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  • 08/06/2023
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Ce vendredi, Dimitri Pavlenko reçoit Maud Fontenoy, navigatrice, ambassadrice auprès du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse pour l’éducation à la Mer et les classes de Mer, et Présidente de la Maud Fontenoy Foundation.

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Transcription
00:00 8h48 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko.
00:02 - Un club de la presse Europe 1 un peu spécial ce matin.
00:05 Cette journée mondiale des océans, célébrée chaque année le 8 juin
00:08 et ce depuis le sommet de Rio en 1992.
00:11 Alors comment vont les océans ? Bonjour Maude Fontenoy.
00:14 - Bonjour.
00:15 - Bienvenue sur Europe 1, vous êtes ambassadrice, navigatrice bien sûr.
00:18 Commençons par là.
00:19 Ambassadrice aussi auprès de l'Education nationale
00:21 pour l'éducation à la mer et les classes de mer.
00:24 Ça c'est votre grande cause du moment, on va en parler.
00:26 Présidente de la Maude Fontenoy Foundation,
00:29 les océans, on le rappelle, vous les avez traversés à la mer.
00:32 Peut-être, cette question toute bête, Maude Fontenoy, pour commencer,
00:36 une journée mondiale des océans.
00:37 Alors j'entends déjà des gens dire "Allez, encore une journée mondiale de..."
00:40 Ça sert à quoi ? Est-ce que c'est efficace ?
00:43 - C'est certain, la réponse est automatique.
00:45 On dit "Pourquoi il n'y aurait qu'une journée ?
00:46 On devrait parler des océans tout le temps."
00:47 Donc naturellement, moi c'est le combat de ma vie.
00:50 Ma fondation, ça fait plus de 20 ans que je oeuvre pour l'éducation de nos jeunes,
00:55 pour être sur le terrain et pour essayer de sensibiliser,
00:57 de faire comprendre finalement que c'est presque par égoïsme aujourd'hui
01:00 qu'il faut préserver nos océans,
01:01 tant les océans nous apportent des solutions au quotidien,
01:04 qu'on vive loin ou proche de la mer.
01:05 On a toujours tendance que les océans sont loin.
01:07 Et c'est vrai que c'était Tabarly qui disait
01:09 "Finalement, pour les Français, l'océan, c'est un peu ce qu'ils ont dans le dos
01:12 quand ils sont allongés sur leur serviette à la plage."
01:15 Et c'est vrai qu'il y a un petit côté un peu... C'est très loin de nous.
01:17 Alors on oublie que la France, elle est la deuxième puissance maritime mondiale quand même.
01:20 On est juste derrière les États-Unis,
01:21 on a des eaux extrêmement riches en biodiversité partout à travers le globe,
01:26 et que cette richesse-là, il faut à un moment donné qu'on la respecte,
01:29 mais aussi qu'on la protège.
01:30 Et c'est pas l'idée, c'est pas du tout d'aller reproduire en mer
01:33 toutes les erreurs qu'on a pu commettre sur Terre.
01:34 Donc on a un potentiel incroyable,
01:36 et la France doit être leader dans cette préservation
01:39 et dans aussi cette exploration.
01:41 Parce que vous savez que c'est mon grand combat de dire
01:42 qu'on investit 100 fois plus dans les recherches spatiales
01:45 que dans la recherche océanique.
01:46 Aujourd'hui, on connaît que 2 à 3% de la biodiversité océanique.
01:50 - Mais c'est quoi les richesses des océans ?
01:52 Parce qu'on pense aux poissons, mais j'imagine que...
01:53 - Oui, alors les richesses des océans, c'est vrai que quand tu vois le Grand Bleu comme ça,
01:56 alors moi en plus qui pars à la rame, à la voile et tout,
01:58 les gens me disent "mais vous partez loin là-bas où on voit plus la côte !"
02:00 Oui, c'est vrai que ça paraît un truc un peu immense...
02:02 - Il n'y a plus rien, c'est ce qu'on se dit.
02:04 - Oui, il y a un côté.
02:04 Ça a d'ailleurs fait peur tous les marins,
02:07 on se demandait "mais qu'est-ce qu'on trouve derrière l'horizon ?"
02:09 Et en fait on s'est rendu compte en se consacrant un peu modestement,
02:13 et j'aimerais qu'on le fasse plus à nos océans,
02:15 qu'en fait c'était vraiment le plus beau des musées
02:18 et qu'on était le pire des conservateurs,
02:21 mais que surtout, petit à petit, on s'est dit "bah oui,
02:23 donc la moitié de l'oxygène qu'on respire, ça vient des océans."
02:25 Ah oui, quand même, c'est le régulateur du climat,
02:28 c'est un pourvoyeur d'énergie marine incroyable,
02:30 c'est-à-dire qu'il y a un potentiel en énergie marine
02:32 qui serait mille fois supérieur à ce dont l'humanité aurait besoin.
02:34 C'est 22 000 médicaments qui sont étudiés très sprit Nobel
02:38 sur des ressources qui viennent de l'océan.
02:40 Incroyable, ah oui, l'AZT pour lutter contre le sida qui vient du Haren.
