Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • avant-hier
Ce mardi 15 juillet, Thierry Vircoulon, chercheur associé à l'Ifri, était l'invité de Caroline Loyer dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Sandra Gandoin. Ils ont évoqué les 30 ans de conflit entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, ainsi que les négociations en cours pour un accord de paix. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Caroline Loyer me rejoint sur ce plateau et nous recevons à distance Thierry Vircoulon,
00:03chercheur associé à l'IFRI, l'Institut français des relations internationales.
00:07On va parler de la République démocratique du Congo, du Rwanda, de ce conflit qui dure depuis 30 ans
00:12et de ses négociations en cours, toujours pour trouver un accord de paix.
00:18Est-ce que vous pouvez nous dire, après finalement Washington qui s'en est mêlé,
00:22après le Qatar qui s'en est mêlé, où est-ce qu'on en est aujourd'hui, cette semaine ?
00:27Bonjour, on attend, il y a eu un accord de paix qui a été signé le 27 juin dernier à Washington,
00:37entre le Rwanda et la RBC, et on attend maintenant un accord de paix entre le gouvernement congolais
00:45et le groupe armé du M23, qui est en quelque sorte le groupe armé qui contrôle une partie des mines du Nord et du Sud de Kivu.
00:57Cet accord doit être signé sous l'égide du Qatar.
01:01Et après, il y aura un troisième accord qui sera un accord de coopération économique
01:07qui devra être signé de nouveau entre les gouvernements du Congo et de la RDC.
01:14Donc c'est un processus assez long, puisque c'est un processus en trois accords de paix.
01:17– Caroline.
01:20– Monsieur Vercoulon, ce conflit, il dure depuis les années 90.
01:24Depuis 2021, une demi-douzaine de cessez-le-feu ont été violées.
01:29Qu'est-ce qui peut nous laisser penser que cette fois c'est la bonne,
01:33que ce processus initié par Washington va aboutir ?
01:35– Justement parce que c'est la première fois que Washington s'implique en première ligne
01:43et que l'administration américaine est la médiatrice et la porteuse de ces processus de paix.
01:53C'est ça qui change par rapport aux autres initiatives que vous avez mentionnées.
01:59Et donc tout repose grosso modo sur les épaules de l'administration Trump
02:05pour faire aboutir cette fois-ci cette initiative de paix avec une carotte importante
02:13qui est l'investissement d'entreprises américaines dans les secteurs miniers
02:18ou dans les secteurs miniers énergétiques au Rwanda et en RDC.
02:24Et c'est essentiellement cette carotte qui pour le moment n'est pas très bien définie par Washington
02:31qui est le moteur de ce processus.
02:35– Oui, l'énergie c'est souvent ce qui motive Donald Trump.
02:37On rappelle que dans cette région précisément, il y a des ressources naturelles,
02:42du cobalt, du coltan aussi, minerais stratégiques pour l'industrie électronique.
02:47Donc c'est vraiment très important cette région-là.
02:50– Oui, c'est-à-dire que la guerre entre la RDC et le Rwanda
02:55est une guerre essentiellement économique pour le contrôle de certaines zones minières
03:00dans les Kibou, que le groupe armé, le M23, a mis la main sur les zones minières
03:07de Roubaïa depuis avril dernier et après sur d'autres zones minières,
03:14notamment celles de Diabiboué, qui sont des zones qui sont très riches
03:18en coltan, cassipérites et wolframites.
03:23Et ce sont ces riches minières qui sont le cœur de l'enjeu du conflit entre Kinali et Kinshasa.
03:32Et c'est aussi ce qui intéresse Washington,
03:37sachant que la zone minière de Roubaïa, par exemple, qui choute la frontière rwandaise,
03:43fait actuellement l'objet d'une contrebande extrêmement intense.
03:48– Donc finalement, si on comprend bien, Donald Trump ne fait pas de la philanthropie
03:52en RDC ou au Rwanda, mais son intervention est la bienvenue.
03:56Donc il pourrait réussir là où la médiation angolaise, par exemple, avait échoué.
03:59– Pour le moment, on peut lui laisser le bénéfice du goût,
04:05parce qu'en effet, il y a, en quelque sorte, une nouvelle bonne
04:10avec sa bibliographie transactionnelle et l'idée qu'avec des investissements,
04:19il peut peut-être éclater la paix là-bas.
04:22Bon, il y a encore, il y a évidemment beaucoup d'obstacles sur ces chemins,
04:26mais en tout cas, on peut dire qu'il y a une dynamique qui a été lancée.
04:31On va voir si elle peut être mise en œuvre,
04:35parce que pour le moment, on en est encore dans des phases de négociation.
04:39Le plus difficile, vous savez, dans un accord de paix,
04:41ce n'est pas de le signer, c'est de le mettre en œuvre.
04:45Et donc, c'est seulement une fois que cette série d'accords aura été signée
04:50qu'on passera à la mise en œuvre, et c'est là, véritablement,
04:53qu'on saura si l'administration Trump aura plus de succès dans les Grands Lacs
04:59qu'elle n'en a eu en Ukraine.
05:00Il faut le signer, il faut le mettre en œuvre, il faut que sur le terrain, ça suive.
05:04Vous parliez de guerre économique dans cette région.
05:07Les conséquences humanitaires sont désastreuses.
05:10Est-ce qu'aujourd'hui, ça continue sur le terrain ?
05:13Quelle est la situation ?
05:15Oui, actuellement, la situation n'a pas changé sur le terrain.
05:18Donc, le M23 contrôle toujours une grande partie du Nord et du Sud-Tibou.
05:25Il y a toujours des violences, des affrontements entre le M23
05:32et les coups armés qu'on appelle les Oisalendo.
05:36On note aussi que l'armée congolaise se renforce,
05:41fait des achats d'armements, etc.
05:43Donc, la situation militaire est toujours la même.
05:47Et pour les populations civiles,
05:50elles sont toujours privées d'aide humanitaire
05:53puisque les aéroports des deux villes de Goma et de Koukawo,
05:57qui sont deux grandes villes de l'Est du Congo
05:59et qui sont sous contrôle du M23,
06:01leurs aéroports sont toujours fermés.
06:03Et donc, il ne peut pas y avoir d'aide humanitaire importante
06:07alors qu'on est à plusieurs millions de déplacés dans cette province.
06:13Qu'en est-il des sanctions ?
06:14Certains dénoncent une géopolitique à vitesse variable.
06:18On impose des sanctions à l'Ukraine,
06:19mais par exemple pas au Rwanda,
06:20alors que la France dénonce le soutien que le Rwanda apporte au M23.
06:27Non, il y a eu des sanctions qui ont été appliquées au Rwanda,
06:33notamment par les pays européens, par les États-Unis d'une part.
06:37Et également par les pays européens
06:39qui ont pour beaucoup d'entre eux suspendu leur aide au Rwanda.
06:48Et l'Union européenne a pris aussi des sanctions
06:52contre un certain nombre d'officiers rwandais.
06:56Donc il y a à la fois sanctions de suspension d'aide
06:59et sanctions ciblées sur des militaires rwandais
07:04qui sont impliqués dans la rébellion du M23.
07:07Donc il y a des sanctions.
07:10La question c'est de savoir si elles sont efficaces.
07:13Pour le moment, elles n'ont pas permis de mettre fin au conflit.
07:17Merci beaucoup Thierry Vircoulon d'avoir été avec nous ce matin.
07:20Chercheur associé à l'IFRI, l'Institut français des relations internationales.
07:24Merci d'avoir été dans la matinale de l'économie.

Recommandations