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La France en Europe : un risque préoccupant de décrochage [Maxime Lefebvre]
Xerfi Canal
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15/11/2024
Xerfi Canal a reçu Maxime Lefebvre, ancien ambassadeur et professeur de relations internationales à l'ESCP Business School, pour parler du risque préoccupant de décrochage de la France.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
Catégorie
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Transcription
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Bonjour Maxime Lefebvre. Bonjour. Maxime Lefebvre, vous êtes ancien ambassadeur,
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vous êtes professeur de relations internationales à ESCP Business School.
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Papier dans Conversation France, qui est issu pour une part de l'ouvrage que vous avez
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dirigé et édité à Troyes, avec Florence Chaltier et les Loups de Trio.
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Propos sur la souveraineté européenne chez Dallose.
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Papier dans Conversation France, la France dans la nouvelle législature européenne à
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risque préoccupant de décrochage. Alors évidemment, quand j'ai vu ça,
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je me suis dit il faut que Maxime Lefebvre vienne m'en dire davantage.
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Alors bon, on va refixer le contexte. Début juin, élection européenne,
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ça je pense que ça n'a échappé à personne. Le résultat des élections européennes n'a
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échappé à personne. On a bien vu la conséquence avec la dissolution de l'Assemblée nationale,
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donc Nouveau Parlement français plus Nouveau Parlement européen.
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La question qui se pose tout de suite, c'est est-ce que la place, l'influence de la France,
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d'une façon ou d'une autre, sont un peu menacées aujourd'hui en Europe au vu de ces résultats?
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Alors oui, un petit peu parce que la France, d'abord, quand on regarde les députés qui ont
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été envoyés à Bruxelles, la moitié sont en fait des partis extrêmes à gauche ou à droite,
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donc ils sont dans l'opposition par rapport à la grande coalition pro-européenne que
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évidemment a élue Madame von der Leyen au mois de juillet et qui est composée de conservateurs,
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de sociodémocrates, de centristes, de verts. Et on voit que, par exemple, seulement 30% des
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députés français au Parlement européen ont voté pour Madame von der Leyen, des socialistes et des
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centristes. Ce qu'on voit aussi, c'est que Madame von der Leyen est allemande, elle a déjà commencé
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à composer sa commission européenne avec, par exemple, une autre représentante qui est estonienne,
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Madame Kaya Callas, qui va remplacer Joseph Borrell, qui était espagnole. Et donc on voit que
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finalement, il n'y a pas beaucoup de présence française dans tout ça. En 2019, on avait eu
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Madame Lagarde comme présidente de la Banque centrale européenne, mais elle va partir en
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2027. On aura sans doute M. Thierry Breton qui sera confirmé comme commissaire européen français,
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ça c'est un élément de continuité, mais on a une France quand même affaiblie par ces résultats
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électoraux et on peut craindre que l'influence française soit un peu réduite par rapport à ce
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qu'elle était avant, notamment face à l'Allemagne, face à la CDU de CSU, qui occupe le principal
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parti au Parlement européen, qui est le parti des partis populaires européens. Madame von der
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Leyen fait partie de ce parti. Ce parti, pour le moment, il est dans l'opposition à Berlin, mais il
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est très probable qu'il arrivera au pouvoir en 2025, lors des élections allemandes. Donc on va
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avoir, si vous voulez, un dispositif avec peut-être plus de place pour les petits pays, plus de place
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pour l'Allemagne et une influence française qui risque de se réduire. Alors la grande question,
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c'est est-ce qu'il y a des positions un peu fondamentales qui risquent d'être menacées
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dans ce contexte-là ? Alors ce qu'il faut d'abord dire... Françaises, j'entends... Oui, les positions
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françaises. Alors ce qu'il faut d'abord dire, si vous voulez, c'est que dans l'Europe, tout n'est
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pas des positions d'un pays contre un autre pays. En réalité, on a une situation où on a
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beaucoup aussi de positions partisanes. Si vous regardez par exemple la priorité qui était le
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pacte vert, on voit bien aujourd'hui qu'elle est un petit peu remise en question. On ne remet pas
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en cause le pacte vert, mais on remet en question un petit peu l'importance de cette priorité. On a
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eu des grosses manifestations d'agriculteurs au début 2024 qui ont conduit à remettre en cause
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un certain nombre d'obligations environnementales pour les agriculteurs. On voit aussi sur les
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questions migratoires, par exemple, qu'il y a des clivages plutôt partisans que des clivages
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nationaux. On a évidemment une gauche qui est plutôt favorable à l'immigration à cause de la
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tradition humaniste de ces partis. On a une droite qui veut durcir la politique sur les
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questions migratoires. Et au milieu, on essaie de construire un consensus. Sauf que si on regarde,
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par exemple, le pacte migratoire européen qui a été voté en avril, seuls les députés du parti