02:45 On travaille, on a étudié le cœur de la baleine qui est incroyable,
02:49 c'est 600 kg de graisse qui à chaque battement aspire 5 à 6 baignoires de sang,
02:54 et ce cœur, il y a un chercheur qui a consacré sa vie
02:57 à faire des électrocardiogrammes en milieu naturel sur tous les cétacés,
03:01 et il s'est rendu compte que le cœur de la baleine,
03:03 il avait un réseau de nanofibriles autour
03:05 qui captait l'électricité naturellement produite par le corps de la baleine,
03:08 et il a créé le pacemaker de demain pour l'homme sans pile.
03:12 Donc à chaque fois qu'on regarde l'océan, on trouve une solution.
03:15 Et puis c'est naturellement la nourriture,
03:16 parce que c'est quand même la marmite de l'humanité,
03:19 il y a des milliards de personnes qui ne mangeraient pas de protéines
03:21 s'il n'y avait pas les protéines de la mer.
03:23 Et tout ça, c'est sous nos yeux, en fait.
03:25 - Je prends les deux dernières dépêches AFP de l'agence France Presse
03:29 sur les océans, mots de fonte noire.
03:31 Alors, elles nous disent quoi ?
03:31 Le mois de mai écoulé, le plus chaud jamais enregistré à la surface des océans,
03:36 19,7°C, l'Arctique qui pourrait être privée de glace de mer en été dès les années 2030.
03:42 Et on nous dit que c'est bien plus tôt qu'estimé jusqu'à présent.
03:45 Tout ça est très inquiétant, c'est grave, docteur Fontenoy ?
03:48 - Non, alors c'est vrai que...
03:49 Et je suis contente finalement qu'on ait commencé par le côté positif, peut-être.
03:53 Je ne sais pas...
03:54 - On va y revenir, il y a d'autres choses positives à dire.
03:57 - Depuis 20 ans que c'est mon combat, j'essaie de tordre le truc
04:00 pour me dire comment est-ce qu'on pousse chacun à se mobiliser ?
04:03 Moi qui suis dans les écoles et tout à l'heure je retourne auprès des enfants.
04:06 Voilà, comment est-ce que...
04:07 Parce que quand tu as connu les 40e rugissants et les 50e hurlant,
04:09 tu vois, tu as tendance un peu à être paralysé.
04:11 C'est que le truc, c'est quand même gigantesque le problème qui s'offre à nous.
04:15 Alors, dans le même temps, si tu parles de toutes les solutions qui viennent de l'océan,
04:18 tu te dis "ben oui, finalement, j'ai peut-être tout intérêt à le préserver"
04:22 et de comprendre que tout ça est un cycle, est un cercle.
04:25 C'est-à-dire que, par exemple, parlons du plastique,
04:27 parce que quand vous parlez des chiffres alarmants, le plastique.
04:30 Là, il y avait, ça s'est terminé la semaine dernière,
04:31 il y avait une grande conférence internationale à l'UNESCO sur le plastique.
04:35 Alors le plastique, un chiffre clé pour vous donner un peu l'ampleur.
04:37 Dans les années 50, on produisait 2 millions de tonnes de plastique par an.
04:42 Aujourd'hui, c'est 360 millions de tonnes de plastique par an dans le monde.
04:47 Tu vois, donc bien sûr, alors, ce matériau, il est très durable,
04:50 il était un matériau très performant, il faut qu'on le limite aux usages essentiels
04:55 et que tout le reste, tous ces usages limités,
04:57 on arrête, c'est fuite dans l'environnement.
04:59 Donc on sait où est le problème et aujourd'hui,
05:01 on est en train de former les industriels et les process sont en train d'évoluer.
05:05 Alors vous dire que ça va assez vite, non.
05:07 Quand on est une passionnée des océans et quand on...
05:09 Moi, j'ai ramé à travers une nappe d'hydrocarbures et autres.
05:13 Bon, non, ça ne va pas assez vite.
05:14 - Ah oui, il y a un traité sur la haute mer qui était en discussion depuis 20 ans.
05:18 Celui sur le plastique, là, qui est à Paris, ça va prendre aussi,
05:20 on imagine, deux décennies, tout ça est un petit peu décourageant.
05:23 Mais on aime bien vous écouter sur Europe 1, mot de fonte, pourquoi ?
05:26 Parce que vous avez cet optimisme et je le disais,
05:28 vous êtes une femme d'action et ça commence par des petites choses.
05:31 Vous avez parlé des classes de mer, c'est votre combat du moment,
05:34 les enfants, les emmener dans les classes de mer,
05:37 ça se faisait beaucoup par le passé, de moins en moins.
05:40 Vous pensez pouvoir permettre à tous les gamins du pays,
05:44 un jour, d'aller voir la mer petite et d'être sensibilisés à ces enjeux écologiques,
05:48 pas juste au truc bleu qui est devant la serviette de plage, comme vous disiez tout à l'heure.
05:52 - Non mais vous avez raison, les actions, les actions, les actions concrètes.
05:55 Voilà, c'est ça qui compte et ça permet aussi de se rassurer, d'agir,
05:58 parce que petit à petit, on finit par avancer.
