Xerfi Canal a reçu Jacques Igalens, professeur émérite à l’IAE Toulouse school of management, Directeur honoraire de Toulouse Business School et Président honoraire de l’association de gestion des ressources humaines (AGRH), pour parler de la RSE.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
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00:00 Bonjour, Jacques-Yves Galens.
00:10 Bonjour, Jean-Philippe.
00:11 Jacques-Yves Galens, vous êtes professeur des universités Toulouse School of Management,
00:15 professeur émérite.
00:16 Vous êtes directeur honoraire de Toulouse Business School.
00:18 Vous êtes président honoraire de l'association de gestion des ressources humaines, la GRH.
00:23 Jacques-Yves Galens, grand auteur dans la collection Grands Auteurs Francophones, de
00:27 Splendeur et Misère de la RSE, édition EMS.
00:30 Jacques-Yves Galens, la RSE nous vient des États-Unis.
00:33 Elle a des racines américaines, ce qu'on oublie parfois.
00:36 Puis elle traverse l'Atlantique et elle arrive en Europe.
00:39 Que se passe-t-il quand elle arrive en Europe ?
00:41 Alors, quand elle arrive en Europe, il faut savoir que le terrain avait déjà été un
00:45 peu préparé.
00:46 Elle arrive en Europe, pour moi, puisqu'il faut une date, je dirais en 2001, avec le
00:51 livre vert de la Commission européenne qui s'appelle "Vers un cadre européen de la
00:57 RSE".
00:58 Et elle est tout de suite très bien reçue.
01:00 Alors pourquoi ? Parce qu'en Europe, il y avait quand même un Français qui était
01:05 à la tête de la Commission depuis assez longtemps, qui s'appelle Jacques Delors et
01:10 dont, je crois, tout le monde connaît la fibre sociale.
01:13 Donc, sur la dimension sociale de la RSE, il avait commencé à préparer le terrain.
01:19 Il avait, avec la Commission, incité les chefs d'État à s'engager dans ce volet
01:26 social de la RSE, qu'il s'agisse… On sait aussi que Jacques Delors a été en France
01:32 le père de la formation professionnelle, la loi de 1971.
01:36 Donc, qu'il s'agisse de la formation, qu'il s'agisse également des conditions
01:40 de travail, sur tous ces aspects-là, il avait déjà incité les gouvernements à faire
01:47 des efforts.
01:48 Et avec la RSE, on va découvrir un second pilier, qui est le pilier environnemental,
01:56 sur lequel en Europe, et en France en particulier, on n'était pas extrêmement sensibilisés.
02:02 Par contre, en France, on avait des choses qui ont fait que la RSE a été rapidement
02:08 acceptée et est passée dans les mœurs, on va le voir plus vite que dans d'autres
02:13 pays.
02:14 En particulier, en France, on avait le bilan social.
02:16 On avait, depuis les années 70-80, l'habitude, dans la matière sociale, de rendre des comptes,
02:25 de calculer des indicateurs, et tout ça nous avait préparé.
02:28 Ce qui fait que, lorsque l'Europe écrit le livre vert pour la RSE, et bien, rapidement,
02:37 la France va avoir une loi pour rendre des comptes en matière de RSE.
02:44 Et dans cette loi, on demande aux dirigeants d'entreprises, à l'époque c'est limité
02:52 aux entreprises cotées sur les marchés financiers, à peu près 700 ou 800 entreprises en France,
02:58 chaque année de rendre des comptes sur les deux piliers principaux de la RSE, que sont
03:04 le pilier social et le pilier environnemental.
03:07 Donc il y a des indicateurs, une quarantaine d'indicateurs, et chaque année les entreprises
03:13 doivent rendre des comptes.
03:14 Pour les indicateurs environnementaux, qui sont nouveaux, parfois ça paraît surprenant.
03:19 On va demander aux entreprises, par exemple, quelle a été votre consommation d'eau pendant
03:25 l'année.
03:26 Quand on est un banquier, par exemple, on se demande pourquoi on doit rendre compte
03:31 de la consommation d'eau de la banque pendant l'année.
03:34 Pour les indicateurs sociaux, comme on avait eu, je l'ai dit, le bilan social, ça va,
03:38 les choses se sont bien passées.
03:40 Mais voilà, on le voit, la France, dès 2001, s'approprie le concept de responsabilité
03:46 sociale et le fait passer dans la loi.
03:49 Ce qui va nous donner d'où le titre, le premier volet, et puis on a bien noté la
03:53 référence à Balzac, "Splendeur et misère de la RSE", on va en reparler.
03:58 Mais "Splendeur", c'est-à-dire "Fortune de la RSE", loi Pacte, loi Pacte qui reconnaît
04:04 l'intérêt social de l'entreprise, distinct de l'intérêt des associés, et devoir de
04:10 vigilance.
04:11 Et devoir de vigilance, tout à fait.
04:12 Et, obligation, je rajouterai, Jean-Philippe, ce troisième pilier auquel je tiens, ce qu'aux
04:19 États-Unis, on appelle ça "accountability".
04:21 C'est le fait de dire, eh bien, on est comptable et sur ces aspects nouveaux, sociaux, sociétaux,
04:30 environnementaux, et les financiers rajouteront également gouvernance, on doit régulièrement
04:36 rendre des comptes.
04:37 Ce qui veut dire que pour décrire l'entreprise, pour que l'entreprise rende des comptes, il
04:42 ne faut plus s'arrêter au volet économique, comptable et financier, qui est traditionnel,
04:48 qui est nécessaire, personne ne va contre, mais il faut rajouter donc d'autres dimensions,
04:54 environnementales, sociales, sociétales et de gouvernance.
04:57 Un sujet au cœur de tous les débats aujourd'hui, avec la question de la double matérialité
05:03 notamment dans le domaine comptable, splendeur et misère de l'ARSE.
05:08 On va en reparler parce qu'il y a les racines américaines, il y a le grand voyage de l'ARSE
05:14 qui traverse l'Atlantique, et bizarrement, ça va être l'échec total.
05:18 Merci, Jacques-Yves Galens.
05:20 Merci, Jean-Philippe.
05:22 [Musique]
05:27 [SILENCE]