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  • il y a 6 jours
Ce mercredi 23 juillet, Emmanuelle Galichet, enseignante-chercheuse en sciences et technologies nucléaires, était l'invitée de Caroline Loyer dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Sandra Gandoin. Elles ont parlé du retour de l'Iran sur la table des négociations avec les puissances occidentales pour poursuivre les discussions autour de son programme nucléaire. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Le Monde qui Bouge, l'interview avec Caroline Loyer à mes côtés.
00:03On va parler du nucléaire iranien avec notre invité Emmanuelle Gallichet,
00:07enseignante, chercheuse en sciences et technologies nucléaires.
00:10Bonjour, vous êtes aussi présidente de Moumanou in Nuclear France depuis l'année dernière.
00:17On va revenir donc sur l'Iran qui accepte de reprendre les discussions sur son programme nucléaire.
00:21Ce sera avec la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni.
00:24Ça vient un mois après l'attaque des installations nucléaires iraniennes.
00:29Pour commencer, est-ce qu'on sait dans quel état se trouvent ces installations aujourd'hui ?
00:34C'est la question effectivement tout à fait centrale.
00:37Aujourd'hui, personne ne sait de manière neutre l'état des installations aujourd'hui.
00:45Caroline ?
00:46Que peut-on attendre de ces discussions avec la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ?
00:51Parce qu'on sait que le retrait de Donald Trump en 2018 avait créé quelque part une crise de confiance
00:56parce que les Iraniens disaient que finalement vous n'avez pas pu empêcher l'effondrement de l'accord après le retrait américain.
01:02Qu'est-ce qu'on peut en attendre aujourd'hui ?
01:05Effectivement, la confiance entre l'Iran et les trois pays européens est un petit peu en doute, on va dire, par rapport à 2015.
01:15Mais aujourd'hui, on a une situation qui est quand même un petit peu différente
01:18avec effectivement cette fameuse guerre des 12 jours qui a beaucoup impacté les installations.
01:25Et donc, je pense que les deux parties ont vraiment intérêt aujourd'hui à ce que la diplomatie finalement reprenne
01:32et finalement les discussions autour d'un programme civil puissent reprendre.
01:37Et donc, ça sera le début et j'imagine qu'ensuite, les États-Unis entreront dans les discussions générales.
01:45C'est intéressant parce qu'on va recommencer des discussions alors que vous nous dites qu'on ne connaît pas de façon neutre
01:52l'état des installations.
01:54Ça veut dire qu'on ne connaît pas non plus finalement le calendrier selon lequel l'Iran pourrait reprendre justement son programme.
02:02On va se baser uniquement sur les dires de l'Iran pendant ces discussions-là ?
02:05Pour l'instant, oui. Ce que je pense, c'est qu'ils vont essayer de demander à l'Iran d'ouvrir les installations
02:13et les installations endommagées à l'AIEA, l'Agence internationale de l'énergie atomique,
02:18pour que justement nous puissions avoir un état des lieux.
02:24Est-ce qu'on sait si les positions américaines et les positions de ces pays européens sont alignées ?
02:29Les Européens sont d'accord avec l'idée d'un programme nucléaire civil ?
02:34Du côté de l'administration américaine, on sait qu'à un moment donné, il a été dit qu'on ne voulait pas même de nucléaire civil.
02:40Est-ce que les deux parties s'entendent là-dessus, sur ce qu'ils veulent ?
02:43Je pense que c'est vraiment le début justement des pourparlers et que tout le monde avance ses pions
02:49et qu'à un moment donné, il y aura des compromis qui devront être faits des deux parties.
02:53Alors effectivement, vous avez raison, il est probable qu'aujourd'hui, on ne soit pas du tout sur les mêmes souhaits, je dirais.
03:01Mais à un moment donné, il va falloir aller un petit peu plus en avant dans les pourparlers.
03:07Et il est clair que l'Iran ayant signé le traité de non-prolifération et l'ayant ratifié techniquement, je dirais, sur le droit international,
03:20ils ont le droit à un programme civil nucléaire.
03:23Avant ce genre de réunion, avant la reprise de ce genre de discussion avec l'Europe notamment,
03:30il y a toujours une réunion avec la Chine et la Russie pour un petit peu se mettre d'accord.
03:36Alors évidemment, on ne sait pas ce qui s'est dit à la réunion qui s'est tenue hier,
03:40parce qu'il y avait une réunion, une pré-réunion hier avant les discussions de vendredi à Istanbul.
