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Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, était l'invitée de Simon Le Baron à 7h50, mercredi 30 juillet. En plein débat sur la loi agricole Duplomb, elle souhaite apporter de la "nuance".

Retrouvez « L'invité de 7h50 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

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Transcription
00:00Et notre invitée est la seule ministre à avoir dit son opposition à la loi du plomb,
00:05en tout cas à sa mesure la plus contestée, la réautorisation de l'acétamipride,
00:10cet insecticide de la famille des néonicotinoïdes.
00:13Et ce n'est pas n'importe quel ministre sur ce dossier,
00:15puisqu'elle est en charge de la transition écologique et de la biodiversité.
00:19Agnès Pannier-Runacher, bonjour.
00:21Bonjour Simon Le Baron.
00:22C'est le feuilleton de l'été, cette pétition contre la loi du plomb.
00:252 millions, plus de 2 millions de signatures désormais.
00:27Il devrait y avoir un débat à la rentrée en septembre à l'Assemblée nationale,
00:31mais qui ne remettra pas en cause, on dit notamment la présidente de l'Assemblée nationale
00:36ou la ministre de l'Agriculture, l'adoption de cette loi.
00:39Est-ce que vous, vous demandez par exemple au président de la République d'aller plus loin
00:42en demandant à l'Assemblée nationale, il peut le faire, une nouvelle délibération sur cette loi ?
00:50Alors, ce qui a conduit à voter cette loi, c'est le rapport de force à l'Assemblée nationale.
00:55Donc si c'est pour se recompter et se réapercevoir que le rapport des forces
00:59n'est pas forcément dans le sens de la pétition, je ne suis pas sûre que l'activité...
01:03Il y a ces 2 millions de signatures et cette mobilisation populaire, ça peut changer des votes.
01:07Tout à fait, mais comme vous avez pu le constater,
01:09beaucoup de députés et beaucoup de sénateurs ont confirmé leur position.
01:14Et moi, ce que je souhaite d'abord, c'est qu'effectivement,
01:17on remette de la science et de la rationalité dans le débat.
01:19Et c'est pour ça qu'avec Gabriel Attal, non seulement les ministres prennent acte des décisions de l'Assemblée nationale,
01:26mais je suis favorable à la conduite de ce débat et je suis favorable à ce qu'on redise
01:31quels sont les éléments scientifiques dans la pièce,
01:35parce qu'on est allé très loin d'un côté comme de l'autre pour sur-argumenter pour ou contre la loi du plomb.
01:42Donc vous demandez à l'ANSES, l'agence de sécurité sanitaire, un avis sur cette loi, un avis scientifique.
01:47Mais ça va prendre combien de temps ? 18 mois ?
01:48Non, non, on n'a pas besoin de 18 mois pour donner un avis,
01:51c'est juste de dire de quoi il est question, quels sont les risques.
01:54Je rappelle que le gouvernement lui-même avait déposé un amendement de suppression
01:59de cette mesure de réintroduction des néonicotinoïdes au Sénat,
02:04que cet amendement, dans son exposé des motifs,
02:07a rappelé les doutes scientifiques que nous avions,
02:10notamment sur l'impact de perturbateurs endocriniens et de neurotoxiques du développement.
02:17Donc c'est un sujet sur lequel, scientifiquement, il y a des doutes d'un côté.
02:21De l'autre côté, cette loi restreint, et c'est bien ce qu'avait fait cet amendement du gouvernement,
02:28il avait été battu par les sénateurs,
02:30mais il avait obligé les sénateurs à mettre de l'eau dans leur vin
02:33et à restreindre très fortement cette mesure de réintroduction.
02:37Cette nuance, on ne l'entend nulle part.
02:39Cette loi ne va pas plus effondrer l'agriculture qu'elle va lui permettre de doubler sa compétitivité.
02:47Cette loi ne va pas non plus induire un impact massif sur les cancers pédiatriques,
02:55parce qu'il se trouve que cette molécule est soupçonnée pas d'avoir un impact sur les cancers pédiatriques,
03:02mais d'autres choses.
03:03Tous les scientifiques disent que le principe de précaution devrait s'appliquer.
03:08Je le redis, Simon Le Baron, je suis contre la réintroduction des néonicotinoïdes.
03:12Mais ce que je trouve dangereux dans le débat public aujourd'hui,
03:18c'est qu'on remet en cause ce que raconte l'autorité de référence européenne.
03:24Qui dit elle-même qu'il y a un doute, et vous le rappelez.
