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Patrick Roger (artiste sculpteur chocolatier) : L'Hebdo de l'Éco (Émission du 13/12/2024)
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13/12/2024
Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…
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00:00
On reçoit avant Noël un grand chocolatier, je devrais dire artiste et sculpteur Patrick
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Roger.
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Merci d'être avec nous.
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Vous venez nous parler de vos créations bien sûr, mais aussi de l'aspect économique
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parce qu'on voit que les fèves de cacao, le cacao va coûter et coûte de plus en plus
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cher.
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C'est un souci économique pour vous à cette époque ?
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Alors effectivement ça augmente, mais c'est un peu normal aussi parce que tout simplement
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on n'a jamais payé les paysans correctement, que ce soit le cacao, mais c'est la même
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chose en France.
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On n'a jamais voulu payer le lait au bon prix, donc il ne faut pas trop se plaindre
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non plus.
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C'est une certaine limite bien sûr.
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Vous voulez dire que ça a été bradé pendant des années, que maintenant il y a un rattrapage
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c'est ça ?
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Ça se rattrape, c'est qu'à la fois les réseaux sociaux font que dans le monde on
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sait exactement que vaut chaque matière.
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On ne peut pas continuer à vendre une baguette à 1,10€, on ne pourra pas continuer comme
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ça.
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Si on prend le cas du boulanger, c'est quelque chose qui est impossible.
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Je trouve que la matière première, l'énergie n'est pas assez chère aussi.
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Un mètre cube d'eau, ça vaut quoi ?
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Pourtant l'électricité, tout le monde s'est plaint de son prix qui a flambé.
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Oui bien sûr.
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On a vu ça pendant la crise.
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Donc on doit vraiment travailler aussi sur ce phénomène, mais ce n'est pas l'énergie
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qui était vraiment le problème dans notre cas, c'est vraiment plutôt le travail,
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comment on fait travailler les gens.
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Ça c'est ce qu'il y a de plus difficile.
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Là vous appuyez sur ce bouton qui fait mal.
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En France vous dites on ne travaille pas suffisamment ?
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On a un pays extraordinaire, on l'a vu pendant les Jeux Olympiques, mais après on est vraiment
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des branleurs.
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On ne fout rien, et puis ça va taper sévèrement, c'est évident, je vois bien au niveau de
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la clientèle.
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On a perdu beaucoup de Parisiens, le télétravail c'est une vraie galère, c'est impossible.
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Et puis vous avez évidemment le chômage qui me paraît complètement… c'est dingue.
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Toutes les entreprises comme nous, on a besoin de monde.
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Vous voyez bien que le bâtiment, il n'y a plus personne dans le bâtiment.
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Et vous vous adressez quand même à une clientèle haute gamme, Patrick Roger ?
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Oui bien sûr, mais le phénomène ce n'est pas très dur.
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On est passé à 80% de clients étrangers, Emirats, les Emirats arabes beaucoup, et puis l'Asie.
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Et les Français non, ils viennent moins ?
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Tout simplement, et Paris aussi est très complexe, donc c'est une multitude de choses
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qui font que c'est de plus en plus difficile.
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C'est qu'on a moins de Parisiens, et ça c'est un vrai sujet.
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Ça c'est Mme Hidalgo qui a fait fuir tout le monde, mais on peut dire que c'est quand
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même un point qui est important.
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Vous souffrez pour la partie commerciale, mais aussi pour la partie production.
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Ça veut dire que plus ça y est, plus le chocolat coûtera cher ?
02:25
Oui, on a tendance à dire que ça va devenir du luxe, et pour moi, bien manger, c'était
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juste normal.
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Mais c'est normal, je viens d'un petit village dans la campagne, dans le Perche.
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Mes parents vivaient, ma mère avec 300 euros à la retraite, et 600 mon père, donc comme
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boulanger, ils ont travaillé toute leur vie, et on vivait avec rien.
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Et aujourd'hui, que l'on soit à la campagne ou à Paris, on veut tous vivre de la même
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façon, avoir les mêmes médecins, tout change, c'est en train de changer de vitesse.
