- 27/03/2024
David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l'Association des maires de France, réagit à l'annonce du déficit de la France, à 5,5% du PIB en 2023, loin des 4,9% attendus.
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00:00 8h23. France Inter. Léa Salamé, Nicolas Demorand, le 7-10.
00:07 Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le président de l'AMF, l'association des maires de France,
00:13 maire LR de Cannes. Il publie avec Christophe Tardieu les « Leçons de Pompidou » aux éditions de l'Observatoire.
00:20 Vous pourrez dialoguer avec lui au 01 45 24 7000 et sur l'application Radio France.
00:27 David Lissnar, bonjour. - Bonjour. - Et bienvenue à ce micro. Beaucoup de sujets d'actualité à aborder avec vous,
00:33 notamment le dérapage des finances publiques, la menace terroriste. Mais d'abord, parlons de Pompidou.
00:39 Vous consacrez donc avec Christophe Tardieu un livre à l'ancien président, alors qu'est célébré dans quelques jours le cinquantenaire de sa disparition.
00:48 Vous aviez cinq ans, David Lissnar, quand Pompidou est mort. Alors pourquoi avoir eu envie de lui consacrer un livre ?
00:54 Est-ce que vous cédez à la tendance du moment, le « c'était mieux avant », la France sepia, la nostalgie ?
01:00 Ou est-ce que vous pensez vraiment que Pompidou peut donner des leçons utiles à la France de 2024 ?
01:06 - La réponse est dans votre deuxième affirmation. Évidemment, avec Christophe Tardieu, nous avons voulu montrer que ce président,
01:14 qui est peut-être le moins connu à notre époque de la Ve République, qui ne cherchait pas la postérité, d'ailleurs il le revendiquait,
01:21 par sa constance, la constance de ses principes et le pragmatisme qu'il déployait au pouvoir,
01:28 a d'abord comme Premier ministre, puis Président de la République, contribué à ce que la France, à l'époque, fasse mieux que le reste du monde.
01:36 Il n'y a pas eu tant d'époque où nous avons fait mieux que le reste du monde. Et qu'il y a dans cette façon qu'il avait de gouverner,
01:43 dans les paradoxes vertueux qui étaient en lui, un homme enraciné, du Cantal, mais le meilleur de la République.
01:50 C'est-à-dire qu'il devient major d'agrégation de lettres, normalien, ce littéraire qui sera le meilleur économiste au pouvoir,
01:58 ce terrien qui fera la France industrielle, a des choses à nous dire aujourd'hui.
02:03 Puis avec Christophe, nous avions écrit Tardieu sur la culture, c'est aussi une caractéristique de Pompidou que d'avoir été un grand homme de culture,
02:10 ça a été le dénominateur commun.
02:13 - Oui, et effectivement, son anthologie de la poésie française reste une référence aujourd'hui.
02:18 Et il terminait ses conférences de presse en lisant des poèmes aux journalistes.
02:22 On en est bien loin, Georges Pompidou est le président de la 5ème République.
02:24 - Il ne les lisait pas, il les connaissait tous par cœur. C'était pas du théâtre, Pompidou.
02:28 - Vous avez raison. Georges Pompidou est le président de la 5ème République, le moins connu des Français, écrivez-vous.
02:33 Il est peut-être aussi, à vous lire, le moins bien compris.
02:36 Vous dites "tout le monde le croit conservateur", alors qu'il était très moderne.
02:39 - Oui, alors le mot "moderne", c'est un peu une commodité, parce qu'il n'y a rien de moins moderne que le mot "moderne".
02:44 Mais c'était quelqu'un qui était dans son époque. Il était contemporain de son époque.
02:49 Et comme De Gaulle, il incarnait la constance de la France, mais il n'a jamais nié les réalités de son époque.
02:58 Alors il ne s'agit pas d'être nostalgique, puisqu'aujourd'hui on a une autre époque, une autre sociologie, une autre démographie, une autre problématique, évidemment.
03:04 Mais je crois que c'est quand même une leçon, et y compris une leçon politique.
03:08 Moi je suis engagé en politique, que de dire que l'on ne peut pas être dans la responsabilité si on ne regarde pas son époque en face.
03:17 On ne reviendra pas aux Trente Glorieuses d'aujourd'hui.
03:19 Ce serait peut-être une des leçons paradoxales de Pompidou.
03:21 - Oui, c'est-à-dire que c'est ça l'écueil aussi, la contradiction de ce livre-là.
03:26 C'est-à-dire que c'est vrai qu'on relie une France qui était conquérante, une France qui était prospère.
