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Sylvie et Francis Godard, les parents de Christophe Gleizes, journaliste français détenu en Algérie, ainsi que Thibaut Bruttin, directeur général de Reporters sans frontières, étaient les invités du Grand Entretien de France Inter, mercredi 30 juillet. Cela fait un mois que le journaliste sportif est derrière les barreaux.
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00:00Nos invités ce matin sont donc des parents dont la vie a basculé il y a 14 mois.
00:04Leur fils, journaliste sportif pour le magazine SoFoot, est arrêté en Algérie.
00:09Soumis à un contrôle judiciaire strict, avec évidemment interdiction de quitter le pays,
00:14jusqu'à sa condamnation, notamment pour apologie du terrorisme.
00:18Condamnation extraordinairement lourde, 7 ans de prison ce matin.
00:22Cela fait exactement un mois que Christophe Gleize, 36 ans,
00:26dort derrière des barreaux à la prison de Tiziouzou.
00:28Sylvie et Francis Godard, bonjour.
00:32Bonjour.
00:32Vous êtes la mère et le beau-père de Christophe Gleize.
00:36Le directeur général de Reporters sans frontières est avec nous également.
00:39Thibaut Brutin, bonjour à vous.
00:41Bonjour.
00:42Je rappelle que le standard d'Inter, 0145 24 7000,
00:45et l'application de Radio France, comme d'habitude, sont ouverts pour nous appeler et nous écrire.
00:50D'abord, j'ai envie de vous demander tout simplement comment va votre fils et beau-fils.
00:54Est-ce que vous avez des nouvelles de son moral et de ses conditions de détention ?
00:59Oui, nous avons des nouvelles grâce à son avocat algérien,
01:04qui est venu lui rendre visite le 2 juillet, puis dernièrement le 20 juillet.
01:09Il nous appelle tout le temps quand il est devant la maison d'arrêt de Tiziouzou.
01:14L'avocat.
01:15L'avocat, oui.
01:16Et ensuite, il nous fait un compte rendu.
01:19Donc les dernières nouvelles sont satisfaisantes.
01:22Il a le moral, il se lève tôt, il lit Stendhal et Victor Hugo,
01:28parce qu'il a le droit d'emprunter 3 livres par semaine à la bibliothèque de la maison d'arrêt.
01:34Et je sais qu'il résiste.
01:37Et il est dans une cellule de 10 mètres carrés, c'est ça ?
01:39C'est ça.
01:39Avec un co-détenu ?
01:41Oui, tout à fait.
01:42Deux fois, deux heures de promenade par jour ?
01:44Exactement.
01:45Ce que j'ai lu, c'est ça ?
01:46Tout à fait.
01:46Il y a une douche et des toilettes dans la cellule.
01:51Et donc, il peut se promener deux fois par jour.
01:55Vous dites qu'il garde le moral.
01:56C'est ce que disent tous ses proches, tous ses amis, que Christophe Glaze, c'est un moral et un optimisme à toute épreuve.
02:04Tout à fait.
02:05C'est vraiment ça.
02:06Il est toujours bienveillant.
02:10Il résiste toujours.
02:12Donc nous, en tant que parents, on le suit dans ce combat.
02:16Et nous aussi, on essaye d'être à la hauteur de Christophe.
02:20De ce caractère qui essaye de tirer le positif de chaque situation, je dis avec le sourire, vous disiez qu'il se lève tôt et qu'il lit.
02:27Francis, je crois que vous êtes un peu surpris de ça.
02:31C'est plutôt pas un lève tôt d'habitude, Christophe Glaze.
02:34Oui, voilà.
02:35Savoir qu'on le réveille tous les matins, à 6 heures du matin, c'est un peu insolite quand on connaît Christophe.
02:40Parce que c'est un travailleur de la nuit.
02:43Donc il écrit la nuit, il dort le matin.
02:46Donc, ma foi, c'est un autre mode de vie.
02:48Et donc, je trouve que tout ça serait plein d'ironie si c'était aussi dramatique.
