de front du terrorisme.
09:41Ça, ça pose quand même une petite question.
09:43Mais c'est vrai que les Algériens, le régime algérien,
09:47est dans une surenchère permanente et cherche vraiment...
09:51Mais on fait quoi, en fait ?
09:53Il faut être très ferme, il faut être très clair,
09:56il faut savoir ce que l'on veut,
09:58et il faut savoir jusqu'à quel prix on est prêt à payer
10:01pour obtenir ce que l'on veut.
10:03Répondez à ces questions, on veut quoi ?
10:05Ce que l'on veut.
10:06On voudrait la libération de Bolême sans salle, c'est la première chose.
10:09Et puis on voudrait qu'ils changent de ton.
10:11On voudrait qu'on ait une coopération qui soit...
10:13C'est entendu, mais alors qu'est-ce qu'on fait ?
10:15On voudrait ce qui, à mon avis, est d'ailleurs impossible à obtenir.
10:18Aujourd'hui, on est dans une relation qui est très difficile,
10:21qui est difficile depuis longtemps.
10:24Longtemps, les efforts menés par Emmanuel Macron
10:28pour apaiser, pour normaliser,
10:30qui venait à la suite de François Hollande,
10:33se réconcilier, en finir avec la brouille,
10:35comme si c'était juste un malentendu.
10:38Mais non, ce n'est pas un malentendu.
10:40C'est dans la logique interne du système.
10:43D'une part, ils sont paranoïaques,
10:46donc le régime est paranoïaque,
10:48comme beaucoup de régimes autoritaires.
10:50Il est cynique aussi.
10:52Il est aussi cynique.
10:54Il est paranoïaque, mais il y a une forme de cynisme.
10:57Il y a une forme de calcul.
10:59Il y a un calcul.
11:02Quand il dénonce l'entité macrono-sioniste,
11:07c'est dément.
11:08Quand il explique qu'en France,
11:11il y a beaucoup de nostalgiques de l'Algérie française.
11:13Personnellement, je ne connais pas un seul nostalgique actif
11:16de l'Algérie française.
11:18En dehors, peut-être de Julien Dray,
11:20mais personne n'est nostalgique de l'Algérie française ici.
11:22Au contraire, tout le monde récite,
11:24Colombey, les deux mosquées,
11:26tout le monde se souvient.
11:28Je voulais d'abord revenir sur votre terme
11:31très intéressant de guerre civile.
11:33Parce que tout le problème est là.
11:35La séparation n'a pas eu lieu.
11:37Non seulement...
11:39Pardon.
11:41Elle n'a pas eu lieu non plus pour nous.
11:43Pourquoi, au moment où les Algériens piétinent
11:45les accords déviants, chassent
11:47les pieds noirs d'Algérie,
11:49ce qui était complètement contraire
11:51à ce qu'ils avaient signé,
11:53et nous, en échange,
11:55parce qu'on a besoin de main-d'oeuvre,
11:58nous leur donnons un statut dérogatoire
12:00et deux mots sur les mesures.
12:02La première, c'est que les visas, c'est bien joli,
12:04mais ça veut dire qu'on doit demander,
12:06exiger une suspension de Schengen
12:08parce qu'on n'a pas la main sur les visas
12:10qu'on accorde pour la France.
12:12On peut en prendre un pour n'importe quel pays
12:14de l'Union européenne.
12:16Et le traité de 68, c'est aussi bien joli,
12:18mais c'est le domaine réservé du président.
12:20Quoi qu'il en soit, je rejoins Vincent sur une chose
12:22et je vais même plus loin.
12:24Il est temps de faire du Trump.
12:26Il y a une idée de Xavier Dreyencourt,
12:28qui est une idée un peu farce, un peu vexatoire,
12:30qui est de dire, quand on est en Algérie,
12:32nous, les diplomates, moi,
12:34pendant tout mon poste,
12:36j'ai pu aller à la plage deux fois
12:38parce qu'il fallait demander des autorisations
12:40et des escortes. Eh bien, faisons la même chose
12:42pour les diplomates algériens.