03:31 Mais la comparer en disant "les leçons de Pompidou à aujourd'hui",
03:35 aujourd'hui l'Europe, la France, n'ont plus rien à voir avec le début des années 70.
03:38 La guerre est revenue sur notre continent, la Chine s'est réveillée, la Russie devient agressive.
03:44 C'est-à-dire qu'on n'est plus à l'heure des chocs pétroliers, on est à l'heure d'Internet et d'intelligence artificielle.
03:49 Et la question est de savoir, Pompidou aujourd'hui, en 2024, il serait dépassé par les événements ?
03:54 - Non, on ne peut pas dire... C'est comme si vous disiez Philippe Auguste ou Napoléon ou Richelieu seraient dépassés.
04:01 Il faut évidemment analyser les grandes personnalités du passé pour comprendre le présent.
04:06 Une civilisation qui ne fait plus ça n'est plus une civilisation. Donc il n'y a pas du tout de contradiction.
04:11 Le deuxième élément, c'est que Pompidou, et ça n'a pas été forcément vu,
04:15 mais c'est manifeste lorsque l'on lit son discours de Saint-Flour, son discours de Chicago, son discours de Toulouse,
04:22 avait une interrogation sur la civilisation.
04:25 Il avait lu Marcuse, qu'il contestait, il connaissait tous les auteurs de son époque.
04:32 On cite dans le livre la lettre générale X de Saint-Exe pendant la guerre.
04:36 Mais je crois qu'avant tout le monde, il a compris ce que nous vivons aujourd'hui, c'est-à-dire,
04:41 sans être pompeux, mais la post-modernité. Et dans ce que vous évoquez, ne serait-ce qu'en géopolitique,
04:48 il avait su engager une diplomatie de puissance. Et on ne peut pas avoir une diplomatie efficace
04:55 si l'on n'a pas derrière de la puissance économique et des armes.
04:58 C'est la fameuse phrase de Bismarck que je viens de citer.
05:01 La diplomatie, c'est les armes, c'est la musique sans les instruments.
05:04 Et aujourd'hui, vous avez raison, il y a des empires qui se reconstituent, qui sont expansionnistes, agressifs.
05:10 L'empire russe, l'empire ottoman, d'ailleurs dans une mesure, l'empire turc, l'empire iranien,
05:15 il ne s'agresse que des grandes civilisations, l'empire chinois.
05:18 Et une des leçons que nous devons tirer de la présidence Pompidou et de son expérience auprès du général de Gaulle,
05:24 c'est que l'on ne peut pas être libre si l'on n'est pas puissant, si l'on n'a pas des armes, si l'on n'a pas de l'industrie.
05:30 - David Lysnard, vous citez une incroyable interview de Pompidou à Paris Match.
05:35 Il vient d'être élu président de la République et il dit la chose suivante.
05:40 « Un peuple heureux n'ayant pas d'histoire, je souhaiterais que les historiens n'aient pas trop de choses à dire sur mon mandat.
05:47 Pas de guerre, pas de révolution notamment.
05:49 Je souhaite en revanche qu'on lise dans les manuels d'histoire que la France a connu une période d'expansion,
05:55 de modernisation, d'élévation du niveau de vie, que grâce au progrès économique et social,
06:00 elle a connu la paix intérieure, que l'étranger l'a respectée parce qu'il voyait en elle un pays transformé.
06:07 Que son nom soit mentionné ou ne le soit pas n'est pas très important.
06:11 Ce qui compte c'est que mon mandat soit pour la France une période de sécurité et de rénovation, de bonheur et de dignité. »
06:19 - J'ai envie de voter pour vous quand je vous écoute.
06:21 - C'est du Pompidou dans le texte.
06:23 - C'était pas dit, c'était pas gagné.
06:24 - Il vient d'être élu tout de même.
06:26 Ces mots-là, vous regrettez de ne plus les entendre aujourd'hui ?
06:29 « Sécurité, rénovation, bonheur, dignité ». C'est dit très simplement.
06:34 Il y a beaucoup de choses à dire.
06:37 D'abord ces termes, on les reprend dans le livre après la citation.
06:40 Et effectivement, chez Pompidou, ce qui est aussi remarquable, c'est qu'il n'y a jamais de jargon.
06:46 C'est jamais pompeux.
06:47 C'est toujours d'une grande précision sémantique.
06:49 Et c'est ce qui a créé ce lien de confiance avec les habitants.