03:44Mais sur quoi ils se mettent d'accord concrètement, ces trois pays-là, pour le programme nucléaire ?
03:51Je pense qu'ils se sont mis d'accord sur les choses sur lesquelles ils doivent être tous les trois alliés.
04:00Vous voyez, il y a peut-être un pourcentage d'enrichissement.
04:05Il y a peut-être qu'est-ce qu'on doit faire de ces fameux 400 kilos.
04:10Parce que je vous rappelle, vous vous rappelez, il y avait 400 kilos d'uranium enrichi à 60 %,
04:16dont on ne sait pas aujourd'hui l'État.
04:19Est-ce qu'il a été effectivement totalement détruit ?
04:22Est-ce que l'Iran les avait déplacés, donc ils sont encore intacts ?
04:26Des choses comme ça, je pense que là, sur la Chine, la Russie et l'Iran doivent se mettre d'accord sur,
04:32OK, par exemple, je dis ce qui se passe sur ces 400 kilos.
04:37J'accepte 5 % d'enrichissement, par exemple, pour le futur.
04:41Il doit y avoir vraiment des clauses sur lesquelles ils ne peuvent pas diverger.
04:50Je pense que c'est ça l'important.
04:52On parle de la Chine, on parle de la Russie, il y a aussi la Corée du Nord.
04:55Ces trois pays ont aidé à l'élaboration, au développement du programme nucléaire iranien.
05:01Qu'est-ce que pour eux signifient les dégâts qui ont été causés aujourd'hui ?
05:05J'ai pas compris. Pour l'Iran ou pour la Corée du Nord ?
05:10Pour les trois alliés qui ont beaucoup contribué à ce programme,
05:13aujourd'hui, on dit très endommagés.
05:14Qu'est-ce que ça signifie pour eux ?
05:15Et est-ce qu'ils peuvent aider à le reconstruire, à le remettre sur pied ?
05:19Oui, tous les pays nucléaires, évidemment, peuvent aider à remettre sur pied le programme nucléaire iranien.
05:25Il y a aussi également le Pakistan, pour imaginer que le Pakistan, qui a déjà aussi aidé, puisse le faire.
05:32Donc, pour eux, il n'y a, entre guillemets, pas de problème.
05:37C'est-à-dire que le programme nucléaire iranien, s'il est détruit, évidemment, il l'est un petit peu,
05:43mais on ne sait pas de combien, pourra être construit à l'identique, avec une aide internationale de ces pays.
05:50C'est à savoir en combien de temps, finalement ?
05:54En combien de temps ?
05:54De façon plus large, est-ce que vous pouvez nous réexpliquer le poids stratégique de ce programme nucléaire pour l'Iran ?
06:04Alors, pour l'Iran, il était extrêmement important, dans le sens où il a besoin...
06:12Alors, je ne mets pas de jugement personnel sur ce que je vais dire.
06:17C'est, techniquement, l'Iran est un grand pays, avec, pour lui, en face à un ennemi qui est Israël.
06:25Et donc, il avait besoin d'un pilier nucléaire, je dirais, dans sa défense générale.
06:33Il avait deux autres piliers, qui étaient sa force balistique, sa défense conventionnelle avec ses missiles,
06:41et puis ses proxys, Hezbollah et Hamas, qui ont été beaucoup détruits ces dernières années par, en particulier, Israël.
06:50Et donc, vous voyez qu'il marchait, en fait, sur trois pieds pour sa défense nationale.
06:55Et le nucléaire était le troisième pied qui lui permettait d'être plus... d'avoir une protection plus importante.
07:04Donc, évidemment, comme ce que vous dites, tout se fait en fonction d'Israël.
07:08Donc, on imagine que la réponse de Washington, la prochaine réponse de Washington,
07:12dépendra aussi, peut-être, de ce que fait Israël entre-temps.
07:15– Oui, ça, c'est absolument possible.
07:19On a vu, d'ailleurs, les États-Unis, dernièrement, aider Israël, justement, dans la guerre des douze jours.
07:26Donc, évidemment, il y aura une coalition, je dirais, quelque chose qui va se passer
07:31entre Israël et les États-Unis sur ces pourparlers, c'est évident.
07:35– Merci beaucoup, Emmanuelle Galliché, enseignante, chercheuse en sciences et technologies nucléaires,
07:39présidente de Women & Nuclear France, d'avoir été avec nous ce matin
07:43dans la matinale de l'économie.

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