- 28/11/2023
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos
Sébastien Lecornu répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de l'attaque terroriste du Hamas contre Israël, de la libération de certains otages - dont les premiers franco-israéliens, mais également de l'après.
Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Sonia Mabrouk" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video
Nos nouveautés : http://bit.ly/1pij4sV
Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Sébastien Lecornu répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de l'attaque terroriste du Hamas contre Israël, de la libération de certains otages - dont les premiers franco-israéliens, mais également de l'après.
Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Sonia Mabrouk" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video
Nos nouveautés : http://bit.ly/1pij4sV
Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00 Et place donc à la grande interview sur CNews et Europe 1. Bonjour à vous Sébastien Lecornu.
00:04 Bonjour Sany Marouc. Merci de votre invitation.
00:06 Vous êtes le ministre des armées, merci à vous et merci d'avoir accepté notre invitation dans ce moment particulièrement intense.
00:11 Ministre des armées, je le disais. Vous êtes également l'homme que le président a missionné pour les déplacements au Proche-Orient et donc au plus près de ces négociations.
00:19 Hier, la libération du quatrième groupe d'otages par le Hamas a suscité évidemment un énorme soulagement pour toutes les familles concernées,
00:26 y compris pour les familles des trois otages français libérés, trois mineurs, Eitan, 12 ans, Erez, 12 ans et sa soeur Sahar, 16 ans.
00:34 Tout d'abord, monsieur le ministre, la question évidemment qu'on se pose tous, comment vont-ils ?
00:38 Ils vont bien, ils ont retrouvé leur famille, ils vont faire l'objet d'un suivi médicalisé important.
00:43 Vous avez rappelé leur âge, plus de 50 jours de détention. Imaginez l'impact en matière de nutrition, de sommeil.
00:50 Le suivi psychologique évidemment sera important et donc évidemment ce suivi-là va se faire dans la durée et c'est bien naturel.
00:57 Alors c'est compliqué de parler de jour parce qu'en fait on parle de familles qui ont été parfois décimées, qui sont dans un deuil,
01:05 dont parfois d'autres membres de la famille sont toujours détenus otages.
01:10 Donc c'est sûr qu'il y a quelque chose de curieux.
01:12 À la fois, on a sorti les plus jeunes de nos otages et donc ça ne peut être qu'une bonne nouvelle.
01:17 Après, il y a toujours de l'espérance et un travail diplomatique, politique, sécuritaire important qui va continuer
01:23 pour les cinq autres otages français dont je rappelle une jeune fille, majeure, mais une jeune fille et quatre hommes.
01:30 La précision des mots est essentielle. Vous dites cinq otages, monsieur le ministre, ou cinq otages et peut-être des disparus ?
01:38 Toujours la même chose, otage ou disparu et la précaution oratoire vient de quelque chose de terrible.
01:43 Elle remonte évidemment à la question, elle repose sur la question des preuves de vie.
01:48 Pour un certain nombre de ces personnes disparues, on a des preuves de vie, je ne donnerai évidemment pas le détail,
01:53 et donc on peut estimer qu'elles sont otages, même si parfois ces preuves de vie peuvent remonter à quelque temps.
01:58 Pour d'autres personnes, malheureusement, nous n'avons pas forcément de preuves de vie.
02:01 Donc ça, évidemment, ça se fait en transparence avec les familles.
02:03 C'est-à-dire que là, on a une preuve de vie, on la partage systématiquement avec les familles.
02:07 Donc à chaque fois, la diplomatie française et les autorités politiques ou de renseignement, d'ailleurs, dont j'assure la tutelle,
02:13 précisent toujours "disparu" ou "otage".
02:15 On va parler de la suite. Que sait-on avec la prudence qui se doit et la gravité qui sied quand même à ce moment
02:21 des conditions de détention de ces trois mineurs ?
02:24 Ont-ils vécu dans des tunnels sans voir le jour ? Quel traitement physique et psychologique ?
02:27 Est-ce que vous pouvez nous renseigner sur ces points ?