12:44Vous allez voir comme ça va les amuser
12:46de ne pas pouvoir se déplacer.
12:48Bon, Julien Dreyen, vous qui avez été au cœur parfois du pouvoir,
12:50est-ce que seul le rapport de force compte ?
12:52Et est-ce que vous pensez
12:54qu'il y a une solution
12:56en prenant des mesures fortes contre l'Algérie ?
12:58Alors, je fais une correction.
13:00Mes parents, mon papa et ma maman,
13:02ils étaient pour l'indépendance de l'Algérie
13:04parce qu'ils pensaient, eux, qu'il pouvait y avoir une Algérie indépendante,
13:06laïque, pluriethnique, etc.
13:08Mais ils ont compris en 1965
13:10que les Juifs, il fallait qu'ils partent.
13:12Et le plus vite possible.
13:14Et d'ailleurs, il y a un échange que je vous proposerai tout à l'heure
13:16avec Sarah Knafo, qui est assez intéressant
13:18parce que vraiment, c'est sur le fond.
13:20C'est-à-dire que ce qui s'est passé là-bas,
13:22c'est arrivé ici. Et Sarah Knafo vous dit
13:24mais vous n'avez pas tenu, vous ne tirez pas
13:26les conséquences de ce qui s'est passé là-bas
13:28pour les adapter ici.
13:30Si, moi je pense que... Après, bon, ça c'est une autre chose.
13:32Avec l'Algérie,
13:34avec le gouvernement algérien, parce qu'il faut quand même
13:36distinguer les choses, c'est la fermeté qui compte.
13:38S'ils ne l'ont pas, ils ont...
13:40Ça fait 50 ans que chaque fois
13:42ça a marché.
13:44C'est-à-dire que ça fait 50 ans qu'à chaque fois
13:46qu'ils commencent à faire des menaces en disant
13:48et le terrorisme, et pas la dernière arme
13:50qu'ils utilisent en privé, c'est-à-dire qu'on va
13:52suspendre la coopération, on ne va plus vous donner les informations,
13:54qu'à chaque fois, les gouvernements ont reculé.
13:56C'est-à-dire qu'au début, c'est une velléité
13:58de dire cette fois-ci, c'est la dernière fois,
14:00mais ils reculent. La fermeté est importante,
14:02mais dans la fermeté, il y a quelques petites choses sur lesquelles
14:04il faut être intransigeant.
14:06La libération de l'OMS en Sam, c'est innégociable,
14:08mais la libération aussi de beaucoup
14:10d'opposants politiques. Parce qu'on a
14:12fermé les yeux, nous, pendant les émeutes populaires
14:14en Algérie. On a laissé le pouvoir
14:16réprimer, enfermer.
14:18Et je pense,
14:20parce que c'est là où ça va faire mal,
14:22si vous me permettez, je pense à tout
14:24le peuple kabyle.
14:26Parce que là, en Algérie, il y a un problème.
14:28C'est que le gouvernement
14:30algérien est un des gouvernements qui opprime
14:32le peuple kabyle. Et là, il faut
14:34nous aussi commencer à dire...
14:36Vous voulez vous mêler de tout,
14:38on peut aussi se mêler de ça, nous.
14:40Il y a beaucoup de personnalités françaises
14:42issues de l'Algérie, on ne les entend pas.
14:44Il y en a beaucoup, je regardais hier
14:46le nombre de Français
14:48d'origine algérienne
14:50qui pourraient être des leaders d'opinion.
14:52C'est ça qui me sidère tout le temps.
14:54Dans n'importe
14:56quel autre secteur du monde,
14:58vous auriez des gens qui parleraient
15:00et là, tout le monde se tait.
15:02Vous l'avez dit, une partie
15:04est favorable à ce discours, une partie
15:06les relaie. Une partie,
15:08si bien sûr que si.
15:10Honnêtement, il y a deux choses.
15:12Mais ne soyez pas naïfs.
