Marine Tondelier : "C'est une semaine noire pour l'écologie"

France Inter

Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, était l'invitée de France Inter ce lundi. Face à ce qu'elle décrit comme une "offensive" contre l'environnement en ce moment en France, elle assure que "l'écologie va contre-attaquer". Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-lundi-02-juin-2025-6801295

Transcript

00:00Sonia De Villers, votre invitée secrétaire nationale des écologistes et conseillère régionale des Hauts-de-France.

00:08Bonjour Marine Tondelier.

00:10Bonjour Madame De Villers.

00:11Reprise du chantier de l'A69, suppression des zones à faible émission,

00:16remise en cause du zéro artificialisation nette qui freine la bétonisation,

00:21échec de votre opposition à la loi agricole dite du plomb,

00:25nous vivons la pire semaine pour l'écologie depuis longtemps.

00:30Un cauchemar, mais pour de vrai, ce sont vos mots.

00:34L'écologie ne pèse-t-elle donc plus rien dans le débat politique français ? Plus rien ?

00:40C'est vrai, c'est une semaine noire pour l'écologie.

00:43Et quand je parle de semaine noire pour l'écologie, comprenez-moi bien,

00:45je ne parle pas de semaine noire pour les militants écologistes, simplement.

00:49Quand l'écologie prend aussi cher qu'elle a pris la semaine dernière,

00:52c'est nous tous, nous toutes les victimes, c'est chacun de vos auditeurs et de vos auditrices,

00:57et c'est d'ailleurs y compris celles et ceux qui ne nous écoutent pas.

00:59parce que quand on parle d'écologie, on parle de votre santé,

01:03on parle de votre environnement, à chacun d'entre vous,

01:05on parle de l'avenir de vos enfants et de vos petits-enfants.

01:08Et je pense que trop peu de gens mesurent en effet la gravité

01:11de ce qui s'est passé la semaine dernière,

01:13de ces reculs en cours, de ces attaques, de cette offensive, je dirais même.

01:18Sauf qu'un grand nombre d'élus, Marine Tondelier,

01:21eux mesurent le recul de ce qu'ils appellent l'écologie punitive.

01:26Pour Marine Le Pen, c'est une victoire contre l'écologie punitive.

01:30Mais c'est eux qui sont punitifs.

01:31Moi, si ce matin, je suis aussi émue, inquiète, en colère, vous l'avez dit,

01:36mais si je suis aussi déterminée, c'est que l'écologie va contre-attaquer.

01:41Je le dis solennellement, on va avoir besoin de force,

01:43on va avoir besoin d'aide,

01:44et je le dis aussi à chacune et chacun de celles et ceux qui nous écoutent.

01:49Mais moi, je me rappelle des mots d'Emmanuel Macron

01:50entre les deux tours de la présidentielle,

01:52quand il avait dit « ce mandat sera écologique ou il ne sera pas ».

01:56Bon, il n'est pas écologique, ça c'est certain,

01:57il est régressif même en la matière,

01:59mais on ne peut pas dire « il ne sera pas écologique ou il ne sera pas ».

02:01Il est ce mandat, il existe, il va avoir des conséquences concrètes

02:04pour chacun d'entre nous,

02:05et y compris M. Macron et toutes celles et ceux qui font circuler

02:08devront en assumer les conséquences.

02:10Ils disent que l'écologie est punitive,

02:11mais enfin, c'est tout l'inverse.

02:13C'est l'économie aujourd'hui qui est punitive.

02:15C'est l'économie qui, en dépit du bon sens,

02:18qui creuse les inégalités,

02:19qui ne tient pas à ses promesses,

02:21on nous avait dit avec l'économie,

02:22ça va ruisseler pour tout le monde, etc.

02:24Ce n'est pas vrai.

02:25Ça creuse les inégalités

02:27et ça nous met en danger,

02:28ça met en danger l'habitabilité de la planète.

02:30C'est là que nous en sommes.

02:31Vous accusez, je vous cite encore,

02:34les représentants français de Donald Trump,

02:37qui s'appellent, je vous cite,

02:38l'ELR, le RN et le Bloc Central.

02:41Ensemble, ils forment la nouvelle alliance anti-écologie.

02:46Vous oubliez la gauche, là-dedans ?

02:48A tout le monde, la gauche ne joue pas son rôle pour l'écologie,

02:50c'est le moins qu'on puisse dire.

02:51Entre la France insoumise qui se réjouit de la fin des zones à faible émission,

02:55entre le Parti Socialiste...

02:56Alors, elle ne fait pas que se réjouir la France insoumise.

02:58Elle a voté contre.

02:59Sans proposer rien d'autre.

03:01Parce que je ne sais pas si tout le monde mesure bien dans vos auditeurs.

03:05Et je pense que oui.

03:06Ce que ça veut dire aujourd'hui de vivre avec des maladies respiratoires.

03:09Moi-même, quand je suis arrivée à Paris pour mes études et pour mon premier emploi,

03:12j'en étais malade toute la semaine.

