- 14/02/2023
Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la concession d'Élisabeth Borne qui a assuré que 43 années de cotisation pour les carrières longues suffiront pour partir à taux plein.
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00:00 [Musique]
00:05 18h35 pile, on se retrouve en direct sur Europe 1 et sur CNews dans Punchline
00:09 avec Frédéric Souillot, secrétaire général de FO qui nous fait le plaisir de venir sur le plateau.
00:13 Bonsoir à vous.
00:14 Merci d'être avec nous.
00:15 Vous êtes toujours aux côtés de Franck Louvrier, maire de La Baule, Les Républicains,
00:19 Louis de Ragnel d'Europe 1 et Jérôme Béglé du JDD.
00:21 On va écouter Elisabeth Borne.
00:23 Les débats ont repris à l'Assemblée, toujours dans une ambiance extrêmement tumultueuse
00:27 et la première ministre, Elisabeth Borne, a fait un nouveau geste en direction des Républicains
00:32 puisqu'il s'agit d'attirer le vote des Républicains pour faire passer cette réforme.
00:36 Là, elle a annoncé qu'il ne faudrait pas plus de 43 ans de cotisation pour les carrières longues.
00:40 On écoute Elisabeth Borne.
00:42 J'ai pris un engagement et il donne lieu à un amendement du gouvernement déposé aujourd'hui
00:48 pour cette tranche d'âge qui pose le principe que dès lors qu'est atteint l'âge de départ anticipé,
00:55 la réforme ne prévoit pas pour les carrières longues de durée de cotisation supérieure à 43 ans.
01:02 Ce sera donc aussi le cas pour les personnes qui ont commencé à travailler à 17 ans
01:08 et dont l'âge de départ anticipé est fixé à 60 ans.
01:13 Premier ministre, M. Souillaud, est-ce que ça vous convient, cette avancée ou pas ?
01:16 Elle est suffisante ou pas ?
01:18 Mais il y a encore le recul de l'âge de départ.
01:20 Là, on ne parle que des carrières longues.
01:22 Mais autrement pour le reste, il y a toujours le recul de l'âge de départ
01:26 et l'allongement de la durée de cotisation, l'accélération de la réforme tourenne pour le reste des citoyens.
01:33 Ceux qui ont commencé à bosser à 16 ans, il y en a, ils en font partie.
01:40 On va pas rendre notre retraite à partir de quel âge ?
01:43 Aujourd'hui, sans réforme, avec la réforme tourenne, je la prends à 60 ans et 9 mois, sans faire 43 ans.
01:51 Demain, j'aurai un recul de l'âge de départ. Ce sera 61 ans et 10 mois.
01:55 Donc, ce n'est pas suffisant, ce qu'annonce la parole du ministre.
01:58 Mais c'est pas… Le fond du problème, c'est le recul de l'âge de départ et l'allongement de la durée de cotisation.
02:04 En français, vous voulez le retrait total du texte.
02:07 En fait, aucune concession ne peut vous satisfaire, objectivement.
02:11 On l'explique depuis début octobre à l'exécutif.
02:16 Toutes les organisations syndicales, pas de recul de l'âge de départ, pas d'allongement de la durée de cotisation.
02:22 Après, discuter du reste du texte, ça ne sert à rien,
02:27 puisque dans tous les cas, que ce soit sur carrière longue ou pénibilité, il y aura quand même un recul de l'âge de départ.
02:34 Alors, on va juste faire un souvenir à l'Assemblée nationale, où se trouvent Yoann Usaï et Léo Marcheuguet.
02:38 Cette annonce d'Elisabeth Borne, est-ce qu'elle a décidé les Républicains à voter en faveur de la réforme ou pas, Yoann ?
02:45 Oui, à l'évidence, Laurence. On peut dire qu'Elisabeth Borne s'est quasiment assurée, cet après-midi, le soutien des Républicains sur ce texte.
02:55 En fait, Elisabeth Borne, elle a abattu la dernière carte importante, la dernière carte maîtresse, dont elle bénéficiait dans son jeu.
