Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, il revient avec les auditeurs sur les propos du président de la République, Emmanuel Macron, sur le fait que l'envoi de troupes occidentales en Ukraine "ne doit pas être exclu". Faut-il se préparer à envoyer des troupes occidentales sur le front pour contrer l'offensive russe ?
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00:00 - Europain, 11h-13h, Pascal Praud et vous.
00:06 - Et pour réagir avec Pascal Praud sur Europain de 11h à 13h à 13h, seul numéro le 01 80 20 39 21.
00:13 - Chère Aldina, mon bonjour. - Bonjour Pascal.
00:15 - Bonjour à Fabrice Laffitte qui était pas là hier et que je salue et que je suis heureux de retrouver.
00:18 - Merci Céric, c'est quoi ? - Même si l'actualité est dramatique, bien sûr Olivier Guenec sera là et en ce début d'émission
00:24 on aura peut-être un ton un peu plus grave que nous l'avons d'habitude parce que la phrase d'Emmanuel Macron
00:31 elle est interpellante si j'ose dire, on l'écoutera dans un instant.
00:34 Mais écoutons tout d'abord le général Vincent Desportes, il est général de Division.
00:38 Nous l'écouterons dans un second temps, écoutons Emmanuel Macron hier soir.
00:43 Rien ne doit être exclu, pardonnez-moi.
00:45 - Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes de sol
00:52 mais en dynamique, rien ne doit être exclu.
00:55 Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre.
00:58 La Russie de fait aujourd'hui menace notre sécurité collective par ses actions en Ukraine
01:03 et ses attaques multiples hybrides à notre égard.
01:06 Nous voulons maîtriser communication et évidemment éviter toute escalade.
01:10 Rappel étant fait que nous ne sommes pas en guerre avec le peuple russe.
01:14 - Emmanuel Macron, hier soir c'est vrai que le spectre de la guerre
01:17 comme repoussoir des difficultés ou des ennemis de l'intérieur
01:20 et depuis Alexandre César c'est un grand classique de ceux qui dirigent les pays ou les empires.
01:26 Je vous propose d'écouter un deuxième passage du président de la République.
01:29 C'était lors de cette rencontre hier à l'Elysée, de cette rencontre consacrée à l'Ukraine.
01:38 - Si on considère que cette guerre détermine notre avenir, ce que je crois profondément
01:43 parce que se joue là notre sécurité comme Européens.
01:46 Est-ce que nous devons déléguer notre avenir à l'électeur américain ?
01:50 Ma réponse est non, quel que soit son vote.
01:53 Donc on n'a pas à attendre le résultat.
01:55 C'était le but de cette réunion d'aujourd'hui, c'est pour ça que je l'ai voulu maintenant.
01:58 N'attendons pas de savoir quel est l'issue de ce résultat.
02:01 Décidons maintenant parce que le constat est clair.
02:04 C'est notre avenir, c'est l'Europe qui est en jeu, c'est aux Européens de décider.
02:07 C'est formidable si on en a d'autres qui nous joignent mais ça doit être en plus.
02:12 Nous devons avoir la possibilité de faire sans.
02:15 Pas par défiance, pas par pessimisme, pas parce qu'on aurait peur,
02:19 juste parce que c'est ce qui dépend de nous.
02:23 Je suis dans cet état d'esprit.
02:25 Vincent Hervoët est l'éditorialiste de politique étrangère d'Europe 1,
02:29 il était également sur CNews, vous l'avez peut-être entendu entre 9h et 9h30,
02:33 écoutez son analyse.
02:35 Le chancelier allemand nous a fait comprendre que des officiers français et britanniques
02:39 sont déjà sur le terrain pour contrôler l'usage des missiles Scalp livrés aux Ukrainiens.
02:45 Quand le président Macron déclare qu'à l'avenir,
02:48 l'envoi de troupes au sol ne doit pas être exclu,
02:51 il devrait ajouter qu'au présent et au passé, on le fait déjà.
02:54 Il y a une réaction à l'instant de Moscou,
02:57 envoyer des troupes en Ukraine ne serait pas dans l'intérêt des occidentaux,
03:01 dit le Kremlin.