02:29 Alors, c'est un peu tôt parce que, pour le coup, les familles, évidemment, passent en priorité
02:33 avant tous les débriefings qui vont être réalisés par les différents services de renseignement, israéliens, évidemment.
02:38 Mais il y a des protocoles qui sont prévus, y compris entre pays alliés, pour ce faire.
02:43 Ce qu'il faut bien comprendre aussi, c'est que les conditions de détention sont très variables, parfois, d'un otage à l'autre.
02:49 Ils sont parfois disséminés dans la bande de Gaza. Ce n'est pas toujours le Hamas qui les a en détention.
02:56 Ce qui explique aussi ce pourquoi il y a eu ces péripéties de jour en jour.
03:00 Pour être honnête avec vous, nous savions depuis plusieurs jours maintenant, d'où aussi les formules que nous avions employées,
03:07 en parlant d'espoir, d'espérance, nous savions qu'il y avait évidemment ces otages français qui étaient dans ces listes
03:13 qui étaient échangées entre Paris, entre Washington, entre le CAIR, Doha, bien évidemment,
03:18 et j'en ai un hommage peut-être au Qatar sur le rôle, et évidemment, Tel Aviv.
03:23 Mais effectivement, ce que nous redoutions, c'était que la trêve ne tienne pas,
03:28 que n'importe quel prétexte soit utilisé par le Hamas pour venir mettre en cause justement cette trêve,
03:35 ce qui aurait pu mettre en cause la libération de ces otages.
03:38 Donc c'est pour ça aussi que la prudence a dominé, et elle va continuer de dominer.
03:42 Elle a dominé, si je vous entends bien, en sachant que vous aviez déjà des garanties sur ces trois mineurs, déjà depuis quelques jours.
03:48 En fait, les discussions, vous le voyez bien, au regard des profils qui sont libérés, sont essentiellement autour des enfants,
03:54 c'est bien naturel, ou des jeunes femmes, enfin essentiellement les enfants.
03:58 Et donc dans les différentes discussions que le président de la République a eues avec les différentes autorités de la région,
04:03 ce qu'a fait Catherine Colonnaz, ce que j'ai fait moi-même effectivement, en passant par des canaux plus défense, militaire, sécuritaire,
04:09 c'était évidemment de nous assurer que les enfants étaient correctement traités dans cette discussion-là.
04:15 Le vrai sujet, c'est la fragilité de la trêve, puisque c'est la trêve humanitaire qui permet évidemment,
04:20 non seulement d'obtenir la sortie des otages avec le Hamas, mais tout simplement de la mettre en œuvre, cette sortie de l'OTAN.
04:25 Encore un point, est-ce que la France a plus de difficultés que d'autres pays, comme les États-Unis ou l'Allemagne,
04:29 justement, à libérer les otages aux mains du Hamas ?
04:32 Non, je ne crois pas. Objectivement, je ne crois pas. D'ailleurs, les paramètres des discussions sont des paramètres très globaux.
04:37 Parfois, il y a eu des difficultés liées tout simplement aux réseaux de communication entre la bande de Gaza et Doha.
04:43 Donc en fait, il y a eu cet ascenseur émotionnel et ces incertitudes, mais j'ai vu que certains pseudo-experts se disant proches du dossier disaient
04:50 « oui, c'est de la politique, le Hamas égrène les choses, etc. »
04:53 Non, la réalité, c'est qu'il y a eu plus de difficultés logistiques, pardon de le dire comme ça, que de difficultés politiques.
04:58 Après, il faut rester mobilisé, puisque je vois bien, effectivement, il y a un moment d'espoir et de joie en ce moment,
05:05 mais moi, je pondère sur le volet joie.
05:07 Les familles que j'ai pu rencontrer, comme Catherine Colonna, comme le président de la République, sont des familles qui sont en deuil
05:13 et qui, même si elles viennent de récupérer leurs enfants, sont des familles qui ont encore des otages ou des disparus parmi leurs proches.