02:55Vous en ririez si ce n'était pas aussi terrible.
02:57Tout à fait.
02:59Vous n'avez des nouvelles de lui que par l'intermédiaire de son avocat.
03:01Vous n'avez pas pu lui parler, il n'a pas reçu vos lettres pour l'instant.
03:04Exactement, oui.
03:06Vous, comment allez-vous ? Sa mère, son beau-père, son frère, ses amis ?
03:11Nous, nous résistons depuis quelques mois, je dirais un an et un mois.
03:19Grâce au soutien que nous avons eu dès les premiers jours de Reporters sans frontières.
03:25Et puis également de son employeur, son presse, de ses amis journalistes.
03:31Et c'est grâce à eux, parce qu'autrement, on serait une famille un peu isolée.
03:36Et avec toute cette dynamique de ces journalistes autour, de ses amis, de son frère, de sa belle-sœur, de sa compagne, on arrive à tenir.
03:46Parlez-nous de ce soutien, justement, Thibaut Brutin, directeur général de Reporters sans frontières.
03:5118 000 signatures, je crois, sur la pétition en ligne sur votre site de RSF.
03:57Et beaucoup de personnalité dans le comité de soutien.
04:02Oui, je crois que la mobilisation, elle est à l'aune de la sympathie qu'inspire Christophe Gleize.
04:07Sa famille, ses collègues, ses amis et des citoyens nous contactent.
04:11Et c'est formidable de voir tout ce qu'on a pu accomplir en un mois, depuis qu'on a malheureusement eu ce verdict très violent.
04:18Donc une pétition, bien sûr, mais aussi une mobilisation dans des festivals de l'été.
04:23Une bâche dévoilée sur le Tour de France.
04:26Christophe Gleize a même été nommé au jury d'un prix de la ville de Biote.
04:29Donc on est vraiment dans une dynamique qui est, je crois, salutaire.
04:34Parce que ça montre à quel point il y a un soutien transpartisan d'un point de vue politique.
04:38Mais aussi un soutien citoyen très fort.
04:42Et ça, c'est essentiel pour à la fois garder le moral, mais aussi garder la pression sur les autorités françaises et algériennes.
04:50Puisqu'elles ont leur rôle à jouer dans la libération de Christophe Gleize.
04:53Gilles Lelouch, Catherine Deneuve, François Civil, Vincent Dedienne, Michel Azanavicius, Benjamin Biolet, Jean-Pierre Foucault, Marie Portolano, Yann Barthès.
05:04Ça c'est quelques-uns des noms qui ont accepté de rejoindre ce comité de soutien.
05:09Ça doit vous paraître totalement irréel, Sylvie Godard.
05:14Et d'ailleurs, je ne l'ai pas encore fait publiquement, mais je les remercie vraiment de s'être engagé et de signer la pétition pour la libération de Christophe.
05:27Francis ?
05:28Oui, en matière de soutien, bien des personnes que l'on rencontre nous demandent comment faire pour nous aider et aider Christophe.
05:36Je leur répondrais qu'il faut qu'ils soutiennent ceux qui soutiennent Christophe.
05:39Ils peuvent le faire de différentes manières.
05:41Déjà, en aidant Reporters Sans Frontières, en allant sur son site, en faisant un don à Reporters Sans Frontières.
05:49Et puis sinon, on nous pose des questions aussi sur qui est Christophe, la manière dont il pratique le journalisme.
05:55C'est facile de le savoir.
05:56Il suffit d'aller lire SoFoot, le numéro hors série de SoFoot de juillet-août, où les articles sont consacrés à Christophe.
06:05Et pour ceux qui veulent mieux le connaître, qu'ils aillent lire SoFoot et donc qu'ils le connaîtront mieux.
06:10Ou son livre, par exemple, Magic System, sur le trafic de joueurs de foot africains avec Barthélémy Gaïa.
06:17Tout à fait ça.
06:18Barth, c'est son copain et collègue.
06:22Il y a le soutien, évidemment, qui vous aide à tenir.
