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Passion boule à neige - La question qui par Marie Misset et Marine Baousson
France Inter
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25/06/2024
Avec Mireille sueur, collectionneuse de boules à neige.
Retrouvez "La question qui" sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/burne-out
Catégorie
😹
Amusant
Transcription
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00:00
C'est Passion Boules à Neige sur France Inter, introduite par un exemple d'utilisation ingongrue de boules à neige.
00:10
Là, c'était l'hôpital. J'étais stagiaire en médecine égale et on nous demandait d'aller voir un type qui avait une drôle d'histoire dans ***.
00:18
Une boule, tu vois les boules à neige ? Alors tu fais tourner comme ça, là.
00:21
Il avait un petit peu anesthésié quand même parce que ça faisait fort mal et il était sur la table de radio, tu vois ?
00:26
Mais c'est des tables qui bougent. Tu peux les faire bouger. Il suffit de pousser le bouton, t'as la table qui bouge.
00:31
Et là, on s'amusait, nous. C'était pas gentil, enfin.
00:34
Comme si t'avais une boule avec de la neige dedans. En faisant bouger la table, tu voyais la neige à l'écran qui bougeait. On se marrait avec ça.
00:41
Merci beaucoup à notre réalisateur Gaëtan Colly pour ce choix de virgule d'illustration sonore. Merci.
00:46
Bonjour, Mireille Sieur.
00:49
Vous êtes ce qu'on appelle une chionosphérophile, c'est-à-dire que vous collectionnez...
00:54
Ouais, je l'ai dit bien.
00:56
Moi-même, j'avais peur et puis il s'est parti tout seul.
00:58
Vous collectionnez les boules à neige, vous en possédez plus de 3000 de ces petites sphères transparentes remplies de neige
01:04
qui recouvrent quand on les secoue la tour Eiffel ou la tête de Donald Trump, par exemple.
01:09
Comment est-ce que s'est née, Mireille, votre passion pour les boules à neige ?
01:12
La première fois que vous en avez vu une et que vous vous êtes dit « je les veux toutes ».
01:15
D'abord, je ne suis pas collectionneuse, je suis accumulatrice.
01:19
C'est quoi la différence ?
01:20
La différence à la collection, il me semble, c'est déterminé.
01:23
Vous avez un projet, vous commencez, vous choisissez un objet quelconque et puis vous accueillez.
01:29
Et moi, ça ne s'est jamais passé comme ça.
01:32
J'étais galériste et je rendais des visites d'ateliers, des artistes.
01:37
Je suis allée chez Robert Malaval qui était un artiste qui a disparu maintenant.
01:44
Et il était en train de peindre une pochette pour les Rolling Stones.
01:49
C'était un artiste un peu baroque.
01:52
Il utilisait des paillettes pour la pochette.
01:55
Et pour s'inspirer, il avait une petite boule neigeuse, très banale, très basique.
02:00
La boule à neige de base.
02:02
Complètement.
02:03
Mais la différence avec la boule à neige habituelle, ce n'était pas la neige, c'était des paillettes à l'intérieur.
02:08
Et ça, c'est assez fréquent.
02:09
On peut avoir d'autres matières que la neige.
02:12
Moi, c'était en 1975.
02:15
Donc, jamais je n'avais remarqué les boules à neige.
02:18
Elles étaient passées inaperçues dans votre vie avant ça.
02:20
J'en avais sûrement eu sur la cheminée de ma concierge ou quelque chose comme ça.
02:24
Mais aucun intérêt particulier.
02:26
Et là, j'ai un peu flashé sur cette boule.
02:30
Il me l'a offerte.
02:32
Je l'ai mise chez moi sans être complètement enthousiasmée.
02:36
Mes amis sont venus.
02:38
Ils se sont dit, tiens, elle collectionne peut-être les boules à neige.
02:42
C'est comme ça que ça s'est arrivé ?
02:44
On vous en a offert en fait ?
02:46
Je me suis complètement piégée dans cette collection.
02:48
Dans cette accumulation ?
02:50
Complètement.
02:51
Ça a duré depuis 1975.
02:54
Mais aujourd'hui, du coup, vous les avez...
02:57
Je suis tombée en amour.
02:58
Ah oui, d'accord.
02:59
Ce n'est pas que malgré vous.
03:01
Et puis, comme je connais, je rencontre beaucoup de monde.
03:04
Je me suis trouvée professionnellement en contact avec des centaines, même des milliers de gens.
03:10
Tout le monde s'en est mêlé.
03:12
Les gens s'en sont mêlés.
03:13
Des inconnus.
03:14
Parce que je travaillais à l'époque au centre Pompidou.
03:16
Alors, les copains, tout le monde, beaucoup de voyageurs autour de moi.
03:19
Et même des inconnus.
03:21
Ou dans ma rue.
03:22
Les concierges de ma rue savaient toutes que je collectionne.
03:24
J'ai eu plusieurs interviews.
03:26
On me tombe dessus quand on a un sujet bouche-trou.
