Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00 -Bonjour, Dominique. -Bonjour, William.
00:02 -Vous avez commencé comme comédien.
00:04 De temps en temps, vous recommencez,
00:06 d'ailleurs, dans certains films récents.
00:08 Vous avez été agent de nombreux artistes connus.
00:11 Vous êtes producteur. Comment vous êtes entré dans ce métier ?
00:14 Vous aviez des parents qui aimaient la culture ?
00:17 -J'ai des parents qui étaient pas dans la culture.
00:19 C'était des petits commerçants de houliates,
00:22 mais c'était des gens vraiment ouverts
00:24 et qui avaient envie que leurs enfants réalisent leur âge.
00:27 J'ai eu des parents compréhensibles.
00:30 Et j'ai eu aussi, je vous rends un hommage,
00:32 une prof de français, en ce moment, c'est l'école,
00:35 qui était une prof de français au lycée de Deauville,
00:37 qui adorait le théâtre, et elle a senti que j'aimais ça.
00:41 Elle m'a vraiment guidé. J'ai eu ma Brigitte Macron à moi.
00:44 Elle était formidable.
00:45 Et cette femme, elle vient de disparaître il y a quelques jours.
00:49 Elle avait 96 ans. Je l'ai toujours remerciée.
00:52 J'ai toujours été la voir. Elle vivait à la retraite à Cannes.
00:56 Et franchement, c'est important d'avoir des gens qui vous protègent.
01:00 Mes parents nous ont ouverts.
01:03 Et il y a eu cette femme.
01:04 -Ils ont accepté votre passion, c'en était une.
01:07 Vous vouliez être acteur ?
01:09 -Pas du tout. Je voulais peut-être être acteur,
01:12 mais je savais que j'allais pas attendre toute ma vie.
01:16 Les gens trouvent que j'ai du talent.
01:18 Et comme j'aimais ce métier,
01:20 je suis devenu assistant metteur en scène au théâtre.
01:23 Et ensuite, j'ai été très vite dans le casting,
01:26 grâce à Claude Berry et Jacques Doyon qui m'ont aidé.
01:29 -On a dit à l'époque que vous étiez un agent à femmes.
01:32 Est-ce que c'est le cas ?
01:34 -Je suis de toute façon un homme à femmes, d'une autre façon.
01:38 J'aime les femmes beaucoup plus que les hommes,
01:41 même si ma voix sexuelle est différente.
01:43 Et les femmes, en effet, toutes les actrices,
01:46 ont été peut-être la sœur qui me manquait.
01:50 J'ai été l'agent de beaucoup plus d'actrices que d'acteurs.
01:53 Peut-être parce que je les écoutais,
01:56 peut-être aussi parce que la relation était différente.
01:59 Et c'est vrai qu'entre Sophie Marceau,
02:02 Béatrice Zell, Marlène Jobert, Nathalie Baye,
02:05 Emmanuel Seignier...
02:07 -La liste est longue, là.
02:09 -Toutes les actrices de France.
02:10 -Vous rendez hommage... -J'ai appris Bissé, actrice...
02:14 -Ah oui, c'est vrai.
02:15 -Ils rendent hommage à plusieurs de ses actrices phares.
02:20 Quelle est la première dont vous vous êtes occupé ?
02:22 Dans quelles circonstances ?
02:24 -La première, c'est celle que j'ai peut-être le plus aimée
02:28 très rapidement, c'était Marlène Jobert.
02:30 Quand j'étais fan, quand j'étais gamin,
02:32 je lui écrivais, elle répondait jamais.
02:35 Et du reste, je suis rentré voir "L'Astragal",
02:39 qui était interdit aux moins de 17, 18 ans,
02:43 au casino d'Hoolgaat,
02:44 parce que c'était dans les années 69,
02:47 donc j'avais 15 ans.
02:48 Je suis passé par derrière, et comme elle est presque nue,
02:51 donc j'avais pas le droit, j'aurais peut-être pu être...
02:55 -C'est pour ça que c'était interdit.
02:57 -Voilà, mais en même temps, voilà, ça a été ma première...
03:01 Ensuite, on est devenus amis, je suis devenu son agent.
03:04 Je suis aussi très proche de Nathalie Baye et de Béatrice Dalle,
03:08 très différentes au niveau des caractères.
03:10 -Béatrice Dalle, c'est une rencontre importante.
03:13 -Oui, c'est une rencontre importante.
03:17 C'est aussi quelqu'un que j'ai vraiment guidé,
03:19 et malgré tout ce qu'elle a...
03:21 Ça a été compliqué, sa vie.
03:23 Elle est toujours là, elle fait du théâtre,
03:26 elle vient de faire un documentaire.
03:28 Et puis voilà, donc il y a un moment donné,
03:31 il faut suivre les amitiés, voilà.
03:34 -Comment vous êtes retrouvée aussi l'agent de Jeanne Moreau ?
03:38 Elle est venue vous chercher ? -Oui, elle est venue me chercher,
03:41 et j'avoue que c'était pas simple tous les jours,
03:44 parce que c'était déjà une dame assez âgée.
03:46 C'était vachement difficile,
03:48 parce qu'elle avait une intelligence,
03:50 d'être avec elle.
03:52 Je prenais les petits-déjeuners à chez elle,
03:54 parce qu'elle habitait le 17e,
03:56 et prendre les petits-déjeuners avec elle, c'était extraordinaire.