06:24Vous espérez pouvoir lui rendre visite, parce que ça aussi, c'est essentiel.
06:28Est-ce que c'est même possible de lui rendre visite en Algérie ?
06:31Alors d'abord, nous allons déposer demain nos demandes de visa.
06:36Le frère de Christophe et sa femme l'ont fait hier, s'accompagnent également.
06:42Donc nous pensons lui rendre visite.
06:44Et le Quai d'Orsay va agir avec le consulat d'Alger à Paris pour nous faciliter l'obtention de ses visas.
06:51Et nous espérons lui rendre visite très vite, courant août.
06:56On va parler de ce que vous espérez et ce que vous attendez aussi des autorités françaises.
07:00Mais revenons sur cette condamnation.
07:03Il y a un mois tout juste, donc, Thibaut Brutin, 7 ans de prison.
07:06Vous n'aviez pas vu ça depuis quand à Reporters sans frontières ?
07:097 ans de prison pour un journaliste qui faisait son métier.
07:12Oui, alors il ne s'agit en rien de diminuer le choc de la famille.
07:17Mais moi, je dois avouer que ça avait 10 ans que je travaillais pour RSF.
07:19Je n'avais pas vu une condamnation aussi lourde.
07:20On l'a regardé dans les archives.
07:22On ne sait pas à quand remonte une condamnation effective aussi lourde.
07:26Puisqu'à la dernière fois qu'un journaliste avait été condamné à 10 ans de prison, c'était par compte humasse.
07:31Donc là, non seulement Christophe Glaze a pris une des peines les plus lourdes jamais prises par un journaliste français.
07:36Mais il est aujourd'hui aussi le seul journaliste français détenu à l'étranger.
07:40Tout ça au terme d'une procédure qui a bien des égards étubuesques.
07:44Et je rappelle qu'on n'a toujours pas vu le jugement définitif.
07:46Et on n'a toujours pas de date pour un jugement en appel.
07:49Donc on est quand même dans une forme d'incertitude juridique toujours.
07:52Rappelons ce que la justice algérienne lui reproche.
07:55Apologie du terrorisme, possession de publications dans un but de propagande nuisante à l'intérêt national.
08:00Qu'est-ce que ça veut dire exactement, Thibaut Brutin ?
08:03Ça veut dire qu'on a cherché pour criminaliser le journalisme des accusations qui n'ont aucun lien avec le travail de Christophe Glaze.
08:12Christophe Glaze, je le rappelle, c'est un journaliste sportif.
08:14Alors bien sûr, pour ceux qui connaissent le journalisme sportif, il y a bien des façons de l'exercer.
08:20Et il s'intéresse...
08:20Et dans son cas, c'est un angle très sociétal et politique.
08:25C'est le credo de SoFoot.
08:27Voilà, c'est le journalisme comme fait social.
08:29Néanmoins, il est clair que s'il a pu avoir des contacts avec des responsables sportifs qui avaient des affiliations politiques,
08:36eh bien évidemment, il les a contactés au titre de leur travail sportif.
08:40On va le dire précisément, un dirigeant du club de foot de la jeunesse sportive de Kabylie,
08:45également dirigeant d'un mouvement indépendantiste kabyle, organisation classée terroriste par Alger,
08:52après les premiers contacts pris par Christophe Glaze avec ce dirigeant, il y a de ça plusieurs années.
09:00Oui, et en plus, rajoutons que c'est une méconnaissance du métier de journaliste
09:04que de considérer qu'aller à la rencontre d'une personne revient à se faire le porte-voix de ses idées.
09:12Je crois que là-dessus, il y a une incompréhension complète que la cour d'appel, j'espère, permettra de balayer.
09:18Vous parliez de l'absurdité que représente l'idée d'imaginer votre fils en prison pour terrorisme, Sylvie et Francis Godard.
09:26Et c'est vrai que vous tenez absolument à rappeler ça.
09:28Votre fils est journaliste sportif, passionné de football, qui écrit sur le football.
09:35Francis ?