05:20 À l'heure actuelle, est-ce que c'est confirmé qu'il y a une nouvelle liste d'otages qui serait en cours de préparation par le Hamas ?
05:28 Vous avez vu cette annonce, effectivement, et du Hamas et du Qatar d'une nouvelle trêve de 48 heures que l'Israël doit confirmer.
05:36 Et évidemment, pourquoi d'ailleurs la France a parlé très tôt de trêve humanitaire en disant « mais pourquoi le président de la République dit ça ? » etc.
05:43 C'était aussi parce que nous savions, évidemment, maintenant on peut le dire de manière plus lisible, plus claire,
05:47 nous savions que c'est un des paramètres clés dans la libération d'otages.
05:51 Donc oui, des listes continuent de circuler.
05:53 Après, une fois de plus, chaque jour suffit sa peine.
05:56 Chaque soir, il y a des libérations d'otages depuis quelques jours.
05:58 Ça reste quelque chose de très fragile, mais l'engagement va continuer.
06:01 C'est pour ça qu'il faut que la trêve humanitaire puisse se poursuivre, parce que...
06:04 - Un autre point, M. le ministre, parce que là, la trêve, c'est jusqu'à jeudi.
06:07 Pour Israël, l'armée israélienne, ça semble très clair, ce n'est pas une trêve reconductible.
06:12 Est-ce que la France demande à ce que ce soit une trêve reconductible ?
06:15 - En fait, une fois de plus, je pense qu'il faut résumer les choses de la manière la plus simple qui soit.
06:19 Israël a le droit de se défendre et Israël doit mettre hors d'état de mur le Hamas.
06:24 Après, il y a des conditions à cela pour que l'opération militaire et l'opération de sécurité soient efficaces.
06:30 Pardon, je parle comme un ministre de la Défense, donc peu diplomatiquement.
06:33 Mais pour qu'elle soit efficace, il y a évidemment la prise en compte des otages.
06:37 Enfin, je veux dire, il n'y a pas de schéma dans lequel un pays comme Israël ou un pays comme la France abandonnent les siens.
06:42 Et d'ailleurs, c'est évidemment ce que nous avons travaillé avec les autorités israéliennes.
06:48 Et puis, il y a la question de la prise en compte des populations civiles dans la bande de Gaza, femmes, enfants.
06:53 Et donc, ces trêves, en même temps que la question des otages est en train de progressivement se traiter,
06:59 enfin, il en reste beaucoup, il y a évidemment la question de l'aide humanitaire qui doit rentrer dans les océans.
07:02 Nous allons parler, mais soyons précis, trêve reconductible pour la France ?
07:07 Il faut que cette trêve dure plus longtemps que les...
07:10 Il reste 177 otages.
07:12 Mais donc, votre réponse appelle à...
07:13 Le chiffre est déjà... Enfin, il fait réfléchir, 177 otages.
07:16 Il doit rester quelque chose comme 18 ou 20 enfants, je crois, parmi ces 177 otages.
07:21 Il est clair que depuis le début, nous sommes constants et nous affirmons que la libération des otages,
07:25 et que c'est sûrement des otages français, pardon de le dire comme ça, comme ministre français, est une priorité absolue.
07:30 Donc, oui, la question de la trêve humanitaire doit se poursuivre,
07:34 parce qu'elle permet de régler progressivement, vous l'avez vu hier au soir, l'agression des otages.
07:39 Sébastien Lecornu, vous dites ce matin que la trêve doit se poursuivre,
07:42 eu égard, évidemment, à la présence encore nombreuse des otages.
07:46 Je vous pose la question différemment, parce que l'armée israélienne n'est pas, semble-t-il, pour une grève, une trêve qui dure,
07:54 parce qu'elle a cet objectif d'éradication du Hamas.
07:56 Donc, est-ce que la reprise des combats est légitime pour la France ?
07:59 En fait, non, mais que l'Israël soit légitime et dans une action légitime à mettre hors d'intervenir le Hamas,
08:06 il n'y a pas de débat là-dessus, la réponse est oui.