03:26Je suis d'accord avec le doute, mais n'allons pas invoquer d'un côté l'effondrement de l'agriculture,
03:35parce que c'est faux, et n'allons pas de l'autre utiliser des arguments qui sont également infondés,
03:41en disant que par le simple fait de cette loi, nous allons déclencher des milliers de morts de cancers pédiatriques.
03:47Parce que c'est honteux, parce que ce débat qui n'est plus nuancé, qui n'adresse plus la science,
03:51ne permet pas justement de savoir exactement de quoi on parle.
03:55Ça c'est le premier point.
03:56Le deuxième point, vous m'interrogez sur l'Assemblée nationale.
03:59Vous parlez de l'effondrement de l'agriculture.
04:00Juste jusqu'au bout.
04:02Sur l'Assemblée nationale, le député Éric Bottorel, par exemple,
04:06a dit qu'il était prêt à déposer une proposition de loi pour faire évoluer la loi.
04:11Donc, s'il y a effectivement matière à changer la loi,
04:16cette matière appartient aux députés et aux sénateurs.
04:20Mais lorsque vous êtes, et ça c'est un petit peu difficile à faire comprendre,
04:23lorsque vous êtes le pouvoir exécutif, qu'une loi est votée démocratiquement,
04:27que le rapport de force, qui est défavorable à ma position,
04:31c'est un constat que je fais, est donné,
04:33et bien vous êtes tenu d'appliquer la loi.
04:35Mais puisque vous dites, il ne faut pas faire croire que l'interdiction de l'acétamipride,
04:38qui d'ailleurs a été en cours depuis plusieurs années,
04:41ferait effondrer l'agriculture française.
04:44On parle notamment de la filière betterave.
04:46L'ANSES, dont vous demandez un avis, a déjà dit, évidemment très clairement,
04:52les dangers des néonicotinoïdes, et a déjà dit aussi qu'il existait
04:56des alternatives crédibles et efficaces à l'acétamipride.
05:00Et dès lors qu'il existe des alternatives crédibles et efficaces aux néonicotinoïdes,
05:06enfin à l'acétamipride, alors on ne peut pas donner une dérogation.
05:09C'est ce que dit la loi.
05:11C'est ce que dit la loi.
05:12Donc il suffit de l'appliquer aussi.
05:14S'il y a des alternatives, alors on ne peut pas donner une dérogation aux néonicotinoïdes.
05:19Ceux qui se sont penchés sur cette loi, en tout cas,
05:21des scientifiques, des militants environnementaux disent que
05:24ce principe de dérogation est trop flou,
05:27et laisse trop de possibilités d'autorisation de l'acétamipride.
05:31On rentre enfin dans la nuance sur la loi.
05:34Est-ce que la portée de ces dérogations,
05:38est-ce que les contraintes qui sont imposées sont suffisantes ou ne sont pas suffisantes ?
05:41Et ça, c'est un débat intéressant.
05:43J'ai un point de vue sur ce débat,
05:44mais je trouve qu'il est important de rentrer dans la réalité du débat,
05:49c'est-à-dire est-ce que les contraintes qui sont posées sont suffisantes,
05:53suffisamment protectrices ou pas ?
05:55Et donc, avec la possibilité de faire évoluer la loi.
05:58Vous dites de toute façon, immanquablement,
06:00cet insecticide sera de nouveau interdit dans les années à venir.
06:05Je ne vais pas me substituer à l'autorité de référence européenne,
06:09mais comme vous le savez,
06:10la France, par ma voix, l'année dernière,
06:14avait soumis un certain nombre de questions à l'autorité européenne de référence,
06:19scientifique de référence,
06:20en disant, voilà les dernières études scientifiques,
06:23elles nous posent question, est-ce qu'elles peuvent être prises en compte
06:27dans l'examen de l'autorisation,
06:30ou est-ce que ça peut éventuellement vous amener à changer votre opinion ?
06:34Et l'autorité européenne avait très précisément dit,
06:37c'est un vrai problème,
06:38nous avons néanmoins besoin de données complémentaires,
06:41parce que les études que vous nous mettez sur la table
06:43ne sont pas statistiquement suffisamment précises,
06:46donc nous demandons des compléments,
06:49et par principe de précaution,
06:51nous baissons au minimum les résidus,
06:54les limites de résidus sur les produits traités.
06:56Donc vous voyez, il y a eu une action,
06:58mais cette action n'est pas allée jusqu'au bout,
07:00et nous attendons des compléments
07:01pour que l'autorité européenne puisse se prononcer.