06:52 C'est-à-dire qu'il ne faisait pas des successions de séquences de com', suivez mon regard.
06:57 Il était dans une constance parce que les résultats sont là.
07:01 La France faisait mieux que tous les pays du monde, sauf le Japon qui était la grande puissance dominante et montante en tout cas de l'époque.
07:07 Sur tous les domaines, il avait une vision.
07:09 Autant de Gaulle, c'était la grandeur de la France, Pompidou aussi, mais c'est aussi l'élévation individuelle.
07:13 Par la culture, par l'universalisme républicain qui est tant attaqué malheureusement aujourd'hui.
07:18 Et effectivement, cette humilité, mais aussi ce grand orgueil.
07:22 Parce que dans cette phrase, il y a aussi une grande forme d'orgueil de dire « je ne cherche pas à ce que mon nom reste », etc.
07:27 - Je ne peux pas le croire !
07:28 - Il faut aussi le comprendre dans le contexte, c'est-à-dire qu'il vient après le général de Gaulle.
07:33 Et c'est aussi une des marques du talent, du génie peut-être de Pompidou, c'est d'avoir su imprimer sa marque,
07:41 lui qui était le bras droit du général de Gaulle, en étant dans la continuité, mais totalement différent.
07:47 C'était une attitude extrêmement digne au pouvoir, y compris dans la maladie.
07:51 Et puis, quand vous relisez tous les extraits, c'est pour ça qu'il faut acheter ce magnifique livre, j'ai la moitié des droits.
07:57 Mais ce qui est frappant, c'est aussi la franchise du propos.
08:01 Il n'y a jamais d'arrogance.
08:03 On pourrait en parler pendant des heures, mais c'était très respectueux des citoyens et des habitants.
08:08 - Après la poésie, la prose !
08:10 - Voilà, après la poésie, la prose ! Pas mieux en transition.
08:13 On en vient maintenant à des questions bien plus prosaïques, David Lyssenaar, et actuelles.
08:17 L'état de nos finances publiques.
08:19 D'abord, l'INSEE a révélé hier que le déficit public de la France a dérapé.
08:22 L'an dernier, il est de 5,5% en 2023, soit 0,6% de plus que ce qu'avait prévu le gouvernement.
08:27 Bruno Le Maire a fait valoir le contexte.
08:29 L'Ukraine, la crise énergétique et des recettes moins fortes que prévues.
08:32 Nous avons fait le choix de protéger les Français.
08:35 A-t-il répété toute la journée hier ?
08:37 Et il maintient l'objectif des 3% en 2027.
08:40 Ces explications sont-elles audibles pour vous ?
08:43 - En tout cas, elles ne sont pas crédibles.
08:45 C'est une évidence.
08:47 Je rappelle au passage que, à son époque, la France faisait un excédent budgétaire.
08:53 Je ferme la parenthèse.
08:55 Ce qu'on a eu hier, c'est une énième séquence.
08:59 Tout le monde savait, tout le monde disait que les objectifs qui n'étaient déjà pas très glorieux de finances publiques en 2023 ne seraient pas tenus.
09:09 Il ne s'agit pas d'une lucidité rétrospective de ma part.
09:12 Vous reprenez ce que nous étions à certains nombres à dire.
09:16 Soit de politique, soit d'économiste.
09:19 La crise énergétique, c'est fin 2021.
09:23 Et ensuite 2022, pas 2023.
09:26 Surtout, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on fait moins bien que les autres.
09:29 On ne peut pas invoquer le contexte international en nommétant de dire que la France, aujourd'hui,
09:35 contrairement à ce que vous nous racontez il y a encore 3 mois,
09:38 à l'époque, on nous disait qu'on allait faire des chèques avec l'argent des contribuables pour la reprise des vêtements,
09:43 pour retoucher les vêtements et réparer les chaussures.
09:46 Dans cet état d'infantilisation, même le terme "protecteur".
09:50 Je ne veux pas que l'État s'occupe du régalien.
09:53 Et ensuite, je veux faire ma vie en liberté et en responsabilité.
09:56 Ça aussi, c'est un enseignement de Pompidou.
09:57 Mais quand vous entendez Bruno Le Maire dire qu'il faut en finir avec l'État-providence,
10:00 qu'il faut aller vers un État protecteur,
10:03 qu'est-ce que vous dites vous qui vantez les mérites de Pompidou, le libéral ?
10:08 Je vais vous dire qu'il faut en finir avec l'État-providence et aller vers un État protecteur,
10:13 c'est se moquer du monde puisque c'est la même chose.