08:09 Mais une fois de plus, on ne parle pas de trêve sans condition.
08:11 On ne parle pas de trêve sans condition.
08:13 D'ailleurs, le président de la République n'a jamais parlé de trêve sans condition.
08:15 On va parler de cette position.
08:16 Et dans les conditions, il y a de toutes évidences la libération des otages.
08:20 Qui peut dire que c'est secondaire ?
08:21 Ou alors, il faut aller jusqu'au bout, il faut que celles et ceux qui pensent cela disent « bah non, on abandonne les otages ».
08:26 Ce n'est certainement pas la position de la France.
08:28 Qui a cette position ? Personne ? Quelqu'un peut la voir ?
08:31 Malheureusement, l'anonymat des réseaux sociaux...
08:33 Au sein du gouvernement israélien ?
08:34 Non, mais l'anonymat des réseaux sociaux font parfois circuler des positions un peu curieuses.
08:37 Donc, dès lors qu'on dit que la libération des otages est une priorité, il est évident que la trêve doit se poursuivre.
08:41 Et j'insiste, je le dis comme ministre des Armées, il n'y a pas d'opération de sécurité contre un groupe terroriste armé.
08:48 Pardon de venir aussi avec notre expérience de Français,
08:51 puisque nous n'avons malheureusement pas découvert le terrorisme de cet octobre dernier,
08:55 que nous avons connu suffisamment d'attaques, nous aussi,
08:58 mais aussi de luttes contre des groupes terroristes armés.
09:00 C'est vrai au Sahel, c'est vrai évidemment au Levant,
09:03 sur lequel on a été très engagés dans l'opération Shamal, et c'est toujours le cas aujourd'hui.
09:06 On a quand même perdu trois soldats en Irak à la fin du mois d'août, dans une forme d'indifférence globale.
09:11 La question de la prise en compte des populations civiles et de la libération des otages
09:15 sont des conditions à la soutenabilité de l'opération de sécurité israélienne.
09:19 Vous insistez sur ce point, on dirait que vous craignez que certains perdent de vue aujourd'hui qu'il reste encore des otages.
09:26 Est-ce qu'une reprise des combats à la fin de cette trêve, jeudi,
09:31 pourrait mettre en danger la vie des otages, y compris des Français ?
09:34 Vous voyez que la trêve se reconduit petit à petit, ça dit quelque chose.
09:38 Il faut mesurer aussi l'état d'émotion qui règne en Israël.
09:42 Vous savez, avoir une famille en otage, c'est la poursuite de l'attaque du 7 octobre.
09:46 Vous pleurez vos morts, mais après vous êtes plongé dans l'incertitude de savoir ce qui se passe pour vos proches.
09:51 On parle d'enfants. Ce que fait le Hamas, c'est abominable.
09:55 C'est pas parce que le Hamas libère des otages que le Hamas a le beau rôle.
09:58 Le Hamas reste le responsable de ce qui se passe.
10:01 Il y a des images qui circulent, on voit ces otages libérés, on voit des prisonniers palestiniens également qui retrouvent leur famille.
10:07 Et certains pourraient être enclin à dire, c'est le maître du jeu, il a gagné la bataille de la propagande.
10:15 Je ne pense pas que le Hamas va arriver à faire croire à nos opinions publiques qu'ils ont le bon rôle.
10:19 Nos opinions peut-être, mais d'autres ?
10:21 Non, mais c'est là où à nous après de nous déployer et d'aller dans un chemin politique et diplomatique aussi,
10:27 pour dire que la cause palestinienne n'est pas le Hamas.
10:30 Je pense que c'est quelque chose de clé qu'il nous faut absolument répéter.
10:33 En tout cas, je crois que la sécurité des otages, nous nous l'assumons, c'est une priorité importante.
10:38 Personne ne peut dire qu'on s'en moque.
10:40 Et j'insiste, pour l'efficacité de l'opération militaire israélienne, la question des populations civiles,
10:46 de l'impact humanitaire et sanitaire, comme la libération des otages, sont des conditions de la soutenabilité.