03:02 Chaque phrase évidemment monte une escalade bien sûr de la prise de parole.
03:09 Le général Bruno Clermont, il était également ce matin sur Europe 1,
03:12 vous le connaissez, il intervient régulièrement sur CNews et sur Europe 1, écoutons-le.
03:15 La France a évidemment des capacités militaires, elle est capable d'engager des troupes
03:18 avec d'autres pays sur les territoires de l'Ukraine.
03:21 Mais la France étant aussi une puissance nucléaire,
03:24 je pense que c'est là la différence entre probablement la France et la Pologne,
03:28 il est probable qu'elle ne le fera pas parce qu'à ce moment-là,
03:31 dans un conflit contre la Russie finalement direct,
03:35 elle met en jeu la dissuasion nucléaire et les armes nucléaires.
03:39 Et ça, je pense que la France ne le souhaite pas.
03:41 Les pays qui décideraient de s'engager seraient des belligérants,
03:44 dans ce conflit-là.
03:45 Et puis avant d'écouter un auditeur, en l'occurrence Patrick,
03:49 Alain Bauer, professeur de criminologie, il était l'invité ce matin de Sonia Mabrouk
03:53 à 8h10 sur Europe 1 et sur CNews.
03:55 Comme toujours avec le président de la République, il y a la version courte et la version longue.
03:58 La version courte, c'est "l'envoi de troupes occidentales ne peut être exclu,
04:02 mais il faut maintenir une ambiguïté stratégique".
04:04 La version longue, c'est "personne n'y comprend rien",
04:06 parce que cette phrase n'est pas faite pour faire,
04:08 mais pour envoyer des messages complexes.
04:11 Et en fait, il y a plus une ambiguïté linguistique
04:13 qu'une ambiguïté stratégique.
04:15 En fait, nos amis russes ont une logique
04:19 qui est écrite depuis plus d'une centaine d'années,
04:21 qui est dans leur manuel de doctrine militaire,
04:24 qui ont été inventés du temps de la Russie impériale,
04:26 qui ont été repris par la Russie stalinienne,
04:28 et qui n'ont pas été oubliés par la Russie poutinienne,
04:31 qui s'appelle l'escalade pour la désescalade.
04:34 Eux, ils tapent d'abord et ils discutent ensuite,
04:36 nous, nous discutons d'abord et nous tapons ensuite.
04:38 Nous sommes toujours en décalage.
04:41 - Patrick est avec nous, bonjour Patrick, vous êtes commercial.
04:43 - Bonjour, oui, bonjour Pascal.
04:45 - Vous avez peut-être un avis.
04:47 - Oui, je suis tout à fait d'accord,
04:49 il faut d'abord taper et ensuite discuter.
04:51 Et il faut pas se laisser faire.
04:53 Il faut mobiliser, il faut les casser la figure.
04:55 - Mais vous voulez taper qui Patrick ?
04:56 - Bah les Russes, c'est les Russes qui ont mis le bazar.
04:59 - Non mais Patrick, vous êtes sérieux ?
05:00 Vous voulez bombarder Moscou ?
05:03 - Mais je ne vous parle pas de bombarder Moscou,
05:05 je fais le plus grand respect pour le peuple russe.
05:07 - Mais qu'est-ce que vous voulez faire ?
05:09 - Il faut éliminer Poutine, c'est lui qui met le bazar.
05:11 - Mais Patrick, d'abord je pense que ça ne se décide pas comme ça,
05:16 ça ne se fait pas comme ça,
05:17 et ce n'est pas aussi simple que ça non plus.
05:20 Donc peut-être serait-il bien d'imaginer un processus de paix,
05:24 pourquoi pas une forme de négociation ?
05:26 - Non, pas avec lui, pas avec lui.
05:28 Depuis 2014, même avant, de toute façon,
05:30 il ne respecte rien, il ne respecte pas les civils.
05:33 - Donc vous pensez qu'il faut engager un bras de fer
05:35 avec la Russie de Poutine qui est la deuxième puissance nucléaire au monde ?
05:38 - Oui, oui, tout à fait.