03:14Je n'arrivais pas à respirer.

03:15On a tous des enfants qui ont des allergies de plus en plus fortes aux pollens de l'été.

03:19C'est ça dont il s'agit aujourd'hui.

03:21Et donc, on a la France insoumise qui se réjouit de la fin des ZFE.

03:23On a le Parti Socialiste qui vote pour la reprise du chantier de la 69.

03:26L'autoroute qui va pomper un pognon de dingue pour prendre les mots de Macron.

03:30Alors que c'est une autoroute qui va coûter 20 euros l'aller-retour.

03:33Je ne sais pas qui peut se payer 20 euros l'aller-retour pour aller travailler.

03:35Ou qu'ils me donnent le nom de leur employeur.

03:36Ça a l'air rentable.

03:37Et donc, les socialistes et les insoumis font partie d'une nouvelle alliance anti...

03:42Et je ne vous ai même pas parlé des communistes.

03:43Mais ce que je vous dis juste, c'est que...

03:44Allez-y.

03:45Non, non, c'est bon.

03:45Mais je pense que notre camp, oui, doit contre-attaquer.

03:49Et que s'il faut une candidature unique de la gauche pour 2027, pour la gauche et pour les écologistes,

03:54sur quoi je me bats et je me battrai jusqu'au dernier souffle.

03:58Je l'ai dit, je le redis et même je ne fais pas que le dire, je le fais.

04:01Donc on va se battre pour une candidature commune.

04:03Mais je peux vous dire que les écologistes ne comptent pas faire un rôle de figuration

04:07dans cette désignation, dans l'écriture de ce programme commun.

04:10Ça veut dire que vous ne pouvez plus compter que sur vous-même ?

04:13C'est la sensation que j'ai, oui, alors je ne dis pas que personne n'est écolo,

04:16je pense exactement l'inverse.

04:17Je pense vraiment, sincèrement, que toutes les Françaises,

04:21que tous les Français ont un écologiste qui vit ou qui sommeille au fond de vous.

04:24Vous n'excliez pas, Marine Tondelier, de vous présenter, vous, un candidat, vous, pardon,

04:32ce n'est pas vous personnellement, c'est un candidat écolo en solo à l'élection présidentielle,

04:36vous ne l'excliez pas.

04:37Évidemment que les écologistes ne sont pas juste les gentils organisateurs

04:40de cette primaire ou de cette désignation commune.

04:43Des socialistes, des communistes et des insoumis sur les dossiers écologistes.

04:48Raison de plus pour aller défendre nos couleurs, ça c'est clair.

04:51Ce n'est pas que pour défendre nos couleurs sur l'incarnation,

04:53mais pour porter lourdement l'écologie dans le projet qui sera mené en commun.

04:57On vous entend, les municipales, ça aussi c'est très concret,

05:00parce qu'elles se profilent, ça arrive très vite.

05:02Par exemple, les zones à faible émission, c'est du concret,

05:05là c'est du archi concret dans la gestion d'une agglomération.

05:09Vous allez pouvoir faire des alliances avec les insoumis,

05:11telles qu'ils vous le demandent, telles qu'ils vous le réclament,

05:14au niveau local, pour les municipales,

05:16quand on a des divergences aussi profondes, sur des dossiers aussi importants.

05:19Mais vous savez, au niveau municipal, dans les mairies écologistes,

05:23déjà aucune de ces mairies n'a été gagnée seule,

05:25elles ont été gagnées en équipe,

05:26et ce sont les majorités qui fonctionnent le mieux à gauche.

05:29Les majorités sortantes sont en train de travailler pour repartir ensemble,

05:33et surtout dans ces villes écologistes,

05:35on vit mieux, on améliore le quotidien,

05:37et on permet les lendemains.

05:38C'est aussi simple que ça,

05:39c'est des repas bio locaux dans les cantines,

05:41c'est des pistes cyclables,

05:42c'est des îlots fraîcheurs pour qu'on vive mieux.

05:45C'est-à-dire qu'on est en train de travailler au bilan,

05:47et à ce qu'on doit faire mieux,

05:48on travaille au programme des prochaines étypes,

05:50et on travaille aux équipes.

05:52C'est ce qu'on est en train de faire,

05:52parce que les écologistes sont respectueux de la biodiversité.

05:55Avec les insoumis, par exemple, dans ces villes-là ?

05:57Les insoumis ne sont pas la formation politique

05:59avec laquelle on travaille le plus aujourd'hui au niveau local,

06:02dans les majorités sortantes,

06:04qu'elles soient de gauche ou écologistes,

06:06mais nous n'avons pas de raison, a priori,

06:08de dire qu'on va partir tout seul sans personne,

06:10parce que je vais vous dire une chose,

06:11celles et ceux qui veulent partir tout seul sans personne,

06:13on assumeront pleinement les conséquences face aux Français,

06:16parce que ça veut dire que moi,

06:17je fais le tour en ce moment des villes de droite

06:19qui pourraient basculer.