09:36Oui, et tu disais un terme tout à l'heure, il a une approche sociétale du sport, et c'est ça qui est important.
09:44Christophe, ce n'est pas un journaliste qui commente ta manière de tirer les pénaltys,
09:48c'est un journaliste qui essaye de comprendre comment la pratique sportive,
09:52comment tous ses supporters, ses joueurs qui entourent un club, sont porteurs de tout un imaginaire social.
10:02Et donc, bien entendu, quand Christophe fait une enquête, un reportage sur un club de foot,
10:07il ne va pas chercher à savoir qui est l'avant-centre, même s'il peut le dire.
10:12Il va chercher à comprendre comment l'enthousiasme qui entoure ce club s'inscrit dans une dynamique sociale.
10:19Sylvie Godard, vous le disiez, on le disait, il a été condamné il y a un mois,
10:24et c'est à ce moment-là que cette affaire a été rendue publique,
10:27mais pour vous, elle dure depuis 14 mois maintenant.
10:30La date de son arrestation, j'imagine, est gravée, est marquée au fer rouge dans votre mémoire ?
10:35Tout à fait. Il a été arrêté le 30 mai 2024,
10:40et sa condamnation à 7 ans est intervenue le 29 juin.
10:45Donc, je n'oublie pas toutes ces dates qui nous ont sidérés.
10:51Au début, quand il était en liberté sous contrôle judiciaire,
10:55on a pensé qu'il y avait des mesures d'apaisement,
10:58et que tout allait bien se passer pour son procès.
11:01Et cette condamnation terrible, très grave, nous a complètement estomaqués.
11:07Je vous demandais de rappeler la date, parce que c'est important de rappeler le contexte aussi.
11:14Les autorités algériennes lui reprochent d'avoir travaillé avec un visa touristique.
11:19Il faut dire que l'Algérie délivre très peu ou quasiment pas de visas de journalistes.
11:24A l'époque, Thibaut Brutin, Boalem Sansal, n'avait pas encore été arrêté,
11:28pas encore été condamné. Le contexte était différent.
11:31Oui, le contexte était différent.
11:34Et la pratique du régime algérien ces dernières années,
11:37ça a été plutôt de procéder à des expulsions rapides de journalistes
11:41qui avaient pu rentrer sur le territoire national avec un visa touristique.
11:44Donc, c'est pour ça qu'on a été surpris de la criminalisation du cas de Christophe,
11:49et de la longueur aussi de la procédure.
11:51Tout ça pour aboutir à une décision qui a bien des égards ethniques,
11:55et montre que la justice algérienne s'est laissée sur ce coup-là,
11:58en tout cas contaminée par la politique.
11:59Donc, c'est pour ça qu'on en appelle à un procès en appel, justement,
12:03qui soit rapide et qui permette de clarifier ce qu'il en est du dossier de Christophe.
12:09Il n'y a rien dans ce dossier, et ce journaliste n'a rien à faire en prison.
12:12Sur cette affaire de visa touristique, juste pour que nos auditeurs comprennent,
12:17parce qu'il y a beaucoup de gens sur les réseaux, par exemple,
12:19qui disent, finalement, il a été imprudent, il a péché par naïveté,
12:25il n'avait pas allé dans un pays sans visa de journaliste, etc.
12:28Est-ce qu'il faut expliquer aux auditeurs que c'est une pratique courante
12:32et qui se fait avec l'aval, bien souvent, des rédactions dans beaucoup de pays ?
12:38Oui, c'est quelque chose qui est malheureusement une sorte de piège
12:42que tendent les pays qui veulent limiter l'accès des journalistes à leur territoire.
12:46Ça met une sorte d'épée de Damoclès sur les journalistes qui se rendent dans leur pays.
12:52Et il faut comprendre que le rôle des journalistes, c'est aussi d'aller là où l'information est rare,
12:58là où il faut aller recueillir du témoignage.
13:01Les journalistes sont des individus qui ont une mission sociale,
13:05et cette mission sociale leur requiert d'aller parfois voir l'incendie alors que tout le monde fuit.