15:14Il y a une supériorité français
15:16qui fait que
15:18on ne voulait pas...
15:20On ne voulait pas
15:22saquer les Algériens quand ils donnaient des coups de pied dans la porte.
15:24On ne voulait pas faire
15:26du donnant-donnant. On estimait qu'avec
15:28l'Algérie, on pouvait être complaisant
15:30parce qu'on avait un petit sentiment
15:32de supériorité, notamment de la diplomatie française.
15:34Et de culpabilité,
15:36ça, c'est autre chose. La deuxième chose,
15:38c'est... Alors moi, c'est ça qui
15:40m'a beaucoup frappé en étudiant les choses
15:42de près à ce moment.
15:44C'est l'influence
15:46invraisemblable d'un certain
15:48nombre de réseaux pro-Algériens
15:50en France.
15:52Et je crois que c'est le seul pays avec lequel
15:54on a une relation bilatérale qui est
15:56ainsi laissé prospérer.
15:58Je veux dire, on dirait que le réseau
16:00des porteurs de valises a prospéré.
16:02Là, je pense que les gens ne comprennent pas ce que vous dites.
16:04Quel réseau ?
16:06Je vous invite à regarder, par exemple,
16:08sur les réseaux sociaux,
16:10les courriers
16:12des lecteurs ou des auditeurs.
16:14Et vous remarquerez
16:16qu'il y a toute une série de propagandistes
16:18qui reprennent exactement, mot pour mot,
16:20les thèmes donnés par Alger.
16:22Vous avez des trolls,
16:24vous avez des gens d'influence
16:26dans les médias, dans le monde politique...
16:28Et M. Stora, vous le mettez dans quelle catégorie ?
16:30Pardon ? M. Stora, vous le mettez dans quelle catégorie ?
16:32Hors cadre.
16:34Non, mais c'est intéressant, parce que c'est quelqu'un... Pardonnez-moi,
16:36je repose là aussi la question à Julien Drey,
16:38parce que c'est quelqu'un qui est...
16:40Oui, c'est une bonne question.
16:42Mais bien sûr que c'est une bonne question,
16:44parce que c'est lui
16:46qui est le
16:48monsieur Algérie
16:50pour l'État français,
16:52pour les institutions françaises,
16:54et qui est chargé de nous dire
16:56ce que nous devons penser sur cette période-là.
16:58Donc, vous le mettez dans quel cadre, M. Stora, Benjamin Stora ?
17:00Non, il a d'abord été un historien
17:02de qualité qui est revenu dessus.
17:04Il a longtemps pensé, je crois,
17:06que c'était sa démarche, que le
17:08processus de réconciliation passé par
17:10ce travail historique
17:12qu'il a fait, et il a
17:14été amené à, je dirais, non pas
17:16à rond, mais en tous les cas, à prendre
17:18toutes ses distances avec le régime actuel,
17:20et il n'est pas tendre sur les...
17:22Georges Fenech, qui n'a pas parlé.
17:24Il est systématiquement anti-français quand il regarde le passé.
17:26C'est un historien couronné,
17:28c'est un académique
17:30sien, mais vraiment, il est
17:32écrasé d'honneur, de responsabilité,
17:34il a eu une carrière en première classe.
17:36Mais franchement,
17:38soyez un peu plus charitable.
17:40Georges Fenech, mais avant, je cite.
17:42Avant, je salue notre ami
17:44Alexandre Arcadi qui est en train de nous regarder,
17:46qui dit qu'il ne faut pas confondre les politiques et le peuple en Algérie.
17:48Je peux porter témoignage sur la réaction
17:50du public face à mes films sur l'Algérie d'hier.
17:52Énormément de jeunes Algériens me remercient
17:54de leur donner à voir une part
17:56de leur histoire qu'ils ne connaissent pas. Il faut être
17:58ferme avec les gouvernements et remettre
18:00en perspective notre histoire commune.
18:02Alexandre Arcadi.
18:04Oui, mais parce que vous êtes de la même génération.