06:20Là, je serai à Lorient encore cette semaine,

06:22j'étais à Mulhouse, à Cholet,

06:25je ne sais pas, tout voulait faire.

06:26On a compris, c'était à vous,

06:26vous voulez faire des accords au niveau locaux.

06:28Est-ce que, comme l'a dit Libération ?

06:30Ce qui va se passer, si on ne travaille pas ensemble,

06:32c'est que des gens qui pourraient vivre dans une ville de gauche

06:34et bénéficier de politiques progressistes

06:36qui protègent leur environnement,

06:38qui protègent leurs droits sociaux,

06:40vont vivre dans des villes de droite.

06:41Donc s'il y a quelqu'un à gauche qui dit

06:43« je préfère qu'on part séparés

06:45et que les gens vivent dans des villes de droite »,

06:46qu'ils le disent et qu'ils en assument les conséquences.

06:49Ce n'est pas le cas des écologistes

06:50qui se battront jusqu'au bout pour écologiser la gauche,

06:53pour porter nos projets,

06:54pour les porter d'ailleurs nous-mêmes le maximum de fois

06:56et pour changer la vie des Français.

06:57Vous êtes entre des insoumis

06:58qui ne veulent plus entendre parler des socialistes

07:00et des socialistes qui ne veulent plus entendre parler des insoumis.

07:02C'est irresponsable.

07:03C'est irresponsable ?

07:04Mais est-ce que vous vous êtes responsable

07:05de continuer à vouloir faire un trait d'union

07:08entre deux formations ?

07:09Sinon je peux changer de travail

07:11et à l'attendre la fin du monde tranquillement chez moi.

07:13Mais vous savez, les écologistes sont très déterminés.

07:15On ne va pas laisser faire,

07:17laisser tout ça tomber en charpie

07:18et jouer au jeu des sept différences

07:19alors que l'extrême droite

07:20n'a pas été aux portes de pouvoir

07:22mais en a déjà franchi le seuil.

07:24Donc moi je le dis,

07:24c'est un message solennel

07:26que j'ai adressé à Emmanuel Macron ce matin.

07:28J'adresse le même à tous mes collègues de gauche

07:30parce qu'on va avoir besoin de tout le monde

07:31pour ramener et pour sauver l'humanité.

07:33Très déterminé à ne pas choisir votre camp ?

07:35Mais ce n'est pas une absence de ligne politique

07:37de ne pas choisir son camp.

07:38C'est une ligne en soi.

07:39Ça s'appelle l'antifascisme.

07:41Et je veux bien que quand on est que 10,

07:43on se divise en deux groupes de 5

07:44puis en trois groupes de 2,

07:46on va finir nulle part

07:47avec l'extrême droite au pouvoir

07:48et l'histoire nous jugera.

07:50L'histoire jugera celles et ceux qui s'en fichent.

07:52Le 2 juillet,

07:52est-ce que vous maintenez votre invitation

07:54à tous les chefs de la gauche

07:56et des écologistes

07:57à se réunir,

07:59comme vous le souhaitiez,

08:00à une réunion

08:01pour déterminer un éventuel candidat commun ?

08:03Évidemment et plus que jamais.

08:05Les écologistes depuis des mois

08:06plaident pour qu'il y ait un cadre commun.

08:07C'est vital

08:08parce qu'on a des risques existentiels dans ce pays.

08:10Il y a le risque environnemental

08:11qu'on en a parlé.

08:12Il y a la paix

08:13qui n'a jamais été aussi menacée.

08:15Et il y a le fascisme aux portes du pouvoir.

08:17Jean-Luc Mélenchon fera exactement ce qu'il veut

08:19comme d'habitude.

08:20Raphaël Guzman a déjà dit qu'il n'y allait pas.

08:22Non, c'est pas Raphaël Mélenchon.

08:24Ça y est, ils ont fusionné.

08:25Ils disent qu'ils ne travaillent pas ensemble,

08:26mais c'est faux.

08:27Jean-Luc Mélenchon est invité.

08:29Raphaël Guzman est invité.

08:30Et je le dis assez solennellement,

08:32les absents auront tort.

08:34Et l'histoire les jugera durement

08:35parce qu'il ne s'agira pas,

08:36quand il y aura l'extrême droite au pouvoir,

08:38de dire

08:38« Ah bah oui, mais le 2 juillet,

08:39je ne voulais pas être assis à côté de chez Paqui ».

08:41En fait, à un moment,

08:41il faut savoir placer

08:43ces égaux et ces différences

08:45en dessous de l'intérêt général

08:47et l'intérêt général de la France

08:48et notamment du peuple de l'écologie

08:50et de gauche aujourd'hui,

08:51c'est qu'il y a une candidature commune.

08:52Et s'il y en a une qui ne vous plaît pas,

08:53vous voterez pour les autres.

08:55Merci Marine Tondelier.

08:56Et merci Sonia De Villers.

08:57Merci à tous.

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