10:15 Et qu'aujourd'hui, on est à mes yeux, à la fin d'un système qui surconsomme des contributions,
10:22 de l'argent des contribuables, qui sous-dote les services publics.
10:26 On a ce paradoxe inouï, le record du monde de la dépense publique par rapport à la richesse produite.
10:30 Et moi, je le vois dans ma commune, je le vois dans toutes les communes de France où je vais,
10:34 et je vois de moins en moins de services de l'État réels, effectifs, tout simplement,
10:39 parce qu'il y a bien longtemps qu'on ne raisonne plus en performances publiques de façon très pragmatique.
10:44 David Lissnard, la question c'est maintenant où aller chercher les milliards qui manquent ?
10:48 Bruno Le Maire ou hier Pierre Moscovici, à ce micro, disait qu'il y avait des économies à faire,
10:53 notamment dans le fonctionnement des collectivités locales.
10:57 Alors qu'en dit le président de l'AMF ? Est-ce qu'il y a du gras dans les dépenses des collectivités locales ?
11:02 C'est une approche hyper populiste, c'est du techno-populisme.
11:05 Il y a bien sûr des collectivités locales mal gérées, comme il y a des entreprises mal gérées, des PME mal gérées.
11:11 Mais ce n'est pas pour ça qu'il faut mettre les collectivités sous dépendance de l'État, qu'il faut ajouter des prélèvements de l'État.
11:16 Depuis 2010, sur le bloc communal, commune à intercommunalité, l'État a prélevé 71 milliards d'euros sur la DGF, la non-indexation, etc.
11:26 Et plus l'État a prélevé, moins il a été performant sur ses comptes publics.
11:30 C'est essayer de créer un leurre, là où la réalité du problème de la dépense publique, elle est dans les comptes sociaux et dans les comptes de l'État.
11:38 C'est une hypocrisie absolue, parce que le total des dépenses publiques en France, y compris que les collectivités mal gérées,
11:45 y compris le millefeuille, région, département, etc., représente 12% du PIB.
11:49 La moyenne européenne des dépenses des collectivités territoriales, c'est 18%.
11:54 Donc, la réalité macro-économique...
11:56 Les collectivités locales, c'est 20% de la dépense publique de l'État.
11:59 Ça représente 12% du PIB.
12:01 C'est 20% du total de la dépense publique, là où la moyenne européenne est à 22.
12:07 Et c'est 12% du PIB, là où la moyenne européenne est à 18% du PIB.
12:12 Ce que je veux vous dire, c'est que...
12:14 En plus, c'est pas nous qui avons demandé à ce que l'effort fiscal ne repose que sur les propriétaires.
12:20 L'exécutif, le président de la République a annoncé la suppression, c'est la nationalisation de la taxe d'habitation.
12:26 Qu'est-ce que l'on constate parallèlement ? Qu'il n'y a jamais autant eu de prélèvement obligatoire,
12:29 46% de la richesse, donc impôts et charges, et que l'État s'est engagé à compenser à l'europrès.
12:35 À vos micros, ils nous racontaient ça il y a quelques mois, on ne les croyait pas trop,
12:38 mais enfin, ils le disaient avec beaucoup d'aplomb.
12:40 23 milliards par an.
12:42 Vous ajoutez à cela la CVAE, qui a été nationalisée l'année dernière,
12:45 l'État s'engage à compenser l'équivalent.
12:47 - Vous dites, au lieu d'aller viser les collectivités locales, "donnez-nous de l'argent, nous, on a du mal à reculer nos budgets".
12:53 - Non, je ne dis pas ça.
12:54 Je dis, laissez-nous en responsabilité et en liberté,
12:57 laissez-nous diriger nos collectivités territoriales,
13:00 laissez-nous rendre des comptes à nos habitants,
13:03 et que l'État cesse de t'utiliser, de sur-administrer, parce que c'est l'échec.
13:08 C'est un système qui s'auto-alimente,
13:10 alors c'est contre-intuitif, ce que je dis certainement pour beaucoup de vos auditeurs,
13:13 mais plus l'État centralise, plus l'État récupère, plus il prélève chez les autres,
13:18 moins il fait ce qu'il doit faire chez lui,
13:20 c'est-à-dire redonner confiance aux fonctionnaires,
13:22 mieux les rémunérer, retrouver la performance.
13:24 On dépense plus qu'ailleurs, on prélève plus qu'ailleurs,
13:27 on a des fonctionnaires moins bien payés qu'ailleurs et moins sur le terrain.