13:10Et c'est pour ça que je crois qu'il faut célébrer aussi l'engagement des journalistes et le travail de Christophe.
13:17Il n'avait aucune raison de croire qu'il allait le mener à la prison de Tiziouzo aujourd'hui,
13:23mais c'est un travail de journalisme, de journalisme sportif.
13:25Francis Godard.
13:27Oui, le point important, c'est que Christophe, c'est un journaliste de terrain, d'investigation.
13:34Donc, s'il veut comprendre quelque chose à ce qu'il fait, il faut qu'il aille sur le terrain.
13:37Or, le fait de ne pas délivrer de visa professionnel de journalistes conduit à fragiliser les journalistes.
13:46Parce que s'ils veulent travailler sur la réalité d'un pays,
13:49ils vont automatiquement se trouver dans une situation difficile.
13:53En l'occurrence, Christophe souhaitait travailler sur la vie de ses clubs de football cabile.
14:01Effectivement, il a fait, comme vous le rappeliez, ce que font la plupart des journalistes.
14:05Il est parti avec un visa touristique et il s'est trouvé fragilisé.
14:09Mais ça fait quand même, c'est aussi un peu, je dirais, l'objectif, c'est de fragiliser le travail de journaliste.
14:14Fragilisé aussi par ces tensions extrêmes diplomatiques entre Paris et Alger.
14:21Quel lien vous faites avec l'autre affaire et cet autre français, franco-algérien en l'occurrence,
14:26et lui, écrivain, Boalem Sansal, qui est lui aussi emprisonné, condamné, lui en appel à 5 ans de prison il y a quelques semaines.
14:35Quel lien vous faites entre le sort de votre fils et celui de Boalem Sansal, Sylvie Godard ?
14:42Je pense qu'il y a eu un amalgame qui a été fait entre les deux affaires, puisque le calendrier était très concomitant.
14:51Et donc, effectivement, je pense que s'il n'y avait pas eu l'affaire Boalem Sansal,
15:00j'espère et je crois que peut-être il aurait été moins condamné avec ce verdict très très dur.
15:08Et le point commun, Thibault Brutin, c'est que tous deux sont finalement otages, je dirais,
15:16de ces tensions et de cette bataille diplomatique entre Paris et Alger ?
15:22Oui, ils pâtissent de la dégradation entre les deux chancelleries.
15:27Il faut quand même dire que les deux combats, le combat de Christophe Gleiz, c'est un combat pour la liberté de la presse.
15:33Celui de Boalem Sansal, c'est un combat pour la liberté d'expression.
15:36C'est des combats qui sont frères, mais il faut souligner la différence de situation.
15:42Christophe Gleiz n'est pas citoyen algérien, alors que Boalem Sansal est binational.
15:47Et lui se retrouve dans une situation où c'est véritablement le désir du régime algérien de lui chercher des poux
15:54pour un travail journalistique qui n'a même pas été publié.
15:59Donc on est dans quelque chose qui relève d'une injustice criante.
16:04Et je crois que l'ampleur du soutien dont bénéficie Christophe Gleiz est à l'aune de la violence de cette injustice.
16:09Oui, deux situations différentes.
16:11Mais vous le dites très bien, effectivement, liberté de la presse et liberté d'expression sont les deux faces d'une même pièce.
16:17Encore une fois, ça doit vous paraître surréaliste, Francis Godard, de voir votre beau-fils, votre fils à vous, Sylvie,
16:25dommage collatéral de tensions géopolitiques qui vous dépassent totalement et qui le dépassent, lui.
16:31Très clairement, Christophe se trouve pris dans une sorte d'imbroglio politico-judiciaire
16:38qui dépasse complètement le travail qu'il est en train de faire actuellement.
16:45Et donc, il est l'objet, ou en tout cas la victime, je dirais, d'instrumentalisation politique à ses dépens.
16:55Justement, on vous a dit pendant plus d'un an, pas de vagues, silence radio, c'est notre meilleure chance, en faisant profil bas,
17:01d'avoir une condamnation, s'il devait y avoir condamnation qui serait clémente,
17:05de voir que Christophe puisse rentrer en France.