05:39 - Ecoutez, cher Patrick, je souhaite que vous n'arriviez jamais au sommet de l'État,
05:43 parce que je ne suis pas sûr, vous savez, il n'y a qu'un rapport qui existe,
05:46 c'est le rapport de force.
05:47 Vous pensez que le rapport de force est en notre faveur ?
05:50 - Il n'entend que ça, il n'entend que ça.
05:53 - Justement, vous pensez qu'il est en notre faveur, Patrick ?
05:55 Moi je ne suis pas un spécialiste, évidemment,
05:57 mais j'écoute à droite à gauche,
05:59 j'écoute Alain Bauer, j'ai écouté Vincent Herouet,
06:02 j'ai écouté le général Bruno Clermont,
06:04 je ne suis pas sûr qu'on ait intérêt à aller au clash.
06:07 - Mais il faut lui montrer qu'on n'a pas peur.
06:10 On n'a pas peur.
06:11 - Mais la vérité, pardonnez-moi, c'est qu'on a peur.
06:13 - Mais justement, lui il en profite, il en profite,
06:16 et puis il est en train de nous empapaouter avec son copain Trump,
06:21 on ne sait pas qui suis-ce qui,
06:23 mais en tout cas, de toute façon...
06:25 - On va peut-être éviter ce genre de...
06:27 - Oui, mais...
06:28 - Je le retire pour vous, le modérateur d'antenne que je suis,
06:31 à oublier ce que vous avez dit.
06:33 C'est de la dalle géopolitique, en tout cas,
06:36 que vous faites.
06:38 - En tout cas, il ne faut pas...
06:40 - Je souris, mais ce n'est pas drôle.
06:42 - Il faut taper le pont de Kerch, il faut lui montrer qu'on n'a pas peur.
06:45 - Mais ça ne veut rien dire, taper, vous n'allez pas bombarder Moscou.
06:49 - Mais on ne vous parle pas de bombarder Moscou.
06:52 - Mais alors qu'est-ce que vous allez faire ?
06:54 Vous n'allez pas Napoléon Ier, on ne va pas partir à la guerre contre la Russie.
06:58 - Les positions russes qui sont installées illégalement en Ukraine.
07:03 Tout simplement.
07:05 - J'entends bien, mais à ce moment-là, vous êtes co-belligérant.
07:07 Je suis désolé de le dire, si vous entrez dans la guerre, vous êtes co-belligérant.
07:11 - Est-ce que vous croyez que les tchatchans qui sont aux côtés des Russes,
07:14 ils ne sont pas co-belligérants ?
07:16 - Écoutez, moi je pense que ce qui me frappe dans ce conflit,
07:19 c'est que le Parlement n'est pas associé,
07:22 les Français ne sont pas associés,
07:23 et tu as le sentiment qu'Emmanuel Macron décide tout seul pour tout le monde.
07:27 Je souhaiterais peut-être que le Parlement au minimum soit associé,
07:30 parce que ça me paraît quand même novi,
07:33 avec des conséquences pour nos enfants, pour nos familles,
07:37 et je trouve dommage que ce débat sur l'Ukraine ne soit pas posé dans le débat public.
07:42 - Mais dans l'autre sens, il va décider de se coucher,
07:46 de négocier avec un terroriste, un voleur, tout ce que vous voulez.
07:51 C'est un terroriste ce gars-là, il tue, il assassine des gens.
07:54 - J'entends bien, mais si vous voulez, lorsque vous êtes chef de l'État,
07:58 ne parler qu'avec des gens qui respectent les démocraties,
08:02 qui respectent les lois démocratiques plus exactement,
08:05 vous n'allez pas parler avec grand monde sur la planète.
08:08 Vous n'allez plus parler avec la Chine,
08:10 vous n'allez plus parler parfois avec certaines nations du Moyen-Orient,
08:14 ça va être très compliqué, si vous me permettez.
08:16 - Que fait-on alors ? On se couche et on attend qu'il décide ?
08:19 - On fait ce qu'on appelle de la politique, la réelle politique.