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Macron Renaissance ont voté pour ce pacte. Les autres n'ont pas voulu le voter. Donc on voit
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bien qu'on a une difficulté pour la France de faire partie de ces compromis européens quand
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on les adopte. Alors ce qu'il faut dire aussi, c'est que la France, si vous voulez, elle est
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menacée aujourd'hui d'abord par sa situation budgétaire. Parce que la France est passée de
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60 à 110% d'endettement par rapport au PIB depuis l'avènement de la monnaie unique en 2002. Si
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vous regardez l'Allemagne, l'Allemagne a augmenté, mais l'Allemagne a su le faire baisser son
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endettement. Donc aujourd'hui, on est à 64% environ. La France est sous le coup d'une procédure de
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déficit excessif. La France a un endettement qui est aujourd'hui qui n'est plus dépassé que par
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la Grèce et par l'Italie. Donc il y a des choix difficiles qui vont devoir être pris, évidemment,
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par le gouvernement français pour respecter les règles du pacte de stabilité budgétaire qui ont
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été décidées. Alors ça ne veut pas dire que la France ne veut pas défendre ses positions, bien
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sûr. Si vous regardez par exemple le nucléaire, c'est un bon exemple en 2023 où la France avait
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réussi à créer une coalition pour le nucléaire face à une coalition des antinucléaires qui
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étaient emmenés par l'Allemagne. Et on a réussi à faire reconnaître le rôle du nucléaire comme
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énergie, peut-être pas renouvelable, mais en tout cas une énergie qui est importante pour lutter
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contre le changement climatique et c'est un succès. Évidemment, on voit toute cette tension comme
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toujours, d'ailleurs dans les affaires diplomatiques, comme toujours. Mais on voit effectivement une
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forme de fragilisation. Je vous avais reçu sur ce plateau pour évoquer la question de l'autonomie
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stratégique. L'autonomie stratégique européenne, c'était vraiment au cœur du discours d'Emmanuel
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Macron aussi. Est-ce que cet agenda-là risque d'être perturbé ? Alors c'est un agenda
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qui a fait beaucoup de progrès depuis 2017. Macron, évidemment, a thématisé la souveraineté européenne
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par son grand discours de la Sorbonne, mais derrière la souveraineté européenne, vous avez
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aussi toutes ces mesures concrètes sur l'autonomie stratégique qui ont été aussi aidées par le
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contexte, ce qui se passe avec la Chine, ce qui se passe avec la guerre en Ukraine,
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ce qui s'est passé avec le Covid. Donc sur beaucoup de sujets, cette idée que l'Europe doit être moins
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dépendante, doit renforcer son indépendance stratégique, renforcer sa puissance économique,
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industrielle, sa souveraineté, on dit aussi, est importante. Là où il y a aussi des avancées,
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c'est qu'on a clarifié le propos et l'objectif. Quand on parle de souveraineté européenne,
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on ne dit pas qu'on va faire un État souverain, fédéral, centralisé, européen. L'idée, c'est
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plutôt de développer des politiques qui augmentent l'autonomie européenne, qui réduisent ses
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dépendances et ses vulnérabilités, qui permettent par exemple de faire de la politique industrielle.
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On a énormément développé les aides nationales, européennes, pour la santé, pour les
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semi-conducteurs, pour les batteries. On essaie de faire des choses aussi sur le numérique. On essaie
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d'être moins dépendant sur les matières premières et les métaux critiques. Toutes ces politiques-là,
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elles ont beaucoup avancé. On voit aussi sur la défense qu'on coopère davantage, par exemple pour
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aider l'Ukraine, dans la coopération industrielle sur les projets de défense, même si on est encore
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très loin d'une politique de défense totalement autonome par rapport à l'OTAN ou aux États-Unis.
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Donc la France, elle a joué un rôle important dans ce mouvement. Ses idées ont progressé,
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y compris dans le domaine, par exemple, de la réciprocité commerciale, dans la politique
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commerciale. Et ce qui est important, évidemment, c'est que l'affaiblissement interne que nous
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connaissons ne se traduise pas par un affaiblissement des positions françaises et même,
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éventuellement, par une espèce de cercle vicieux où, au fond, la France serait un peu marginalisée
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dans les décisions. Elle se verrait imposer des décisions et ça renforcerait une forme de rejet,
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une forme de défiance des citoyens français par rapport à l'Union européenne, alors qu'on voit
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dans les sondages que les Français sont parmi les plus défiants par rapport à l'Union européenne.
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Et là, il y a une très grande responsabilité de nos dirigeants de rester engagés, d'être
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responsables, de faire preuve de leadership, de montrer qu'ils défendent les intérêts français,
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et de le montrer aux Français. Un risque préoccupant de décrochage,
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c'est le titre du papier que vous aviez publié, donc à suivre de manière vraiment,
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avec beaucoup d'attention, ce risque. Merci à vous Maxime Lefebvre. Merci.
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