17:09Résultat, sept ans de prison, vous nous avez dit, à quel point ça a été un choc pour vous.
17:13Est-ce que vous regrettez cette stratégie diplomatique du Quai d'Orsay ?
17:17Non, nous ne le regrettons pas parce qu'on était en phase depuis le début avec ce que nous conseillait le Quai d'Orsay.
17:27Son avocat, à l'époque, nous disait que le dossier était vide.
17:32Donc, on le croyait, on avait eu l'ordonnance de renvoi de la chambre d'accusation
17:37où on voyait qu'il n'y avait rien qui était vraiment mis à l'index.
17:43Et donc, quand on a eu la condamnation, on a décidé de changer de stratégie,
17:49de médiatiser et surtout changer de défense.
17:51Donc, nous avons maintenant un tandem d'avocats.
17:55Un avocat en Algérie, qui s'appelle Maître Amirouche Bakouri.
18:01Et puis, un avocat en France.
18:03Ce sont tous les deux qui vont travailler ensemble.
18:05Il s'appelle M. Emmanuel Daoud.
18:08Ils travaillent ensemble pour la défense de Christophe en Algérie.
18:11Ça a dû être terrible pour vous de garder, et pour tous ses amis,
18:14vous disiez, sa compagne, sa famille, de garder le silence pendant tout ce temps.
18:17Très, très, très, très dur.
18:19Surtout que j'ai une maman qui a 101 ans et demi.
18:24Et je ne devais pas lui dire tout ce qui se passait.
18:27Donc, c'était quand même très, très difficile pour nous.
18:30Elle a fini par l'apprendre à la télévision.
18:32À la télévision, oui.
18:33Le dimanche, le soir de sa condamnation, on voulait lui donner quelques informations d'apaisement.
18:42Et puis, elle l'a appris comme ça.
18:43Donc, ça a été très difficile.
18:45Et mon autre fils, Maxime, est allé lui rendre visite le lendemain, tout de suite, pour l'apaiser.
18:50Quel message, et là je reviens aux critères diplomatiques dont on parle,
18:58quel message, Francis Godard, vous avez envie de faire passer aux autorités françaises aujourd'hui,
19:03avec qui vous êtes en lien, évidemment.
19:04Mais, voilà, qu'est-ce qu'elles peuvent faire et qu'est-ce que vous attendez de la diplomatie française ?
19:10D'abord, peut-être qu'elles ne mettent pas de ville sur le feu,
19:13parce que je pense que c'est quand même dans l'apaisement,
19:18dans nos relations diplomatiques avec l'Algérie, qu'on pourra trouver une issue,
19:22et certainement pas dans un affrontement.
19:24Donc, gardons toujours espoir dans l'idée quand même
19:28que nos gouvernements respectifs arriveront à trouver les voies du dialogue.
19:34Thibaut Brutin, de Reporters sans frontières, qu'est-ce que vous attendez-vous ?
19:37Que le quai d'Orsay parle aussi, peut-être plus clairement, exige fermement la libération de Christophe Glaze ?
19:43Je crois que l'expérience de Reporters sans frontières depuis 40 ans,
19:47c'est qu'il faut bien articuler la diplomatie à porte fermée et les déclarations publiques.
19:53Donc, nous avons, avec Francis et Sylvie, l'assurance que le quai d'Orsay,
19:57et spécifiquement le ministre des Affaires étrangères, M. Barrault,
20:01traitent la question à très haut niveau.
20:03C'est une assurance qui nous fait chaud au cœur.
20:07Nous, ce qu'on appelle, c'est à la fois une désescalade dans les relations diplomatiques,
20:12mais aussi à faire en sorte qu'on puisse avoir une issue judiciaire très, très efficace et très rapide
20:17pour le cas de Christophe.