08:23 Alors sur le plan moral, c'est contestable,
08:25 mais on préserve nos intérêts, on pense à nous.
08:31 Mais justement, en sauvant l'Ukraine, on sauve la démocratie.
08:36 Parce que n'oubliez pas une chose, c'est que Poutine il n'est pas idiot,
08:40 avec le Rassemblement National, il a son cheval de Troie.
08:45 Avec LFI, le Rassemblement National, il a son cheval de Troie.
08:49 Et si un jour, ces gens-là, malheureusement, arrivent au pouvoir,
08:52 ils appelleront Poutine en disant "Vladimir, viens nous aider,
08:55 remet un peu d'ordre dans le pays".
08:58 - Bon, écoutez, cette émission existe pour la liberté d'expression par définition,
09:04 donc Patrick, c'est votre avis, les auditeurs nous ont entendus,
09:08 chacun peut faire la part des choses de ce que vous avez dit,
09:11 et je vous souhaite néanmoins une bonne journée, M. Patrick.
09:13 Vous êtes commercial, qu'est-ce que vous vendez ?
09:16 - Je vends du textile.
09:18 - Du textile ! Alors des quoi ? Des pantalons ?
09:21 Parce que j'ai quelques clients pour vous dans mon entourage.
09:24 - Des jupes et des jupons et des gilets de Chanel, non je rigole.
09:28 - Vous savez que cette chanson-là, c'est Mademoiselle Angèle que plus personne connaît,
09:33 bien évidemment, ce qui nous permet d'alléger en même temps notre discussion.
09:36 Elle fait des pantalons, des jupes et des jupons, et des gilets de flannelle.
09:39 Elle fait des pantalons, des jupes et des jupons, et des gilets de coton.
09:43 Je ne connais pas ce genre de métier. Allez, frappe !
09:46 - Et voilà, à côté. - Voilà, ça c'est M. Boubou qui sait pas ce que c'est.
09:50 - Non mais je veux bien une jupe, Patrick, moi j'en veux bien une !
09:53 - Ah bah pourquoi pas ! - Non ?
09:55 - Oui, pourquoi pas, vous avez raison.
09:56 - J'ai un ami qui était le président des hommes qui portaient des jupes.
10:00 - Ah, les états-unis ? - Non, non, en France.
10:02 - Ah oui, président des hommes qui portaient des jupes.
10:05 - Bah vous avez des relations sympathiques, et vous avez bien raison d'ailleurs, moi je trouve que c'est bien.
10:09 Pourquoi pas, pourquoi pas.
10:11 - Bah oui, voilà. - Eh bah écoutez, je vous remercie grandement.
10:13 Merci Patrick, merci.
10:15 - Bonne journée à vous, et Slava Ukraïne.
10:18 D'hors à l'Ukraine.
10:20 - D'accord. Bah écoutez, là aussi, c'est...
10:24 ...
10:26 ... ces mots qu'on peut entendre d'ailleurs, "Gloire à l'Ukraine", je ne sais pas,
10:30 mais en tout cas, il faut penser à nos amis ukrainiens,
10:32 qui sont en difficulté sur leur sol, bien évidemment.
10:35 11h15, la pause, à tout de suite.
10:37 - Vous écoutez Pascal Praud de 11h à 13h sur Europe 1,
10:39 et pour réagir, vous composez ce numéro non surtaxé.
10:41 - Appelez Pascal Praud au 01 80 20 39 21.
10:46 Europe 1.
10:49 Europe 1. 11h, 13h.
10:52 Pascal Praud et vous.
10:54 - Pascal Praud et vous, la suite sur Europe 1,
10:56 et vos réactions, témoignages, au 01 80 20 39 21, Pascal.
11:00 - Nous allons revenir bien sûr sur les propos d'Emmanuel Macron,
11:03 qui affirme donc que l'envoi de troupes occidentales en Ukraine à l'avenir ne peut être exclu,
11:08 et je vous disais tout à l'heure les réactions du Kremlin,
11:13 qui n'ont pas tardé, réaction que je vais vous lire à nouveau.