03:03 Effectivement, elle s'assure le soutien des Républicains.
03:05 C'était le dernier point, véritablement, de blocage avec la très grande majorité des députés, les Républicains.
03:11 D'ailleurs, réunis en bureau politique ce matin autour d'Eric Ciotti, ils ont acté collectivement de voter cette réforme, à quelques exceptions.
03:20 Près, bien sûr, on le verra peut-être à la fin des débats, mais on peut dire effectivement que le soutien des Républicains est désormais assuré sur cette réforme.
03:27 D'ailleurs, vous savez qu'en politique, il n'y a pas de hasard.
03:29 Et Elisabeth Borne répondait, lorsqu'elle a fait cette annonce, à une députée, les Républicains.
03:34 Donc on voit bien que tout cela a été organisé, négocié depuis quelques heures et peut-être quelques jours maintenant, avec la direction du parti, avec Eric Ciotti.
03:43 Merci, Yohann Uzay, Léomar Cheguet, Franck Louvrier, vous êtes maire, les Républicains de la Bôle.
03:47 Ça suffit, pareil, l'avancée de la Première ministre ?
03:50 Ecoutez, moi, ce que je dis à mes amis des Républicains, c'est qu'il faut savoir arrêter une négociation, il faut savoir arrêter une grève.
03:56 Et à un moment donné, on le voit bien, je pense que le spectacle pitoyable qu'a pu donner notamment l'extrême-gauche ces derniers jours n'amène pas à vouloir amplifier les choses
04:08 et à être surtout raisonnable de la part d'un parti qui se dit parti de gouvernement, c'est-à-dire qui, à un moment ou à un autre, doit assumer des responsabilités.
04:16 Et je pense que là, les choses ont été faites de façon, je dirais, de concert.
04:21 Alors bien sûr qu'il y aura peut-être encore une minorité de la minorité des Républicains qui ne sera pas d'accord, qui seront plus dans une posture que dans une conviction.
04:30 Parce qu'il faut savoir sortir à un moment de la posture.
04:34 Et mon sentiment aujourd'hui, c'est que comme il fallait à tout prix d'abord une majorité, comme vous le savez, il n'y a pas beaucoup de cartouches de 49.3, il n'en reste plus qu'une, en fin de compte, pour toute la session parlementaire.
04:46 Et je pense que là, les choses font que tout le monde est d'accord sur le fond du texte.
04:52 Et c'est vrai que maintenant, s'il y a une majorité qui se dégage à l'Assemblée, respectons cette majorité.
04:58 Alors, je vois que ça vous fait réagir, M. Souillaud. Tout le monde n'est pas d'accord sur le fond du texte, pour vous.
05:03 Pour nous, il n'y a pas d'accord sur le fond du texte.
05:08 Tout à l'heure, j'avais quelqu'un de la cabinet ministériel qui disait « Vous voyez, avec les carrières longues, on est presque d'accord ».
05:19 Ah non, il y a deux trucs très simples. Pas de recul de l'âge de départ, pas d'allongement de la durée de cotisation.
05:25 50% de ceux qui liquident leur retraite aujourd'hui ne sont plus en emploi.
05:31 Une partie à l'assurance chômage n'est pas tout indemnisée, l'autre partie maladie professionnelle et invalidité.
05:38 Et la dernière partie, 18% d'entre eux sont au minima sociaux parce qu'ils ont perdu leur emploi à 55 ans et n'en ont pas retrouvé.
05:44 Et dans les 18%, il y en a même certains qui sont au RSA puisqu'ils n'ont plus les minima sociaux et le reste.
05:51 Donc, s'il y a un recul de l'âge de départ pour tous ces gens-là, il se passe quoi ?
05:55 S'ils sont licenciés à 55 ans de carrière longue ou pas, pour eux, la fin sera ça, avec une baisse des pensions.
06:02 Puisque les pensions de retraite sont calculées sur les 25 meilleures années, qui sont généralement les 25 dernières.
