Thierry Ardisson nous a quittés le 14 juillet. Il avait gardé son état de santé assez secret. Ce qui a marqué les esprits, c'est la façon dont il a organisé sa propre mort. - Tous les matins à 6h40, l'actualité du point de vue des auditeurs de RMC. Chaque jour, trois questions autour d'un sujet d'actualité. Témoignages, réactions et débats : RMC est LA radio de l'interactivité.
00:016h44 sur RMC, RMC Story, il était l'homme en noir, l'homme des nuits blanches, celui qui faisait parler les stars comme personne.
00:08Thierry Ardisson nous a quitté hier le 14 juillet.
00:11Les trois questions pour comprendre ce matin avec Rémi Jacob qui est journaliste à la tribune dimanche.
00:15Rebonjour Rémi.
00:16Bonjour Mathieu.
00:16Les auditeurs d'RMC vous connaissent bien, ils vous retrouvent votre rendez-vous média, ça c'est le week-end dans Anaïs ce matin.
00:22Thierry Ardisson avait gardé son état de santé assez secret.
00:25Ce qui a marqué les esprits hier, c'est la façon qu'il a eu d'organiser sa propre mort.
00:31Il faut le dire à nos auditeurs, les rédactions ont reçu un kit presse avec des images qu'on a le droit d'utiliser, des contacts de personnes pour lui rendre hommage.
00:39Il est producteur de sa propre mort en fait.
00:41Il contrôlait tout, Thierry Ardisson, jusqu'à sa propre mort.
00:44Ses obsèques, il en parlait d'ailleurs volontiers quand vous le croisiez au bar du Maurice, c'était son QG en bas de chez lui.
00:51Il vous racontait sans tabou qu'il avait tout prévu, tout concocté pour ses propres funérailles, sa playlist funéraire.
00:57Il voulait du David Bowie, il voulait des Beatles, il avait comme ça en tête son épitaphe.
01:03Il avait des idées, c'est vrai que c'est quelqu'un qui avait quand même des idées.
01:06Thierry Ardisson, c'est une légende de la télé, un génie de la télé qui, et je pèse mes mots, vient de s'éteindre, un génie qui a inventé et révolutionné le petit écran.
01:14Il avait des idées, il les a développées. Vous l'avez bien connu en fait, Rémi Jacob, vous l'avez interviewé à plusieurs reprises.
01:20Honnêtement, quand on va interroger celui qui a finalement renouvelé le style de l'interview en France, on a un peu le trac, non ?
01:26Écoutez, c'est vrai qu'on préparait, vous avez raison Mathieu, extrêmement bien ces interviews, parce que c'est vrai que c'était un génie de la télé, mais surtout un intervieweur hors pair.
01:35Vous savez, il avait inventé, conceptualisé ce qu'il appelait les interviews formatées.
01:40Alors les interviews formatées, qu'est-ce que c'était ? C'était l'interview question con, il y avait l'interview cirpompe, il y avait l'interview cercueil.
01:47Ça c'était incroyable, il y avait un cercueil sur son plateau, l'invité se mettait dans le cercueil et se livrait à une interview post-mortem.
01:53Ça c'était du Thierry Ardisson, toujours sur la forme, il y avait ces fameux gimmicks, vous savez le magnéto, Serge, en référence au prénom de son réalisateur Serge Calfon.
02:02On ne bouge pas pendant le jingle, tout ça, ça venait de son côté pubar, il a démarré dans la pub Thierry Ardisson.
02:08D'ailleurs, on les a cités dans le journal tout à l'heure, les formules de pub qu'on lui doit.
02:11Allons-y, il n'a peur, il n'y en a pas d'eux, vas-y, vas-y, ovo-maltine, c'est la dynamite.
02:15Ma préférée, quand c'est trop, c'est ?
02:17Tropico.
02:18Voilà, et donc c'était vraiment du Thierry Ardisson, et surtout, puisqu'on parle de ses interviews, il avait un truc Thierry Ardisson,
02:23c'est qu'il arrivait à mélanger les invités sur son plateau.
02:26Il le disait lui-même, il aimait avoir sur son même plateau une pute et un archevêque.
02:30Ce sont ses mots, et c'était ça la force de Thierry Ardisson.
02:33Et quand je dis la force, c'est que ça permettait en fait, c'était très intelligent, c'était très bien joué,
02:37ça permettait de faire découvrir un auteur russe ultra-intellectuel, ultra-sélect,
02:42entre deux interviews de Clara Morgan et Geneviève de Fontaine, il y en avait pour tous les goûts.
02:46On n'attrape pas les mouches avec du vinaigre, et c'était du Thierry Ardisson.
02:48Et on a passé des samedis soirs, alors en famille ou pas, selon l'âge qu'on avait, devant les émissions de Thierry Ardisson,
02:55entre autres, pour ma génération, c'est tout le monde en parle.
02:58C'est aussi la télé d'une autre époque, des coups, des coups d'éclat, des fous rires, des scènes de tension,
03:02et un certain goût pour la provoque.
03:06Et sucer, c'est tromper ?
03:07Eh, pardon ?