11:18 Le porte-parole du Kremlin a prévenu mardi qu'envoyer les troupes en Ukraine
11:24 ne serait pas dans l'intérêt des Occidentaux,
11:26 répondant aux propos du président Emmanuel Macron,
11:28 qui a estimé que cela ne pouvait pas être exclu.
11:31 Ce n'est absolument pas dans l'intérêt de ces pays,
11:34 ils doivent en être conscients, a décrit Léa Ray, Dimitri Peskov,
11:38 des journalistes jugeant que le simple fait d'évoquer cette possibilité
11:42 constituait un nouvel élément très important.
11:44 Vous comprenez à demi-mot, pas qu'à demi-mot d'ailleurs,
11:47 le sens de la réaction du Kremlin.
11:49 Je pense que nous sommes avec un auditeur peut-être,
11:51 et que cet auditeur s'appelle Ronan je pense.
11:54 Bonjour Ronan.
11:55 - Oui bonjour Pascal.
11:57 - Et merci Ronan, vous vouliez réagir.
12:00 Vous nous appelez d'où Ronan ?
12:02 - Je vous appelle de Bretagne.
12:04 - Avec un prénom évidemment qui sent la Bretagne également,
12:07 qui rappelle la Bretagne, Ronan.
12:09 - C'est pas très loin de la Bôle mais bon.
12:11 - Bah c'est pas très loin.
12:13 - Je suis dans le sud de Morbihan.
12:14 - Est-ce que vous êtes inquiet,
12:15 est-ce que vous faites partie par exemple des gens
12:17 qui sont assez inquiets de cette escalade verbale ?
12:20 Je rappelle que la Russie est quand même la deuxième puissance nucléaire.
12:24 - Ah bah je suis très inquiet,
12:26 je pense qu'on marche comme un somnambule vers l'abîme.
12:30 Je suis très très inquiet.
12:32 - Vous allez au-delà de l'inquiétude,
12:33 si vous pensez effectivement qu'on part pour la guerre,
12:36 je n'en suis pas là quand même.
12:38 J'espère.
12:39 - Quand le président de la République
12:41 annonce qu'il est très possible
12:44 qu'on puisse à un moment donné envoyer des troupes en Ukraine
12:47 pour affronter l'armée russe...
12:49 - Oui mais l'Europe est divisée, Ronan.
12:51 L'Europe est divisée, en fait ça ne se fera pas...
12:53 - Vous me le dites.
12:55 - Ça ne se fera pas parce que l'Europe est divisée sur ce point.
12:58 Donc on ne peut pas envoyer des troupes comme cela
13:01 s'il n'y a pas consensus.
13:03 - Je suis moins sûr que vous.
13:05 Je suis moins sûr que vous parce qu'on a vu bien souvent
13:09 que les peuples européens ne souhaitaient pas aller dans une direction
13:13 et malheureusement les dirigeants, ou une poignée de dirigeants,
13:16 ont influencé l'ensemble de l'Europe pour aller dans cette direction.
13:19 Et je crains fort qu'on soit dans cette stratégie-là
13:22 avec la Grande-Bretagne qui est sortie effectivement de l'Union européenne
13:26 mais qui est toujours dans l'accompagnement d'un point de vue militaire
13:29 dans une opposition frontale à la Russie.
13:32 Je pense qu'on a fait énormément d'erreurs ces 10 ou 15 dernières années
13:37 depuis la prise de pouvoir du gouvernement actuel en Ukraine.
13:42 On a, à mon avis, choisi la mauvaise stratégie.
13:47 Au lieu de choisir l'apaisement, on a choisi la confrontation.
13:51 Je ne veux pas, moi je ne suis pas professeur d'histoire.
13:54 Il faudrait demander à des professeurs d'histoire.
13:56 Mais quand on regarde l'historique de l'Ukraine,
13:59 c'est quand même une région qui reste satellite de Moscou,
14:04 qu'on veut ou qu'on ne veut pas.
14:05 Et aujourd'hui on veut détacher cette région.
14:08 Imaginons un instant, je ne veux pas faire de politique fiction,
14:13 mais imaginons un instant qu'on ait une partie des Etats-Unis, par exemple,
14:19 qui serait en train de quitter le giron américain pour rejoindre la Chine.