06:09 Et là, quand vous êtes à l'assurance chômage ou au minima sociaux, vous ferez baisser votre pension de fait.
06:17 Ça, on voit que même si cette réforme est votée, elle va faire des dégâts dans l'opinion publique majeure.
06:22 Il faut bien voir que le gouvernement est engagé dans deux courses de fonds.
06:25 Une course de fonds politique et une course de fonds social.
06:28 La course de fonds politique, il touche au but.
06:32 Je pense qu'effectivement, avec les derniers assouplissements du texte par la première ministre,
06:36 il y aura la quarantaine de députés LR nécessaires pour que le texte soit voté.
06:40 Je pense, je me mouille 149-3, d'ici les semaines prochaines à l'Assemblée nationale.
06:45 Mais, une fois que c'est fait, il y a le volet social qui regarde Monsieur.
06:50 On voit bien que, sans être, vous ne serez pas d'accord avec moi, mais je vais au bout de ma phrase,
06:54 massive, la mobilisation est constante.
06:57 Elle ne progresse pas, mais elle ne faiblit pas.
07:00 Et qu'on voit bien que, de manifestation en manifestation, la sociologie change.
07:04 Les manifestants de samedi n'étaient pas ceux des jours de semaine antérieurs.
07:08 Mais que ça n'a pas l'air de faiblir, ça n'a pas l'air de s'essouffler.
07:13 Et ça, il va falloir que le gouvernement en tienne compte.
07:16 Il y aura un moment donné, qu'il se dise, est-ce que je peux prendre le risque politique et le risque de popularité
07:21 d'avoir des blocages, des manifestations, des grèves, pendant un mois, deux mois, trois mois, quatre mois supplémentaires.
07:26 - Alors, parce que ce qui s'annonce, alors il y a une prochaine journée de mobilisation jeudi,
07:29 Monsieur Souhio, c'est bien ça ?
07:30 - C'est ça, jeudi, et nous allons à Albi, pour bien montrer la mobilisation massive en province.
07:38 - Pas seulement dans la capitale.
07:39 - Pas que dans la capitale, et on voulait mettre le projecteur sur une ville de province,
07:47 on est tombé d'accord sur Albi, mais il y en a d'autres.
07:51 Aujourd'hui, la mobilisation, elle est plus massive dans les petites villes et dans les sous-préfectures,
07:57 comme on le disait, et ce n'est pas péjoratif, qu'elle ne l'est dans les grandes métropoles.
08:02 Parce que, il y a la réforme des retraites, mais il y a aussi la verticalité.
08:09 - C'est-à-dire ?
08:10 - Aujourd'hui, l'inflation, que vous soyez, quelle que soit votre catégorie professionnelle,
08:17 quand vous faites le plein à la pompe, le prix du carburant est s'envoler.
08:20 Et à la campagne, dans les communes rurales, si vous n'avez pas de véhicule pour aller au travail,
08:25 ou faire vos courses, ou vous rendre chez le médecin, eh bien vous le payez plus cher.
08:30 Et donc, cette réforme des retraites, elle vient catalyser déjà quelque chose qui bouillonnait une marmite.
08:44 - Dans la société.
08:45 - Et tout ce qui va avec.
08:46 - Qu'est-ce qui nous attend ? Jeudi, il va y avoir un certain nombre de perturbations, assez limitées dans les transports.
08:51 - Jeudi, c'est une journée d'action.
08:53 - Une journée d'action. En revanche, les 6 et 7 mars, il va y avoir des blocages.
08:57 La CGT appelle les éboueurs à la grève reconductible à partir du 7 mars.
09:02 Tous les secteurs seront touchés, M. Souillaud ?
09:04 - Alors, c'est moi qui ai lu le communiqué samedi, je vais remettre mes lunettes.
09:07 - Alors, allez-y. Mais juste nous dire les grands secteurs qui seront touchés à partir de la mi-mars, fin des vacances scolaires.
09:12 - À quelle sauce on va être mangés, quoi.