13:29 Il est temps de cesser ces 40 ans de social-étatisme qui nous amènent dans le mur,
13:34 c'est ma conviction.
13:35 - D'accord, mais où vous trouvez aujourd'hui les milliards ?
13:36 Si vous étiez au pouvoir aujourd'hui, où vous trouvez,
13:38 et que vous avez un déficit qui dérape, manifestement à 5,5,
13:42 où vous trouvez les milliards ?
13:43 Un de vos prédécesseurs, candidat à l'élection présidentielle de 2017,
13:47 qui s'appelle François Fillon, voulait supprimer 500 000 postes de fonctionnaires.
13:52 Est-ce que vous pourriez dire ça ce matin au micro ?
13:54 Il faut supprimer 500 000 ou 300 000 postes de fonctionnaires ?
13:58 - Ce qu'il faut, c'est transférer les 8...
14:00 Aujourd'hui, dans les fonctions publiques en France, hospitalières, etc.,
14:03 vous avez entre 33 et 35 % de postes uniquement administratifs.
14:07 Tout ce qu'on entend sur ce que disent les agriculteurs,
14:10 ce que disent les maires, ce que dit le Premier ministre,
14:11 sur la sur-bureaucratie, c'est par rapport à la moyenne européenne,
14:15 9 points de plus de fonctionnaires sur des tâches administrantes.
14:18 La réalité, elle est là.
14:20 Le nœud gordien, il est là, pour citer Pompidou, qu'il faut trancher.
14:23 C'est-à-dire que s'il suffisait de rajouter de l'argent dans la fonction publique,
14:28 pour que les choses aillent bien, la France serait le pays qui va le mieux du monde,
14:31 puisque c'est nous qui dépensons le plus.
14:33 Donc, ce qu'il faut, c'est que la dépense publique soit efficace.
14:36 Et pour qu'elle soit efficace, il faut s'attaquer au cœur de l'État profond,
14:41 c'est-à-dire, très concrètement, c'est sûr que c'est moins sexy
14:45 que de faire des effets d'annonce, on supprime tant,
14:48 c'est de travailler, de manager bureau par bureau,
14:50 c'est de faire un spoil-système à la tête de l'État,
14:52 c'est de donner de la responsabilité individuelle à tous les directeurs de services,
14:56 c'est de pouvoir, ce que l'on arrive à faire dans une entreprise,
14:58 ce que j'ai fait dans les commerces, ce que l'on fait dans une collectivité,
15:00 à faire de la productivité, à essayer, par un dialogue social,
15:04 d'associer au résultat les agents.
15:06 Ça permet de le dire qu'il y a beaucoup d'entités qui arrivent,
15:08 d'autres pays y arrivent, il n'y a pas une fatalité française
15:11 à cette surdépense, ce surprélèvement et cette paupérisation
15:15 de la justice, de l'hôpital, de la police,
15:18 bref, de tous les services publics de base.
15:20 - Faut-il toucher à nouveau à l'assurance chômage, David Lyssenaar ?
15:23 Gabriel Attal ne l'exclut pas, il dit vouloir aller encore plus loin
15:27 dans la réforme de cette assurance chômage,
15:30 en réduisant le montant, la durée des indemnisations
15:33 qui passerait de 18 à 12 mois. Qu'en pensez-vous ?
15:36 - Je pense que c'est une mesure qui a fait ses preuves ailleurs,
15:39 à condition qu'on soit en prospérité.
15:41 C'est-à-dire que si nous ne sommes pas en prospérité,
15:44 c'est-à-dire en régime de création d'emplois,
15:47 ça apparaîtra... Derrière, il y a des réalités humaines,
15:50 il y a des gens qui vivent et qui ont besoin de vivre dignement.
15:54 - Avec un taux de chômage à 7%, on n'est pas au plein emploi,
15:57 mais le chômage a baissé.
15:59 - Le chômage malheureusement repart à la hausse.
16:02 - Donc pour vous, ce n'est pas le moment, là,
16:04 un chômage à 7% pour... - Non, c'est une mesure qui est pertinente
16:06 si parallèlement, de façon radicale,
16:09 on recrée les conditions d'une prospérité du pays
16:11 qui ne peut passer par un nouveau pacte fiscal
16:14 qui soit beaucoup plus performant et compétitif,
16:16 qui tienne compte des enjeux écologiques de l'époque.
16:19 C'est tout un projet de direction du pays
16:23 qui ne peut plus se contenter d'être rapiécé,
16:26 comme c'est le cas depuis une quarantaine d'années.