14:26 On dirait "mais ils sont fous !"
14:28 Et là on est un peu dans cette affaire-là.
14:31 Vous ne pouvez pas comparer l'Ukraine...
14:33 Je vois bien que...
14:36 Vous ne pouvez pas comparer, il y a une histoire...
14:38 Là il y a deux histoires qui sont peut-être parfois entremêlées,
14:42 mais qui sont quand même distinctes.
14:44 Et je n'ai pas d'accord avec vous.
14:46 C'est pour ça que les gens souvent échangent,
14:48 c'est parce qu'ils ne sont pas d'accord.
14:50 Du temps de la Grande Catherine, l'Ukraine était déjà intégrée.
14:53 Si vous regardez ce qui s'est passé au long des siècles,
14:57 l'Ukraine était quand même, du moins une grande partie de l'Ukraine.
15:01 Ça s'est divisé après au cours des conflits divers et variés,
15:05 mais une grande partie de l'Ukraine était quand même dans le giron de la Russie.
15:09 Et là on a fait la provocation.
15:12 - On va être avec le Gérald Vincent des Portes dans une seconde,
15:15 et le général de division de l'armée de terre.
15:17 Vous allez pouvoir rester avec nous, et pourquoi pas m'échanger avec lui.
15:19 On va marquer une pause.
15:20 Est-ce que la France peut mener une guerre à haute intensité quotidienne ?
15:24 Je connais la réponse à cette question.
15:26 Comment faut-il prendre les paroles d'Emmanuel Macron ?
15:31 Il va peut-être nous éclairer.
15:32 A tout de suite.
15:34 - Pascal Praud et vous.
15:35 - Avec Pascal Praud, on vous aura à 13h sur Europe 1.
15:37 - Et nous sommes avec le Général Vincent des Portes,
15:40 qui est général de division de l'armée de terre française,
15:42 auteur du livre "Devenez leader" aux éditions Odile Jacob.
15:45 Bonjour mon général.
15:47 - Bonjour monsieur le Prôd.
15:49 - Et merci d'être avec nous.
15:50 Je voulais d'abord votre analyse sur les propos d'Emmanuel Macron.
15:53 - Mon analyse, c'est que nous assistons maintenant
15:57 à une cristallisation des pays européens
16:01 après le triple choc de la mort de Navalny,
16:03 des propos terribles de Trump et de la chute d'Addis-Car.
16:08 Il y a une cristallisation qui s'est traduite par ce sommet hier à Paris,
16:13 où de nombreuses choses ont été échangées.
16:16 Et à un moment donné,
16:18 quelqu'un a dû évoquer la possibilité de mettre des troupes au sol.
16:23 D'où la réponse du Président Macron.
16:25 - Dans le cadre de l'OTAN, forcément.
16:27 - Comment ?
16:29 - Dans le cadre de l'OTAN, inévitablement.
16:31 - Ah non, pas du tout inévitablement.
16:33 Pas du tout inévitablement, puisqu'on a bien compris que l'OTAN
16:36 était très mal en point depuis les derniers propos à ce sujet du Président Trump.
16:40 Donc il est tout à fait possible,
16:42 et il faudra bien, c'est le Président Macron qui le dit hier,
16:45 il le dit également, notre défense, je le cite,
16:48 "notre défense ne peut pas dépendre des électeurs américains".
16:52 Et donc il est temps aujourd'hui de se mettre en ordre de marche
16:55 pour être capable, s'il le fallait, et c'est possible,
16:58 nous-mêmes d'avoir à défendre notre propre liberté, nos terres, etc.
17:02 D'où cette possibilité éventuelle qui a été évoquée par quelqu'un
17:06 de mettre en place des troupes au sol.
17:08 Et le Président Macron ne l'a pas écarté, ce qui signifie deux choses.
17:12 La première chose, oui, ce sujet a été traité, il a été évoqué,
17:16 il n'y a pas consensus, mais il a été évoqué.
17:18 Et ce que le dit le Président Macron, il dit, et il a raison de le dire,
17:21 toutes les options sont sur la table.