09:14 - Voilà.
09:15 L'intersyndical est prêt à durcir le mouvement si l'exécutif et le gouvernement ne nous entend pas.
09:25 Pour mettre la France à l'arrêt dans tous les secteurs le 7 mars.
09:29 Alors, certains parlent des éboueurs, d'autres des transports publics et tout cela.
09:34 On parle de tous les secteurs pour mettre la France à l'arrêt.
09:38 - D'accord.
09:39 - Et nous avons aussi un certain nombre d'entreprises TPE, PME, où l'artisan avec ses salariés viennent manifester avec nous.
09:50 Et ce jour-là, ils nous disent "on n'ira pas sur les chantiers".
09:53 Et certains commerces nous disent "on baissera le rideau".
09:57 - D'accord. Alors, Jérôme Béglé, JGDD et Franck Louvrier.
10:00 - Le mouvement tel qu'il se dessine aujourd'hui dans les préfectures et sous-préfectures reprend la vague 1 des gilets jaunes.
10:07 C'est-à-dire les premières semaines, les premiers mois des gilets jaunes.
10:10 Comme s'il y avait un problème qui n'était pas réglé en France, qui n'avait pas été réglé ces 4 ou 5 dernières années sur à quoi ça sert de travailler.
10:17 Pourquoi est-ce que moi, qui travaille beaucoup, qui suis pressuré, qui ai des cotisations sociales et des impôts importants,
10:23 pourquoi est-ce que je n'ai pas la reconnaissance de mes pairs, de mon employeur, de la collectivité, de l'État de Paris que je mérite ?
10:30 Et ça, c'est un problème qui s'enquiste dans la France aujourd'hui.
10:32 Et c'est un problème que le gouvernement aurait dû beaucoup plus prendre en compte à qu'il ne l'a fait là.
10:37 C'est philosophiquement, ontologiquement, travailler, ça sert à quoi ?
10:42 On travaille pour quoi ? Pour qui ? Combien de temps ? Jusqu'à quel état d'épuisement ou de fatigue ?
10:48 Ça rapporte quoi à qui ? Je trouve que ce sont des questions passionnantes qui n'ont pas du tout été adressées.
10:52 Franck Louvrier.
10:53 D'abord, sur le fond, vous avez totalement raison.
10:56 Je pense qu'aujourd'hui, un président de la République ne gagnerait pas avec le slogan "travailler plus pour gagner plus".
11:01 C'est une réalité.
11:02 Et vous avez travaillé avec Nicolas Sarkozy à l'époque, on le rappelle.
11:04 Et je suis bien placé pour le dire.
11:05 Parce que le rapport au travail a changé.
11:08 Absolument.
11:09 Et moi, je le vois dans ma commune où les gens viennent y vivre différemment, une partie de la semaine, avec le télétravail.
11:17 Et ce n'est pas uniquement la conséquence de la Covid, de la situation sanitaire.
11:22 C'était déjà latent bien avant tout ça.
11:24 Il y a une recherche de qualité de vie, parfois même au détriment du niveau de vie.
11:28 Et ça, c'est une réalité sociale qui est dans tout le pays.
11:33 Et sans doute, là où vous avez raison, c'est que je pense que le gouvernement n'a pas traité ce sujet.
11:37 Du tout.
11:38 Il a voulu traiter le sujet que les autres n'avaient pas traité.
11:41 Et c'est courageux de sa part.
11:43 C'est cette réforme.
11:45 Et bien sûr que cette réforme, elle a des opposants.
11:48 Parce que sinon, les autres l'auraient fait à leur place.
11:50 Donc, il est normal qu'il y ait des opposants.
11:52 Il y en a, c'est vrai, vous avez raison, en province et notamment dans les sous-préfectures.
11:55 Moi, je vois chez moi, à Saint-Nazaire, il y a une forte mobilisation.
11:58 Maintenant, chercher la convergence des luttes et des préoccupations des Français, c'est dangereux.
12:05 Parce que notre pays, il a besoin d'être dirigé.