20:19Parce qu'on pourrait harguer que, depuis qu'il est retenu en Algérie, depuis mai 2024,
20:25il a déjà, en quelque sorte, accompli une peine qu'il n'aurait certes pas dû accomplir,
20:28mais qui devrait déjà satisfaire la justice algérienne.
20:31Donc, nous, on a vraiment la conviction qu'il faut trouver une issue dans cette dégradation des relations
20:37et que Christophe peut être une de ses solutions.
20:41Il faut que Christophe retrouve les siens.
20:43Tout cela n'a que trop duré.
20:44Procès en appel, donc, prévu, peut-être dans les prochains mois, peut-être octobre-novembre,
20:49c'est ce que vous espérez ?
20:50Exactement, oui.
20:51Vous n'avez pas de date pour l'instant ?
20:52Non.
20:52Si la condamnation était confirmée, ou une condamnation ferme était confirmée,
20:59l'espoir, ce serait la grâce présidentielle ?
21:02Tout à fait.
21:03Vous avez dû recevoir la nouvelle du refus du président Tebboune de gracier Boilem Sansal
21:10avec beaucoup d'inquiétudes.
21:14Vous vous êtes dit, si Boilem Sansal n'est pas gracier, Christophe ne sera pas gracier non plus ?
21:19Oui, nous avons fait aussi, j'ai rédigé une lettre de grâce pour le président Tebboune.
21:26Donc, j'espère, je fais appel à sa mensuétude pour pouvoir libérer Christophe au plus vite.
21:35C'est une question terrible à poser à des parents, Francis, mais comment s'imaginer ?
21:41Est-ce que vous imaginez vivre pendant tout ce temps, pendant plusieurs années, peut-être 7 ans,
21:46en sachant votre fils, beau-fils, derrière des barreaux de l'autre côté de la Méditerranée ?
21:52Non, on ne peut pas non plus imaginer que les relations franco-algériennes vont en rester là où elles en sont.
21:59On sait très très bien quand même que l'avenir de Christophe et le sort de Christophe actuellement
22:04dépend pour beaucoup de l'évolution de ses relations.
22:08Donc, on espère effectivement qu'on pourra aller dans le sens de l'apaisement et pour la libération de Christophe.
22:15On ne peut pas penser, on ne peut pas penser, c'est impensable, que cette situation perdure pendant des mois et des années.
22:21Un dernier rappel peut-être avant de terminer cet échange.
22:25Vous en aviez appelé au monde du football.
22:27Alors, il y a quelques noms.
22:28Vahid Ali Dodik, Rai, la légende du Paris Saint-Germain, des clubs comme l'OGC Nice, le Paris FC,
22:35qui se sont engagés à son soutien.
22:37Vous en aviez appelé à Zinedine Zidane.
22:39Vous espérez encore qu'il fasse un geste, qu'il dise un mot ?
22:42J'espère, parce que Zinedine Zidane, pour Christophe, c'est un monument, une légende.
22:52Et peut-être qu'un petit mot de soutien, ce serait important pour lui.
22:56Pour terminer, je l'ai lu dans un très beau portrait de Sofoud, justement.
23:02On parlait de cet optimisme à tout crin de votre fils, qui disait toujours
23:08« Allez, ne t'inquiète pas, je rentre toujours vivant de mes reportages. »
23:10Vous espérez évidemment le voir rentrer au plus vite.
23:13Il a 36 ans, je le rappelle.
23:1436 ans.
23:15Et je voudrais juste lui envoyer un message.
23:18Comme on aime beaucoup les chansons de Michel Berger,
23:21je voudrais lui dire « Je t'envoie mes plus belles victoires sur l'ironie du sort ».
23:25C'est une très belle conclusion.
23:28Merci beaucoup Sylvie Godard, Francis Godard, maire, beau-père de Christophe Glez,
23:34donc emprisonné en Algérie.
23:36Thibaut Brutin, je rappelle que vous êtes directeur général de Reporters sans frontières.
23:40Un grand merci à tous les trois, vraiment.
23:42Merci.
23:43Merci.
23:44Merci.
23:45Merci.
23:46Merci.
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