18:06Je ne suis pas étonné que vous pensiez comme Alexandre Arcadi.
18:08Je vais vous raconter une anecdote.
18:10Mais aujourd'hui, les gosses de 20 ans, je ne suis pas sûr qu'ils soient
18:12sur votre ligne là toujours.
18:14Quand on a fondé SOS Racisme,
18:16on voulait faire une délégation en Algérie.
18:18J'ai été convoqué par l'ambassadeur d'Algérie
18:20qui m'a dit, c'est formidable
18:22ce que vous faites, SOS Racisme, etc.
18:24Mais il ne faut pas toucher aux Algériens.
18:26Et ne vous occupez pas des jeunes Algériens.
18:28Et surtout, pas de conflit avec l'amicale des Algériens.
18:30Je lui ai dit, attendez,
18:32vous êtes en train de me dire quoi ?
18:34Il m'a dit, non, ça c'est notre domaine et vous n'allez pas vous en occuper.
18:36Je lui ai dit, non, on n'est pas d'accord.
18:38Il m'a dit, non, mais ce que vous faites, c'est formidable.
18:40D'ailleurs, vous avez un journal. Je lui ai dit, oui, j'ai un journal.
18:42Vous savez, on est prêt à vous soutenir, on va acheter beaucoup d'exemplaires de votre journal.
18:44Je lui ai dit, donc, en gros, ce que vous êtes en train de me dire,
18:46c'est que vous allez acheter beaucoup d'exemplaires de mon journal
18:48pour que je ne m'occupe pas des jeunes Algériens.
18:50Résultat, je n'ai jamais pu remettre les pieds en Algérie.
19:00Il y a des gens extrêmement puissants dans un certain nombre de quartiers.
19:02Georges Poirand témoignait. C'était même un régulateur.
19:04Et donc, les pouvoirs publics passaient par l'amicale pour obtenir ça.
19:08Et puis après, derrière, il y avait tous les jeunes.
19:10Ils voulaient garder leur instrument de puissance sur le territoire.
19:12Georges qui n'a pas parlé.
19:14Moi, je ne parlerai pas, comme vous l'avez fait, de guerre civile, pas même l'Arvée.
19:18Mais ce que je constate, c'est que la page n'est pas tournée.
19:22Merci, Georges.
19:24Non, mais moi, je le vis.
19:26Non, mais merci.
19:28Je suis d'accord avec vous.
19:30Oui, mais la page n'est pas tournée.
19:32Ça me touche personnellement. Je pense à mon père.
19:34Oui, je pense à mon grand-père.
19:36Je pense à nos tombes.
19:38On ne sait pas ce qu'elles sont devenues, voyez-vous.
19:40Et tout ce qui est en train de se passer ravive cette mémoire douloureuse.
19:42Je rappelle que pendant la guerre d'Algérie,
19:44il y a eu quelques 30 000 de nos jeunes appelés qui sont morts là-bas.
19:46Il y a eu des centaines de milliers d'Algériens qui sont morts aussi.
19:50On n'arrive pas à tourner cette page.
19:52Et c'est dramatique, parce que vous avez,
19:54et vous avez à juste titre passé ces extraits
19:56de la télévision algérienne,
19:58vous avez beaucoup de nos compatriotes qui sont issus d'Algérie,
20:00qui sont d'origine algérienne,
20:02et qui refusent l'intégration dans notre pays.
20:04Il faut le dire.
20:06Il faut le dire. Si on a créé SOS Racisme,
20:08ce n'est pas pour rien, à une certaine époque.
20:10Vous dites « on », vous étiez avec...
20:12Mais moi, je viens de Tunisie.
20:14Mais vous, vous étiez à SOS Racisme à l'époque où vous dites « on ».
20:16« On » est « on ».
20:18La France. Les associations.
20:20François Mitterrand.
20:22Le Régime.
20:24Je pense qu'il faut faire attention
20:26à ne pas continuer l'escalade.
20:28J'entends bien. Je voulais simplement...