12:08 Il a besoin d'avancer.
12:10 Il est dans une situation où c'est vrai qu'il y a des situations individuelles qui sont dramatiques.
12:15 Mais il faut aussi pouvoir l'aider à faire évoluer sa situation.
12:19 Et on le sait très bien, l'équation que vous voulez appliquer, on ne peut pas la résoudre financièrement.
12:23 Elle n'est pas possible.
12:24 Il faut aujourd'hui répondre à cette challenge, je dirais, qui est de pouvoir faire travailler les gens
12:32 et pouvoir aussi les mettre en retraite dans un contexte agréable.
12:37 Et c'est cette équation-là qu'il faut essayer de résoudre.
12:40 Et moi, je trouve dommage qu'on essaye de créer une sorte d'amalgame entre la situation du prix du gaz et du pétrole,
12:48 entre la réforme des retraites, entre, bien évidemment, la situation difficile que l'on côtoie tous les jours.
12:55 Bien sûr, je comprends que quand on est une organisation syndicale, on se dit "on va surfer là-dessus",
13:00 mais ce n'est pas très responsable.
13:02 Je pense qu'il faut faire attention à ça.
13:04 Il y a des réformes qui sont indispensables.
13:06 Les réformes des retraites, elles ont été faites par la gauche, elles ont été faites par la droite,
13:10 elles ont été incontournables.
13:11 Et à chaque fois, on en a fait un petit bout, sans en faire totalement,
13:14 parce que, bien évidemment, ça bousculait énormément de situations acquises.
13:18 Mais il faut le faire.
13:19 C'est notre responsabilité.
13:21 Et moi, vraiment, je pense qu'il faut faire attention à ça, parce que notre pays est un pays fragile.
13:26 Et moi, je n'ai pas envie que les extrêmes arrivent au pouvoir.
13:29 Et je pense que surfer sur les craintes, surfer sur les difficultés des Français,
13:34 c'est parfois faire des grands boulevards à des partis que je ne voudrais pas avoir au pouvoir aujourd'hui.
13:40 Et ça, c'est ma responsabilité politique.
13:42 La réponse de Frédéric Souillon.
13:43 Alors écoutez, c'est la première fois qu'on se rencontre.
13:46 Je ne vous entends pas quand vous dites qu'on serait irresponsable.
13:52 On ne surfe pas sur une convergence des luttes.
13:56 Je dis juste que la réforme des retraites,
13:59 où on va demander à tout le monde d'aller travailler deux ans de plus, c'est le catalyseur.
14:03 Ce n'est pas ce que nous disons.
14:04 Regardez, c'est écrit sur nos banderoles, on ne parle pas du reste.
14:08 Ce que je dis juste, c'est qu'on l'a expliqué à l'exécutif.
14:13 Vous prenez les choses par le mauvais bout.
14:15 Parlons de l'emploi, notamment de l'emploi des seniors.
14:20 Et on a tous repris ce qu'avait écrit la chaire ex-Marseille, Jean-Hervé Lorenzi,
14:27 qui n'est pas un économiste atterré, je ne crois pas.
14:30 Non, non, non.
14:31 Il fait des réunions tous les ans avec plein d'économistes.
14:34 Il dit que si on augmente de 10 points le taux d'emploi des 55-64 ans,
14:38 parce qu'on a le plus bas de toute l'OCDE,
14:41 c'est 50 milliards en 2032.
14:45 Plus facile à dire qu'à faire.
14:47 Ah oui ? Pourquoi ?
14:49 Conditionnalité des aides publiques.
14:51 Aujourd'hui, tout un tas de gouvernements, gauche, droite,
14:56 qui ont mis en place des réformes, ont aussi pérennisé des aides publiques
15:01 pour essayer de rééquilibrer notre balance du commerce extérieur.
15:06 Moi, j'en demande l'évaluation.
15:08 Et pour le coup, la balance du commerce extérieur,
15:12 elle est toujours très déséquilibrée.
