Jean-Yves Mano, président de l’association de consommateurs CLCV répond aux questions d’Alexandre Le Mer. Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco
00:00 L'invité éco avec Banque Populaire, engagé aux côtés de ceux qui entreprennent.
00:05 Europe 1, il est 6h41.
00:07 Vous l'avez sans doute constaté à la pompe, les prix des carburants sont au plus haut depuis le début de l'année.
00:12 L'association CLCV a voulu savoir pourquoi.
00:15 Elle publie une étude qui révèle que les distributeurs de carburants ont en réalité augmenté leur marge sur le litre d'essence.
00:22 Votre invité pour en parler Alexandre, c'est Jean-Yves Manot, président de la CLCV, Association de Défense des Consommateurs.
00:28 Bonjour Jean-Yves Manot.
00:30 Bonjour.
00:31 Alors si les prix de l'essence repartent à la hausse, c'est parce que les distributeurs ont à nouveau augmenté leur marge.
00:37 C'est ce que vous nous dites ce matin sur Europe 1 avec votre étude.
00:41 Alors bien évidemment, la marge brute de distribution, qui ne dépend pas toujours de la petite station,
00:48 c'est plutôt le pétrolier qui vend d'une certaine condition tarifaire son carburant.
00:56 Il y a deux éléments qui dépendent des producteurs de carburant, c'est la marge de raffinage et la marge brute de distribution.
01:07 Bien évidemment, nous constatons que la marge de distribution augmente de façon assez classique et historique.
01:16 On est plutôt à 18 centimes ou 20 centimes en fonction de l'évolution des coûts, etc.
01:22 Mais nous constatons depuis trois mois qu'on se situe plutôt à 26 centimes que 18 ou 20 centimes.
01:31 Nous estimons aujourd'hui qu'il y a une tendance liée à l'ambiance d'inflation généralisée,
01:39 que sans doute les distributeurs de la marge brute de distribution, une bonne fois, ils en profitent pour passer à 26 centimes.
01:48 Alors, nous estimons qu'il y a 5 centimes de trop, bien évidemment, et 5 centimes pour l'ensemble des Français
01:56 qui ont une dépendance par nécessité d'utiliser leur voiture.
02:01 C'est extrêmement important sur le plan budgétaire parce que la situation française financière des Français ne s'est pas améliorée, bien évidemment.
02:13 Et donc, il y a une difficulté et je pense que le gouvernement devrait faire pression sur les distributeurs et sur les compagnies pétrolières pour encadrer les prix au mieux.
02:27 — Alors, faire pression, vous dites effectivement 26 centimes de marge par litre sur le sans-plomb 95,
02:32 c'est ce que vous avez relevé avec votre étude, plus de 22 centimes par litre de gazole.
02:37 Je rappelle les prix à la pompe actuellement, on a un sans-plomb 98 à plus d'1,90€, c'est donc au plus haut depuis le début de l'année.
02:43 Le gazole, pareil, le plus haut depuis début 2024, autour d'1,82€.
02:49 On peut peut-être rappeler, Jean-Yves Manot, comment se décompose le prix d'un litre de carburant à la pompe exactement ?
02:56 — Bien évidemment, vous avez évidemment le produit, le pétrole qui est à 44 ou 45 centimes,
03:04 vous avez la marge brute de draphinage qui est le coût de fabrication, etc., et qui est à 10 centimes aujourd'hui,
03:12 et puis vous avez les taxes qui sont presque à 1€, et dont la marge brute de distribution...
03:21 J'insiste sur la marge brute de distribution, il y a des coûts de transport, etc., etc.,
03:26 mais nous prenons des chiffres qui sont publiés par l'organisme officiel représentant les indices pétrolières,
03:35 et même par le gouvernement, et dont nous... Voilà les marges, les possibilités pour les pétroliers de faire varier la marge.
03:45 C'est la marge brute de raffinage et la marge brute de distribution. Nous constatons aujourd'hui que la marge brute de distribution est trop importante.
03:55 — De 5 centimes au moins par litre, vous nous avez dit, ça veut dire que le litre d'essence selon vous pourrait ou devrait être au moins 5 centimes moins cher ?
04:03 — Oui, absolument. Nous le revendiquons assez régulièrement, et nous attirons l'attention du gouvernement qui devrait suivre au plus près.
04:13 Et d'ailleurs, il faut bien reconnaître qu'y compris les grandes surfaces, qui occupent une place extrêmement importante,
04:21 là aussi, par rapport au prix coûtant de cet été que nous avions un peu relancé avec la pression du gouvernement,
04:30 eh bien on voit que là aussi, les marges sont plus importantes qu'à la période précédente.
04:36 Et j'insiste, la situation financière des Français en général ne s'est pas améliorée.
04:43 — Ah non, ça, c'est le moins qu'on puisse dire, oui.
04:45 — Oui, supporter des hausses systématiques de l'assurance, de la mutuelle, du loyer, de l'alimentation, etc., etc.
04:55 Et donc oui, aujourd'hui, ça pèse énormément. Et pensons aux Français qui doivent absolument utiliser leur véhicule tous les jours.
05:05 — Jean-Yves Manot, si on se replace quelques mois en arrière, début été 2023, on se souvient que sous la pression du gouvernement et des consommateurs,
05:14 d'ailleurs, les distributeurs s'étaient engagés justement à réduire leurs marges.
05:19 Comment interpréter justement cette augmentation des marges, là, en ce début d'année ? C'est-à-dire un effet de rattrapage ?
05:25 — Oui, alors c'est tout à fait, puisque dans la mesure... Je rappelle que le gouvernement, à une certaine époque, a même envisagé la vente à perte.
05:35 Bon, bien évidemment, tout ceci ne s'est pas manifesté. Sur la pression du gouvernement, des organisations de consommateurs,
05:44 ils ont fait une opération à prix coûtant, mais qui s'est discrètement supprimée au cours du mois d'octobre 2023.
05:54 Eh bien depuis le mois d'octobre 2023, bien évidemment, nous constatons une augmentation des prix qui n'est pas liée à l'augmentation du prix du pétrole
06:05 ni liée à la parité euro-dollar, qui sont des facteurs évidemment que nous subissons. Mais y compris les compagnies pétrolières,
06:16 ils dépendent de ça, bien évidemment. Et donc on voit bien que discrètement... Vous savez, dans le climat de prix inflationniste, etc.,
06:29 malheureusement, je pense qu'ils ont profité de cette situation en disant "pourquoi pas ?" Et donc honnêtement, les Français aujourd'hui
06:40 ont des difficultés financières, bien évidemment, et donc nous appelons à la raison, y compris les compagnies pétrolières.
06:48 — On a entendu votre message, effectivement. Jean-Yves Manot, président de la CLCV, vous demandez au gouvernement de faire pression
06:54 sur les distributeurs de carburant pour qu'ils réduisent leur marge d'au moins 5 centimes, ce qui devrait faire baisser, dites-vous,
07:00 le prix de l'essence d'au moins 5 centimes par litre. Jean-Yves Manot, président de la CLCV, Association de défense des consommateurs sur Europe.