10:51 Je le répète à l'envie, parce que je vois bien que parfois dans nos systèmes médiatiques, on va d'un extrême à l'autre.
10:56 Et je pense que cette ligne d'équilibre, elle est tout simplement de bon sens.
10:59 Dans tout ce processus inédit et très complexe de libération des otages, le Qatar est très présent.
11:05 Comment vous qualifiez son rôle ?
11:06 Est-ce une victoire diplomatique pour le Qatar aujourd'hui ?
11:10 Oui, en tout cas, le Qatar tient parole.
11:13 Moi, je suis ministre en charge de la sécurité extérieure des Français,
11:16 là où le ministre de la Sécurité intérieure du peuple français.
11:20 Et il y a des alliés, il y a des pays qui sont des partenaires stratégiques importants,
11:24 qui n'ont pas les mêmes modèles politiques que nous,
11:27 qui ne défendent peut-être pas les mêmes systèmes de valeurs que nous,
11:31 mais qui sont des pays avec lesquels nous avons des intérêts qui sont convergents.
11:36 Et le Qatar, qui est un tout petit pays, riche par ses productions d'hydrocarbures,
11:40 mais coincé entre l'Arabie saoudite, l'Iran,
11:43 qui regarde de près ce qui se passe à Washington en cette période de campagne présidentielle américaine,
11:48 évidemment, mène une diplomatie pour défendre son autonomie,
11:51 et donc cherche à être utile à ses alliés.
11:54 Donc c'est un partenaire fiable, donc il faut saluer aujourd'hui la ténacité et le respect de la parole.
12:00 Il y a eu des jugements moraux, des phrases à l'emporte-pièce sur les plateaux, etc.
12:03 Moi, je constate que tout ce qui nous a été dit, la parole a été respectée.
12:07 Et donc, là, on ne peut pas se réjouir de voir ces enfants sortir des mains de leurs geôliers,
12:13 et ne pas reconnaître le rôle qu'a pu jouer l'Égypte d'une part, je le citais aussi, et le Qatar de l'autre part.
12:19 Et le Qatar, y a-t-il d'autres pays ? La Turquie est souvent citée, Sébastien Lecornu.
12:23 Doha et le Caire.
12:25 Est-ce que vous avez des craintes sur le front avec le Liban ?
12:28 Ce serait alors un second front conséquent pour Israël avec le Hezbollah.
12:32 Nous avons des militaires sur place. Quel est le rôle alors que les tensions restent vives et qu'on n'en parle pas assez ?
12:37 C'est une mission qui est trop méconnue des Français.
12:39 Pourtant, c'est la plus ancienne, et c'est la dernière grande mission de casque bleu qui revient à un contingent français.
12:44 On a 700 militaires français à la frontière entre le Liban et Israël, sur deux camps, Derkifa et Nakoura.
12:50 En fait, c'est une mission des Nations Unies, dont la France, d'ailleurs, tient la plume au Conseil de sécurité chaque année,
12:55 qui est là pour faire de l'observation, de la déconfliction entre la partie libanaise d'un côté...
13:00 C'est des escalades ?
13:01 Alors, ce n'est pas une force d'interposition. C'est pour ça que je dis déconfliction.
13:04 Dans la grammaire onusienne, vous avez deux crans, si vous voulez.
13:07 Et sur le terrain, qu'est-ce qu'ils font concrètement ?
13:09 De l'observation, du renseignement, de la dissuasion...
13:11 Tu vois-t-il alors, M. le ministre ? Est-ce qu'il voit que les choses peuvent s'en venir ?
13:15 Oui, vous avez effectivement, depuis maintenant le début du conflit à Gaza,
13:19 vous avez une montée en pression, lente, progressive, mais malheureusement certaine,
13:24 même si on a eu une petite accalmie en fin de semaine dernière,
13:27 de tirs d'Hezbollah vers Israël, qui entraînent des ripostes en légitime défense d'Israël,
13:32 mais qui sont des ripostes particulièrement importantes,
13:34 et qui donc, d'ailleurs, peuvent parfois menacer la sécurité de nos emprises et de nos soldats français.