15:14 Eh bien, on continue de verser des aides publiques sans aucune conditionnalité.
15:18 La première pourrait être l'emploi des seniors,
15:22 conditions de travail, localisation, et pas délocalisation.
15:27 Pas de seniors, pas d'aides.
15:28 Si je prends le cas de Sanofi.
15:30 Je les aime bien, Sanofi.
15:33 Si ils nous avaient trouvé un vaccin, on aurait tous été contents.
15:36 On n'aurait pas dit non.
15:38 1,8 milliard de crédits impôts recherche.
15:42 Ils ont délocalisé leurs recherches aux États-Unis.
15:47 Ils touchent 600 000 euros par an de CICE, crédits impôts compétitivité emploi.
15:52 Ils ont délocalisé leurs structures de support informatique et tout ça en Inde.
15:57 Mais c'est souvent...
15:58 Soit, mais ils continuent de prendre les aides publiques.
16:00 C'est quand même, il faut les supprimer.
16:01 Mais vous avez aussi souvent, moi, je trouve la focale sur les énormes groupes.
16:05 Sauf que l'économie française, c'est d'abord à 95% des petites entreprises.
16:10 Des entreprises de 5, 6 salariés,
16:12 avec des gens qui essayent de vivre correctement, convenablement.
16:16 Tant mieux s'ils s'en sortent.
16:17 Et en fait, je trouve que parfois, vous créez un amalgame entre,
16:21 ce qu'on appelle les super belles entreprises françaises,
16:24 vous leur reprochez de faire des super profits.
16:26 Et en fait, oui, mais du coup, vous avez un effet de loupe sur quelques entreprises,
16:30 alors que ce n'est pas la réalité, ni de l'économie française, ni du travail des Français.
16:35 Et moi, ce que j'observe quand même depuis le début de ces mobilisations,
16:39 je regarde les enquêtes d'opinion et je rejoins un peu ce que disait Franck Louvrier tout à l'heure.
16:43 Et il y a quelque chose qui me surprend, c'est que je vois que, par exemple,
16:47 l'électorat LR, même une partie de l'électorat d'Emmanuel Macron,
16:50 commence à être sensibilisé à votre discours sur le travail.
16:54 Et votre discours consiste à dire, moi j'entends ça maintenant depuis...
16:57 C'est qu'il y a une quasi-unanimité.
16:59 C'est-à-dire que le travail est forcément une immense souffrance.
17:02 Et en fait, toute sa vie, on travaille en courbant le dos
17:06 et en espérant qu'une seule chose, c'est la lueur d'espoir de la retraite.
17:09 Mais oui, mais...
17:10 C'est important.
17:11 Mais on va laisser M. Souliot y répondre.
17:13 Moi je me rejoins sur une chose, sur le fait que le gouvernement aurait dû commencer.
17:16 Parce qu'en fait, il y a une loi de travail qui a lieu dans un mois et demi.
17:18 Je ne sais pas si vous en êtes au courant.
17:20 Donc effectivement, je pense que ça aurait été peut-être un peu plus malin de le faire dans l'autre sens.
17:23 Mais il y a quand même quelque chose qui peut être dangereux,
17:26 c'est de dévitaliser complètement la notion du travail qui peut...
17:29 Il n'y a pas que des gens malheureux au travail.
17:31 Bien sûr qu'il y a des souffrances, bien sûr qu'il y a des situations à réparer, à régler.
17:35 Mais ce n'est pas qu'un asservissement.
17:37 Je m'arrête.
17:38 Est-ce que j'ai parlé d'asservissement ?
17:41 Non.
17:42 Je ne suis jamais dans l'exagération quelque soit.
17:45 C'est vrai.
17:46 Et je dis bien, c'est avec la paie qu'on remplit le frigo,
17:50 qu'on construit sa maison, sa vie, sa famille et tout cela.
17:53 Mais pour avoir une paie, il faut avoir un travail.
17:56 Maintenant, la reconnaissance au travail.