03:29
Alors là, c'est pas ça.
03:31
Non, nous c'est pas ça.
03:32
Nous, c'est la faute de Mohamed El Khatib.
03:34
Pour vous dire, ça fait hyper longtemps qu'on espère que vous allez beaucoup voir.
03:37
Régulièrement, vous avez sur...
03:40
Je crois que toutes les télés françaises sont venues chez moi.
03:42
Y compris Arte.
03:43
Conséquence.
03:44
Et à 2h du matin, vous trouvez...
03:48
Vous tombez sur Mireille.
03:49
Une rediffusion.
03:50
Avec Mireille Kiddy-Boule à neige en allemand.
03:52
Voilà.
03:53
D'où les 3000...
03:54
Oui, ça vous est tombé dessus sans vraiment que vous décidiez.
03:58
Mohamed El Khatib, vous connaissez Mireille.
04:00
Donc elle fait partie des accumulatrices.
04:02
Des collectionneurs dont vous avez collecté les mots, vous, pour votre pièce avec Patrick Boucheron.
04:06
Pourquoi la boule à neige ?
04:08
Ça aurait pu être un autre objet.
04:10
Ça aurait pu être le sapin dans la voiture.
04:12
Ça aurait pu être autre chose.
04:14
Mais la force de la boule à neige, c'est qu'elle a une valeur affective extraordinaire.
04:19
C'est-à-dire que c'est un objet un peu désuet, kitsch, un peu ringard, a priori sans valeur.
04:23
Mais dès que vous commencez à vous intéresser à l'histoire de la boule à neige,
04:26
aux raisons qui font qu'elle émerge dans une famille ou sur une cheminée, etc.
04:31
Derrière, vous avez des récits de famille, des souvenirs intimes, nostalgiques.
04:34
Et c'est une formidable machine à histoire.
04:36
Et ça permet aussi d'interroger le goût.
04:39
Qu'est-ce que le bon goût ? Qu'est-ce que le mauvais goût ?
04:42
Et cette notion relative.
04:43
Et d'un coup, ce petit travail de déconstruction fait que cet objet attachant
04:47
permet de revisiter toute une histoire populaire de l'art.
04:50
Une sociologie aussi.
04:51
Mireille, vous avez dit dans une de vos nombreuses interviews
04:53
que vos parents auraient trouvé ça un peu kitsch, la boule de neige.
04:56
À l'époque, oui.
04:57
Cela dit, kitsch n'est pas un gros mot pour moi du tout.
04:59
Mais c'est vrai qu'à l'époque, c'était pas du meilleur goût, la boule à neige.
05:03
Et là, maintenant, c'est devenu même un peu sophistiqué.
05:05
Il y a vraiment des boules à neige qui sont des objets d'art.
05:08
C'est une fortune, d'ailleurs.
05:09
Elle est organisée comment, votre collection, Mireille Sueur ?
05:11
Est-ce qu'il y a des grandes familles thématiques de boules à neige ?
05:14
Non, parce que je trouve ça nul.
05:17
Mon idée est nulle.
05:19
Non, la totale liberté.
05:21
Je ne suis pas dans la dimension collectionneur de timbres
05:23
qui est là avec ses petites vêtements.
05:25
Non, c'est la liberté.
05:26
Bon, le format compte aussi beaucoup.
05:28
Parce qu'il y en a de très très grandes et de toutes petites.
05:31
Et j'ai, à contre-cœur, mais il fallait faire des choix,
05:35
j'ai viré une bonne partie de ma bibliothèque.
05:38
Vos livres ?
05:39
J'avais des étagères à livres très basiques.
05:41
Et j'avais la chance d'avoir un mari très complaisant, très complice,
05:44
qui acceptait les évolutions de l'appartement.
05:47
Donc, ce sont des étagères à livres, 100 livres, avec des boules.
05:52
Si je pouvais, j'en mettrais au plafond, j'en mettrais…
05:55
Ah, ça y est, oui.
05:56
Vous avez lâché la bride.
05:58
Pas que, parce que l'accumulation, ça déborde.
06:02
C'est une maladie qui concerne des tas d'objets.
06:06
Mais la boule étant quand même l'essentiel…
06:09
Alors, c'est quoi une belle boule à neige pour vous ?
06:12
Comment vous choisissez ?
06:14
Je ne choisis pas.
06:16
C'est la boule qui vous choisit ?
06:17
Quasiment.
06:18
C'est la rencontre.
06:19
Et puis, il y a des périodes très risquées financièrement.
06:24
Parce que maintenant, ça s'est un petit peu calmé cette année.
06:28
Mais il y a des périodes où vous trouvez vraiment de nouvelles boules inattendues.
06:35
Et c'est quoi une boule inattendue pour vous ?
06:37
Parce que moi, ça floue.
06:39
C'est par exemple un écureuil.
06:41
Les plus moches, mais les plus intéressantes pour moi, sont les boules fabriquées en Chine.
06:45
Elles sont, comme la plupart des produits chinois, manufacturées, LED, mais très rigolotes.