13:39 Donc, la question de ce second front éventuel, de la maîtrise de l'escalade,
13:43 avec cette frontière avec le Liban, est un sujet clé.
13:46 On connaît notre histoire, on se rappelle de la guerre de 2006,
13:49 on se rappelle aussi, évidemment, du rôle que le Hezbollah et que l'ensemble des proxys iraniens
13:54 peuvent jouer dans la région.
13:55 Et donc, la France a un attachement particulier pour le Liban, un lien particulier,
13:58 une diplomatie particulièrement efficace,
14:00 c'est encore une des plus grosses ambassades que nous pouvons avoir à Beyrouth,
14:03 et donc il est vrai que nous nous déployons énormément...
14:05 On a du mal à comprendre. Je vous pose la question directement,
14:08 demain matin, on peut se réveiller avec un nouveau front ?
14:10 Oui, et une escalade régionale qui serait absolument épouvantable.
14:14 Je crois qu'il faut dire aussi la vérité à nos concitoyens et concitoyennes,
14:17 au proche, au Moyen-Orient, on danse sur un volcan.
14:20 Et donc, les trêves humanitaires qui sont aussi demandées,
14:22 la manière dont aussi nous demandons à nos amis israéliens
14:25 de prendre en compte les populations civiles à Gaza,
14:28 tout ça forme un tout.
14:29 On défend nos valeurs, mais on cherche aussi à maîtriser toute forme d'escalade
14:34 qui serait absolument épouvantable, y compris pour notre sécurité.
14:37 J'entends, vous venez de dire, nos amis israéliens,
14:40 de la manière dont ils prennent en compte les civils palestiniens à Gaza.
14:43 Comment prennent-ils en compte ?
14:44 Parce que si je regarde les termes de l'ONU,
14:47 l'ONU a mis en garde contre un nettoyage ethnique.
14:49 Non, mais moi, je regarde les choses sur le terrain purement militaire,
14:52 de là où je suis.
14:53 Il est clair que les populations civiles doivent être épargnées.
14:56 Et pour cela, il y a des précautions à prendre.
14:58 Le sont-elles ?
14:59 Il y a des précautions à prendre.
15:00 Le sont-elles ?
15:01 Il y a des précautions à prendre et surtout à prendre d'avantages.
15:03 C'est important, vous avez toutes les informations.
15:05 Non, pas toutes, justement.
15:07 Cette zone de Gaza, elle est très dense.
15:10 Vous n'avez par définition pas de moyens militaires français d'observation immédiate.
15:15 Vous avez donc du renseignement de deuxième niveau.
15:18 Enfin, je ne rentrerai pas dans tous les détails.
15:19 Tout ça pour dire que c'est absolument clé dans la maîtrise de l'escalade.
15:22 Il faut le redire, il en va aussi de nos valeurs mais aussi de nos intérêts.
15:25 Le président de la République, je le disais en début de cet entretien, Sébastien Lecornu,
15:28 vous a envoyé, vous et pas quelqu'un d'autre, en service commandé au Proche-Orient,
15:31 du Caire en passant par Abu Dhabi, Riyadh, Doha, Tel Aviv.
15:34 Vous êtes quasiment allé partout dans la région.
15:37 Vous êtes un habile négociateur.
15:38 Beaucoup louent cette qualité ô combien essentielle en ce moment.
15:41 Mais la question c'est, quelle politique défendez-vous ?
15:44 Celle du président, mais quelle ligne aujourd'hui ?
15:46 On a du mal à comprendre.
15:47 Je vais le résumer en deux mots.
15:49 On est passé de la coalition contre le Hamas au droit à Israël de se défendre,
15:53 et finalement un cessez-le-feu sans condition.
15:55 Pourtant, c'est toujours la même position.
15:56 Elle est cohérente depuis le 12 octobre, date à laquelle le président de la République a pris la parole.