04:00 En santé, c'était mauvaise humeur.
04:02 Si elle était en pyjama,
04:04 ça veut dire qu'elle n'avait pas le temps de se préparer.
04:07 Quand j'ouvrais la porte,
04:08 je savais déjà comment j'allais être reçue.
04:11 -Attendez, Dominique,
04:13 parce que vous nous avez expliqué
04:15 que c'était une très bonne raison,
04:17 mais vous savez pourquoi elle vous aimait ?
04:19 Quand Jeanne Moreau vient vous chercher,
04:22 c'est pas par hasard. -Comment ?
04:24 -Quand vous êtes restée aussi longtemps
04:26 agent de toutes ces femmes remarquables...
04:29 -Je crois qu'elle pense que je vais pouvoir lui permettre de...
04:33 Non, parce qu'aussi, d'une façon intellectuelle,
04:36 je pouvais parler des auteurs, je sais qui elles sont,
04:39 je sais qui ils étaient.
04:40 -Vous étiez exigeant, je crois,
04:42 que quand on leur proposait des choses,
04:44 elles n'en voudraient pas, c'est pas pour elles, etc.
04:47 -Bien sûr. -Le problème,
04:49 c'est sûr que... -Vous les protégeiez.
04:51 -Voilà, mais en même temps, le monde a changé.
04:54 C'est pour ça que je ne serai plus agent maintenant,
04:57 parce que tout a changé, on panique,
04:59 c'est difficile de faire une carrière pour les jeunes.
05:02 De temps en temps,
05:04 la talibah a toujours dit qu'on fait une carrière
05:06 avec les projets qu'on refuse,
05:08 pas avec les projets qu'on accepte.
05:11 -Votre palmarès est tellement impressionnant
05:13 qu'on ne sait plus si l'actrice est star avant de venir vous voir
05:17 ou si c'est l'agent qui fait la star,
05:19 parce que quand on a les noms,
05:21 on se dit "est-ce que c'est vous qui avez fait
05:24 "toutes ces grandes actrices ?"
05:25 -Marlène Jaubert, Jeanne Moreau, Nathalie Baye...
05:28 Quand je l'ai connue, elle n'était pas star,
05:31 mais sinon, c'est quand même elle.
05:33 Par contre, c'est vrai que Binoche, Bonner,
05:36 tout ça, j'étais pas leur agent,
05:38 mais j'ai fait du casting, j'ai aidé.
05:40 Et à un moment donné, aussi, il faut arrêter de se dire...
05:43 Vous savez, c'est aussi eux, c'est leur choix.
05:46 Donc, quand on est agent, on peut les guider,
05:49 mais s'ils n'ont pas envie de le faire, ils ne le font pas.
05:52 Et souvent, quand ça marche, ils disent que c'est grâce à eux,
05:56 et quand ça marche pas... -C'est à cause de l'agent.
05:59 -Ah ben l'agent, il a droit à tout.
06:01 Les bons moments, les mauvais moments,
06:03 c'est de la faute, mais c'est grâce à lui aussi.
06:06 -On a fait toute une série, justement,
06:08 pour parler de tout ça.
06:10 Alors, dans le livre, vous parlez à la lettre Z,
06:14 évidemment, il met "Zozoté".
06:17 Et je me dis, on vous connaît aussi pour ça,
06:21 et vous dites "c'est ma signature",
06:23 mais je me suis demandé quand vous étiez à l'école...
06:26 -J'ai pas souffert trop de ça,
06:28 qu'en plus, comme maintenant, on voit le harcèlement à l'école,
06:32 j'ai jamais été harcelé de ça, mais j'avais une qualité,
06:35 comme j'étais plutôt bon élève,
06:37 les CAI qui auraient pu me maltraiter,
06:39 ils avaient quand même les CAI de la cour de récréation,
06:42 parce que j'étais hooligate, il y avait pas vraiment...
06:45 -C'était pas de genre.
06:47 -Mais il y avait aussi des fils d'ouvriers,
06:49 c'est pas que les fils d'ouvriers,
06:51 mais qui étaient plus populaires et populos,
06:54 et bien, eux, ils me protégeaient,
06:56 parce que, généralement, je les aidais pour faire leur...
06:59 -Ah, c'est malin. -Il les aidait pour faire les rédacs.
07:03 -Bien sûr. -On pouvait tricher.
07:05 -Il y a une photo d'école,
07:07 et je suis au milieu d'eux.
07:09 J'ai l'impression que je suis...
07:12 -Accepté par eux.
07:13 -J'ai l'impression d'être Charles III entouré de...
07:16 -Avec vos gardes du corps.
07:18 -Si vous voulez en savoir plus sur sa vie...
07:21 -On parle pas que des acteurs, on parle aussi des MeToo,
07:24 on parle de la ville d'Angoulême,
07:27 on parle aussi de certains politiques.
07:30 J'avais déjà fait un livre où je parlais de ma vie,
07:34 là, c'est un peu mes impressions de vie
07:37 sur le monde actuel.
07:39 Je suis pas philosophe, mais bon...
07:41 -Il parle des critiques aussi.
07:43 Des fois, il comprend pas très bien ce qu'il dit.
07:46 Merci, Dominique. -Merci beaucoup.
07:49 -Merci de votre visite.
07:50 "Le dictionnaire de ma vie", publié aux éditions Kéros.
07:53 [Musique]