03:08Sucer, c'est tromper ?
03:09Non plus.
03:10Non plus, pardon.
03:11Il faut la poser, cette question, à un ancien Premier ministre.
03:15Mais surtout, vous imaginez, aujourd'hui, cette même séquence.
03:20Face à un ancien Premier ministre, sucer, c'est tromper, mais ça serait un tollé sur les réseaux sociaux,
03:23parce qu'aujourd'hui, il y a la censure, il y a aussi l'auto-censure,
03:26c'est-à-dire qu'on a peur d'aller sur des interviews transgressives,
03:29et ça, Thierry Ardisson s'en fichait des conventions.
03:32Et puis, c'était aussi une autre télé, Mathieu, parce que c'était une télé qui était qualitative,
03:37qui était très bien produite, qui coûtait cher, pour vous donner un ordre de grandeur,
03:39une émission de Thierry Ardisson, c'était 200 000 euros.
03:42Aujourd'hui, c'est deux fois moins, et ça se sentait, c'était pas volé.
03:46Il y avait un vrai travail, Thierry Ardisson.
03:48Je me souviens, quand j'étais allé sur un enregistrement...
03:50L'équivalent, pardon, l'équivalent, quelle époque, aujourd'hui, avec Léa Salamé ?
03:54On est 100 000.
03:54On est moins cher.
03:56On met moins d'argent dans la...
03:57C'était un de ses combats, d'ailleurs.
03:58C'est pour ça qu'il avait arrêté Salut les Terrières.
04:00Exactement, et tout était ultra travaillé.
04:02Moi, il m'avait donné des fiches, à la fin de son émission.
04:04Des fiches, alors je ne sais pas si nos téléspectateurs les voient,
04:08et pour les auditeurs, je les raconte.
04:11Des fiches écrites à la main, tel un moine copiste la veille de l'émission.
04:14Il y en avait des centaines des fiches comme ça.
04:16Il préparait tout, effectivement, il était contre le freak.
04:18Il voulait que tout soit calibré, marqueté, j'ai envie de dire, au millimètre.
04:23Et j'appelle tout de suite...
04:24Ça, ça fait partie des formules d'Ardisson.
04:26J'appelle Lamine, qui est au 32-16 avec nous,
04:28dans les Bouches-du-Rhône, pour terminer cet hommage ce matin.
04:31Lamine, bonjour.
04:32Oui, bonjour à toute l'équipe, bonjour.
04:34Vous étiez quoi ? Vous étiez un fan, un téléspectateur ?
04:36Vous vouliez lui rendre hommage ce matin ?
04:38Oh oui, j'étais un fan, ouais, quand même, quand même un fan.
04:41Parce que je l'ai découvert il y a très, très longtemps.
04:45Quasiment à ses débuts.
04:46Parce que j'étais gamin, et bon, il n'y avait pas vraiment de...
04:50On me laissait un peu tout regarder à l'époque.
04:53On se posait moins de questions à l'époque.
04:55Je l'ai découvert dès la descente de police,
04:57et dès à l'époque, j'ai compris que ce qu'il faisait, lui,
05:00ce n'était pas du tout Drucker, Guy Lux ou Jacques Partin.
05:05J'ai vite vu que lui, il était différent des autres.
05:07On ne se rend pas compte du coup de frais que ça a mis.
05:10Oui, du coup de frais que ça a mis.
05:11Des centres de police que vous évoquez, effectivement,
05:13qui est un concept incroyable, c'est un interrogatoire façon police.
05:17Un interrogatoire musulé.
05:19Vous imaginez aujourd'hui, aucune star ne viendrait répondre à des centres de police.
05:22Soyons complets, ayons un mot quand même sur le côté sulfureux.
05:28Il y a quand même des polémiques qui allaient avec, son côté provoque.
05:31C'est de la télé comme on n'en fera plus.
05:33On peut vous rappeler aussi qu'il y avait l'alcool qui coulait à flot dans les loges.
05:36Alors, ça faisait absolument partie des ingrédients,
05:38notamment de tout le monde à parle, puis de salut les terriens.
05:41Il y avait de l'alcool, ça permettait effectivement d'étendre tout ça,
05:45mais surtout les polémiques, lui, il les assumait.
05:47C'est-à-dire qu'effectivement, il y a eu des polémiques,
05:49des choses peut-être moins bien dans la carrière de Thierry Ardisson,
05:51mais il était droit dans ses bottes, il les assumait.
05:53Ça, je trouve que c'était une de ses grandes qualités à Thierry Ardisson.
05:55Alors, il y avait un univers aussi des amis.
05:57On pense à Laurent Baffi, évidemment.
05:59On va nous appeler Porti, Philippe Porti, le DJ à 7h40 tout à l'heure.
06:03D'un mot, ça c'est pour l'entourage, d'un mot, il y a des héritiers ?
06:07Alors, des héritiers, pour moi, l'héritière en télévision, c'est Léa Salamé.
06:10Léa Salamé, puisque, comme lui, il aime réunir des invités très très différents sur son même plateau.
06:16Comme lui, on la voit le samedi soir, en deuxième partie de soirée sur France 2,