17:59 Il y a bien évidemment le salaire,
18:02 mais il y a aussi les conditions de travail
18:04 et la manière dont on nous le demande et la reconnaissance du travail.
18:08 Pour les uns comme pour les autres.
18:10 Et vous parlez des petites entreprises.
18:12 Eh bien, on n'a pas mis...
18:15 Alors, on a un petit peu de chance en termes de communication.
18:19 La même semaine où on parle de durcir le mouvement
18:22 et où on nous dit qu'il faut trouver de l'argent
18:24 pour rééquilibrer notre système de retraite par répartition,
18:27 qui ne l'est pas,
18:29 eh bien les grands profits, les grands dividends en arrivent.
18:32 Moi, je suis content qu'il y ait des belles entreprises françaises
18:35 qui gagnent de l'argent.
18:37 Mais bien évidemment...
18:38 Mais ?
18:39 Mais ce n'est pas "mais".
18:41 C'est comment est-ce qu'on fait le partage de la valeur à la fin.
18:46 Comment est-ce qu'on revient sur la valeur travail,
18:52 la reconnaissance du travail,
18:54 pour les salariés qui bossent et pour tous les autres.
18:58 Alors, les petites entreprises,
19:01 tout à l'heure vous avez dit cotisations, charges et tout cela.
19:05 Après, ça s'appelle juste du salaire différé.
19:08 C'est notre système de protection sociale collective
19:10 qui est construit comme ça.
19:12 Et on l'a géré paritairement pendant des années.
19:15 Et c'est les cotisations salariées et les cotisations employeurs.
19:20 Pour l'instant, les seuls allégements de cotisations que l'on voit,
19:24 c'est employeurs.
19:26 Et l'État doit compenser.
19:28 Quand on avait 5 actifs pour 1 inactif,
19:31 c'était facile.
19:33 On est à 1,7, on tend à aller à 1,3 d'ici 2030-2040.
19:37 On a le droit d'accepter que ce merveilleux système
19:40 de répartition à la française s'enraye,
19:43 en tout cas n'est plus efficace quand on a un tel ratio.
19:45 Comment on fait ?
19:47 La difficulté, c'est qu'en fin de compte,
19:49 vous mélangez des réformes structurelles dont on a besoin,
19:52 qui sont les réformes des retraites,
19:54 et des situations conjoncturelles,
19:56 qu'il soit des surprimes, des taxes, etc.
20:00 Je pense que c'est là la difficulté.
20:03 Il faut faire la réforme structurelle, on en a besoin.
20:06 Vous ne réglerez pas par des événements conjoncturels
20:09 la réforme structurelle.
20:11 C'est cet amalgame que je reproche,
20:13 parce qu'en fin de compte, ce n'est pas la même chose.
20:15 Je comprends que ce soit la vie quotidienne des gens,
20:18 mais ce n'est pas la même chose.
20:20 Nous, on a un devoir de faire des réformes structurelles.
20:22 C'est le travail de tout le monde.
20:24 Et ça, on doit le supporter.
20:26 Un dernier mot, M. Souillaud ?
20:28 La réforme structurelle sur l'emploi.
20:31 Nous, on dit "banco".
20:33 Et on l'a dit à la Première ministre.
20:36 Vous me parlez d'un projet de loi réforme sur l'emploi.
20:41 Ça voudrait dire qu'il faudrait signer un chèque en blanc
20:44 sur la réforme des retraites, pour après le travail.
20:47 Non, non, non, stop, stop.
20:49 Allez-y, terminez, M. Souillaud.
20:51 On ne sait pas très bien ce qu'il y a dans la septembre.
20:53 On ne sait pas le terrain.
20:55 On a un débat actuellement sur internet.
20:57 En tout cas, voilà, mobilisation à suivre jeudi.
20:59 Et puis, à partir du 7 mars, grève reconductible.
21:02 Merci beaucoup, Frédéric Souillaud, d'être venu dans Punchline.
21:04 Merci, Franck Louvrier, Jérôme Bléguet, Louis de Ragnel.
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