16:01 La difficulté de la position française depuis le général de Gaulle, c'est que par définition,
16:04 elle est équilibrée, c'est-à-dire qu'elle ne s'aligne pas complètement
16:07 sur les uns des autres.
16:08 Non, où est la confusion ?
16:10 Israël a le droit de se défendre.
16:12 Et la question sécuritaire est prioritaire.
16:14 Elle englobe d'ailleurs la question des otages.
16:16 Elle englobe aussi la question de la lutte contre le terrorisme.
16:18 Là aussi, il faut dézoomer, mais c'est l'avenir de la coalition contre le terrorisme,
16:21 y compris contre Daesh en Irak.
16:23 On voit bien qu'il y a des vents contraires qui peuvent peser sur l'opération Chamal
16:27 ou sur l'opération Inherent Résolve.
16:29 Bref, il y a une diplomatie importante, y compris sur la lutte contre les financements des groupes terroristes.
16:33 Il y a toute une action à faire.
16:34 La deuxième des choses, c'est le volet humanitaire.
16:36 Je le redis, et les armées françaises jouent un rôle important dans cette affaire.
16:40 4 vols à 400 m.
16:41 Le Dixmude ?
16:42 Alors, 4 vols à 400 m pour l'essentiel du fret humanitaire et sanitaire que le Quai d'Orsay a porté
16:47 a été amené en Égypte par l'armée de l'air et de l'espace.
16:50 Effectivement, vous avez ce bateau transformé en bateau hôpital, le Dixmude, qui est arrivé hier.
16:54 Qui reçoit des patients ?
16:55 40 lits.
16:56 Ça va démarrer, j'espère, dans cette semaine.
16:58 Vous avez une première équipe de préfigurateurs de 7 militaires français
17:01 qui sont en train de faire le lien entre la partie israélienne et la partie égyptienne.
17:05 On a commencé à affiner le besoin sanitaire.
17:07 On voit bien qu'il y a des sujets d'orthopédie et d'ophtalmologie pour les enfants, notamment.
17:11 Donc, on est en train de faire monter l'expertise, justement, sur ce bateau
17:15 qui va permettre aussi de stabiliser des patients.
17:19 Et comme c'est un porte-hélicoptère, le cas échéant de faire des liaisons avec d'autres hôpitaux.
17:23 Donc, c'est ce qu'on appelle être nation cadre en matière sanitaire.
17:26 Et puis, enfin, le troisième pilier de notre action,
17:29 et le plus politique, soit la maîtrise de l'escalade, je vous ai parlé du Liban,
17:32 mais aussi la question de la solution à deux États qui doit rester sur la table.
17:35 C'est une cohérence que vous défendez.
17:36 Oui, après, la difficulté, c'est que dans le monde...
17:38 C'est la rue, c'est la fin de la rue arabe en France.
17:40 Non, c'est aussi la rue officielle.
17:41 Emmanuel Macron n'a-t-il pas sa rue arabe ?
17:42 Mais je pense que si le général De Gaulle avait eu les chaînes d'information, si je puis me permettre,
17:45 les réseaux sociaux et tous les outils que nous connaissons,
17:48 sans compter nos compétiteurs russes et autres qui n'hésitent pas aussi à manipuler l'information,
17:53 et tout ça est largement documenté, la position serait parfois plus facile à tenir jadis qu'elle ne l'est aujourd'hui.
17:58 Mais moi, j'assume et je prends ce rendez-vous avec vous dans le temps long,
18:01 que la position que la France, par la voix du président de la République le 12 octobre dernier,
18:06 est une position qui s'inscrit dans notre histoire et qui vieillira bien à coup sûr,
18:09 et qui est sans surprise pour nos différents interlocuteurs.
18:12 Merci Sébastien Lecornu.
18:13 Merci à vous.
18:14 Merci d'être venu dans ce moment particulièrement intense,
18:16 avec aussi du soulagement pour ces familles françaises.
18:19 C'était votre grande interview ce matin.
Recommandations
0:22
|
À suivre
47:59
18:00