06:00 Alors aujourd'hui, le constat, c'est que tu as 3 millions d'enfants par an en France
06:04 qui ne partent pas au bord de la mer, qui ne connaissent pas la mer.
06:06 Donc en fait, la relance des classes de mer à destination des zones d'éducation prioritaire,
06:10 donc des quartiers les plus défavorisés,
06:12 c'est de permettre à des enfants de découvrir le milieu marin.
06:15 Parce qu'en découvrant, on apprend à aimer
06:17 et qu'ensuite, quand on aime, après on se bat pour protéger.
06:20 - Oui, et puis quand on dit qu'un plastique, il tombe par terre et finit forcément à la mer,
06:23 quand on ne l'a jamais vu, tout ça est un petit peu virtuel.
06:25 - Exactement. Donc là, tout à l'heure, je vous quitte pour aller retrouver
06:30 300 enfants qui ont bénéficié des programmes cette année, qui ont réalisé des défis.
06:33 Parce que depuis la création de la Fondation, nous, c'est 1 million d'enfants
06:37 qui ont été sensibilisés à ces sujets environnementaux.
06:39 Donc finalement, tu te dis que mine de rien, en faisant, tu y arrives.
06:43 Et là, c'est comme dirait mon fils Maë, c'est de la mignonnerie en barre,
06:46 tellement ils sont choux de ce qu'ils ont préparé tout au long de l'année.
06:49 Alors, entre ceux qui ont travaillé sur le plastique et les dégâts qu'il fait,
06:54 entre ceux qui ont travaillé sur le biomimétisme,
06:55 entre ceux qui font une chanson sur la mer,
06:57 tu sens vraiment un travail des professeurs exceptionnels.
07:00 Et c'est une grande chance que l'on a de pouvoir éduquer nos jeunes à l'école
07:03 sur ces sujets-là.
07:04 Et donc aujourd'hui, là, on reparle de ces classes de mer
07:07 pour essayer d'encourager les professeurs.
07:09 Et ces derniers mois, on a permis à près de 3 000 enfants de partir déjà.
07:13 Donc on a espoir qu'avec nos partenaires, on arrive vraiment,
07:16 avec le lancement de cette opération, de permettre aux enfants de découvrir
07:19 et du coup de devenir à ma place les ambassadeurs de ce milieu, de ce Grand Bleu.
07:23 - Quim France 2 diffusait cette semaine une série baptisée "Abyss",
07:26 serrée à gros budget européen.
07:29 Et le message, c'est "Un jour, la nature viendra se venger".
07:32 Il y a cette image d'une baleine notamment qui attaque un bateau de touristes.
07:37 Cette écologie de l'apocalypse, "vengeresse",
07:40 est-ce que vous pensez que ça aide ou est-ce que c'est contre-productif ?
07:45 - Alors moi, je pense que chacun a sa façon de donner le message.
07:47 C'est pas la mienne.
07:48 C'est vrai que je suis pas du genre à aller harponner les bateaux.
07:51 Je pense plutôt que c'est dans la négociation qu'on fait avancer les choses.
07:54 Je pense que c'est en essayant de rassembler, de ne pas pointer du doigt.
07:58 En l'occurrence, moi, les baleines, je les ai beaucoup fréquentées
08:01 et c'est des animaux de paix et de poésie.
08:05 Après, parler que tout ça nous revient un jour dans la figure,
08:09 quand on commençait avec le plastique, il faut savoir qu'aujourd'hui,
08:11 pardon, mais on mangerait l'équivalent de 5 grammes de plastique
08:14 par semaine et par personne, l'équivalent d'une carte bleue de plastique,
08:16 parce que tout ça a intégré la chaîne.
08:18 Donc c'est bien pour notre intérêt
08:20 qu'il faut ramasser le papier qu'on trouve sur la plage,
08:22 parce que sinon, il se retrouve dans ton assiette de sushis le soir.
08:25 Néanmoins, je pense qu'aujourd'hui, on l'a vu,
08:27 quand on met en place des opérations de préservation,
08:30 on l'a fait pour le thon rouge, les thons rouges sont revenus,
08:32 on l'a fait pour la pêche à la légine avec des contrôles, le poisson est revenu.
08:35 On voit que la mer, dès qu'elle est protégée,
08:38 il y a une résilience et que les stocks se renouvellent et que c'est plutôt positif.
08:43 - Merci, Maude Fontenoy, c'est passionnant de vous écouter.
08:45 Merci d'être venue ce matin sur Europe.
08:47 Tiens, elle vous dit une série de documentaires qui est en préparation, qui sera diffusée,
08:50 je le signale, à partir de septembre sur Canal+,
08:52 "Bleu, un océan de solutions".
08:54 Voilà, ça c'est Maude Fontenoy à l'état brut, si je puis dire.
08:57 Il y a votre livre aussi, paru l'année dernière, vous étiez venue nous en parler,
09:00 "Femmes océanes", aux éditions du ChercheMidi,
09:02 portrait de femmes qui se battent pour les océans.
09:05 Merci beaucoup, Maude Fontenoy, c'est un plaisir.

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