17:24 Il a dit également, il a dit "en dynamique", ça veut dire quoi ?
17:27 Ça veut dire qu'on est actuellement dans une prise de conscience de l'Europe,
17:32 que l'Europe est en train de courir une menace,
17:35 de faire face à une menace existentielle,
17:38 et qu'elle doit se mettre en ordre de marche maintenant
17:41 pour une menace qui pourrait venir dans quelques mois
17:44 et qui pourrait s'aggraver du fait de la fin du soutien américain.
17:49 Donc il y a cette première chose.
17:51 Deuxième chose, le Président Macron a raison de le dire,
17:55 il ne le dit pas comme ça, mais on sait que les empires ne s'arrêtent
17:58 que devant la force ou la menace de la force.
18:00 Pourquoi est-ce que le Président Poutine a attaqué l'Ukraine le 24 février 2022 ?
18:06 Parce qu'il n'avait pas peur de l'Ukraine, il n'avait pas peur de l'Europe,
18:08 il n'avait même pas peur des États-Unis.
18:10 Et à un moment donné, si on veut que la démarche en avant,
18:14 la marche en avant des troupes russes s'arrête,
18:17 il faudra bien que la volonté européenne soit suffisamment forte
18:23 pour faire plier le Président Poutine,
18:25 qu'il sente qu'il a moins d'intérêt à arrêter la guerre qu'à la continuer.
18:30 Il ne rentrera jamais dans des négociations
18:33 et il continuera à avancer tant que nous ne lui opposerons pas le front du refus.
18:38 Donc le discours du Président Macron, il a deux objectifs.
18:40 Un, dire aux Européens, vous devez comprendre
18:44 que nous sommes en train de faire un plan de paix.
18:47 Ah, j'ai l'impression que malheureusement la liaison a été coupée avec M.Deporte.
18:54 Alors on remarquera sur ce conflit,
18:56 et puis on va peut-être écouter également un auditeur,
18:58 on remarquera que personne ne pose un plan de processus de paix,
19:02 ce qui est assez rare généralement.
19:04 Dans un conflit, on a toujours l'impression que des intervenants extérieurs
19:07 essayent de proposer un plan de paix.
19:10 On a le sentiment que cette guerre se terminera par la destruction
19:14 ou de l'Ukraine ou de la Russie.
19:17 Je rappelle, et ça fait plusieurs fois que je le dis,
19:19 qu'envoyer des troupes au sol contre la deuxième puissance nucléaire mondiale
19:23 n'est évidemment pas quelque chose de neutre.
19:26 Et il faut rappeler également que les Américains ont une probabilité assez forte
19:29 de sortir du conflit, parce que si Donald Trump est élu en novembre prochain,
19:36 il a déjà dit qu'il ne poursuivrait pas forcément ce dossier,
19:41 ce qui veut dire que la force de l'OTAN dans ces cas-là n'interviendrait pas non plus,
19:46 puisque les Américains ne seraient pas partie prenante.
19:49 Je rappelle aussi que l'Europe est divisée aujourd'hui,
19:52 et ça c'est très important de le dire, elle est divisée sur ce sujet.
19:56 On peut également parler de Zéninsky, qui bénéficie c'est vrai en France
20:00 d'une aura particulière, comme dans tout le monde occidental,
20:03 et rappeler que les choses sont parfois un peu plus compliquées,
20:06 son chef d'état-major l'a limogé il y a quelques jours.
20:11 Donc c'est une situation évidemment, comme toutes ces situations géopolitiques
20:16 et militaires extrêmement complexes, dans lesquelles les uns et les autres
20:21 ont du mal à voir les choses très clairement peut-être,
20:26 et des éléments que nous n'avons pas forcément.
20:28 Alors on est avec Nathalie, qui habite la Vendée.
20:33 Et Nathalie va nous parler peut-être d'un autre sujet,
20:37 puisqu'il est déjà 12h17, et que monsieur Déporte,
20:41 malheureusement nous n'avons pas pu rétablir la communication.
20:45 12h17 !
20:46 11h13 !
20:47 Pascal Praud sur Europe 1.