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Personne ne le voit franchement, mais ce qui est très bien, c'est que moi j'ai 400 fournisseurs.
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Donc on a une vision du monde qui est très très forte.
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Jamais j'aurais pensé déjà arriver ici, un jour avec vous par exemple, et c'est ça
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qui fait qu'on a cette culture de l'économie, de la géopolitique aussi.
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Dans votre secteur, le chocolat, vous êtes plus que le chocolat, vous êtes vous sculpteur,
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vous êtes un créatif.
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Là c'est une valeur ajoutée considérable.
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Oui, mais c'est surtout que je n'ai pas d'associés et pas de financiers, donc c'est 12 ou 14%
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que vous devez donner en rémunération à des partenaires financiers.
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Par exemple, moi je ne les ai pas, ça fait 40 ans que je travaille, 40 ans où je fais
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comme je veux surtout, c'est cette envie et le plaisir qui est le plus important.
03:36
Ce que j'aimerais au lieu de payer 900 000 euros d'URSSAF, si je payais 200 ou 300 000
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euros pour mes deux gamines, c'est de redonner 10 000 euros à chacun de mes employés, et
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puis après chacun donne aussi sa part directement.
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Et derrière, vous avez une marque qui vaut quelque chose, vous pourrez la revendre un jour ?
03:52
Est-ce que ça vaut beaucoup ? Est-ce que ça vaut tout ? Regardez Robuchon, c'était
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fantastique, et comment la marque derrière, elle peut persister une fois que le créateur
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est décédé, ou Alaya par exemple, mais après il y a un groupe qui est énorme derrière.
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Vous exportez quand même ?
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Un tout petit peu, le Japon, et ça c'est une grande question, si demain on continue,
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qu'est-ce que je fais ? La question, tout le monde me dit, moi je serai toi, j'arrêterai,
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mais je ne sais pas faire autre chose que de travailler de toute façon, peut-être
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que le Japon c'est une bonne solution, car on a encore la civilisation, même si aujourd'hui
04:25
ils ont un coup de frein aussi sur le travail.
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Vous êtes un créatif, je le disais, comment vous trouvez l'inspiration ? Chaque année
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vous trouvez des thèmes ? Vous trouvez des thèmes pour Noël, parlez-nous de Noël qui
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arrive.
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Noël cette année, on fait un sapin, c'est un chambouletou, clairement avec des boîtes
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de conserve, et puis de là, ça naît tout simplement sur une idée de boîte de petits
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pois.
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Quand j'étais gamin, apprenti, j'avais 60 centimes pour manger le samedi, et je refais
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le magasin de Victor Hugo, et l'idée vient simplement comme ça, j'ai une espèce de
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flash, et de là va naître les 10 ans à venir.
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J'ai une centaine de nouveaux produits, chocolat dans l'année, environ 200 sculptures, l'architecture
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aussi.
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Ma chance c'est de croiser des gens comme Jean-Michel Villeneuve par exemple, et beaucoup
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de grands, et ça c'est incroyable.
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Et tout le monde adore vos chocolats, vous les goûtez vous-même, vous en mangez pas
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mal ?
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Oui je mange beaucoup, je mange environ 500-600 grammes par jour, un peu plus même, plutôt
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200 kilos dans l'année, je me fais engueuler par ma fille parce que le foie c'est solide,
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et après je bois pas du tout, j'ai une vie qui est très rigide.
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Donc 600 grammes ça fait quoi, 4 tablettes par jour ?
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Déjà le matin plutôt 5-6, et puis un peu l'après-midi et pas mal le soir.
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Merci Patrick Grosty d'être venu nous voir, et puis bonne chance, et puis on garde espoir
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que ce soit une optimiste, c'est ce qu'il faut quand même.
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On a le plus beau pays du monde.
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Exactement, et le meilleur chocolat, c'est de le dire, grâce à vous.
05:51
Merci d'être venu sur CNews.
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