06:52
Parce que par exemple, j'ai un écureuil qui est immense devant un sapin qui est plus petit que lui.
06:57
Alors ça, c'est bien plus rigolo qu'une jolie tour Eiffel.
07:00
Dans la pièce de Mohamed El Khatib, il vous mentionnait quand même le niveau de suspension des flocons de neige dans l'air.
07:06
Plus ça retombe lentement quand on se coupe, plus c'est de qualité, plus c'est haut de gamme.
07:11
Et la qualité, c'est plutôt en Allemagne.
07:14
Et un petit peu aussi aux Etats-Unis.
07:18
Mais ce sont les Allemands, les Autrichiens, les grands, grands...
07:21
Il y a un fabricant français, M. Bruot, on ne va pas l'oublier, qui fait des belles boules.
07:27
D'ailleurs, je crois que toutes les nouvelles boules qui sortent en ce moment viennent de chez lui.
07:32
Je vois que vous enthousiasmez Mohamed El Khatib.
07:36
Qu'est-ce qui vous touche particulièrement dans ce rapport de Mireille ?
07:40
Ça m'amuse qu'on parle aussi sérieusement d'un sujet aussi ridicule.
07:44
Mais en même temps, je suis très touché et admiratif de Mireille.
07:47
Parce que c'est aussi qu'elle est émancipée de toute forme de culture légitime.
07:51
Et que je lui reconnais une liberté totale.
07:53
Et qu'elle remet en question même nos structures de génuflexion devant l'art.
07:57
Devant des pratiques artistiques.
07:59
Et elle vient interroger ce qui fait la valeur d'une oeuvre à travers un objet un peu désuet.
08:04
Et derrière, il y a une vraie géopolitique.
08:06
Là, on en parle en rigolant, mais il y a eu un procès à Nuremberg.
08:10
Pas le même.
08:12
Pas l'autre procès de Nuremberg.
08:14
Pour savoir si l'inventeur était Autrichien ou Allemand.
08:17
C'est aussi un sujet de géopolitique.
08:19
Un sujet économique.
08:20
Et puis surtout un sujet affectif d'affection.
08:22
Et qui fait que c'est sans doute un mantra pour l'art.
08:24
C'est-à-dire de ne pas se prendre trop au sérieux.
08:27
Et que l'art, là, se mêle aux histoires de vie intimes.
08:29
Et c'est ça qui fait tout le sel de cette oeuvre.
08:31
Mireille, vous nous en avez apporté une de boules à neige.
08:33
Vous pouvez nous la décrire, on n'a plus beaucoup de temps.
08:35
Il y a deux boules à neige.
08:36
Ah, il y a deux.
08:37
Celle-ci, c'est exceptionnel.
08:39
Parce que si vous me posiez, il y a un an à peu près.
08:41
Si vous m'aviez posé la question, quelle est votre boule préférée.
08:45
Bon, j'aurais ricané en disant c'est une question idiote.
08:48
Désolée, je vais vous faire une réponse idiote.
08:50
On ne peut pas avoir trois mille boules.
08:52
On ne peut pas en avoir une préférée.
08:53
Mais maintenant, si, je peux répondre.
08:55
C'est que j'ai cette boule-là.
08:57
Qui est...
08:59
Il y a des perfumes.
09:00
C'est vous ?
09:01
Parait-il.
09:02
Non, c'est parce que j'ai...
09:04
Tournez-la de tous les sens pour que la caméra vous voie.
09:07
Je ne sais plus.
09:08
Je ne sais pas.
09:09
Elles sont partout.
09:10
Mais il faut qu'on tourne, ça arrivera au bon endroit.
09:12
C'est une personne dont je n'ai jamais eu les cheveux roses.
09:14
Mais je suis très rose dans ma vie, dans mon appartement.
09:17
Et très panthère.
09:18
J'ai des coussins.
09:19
Donc là, ce sont des petits éléments.
09:21
Ceci ne signifie pas que je sois homosexuelle.
09:27
Mais c'est parce que j'ai ouvert mon appartement.
09:29
Parce que c'est un coeur avec des drapeaux.
09:31
Non, non, non.
09:32
C'est beaucoup plus intime que ça.
09:33
Beaucoup plus proche.
09:34
C'est un couple de jeunes amis qui se sont mariés chez moi.
09:39
On a fait une fête très charmante.
09:42
Et aussi, il faut que je vous fasse entendre.
09:46
Ah, elle a fait de la viande.
09:47
Écoutez.
09:49
Ah, la viande rose.
09:50
Voilà.
09:51
Tout ça, ce sont des symboles de votre joie et de mon amitié avec ces deux jeunes femmes,
09:57
Stéphanie et Juliette.
09:58
Et elles m'ont fabriquée sur mesure.
10:01
On peut trouver sur Internet.
10:03
J'ignorais de quoi faire une boulanèche.
10:07
Celle-là, c'est forcément ma préférée pour la vie.
10:10
Merci beaucoup.
10:11
Merci beaucoup.
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