16:28 - On va passer au standard inter. Bonjour David !
16:31 - Bonjour.
16:32 - Vous nous appelez de Paris, on vous écoute.
16:34 - Bonjour, merci de prendre ma question, M. Dissenaar.
16:36 - Bonjour, monsieur.
16:37 - Dans le JDD, vous avez déclaré, il y a deux semaines,
16:40 que la politique du logement d'Emmanuel Macron
16:42 était catastrophique.
16:44 - Je vous confirme.
16:45 - Et qu'il fallait arrêter de soviétiser,
16:46 je reprends le terme "soviétiser" dans le JDD,
16:48 la politique du logement, en citant l'IFI qu'il avait maintenu,
16:53 la loi Résilience et Climat, et la zéro artificialisation des sols.
16:58 Je voulais savoir concrètement
16:59 quelles sont vos propositions pour le logement.
17:02 - Merci David, le président de l'Association des maires de France vous répond.
17:06 David Lissenaar.
17:07 - Je réponds à titre personnel d'ailleurs,
17:08 parce que ce n'est pas forcément la position de l'AMF,
17:10 mais je crois effectivement qu'il n'y a pas qu'une corrélation
17:13 entre la montée des réglementations et des contraintes sur le logement,
17:17 et la baisse de l'offre de logement,
17:19 et la difficulté de se loger pour les classes moyennes,
17:21 les classes populaires.
17:22 Je pense qu'il y a causalité.
17:24 Et qu'effectivement, le fait d'avoir surtaxé les propriétaires,
17:28 fait qu'on est passé de 500 000 logements neufs à 300 000.
17:32 On en fait moins que sous Pompidou,
17:33 alors qu'on est quand même beaucoup plus nombreux.
17:35 Et vous savez, pour avoir des locataires, il faut qu'il y ait des propriétaires.
17:38 Pour avoir des employés, il faut qu'il y ait des employeurs.
17:40 Donc il faut de la compétitivité.
17:42 - Vous voulez baisser les normes environnementales
17:45 pour mettre un logement sur le marché ?
17:47 Dites-nous concrètement, qu'est-ce que vous feriez ?
17:49 - Déjà, c'est que la fiscalité ne pénalise plus les propriétaires.
17:52 Aujourd'hui, elle ne repose sur la fiscalité locale que sur les propriétaires.
17:55 C'est tout à fait scandaleux.
17:56 Tous ceux d'ailleurs qui sont pétris d'égalité
17:58 devraient s'indigner et s'offusquer de cela.
18:00 Ce n'est pas le cas, malheureusement.
18:01 Deuxième élément, le DPE est une aberration.
18:05 Esther Duflo, prix Nobel d'économie,
18:07 a démontré sur une étude de 30 000 foyers dans le Michigan
18:10 que c'était extrêmement coûteux d'argent, privé et public,
18:13 pour très peu de résultats écologiques.
18:15 Si l'on veut, ce qui est mon cas,
18:16 nous attaquer à la part humaine du réchauffement climatique,
18:19 et comme on ne peut pas tout faire en même temps,
18:21 il faut mettre les moyens sur tout ce qui est source d'énergie
18:24 et non pas sur l'isolation thermique, qui est bien, mais en plus.
18:27 Donc, on aurait pu citer la loi SRU
18:29 qui organise avec le ZAN la rareté du foncier.
18:32 Plus le foncier est rare, plus il est cher.
18:33 Donc on renvoie tout le monde vers le mouvement social.
18:35 Vous voulez remettre en cause la loi SRU,
18:37 comme l'a dit d'ailleurs le Premier ministre, vous êtes d'accord avec lui ?
18:39 Je pense qu'elle n'est plus adaptée à un nombre de réalités.
18:41 Je vois une commune qui est normalement un département,
18:44 80% de son territoire est inondé régulièrement,
18:47 est inondable, c'est une ville qui a été construite au XXème siècle,
18:50 et le maire a une double punition
18:52 parce qu'il n'a pas le droit de construire
18:55 et on lui met des surpénalités.
18:57 C'est tout à fait et c'est profondément injuste.
18:59 C'est la liberté qui crée, ce n'est pas la contrainte.
19:02 Quelques questions régaliennes.
19:03 Oui, les opérations plasmatiques XXL se sont poursuivies cette semaine en France,
19:08 objectif du gouvernement tapé sur les réseaux de trafic en drogue,
19:12 sur les consommateurs aussi,
19:13 ces démonstrations de force ciblées,
19:15 sont-elles la bonne réponse au fléau du trafic ?