20:30Parce que tout est parti de cet influenceur...
20:32D'abord, le mot « influenceur », il faut l'enlever.
20:34Ce n'est pas un influenceur, c'est un prêcheur de haine.
20:36Tous les mots ont un sens, ce n'est pas un influenceur.
20:38C'est un prêcheur.
20:40C'est un prêcheur.
20:42Ce monsieur doit l'aime.
20:44Explication juridique, parce qu'aujourd'hui,
20:46il est dans un centre de rétention administrative.
20:48Je vous propose d'écouter
20:50l'explication juridique de notre ami Tanguy Hamon.
20:54L'influenceur algérien doit l'aime.
20:56Boalem Naman, de son vrai nom,
20:58est placé en rétention administrative
21:00pour 28 jours supplémentaires.
21:02À la fin de ce délai, une autre prolongation
21:04pourra être appliquée.
21:06Aucune anomalie concernant la procédure
21:08n'a été relevée par le juge des libertés
21:10et de la détention.
21:12Le motif de risque de trouble à l'ordre public
21:14a lui été retenu, ainsi que celui
21:16d'urgence absolue.
21:18Le juge a également écarté
21:20l'idée d'une assignation à résidence.
21:22Boalem Naman va donc
21:24rester en rétention jusqu'à sa prochaine
21:26expulsion, ou possiblement
21:28jusqu'à son procès, qui doit se tenir
21:30à la fin du mois de février.
21:32Il va être jugé pour provocation publique
21:34et directe à un crime ou un délit.
21:36Il avait publié
21:38une vidéo où il demandait à s'en prendre
21:40sévèrement à un opposant au régime
21:42algérien.
21:44Boalem Naman a pris la parole lors de
21:46l'audience. Il s'est excusé
21:48pour ses propos, mais il s'est dit extrêmement
21:50choqué par tout ce qui lui arrive
21:52et ce qu'il se passe autour de lui.
21:54Écoutez Marine Tondelier
21:56qui a parlé de provocation
21:58du ministre de l'Intérieur,
22:00M. Retailleau.
22:02Ces influenceurs,
22:04oui, sont dans la provocation, c'est ce qui les
22:06caractérise, mais Bruno Retailleau
22:08aussi dans la provocation. Et ça, il faut le dire.
22:10C'est plus que de la provocation, c'est des appels
22:12à la haine. Oui, mais ce que fait
22:14M. Retailleau, c'est contraire à l'état de droit.
22:16D'expulser des gens dont un procès
22:18est prévu le 14 février
22:20sans attendre leur procès,
22:22excusez-moi, c'est un symbole de l'extrême droite au pouvoir.
22:24Quand vous avez un ressortissant
22:26d'un pays, que vous voulez le renvoyer
22:28dans son pays, ça se fait
22:30avec l'accord du pays. C'est pas des colis
22:32la redoute, les gens. Je suis sûr, il y a des gens
22:34qui ont pris dans ce pays un pouvoir
22:36médiatique qui est sans rapport avec
22:38ce qu'il pèse en termes
22:40d'élections.
22:42Mme Tondelier, effectivement,
22:44est dans ce cas-là. Je ne crois pas qu'à la télé
22:46algérienne qu'on lit le communiqué des autorités
22:48algériennes en France aussi, visiblement.
22:50Thomahil, à 9h22, parce que je ne veux pas être en retard.
22:52Monsieur Thomahil, bonjour.
22:54Bonjour, Pascal. Vous allez bien ?
22:56Vous avez passé un bon week-end ? Excellent.
22:58Bon, écoutez, merci.
23:00J'ai bouquiné tout week-end.
23:02Amanda Stierce.
23:04Amanda Sterce, oui. Sterce, je le dis mal.
23:06Qui doit vivre à Los Angeles, d'ailleurs,
23:08ou qui a vécu à Los Angeles longtemps.
23:10Elle sera avec vous ? On en parlera avec elle dans un instant.
23:12Écoutez, vous la saluez. Il est 9h22.
23:14Merci.