07:04Il y a d'autres mesures très contestées,
07:06on parle évidemment de l'acétamiprine,
07:07mais il y a aussi les méga-bassines,
07:09en tout cas les retenues d'eau,
07:09qui sont consacrées au rang d'intérêt général majeur,
07:14la facilitation de la création d'élevage intensif.
07:19Beaucoup d'opposants à ce texte disent
07:22que c'est la victoire de la FNSEA de l'élevage intensif.
07:25Ce n'est pas ce que dit la loi,
07:26donc là il faut être aussi assez précis,
07:28c'est-à-dire que ce que dit la loi,
07:31c'est que les projets de stockage d'eau
07:33sont des projets qui sont d'intérêt public.
07:38C'est vrai !
07:39Intérêt général majeur.
07:40Oui, c'est vrai, parce que...
07:41Donc on peut plus difficilement les contester.
07:44Oui, mais parce que, si je peux aller jusqu'au bout,
07:46ça n'empêche pas que s'ils ont un impact environnemental problématique,
07:50ils ne sont pas autorisés.
07:51Et ça, personne ne le dit.
07:53Parce que moi, je suis en charge des procédures environnementales,
07:56et lorsque ces projets, il est démontré,
07:58et je parle de projet de stockage d'eau,
07:59pas de méga-bassines encore une fois,
08:01le stockage d'eau, ça peut être la récupération de l'eau de pluie,
08:04si vous voulez.
08:04Et oui, c'est d'intérêt public majeur,
08:06et oui, il va falloir développer du stockage d'eau,
08:08parce que malheureusement, et vous le disiez très bien tout à l'heure,
08:1188% des territoires vont être privés d'eau d'ici 2050.
08:16Donc nous allons devoir, comme les autres pays,
08:19comme Israël, comme l'Espagne,
08:20comme tous les pays exposés à des sécheresses,
08:23stocker l'eau, faire en sorte de beaucoup mieux gérer notre eau,
08:27et nous devons avancer en ce sens.
08:29Mais ce projet de loi n'est pas la porte ouverte aux méga-bassines,
08:31c'est une caricature.
08:32De même sur les installations classées et sur les élevages,
08:35même sujet.
08:37Ce que prévoit la loi, c'est juste de transposer la directive,
08:41et encore elle le fait de manière incomplète,
08:44et elle ne change aucun des seuils des exploitations qui sont soumises à autorisation.
08:49Un mot de l'accord sur les droits de douane entre l'Union Européenne et les Etats-Unis,
08:53au-delà des 15% dont on a parlé,
08:55il prévoit aussi l'achat de 750 milliards de dollars d'énergie aux Etats-Unis,
08:59notamment du gaz de schiste.
09:02Est-ce que Donald Trump force les Européens à sacrifier leurs engagements environnementaux ?
09:07Les Européens ont des lois,
09:09et ces lois ne sont pas changées par M. Donald Trump.
09:12La loi européenne, elle prévoit la neutralité carbone de l'Europe d'ici 2050,
09:17elle prévoit que l'on baisse nos émissions de gaz à effet de serre de 55% collectivement d'ici 2030.
09:24Ceci n'est pas changé.
09:26Et ce chiffre de 750 milliards d'euros,
09:28j'avoue que j'ai été très surprise, juste pour vous donner une idée...
09:31Guillaume Benoît qui est ici de l'édito éco nous disait hier qu'il était largement exagéré...
09:36En fait, on importe aujourd'hui en Europe 20 milliards d'euros de gaz russe.
09:41Donc je veux bien qu'on remplace le gaz russe, si vous voulez.
09:44Ça c'est pas idiot de remplacer du gaz russe par du gaz américain.
09:47Mais à un moment, on n'aura pas besoin ni de pétrole ni de gaz.
09:51On ne va pas le boire le pétrole si on n'en a pas besoin.
09:54Merci beaucoup.
09:55Agnès Pannier-Runacher, on suivra donc ces débats sur la loi Duplon
10:01et l'évolution de cette pétition qui est à plus de 2 millions de signatures.
10:05On a bien entendu en tout cas votre souci de nuance sur cette loi et sur ces débats.
10:10C'est essentiel parce que la démocratie est en train de souffrir de cette espèce de sortie de bourgoutte
10:17où on polarise le débat entre des positions extrêmes, extrême à droite, extrême à gauche.
10:22Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique.
10:25Merci beaucoup.
10:25Merci.
10:26Merci.
10:27Merci.

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