19:19 Elles seraient une réponse s'il y avait une politique globale
19:23 de tous azimuts contre ces trafics.
19:27 C'est-à-dire que parallèlement il faut s'attaquer au flux,
19:30 le flux de la cocaïne qui vient de l'Amérique latine.
19:33 J'étais l'année dernière avec l'AMF,
19:35 on a fait un déplacement Express en Guyane et aux Antilles,
19:39 et vous voyez les bateaux qui amènent la coque via les Antilles.
19:45 Il faut regarder les choses en face,
19:47 c'est le cas du Maroc, sur tout ce qui découle des produits du hachis etc.
19:52 Donc il faut s'attaquer à ces flux,
19:54 il faut aussi une politique pénale,
19:56 vous remarquerez on parlait de la dette,
19:57 en 7 ans, le bilan d'Emmanuel Macron c'est plus de 1000 milliards de dettes,
20:01 c'est plus de 63% de coûts et blessures d'agression sur la voie publique,
20:07 c'est plus de 5 millions d'immigrés sur le territoire national,
20:11 c'est-à-dire une mauvaise intégration, une mauvaise assimilation,
20:13 un pacte social qui est en train de se fissurer.
20:16 C'est pour ça que je pense que si on veut lutter contre l'extrémisme qui nous pend au nez,
20:21 il va falloir une radicalité à la racine des choses,
20:24 y compris contre le trafic de drogue,
20:26 il nous manque 20 000 places de prison,
20:27 on adapte, comme pour l'hôpital que j'évoquais tout à l'heure,
20:30 la doctrine pénale à la pénurie de moyens à la justice.
20:33 - Il en a construit 10 000.
20:34 - Non, pardon.
20:36 - Et même l'objectif c'était 12 000 d'ici la fin du quinquennat.
20:38 - Vous avez des vérifications, on vérifiera qui a raison entre vous et moi.
20:42 - Il y a une grande différence entre les annonces et la concrétisation.
20:46 - Il me semble, mais ça date de l'élection présidentielle,
20:49 il me semble qu'il en avait déjà construit 6 ou 7 000 et qu'ensuite il devait en...
20:53 - Je peux vous dire que lors de la dernière présidentielle...
20:55 - Qu'est-ce qu'avait dit Eric Dupond-Moretti ?
20:56 - Oui, je crois que...
20:57 - Qu'elles sont en voie de construction.
20:58 - Oui, elles sont peut-être en voie de conception intellectuelle.
21:01 Il y avait 2267 de mémoire places de prison
21:05 dont la construction avait été lancée au moment de la présidentielle de 2022.
21:09 - On a un autre distinct à l'actualité ce matin, c'est le proviseur de la Cité scolaire
21:12 Maurice Ravel à Paris, menacé de mort sur internet après une altercation avec une élève
21:15 fin février pour qu'elle enlève son voile, qui a décidé de quitter ses fonctions.
21:20 Il quitte ses fonctions pour des raisons de sécurité, a-t-il expliqué dans un message
21:24 adressé aux parents, aux élèves et aux enseignants.
21:27 Le rectorat n'a pas confirmé, invoquant lui un départ anticipé à la retraite.
21:30 En tout cas, ce qui est certain, c'est que le milieu enseignant est sous le choc
21:33 de cette démission du proviseur.
21:35 Qu'est-ce que vous en dites ce matin ?
21:37 - Je pense que le milieu enseignant a raison d'être sous le choc, c'est quand même
21:39 le monde à l'envers. J'ai eu dans un de mes lycées, d'ailleurs un lycée où j'étais
21:43 quand j'étais jeune, récemment, pareil, des menaces de mort, des croix gammées
21:46 et un enseignant a voulu quitter l'établissement, il a quitté l'établissement.
21:50 Vous savez, ces agressions, ces menaces sur les enseignants, c'est pareil que les agressions
21:55 sur les dépositaires d'autorité publique, les élus, etc.
21:59 C'est cette décivilisation, pour reprendre le terme de Norbert Elias, qui fait beaucoup de mal.
22:04 Aujourd'hui, il faut défendre la France, il faut défendre la République française,
22:07 c'est-à-dire l'universalisme. Il faut expliquer à nos jeunes que le meilleur outil
22:11 contre la discrimination et le racisme, c'est de ne pas regarder l'origine des gens, etc.
22:15 Et de faire en sorte qu'à l'école, on soit sanctuarisé, qu'on enlève un peu nos parts
22:21 d'identité individuelle pour être dans une identité commune.
22:24 Donc il faut soutenir nos enseignants face au fléau de l'islamisme,
22:27 puisqu'il s'agit bien de cela dans le cas que vous citez.
22:29 - Un mot sur les européennes. La liste de Jordane Bardella a récemment rallié
22:33 les séistes Malika Sorel, qui a siégé au Haut Conseil à l'intégration sous Nicolas Sarkozy.
22:40 Jordane Bardella qui a aussi rallié l'ancien directeur de Frontex, Fabrice Leggeri,
22:45 que la liste LR avait tenté en vain d'approcher.
22:48 Ces débauchages disent quoi de votre parti ?
22:51 Loin de s'élargir, il se rétrécit de plus en plus ?
22:55 - J'espère que ce ne sera pas le cas le jour du vote, parce que...
22:59 J'ai vraiment une liberté d'expression et une responsabilité aussi,
23:03 mais je trouve que François-Xavier Benhamy est vraiment un candidat extrêmement respectable,
23:07 compétent, qui apporte une voix vraiment pertinente,
23:12 et que pour l'instant les trois noms qui ont été annoncés sur la liste sont aussi un élargissement.
23:18 Donc franchement, Malika Sorel, moi je la connais,
23:22 j'ai échangé beaucoup avec elle sur son approche de l'intégration,
23:27 du respect des immigrés comme parti constituant de la France,
23:31 quand ils aiment la France, je trouve que son discours est intéressant, je ne veux pas dire le contraire.
23:35 Après, manifestement, elle est aussi cherchée une reconnaissance,
23:39 d'après ce que j'ai lu ce matin dans la presse.
23:41 Que vous dire de plus ? Moi je me concentre sur ce que l'on propose,
23:44 c'est-à-dire de raisonner en Europe puissance,
23:47 de faire en sorte qu'on retrouve une réalité politique dans l'Europe,
23:51 et moins technocratique, c'est ce que défend François-Xavier Benhamy,
23:54 et je voterai pour lui pour cela.
23:56 - Vous vous concentrez aussi sur 2027, David Lyssenhaer ?
23:58 - Oui, bien sûr.
24:00 - Vous êtes candidat ?
24:02 - Non, je me concentre sur 2027, oui bien sûr.
24:06 - Mais oui, parce que je suis engagé.
24:08 - Je ferai une erreur de ne pas vous la poser immédiatement.
24:10 - Mais parce que vous connaissez la réponse qui est la seule honnête,
24:13 c'est-à-dire qu'on est en 2024, qu'il y a des échéances avant...
24:17 - Et vous avez envie, en fait ?
24:19 - Non, ce que...
24:20 - Pour sortir de la langue de bois de "je suis en responsabilité",
24:23 vous en avez envie ? On dit que vous vous préparez.
24:25 - Je vous invite à relire "Le miroir des princes" de Michel Schneider,
24:28 d'ailleurs il faut relire Michel Schneider aussi, "Big Mother",
24:30 mais il ne faut pas tomber dans cette espèce de récit narcissique
24:33 qui flingue la politique.
24:34 Donc il faut un peu de narcissisme, mais pas trop.
24:36 En France, aujourd'hui, l'élection présidentielle est devenue l'élection pivot,
24:39 avec les élections législatives qui sont dans la foulée.
24:41 - Toujours été.
24:42 - Aujourd'hui, je pense que notre pays est en déclassement accéléré,
24:44 pourtant qu'on a tout pour porter une espérance écologique et économique.
24:47 Donc j'essaie à mon échelle de préparer un projet fort et alternatif.
24:51 Celle ou celui qui le portera, on le saura avant,
24:55 on verra qui est en mesure de le faire.
24:57 Pour moi, l'envie est précédée d'une capacité à faire.
25:00 J'essaie de mettre en capacité et j'y vais à fond avec ceux qui m'entourent
25:03 pour aborder cette échéance, parce que je crois qu'on a raison pour le pays, tout simplement.
25:07 - David Lysnard, merci.
25:10 Votre livre avec Christophe Tardieu, "Les leçons de Pompidou",
25:13 50 ans après un modèle publié.
25:15 - Il montre son livre à la caméra.
25:17 - Publié aux éditions de l'Officeur d'Alterneur Tour.
25:20 - Vous êtes pas en forme de...
25:21 - Vous savez, j'ai été commerçant jusqu'en 2016.
25:24 C'est un très bon livre qu'on a écrit Christophe.
25:27 - Voilà, merci beaucoup.
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